Spiritualité en crise (MB3314)

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Spiritualité en crise

John MacArthur

John MacArthur

Les principes essentiels du christianisme volent en éclats. Le rejet de l’intelligence spirituelle, le "refus de fuir le monde", l’attrait du mysticisme, l’unité "visible" à tout prix, etc. sont les symptômes qui montrent l’état de crise de l’Eglise. John MacArthur a le mérite de décrire sobrement l’état spirituel de l’Eglise. Il apporte toutefois une réponse biblique à toutes les déviances qui rongent ou affaiblissent la spiritualité. Pour lui, et pour nous, l’Eglise peut, par la seule grâce de Dieu, se réveiller spirituellement, comme ce fut le cas autrefois avec Jonathan Edwards, et revenir à la Vérité. Spiritualité en crise, un livre tonique et stimulant, qui nous fait découvrir ce que Dieu veut pour nous et son Eglise. Paul Ranc Diplômé de la Faculté de Théologie de Talbot, aux Etats-Unis, John MacArthur est pasteur principal de «l’Eglise de la Grâce» de Sun Valley, en Californie. Il est aussi conférencier et auteur de nombreux ouvrages, dont plusieurs sont traduits en français.

ISBN 978-2-8260-3314-1

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Ces dernières décennies ont été marquées par un manque évident de discernement spirituel. La Vérité, c’est-à-dire la Parole incarnée (Christ) et la Parole inspirée (la Bible) ont été délaissées au profit d’une autre spiritualité basée sur les sentiments et sur l’expérience. Le résultat ne s’est pas fait attendre: la spiritualité est en crise.

Spiritualité en crise John MacArthur



John MacArthur

SpiritualitĂŠ en crise Comment discerner le vrai du faux


Edition originale en anglais: Reckless Faith When the Church Loses Its Will to Discern © 1994, John MacArthur, Jr. Crossway Books, Wheaton, Illinois 601187

Les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond revue, Nouvelle Edition de Genève, 1979 Pour le format epub, les liens actifs renvoient à la Segond 21 © et édition: La Maison de la Bible, 1996, 2014 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tableau couverture: David Richoz Traduction: Alain Bouffartigues E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-3314-1 ISBN format epub 978-2-8260-0104-1 ISBN format pdf 978-2-8260-9833-1 Imprimé en UE sur les presses de Lightning Source


Table des matières

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. 2. 3. 4.

La guerre déclarée à la raison . . . . . . . . . . . . . . . Le développement de la foi hasardeuse . . . . . . . Le discernement selon la Bible . . . . . . . . . . . . . . Quels sont les principes essentiels du christianisme? . . . . . . . . . . . . . . . . 5. Evangéliques et catholiques ensemble . . . . . . . . 6. La bénédiction de Toronto . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7. Quand on recherche la vérité partout où il ne faut pas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Annexe 1: Le catholicisme est-il en train de changer? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313 Annexe 2: Jonathan Edwards et sa théologie du discernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363



Introduction

Bien des gens commettent l’erreur de croire que la foi est noble en soi. Un chœur anglais bien connu exalte le mérite de croire: “Je crois en raison de chaque goutte de pluie qui tombe, de la fleur qui pousse.” Evidemment, personne ne croit réellement cela, mais là n’est pas la question. Ce chant fait l’éloge de la foi, sans tenir compte du contenu de cette foi. En écrivant ce chant, son auteur ne se préoccupait nullement de l’objet de la foi. Or le sentiment qu’exprime ce petit chœur n’est pas du tout biblique. Il fait écho à l’un des pires mensonges de notre époque: la notion selon laquelle peu importe ce que l’on croit, pourvu qu’on le croie avec suffisamment de force. Saviez-vous qu’en réalité, la foi peut être gravement nuisible? Certains types de foi détournent en fait du vrai Dieu, remplaçant la vérité par la superstition, le mensonge ou la foi elle-même. Une telle foi conduit inévitablement à la catastrophe spirituelle. Il s’agit d’une foi hasardeuse. Cette foi hasardeuse peut dévier vers deux extrêmes. D’un côté de l’éventail, elle a les regards tournés vers l’intérieur: elle se fie aux sentiments, à des voix intérieures, à l’imagination ou à des sensations subjectives. A l’autre extrémité, elle met son espoir dans une autorité humaine extérieure: les enseignements d’un chef suprême, la tradition religieuse, des dogmes magistraux ou quelque canon arbitraire. 7


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Dans un contexte non chrétien, le premier type de déviation est illustré de façon éclatante par le mysticisme du Nouvel Age. Quant à l’autre extrême, l’islam nous en donne un exemple éclatant. Cependant, ces deux types de foi hasardeuse se manifestent clairement même parmi les groupes qui se réclament du christianisme. Le mouvement charismatique, par exemple, tend vers le premier extrême, tandis que le catholicisme romain illustre le second. Parmi les croyances religieuses dites “chrétiennes” se trouvent d’innombrables notions qui relèvent de l’un ou de l’autre type de foi hasardeuse, et qui constituent souvent un mélange de tendances appartenant aux deux extrêmes. Il convient de noter qu’à chacun de ses extrêmes, la foi hasardeuse recherche la vérité spirituelle en dehors de l’Ecriture, et c’est précisément là qu’elle devient hasardeuse. Les deux types de foi hasardeuse ont cet autre point commun: ils sont irrationnels et anti-intellectuels. “Anti-intellectuel” ne veut pas dire qu’ils soient opposés au snobisme intellectuel. Cela signifie qu’ils rejettent avec un certain mépris l’intellect, pour encourager une confiance aveugle et dépourvue de sens critique. Les anti-intellectuels opposent souvent la foi à la raison, comme s’il s’agissait de deux notions antinomiques. Ce type de “foi” est en réalité de la crédulité. C’est une attitude insensée qui n’a rien à voir avec la foi biblique. La foi biblique n’est jamais irrationnelle. Dès le départ, il convient d’être très prudent et de faire trois distinctions importantes. Premièrement, en défendant une attitude rationnelle, je ne dis pas que la raison humaine puisse, même dans le meilleur des cas, conduire quelqu’un à la vérité salvatrice. Le péché a corrompu et obscurci l’intelligence et le cœur de chaque être humain, de sorte qu’il est absolument impossible à quiconque de 8


Introduction

parvenir au salut par le raisonnement. C’est bien pour cela que Dieu nous a donné une révélation surnaturelle dans sa Parole inspirée, la Bible. L’Ecriture est en effet la révélation de Dieu à notre intention. Elle est vraie parce que Dieu est vrai (cf. Romains 3.4). Ce n’est pas en raisonnant que nous parvenons à cette vérité. Au contraire, nous commençons par prendre Dieu au mot – par le croire “sur Parole”, en quelque sorte – et nous faisons de l’Ecriture le fondement sur lequel s’édifie toute raison. Deuxièmement, dire que l’on ne peut parvenir à la vérité de l’Ecriture par le raisonnement ne signifie pas que l’Ecriture elle-même soit irrationnelle. La Bible est parfaitement “raisonnable”, logique avec elle-même, vraie dans chacune de ses parties, fiable pour servir de fondement à notre logique et à un bon jugement, et digne de confiance pour être le critère faisant autorité en matière de saine doctrine. Comme il s’agit de la vérité pure, elle est parfaitement rationnelle. Troisièmement, ce n’est pas parce qu’on s’oppose à une attitude irrationnelle que l’on préconise le rationalisme. Le rationalisme est une philosophie qui nie la révélation divine. Le rationalisme rejette le surnaturel, il est antibiblique et souvent cynique à l’égard de toute religion. Les rationalistes font de la raison humaine à la fois la source et le test définitif de toute vérité. En un mot, ils mettent la raison humaine à la place de l’Ecriture. Les chrétiens ont toujours rejeté le rationalisme en le considérant, à juste titre, comme un ennemi de la foi chrétienne. Or voici où se situe le problème: bien que nous devions rejeter le rationalisme, il ne faut surtout pas répudier une attitude rationnelle, à savoir l’utilisation à bon escient d’une raison sanctifiée, d’une logique saine, d’une pensée claire 9


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et du bon sens. Ceux qui rejettent le rationnel font de toute vérité un non-sens. Ils laissent de côté toutes les facultés mentales essentielles à la compréhension. Ils dépeignent la foi comme un plongeon à l’aveuglette dans le noir, comme quelque chose qui court-circuite l’intellect. Une telle “foi” est soit uniquement basée sur les sentiments, soit transformée en simple acte de la volonté. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une foi hasardeuse. La foi authentique ne peut absolument pas court-circuiter l’intelligence. Elle ne peut être irrationnelle. En effet, après tout, la foi est affaire de vérité. Or la vérité est un ensemble de données objectives destinées à être connues, étudiées, considérées et comprises. Et toutes ces activités font appel à l’intellect. Cela signifie que le véritable christianisme ne peut pas être anti-intellectuel. L’ensemble des vérités sur lequel est basée notre foi comporte, certes, des profondeurs qui sont mystérieuses – insondables pour l’esprit qui est seulement humain, ou impénétrables – mais la vérité n’est jamais irrationnelle. La différence est de la plus haute importance. Dieu ne peut pas mentir (cf. Tite 1.2). Par conséquent, ce que Dieu dit est vrai, et l’antithèse est forcément fausse. La vérité ne peut se contredire elle-même. La vérité a du sens; le non-sens ne peut être vrai. En outre, il faut que la doctrine sur laquelle nous basons notre foi soit saine, autrement dit il faut qu’elle soit biblique (cf. 1 Timothée 4.6; 2 Timothée 4.2- 3; Tite 1.9; 2.1). “Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien [...]” (1 Timothée 6.3-4 – c’est moi qui souligne). Une doctrine saine et biblique est donc à la base de toute 10


Introduction

vraie sagesse et foi authentique. L’attitude qui consiste à dédaigner la doctrine tout en donnant la primauté aux sentiments ou à une confiance aveugle ne peut légitimement être appelée de la foi, même si elle se présente sous les traits du christianisme. Il s’agit en réalité d’une forme irrationnelle d’incrédulité. Dieu nous tient pour responsables de ce que nous croyons aussi bien que de la manière dont nous considérons la vérité qu’il a révélée. Toute l’Ecriture atteste le fait que Dieu veut que nous connaissions et comprenions la vérité. Il veut que nous soyons sages. Sa volonté est que nous nous servions de notre intelligence. Nous sommes censés réfléchir, méditer, faire preuve de discernement. Considérez, par exemple, ces versets bien connus. Notez l’usage répété de mots tels que vérité, connaissance, discernement, sagesse et compréhension: • “Mais tu veux que la vérité soit au fond du cœur: Fais donc pénétrer la sagesse au-dedans de moi!” (Psaume 51.8). • “La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse; tous ceux qui l’observent ont une raison saine” (Psaume 111.10). • “Enseigne-moi le bon sens et l’intelligence! Car je crois à tes commandements” (Psaume 119.66). • “Si tu rends ton oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton cœur à l’intelligence; oui, si tu appelles la sagesse, et si tu élèves ta voix vers l’intelligence, si tu la cherches comme l’argent, si tu la poursuis comme un trésor, alors tu comprendras la crainte de l’Eternel, et tu trouveras la connaissance de Dieu. Car l’Eternel donne la sagesse; de sa bouche 11


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• •

sortent la connaissance et l’intelligence” (Proverbes 2.2-6). “Voici le commencement de la sagesse: Acquiers la sagesse, et avec tout ce que tu possèdes acquiers l’intelligence” (Proverbes 4.7). “C’est pour cela que nous aussi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons de prier Dieu pour vous; nous demandons que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle” (Colossiens 1.9). “[En Christ] sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance” (Colossiens 2.3). “Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice” (2 Timothée 3.16).

Ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que nous devons craindre de faire usage de nos facultés de raisonnement. Il ne nous est pas demandé de nous méfier d’une logique saine. Nous de devons pas non plus – surtout pas! – abandonner la raison. Lorsque Martin Luther fut convoqué à la diète de Worms en 1521 et qu’on lui demanda d’abjurer son enseignement, il répondit: “A moins qu’on ne me convainque par des textes de l’Ecriture ou par d’évidentes raisons [...], je suis lié par les textes scripturaires que j’ai cités et ma conscience est captive des paroles de Dieu, je ne puis ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sûr ni honnête de parler contre sa conscience. Je ne puis autrement, me voici, que Dieu me soit en aide.”1 1 Pierre Chaunu, Le temps des Réformes (Paris, Fayard, 1974), p. 454.

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Introduction

La formulation bien connue de Luther, “l’Ecriture et d’évidentes raisons”, est la seule base sur laquelle nous puissions fonder correctement le véritable discernement spirituel. Le discernement est la faculté de comprendre, d’interpréter et de mettre en pratique la vérité d’une manière habile. Le discernement est un acte cognitif. Par conséquent, quiconque rejette avec mépris la bonne doctrine ou une raison saine ne peut être véritablement doué de discernement. Le discernement spirituel authentique doit commencer par l’Ecriture, la vérité révélée. Si la raison humaine n’est pas solidement fondée dans la révélation divine, elle dégénère toujours et sombre alors dans le scepticisme (la négation de toute possibilité de certitude), le rationalisme (théorie selon laquelle la raison constitue une source de la vérité), le laïcisme (conception de la vie excluant délibérément Dieu) ou une quantité d’autres philosophies opposées au christianisme. Lorsque l’Ecriture condamne la sagesse humaine (cf. 1 Corinthiens 3.19), elle dénonce non pas la raison en tant que telle, mais l’idéologie humaniste détachée de la vérité divinement révélée de la Parole de Dieu. Autrement dit, la raison séparée de la Parole de Dieu conduit inévitablement à des idées mal fondées, alors que la raison soumise à la Parole de Dieu est au cœur du discernement spirituel qui fait preuve de sagesse. La Confession de foi de Westminster reconnaît clairement que la formule alliant l’Ecriture et une raison saine constitue la base du discernement. Voici ce que déclare cette Confession: “Tout le conseil de Dieu [...] se trouve soit expressément consigné dans l’Ecriture, ou bien, par voie de conséquence logique et inévitable, peut être déduit à partir de l’Ecriture” (chapitre 1, section 6). En d’autres 13


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termes, il convient d’appliquer à l’Ecriture une logique saine et prudente afin de parvenir à une compréhension totale et mûre de la vérité spirituelle que Dieu a révélée. Cela ne revient nullement à nier que l’Ecriture soit pleinement suffisante. La formule ne prône pas l’Ecriture plus la philosophie, mais l’Ecriture interprétée au moyen d’un raisonnement prudent, sensé, sérieux et dirigé par l’Esprit. Voilà l’essence du discernement. Pour résumer, l’anti-intellectualisme est incompatible avec la véritable sagesse spirituelle. Quiconque considère que la foi consiste à renoncer à la raison ne peut être véritablement doué de discernement. L’attitude irrationnelle est aux antipodes du discernement. Lorsque Paul demandait dans ses prières que l’amour des Philippiens “augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence” (Philippiens 1.9 – c’est moi qui souligne), il affirmait la nature rationnelle de la foi véritable. Il voulait également indiquer que la connaissance et le discernement vont nécessairement de pair avec une croissance spirituelle authentique. La foi biblique est donc rationnelle. Elle peut faire l’objet d’un raisonnement. Elle est intelligente. Elle est parfaitement cohérente. Quant à la vérité spirituelle, elle est censée être considérée de façon rationnelle, examinée avec logique, étudiée, analysée et utilisée comme étant le seul fondement fiable permettant de juger avec sagesse. Ce processus est précisément ce que l’Ecriture appelle le discernement. Le présent ouvrage est un plaidoyer en faveur du discernement. Son propos est de rappeler que la vérité divine est un bien précieux qu’il faut traiter avec soin, et non diluer dans des croyances fantaisistes ni enfermer dans des 14


Introduction

traditions humaines. Quand une Eglise perd la volonté de discerner entre la saine doctrine et l’erreur, entre le bien et le mal, entre la vérité et les mensonges, cette Eglise court à sa ruine. L’apôtre Jean établit une distinction très nette entre le christianisme et l’esprit de l’antichrist, et il maintint le cap avec zèle: “Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas: Salut! car celui qui lui dit: Salut! participe à ses mauvaises œuvres” (2 Jean 1.9-11). C’est en ces termes que Jean donna l’ordre à ceux qui se trouvaient sous sa responsabilité spirituelle de faire preuve de vigilance et de discernement, et de n’avoir aucune part avec un enseignement erroné niant Christ, ni avec ses propagateurs. Quel contraste avec les chrétiens d’aujourd’hui qui se tranquillisent en se disant qu’il est rarement possible d’affirmer que quelque chose est tout noir ou tout blanc. Les points de doctrine, les questions morales et les principes chrétiens sont tous présentés dans des teintes de gris. Nul n’est censé établir des distinctions qui fassent autorité ni énoncer le moindre absolu. Chacun est encouragé à faire ce qui est bon à ses yeux, autrement dit, exactement ce que Dieu interdit (cf. Deutéronome 12.8; Juges 17.6; 21.25). L’Eglise ne pourra manifester sa puissance dans la société tant que nous n’aurons pas retrouvé un amour passionné pour la vérité ainsi que son corollaire, la haine de l’erreur. Les vrais chrétiens ne peuvent faire preuve de complaisance ou d’indifférence à l’égard des influences 15


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anti-chrétiennes qui s’exercent au milieu d’eux, et s’attendre à jouir de la bénédiction de Dieu. “C’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière” (Romains 13.11-12). Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu gardes avec toi mes préceptes, si tu rends ton oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton cœur à l’intelligence; oui, si tu appelles la sagesse, et si tu élèves ta voix vers l’intelligence, si tu la cherches comme l’argent, si tu la poursuis comme un trésor, alors tu comprendras la crainte de l’Eternel, et tu trouveras la connaissance de Dieu. Car l’Eternel donne la sagesse; de sa bouche sortent la connaissance et l’intelligence. Proverbes 2.1-6.

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1. La guerre déclarée à la raison

Si le vrai discernement a subi un revers terrible au cours des dernières décennies, c’est parce que la raison ellemême a été attaquée au sein de l’Eglise. Comme Francis Schaeffer l’avait annoncé il y a une trentaine d’années dans Dieu, illusion ou réalité? – tout en mettant en garde contre ce danger – l’Eglise est en train de se conformer à l’irrationalité de la philosophie du monde. Par conséquent, une foi hasardeuse a envahi la communauté évangélique. Nombreux sont ceux qui renoncent à la doctrine au profit de l’expérience personnelle. D’autres disent vouloir délaisser certaines distinctions essentielles établies par l’Ecriture afin de parvenir à une unité externe entre tous les chrétiens professants. Le christianisme authentique marqué par une foi biblique intelligente semble perdre du terrain même parmi les évangéliques les plus conservateurs.

L’abandon de la vérité objective L’Eglise visible contemporaine est devenue d’une tolérance surprenante à l’égard d’enseignements aberrants et d’idées saugrenues, et d’une intolérance effrayante à l’égard de la saine doctrine. Le concept évangélique bien 17


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connu de la “vérité” est devenu presque totalement subjectif. La vérité est considérée comme une notion variable, toujours relative et jamais absolue. Laisser entendre que l’on puisse recourir à quelque critère objectif pour distinguer entre la vérité et l’erreur revient à être complètement en décalage avec l’esprit de notre époque. Dans certains milieux, l’Ecriture elle-même a été écartée et n’est plus un critère fiable pour tester la vérité. Après tout, il y a tant de manières différentes d’interpréter la Bible! Qui peut dire quelle interprétation est la bonne? Et nombreux sont ceux qui croient qu’il existe une vérité au-delà de la Bible. Tout ce relativisme a eu des effets désastreux sur la capacité du chrétien type à discerner entre la vérité et l’erreur, le vrai et le faux, le bien et le mal. Les enseignements les plus évidents de l’Ecriture sont désormais remis en question parmi ceux qui déclarent croire en la Bible. Par exemple, certains chrétiens n’ont plus la certitude que l’homosexualité doive être considérée comme un péché. D’autres prétendent que les revendications féministes sont compatibles avec le christianisme biblique. Les télévisions, radios, livres et magazines “chrétiens” servent un salmigondis d’opinions absurdes allant du simplement fantasque au carrément dangereux, et le chrétien moyen est hélas bien mal équipé pour faire la part entre les mensonges et la vérité. Le seul fait de laisser entendre qu’il est nécessaire de faire le tri entre les mensonges et la vérité est considéré par beaucoup comme la marque d’une dangereuse intolérance. Il est une notion de plus en plus répandue selon laquelle tout débat ayant trait à la doctrine est mauvais en soi. Le souci de l’orthodoxie est jugé incompatible avec l’unité chrétienne. La doctrine elle-même est cataloguée 18


La guerre déclarée à la raison

comme objet de division et ceux qui lui donnent de l’importance sont dénoncés sous prétexte qu’ils manqueraient d’amour fraternel. Nul n’a le droit de critiquer les croyances d’autrui, peu importe à quel point ces croyances peuvent sembler contraires à l’enseignement biblique. Un article paru récemment dans le magazine chrétien américain Christianity Today illustre cette tendance. Sous le titre “La chasse à l’hérésie”, cet article brosse le portrait de deux leaders chrétiens bien connus qui avaient été “en butte à de cinglantes attaques à la suite d’écrits controversés”.1 L’un d’eux est un auteur à succès et un orateur apprécié dans le monde des conférences universitaires aux Etats-Unis. Il a écrit un livre dans lequel il encourage les homosexuels à établir des relations de cohabitation permanente (tout en restant malgré tout célibataires). Selon lui, la communauté évangélique souffre d’“homophobie”. Il est convaincu qu’une cohabitation permanente entre homosexuels est la seule alternative à la solitude pour les gens qu’il croit “nés avec une orientation homosexuelle”. L’épouse de cet homme a publié un article dans un magazine homosexuel, dans lequel elle “préconise avec enthousiasme” les relations sexuelles monogames entre homosexuels. Cet auteur-orateur indique être “en désaccord très profond” avec sa femme quant à son approbation des relations homosexuelles, mais sa propre conception semble permettre aux homosexuels de se livrer à d’autres formes d’intimité physique à l’exception du rapport sexuel proprement dit. L’autre leader chrétien dont l’article de Christianity Today brosse le portrait est une femme qui, en compagnie de son mari, est l’orateur-vedette d’une émission chrétienne 1 John W. Kennedy, “La chasse à l’hérésie”, Christianity Today (16 mai 1994).

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radiotélévisée bien connue dans tous les Etats-Unis. Le ministère de ce couple n’est pas le produit étrange de quelque secte marginale, mais une institution bien établie et très respectée au sein du monde évangélique. Cette femme est également présidente d’une des plus grandes organisations d’étudiants évangéliques du monde. Elle a écrit un livre dans lequel elle rapporte des expériences spirituelles assez singulières. Elle dédie cet ouvrage à son alter ego masculin – une personne imaginaire appelée “Eddie Bishop” – qui entretient une relation amoureuse avec elle dans ses rêves. Cette femme déclare avoir également des visions de “l’enfant Jésus qui est au-dedans [d’elle]”. Il lui apparaît sous les traits d’un “enfant idiot” baveux, émacié et nu-pieds, vêtu d’un maillot de corps déchiré et dont “la tête [est] entièrement chauve et penchée d’un côté”. Cette femme a engagé les services d’une religieuse catholique qui lui sert de “directeur spirituel” et l’aide à interpréter ses rêves et ses fantasmes. Dans son livre, elle mélange le mysticisme, la psychologie jungienne, les expériences hors du corps, les idées féministes, un vécu religieux subjectif et ses fantasmes romantiques, ce qui aboutit à un amalgame extraordinaire. Sincèrement, ce livre est tellement bizarre que sa lecture dérange. Mais ce qui est remarquable à propos de cet article de Christianity Today, c’est qu’il n’a pas été écrit pour révéler les idées aberrantes qui sont enseignées par ces deux leaders évangéliques. Loin de là; la raison qui avait motivé les rédacteurs du magazine était le fait que ces personnes étaient en butte à des attaques à cause de leurs opinions. Dans le mouvement évangélique moderne, on a le droit de défendre les doctrines les moins conventionnelles et les moins bibliques, tant qu’on accorde le même privilège à tout 20


La guerre déclarée à la raison

le monde. De nos jours, il ne reste plus guère qu’un seul tabou: c’est l’intolérance de ceux qui osent montrer du doigt les erreurs d’autrui. Quiconque a aujourd’hui assez d’audace pour laisser entendre que les idées ou les doctrines d’un autre sont erronées ou non bibliques est immédiatement rejeté et considéré comme étant animé d’un esprit de querelle et de division, dénué d’amour et en contradiction avec les principes chrétiens. On a tout à fait le droit d’embrasser n’importe quelle opinion qui nous chante, mais on n’a pas le droit de critiquer les opinions d’autrui, peu importe si elles sont en contradiction flagrante avec la Bible. Quand on accorde davantage de valeur à la tolérance qu’à la vérité, la cause de la vérité en pâtit toujours. L’histoire de l’Eglise en témoigne. L’Eglise a prospéré et s’est affermie uniquement lorsque le peuple de Dieu défendait avec hardiesse la vérité et la saine doctrine. La Réforme, l’ère puritaine et les grands réveils en sont tous des exemples. A l’inverse, les périodes de déclin dans l’histoire de l’Eglise ont toujours été marquées par un accent excessif mis sur la tolérance, laquelle conduit inéluctablement à l’insouciance, à la mondanité, au compromis doctrinal et à une grande confusion dans l’Eglise.

A la dérive dans un océan de subjectivité Cependant, le fait que l’Eglise perde ses amarres plus particulièrement à notre époque représente un risque plus grand que jamais. En effet, au cours des cent dernières années, le monde a changé d’une manière spectaculaire et très effrayante. Nos contemporains ne considèrent plus la vérité comme avant. En fait, le monde dans lequel nous 21


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vivons est dominé par une philosophie qui est hostile à l’idée même de vérité absolue. Depuis le début de la civilisation jusqu’à la fin du e 19 siècle, quasiment toutes les philosophies humaines avaient admis la nécessité de la vérité absolue. La vérité était universellement considérée comme ce qui est vrai et pas faux, factuel et pas erroné, correct et pas incorrect, moral et pas immoral, juste et pas injuste, bon et pas mauvais. Pratiquement tous les philosophes qui s’étaient succédé depuis l’époque de Platon avaient admis l’objectivité de la vérité. La philosophie elle-même était une quête de la compréhension la plus poussée qui soit de la vérité. Une telle recherche était présumée possible, voire nécessaire, parce que la vérité était perçue comme étant la même pour tout individu. Cela ne signifiait évidemment pas qu’il y avait unanimité sur ce qu’était la vérité. Mais quasiment tout le monde s’accordait à penser que ce qui était vrai, quoi que ce fût, l’était pour tous. Tout cela changea au 19e siècle avec la naissance de l’existentialisme. Cette philosophie remet en cause la notion de définition précise, introduisant le concept selon lequel la vérité suprême est subjective (dont l’origine se trouve dans la pensée de l’individu) plutôt qu’objective (qui existe bel et bien hors de l’individu). L’existentialisme donne la primauté à l’expérience individuelle et au choix personnel, minimisant ou écartant les normes absolues telles que la vérité, la bonté et la moralité. On pourrait définir à juste titre l’existentialisme comme l’abandon de l’objectivité. L’existentialisme est fondamentalement anti-intellectuel, opposé à la raison et irrationnel. Le philosophe danois Søren Kierkegaard fut le premier à utiliser le terme d’“existentialisme”. La vie et la philosophie 22


La guerre déclarée à la raison

de Kierkegaard furent centrées sur ses expériences avec le christianisme. Les concepts chrétiens et la terminologie biblique se retrouvent dans nombre de ses écrits. Il écrivit beaucoup à propos de la foi et se considérait certainement chrétien. Un grand nombre de ses idées germèrent en réaction légitime contre le formalisme pesant de l’Eglise luthérienne officielle de son pays. Il était choqué à juste titre par le ritualisme stérile de l’Eglise, et véritablement outré de voir que des gens qui n’avaient aucun amour pour Dieu se disaient chrétiens tout simplement sous prétexte qu’il leur était arrivé de naître dans un pays “chrétien”. Cependant, dans sa réaction contre l’absence de vie qui caractérisait l’Eglise officielle, Kierkegaard avança une antithèse erronée. Il partit du postulat que l’objectivité et la vérité étaient incompatibles. Pour s’opposer au ritualisme sans passion et aux formules doctrinales dénuées de vie qu’il voyait dans le luthéranisme danois, Kierkegaard élabora une approche de la religion qui était de la passion pure, une passion complètement subjective. Selon sa théorie, la foi signifiait le rejet de la raison et l’exaltation des sentiments et de l’expérience personnelle. C’est Kierkegaard qui inventa l’expression “saut de la foi”. Pour lui, la foi était une expérience irrationnelle, avant tout un choix personnel. Il consigna cette réflexion dans son journal le 1er août 1835: “Il s’agit de trouver une vérité qui soit vraie pour moi, de trouver l’idée pour laquelle je puisse vivre et mourir.”2 De toute évidence, Kierkegaard avait déjà rejeté comme étant en soi sans valeur la croyance selon laquelle la vérité est objective. Son journal se poursuit par ces pensées: 2 Robert Bretall, éd., A Kierkegaard Anthology (Princeton, N. J., Princeton University Press, 1946), p. 5 (souligné dans l’original).

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A quoi servirait-il de découvrir la prétendue vérité objective? [...] Que m’apporterait le fait que la vérité se tienne devant moi, froide et nue, sans se soucier de savoir si je la reconnais ou non, et provoquant en moi un frisson de crainte plutôt qu’une confiante dévotion? [...] Je me retrouve tel un homme qui a loué une maison et rassemblé tout le mobilier et l’équipement ménager, mais qui n’a pas encore trouvé la bien-aimée avec qui partager les joies et les peines de sa vie. [...] C’est ce côté divin de l’homme, son action vers l’intérieur, qui veut tout dire, et non une masse d’informations [objectives].3 Ayant rejeté l’objectivité de la vérité, Kierkegaard en était réduit à aspirer à une expérience existentielle, laquelle, croyait-il, lui procurerait un sentiment de contentement personnel. Il se tenait au bord du précipice et se préparait à faire son saut de la foi. En définitive, l’idée pour laquelle il choisit de vivre et de mourir fut le christianisme, mais c’est une forme particulièrement subjective de christianisme qu’il embrassa. Bien que Kierkegaard ait été quasiment inconnu de son vivant, ses écrits ont subsisté et ont, depuis lors, profondément influencé toute la philosophie. Son concept de “vérité qui est vraie pour moi” s’est insinué dans la pensée populaire et a ouvert la voie au rejet radical de toutes les normes objectives auquel s’est livrée notre génération. Kierkegaard sut comment donner à l’irrationalisme une apparence de profondeur. “Dieu n’existe pas; il est 3 Ibid., p. 5

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La guerre déclarée à la raison

éternel”, écrivit-il. Il était d’avis que le christianisme était plein de “paradoxes existentiels”, qu’il considérait comme de véritables contradictions, preuve que la vérité était irrationnelle. Se servant de l’exemple d’Abraham, qui avait été prêt à sacrifier Isaac (cf. Genèse 22.1-19), Kierkegaard insinua que Dieu avait appelé Abraham à violer la loi morale en faisant périr son fils. Pour Kierkegaard, le fait qu’Abraham ait été disposé à “suspendre” ses convictions éthiques symbolisait le saut de la foi qui est demandé à tout homme. Kierkegaard croyait que cet incident était la preuve que “l’Individu [Abraham] est au-dessus du général [la loi morale]”.4 Sur la base de cette conclusion, le philosophe danois tint ce raisonnement: “Abraham représente la foi [...]. Il agit en vertu de l’absurde; car l’absurde c’est justement qu’il soit comme Individu au-dessus du général.”5 Et Kierkegaard de conclure: “Aussi bien puis-je comprendre [le héros tragique], mais non Abraham, bien qu’avec une certaine déraison je lui porte plus d’admiration qu’à tout autre homme.”6 On n’a pas de mal à se rendre compte à quel point un tel raisonnement relègue toute vérité dans le domaine de la subjectivité pure, au point même de rejoindre l’absurdité ou la démence. Tout devient relatif. Les absolus sont dématérialisés. La différence entre la vérité et le non-sens devient sans importance. Tout ce qui compte, c’est l’expérience personnelle. 4 Søren Kierkegaard, Crainte et tremblement (Paris, L’Orante, 1972), p. 147. 5 Ibid., p. 148 6 Ibid., p. 149

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Spiritualité en crise

Qui plus est, l’expérience de l’un est aussi valable que celle de l’autre, même si les expériences de chacun conduisent à des conceptions contradictoires de la vérité. La “vérité qui est vraie pour moi” peut être différente de la vérité d’un autre. En fait, nos croyances peuvent être en contradiction flagrante, il n’en demeure pas moins que la “vérité” d’autrui n’invalide nullement la mienne. Comme la “vérité” est authentifiée par l’expérience personnelle, elle est uniquement pertinente pour l’individu qui fait le saut de la foi. Voilà en quoi consiste l’existentialisme. L’existentialisme a eu une influence considérable sur la philosophie profane. Friedrich Nietzsche, par exemple, rejeta lui aussi la raison et insista sur la volonté de l’individu. Nietzsche ignorait sans doute totalement les œuvres de Kierkegaard, mais leurs idées empruntèrent des voies parallèles sur les points essentiels. A la différence de Kierkegaard, toutefois, Nietzsche ne fit jamais le saut de la foi vers le christianisme. Au contraire, il tira la conclusion que Dieu est mort. La vérité qui était “vraie pour lui”, semblet-il, s’avéra être l’inverse de la vérité que Kierkegaard avait choisie. Et pourtant, leur épistémologie (la manière dont ils parvinrent à leurs conclusions) était exactement la même. Par la suite, d’autres existentialistes, tels que Martin Heidegger et Jean-Paul Sartre, affinèrent les idées de Kierkegaard tout en adhérant à l’athéisme de Nietzsche. Heidegger et Sartre croyaient tous les deux que la raison est futile et la vie fondamentalement dénuée de sens. Ces idées ont constitué une grande force dans la pensée du 20e siècle. Alors que le monde continue de devenir plus athée, plus sécularisé et plus irrationnel, il est utile de bien comprendre qu’il est propulsé dans cette direction par de fortes influences existentialistes. 26


La guerre déclarée à la raison

L’invasion de l’Eglise par l’existentialisme Mais ne croyez pas que l’influence de l’existentialisme se limite au monde sans affecter l’Eglise. Dès l’instant où Kierkegaard maria les idées existentialistes au christianisme, cela devait inévitablement aboutir à la théologie néo-orthodoxe. Le terme de néo-orthodoxie est employé pour identifier une forme existentialiste du christianisme. Dans la mesure où la néo-orthodoxie nie la base objective fondamentale de la vérité – la vérité absolue et l’autorité de l’Ecriture – il convient de la concevoir comme un pseudo-christianisme. Elle a connu son heure de gloire au milieu du 20e siècle avec les écrits de Karl Barth, Emil Brunner, Paul Tillich et Reinhold Niebuhr. Ces hommes se sont faits l’écho du langage et de la pensée de Kierkegaard, parlant de la primauté de l’“authenticité personnelle”, tout en minimisant ou en niant l’importance de la vérité objective. Barth, le père de la néo-orthodoxie, a reconnu explicitement sa dette envers Kierkegaard.7 L’attitude de la néo-orthodoxie à l’égard de l’Ecriture est un condensé de l’ensemble de la philosophie existentialiste: la Bible elle-même n’est pas objectivement la Parole de Dieu, mais elle devient la Parole de Dieu quand elle me parle individuellement. Dans la néo-orthodoxie, ce même subjectivisme est imposé à toutes les doctrines du christianisme historique. On utilise des termes familiers, mais en les redéfinissant ou en les employant d’une manière 7 Karl Barth, L’Epître aux Romains (Paris, Librairie Protestante, 1972). Barth cite Kierkegaard à maintes reprises dans cet ouvrage, qui est l’un de ses premiers.

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Spiritualité en crise

John MacArthur

John MacArthur

Les principes essentiels du christianisme volent en éclats. Le rejet de l’intelligence spirituelle, le "refus de fuir le monde", l’attrait du mysticisme, l’unité "visible" à tout prix, etc. sont les symptômes qui montrent l’état de crise de l’Eglise. John MacArthur a le mérite de décrire sobrement l’état spirituel de l’Eglise. Il apporte toutefois une réponse biblique à toutes les déviances qui rongent ou affaiblissent la spiritualité. Pour lui, et pour nous, l’Eglise peut, par la seule grâce de Dieu, se réveiller spirituellement, comme ce fut le cas autrefois avec Jonathan Edwards, et revenir à la Vérité. Spiritualité en crise, un livre tonique et stimulant, qui nous fait découvrir ce que Dieu veut pour nous et son Eglise. Paul Ranc Diplômé de la Faculté de Théologie de Talbot, aux Etats-Unis, John MacArthur est pasteur principal de «l’Eglise de la Grâce» de Sun Valley, en Californie. Il est aussi conférencier et auteur de nombreux ouvrages, dont plusieurs sont traduits en français.

ISBN 978-2-8260-3314-1

Spiritualité en crise

Ces dernières décennies ont été marquées par un manque évident de discernement spirituel. La Vérité, c’est-à-dire la Parole incarnée (Christ) et la Parole inspirée (la Bible) ont été délaissées au profit d’une autre spiritualité basée sur les sentiments et sur l’expérience. Le résultat ne s’est pas fait attendre: la spiritualité est en crise.

Spiritualité en crise John MacArthur


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