Charles Price
Une vie transformĂŠe ArrĂŞtez de faire... laissez faire Christ
Table des matières
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1. Vivre ce que je suis devenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2. Bon à rien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 3. Vivre selon les termes fixés par Dieu . . . . . . . . . . 43 4. La seigneurie de Jésus-Christ . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 5. Un changement de mentalité . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 6. Le pardon et la justice de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . 97 7. L'Esprit en moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 8. Rempli de l'Esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 9. Vivre par la foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 10. Obéir à ce que Dieu dit, et faire confiance à ce qu'il est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 11. En Christ et dans l'action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
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1 Vivre ce que je suis devenu
Avez-vous déjà essayé d'attraper une savonnette dans la baignoire? A peine l'avez-vous saisie qu'elle vous file de nouveau entre les doigts! Pour beaucoup, la vie chrétienne ressemble à ce morceau de savon. Ils ont été enthousiasmés en découvrant l'importance de Jésus-Christ et le fait qu'il est vivant.A cela s'est ajoutée la joie débordante d'apprendre quelque nouvelle vérité concernant son désir et son pouvoir de donner sens et valeur à leur vie quotidienne. Ils ont aussi connu le bonheur immense d'une nouvelle expérience de Dieu, une expérience qui leur a laissé espérer force et vigueur. Mais à peine ces choses semblent-elles avoir été saisies, qu'elles disparaissent, laissant derrière elles seulement un souvenir et un sentiment de désespoir. En y repensant, le chrétien se sent frustré de n'avoir pas su conserver cet élan, et nourrit la crainte que les choses ne changent peut-être jamais. Vous voyez de quoi je parle? Cette description correspond parfaitement à mes premières années de vie chrétienne. J'ai eu l'assurance de mon salut un samedi soir après avoir vu un film dont le héros principal s'était converti à Jésus-Christ lors d'une campagne d'évangélisation de Billy Graham en Australie. Ce soir-là, la salle était comble. N'ayant pas réussi à trouver une place assise, je fus réduit à rester debout sur le côté pendant les deux bonnes heures que dura la projection. Le récit me fascina. L'histoire se déroulait en Austra-
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lie et présentait la vie d'un homme qui découvre petit à petit son besoin de Jésus-Christ. Bien qu'il n'y ait rien de commun entre la vie de ce personnage et la mienne, je pris conscience de mon propre besoin de Christ. En ce qui concerne le message du film, je n'ai rien entendu de nouveau. Je l'avais déjà entendu souvent, mais ce soir-là, il me parut nouveau dans sa vitalité et rafraîchissant par sa pertinence. Je sus que Dieu me parlait et que je devais lui répondre. Après la projection, les organisateurs offrirent aux spectateurs qui désiraient de l'aide ou des conseils la possibilité de s'avancer. Plusieurs personnes s’avancèrent, mais je restai à ma place. Cette démarche me semblait trop officielle, et j'étais timide. A ce moment précis, je ne savais pas si j'étais chrétien ou non. Je connaissais l'Evangile depuis mon enfance, et j'y croyais. Je me souviens qu'en voyant les autres s'avancer, j'ai prié tout simplement: "Seigneur Jésus, si je ne le suis pas encore, fais de moi un chrétien ce soir." Je suis rentré à la maison avec une assurance que je n'avais jamais éprouvée avant, et dont je n'ai plus jamais douté. J'étais devenu chrétien. J'en étais sûr, même s'il me fallut plusieurs années pour saisir pleinement tout ce que cela impliquait. Pour le moment, je ressentais dans mon cœur un amour nouveau pour Dieu, un désir nouveau de lui plaire, une attitude nouvelle à l'égard des gens et de la vie en général. C'est à partir de cet instant que les problèmes ont surgi. En effet, le changement même d'attitude et de désirs, les nouvelles ambitions de vivre pour Dieu et de lui être agréable, me firent prendre conscience de façon aiguë combien ma vie réelle était loin de correspondre à l'idéal après lequel je soupirais. Ma joie et mon enthousiasme firent place à la frustration. Bien que je n'ose pas l'admettre pleinement, mon christianisme n'avait pas d'impact et j'étais un raté. A cette époque je ne connaissais pas le verset qui affirme: "C'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir" (Philippiens 2:13), et
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je n'en aurais d'ailleurs pas saisi le sens. J'étais en train de découvrir une autre volonté manifestement créée par Dieu, car mes désirs et mes ambitions avaient vraiment changé. Mais je n'avais pas encore compris que Dieu s'engageait aussi à accomplir le "faire". Dans ma faiblesse évidente, je luttais pour conformer mon comportement à ma volonté. Ma frustration était précisément due au fossé qui existait entre la volonté de bien faire et le résultat concret. En m'encourageant à me consacrer davantage au Seigneur, des prédicateurs bien intentionnés ne faisaient qu'ajouter à mon impuissance. Avec une sincérité authentique, je me consacrais solennellement à Christ. Sentant que j'avais pris une bonne décision, j'éprouvais un zèle renouvelé, un nouvel élan et l'impression d'aboutir vraiment quelque part cette fois-ci. Mais au bout de quelques jours, je me retrouvais au point de départ. On m'exhortait alors à me consacrer de nouveau à Dieu. Je ne saurais dire combien de fois j'ai suivi ces conseils avec la plus totale sincérité et vécu le même cycle. Comme la savonnette glissante dans l'eau du bain, j'ai souvent cru avoir enfin saisi la vie chrétienne, mais ce n'était jamais pour bien longtemps. Au bout d'un certain temps, je ne savais plus exactement ce que j'espérais. Mes ambitions étaient-elles trop élevées? A vrai dire, beaucoup de chrétiens que je connaissais ne me semblaient pas vivre comme ils l'auraient dû, même si quelques-uns le faisaient. Les exigences bibliques étaient-elles irréalistes? Dieu fixait-il la barre intentionnellement trop haut pour nous inciter à persévérer dans l'effort? Ne fallait-il pas prendre ses exigences à la lettre? Si tel était le cas, cela signifiait que Dieu faisait miroiter devant nous des promesses fantastiques, comme une carotte devant un âne pour l'obliger à avancer, sachant toutefois qu'à chaque pas qu'il fait la carotte reste hors d'atteinte.
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L'espoir a commencé à poindre grâce à une découverte. Avec le recul, il s'agit d'une découverte qui n'aurait pas pu être plus simple ni plus évidente. En effet, la vérité que je n'avais pas prise littéralement et que je n'avais pas appréciée comme la définition même de l'expérience chrétienne était contenue dans les mots que j’employais pour décrire la vie chrétienne. C'était simplement ceci: Jésus-Christ est venu pour vivre en moi. A celui qui m'aurait demandé si Christ vivait en moi, j'aurais répondu: oui. Mais en pratique, il était un partenaire silencieux qui ne jouait plus de rôle actif depuis qu’il m'avait sauvé et mis sur le chemin du ciel.
Billet, certificat, catalogue Jusqu'alors, Christ n'était pour moi que le protecteur de mon christianisme, plutôt que sa source. Je vivais en son nom et non par sa force. J'estimais avoir reçu de Christ certains biens qui m'avaient permis de devenir chrétien et servaient d'acquis et de réserves pour la suite de ma vie chrétienne. Ces trois biens étaient fondamentalement: un billet, un certificat et un catalogue. Sur le "billet" était inscrit: "Bon pour une entrée au ciel." Je savais que c'était un aspect vital du contrat. En échange de la reconnaissance de mon péché devant Dieu et de mon désir de m'en détourner, Dieu m'avait donné l'assurance du don de la vie éternelle. J'étais en route vers le ciel. Je croyais que c'était là le but ultime de l'œuvre de Christ, la raison pour laquelle il était mort, et le but de mon salut. Le "certificat" stipulait: "Je, soussigné Dieu, certifie que tous les péchés de Charles Price ont été pardonnés." Pour moi, ce document était absolument indispensable pour me procurer le "billet". De plus, le certificat était écrit avec du
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sang, car l'Ecriture affirme: "Le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché" (1 Jean 1:7). Ma vie devait donc être une réponse à la sienne; pour cela je devais m'efforcer de vivre d'une manière qui exprime ma reconnaissance pour tout ce qu'il avait fait en ma faveur. C'était justement cette vie pour lui qui m'était difficile. C'est pour cela que m'avait été donné un troisième bien, un "catalogue": la Bible. J'imaginais Dieu au ciel propriétaire d'un immense hypermarché dont les rayonnages étaient remplis de denrées spirituelles. Je me le représentais avec un commis, le Saint-Esprit. Dans mon esprit, tout fonctionnait très simplement. Il me suffisait de parcourir le catalogue pour découvrir tout ce que Dieu m'offrait, puis, par la prière, de présenter la liste de demandes à Dieu. Il était alors du devoir du Saint-Esprit de me fournir ce que j'avais demandé. Prenons un exemple. Dans mon "catalogue", je découvrais que je pouvais avoir la denrée "amour". Après avoir prié et remercié Dieu de me l'accorder, je pensais que l'Esprit venait vers moi avec un tube d'amour (je concevais cette marchandise comme une pâte dentifrice!) et le vidait dans mon compartiment "sentiments" pour que je devienne aimant. L'expérience semblait concluante et suivie d'effets un certain temps. Puis, en lisant la Bible, je découvrais que je pouvais aussi avoir droit à la denrée "joie". Me sentant quelque peu triste et misérable, je demandais la joie. De nouveau, j'imaginais le SaintEsprit venant vers moi avec un flacon étiqueté "joie". Je concevais son contenu comme une lotion. Après m'être frictionné de ce produit, je me sentais euphorique! Pour un temps. L'un de mes grands besoins était celui de puissance. Je suppliais donc Dieu de m'en donner pour que je puisse le servir plus efficacement. Il me semblait alors qu'il envoyait l'Esprit vers moi avec une dose de poudre, allumait la mèche et se tenait à quelque distance tandis que j'explosais d'énergie pendant quelque temps. Bien sûr, aucune de ces substances n'avait des effets prolongés. Il
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me fallait donc constamment retourner à l'hypermarché pour me réapprovisionner. C'était fatigant et toujours, toujours comme un feu de paille. Après ma découverte, les choses ne se passèrent plus ainsi. Je compris que Dieu ne déversait plus sur moi une abondance de biens spirituels. Il se donnait lui-même. Tout ce que je lui avais demandé devait simplement être l'expression de sa vie en moi. C’était la présence active et agissante de Dieu dans ma vie qui rendait la vie chrétienne possible. Ce n'était plus à moi de vivre ici-bas pour un Dieu qui, malgré tout, restait au ciel. Il s'agissait plutôt de laisser agir le Saint-Esprit en moi, pour qu'il mène la vie de Jésus-Christ, manifeste le caractère de Jésus-Christ et rende visible ma ressemblance avec Jésus-Christ dans tous les aspects de la vie terrestre ordinaire. Ce que Dieu attendait de moi était moins une consécration à lui qu'une mort à moi-même et un renoncement à mon autosuffisance; il attendait de moi que je lui fasse confiance, à lui qui "produit le vouloir et le faire, selon son bon plaisir". Paul écrivit aux Corinthiens: "Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle" (2 Corinthiens 4:11, italiques ajoutés).
Consécration ou mortification? Certains des événements les plus tristes rapportés dans la Bible ont été le fait de croyants qui, au lieu de laisser Dieu agir en eux, se sont engagés à agir pour lui. Et parfois, plus ils étaient sincères dans leur consécration, plus l'histoire est regrettable. Je vais illustrer mon propos avec l'exemple de deux des hommes les plus significatifs de l'Ancien Testament.
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Quand Abraham atteignit l'âge mûr de soixantequinze ans et Sara, sa femme, dix ans de moins, Dieu lui fit une promesse inouïe. Il invita le patriarche à contempler le ciel et la plage, et lui dit que sa descendance serait aussi nombreuse que les étoiles ou les grains de sable! Le seul problème est qu'Abraham et Sara étaient mariés depuis de longues années, mais n'avaient pas d'enfants. D'ailleurs l'espoir de procréer s'était envolé depuis longtemps. Cependant, comme c'était Dieu qui le leur avait dit, ils le crurent. Avec beaucoup d'espoir et de joie, ils attendirent… attendirent… et attendirent! Dix années passèrent. Abraham avait quatre-vingt-cinq ans, et Sara soixante-quinze, mais toujours pas de grossesse en vue! Cette situation était pour eux la cause d'une grande perplexité et d’une tragique déception. Que devaient-ils faire? Que pouvaient-ils faire? Genèse 16 rapporte la discussion qu'ils eurent à ce sujet et le plan qu'ils mirent en œuvre. Abraham devait engendrer un enfant en couchant avec Agar, la servante égyptienne de Sara. Dans leur culture cette pratique était tout à fait normale, et de nombreux autres hommes de la Genèse ont eu des enfants des servantes de leur épouse. Cette coutume n'avait jamais eu l'approbation de Dieu, mais elle s'était néanmoins instaurée. Abraham coucha donc avec Agar, qui devint enceinte et enfanta un garçon qu'ils appelèrent Ismaël. La motivation d'Abraham était louable. Il avait abandonné tout espoir d'avoir un enfant jusqu'au jour où Dieu lui parla. Avec cette remarquable promesse qui résonnait dans ses oreilles depuis dix ans déjà, il se résolut à accomplir la volonté de Dieu. La conception d'Ismaël ne fut pas un acte de rébellion contre Dieu, mais fut motivée par le souci de se conformer à la volonté divine. Ce n'est pas par désobéissance envers Dieu, mais par désir d'accomplir le projet de Dieu qu'Abraham et Sara échafaudèrent le plan devant aboutir à la naissance d'Ismaël. Mais Dieu ne reconnut pas cet enfant. Quatorze ans après la naissance d'Is-
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maël, Sara conçut et mit au monde Isaac, un enfant bien à elle. Vingt-cinq ans s'étaient écoulés entre la promesse et l'accomplissement. Plus tard, lorsque Dieu demanda à Abraham de lui offrir Isaac en sacrifice, il appela Isaac "ton fils, ton unique" (Genèse 22:2). Dieu n'accepta pas Ismaël, pas plus qu'il n'accepte les efforts que nous déployons pour lui, malgré toute la sincérité qui accompagne leur accomplissement. Il nous invite à être le canal de son activité, non ses remplaçants. Ismaël était l'œuvre d'Abraham, Isaac celle de Dieu. La naissance d'Ismaël pouvait s'expliquer par les calculs, le plan et l'action d'Abraham; celle d'Isaac ne s'expliquait que par l'intervention et l'action de Dieu. Faire face aux exigences et aux promesses de Dieu, puis réaliser que lui seul peut les accomplir nous libère d’un grand poids. Cela ne signifie pas que nous adoptions une attitude passive, comme nous le verrons plus loin, car si nous sommes exhortés à mettre en œuvre notre salut "avec crainte et tremblement", c'est en sachant pertinemment que "c'est Dieu qui produit le vouloir et le faire, selon son bon plaisir" (Philippiens 2:12-13). A l'âge de quarante ans, Moïse prit son destin en main. Fils d'esclaves hébreux, il avait été élevé à la cour égyptienne, jouissant de tous les privilèges royaux depuis ce jour mémorable où, bébé caché dans les roseaux pour échapper au massacre des garçons hébreux, il fut trouvé et adopté par la fille du pharaon. A quarante ans, très au clair sur son identité véritable, conscient de l'asservissement horrible imposé aux Hébreux et "pensant que Dieu leur accordait la délivrance par sa main" (Actes 7:25), il se décida à accomplir la volonté de Dieu. Sa motivation était bonne, sa sincérité ne faisait aucun doute, mais son intervention se révéla désastreuse. Il voulut accomplir ce qu'il savait être la volonté de Dieu et ainsi libérer son peuple. Aussi, lorsqu'il vit un Egyptien maltraiter un Hébreu, et le frapper alors qu'il travaillait dur, Moïse décida d'intervenir. Après avoir jeté un rapide coup d'œil à droite puis à
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gauche, et pensant que personne ne le voyait, il sauta sur l'Egyptien, le tua et enfouit son corps sous le sable. Mais quelqu'un l'avait vu et la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Elle parvint aux oreilles du pharaon qui chercha alors "à faire mourir Moïse" (Exode 2:15). Celuici dut donc s'enfuir et arriva dans le désert de Madian où il resta les quarante années suivantes. Tous ses rêves de libération des esclaves hébreux avaient volé en éclats. Pourtant, il était sûr que "Dieu leur accordait la délivrance par sa main". Comme Abraham avant lui, Moïse s'était offert à Dieu pour accomplir sa volonté, mais il avait mis Dieu de côté. Moïse avait quatre-vingts ans lorsque Dieu décida de rassembler les morceaux de sa vie brisée et d'agir à travers lui. Quand Dieu le rencontra au buisson ardent, quarante ans après sa fuite d'Egypte, c'était un Moïse différent à qui il eut affaire; il était mort quant à ses propres capacités et à ses ressources personnelles, car il avait essayé si bravement et échoué si lamentablement, que sa première réaction face à Dieu qui l'appelait pour l'envoyer délivrer le peuple fut: "Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir d'Egypte les enfants d'Israël?" (Exode 3:11). Si seulement il s'était posé cette question quarante ans plus tôt! Cela aurait été l'attitude appropriée pour être l'homme de la situation. Pour toute réponse, Dieu ignora la question de Moïse. En effet, le problème n'est pas de savoir qui je suis. L'essentiel est dans la réponse de Dieu: "Je serai avec toi" (v. 12). Les ressources nécessaires à l'exécution de la tâche ne dépendaient pas de Moïse, mais de Dieu. C'est donc à juste titre que Moïse demanda à Dieu qui il était. Avez-vous déjà pris le temps de poser cette question à Dieu et d'écouter, mais d'écouter attentivement sa réponse? "Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. Et il ajouta: C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle ‘Je suis’ m'a envoyé vers vous" (v. 14). Dieu s'est fait connaître comme celui qui est éter-
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nellement présent. Non comme un Dieu qui était présent au buisson ardent pour donner ses instructions, ni un Dieu qui sera présent au moment où le peuple prendra possession du pays promis, mais un Dieu qui est, un Dieu qui agit en tout temps au présent de la vie et sur lequel on peut compter car il est suffisant et accessible. Nous avons là un principe fondamental de la vie chrétienne. Dieu n'était pas seulement actif dans l'événement de la croix, de sorte que nous n'ayons plus qu'à regarder en arrière avec reconnaissance pour ce qu'il a accompli. Il n'est pas non plus dans une position d'attente pour nous accueillir dans le ciel. Son intention est d'agir actuellement dans notre expérience et dans tous les domaines de notre vie. Paul a écrit: "Celui qui vous a appelés est fidèle, et c'est lui qui le fera" (1 Thessaloniciens 5:24); en effet, il ne nous appelle pas à accomplir une tâche pour lui, mais à être le moyen par lequel il l'accomplit. Moïse a appris la leçon. Grâce aux interventions répétées de Dieu, les enfants d'Israël furent délivrés de l'esclavage en Egypte et purent prendre le chemin du pays de Canaan. Tout se déroula admirablement. Après quatre cents ans de servitude, la nation fit l'expérience d'une liberté dont elle n'avait plus aucune conscience. Le vent soufflait dans leur direction, de nouveaux horizons de gloire les saluaient de loin, et Dieu agissait en leur faveur. Mais pour beaucoup d'Israélites, la fête ne dura pas. Il ne fallut pas longtemps avant que cette foule de six cent mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, ne se retrouve sur les rives de la mer Rouge. Moïse les avait conduits jusqu'ici, mais ils ne pouvaient avancer plus loin. Impossible de traverser! La mer était trop large pour être enjambée, trop profonde pour être traversée à pied et trop étendue pour en faire le tour. Plusieurs commencèrent à murmurer et à se plaindre. Et en se retournant, que virent-ils? Au loin un nuage de poussière avec la silhouette des soldats de l'armée égyptienne! Le pharaon avait changé d'idée. Après avoir, sous la
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contrainte, libéré le peuple hébreu, il était revenu sur sa décision. Il était donc parti à la poursuite des Israélites pour faire de nouveau d'eux ses esclaves. Avec la mer Rouge devant eux et, à leurs trousses, une armée bien équipée et bien entraînée à laquelle il était impossible de résister, les enfants d'Israël furent terrifiés. Etait-ce une ruse? Moïse était-il du côté des Egyptiens? Etait-ce parce qu'il n'y avait pas assez de tombes en Egypte que tous ces hommes avaient été conduits ici pour mourir sur les rives de la mer Rouge? Le camp hébreu était la proie de la terreur, de la panique et de la confusion. Comment Moïse allait-il réagir? Comment auriezvous réagi dans de telles circonstances? "Moïse dit au peuple: Ne craignez rien, restez en place, et regardez la délivrance que l'Eternel va vous accorder en ce jour… L'Eternel combattra pour vous; et vous, gardez le silence" (Exode 14:13-14). Comment Moïse pouvait-il tenir un tel discours? En déclarant tout simplement: "L'Eternel combattra pour vous", ne faisait-il pas preuve d'irresponsabilité dans une situation qui, dans le meilleur des cas, replongerait le peuple dans la servitude, et dans le pire, verrait son anéantissement? Certains des Israélites ont pu penser: "Moïse, cesse donc de te réfugier dans les hautes sphères de ta spiritualité! Redescends sur terre, fais preuve d'un esprit pratique!" J'imagine que Moïse a fait monter vers le Seigneur la prière suivante: "Eternel, nous avons un sérieux problème! Devant nous s'étend la mer Rouge que nous ne pouvons franchir. Derrière nous, l'armée égyptienne que nous ne pouvons pas affronter avec la moindre chance de succès. Le peuple est angoissé. Personnellement, je n'ai aucune idée de ce qu'il faut faire. Mais je tiens à te rappeler ceci: ce n'était pas mon idée de venir ici, mais la tienne. Quand tu m'as appelé au buisson ardent, je t'avais dit que je ne me sentais pas capable, mais tu m'as répondu que tu serais avec moi. Tu as aussi affirmé que nous entrerions dans le pays de Canaan. Comme l'endroit où nous
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nous tenons n'est pas Canaan, je ne peux concevoir que nous mourions ici sur les bords de la mer Rouge, car tu réfléchis toujours à ce que tu dis. Alors, comme je ne sais pas ce qu'il convient de faire pour nous tirer d'affaire, faisle. C'est ta responsabilité, et j'ai confiance en toi. Je te remercie d'avance de ce que tu feras. Amen." Ensuite, se tournant vers la foule, Moïse a pu dire: "L'Eternel combattra pour vous", tout en poursuivant à voix basse: "Mais ne me demandez pas comment, car je n'en sais rien." Vous voyez la différence entre le Moïse de maintenant et celui d'autrefois, quarante ans plus tôt? A cette époque, il s'était résolu à libérer le peuple. Maintenant, renonçant à ses techniques et ses stratégies personnelles, il fait confiance à Dieu qui l'a appelé à libérer le peuple. Souvenez-vous de la façon dont Dieu fraya un chemin à travers la mer Rouge et dont il se servit du premier obstacle pour résoudre le second, puisque l'armée égyptienne périt noyée, alors que les Israélites traversèrent à pied sec. C'est Dieu qui était à l'œuvre! C'est lui qui remportait les victoires! C'est lui qui agissait! Tel est le secret de toute activité et de toute vie chrétiennes. Pendant les premières années de mon expérience, je n’avais saisi qu’imparfaitement ce que signifie "être chrétien". Je n'avais pas compris l'ordre d'avoir "les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection" (Hébreux 12:2). Je savais que Christ était l'auteur de la foi, dans la mesure où il m'avait rendu capable d'être chrétien, mais j'ignorais qu'il était aussi le "consommateur" ou celui qui "perfectionnait" ma foi. Après lui avoir laissé l'initiative de démarrer, je pensais qu'il était de mon devoir de terminer. Je ne connaissais pas le verset qui déclare: "Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ" (Philippiens 1:6). Bien sûr, c'est Christ qui avait commencé cette bonne œuvre, mais je m'efforçais de la parfaire. Je n'avais pas entendu cette autre parole: "Comme vous avez reçu le
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Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui" (Colossiens 2:6). En somme, ma capacité à marcher ou à vivre en lui repose sur le même principe que celle qui m'a fait croire en lui, c'està-dire une attitude de repentance et de foi. La Bible déborde vraiment de vie dans ces versets et ces affirmations que je n'avais jamais été pleinement en mesure d'apprécier, tous ces textes qui parlent de Christ comme la vie et la source de toute activité authentiquement spirituelle. Voilà ce qui fait du christianisme autre chose qu'une religion de plus, autre chose qu'une pensée née dans l'esprit d'un homme, et bien davantage qu'une lutte incessante pour mener une vie de qualité que, dans mes moments les plus honnêtes, je reconnais comme humainement impossible. Ce n'est pas une fuite devant la réalité, mais au contraire un plongeon dans la réalité à partir du jour où nous commençons à mener notre vie comme Dieu a toujours voulu qu'elle le soit, et que nous découvrons les ressources qui feront de nous des hommes et des femmes conformes au plan créateur de Dieu. C'est arriver bien vite à la conclusion! Le Nouveau Testament encourage ses lecteurs à être "toujours prêts à [se] défendre avec douceur et respect, devant quiconque [leur] demande raison de l'espérance qui est en [eux]" (1 Pierre 3:15). C'est une chose de pouvoir indiquer l'espérance et d'expliquer ce qui est vrai, c'en est une autre de connaître la raison de l'espérance et de pouvoir expliquer pourquoi elle est vraie! L'affirmation que Dieu est actuellement à l'œuvre dans notre vie peut être enthousiasmante, mais si nous voulons mettre pleinement à profit cette réalité, nous devons savoir pourquoi et comment cette œuvre est possible.