Libérés de nos peurs
Neil T. Anderson & Rich Miller
LibĂŠrĂŠs de nos peurs
Titre original en anglais: Freedom from Fear © 1999 by Neil T. Anderson and Rich Miller Published by Harvest House Publishers Eugene, Oregon 97402 Les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond revue, Nouvelle Edition de Genève, 1979 © et édition La Maison de la Bible, 2000, 2011 Ch. de Praz-Roussy 4bis CH-1032 Romanel-sur-Lausanne E-mail: info@bible.ch Internet: www.maisonbible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-3373-8 ISBN format epub 978-2-8260-0149-2 ISBN format pdf 978-2-8260-9876-8
Table des matières
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1.
Une forteresse de frayeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.
Angoisse dans les pensées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.
Rejeter toute angoisse sur Christ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.
La peur d’autrui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
5.
La peur de la mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
6.
La peur de l’échec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
7.
Les crises de panique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
8.
Comment briser les forteresses de la peur . . . . . . . . . . . . . . . 161
9.
Construire une forteresse de foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
10.
La crainte qui dissipe toutes les autres peurs . . . . . . . . . . . . . 207
11.
Retrouver la crainte de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Epilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Les étapes vers la liberté en Christ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
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1 Une forteresse de frayeurs
Enfermé, confiné, plongé, dans les doutes et les craintes les plus absurdes. Shakespeare, Macbeth III.IV La peur est une voleuse. Elle ronge notre foi, pille nos espoirs, nous prive de notre liberté et de la joie d'éprouver l'abondance de la vie en Christ. Il en est des phobies comme des anneaux d'un serpent: plus on s'y abandonne, plus elles resserrent leur étreinte. Lassés de lutter, nous ne résistons plus à la tentation de succomber à nos peurs. Dès lors, ce qui nous semblait une solution de facilité devient en fait une prison d'incrédulité, une forteresse de frayeurs qui nous retient captifs. Le directeur de l'Institut national de la santé mentale, Steven E. Hyman, docteur en médecine, déclare: "L'angoisse maladive est devenue l'affection la plus répandue aux Etats-Unis, et pourtant ceux qui en souffrent gardent le silence et en font un secret, affligés qu'ils sont d'une honte injustifiée ou inconscients des excellents traitements dont ils pourraient bénéficier."1 Selon les chiffres de l'association américaine contre l'angoisse maladive, presque 20 millions d'Américains (1 sur 13 environ) souffrent de phobie à un moment ou à un autre de leur vie. Entre trois et six millions font des crises de panique, et encore autant souffrent de névrose obsessionnelle compulsive (NOC). 1. National Institute of Mental Health, Anxiety Disorders Most Common U.S. Mental Illness (octobre 1996), p. 1.
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L i b é r é s d e n o s p e u rs Chaque année, plus de 10 millions déclarent une anxiété permanente.2 Hyman termine en disant: "La population manque cruellement d'informations, comme en témoigne le succès considérable des campagnes de dépistage, et les milliers de demandes d'information que reçoivent l'INSM et d'autres institutions."3 Ces chiffres ne prennent évidemment pas en compte les craintes plus subtiles qui retiennent les chrétiens de faire le pas de la foi et d'éprouver la liberté de la vie en Christ. Une majorité de chrétiens se débattent avec des angoisses qui ne seraient pas considérées comme maladives mais qui n'entravent pas moins leur croissance personnelle.
Causes et remèdes Quelles sont les racines de l'angoisse maladive, quels remèdes existe-til, comment en venir à bout? Un article de l'association nationale contre l'angoisse résume sa position actuelle au sujet des crises de panique: Il y a 20 ans, la plupart des experts eux-mêmes n'avaient qu'une compréhension confuse de la crise de panique. On l'appelait la névrose d'angoisse, et elle était censée provenir de conflits psychologiques "profondément enracinés" et d'impulsions subconscientes incontrôlées de nature sexuelle. A l'heure actuelle, on considère que les crises de panique relèvent plutôt d'un désordre physique ancré dans le métabolisme. Ce n'est pas un problème émotionnel, mais, suite à une crise, des personnes émotionnellement saines sont susceptibles de déclarer une dépression ou d'autres affections... Peu d'experts s'obstinent désormais à nier la nature physique de cette maladie. C'est devenu une maladie physiologique, au même titre que le diabète ou la pneumonie.4 Si une crise de panique était seulement un trouble physiologique, alors il suffirait d'administrer un médicament accompagné d'un régime équilibré et d'une dépense physique normale. Nous ne nions pas que ce soit parfois le cas. Un médicament pourra se révéler utile, voire essentiel au traitement, dans certaines circonstances de crise de panique et pour cal2. Anxiety Disorders Association of America, Anxiety Disorders – In Brief. 3. Anxiety Disorders Most Common US Mental Illness, p. 1. 4. National Anxiety Foundation, Panic Disorder, p. 4.
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U n e f o r t e re s s e d e f ra y e u rs mer la peur et l’angoisse. Il est certes bien délicat de faire passer les vérités bibliques au moment d'une crise aiguë de panique ou d'angoisse. Il est souvent nécessaire d'attendre l'effet d'un médicament sur les symptômes physiques. Le soulagement de la souffrance humaine par tout moyen médical éprouvé représente un acte de miséricorde authentique. Par contre, réduire l'explication des causes et le traitement de l'angoisse maladive au seul niveau physique n'apporte pas une réponse satisfaisante. Les professionnels de la médecine ne se cachent pas pour dire que les affections de nombre de leurs patients sont psychosomatiques. Néanmoins, TCC et produits pharmaceutiques ne peuvent proposer une approche holistique. Ces traitements refusent l'existence du Dieu de l'univers, du dieu de ce monde, et la nature spirituelle de l'être humain. La recherche d'une approche holistique met en doute la vision du monde exclusivement rationnelle de notre médecine occidentale.
Quatre réserves fondamentales La première réserve que nous devons émettre, c'est que trop de prescriptions écartent le "grand médecin", le "merveilleux conseiller" et ignorent la nature spirituelle du monde. On ne peut apporter un secours efficace sans prendre en compte toute la réalité en rapport avec la personne humaine tout entière – corps, âme et esprit. Nous rendons grâce à Dieu pour les professions médicales qui ont reçu la merveilleuse vocation de traiter le corps physique, mais nous le remercions également d'avoir pourvu à la santé de notre âme et de notre esprit. Il est indispensable qu'église et hôpital travaillent en conjonction et reconnaissent la valeur de leurs contributions respectives. Notre deuxième réserve est celle-ci: en qui plaçons-nous d'abord notre foi et notre espérance? Les seuls objets légitimes de notre foi sont Dieu et sa Parole. C'est Dieu qui nous console lorsque nous plaçons en lui notre espérance (2 Co 1:4, 10). Nous ne nions pas qu’il puisse œuvrer au moyen d'un pasteur, d'un psychiatre, d'un psychologue ou d'un docteur qualifié. Bien au contraire. Si vous avez recours à ces professionnels, nous vous conseillons de prier pour recevoir la direction de Dieu et sa protection. Cependant, vous constaterez qu'il est en fin de compte insuffisant de placer sa confiance et sa foi dans une personne ou un médicament. L'approche médicale ne traite pas la personne dans sa globalité et ne prend en compte qu'une partie de la réalité humaine. Aucun être humain ne mérite qu'on place sa foi en lui.
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L i b é r é s d e n o s p e u rs Troisièmement, quelles sont nos priorités? Notre culture moderne nous encourage à trouver toutes les explications naturelles concevables, puis, quand le mystère reste entier et qu'il n'y a rien d'autre à faire, à passer enfin à la prière. Jésus a évoqué l'angoisse dans le sermon sur la montagne, et voici sa conclusion: "Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus" (Mt 6:33). Jacques (5:13) ajoute: "Quelqu'un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu'il prie." Prier devrait être le premier réflexe du chrétien, et c'est tout spécialement vrai des problèmes mentaux ou émotionnels. Quatrième réserve: soyons équilibrés. Considérer que toute prise de médicament ou aide médicale constitue un manque de foi est une position extrême. Tout comme notre corps physique a besoin de nourriture pour survivre, il aura aussi recours parfois aux médicaments, car notre monde est saturé de microbes et virus. Notre corps se détériore chaque jour, et nous souffrons souvent des attaques qu'il subit au sein d'un monde déchu. L'autre extrême consiste à n'avoir foi qu'aux médicaments. Nos églises souffrent de ces deux erreurs. Certains auront recours à la médecine mais n'iront pas chercher le conseil d'un ancien, alors que d'autres le feront à l'exclusion de toute médication. Beaucoup de ceux qui souffrent d'angoisse ne cherchent malheureusement aucune aide, et s'exposent donc à de bien inutiles afflictions.
La cause ultime Notre monde repose de plus en plus sur la technologie, et nous mettons en garde les chrétiens contre une subtile érosion de notre foi en Dieu et en la vérité de sa parole. En un sens, tous nos problèmes remontent finalement à la chute d'Adam et Eve: créés par Dieu pour jouir de la vie physique et spirituelle et d'une relation intime avec lui, ils furent tous deux frappés de mort spirituelle, séparés de Dieu lorsque Eve fut trompée et qu'Adam pécha. La mort physique s'ensuivit aussi, mais pas immédiatement. Et la création parfaite de Dieu fut plongée dans le chaos. A cause de la chute, toute la création souffre les douleurs de l'enfantement et "nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps" (Ro 8:23). La peur fut la première émotion à apparaître dans l'Ecriture après la chute. Adam répondit: "J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu" (Ge 3:10). Quand Jésus appa-
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U n e f o r t e re s s e d e f ra y e u rs rut aux disciples après la résurrection, il les trouva gémissant de peur à cause des Juifs. Il se contenta de leur dire: "La paix soit avec vous!" (Jn 20:19). Dieu venait ainsi de pourvoir à la rédemption de chacun de nous. Les problèmes d'angoisse sont souvent le signe d'une coupure d'avec Dieu et d'un manque de participation à une communauté chrétienne capable d'assurer un suivi à la conversion. Il est cependant un peu court de se contenter d'enjoindre aux gens de naître de nouveau et de trouver quelques amis chrétiens, mais c'est un premier pas primordial. Nous avons tous à suivre une croissance, qui passe par le renouvellement de notre esprit. La confiance que nous placions en nous-mêmes doit être remplacée par notre confiance en Dieu. Paul lui-même, propre juste si sûr de lui, dut tomber de son piédestal (et de son cheval!) pour devenir un apôtre. C'est alors seulement qu'il put dire: "Ne mettons point notre confiance en la chair" (Ph 3:3). Nous rendons grâce à Dieu pour la science médicale et la psychologie profanes, et leur contribution à la compréhension de la peur et de l'angoisse; mais nous tenons à souligner que liberté et santé ne sont qu'en Jésus-Christ. Pour se libérer des liens de la peur et de l'angoisse, il est indispensable d'avoir une connaissance correcte de notre Père céleste et de comprendre profondément ce qu'implique "être un enfant de Dieu". Le prophète Esaïe explique (41:5-10) la différence entre la façon profane de surmonter la peur et l'espérance véritable que nous avons en Dieu: Les îles le voient, et sont dans la crainte, les extrémités de la terre tremblent: ils s'approchent, ils viennent. Ils s'aident l'un l'autre, et chacun dit à son frère: Courage! Le sculpteur encourage le fondeur; celui qui polit au marteau encourage celui qui frappe sur l'enclume; il dit de la soudure: Elle est bonne! Et il fixe l'idole avec des clous, pour qu'elle ne branle pas. Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob que j'ai choisi, race d'Abraham que j'ai aimé! Toi, que j'ai pris aux extrémités de la terre, et que j'ai appelé d'une contrée lointaine, à qui j'ai dit: Tu es mon serviteur, je te choisis, et ne te rejette point! Ne crains rien, car je suis avec toi; ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante.
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L i b é r é s d e n o s p e u rs Avec tendresse, le Seigneur rappelle à son peuple qui il est, et combien son amour pour lui est profond et intime. Puis il lui fournit l'antidote contre ses peurs: la connaissance vécue de la puissance de sa présence, de son aide et de sa protection. Mais comment expliquer qu'en lisant les versets d'Esaïe et d'autres passages similaires, les uns y voient un encouragement à marcher par la foi en Dieu et soient libérés de leurs peurs et de leur angoisse, alors que d'autres n'en tirent qu'un piètre réconfort? A supposer que ces deux catégories de personnes aient le même désir d'une relation juste avec Dieu et autrui, qu'elles vivent toutes selon les Ecritures, il y a à cela deux explications. Premièrement, un manque d'intelligence spirituelle et de maturité; deuxièmement, les seconds ont sans doute des conflits personnels et spirituels mal réglés, qui les empêchent d'avoir une relation intime avec Dieu.
Un manque de compréhension Vous vous demandez peut-être pourquoi, ayant fait l'expérience du salut, vous ressentez toujours les mêmes peurs et angoisses qu'auparavant. Il est nécessaire de comprendre ce qui a changé le jour de la conversion, et ce qui n'a pas bougé. A cause de la chute, nous avons certes reçu la vie physique en naissant, mais nous étions spirituellement morts (Ep 2:1). Nous n'avions pas la présence de Dieu en nous, ni la connaissance de ses façons d'agir. Nous avons donc appris à vivre indépendamment de Dieu. Cette indépendance acquise constitue ce que la Bible appelle "la chair". Le jour où nous sommes nés de nouveau, nous sommes devenus de nouvelles créatures en Christ. Les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles (2 Co 5:17). Nous avons reçu la pensée de Christ (1 Co 2:16), et la présence en nous du Saint-Esprit, qui nous conduit dans toute la vérité. Mais, si nous avons toujours les mêmes combats, c'est que le salut ne renouvelle pas instantanément notre esprit. Toutes ces anciennes pensées et habitudes de la chair programmées dans notre "ordinateur" demeurent. Il n'y a pas de touche "Suppr" (supprimer) sur le clavier de notre cerveau et de sa mémoire. C'est pourquoi il est dit en Romains 12:2: "Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait." Si notre esprit n'était pas renouvelé, nous pour-
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U n e f o r t e re s s e d e f ra y e u rs rions dire avec Osée 4:6: "Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance." La parole de Dieu entre par les "portes" des yeux et des oreilles de tout croyant en Christ et, pour atteindre le cœur, elle passe nécessairement par ce filtre qui existe en chacun de nous. La vérité de la Parole de Dieu est filtrée par la grille de nos expériences d'avant la conversion et des émotions qui leur sont associées. Cette grille constitue le système spécifique avec lequel chacun perçoit le monde – perceptions de soi, d'autrui et de Dieu incluses. Supposons que vous ayez grandi avec des parents qui vous auraient répété: "Tu ne vaudras jamais rien", et que vous l'ayez cru. Pendant toute votre jeunesse vous avez reçu le même message: "Tu es un perdant!" En devenant chrétien vous avez l'occasion de faire mentir vos parents par votre réussite. D'autant plus que vous venez de lire en Philippiens 4:13: "Je puis tout par celui [Christ] qui me fortifie." Néanmoins, cette petite voix programmée pendant des années dans votre esprit vous souffle: "Tu ne vaudras jamais rien." La merveilleuse vérité que vous venez de lire a bien du mal à ne pas être bâillonnée par votre identité négative et votre peur de l'échec. Les pensées de certaines personnes sont si encombrées des séquelles du passé – traumatismes, abus, négligence, déceptions, trahisons, mensonges – qu'elles restent enchaînées à leurs peurs, leur anxiété et leur incrédulité. Elles paraissent incapables de saisir la vérité de la Parole de Dieu. Dans certains cas graves, il est aussi efficace de prodiguer les conseils simplistes – "Il te suffit de faire confiance en Dieu" ou "Dieu l'a dit, tu n'as qu'à faire confiance et obéir" – que de crier à son évier bouché: "Pourquoi ne te débouches-tu pas?!" Tant que vous n'y aurez pas versé une bonne dose de soude caustique, le tuyau restera bouché. Ces personnes sont "bouchées" à cause de leur incrédulité ou de leur absence de repentance. Elles ont reçu la capacité de se connecter à la vérité, mais elles s'en croient incapables, car des années de conditionnement leur ont enseigné que cela leur était impossible. Leurs peurs sont à leurs yeux plus réelles que la présence de Dieu et toutes ses promesses. Faire le pas de la foi exige beaucoup de courage et le soutien d'une communauté chrétienne.
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