APPRENDRE A SE COMPRENDRE (MB3369)

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Dr James Dobson

Apprendre à se comprendre Ce qu’une femme aimerait dire à son mari


Edition originale en anglais: What Wives Wish Their Husbands Knew about Women © 1975 by Tyndale House Publishers, Inc., Wheaton, Illinois 60187 Première édition Les Bons Semeurs, 1980, sous le titre: Dites-lui... ce que toute femme aimerait dire à son mari Traduction revue. Troisième édition Les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond revue, Nouvelle Edition de Genève, 1979

© et édition La Maison de la Bible, 2000, 2011 Ch. de Praz-Roussy 4bis CH-1032 Romanel-sur-Lausanne E-mail: info@bible.ch Internet: www.maisonbible.net

ISBN édition imprimée 978-2-8260-3370-7 ISBN format epub 978-2-8260-0154-6

Imprimé en UE sur les presses de Lightning Source et sur papier FSC


Table des matières

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1.

Maman, l'ingénieur des travaux domestiques . . . . . . 9

2.

Les sources de dépression chez la femme . . . . . . . 17

3.

La perte de l'estime de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

4.

La fatigue et les horaires trop chargés . . . . . . . . . . 49

5.

La solitude, l'isolement, l'ennui et l'absence d'amour romanesque dans le couple . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

6.

Les difficultés financières . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

7.

Les problèmes sexuels au sein du couple . . . . . . . 131

8.

Les problèmes menstruels et physiologiques . . . . . 167

9.

Les problèmes avec les enfants . . . . . . . . . . . . . . 185

10. Quand on a fait son temps . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 11. Le mot de la fin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209


11 Maman, l’ingénieur des travaux domestiques

Vous avez peut-être remarqué que ce livre est dédié à mon fils bien-aimé, Ryan. Au moment où j’écris, ce petit gars est âgé de trois ans. Je peux vous certifier que c'est un parfait exemple des bambins de cet âge, tels que les décrivent les manuels. Il paraît qu'entre dix-huit et quarante mois, l’exubérance et la surexcitation bouillonnent chez les enfants. Elles semblent jaillir d'une inépuisable source d'énergie – Ryan en est la preuve vivante. On aurait pu croire que le jour même où il a eu ses dix-huit mois, une petite voix lui a soufflé à l'oreille: "Vas-y, mon gars, vas-y!" Cet après-midi-là, Ryan s'est engagé dans une course effrénée, et depuis lors, il ne se déplace qu'à sa vitesse maximum. Ce n'est pas un méchant garnement; il est rare qu'il défie ouvertement notre autorité. En revanche, il est extrêmement curieux et c'est un vrai touche-à-tout. Tout ce qui est humainement possible, Ryan est capable de le faire: il sait renverser, casser, mettre en morceaux, répandre ou rendre inutilisable. Essayer de le faire tenir tranquille, c'est comme si vous vouliez clouer de la confiture au mur: impossible! Et bien sûr, il se soucie comme d'une guigne de sa sécurité personnelle. A vrai dire, il est indispensable qu'un adulte aux nerfs solides soit toute la journée aux trousses de Ryan, uniquement pour l’empêcher de se tuer. Cette pénible responsabilité m'incombe quelquefois.

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A p p re n d re à s e c o m p re n d re Un beau matin, j'étais seul à la maison avec mon fils, lorsque soudain je me rendis compte que cela faisait environ deux minutes que mon jeune explorateur n'avait pas donné signe de vie. Le baby-sitter de Ryan apprend très vite à ne pas se fier au proverbe qui dit que le silence est d'or! Aussitôt, je me suis lancé à sa recherche, fouillant chaque pièce de la maison, mais il restait introuvable. En désespoir de cause, je jetai un coup d'œil par la fenêtre de la cuisine, et je vis avec effarement que Ryan avait réussi à grimper sur la plate-forme d'un camion que des ouvriers venaient de garer dans notre allée. L'arrière du véhicule était plus haut que la tête de Ryan. Comment il a pu y grimper, cela reste un mystère! Lorsque je l'ai aperçu, il s’efforçait désespérément d'en descendre. Il était accroché par les bras à la ridelle arrière et il avait beau faire, ses pieds restaient suspendus à une trentaine de centimètres au-dessus du sol. Voyant qu'il était sur le point de tomber, je m'approchai discrètement sans qu'il m'entende et j'étendis les mains afin de l'attraper au moment où il lâcherait prise. Tandis que j'attendais sa chute, je l'entendis qui se parlait à lui-même. Il ne pleurait pas, il ne se plaignait pas et il ne cédait pas à la panique. Simplement, il explorait d'un pied l'espace au-dessous de lui en disant à mivoix: "Que quelqu'un aide ce gosse! Y a personne qui viendra l'aider?" Ces paroles résumaient toute sa philosophie. Car "aider ce gosse" était devenu une occupation à plein temps pour sa mère et pour moi. Quelque temps après cet épisode du camion, le petit Ryan me révéla un nouvel aspect de sa personnalité exubérante. Ma femme, Shirley, se cassa une jambe en faisant du ski, ce qui me donna l'occasion d'assumer son rôle durant quelques semaines. Ce fut une période riche en enseignements. On dit que l'herbe est toujours plus verte dans le jardin du voisin, je me suis aperçu que ce n'était pas vrai du jardin de Shirley, rempli de tâches domestiques. L'herbe n'y est

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Maman, l’ingénieur des travaux domestiques pas plus verte; elle n'y est même pas comestible. Le jour où je débutai dans mon nouvel emploi, Ryan commença à m'apprendre la règle du jeu "maman-enfant". Il me réveilla en braillant à six heures du matin. Arraché à mon profond et paisible sommeil, je sortis du lit et titubai dans une semiléthargie vers la chambre de mon cher fils. Pendant ce temps, il hurlait à pleins poumons – ce qui a sur les nerfs un effet comparable à celui d'ongles griffant un tableau noir. Au moment où j'atteignis sa porte, les braillements cessèrent aussitôt, et une petite voix enjouée me demanda: "Le petit déjeuner est prêt?" Je répondis: "Je fais ce que je peux, Ryan." Bien qu'encore endormi à plus de quatre-vingts pour cent, je me rendis à la cuisine afin de préparer pour le gamin quelque chose de mangeable. J'ouvris le placard, y jetai un regard vide et absent, espérant que quelque chose de simple et rapide allait surgir du néant. Dans l’intervalle, Ryan s'était levé et m'avait suivi dans la cuisine. A plusieurs reprises, il tenta d'entrer en conversation avec moi. C'était la dernière chose au monde dont son somnolent papa avait envie, ou dont il était capable à ce moment-là. Il disait: "On a du lard?" et "Pourquoi ne m’as-tu pas préparé du lait?" et "C'est bientôt prêt?" Mais je faisais comme si je n'entendais pas ses questions. Il a bien dû m'en poser une douzaine qui restèrent toutes sans réponse. Finalement je repris l'écoute juste à temps pour l'entendre soupirer: "T'es vraiment assommant!" Qu'est-ce qu'une mère ferait à ma place, les amis? Je n'en sais rien! Je me rendis à ma bibliothèque pour relire mon livre «Osez discipliner»1, mais il ne contenait aucune rubrique sur la réaction à adopter face aux agissements mati1. Editions Telos

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A p p re n d re à s e c o m p re n d re naux d'un bambin qui a de l'énergie à revendre. De guerre lasse, je téléphonai à ma femme pour lui dire que si seulement elle reprenait son travail, "je me lèverais et je lui donnerais des louanges... aux portes"2. En fait, je brûlais d'impatience de retourner "siéger avec les anciens du pays"3. Par ces brèves incursions dans les responsabilités d'une mère et par ce que j'ai pu apprendre comme conseiller auprès de nombreuses femmes, j'en suis arrivé à avoir une haute estime pour les nombreuses capacités que réclament les tâches de mère et d'épouse. C'est un travail d'une importance primordiale pour la santé et la vitalité de notre société. Je déplore le manque de respect et de prestige que le monde actuel accorde aux "femmes au foyer". Ce terme même de "femme au foyer" en est venu à symboliser l'impossibilité d'un épanouissement personnel, l'infériorité et l'insignifiance. Comme c'est regrettable! La plus grave erreur qu'une nation puisse commettre, c'est de dévaluer l'importance de la famille et, du même coup, celle de l'éducation que les enfants devraient y recevoir. Il est vrai que les "tâches ménagères" imposent aux femmes des frustrations et des tensions très particulières. Il faut savoir les reconnaître. Même pour une mère qui se consacre corps et âme à sa famille et à son bien-être, il y a des moments où elle a envie de tout laisser tomber. Les petits enfants tels que Ryan sont épuisants et irritent parfois ceux qui sont obligés de s'occuper d'eux 365 jours par an. Ces petits anges sont parfois bruyants, ils se chamaillent, ils font un gâchis monstre, ils mouillent leur pantalon, ils font des éraflures sur les murs et, à longueur de journée, ils mettent en pelote les pauvres nerfs de Maman. Vraiment, il faut être une super-femme pour élever une ribambelle d'enfants 2. Proverbes 31:28–31 3. Proverbes 31:23

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Maman, l’ingénieur des travaux domestiques sans jamais se poser la question: "Que suis-je donc allée faire dans cette galère?" Les femmes connaissent encore d'autres problèmes et tensions dont les hommes sont généralement exempts. La femme au foyer a l'impression d’être mise à l'écart et aspire à la compagnie d'autres adultes. Elle éprouve profondément le désir de contacts humains et pense avec nostalgie aux rires, à l'amour et aux moments romantiques du temps de sa jeunesse. Et si peut-être elle s'attache chaque jour aux feuilletons à l'eau de rose de la télévision, c'est parce qu'elle a besoin de participer à la vie des gens, tant sa propre existence est isolée du monde. C'est là un problème qu'il ne faut pas négliger. Ceci nous amène à la principale source de frustration que j'ai rencontrée comme conseiller conjugal: les femmes dont les besoins décrits ci-dessus n'ont pas été satisfaits sont souvent totalement incapables d'expliquer leur état d'âme à leur mari. L'épouse qui sait qu'un élément vital a disparu de sa vie cherche tout naturellement auprès de son mari la solution qui l'aidera à retrouver ce qui lui manque. Elle tente désespérément de lui expliquer ses craintes et ses frustrations, mais c'est comme si elle parlait à un mur! Elle fait de son mieux, c'est certain. Mais au lieu de se trouver en communion d'âme avec son époux, au lieu d'être assurée de son soutien, elle doit faire face au phénomène suivant: son mari, le plus souvent, n'y voit que récriminations, mécontentement et apitoiement sur soi-même, voire une franche hostilité à son égard. Chaque être humain dispose en effet, quelque part au centre de son crâne, d'un petit bouton de réglage lui permettant d'éliminer ce genre de bruits parasites. Un jour une épouse m'adressa la lettre suivante, qui traduit fidèlement les sentiments de millions d'autres femmes: "C'est l'absence de communication qui est à l'origine de la plupart de mes dépressions. Lorsque je tente de résoudre nos pro-

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A p p re n d re à s e c o m p re n d re blèmes ou de les mettre sur le tapis, mon mari m'oppose un mur impassible de silence. Chaque fois que je souhaite discuter, quel que soit le sujet, sa réaction est on ne peut plus négative. Il a l'impression que nous n'avons pas de problèmes!" Je n'ai certes pas écrit ce livre pour dénigrer les hommes. Les ouvrages parus ces dernières années dans ce domaine suffisent amplement. Il est bien vu de décrire le père comme un idiot, un être buté, un exploiteur, un misogyne, un fanatique de football, un détraqué sexuel et un égoïste invétéré. Si l'on en croit certaines représentantes de la gent féminine, les hommes valent moins que les bêtes ou la boue du chemin. Etant moi-même dans cette catégorie, je ne reste pas indifférent devant ces accusations. J'admets bien volontiers que beaucoup trop d'hommes ne comprennent rien aux besoins émotionnels de leur épouse. Ils vivent dans un monde entièrement différent du leur, et leurs frustrations à eux sont tout aussi réelles. Ou bien ils sont incapables de se mettre à la place d'une femme, de voir et de ressentir les choses comme elle, ou bien ils sont tellement préoccupés par leur propre travail qu'ils n'écoutent pas, tout simplement. Quelle qu'en soit la raison exacte, les femmes ont des besoins qui échappent aux hommes. C'est une rupture de la communication qui est à l'origine de ce livre. C'est pourquoi la suite de cet ouvrage est consacrée aux femmes avec un accent tout particulier sur le foyer et la vie de famille. Croyez-moi: il y a des remèdes aux problèmes et aux frustrations que les femmes rencontrent, et ceux que je vais vous décrire se sont révélés efficaces dans bien des cas. Je parle également de la nature des émotions féminines et de la façon dont elles influent sur leurs activités quotidiennes. En bref, ce livre a pour objet de réaliser les objectifs suivants:

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Maman, l’ingénieur des travaux domestiques 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

Aider les femmes à expliquer à leurs maris leurs besoins particuliers. Faire tomber les entraves provenant de l'isolement affectif. Donner aux mères de famille les clés d'un véritable épanouissement personnel. Décrire les principales sources de dépression des femmes et proposer des solutions. Fournir des réponses adaptées aux facteurs d'irritation quotidienne. Montrer comment parvenir à s'estimer et à s'accepter soi-même. Décrire la véritable signification de l'amour romanesque.

Les objectifs que je me fixe sont ambitieux. Pourtant, il est plus facile de viser juste quand on a bien situé la cible. Commençons donc par un exposé sur les sources de la dépression chez la femme.

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