Hervée et Roland Pasquier
A la recherche de Dieu retrace l’iƟnéraire spirituel parƟculier d’un couple en quête de vérité. Lui athée, elle catholique, ils sont amenés à fréquenter les milieux catholiques et évangéliques, avant que leur désir de consacrer leur vie à Dieu ne les conduise à un engagement monasƟque. Ils livrent ici le témoignage authenƟque de ce qu’ils ont vécu et vu. Un témoignage extraordinaire de la grâce et de l’amour de Dieu envers ceux qui le cherchent de tout leur cœur (Jé 29:13)!
A la recherche de Dieu
J’essaie de me frayer un passage à travers toutes ces situaƟons qui me font penser, parfois, que je me trouve dans un asile d’aliénés. Je me remémore les moƟvaƟons qui m’animaient lorsque nous avons choisi le monastère, mais je ne puis ignorer une navrante réalité. Que suis-je venue faire ici? ... Nous chantons des alléluias, nous proclamons des hosannas, mais est-ce là une prière agréable au Seigneur? Pourquoi ai-je donc refusé la vérité? Pourquoi ai-je fermé les yeux sur ces réalités quoƟdiennes? Aveuglée, endoctrinée, désireuse de vivre la fidélité à la règle, j’ai nié la vérité. Extraits du livre
Un couple de moines témoigne
Hervée et Roland Pasquier
ISBN 978-2-8260-3389-9
Hervée et Roland Pasquier
Hervée et Roland Pasquier
A la recherche de Dieu Un couple de moines témoigne
A l’exception des citations de la règle, les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond revue, Nouvelle Edition de Genève, 1979 © et édition La Maison de la Bible, 2000 2e édition 2014 Ch. de Praz-Roussy 4bis CH-1032 Romanel-sur-Lausanne info@bible.ch www.maisonbible.net
ISBN édition imprimée 978-2-8260-3389-9 ISBN format epub 978-2-8260-0079-2 ISBN format pdf 978-2-8260-9810-2
Imprimé en UE sur les presses de Lightning Source
Nos remerciements à toutes les personnes qui nous ont aidés pour ce livre et qui nous ont accompagnés avec courage après notre sortie du monastère. Nous ne citerons que quelques prénoms, mais nous n'oublions personne: Daisy, Michel, Muriel, André, Myriam D., Claudine, Georges-André, Myriam F., Pantchika, Pierre-Alain et tous les autres.
Table des matières
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1. Sortie du monastère – Premières impressions . . 9 2. Roland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 3. Hervée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 4. La rencontre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 5. L’engagement paroissial . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 6. L’engagement monastique . . . . . . . . . . . . . . . 45 7. Le postulat de Roland . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 8. Le postulat d’Hervée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 9. Noviciat et profession de Roland . . . . . . . . . . 73 10. Noviciat et profession d’Hervée . . . . . . . . . . 89 11. Sortie du monastère . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 12. L’installation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 13. La famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 14. Vallée de Joux, terre d’accueil . . . . . . . . . . . 145 Conclusion. Quelques réflexions . . . . . . . . . . . . 152 Dates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 La vie monastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 Le catholicisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Introduction
Nous ouvrons ce petit ouvrage par un poème adressé à tous les hommes ayant répondu "oui" à Dieu qui les a longuement et patiemment cherchés. Tous ces hommes, quelle que soit leur condition, se sont laissé trouver par lui.
Le peuple élu Vers l'aube d'un nouveau matin Qui coule comme un vin doré Ils aperçoivent le pays béni. Ils marchent tous, droits, Traçant avec leurs pas Les signes sur le chemin. Ils s'en vont, bien loin De toutes leurs blessures. Ils ont les mains vides, Ils ont le cœur fou d'espoir.
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Vers le soleil du soir Qui coule comme un vin rubis Et se noie dans la mer Ils avancent du pas du silence, Le silence annonciateur de l'Amour. Ils reçoivent le pardon le plus doux, Ils accueillent la Terre promise. Fatigués, mais la démarche royale Et le regard pur, renouvelé, Ils se laissent pénétrer Par la promesse d'Amour éternel. Les Bioux, le 16 juillet 1995 Hervée Pasquier
En reconnaissance au Seigneur. En remerciement à tous les frères et sœurs qui nous ont accueillis et aidés après notre sortie du monastère cistercien et du catholicisme.
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Sortie du monastère – Premières impressions Hervée Lundi 13 février 1995. Aujourd'hui, je quitte définitivement le monastère. Je romps définitivement avec l'institution. Grâce à Dieu, je sors de ce lieu de ténèbres. C'est un jour d'une grande importance. Dans quelques heures, des amis viennent me chercher. Je suis calme et convaincue de ma décision. J'attends le moment où le tintement de la cloche annoncera l'arrivée des amis. J'attends le moment de franchir cette étape et d'entendre le bruit froid et métallique de ces grandes portes se refermer derrière moi. Afin de ne pas provoquer la curiosité des membres de la communauté, je reste vêtue de l'uniforme jusqu'au dernier moment. Les amis arrivent. Je dépose l'uniforme religieux et me revêts de vêtements civils qui ont été choisis par ma supérieure, celle qui l'était. 9
J'avoue que ce moment est exigeant. Je suis fagotée dans des vêtements civils et la tête recouverte d'un fichu. Je n'ose pas, pour l'instant, découvrir la tête. Je prie intérieurement afin d'assumer le moment présent le plus naturellement possible. Je refuse de me laisser envahir par des questions et des faits mineurs. Je veux vivre pleinement la sortie et savourer ce don de Dieu. Enfin, les deux portes s'ouvrent et nous franchissons l'espace qui nous sépare de la sortie. J’entends à peine le bruit des portes qui se referment, ainsi que celui de la clé dans la serrure, je respire profondément. Je réalise le grand espace qui m'entoure et qui m'appelle à revivre. J'ai une impression de nudité et je suis démunie de tout, mais je suis libre. Je prends conscience que Dieu me libère des ténèbres. Il m'anime d'une force insoupçonnée pour accomplir les faits de ce jour. Je me laisse enfin aller. Je parle et réponds aux questions. Je suis envahie par une multitude de pensées. Je dois fournir un effort pour y mettre de l'ordre. Je suis attendue en HauteProvence. Je ne sais rien de plus. Je réalise mon état. Je suis extrêmement fragilisée et ma personnalité est brisée. Je ne sais pas de quoi seront faits les lendemains. Je regarde cette toile de fragilité, de paupérisme. Je n'ai pas peur. Tout va se reconstruire. Le soutien dont j’ai été l'objet au cours des dix derniers mois est là, bien vivant en moi. Je m'abandonne à cette force et veux lui être docile. Je pense à Roland. Par la grâce de Dieu, il vit la même démarche au même moment. Dans trois 10
semaines, ce seront les retrouvailles en HauteProvence. II est essentiel d'attendre ce moment, de nous retrouver avant d'élaborer quoi que ce soit. Ensemble, nous nous engagerons sur le chemin de reconstruction de nos personnalités et de nos vies. Contemplant ces premiers jours de délivrance, je comprends aisément la difficulté, voire l’impossibilité de quitter un monastère. Je suis d’autant plus reconnaissante envers Dieu qui est le maître d’œuvre de cette sortie. Malgré les difficultés humaines de cette nouvelle vie, je respire la liberté et la paix en Dieu. Je réalise que je n'ai aucune amertume en moi et que ma foi est vivante.
Roland Nous sommes aux premiers jours de mars 1995. Voici arrivé le jour de ma sortie du monastère. Une personne vient me chercher. Peu après son arrivée, nous passons cette grande porte qui se referme sur nous. J'ai enfin en moi un sentiment de vie, de liberté et de paix. Peu après la sortie, mon accompagnatrice me propose un croissant dans un établissement public. La saveur de ce café, le croustillant du croissant, je ne peux l’oublier. Cependant, le contact avec la vie civile m'effraie quelque peu. Je suis démuni et maladroit. Je suis couvert de vêtements qui ne sont pas à mes 11
mesures, et j’ai l’impression de venir d'une autre planète. Bientôt, je me retrouve dans un vestiaire (lieu de vêtements récupérés). Cinq personnes s’occupent de moi. J’en ressors non seulement vêtu dignement et confortablement, mais aussi équipé. A mon grand soulagement, nous arrivons à Genève où je suis censé demeurer une semaine avant de rejoindre Hervée en Haute-Provence. Ce studio représente un abri qui me permet de ne pas affronter immédiatement la vie civile trépidante et bruyante. Je réalise que je n'ai plus eu de contacts avec le monde. Je ne veux pas m’attarder sur ces pensées maintenant. D'abord retrouver Hervée. La suite se fera en temps opportun. Au terme de cette semaine, nous prenons la route pour la Haute-Provence. Je me demande comment nous allons nous rencontrer. Dans quel état est Hervée? Tout au long du voyage, je profite de contempler le paysage qui défile sous nos yeux. Mon être se remplit de toutes les beautés de la nature. J'ai l’impression de ne plus avoir contemplé de telles beautés. J’avoue que je suis paisible et reconnaissant d’être libéré des ténèbres de l’institution. Je suis très fragile, sans moyen d’existence, mais je suis confiant. Je ne ressens aucune amertume en moi. Seule la certitude de Dieu m’anime. Le fait que, sans notre concours, nous sommes à nouveau réunis, Hervée et moi, me permet de regarder l'avenir avec sérénité. Seul Dieu a pu veiller sur notre amour et le protéger.
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Roland
Roland est né dans une famille catholique "occasionnelle". On se souvient que l'on est né nanti d'un héritage religieux qui exige certains devoirs et pratiques. On y pense lors des grandes fêtes annuelles et d'événements tels que baptêmes, mariages ou décès. Ces journées laissent un souvenir de festivité un brin effervescente ou de profonde tristesse. Roland est élevé dans ce climat religieux. Il est baptisé et suit un enseignement religieux catholique. Il fréquente durant trois années – la maternelle et les deux premières – une école catholique dont les enseignants sont des religieux et religieuses, et dont la direction est assurée par un supérieur de congrégation. Suite aux agissements d'une religieuse enseignante, aux travers desquels il ne voit que cruautés, injustices, sévices corporels, il manifeste la volonté de quitter cet établissement. Heureusement, ses parents acceptent. Il ne suit plus que le catéchisme une fois 13
par semaine, par obligation. Après sa communion, à l'âge de douze ans, il quitte tout et renie Dieu. Il ne peut concevoir que ce Dieu que l’on enseigne Dieu d’amour permette tant d'injustice et d'hypocrisie. Il se retrouve dans une école libre où tout est différent et positif. Au cours de son adolescence et plus tard, dans sa jeunesse, il adopte quelques philosophies offrant des réponses à ses questions essentielles. Incroyant, anticlérical, antiecclésial, refusant l'existence de Dieu, il est habité par une soif insatiable de l'amour véritable. Cette recherche l'engage dans des voies qui l'éloignent toujours plus de l'Eternel. Ses conceptions philosophiques tranquillisent momentanément sa conscience et le confortent dans son refus catégorique de la question essentielle. Dessinateur doué, jouissant de l'enseignement des Beaux-Arts, il est reçu dans la société des artistes qu'il fréquente assidûment. Ce fait comble son désir de beauté, son sens de l’éthique. Au cours de ce cheminement, le spiritisme se présente à lui. Mû par un mouvement intérieur convaincu, il oppose un refus net à cette séduction. Dieu le protège à son insu. Un jour, au cours d'une longue promenade en forêt, détente en solitaire qu'il apprécie particulièrement, un profond dégoût s'empare de lui. Quel sens a sa vie? Où est l'amour auquel il aspire? Et la vérité, et la justice? Ces questions troublent son intérieur. II tente d'y échapper en trouvant rapidement une réponse apaisante. Cependant, dans les temps qui sui14
vent, il est obligé d'admettre que ce malaise ne le quitte plus. Il s'enfonce encore plus dans la philosophie, les arts et la nature. La forêt devient sa confidente. Un jour, il lui dit: "Ah! si je pouvais rencontrer une vraie jeune fille, l'aimer et en être aimé." Il est fatigué de ses brèves rencontres féminines superficielles.
Laissons maintenant Roland s'exprimer. Après une enfance où l'amour maternel m'est refusé, la première scolarité en milieu catholique où je ne vois que manque d'amour et hypocrisie, je deviens un petit gars quêteur d'amour et de justice. En raison de cette exigence, je m'engage dans les méandres de la philosophie. Un oncle artiste, saisissant mon être intérieur, prend soin de moi et s'occupe de mon instruction. Cette relation évolue et devient une relation de créateur à créature. Elle pallie le trou d'amour laissé par ma mère et ma famille. J'ai aussi l'amour sûr mais silencieux de mon père. Et la complicité d'un chien, un danois. Lors de mon adolescence, je rencontre un artiste peintre, philosophe, avec lequel nous vivons une très belle amitié. Il peut être mon père de par son âge, mais il ne franchit jamais cette barrière. L'amitié qui nous lie est unique et respectable en tant que telle. Cette amitié et la relation avec mon oncle me sauvent du manque fondamental si important de l'amour maternel et familial. 15
Hervée et Roland Pasquier
A la recherche de Dieu retrace l’iƟnéraire spirituel parƟculier d’un couple en quête de vérité. Lui athée, elle catholique, ils sont amenés à fréquenter les milieux catholiques et évangéliques, avant que leur désir de consacrer leur vie à Dieu ne les conduise à un engagement monasƟque. Ils livrent ici le témoignage authenƟque de ce qu’ils ont vécu et vu. Un témoignage extraordinaire de la grâce et de l’amour de Dieu envers ceux qui le cherchent de tout leur cœur (Jé 29:13)!
A la recherche de Dieu
J’essaie de me frayer un passage à travers toutes ces situaƟons qui me font penser, parfois, que je me trouve dans un asile d’aliénés. Je me remémore les moƟvaƟons qui m’animaient lorsque nous avons choisi le monastère, mais je ne puis ignorer une navrante réalité. Que suis-je venue faire ici? ... Nous chantons des alléluias, nous proclamons des hosannas, mais est-ce là une prière agréable au Seigneur? Pourquoi ai-je donc refusé la vérité? Pourquoi ai-je fermé les yeux sur ces réalités quoƟdiennes? Aveuglée, endoctrinée, désireuse de vivre la fidélité à la règle, j’ai nié la vérité. Extraits du livre
Un couple de moines témoigne
Hervée et Roland Pasquier
ISBN 978-2-8260-3389-9
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