Le 3e jour - Bible et géologie (MB3327)

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Table des matières

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1. De quoi s’agit-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 2. Les deux livres de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3. Un a b c de la sédimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 4. Les fossiles, témoins irréfutables du passé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 5. Le Carbonifère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 6. Où intervient le volcanisme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 7. Elargissons le champ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 8. Premières déductions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 9. Autres perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 10. En guise de conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Mini-glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89


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1. De quoi s’agit-il ?

L’activité du géologue est une tâche passionnante. Décrypter au sein de la roche les indices évocateurs d’un passé révolu depuis l’aurore des temps, y traquer les traces de vie, y lire les changements climatiques successifs et les multiples déformations qui ont affecté l’écorce terrestre, y découvrir les minéraux (parfois rares et précieux) que de longs cheminements ont fait migrer des profondeurs du globe... voilà bien de quoi tenir en haleine le chercheur, toujours avide d’explorer l’inconnu et d’en percer les secrets ! J’ai eu le grand privilège d’exercer ce métier dans les mines de charbon souterraines et à ciel ouvert. Combien de kilomètres de galeries (jusqu’à 1200 m de profondeur) ai-je “passés au peigne fin” et de carottes de sondages, forés jusqu’à 1700 m, ai-je cassées pour en arracher le moindre élément significatif ? Un tel chiffrage serait bien difficile mais, de toute façon, considérable. Des Houillères des Cévennes à celles d’Aquitaine, du Nord–Pas-de-Calais à la Provence, en passant par la Bourgogne, que d’observations accumulées, d’évidences mises en lumière, de corrélations établies, d’hypothèses ébauchées et, souvent, confirmées... De tout cela subsistent quelques traces dans les publications “savantes” réservées aux spécialistes. L’accès en est limité, ne serait-ce qu’en raison de la barrière terminologique qui va de pair avec ce genre d’étude. Or, telle ou telle de ces observations et les conclusions qui en résultent méritent d’être exposées très simplement. Elles permettent en effet de rectifier des idées reçues et d’apporter d’utiles éléments dans certains débats en cours. L’un d’eux oppose, de façon plus ou moins vive ou feutrée, des chrétiens dits “créationnistes” par jours de 24 heures à d’autres chrétiens admettant des périodes de plus longue durée. Modestement, le présent ouvrage se propose d’apporter avec objectivité sa pierre en ce domaine. Point de parti pris, seulement des faits d’observation incontournables et les évidences auxquelles ils aboutissent. Ceci, bien sûr, à partir du seul champ de la géologie houillère évoquée ci-dessus. La démarche ne serait guère crédible aux yeux des uns et des autres si elle ne prenait en compte, également, le texte biblique considéré comme révélation


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divine faisant autorité. La lecture, l’étude et la méditation de l’Ecriture constituent aussi une passionnante activité, pleine d’incitations à la recherche, de découvertes exaltantes, de réponses aux grandes interrogations humaines. Depuis ma jeunesse, je bénéficie d’une grâce inestimable : la soif de connaître et de sonder la Parole de Dieu, d’y trouver des explications dans les différents domaines de la vie et des directions à suivre pour la mienne. Cet éclairage ne fait jamais défaut quand on se laisse volontairement pénétrer par lui. Evidemment, il ne faut guère l’attendre d’une recherche épisodique, occasionnelle. Seule, une lecture régulière et persévérante permet d’assimiler cet enseignement révélé, hermétique et complexe au premier abord. Personnellement, je m’en tiens depuis des années au rythme d’un chapitre matin et soir, balayant ainsi la Bible du début jusqu’à la fin et passant successivement d’une version à l’autre. De fait, chaque traduction a ses insuffisances et ne correspond qu’à une facette (parmi tant d’autres) du texte original hébreu ou grec. Conscient de la chose, je m’efforcerai d’éviter les disputes de mots liées aux questions oiseuses 1 au sujet desquelles l’apôtre Paul mettait en garde le jeune Timothée vers l’an 65 de notre ère. C’est donc en simple chrétien “de base”, familier de l’Ecriture et désireux d’y conformer sa propre vie, que je citerai telle ou telle référence biblique. Mettre en parallèle les récits de la Création et ce qu’il m’a été donné d’observer en professionnel de la géologie houillère, tel est l’objet des pages qui suivent. Ambition fort limitée que celle-là, car bien des énigmes restent posées, bien des développements seraient possibles. Seuls, quelques uns sont effleurés. Je n’avance que ce que j’ai touché du doigt, vérifié de façon sûre. Mon désir est de susciter la réflexion, l’intérêt tant pour l’aspect scientifique des questions abordées que pour les composantes spirituelles qui les sous-tendent. Puissent les lecteurs et lectrices entrer dans ce système de pensée dont la finalité consiste à mettre en évidence l’harmonie, la cohésion profonde, bien réelles, vérifiables qui existent entre Bible et Science, Science et Bible. Pourrait-il en être autrement pour d’authentiques chrétiens ? Ils sont convaincus que Jésus, la Parole faite chair 2 est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la Création. Car en Lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la Terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en Lui. 3

1. 1 Timothée 6:4 2. Jean 1:14 3. Colossiens 1:15-17


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2. Les deux livres de Dieu

L’écrit est d’une inestimable valeur comme moyen de transmission. Les plus anciens témoignages explicites et fiables laissés par les hommes nous sont parvenus sous cette forme. Les caractères pictographiques sur pierre de Sumer (3500 av. JC) et cunéiformes sur tablettes d’argile de Mésopotamie (2000 av. JC) sont le seul moyen de lever le voile sur ces civilisations enfouies dans la nuit des temps. Qu’il s’agisse du fameux Code d’Hammourabi (1750 av. JC), de la Pierre de Rosette (découverte en 1799) qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, ou des Manuscrits de la Mer Morte retrouvés à Qumrân en 1947, les messages véhiculés sont parvenus intacts jusqu’à nous à travers les millénaires ou les siècles. La tradition orale, quant à elle, est sujette à des interprétations et des déformations successives. Elle subit inexorablement, au fil des jours, l’érosion de l’oubli et se perd comme l’écho fugace d’un son répercuté dans les montagnes. En ce qui concerne la Révélation divine, souvenons-nous que l’Eternel Luimême, par deux fois, traça de sa propre main les Dix Commandements sur des tables de pierre au sommet du Sinaï 1. Moïse les reçut, en communiqua le texte aux Hébreux et ceux-ci, par la main soigneuse des copistes juifs, furent les premiers instruments humains œuvrant à la diffusion planétaire du message d’En-Haut. Notons que la Bible (de biblia = livres saints) est une bibliothèque appelée aussi ECRITURE, dont l’apôtre Paul dit qu’elle est toute inspirée de Dieu, utile pour enseigner, convaincre, corriger, instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre 2. En effet, à travers les pages inégalées du Livre des livres sont révélés au lecteur attentif les éléments majeurs qui jalonnent le passé de l’humanité, comme ceux qui conditionnent son présent et son avenir : la Création, la désobéissance initiale et ses conséquences, le Déluge, le mystère d’Israël, le Plan rédempteur et son accomplissement, la parenthèse de l’Eglise, les temps de la fin, le Jugement dernier, les perspectives éternelles.

1. Exode 24; 34 2. 2 Timothée 3:16-17


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Mais si la Bible est, par excellence, le long message d’amour de Dieu à ses créatures les hommes, écrit sous forme de deux Testaments (l’Ancien et le Nouveau), il existe un second livre, du même auteur, qui nous est également destiné : c’est celui de LA CREATION matérielle. Il revêt aussi une importance capitale, car tout être humain, quelles que soient sa race,sa nationalité ou son instruction, l’ayant constamment sous les yeux, peut et doit le lire. L’apôtre Paul (encore lui) écrivait aux Romains, vers l’année 58 de notre ère : Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu , depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables ceux qui, ayant connu Dieu (en voyant ce qu’Il a fait), ne l’ont point glorifié comme Dieu et ne Lui ont point rendu grâce 3. La bonne lecture de ce livre-là est celle de David quand il s’écrie dans un psaume : Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as créées : qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme pour que tu prennes garde à lui ? 4 En effet, la voûte céleste constellée d’étoiles, les fleurs des champs aux multiples couleurs, la merveilleuse usine chimique que constitue le corps humain, les imposantes montagnes aux sommets enneigés et l’immense océan aux vagues majestueuses sont autant de preuves éloquentes, que nul ne devrait ignorer, de la perfection, de la grandeur, de la puissance et de la souveraineté de leur Auteur divin. Attribuer le ciel, la Terre ou la vie au hasard, penser que “ça s’est fait tout seul”, est pure folie et pire outrage. Nos sens ont été conçus pour nous permettre de percevoir la signature du Créateur au travers de Son œuvre, comme celle de l’architecte à la simple vue de l’immeuble sorti de son imagination. Et cela avec une seule finalité : nous conduire à reconnaître la main transcendante de laquelle nous sommes sortis, à nous incliner pour rendre hommage et gloire au Tout-Puissant. L’Eternel n’a-t-il pas, pour ce faire, mis en l’homme la pensée de l’éternité 5 qui va de pair avec l’infini dont la vision du ciel offre la plus convaincante image ? Par ailleurs, comme le Psaume 19 l’affirme si bien, il y a étroite parenté et harmonie entre les lois qui régulent la création physique et celles qui gèrent le monde spirituel. Les premières ne sont pas des paroles dont le son ne soit point entendu : leur retentissement parcourt toute la Terre, leurs accents vont jusqu’aux extrémités du monde 6. La course immémoriale du soleil en est un merveilleux exemple... Spirituellement, La loi de l’Eternel est parfaite, elle restaure l’âme; le témoignage de l’Eternel est véritable, il rend sage l’ignorant ; les ordonnances de

3. Romains 1:20-21 4. Psaume 8:4 5. Ecclésiaste 3:11 6. Psaume 19:4-5


Les deux livres de Dieu

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l’Eternel sont droites, elles réjouissent le cœur; les commandements de l’Eternel sont purs , ils éclairent les yeux 7.Cette unité fondamentale n’a rien de surprenant. Elle prouve, à l’évidence, que le même Architecte souverain préside au visible et à l’invisible avec un seul dessein. Si nous nous devons, à ce titre, de Lui rendre hommage, l’existence de ce “second Livre” est une incitation plus palpable encore. Sa “lecture” est destinée à nous faire réfléchir, à nous instruire, à nous éclairer de façon concrète et détaillée. Nous serions coupables de négliger cette fantastique source de révélation. On a trop souvent, à la légère, opposé Foi et Science, textes bibliques et observation de phénomènes naturels. Comment les deux “Livres de Dieu” pourraient-ils être en désaccord ? C’est, évidemment, impensable ! Remarquons ici quelques différences essentielles qui existent entre les deux “Livres de Dieu”. Celui de la création physique est périssable, celui de la Révélation écrite est éternel comme Jésus Lui-même l’a déclaré sans ambiguïté : Le ciel et la Terre passeront, mais mes paroles ne passeront point 8. D’autre part, la Bible fait l’objet de multiples traductions, en un nombre croissant de langues. Chacune rend, à sa manière, avec de subtiles nuances, le sens des textes originaux hébreux ou grecs. Une compréhension précise et vraiment fidèle exigerait de savoir déchiffrer ceux-ci. D’ailleurs, même pour bien des lecteurs non familiers de la Bible, la barrière des mots, dans leur propre langue, représente un obstacle difficile à surmonter. De son côté, le message visuel de la Création physique s’impose à tous, incitant à la réflexion savants et illettrés, aux niveaux respectifs de compréhension qu’ils possèdent. Ce “deuxième Livre de Dieu” apparaît donc, si l’on peut dire, plus “populaire” que la Révélation écrite. Inutile de chercher ou d’avoir à payer pour se le procurer. Il est partout, en permanence, gratuitement à la disposition des hommes. C’est bien ce qui les responsabilise à l’égard de son Auteur... En un domaine scientifique, pris parmi tant d’autres, la comparaison entre Ecriture et Création montre une saisissante concordance : celui de LA GÉOLOGIE et, plus particulièrement, en matière de SÉDIMENTOLOGIE. On sait que les roches sédimentaires, observables de façon idéale dans certains talus du réseau routier qui coupent net les reliefs de terrain rencontrés, se présentent souvent comme une succession de bancs parallèles (ou strates), de textures, de couleurs, de duretés différentes, dont l’aspect évoque un gigantesque mille-feuilles. Chaque strate constitue une page du grand livre de la Création à la lec-

7. Psaume 19:8-9 8. Matthieu 24:35


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ture duquel nous sommes incités. On y découvre parfois, en y regardant de près, comme sur les tablettes de pierre sumériennes mentionnées plus haut, des motifs gravés épars. Ceux-là n’ont pas été tracés par des hommes. Naturels, ce sont des empreintes (fossiles) d’origine végétale ou animale, vestiges très anciens de vie figés par la mort et enfouis dans les sédiments lors de leur dépôt. Les messages que nous livrent ces témoins indélébiles, pour peu que l’on y prête attention, se révèlent passionnants. Ils racontent le passé et, associés à d’autres observations, permettent de répondre à maintes questions longtemps restées posées, leur fournissant d’irréfutables démonstrations. Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous essaierons de saisir, sommairement, les mécanismes qui ont présidé à la formation des roches sédimentaires sur lesquelles nous avons tant de fois posé les pieds et distraitement porté le regard sans deviner qu’elles recelaient d’inestimables informations. Dieu parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde 9 reconnaissait Job, l’homme que la souffrance amena à rentrer en lui-même et à faire de profondes réflexions. Le sens d’un texte ne peut être saisi et assimilé sans interprète si l’on n’a, au préalable, appris correctement la langue dans laquelle il est rédigé. Cette initiation débute par l’assimilation de l’alphabet. En ce qui concerne la sédimentation, venons-en donc aux rudiments.

9. Job 33:14


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3.Un a b c de la sédimentation

Début des années 1940. La guerre imposait de sévères restrictions. Aussi, chacun s’ingéniait à parer, par les moyens du bord, aux nécessités journalières. En ce qui concernait la rénovation des murs et plafond, par exemple, une technique peu onéreuse faisait fureur : le badigeonnage à la chaux. Pour y procéder, on commençait par immerger des pierres de chaux vive dans un grand baquet d’eau. Aussitôt s’amorçait un bouillonnement naturel dégageant une forte chaleur. Le phénomène étant terminé, on remuait le mélange “laiteux” afin de le rendre homogène et l’on y ajoutait une pincée de bleu d’outremer pour obtenir un blanc plus “pur”. Nous disposions alors du produit de base. Je me souviens – j’avais alors une dizaine d’années – de la façon dont nous opérions ensuite avec mon père pour donner “un coup de jeune” à notre appartement. Nous commençions en badigeonnant tous les plafonds en blanc. Puis, nous mêlions de la poudre jaune à la chaux du baquet jusqu’à obtenir la tonalité désirée et nous en passions sur les murs. Cela fait, nous mélangions enfin au liquide épais restant ce qu’il fallait de poudres colorantes rouge et noire pour obtenir le marron soutenu qui conviendrait aux soubassements. A chaque changement de couleur et aussi en cours de badigeonnage, il fallait rincer le gros pinceau dont les poils retenaient progressivement des débris. Pour cela, nous disposions d’un très haut bocal en verre rempli d’eau. J’immergeais légèrement le pinceau et faisais vivement rouler son manche entre les paumes de mes mains. Le chantier terminé, nous laissions souvent tout sur place jusqu’au lendemain en attendant que “ça sèche”. Il m’a été maintes fois donné de remarquer qu’au bout de quelques heures de décantation les dépôts successifs de résidus s’étaient accumulés au fond du bocal de verre. On y distingait trois tranches horizontales de quelques millimètres d’épaisseur et de couleurs différentes : blanche en bas, jaune au milieu, marron en haut (Figure 1). Ainsi, sans le vouloir ni le savoir, nous réalisions une expérience de physique élémentaire : celle de LA SÉDIMENTATION. Les débris mis en suspension dans l’eau lors des rinçages répétés du pinceau s’étaient déposés au fond du bocal par gravité dans l’ordre des apports, la profondeur ayant empêché leur mélange. Une personne arrivant après la fin de notre travail aurait compris, visitant les lieux


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Le troisième jour fraîchement chaulés et découvrant le matériel resté sur place :

a/ Que les résidus colorés se trouvant au fond du bocal résultaient des rinçages successifs du pinceau au cours du badigeonnage. b/ Qu’un laps de temps suffisant s’était écoulé entre la fin du dépôt des débris blancs et le début du dépôt des débris jaunes, raison pour laquelle ils ne s’étaient pas mélangés. Idem en ce qui concernait la transition jaune–marron. c/ Par déduction, que nous avions badigeonné d’abord les plafonds, puis les murs, enfin les soubassements. Dans la nature, très schématiquement, tout se passe un peu comme dans notre bocal de verre, mais de façon beaucoup plus complexe. En effet, les mers et les lacs sont les réceptacles permanents de la sédimentation. C’est en leur sein que naissent et prennent corps les ROCHES SÉDIMENTAIRES. Nous allons examiner cela de plus près.

L’érosion du relief terrestre par les agents agressifs naturels : pluies, rivières, fleuves, gelées, glaciers, vents, charge les eaux de ruissellement, porteuses de substances dissoutes, de débris et blocs minéraux plus ou moins gros et anguleux. Au passage, des apports d’origine végétale et animale sont entraînés par le courant. Tous ces éléments transportés roulent, s’entrechoquent et se fragmentent, s’arrondissent et se mêlent progressivement. Ils aboutissent finalement dans une mer ou dans un lac et, par gravité, à l’image de ce que j’observais dans mon bocal, se déposent au fond. (Figure 2) Les parties abruptes de la zone côtière où débouchent les cours d’eau, ainsi que les deltas de fleuves sont propices au brassage des sédiments. Là s’arrêtent les plus gros éléments et les dépôts peuvent présenter de fortes pentes. Seuls, les matériaux les plus fins, donc plus légers, sont entraînés vers le large. Ils se mêlent aux restes morts de la faune et de la flore aquatique, aux “poussières” tombées du ciel (sables fins du désert transportés par le vent, résidus liés


Un a b c de la sédimentation

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aux fumées industrielles, cendres volcaniques, etc.) ainsi qu’aux déchets polluants rejetés par les activités humaines. Tout cela se met en place continuellement, plus ou moins vite au gré des périodes météorologiques à fortes ou faibles précipitations. Hormis le long des zones littorales, nous l’avons souligné, les dépôts se constituent au fond semi-horizontalement, dans l’ordre chronologique d’arrivée au sein du milieu aquatique. En effet, de même que l’érosion tend à raboter les reliefs en surface, la sédimentation comble et nivelle progressivement les dépressions sous-marines.

Ainsi, les sédiments se trouvent-ils sans discontinuer recouverts par de nouveaux apports. Le poids croissant de ceux-ci induit deux processus physiques transformateurs : le tassement et la dessiccation qui s’accentuent avec l’épaississement des matériaux. De plus, avec l’enfouissement, intervient l’échauffement dû à l’augmentation du degré géothermique (élévation régulière et naturelle au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans l’écorce terrestre, soit 3°C tous les 100 m). Parallèlement, des précipitations chimiques complexes peuvent se développer quand les conditions requises sont réunies. Par exemple, des sels de calcium dissous sont aptes à engendrer une boue fine qui cimente en son sein des coquilles entières ou fragmentées et des enveloppes microscopiques de plancton déposées au fond de la mer. Telle est l’origine des calcaires dits “coquilliers” dont des fragments sont souvent exposés dans les vitrines de collection scolaires.


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