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Randy Alcorn

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Titre original en anglais: The Grace and Truth Paradox, 2003 Multnomah Books © 2003 Eternal Perspective Ministries Publié avec autorisation Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Louis Segond 21. Traduction: Edith Bourjas Photo de couverture: © Athos Kyriakides - Fotolia.com © et édition: La Maison de la Bible, 2008 BP 151, Chemin de Praz-Roussy 4bis, CH-1032 Romanel-sur-Lausanne E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net ISBN 978-2-8260-3515-2 Imprimé en UE

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A Laura Libby, qui est maintenant au Pays de la Grâce et de la Vérité.

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Table des matières

1. Deux points essentiels pour ressembler à Jésus-Christ 2. Essentiel et inséparable 3. Qu’est-ce que la grâce? 4. Qu’est-ce que la vérité? 5. Voyons la grâce de plus près 6. Voyons la vérité de plus près 7. La grâce à laquelle nous aspirons 8. La vérité qui nous libère 9. La grâce et la vérité ensemble Conclusion

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1. Deux points essentiels pour ressembler à Jésus-Christ Tard, par une nuit pluvieuse, mon épouse et moi-même sortions d’un cinéma lorsque Nancy a remarqué dans le parking un homme âgé s’appuyant péniblement sur un déambulateur. Je l’ai aidé à entrer dans sa voiture. Il avait l’air tellement épuisé que je lui ai demandé s’il désirait que je le conduise jusque chez lui. Il a refusé, mais je lui ai proposé de le suivre au cas où il aurait besoin d’aide. Lorsqu’il a démarré et s’est mis à conduire dangereusement, nous avons prié pour qu’il ne trouve pas la sortie du parking. Nos prières ont été entendues: son véhicule s’est trouvé bloqué dans une file de voitures. J’ai ouvert sa portière et je lui ai demandé de s’asseoir sur le siège du passager afin que je le ramène chez lui; nous avions convenu que mon épouse Nancy conduise notre voiture et nous suive. Alors que je démarrais, deux hommes ont bondi devant la voiture, faisant des signes de la main et brandissant un téléphone portable. L’un d’eux s’est écrié:

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– Ma femme est en train d’accoucher et je dois rentrer à la maison. Pouvez-vous nous y conduire? – Eh bien, dis-je, ce n’est pas ma voiture et je ne connais pas l’homme qui est assis à côté de moi. Cela avait tout l’air d’une mauvaise excuse, n’est-ce pas? J’ai alors demandé à Nancy de conduire la voiture de l’homme âgé et de me suivre alors que je ramenais ces deux hommes chez eux (sans avoir d’ailleurs à ce moment-là la moindre idée de là où ils habitaient). Après les avoir déposés, je suis remonté dans la voiture de Georges, dont nous connaissions à présent le prénom, et je l’ai ramené chez lui (sans non plus savoir au départ où il habitait). Quand nous sommes arrivés à son domicile, je l’ai aidé à aller jusqu’à sa chambre. J’ai alors appris que Georges avait été professeur de sciences politiques pendant vingt-huit ans à l’Université d’Etat de San Francisco. A ce moment-là, j’ai pensé qu’avec un tel bagage, la plupart des gens comme lui ne devaient probablement pas avoir dans leurs relations proches des chrétiens attachés à la Bible! Georges m’a demandé pourquoi nous l’avions aidé. Je lui ai répondu que nous étions des chrétiens désireux de suivre le Christ. Je lui ai laissé mon livre intitulé A la Lumière de l’Eternité. J’ai prié pour que Dieu touche sa vie et pour que nous entendions la suite de son histoire… au Paradis.

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En fait, nous n’avons pas eu à attendre si longtemps. Deux mois plus tard, Kathy, mon assistante, s’est réveillée en pleine nuit pour un problème de santé étrange qu’elle n’avait jamais eu auparavant. Au matin, elle est allée chez le médecin en emportant avec elle un exemplaire du livre A la Lumière de l’Eternité. Quand le médecin a vu le livre, il lui a dit que justement un de ses patients était venu avec le même ouvrage et que ce patient souhaitait parler à son auteur. Kathy est revenue au bureau avec le numéro de téléphone du patient: il s’agissait de Georges. Je l’ai aussitôt appelé en lui demandant s’il souhaitait que je fasse un saut chez lui, ce qu’il a accepté. Georges avait beaucoup de questions à me poser. Il voulait savoir la vérité sur Jésus-Christ. Il était interpellé par l’idée de la grâce et par le fait que Dieu pouvait vraiment pardonner à des gens «mauvais». Il trouvait cela «trop facile». Deux heures de discussion ont suivi. J’ai vu l’Esprit de Dieu à l’œuvre en lui. Finalement, il a prié, a confessé ses péchés et a accepté le cadeau du Christ: la vie éternelle. Une question peut se poser: quel est le degré de probabilité pour que tous ces événements aient pu coïncider? Aucun; il s’agit d’une série de rendez-vous divins.

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Un simple acte de grâce de la part de mon épouse et de moi-même -deux actes, en fait, si l’on compte le trajet pour aller jusque chez la femme en train d’accoucheront impressionné Georges et ont permis qu’un livre lui offrant la vérité lui arrive entre les mains. Ce que Georges a vu, ce avec quoi il a lutté, et ce qui l’a finalement amené à Jésus-Christ, c’est la grâce et la vérité.

Qu’est-ce qui nous trahit? Un ami s’était assis dans un petit restaurant de Londres et tenait entre les mains un menu. – Que désirez-vous? a demandé le serveur. Tout en étudiant du regard le choix curieux des mets proposés, mon ami a répondu: – Euh … Le serveur a souri et a dit: – Ah, un Ricain. D’où êtes-vous, des Etats-Unis, n’est-ce pas? Il n’avait pas prononcé une seule parole mais il s’était déjà trahi. Au premier siècle après JésusChrist, les disciples du Christ étaient, eux aussi, reconnus immédiatement. Qu’est-ce qui les trahissait? Ce n’étaient pas leurs bâtiments. Ils n’en avaient pas. Ce n’étaient pas leurs programmes. Ils n’en avaient pas.

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Ce n’était pas leur pouvoir politique. Ils n’en avaient pas. Ce n’étaient ni leurs publications tape-à-l’œil, ni leurs chaînes de télévision, ni les autocollants sur leur voiture, ni leur célébrité. Non, ils ne possédaient rien de cela. Alors, qu’était-ce? «Avec beaucoup de puissance, les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce reposait sur eux tous.» (Actes 4:33) Ils témoignaient de la vérité de Christ et vivaient par sa grâce. La vérité était leur nourriture quotidienne et le message qu’ils délivraient. La grâce était l’air qu’ils respiraient et la vie qu’ils vivaient. Le monde autour d’eux n’avait jamais rien vu de pareil, à l’époque comme de nos jours.

Les deux choses essentielles La seule «formule de croissance» de l’église primitive était le «corps» de la vérité et le «sang» de la grâce. Elle a amené des milliers de personnes à Jésus vivant comme Jésus. Mais que veut dire «être comme Jésus»? Nous pourrions dresser une longue liste de ses qualités morales. Mais plus la liste s’allongerait, moins il nous serait facile de la cerner avec notre esprit humain. (Comment jongler avec des douzaines de balles alors qu’on ne sait même pas jongler avec trois balles?)

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Et si le caractère du Christ se réduisait à deux ingrédients essentiels? Les voici: «Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. […] Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.» (Jean 1.1-14) Jésus est rempli de deux choses: la grâce et la vérité. Il n’est pas «plein de patience, sagesse, beauté, compassion et créativité». Dans cette courte liste, il n’y a pas de virgule, mais il y a une conjonction: grâce et vérité. Les Ecritures définissent les attributs du Christ par une liste comprenant deux points essentiels, deux attributs résumant ce qui correspond à l’imitation du Christ: la grâce et la vérité. L’enfant né dans une étable à Bethléem était le Créateur de l’univers. Il a dressé sa tente sur l’humble terrain que constitue notre planète. La gloire de Dieu ne se trouvait plus désormais dans un temple fait de bois et de pierre, mais en Christ. Il était le Saint des Saints. Mais lorsqu’il est remonté au ciel, il a laissé sur terre la gloire de Dieu (shekinah), cette manifestation visible de la présence de Dieu sur terre. Nous, chrétiens, sommes devenus ses temples vivants, le nouveau Saint des Saints (1 Corinthiens 3.16-17; 6.19).

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Du temps de Jésus, fixer les yeux sur lui revenait à voir Dieu lui-même. De la même manière de nos jours, il devrait suffire que les gens nous regardent pour voir Jésus. Pour le meilleur ou pour le pire, les gens tirent des conclusions sur Christ à partir de ce qu’ils voient en nous. Si nous sommes recalés au test de la grâce, nous ne ressemblons pas à Christ. Si nous sommes recalés au test de la vérité, nous ne ressemblons pas à Christ. Si nous réussissons ces deux examens, nous sommes alors comme Jésus. Le monde est affamé de grâce et de vérité; il a besoin de Jésus, rempli de grâce et de vérité. Alors, que voit ce monde affamé en nous regardant?

Surpris par la grâce La culture juive du premier siècle comprenait bien mieux la vérité que la grâce. La grâce est apparue pour la première fois dans ce que nous révèle le passage de l’Evangile de Jean au chapitre 1, verset 14, et cela avait un caractère surprenant. Quand Jésus est entré sur la scène de ce monde, les gens de l’époque pouvaient non seulement entendre ce que la vérité demande, mais aussi voir la Vérité en personne. Il ne s’agissait plus seulement de lueurs fugitives de la grâce, mais de la Grâce personnifiée.

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«Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.» (Jean 1.29) Lorsque Dieu est passé devant Moïse, il s’est présenté comme «riche en bonté et en vérité» (Exode 34.6). Les mots traduits par bonté et fidélité sont les équivalents hébreux de grâce et vérité. La grâce est un mot délicieux et parfumé. Elle intrigue. Elle attire. Elle obsède. Elle éblouit. Elle confond aussi. C’est comme si Dieu disait:«Tu connais la vérité. On l’enseigne dans les synagogues à chaque sabbat. Mais laisse-moi te parler de la grâce…» L’Ancien Testament enseigne la crainte de Dieu et explique clairement les conséquences épouvantables d’une désobéissance à la vérité. Il présente la vérité avec ténacité. Uzza a été frappé par l’Eternel pour avoir simplement étendu la main sur l’Arche de l’Alliance afin de la maintenir alors qu’elle allait tomber. Bien-sûr, la grâce était certainement présente dans l’Ancien Testament, et même grandement, mais elle était éclipsée par la vérité. Les Pharisiens, ces gardiens autoproclamés de Dieu, n’ont jamais souligné la grâce. Les auditeurs de Jésus-Christ avaient vu la vérité dans la Loi de Moïse, mais c’est le Christ qui leur a donné la première idée claire de la grâce. La Loi ne pouvait que révéler le péché. Jésus, lui, peut l’enlever.

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De nos jours, certaines églises prônent la vérité mais ont besoin d’une forte dose de grâce. D’autres églises parlent de la grâce mais ont besoin d’une forte dose de vérité. Il y a quelques temps, j’ai invité à déjeuner une femme se présentant comme une lesbienne militante. Pendant la première heure, elle m’a martelé la tête de ses expériences, me parlant de tous les chrétiens qui l’avaient maltraitée. Elle semblait vouloir enfoncer le clou. Je l’ai écoutée, en essayant de lui montrer la grâce de Dieu et en priant pour qu’elle voie Jésus dont elle avait désespérément besoin. Elle a élevé la voix et a juré abondamment. Les gens la dévisageaient. Je comprenais. Jésus était allé à la croix pour elle. Alors, la moindre des choses que je pouvais faire était de l’écouter. Soudain, elle a éclaté en sanglots, elle semblait brisée. Je lui ai pris la main. Pendant les deux heures suivantes, j’ai écouté son histoire, ses états d’âme, et ses doutes sur les causes qu’elle défendait. Je lui ai parlé de la grâce du Christ. Au bout de quatre heures, nous sommes sortis du restaurant et nous nous sommes salués chaleureusement. Durant notre conversation, la vérité n’avait pas pris la place de la grâce, ni la grâce celle de la vérité. Les oiseaux ont besoin de deux ailes pour voler. Avec

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une aile seulement, ils ne décollent pas. L’Evangile vole avec les ailes de la grâce et de la vérité; pas avec une seule aile, mais avec les deux.

Atteindre l’équilibre Le conflit apparent qui existe entre la grâce et la vérité ne vient pas du fait que ces deux réalités sont incompatibles, mais du fait que nous manquons de perspective pour résoudre le paradoxe qu’elles peuvent générer. Les deux réalités sont interdépendantes. Nous ne devrions jamais nous approcher de la vérité sans un esprit de grâce, ni nous approcher de la grâce sans un esprit de vérité. Jésus n’avait pas cinquante pour cent de grâce et cinquante pour cent de vérité, mais cent pour cent de grâce et cent pour cent de vérité. Les chrétiens orientés vers la vérité aiment étudier les Ecritures et la théologie, mais parfois ils sont prompts à juger et lents à pardonner. Ils sont forts dans le domaine de la vérité, mais faibles dans celui de la grâce. Les chrétiens orientés vers la grâce aiment le pardon et la liberté, mais parfois ils négligent l’étude de la Bible et considèrent les règles morales comme étant du «légalisme». Ils sont forts dans le domaine de la grâce, mais faibles dans celui de la vérité. D’innombrables erreurs au sujet du mariage, de

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l’éducation, du ministère chrétien et des relations interpersonnelles proviennent d’un échec à équilibrer la grâce et la vérité. Parfois, nous négligeons les deux; souvent, nous préférons l’une à l’autre. Cela me fait penser à Mat, notre dalmatien. Lorsqu’il a devant lui deux balles de tennis, il parvient à en tenir une dans sa gueule, l’autre demeure à terre. Quand il attrape la deuxième, il laisse tomber la première. Certains grands chiens peuvent tenir deux balles dans leur gueule, mais pas Mat. S’il y parvient, ce n’est que de façon très temporaire; en effet, à sa grande détresse, l’une des deux balles est vite entraînée vers le sol. De la même manière, notre esprit ne nous semble pas assez grand pour contenir à la fois la grâce et la vérité. Nous courons après la balle de la grâce, mais alors nous laissons tomber la balle de la vérité pour lui faire place. Pour que notre esprit puisse contenir les deux à la fois, nous devons l’élargir. Un paradoxe est une contradiction apparente. La grâce et la vérité ne sont pas contradictoires. Jésus n’a pas allumé la vérité pour ensuite l’éteindre afin de pouvoir allumer la grâce. La grâce et la vérité sont connectées de façon permanente en Jésus. Les deux devraient être branchées en nous. Que ferait Jésus dans telle ou telle situation? Il n’y a qu’une seule réponse, toujours la même: il agirait en

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grâce et en vérité. La vérité sans la grâce mène à un légalisme pharisaïque qui empoisonne l’église et éloigne le monde du Christ. La grâce sans la vérité mène à une indifférence morale et empêche les gens de voir leur besoin de JésusChrist. Les tentatives visant à adoucir l’Evangile en minimisant la vérité éloignent les gens de Jésus. Les tentatives visant à affermir l’Evangile en minimisant la grâce éloignent aussi les gens de Jésus. Il n’est pas suffisant d’offrir la grâce sans la vérité ou la vérité sans la grâce. Nous devons offrir les deux. Voici le sujet de ce petit livre.

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2. Essentiel et inséparable

La plupart des gens qui côtoyaient Jésus aimaient être en sa compagnie. Ils étaient pécheurs et aimaient être en sa présence; ils allaient le voir, l’invitaient chez eux et à leurs fêtes. De nos jours, la plupart des incroyants n’aiment pas être en compagnie de chrétiens. A l’époque de Jésus, des incroyants ont enlevé un toit à la hâte pour s’approcher de lui. De nos jours, il arrive que certains s’enfuient par portes et fenêtres pour s’éloigner des chrétiens! Pourquoi cela? Qu’avait donc Jésus à leur montrer que nous, chrétiens, n’avons pas? Une seule réponse: la grâce. Les gens sentaient que Jésus les aimait, même si ses mots étaient quelquefois durs. Il était rempli de grâce et de vérité. Il les attirait hors de la nuit, comme une lumière attire les papillons de nuit. Dans certains cultes on peut entendre des «phrases chrétiennes» toutes faites qui laissent perplexes les incroyants. Personne n’est attiré par ce qui est incompréhensible.

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La grâce nous pousse à rendre compréhensible et accessible la vérité pour que les non-croyants puissent y avoir accès. Jésus accueillait chaleureusement les non-chrétiens et parlait en des termes qu’ils comprenaient. Nous devrions faire pareil. Certaines églises essaient de mettre à l’aise les incroyants. Comment? Elles ne parlent jamais du péché, le but étant de ne jamais choquer personne. Dans cette perspective, elles en arrivent à remplacer la vérité par la tolérance. Elles rabaissent en quelque sorte la barre pour que chacun puisse la franchir et qu’ainsi personne n’ait à se plaindre de quiconque. Mais Jésus a dit: «Le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi.» (Jean 15.20) Quelque chose ne va pas si tous les incroyants nous détestent. Quelque chose ne va pas non plus si tous les incroyants nous aiment. Si vraiment nous sommes les dispensateurs de la grâce et de la vérité, certains seront attirés par nous et d’autres seront choqués par nous, tout comme c’était le cas du temps de Jésus. Si nous choquons tout le monde, c’est que nous sommes revêtus du manteau de la vérité sans la grâce. Si nous ne choquons personne, c’est que nous avons édulcoré la vérité au nom de la grâce.

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Rester en selle Quand les cordes d’un instrument de musique se distendent, le son est affreux. Mais on peut aussi trop tendre les cordes au point de créer une dissonance ou même de les rompre. De la même manière, il y a une tension parfaite à trouver entre la grâce et la vérité pour faire entendre la musique de l’Evangile. Martin Luther a dit qu’il importait peu au diable de savoir de quel côté nous tombions, l’important étant que nous ne restions pas en selle. Pour demeurer en selle, nous devons avoir un pied dans l’étrier de la vérité et l’autre dans l’étrier de la grâce. Dans Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire magique, Suzanne pose des questions à Monsieur et Madame Castor au sujet d’Aslan le Lion: – Est-ce qu’il est vraiment sans danger? Je suis un peu inquiète à l’idée de rencontrer un lion. – Tu peux l’être, ma chérie, ça c’est sûr, dit Madame Castor; celui qui peut se présenter devant Aslan sans être mort de peur est soit plus courageux que la plupart d’entre nous, soit carrément naïf. – Alors, il n’est pas sans danger? dit Lucy. – Sans danger? dit Monsieur Castor, tu n’entends pas ce que Madame Castor te raconte? Qui a dit qu’il était sans danger? Bien sûr qu’il n’est pas sans danger, il est

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redoutable, il est tout-puissant, mais il est bon. C’est le Roi, je te dis.1» Le Christ est bon. Mais, tant que nous ne comprenons pas qu’il n’est pas «sans danger», qu’il est tout-puissant; tant que nous ne sommes pas confrontés à la vérité de sa sainteté absolue, nous ne saisissons pas sa grâce. Nombreux sont ceux qui, de nos jours, essaient de réinventer Jésus, en remaniant son image. Ils altèrent ses déclarations pour qu’elles deviennent plus digestes pour le grand public; ils les adaptent au goût du jour et aux notions populaires que les gens veulent bien entendre à propos du Christ. Cependant, nous savons bien que Jésus ne peut pas coopérer à de telles tentatives de reconditionnement de son image afin qu’elle soit mise sur le marché selon les logiques du marketing. Jésus ne cherche nullement des agents qui rehausseraient son image. Nous ne sommes pas appelés à marcher devant lui comme des experts en relations publiques; c’est nous qui devons le suivre comme ses serviteurs. Lorsque Jésus a marché sur cette terre, nombreux sont ceux qui ne l’ont pas reconnu pour ce qu’il est. Ils l’attendaient sous la forme d’un Messie aussi puissant que le lion, et qui allait juger ses ennemis. Mais 1 C. S. Lewis, Le Monde de Narnia II. Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire magique, Paris, Gallimard-jeunesse, 2008.

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ils ont négligé les passages qui l’ont présenté comme un agneau: «Il a été maltraité, il s’est humilié et n’a pas ouvert la bouche. Pareil à un agneau qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche» (Esaïe 53.7). L’agneau apparaît «comme offert en sacrifice» (Apocalypse 5.6). Cela semble être une image de faiblesse, mais soudain, les hommes se cachent de la «colère de l’Agneau» (Apocalypse 6.16). «Ils combattront contre l’Agneau et l’Agneau les vaincra parce qu’il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois» (17.14). A la fin du «Voyage de la Belle Aurore», les enfants voient un agneau d’un blanc lumineux qui parle d’une «voix douce et onctueuse». Alors qu’ils discutent, soudain, «ce blanc lumineux et laiteux devint doré, sa taille changea et ce fut Aslan lui-même, les surplombant, et sa crinière étincela de lumière.»2 L’agneau de grâce est le lion de vérité. Parfois nous le voyons sous l’un ou l’autre de ces aspects. Mais il est toujours les deux.

L’équilibre spirituel La double spirale de l’ADN forme un équilibre parfait au cœur de la vie. Deux brins d’ADN s’enroulent l’un 2 C.S. Lewis, Voyage de la Belle Aurore, Paris, Père Castor Flammarion, 1983.

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autour de l’autre, formant un axe de symétrie. Les deux brins partent dans des directions opposées, permettant ainsi un parfait équilibre pour chacun d’eux. La grâce et la vérité sont l’ADN spirituel, les composantes de la vie centrée sur Christ. Ces brins complémentaires sont à la source de la stabilité et de l’équilibre spirituel parfaits. Bien que ces brins partent dans des directions opposées, ils se complètent parfaitement. Sans les deux brins, nous ne pouvons pas fonctionner correctement. Le défi est de trouver cet équilibre parfait. Ce n’est pas toujours facile, j’en ai fait l’expérience. En 1989 et 1990, je suis personnellement intervenu dans des cliniques spécialisées dans l’avortement pour défendre sans violence la vie des fœtus. A la suite de ces interventions, j’ai été arrêté plusieurs fois et envoyé en prison pour quelques jours. Je ne regrette pas ce que j’ai fait; je crois toujours que les fœtus sont précieux pour Dieu, leur Créateur. Cette vérité m’a poussé à dire et à faire des choses impopulaires, autant auprès des chrétiens que des non-chrétiens. C’est le fait d’essayer d’honorer à la fois la vérité et la grâce qui m’a attiré des ennuis. Je me suis demandé si ces fœtus sont réellement des enfants ou seulement des enfants «potentiels». «Ouvre ta bouche

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pour celui qui ne peut pas s’exprimer (…) et défends le malheureux et le pauvre» (Proverbes 31.8-9). Oui, ils ont besoin de personnes qui agissent ainsi. Je me suis senti poussé à montrer la grâce aux incroyants. Dans les cliniques spécialisées dans l’avortement, je n’ai jamais crié, je ne me suis jamais moqué de quiconque, je n’ai humilié personne. Je n’ai pas élevé la voix, je n’ai frappé personne ni dit quoi que ce soit de désagréable. Comme d’autres, j’ai cherché à partager la grâce du Christ dans ces cliniques spécialisées. J’ajoute que quelqu’un est venu à Christ juste à l’entrée d’une de ces cliniques. Il y a quelques années, une trentaine de manifestants militant pour l’avortement avaient organisé une sorte de piquet de grève devant l’église dont j’étais le pasteur à l’époque (et où je vais toujours). Quelle en était la raison? Il s’agissait d’une réaction liée au fait que certains membres de notre église se rendent dans des cliniques spécialisées pour l’avortement et offrent des alternatives en présentant l’Evangile quand ils le peuvent. Durant ces visites, ils brandissent parfois des panneaux qui portent des slogans tels que «Envisagez l’adoption», «Laissez vivre votre bébé» ou «Nous vous aiderons financièrement». Trois groupes en faveur de l’avortement avaient ce jour-là décidé d’unir leurs forces et de rendre à notre

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église «la monnaie de sa pièce». En ce dimanche matin pluvieux, le parking de notre église s’est trouvé envahi par ces trois groupes: Radical Women for Choice (Femmes radicalement pro-choix), Rock for Choice (Optez pour le choix), et The Lesbian Avengers (Les lesbiennes vengeresses). Comme nous avions entendu dire qu’elles allaient venir, nous avons sorti des beignets et du café. Au cours de cette manifestation, j’ai pu m’entretenir sous un parapluie pendant une heure et demie avec Charles, un des manifestants, qui tenait un panneau sur lequel était inscrit: «Conservons la légalité de l’avortement.» Nous avons un peu abordé la question de l’avortement et surtout nous avons beaucoup parlé de Jésus-Christ. Je lui ai présenté et expliqué l’Evangile. Il m’a donné son adresse. Plus tard, je lui ai envoyé certains de mes livres et de la littérature chrétienne. J’aimais bien cet homme. Mais pour quelqu’un qui croit comme moi qu’avorter, c’est tuer des enfants, c’était peut-être un peu étrange de servir du café et de tenir un parapluie à quelqu’un qui brandissait un panneau en faveur de l’avortement. En d’autres termes, imaginez la même scène avec une personne qui brandirait un panneau déclarant «Légalisez le viol» ou «Tuez les noirs»… Cependant, parce que c’était un moyen de partager la grâce du Christ, cela me semblait alors juste de le faire.

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Il n’y a pas que la vérité qui puisse nous mettre dans des situations délicates, la grâce aussi. Le matin de cette manifestation, des prédicateurs de rue sont arrivés avec des panneaux en criant «enfer et damnation» en direction des activistes pro-avortement. Leur message contenait de la vérité, mais leur approche manquait de grâce. L’un des prédicateurs de rue a interrompu une discussion que nous avions, ma fille et moi, avec quelques membres du groupe Lesbian Avengers; une discussion qui n’avait pourtant pas été facile d’obtenir avec elles. La porte du témoignage nous a alors été fermée en pleine figure par… des frères en Christ. Nous avons alors essayé de raisonner les prédicateurs de rue. Après tout, c’était notre église, et nous ne voulions pas qu’ils viennent hurler après nos «invités», même s’ils criaient la vérité. Ils ont coopéré pour la plupart, mais quelques-uns ont déclaré que nous délayions la vérité et que cela était une abomination de notre part que d’offrir des beignets et du café à des personnes qui avaient besoin d’être réprimandées. Le dimanche suivant, deux prédicateurs de rue ont manifesté devant notre église, nous reprochant nos «pathétiques» efforts d’évangélisation avec des beignets et du café. C’est alors que notre église a connu, après vingt-et-un ans sans manifestation, deux semaines consécutives d’attroupements. Tout d’abord par

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des incroyants radicalement libéraux, parce que avions dit la vérité, puis par des croyants radicalement conservateurs, parce que nous avions montré la grâce. C’est ainsi que nous marchons, comme sur une corde raide, entre vérité et grâce. Lorsque nous défendons la vérité, nous sommes méprisés par certains non-croyants (et même certains chrétiens). Et lorsque nous essayons de manifester la grâce, nous sommes méprisés par certains chrétiens (et même certains non-chrétiens). Lorsque nous essayons de vivre la grâce et la vérité, nous sommes considérés par certains comme trop radicaux et, par d’autres, comme ne l’étant pas assez. Certaines personnes détestent la vérité. D’autres détestent la grâce. Jésus, lui, aime les deux. Nous ne pouvons réduire ni l’une ni l’autre sans réduire la pensée de Jésus. Alors, un choix se présente à nous. Allons-nous passer notre vie à essayer de plaire à ceux qui détestent la grâce ou à ceux qui détestent la vérité? Ou allons-nous chercher à plaire à Celui -le seuldevant lequel nous aurons à être jugés: Jésus, qui est rempli de grâce et de vérité?

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3. Qu’est-ce que la grâce?

Nancy et moi avons passé une journée inoubliable en Angleterre avec un couple: Philippe et Marguerite Holder. Marguerite était née en Chine de parents missionnaires œuvrant pour la China Inland Mission. En 1939, lorsque le Japon a pris le contrôle de la Chine de l’Est, Marguerite, alors âgée de treize ans, a été retenue dans un camp d’internement japonais. Elle y est restée six ans, séparée de ses parents. Marguerite nous a parlé d’un homme pieux appelé Oncle Eric. Il lui donnait des cours particuliers, et il était profondément aimé par tous les enfants du camp. Quelle n’a pas été notre surprise d’apprendre qu’Oncle Eric n’était autre qu’Eric Liddell, «l’Ecossais volant», le héros du film Chariots de Feu! Liddell avait choqué le monde entier en refusant de courir le 200 mètres aux Jeux Olympiques de Paris en 1924, une course pour laquelle il était le favori. Il s’est retiré parce que l’épreuve de qualification était un dimanche.

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Liddell a gagné une médaille d’or et battu un record mondial, celui du 400 mètres, pour lequel il n’était cependant pas bien préparé. Plus tard, il est parti comme missionnaire en Chine. Lorsque la guerre s’est déclarée, il a envoyé son épouse enceinte et ses filles en lieu sûr. Emprisonné par les Japonais, il n’a jamais plus revu sa famille. Souffrant d’une tumeur au cerveau, Eric Liddell est décédé en 1945, peu après son quarante-troisième anniversaire. Baignée de larmes, Marguerite a poursuivi son récit: «C’était par un jour froid de février qu’Oncle Eric est mort.» Parfois, cela semblait insupportable pour lui comme pour Marguerite, d’être ainsi coupé de sa maison et de sa famille. Mais Marguerite parlait avec délice des «colis de subsistance tombant du ciel», des barils de nourriture et des provisions lancés par des avions américains. Un jour, Marguerite et les autres enfants étaient en rangs, comme d’habitude, pour le moment de l’appel. Soudain, ils ont vu un avion américain qui volait très bas. Ils l’ont regardé faire des cercles et lâcher ces extraordinaires barils de nourriture. Mais lorsque les barils ont touché le sol, les captifs se sont rendu compte qu’il y avait quelque chose de différent. Les yeux brillants, Marguerite nous a dit: «Cette fois-ci, les barils avaient des jambes!» Le ciel était rempli de soldats américains parachutés pour les sauver.

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Marguerite et plusieurs centaines d’enfants se sont alors précipités hors du camp devant les gardiens japonais qui n’offraient aucune résistance. Libres enfin après six ans d’emprisonnement, ils ont couru vers les soldats américains qui pleuvaient de partout autour d’eux. Ils se sont jetés dans les bras de leurs sauveteurs et les ont embrassés avec bonheur. Imaginez la joie des enfants! Imaginez la joie des soldats! Dieu se réjouit autant de la grâce qu’il nous offre que nous nous réjouissons nous-mêmes en la recevant. Qu’il descende du ciel pour nous libérer ou qu’il nous attire à lui dans la mort, nous serons sauvés et enfin réunis avec nos bien-aimés qui nous ont précédés. Nous serons ensemble dans la maison du Père.

Le prix de la grâce Jésus a été harcelé par les pharisiens, trahi par un ami, abandonné par ses disciples, brutalisé par les gardes, battu par ses inquisiteurs, déshonoré lors d’un procès truqué. Des hommes arrogants assis pour le juger, le couronnant d’épines, se moquant de lui, le méprisant. Le battant sans merci, le clouant sur une croix (la pire des tortures), exposé entre des voleurs. Horriblement assoiffé, complètement abandonné par son Père pour la première fois; tel est le tableau de la solitude la plus complète.

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L’enfer sur terre! Et pas seulement l’enfer d’un homme, mais l’enfer de milliards de personnes. A tout instant, en un millième de seconde, il aurait pu appeler des légions d’anges pour le délivrer et détruire ses ennemis. Au lieu de cela, il porte pour toujours sur lui les marques du péché, de la rébellion, de la moquerie, et de la haine… les marques de la grâce de Dieu. Le coût de la rédemption ne peut être exagéré. On n’insistera jamais assez sur le miracle de la grâce. Christ a accepté l’enfer qu’il ne méritait pas, pour que nous puissions aller au ciel que nous ne méritions pas. Si la pensée de la grâce ne vous stupéfie pas, c’est que vous ne comprenez pas réellement ce que vous offre la grâce, quel en a été le coût pour Jésus. En 1987, la petite Jessica, âgée de dix-huit mois, est tombée dans un puits de sept mètres, au Texas. Les sauveteurs ont travaillé sans répit pour la secourir. Au bout de cinquante-cinq heures éreintantes, avec la vie de cette petite fille en jeu, ils ont enfin réussi à l’atteindre et à l’extraire du puits. La nation tout entière a poussé un soupir de soulagement et a acclamé les héros. Voici à présent le récit fictif de cette histoire: «Un bébé du nom de Jessica a hissé son petit corps de dixhuit mois, millimètre par millimètre, vers le haut d’un puits de sept mètres, avec l’aide de ses petits orteils. C’est un héroïne, cette petite Jessica!» Mais la vérité est

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que cette petite Jessica était absolument sans défense. Elle ne pouvait rien faire pour se sauver elle-même. Son sort était entre les mains des sauveteurs. Seule, Jessica n’avait aucune chance de s’en sortir. De la même manière, en ce qui concerne notre salut, nous sommes absolument impuissants. C’est la grâce seule: «En effet, alors que nous étions encore sans force, Christ est mort pour des pécheurs au moment fixé.» (Romains 5.6) Nous ne recevons pas plus d’applaudissements pour notre rédemption que la petite Jessica en a reçus pour avoir été sauvée. Dieu seul mérite une ovation. Dans l’histoire de la rédemption, il est le seul héros. Cela ne lui a pas coûté cinquante-cinq heures de dur labeur, cela lui a TOUT coûté. Voulons-nous le remercier maintenant?

Un misérable tel que moi Lors d’une conférence, avant que je ne prenne la parole, une soliste a chanté l’un de mes cantiques préférés: «Amazing Grace» (Grâce Infinie). C’était magnifique, du moins, jusqu’à ce qu’elle n’arrive au dixième mot:«Grâce infinie, ô quel beau don, pour une âme telle que moi!» A cet instant, mon cœur s’est serré. Le mot «misérable», avait été supprimé! J’ai alors pensé à John Newton, l’auteur de ce cantique. Cet ancien marchand d’esclaves, coupable des péchés les

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plus ignobles, savait qu’il était un misérable. Et c’est justement cela qui rend la grâce de Dieu si étonnante. Epoustouflante. Impressionnante. Renversante. Si nous ne sommes rien de plus que des âmes moralement neutres, qu’est-ce que cela change? Cela vide la grâce de Dieu de tout son sens. Plus nous sommes bons, moins nous en avons besoin, moins cela nous semble étonnant. (Remplaçons un instant, dans cette histoire de sauvetage, la petite Jessica par Oussama Ben Laden et nous aurons une meilleure image de la rédemption.) La Bible présente une déclaration stupéfiante: «Voici comment Dieu prouve son amour envers nous: alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous» (Romains 5.8). En supprimant le mot «misérable» de ce cantique, on diminue la grâce. On la réduit à quelque chose de plus sensé, de moins surprenant. Si nous n’étions pas si mauvais sans le Christ, pourquoi a-t-il dû endurer la croix? Paul a dit que si les hommes étaient assez bons, alors «Christ est mort pour rien» (Galates 2.21). La grâce n’ignore jamais la terrible vérité de notre dépravation. En fait, elle la souligne. Plus nous réalisons que nous sommes mauvais, plus nous nous rendons compte de la grandeur de la grâce de Dieu pour nous. La grâce ne signifie pas que Dieu baisse ses critères. Dieu

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remplit ses critères par le moyen de la souffrance de substitution de Celui qui a lui-même établi ces normes. Christ est allé à la croix car il n’ignorait pas la vérité de sa sainteté et de notre péché. La grâce n’ignore ni n’altère jamais la vérité. La grâce a donné ce que la vérité exigeait: le sacrifice ultime pour nos péchés. Pour certains, la mise en lumière de la dépravation humaine est une doctrine insultante; or, la saisir est libérateur. Pourquoi? Parce que lorsque je me rends compte que ce que je peux faire au mieux sans lui ne sont que des «objets impurs» à ses yeux (Esaïe 64.5), je comprends alors que je n’ai rien à offrir. C’est pourquoi mon salut dépend de lui et non de moi. Vous et moi, après tout, n’étions pas (ou n’êtes pas, si vous ne le connaissez pas encore) malades à cause de nos péchés; nous étions morts à cause de nos péchés (Ephésiens 2.1-3). Cela ne veut pas seulement dire que je ne méritais pas le salut; mais que j’étais tout à fait incapable de le gagner par moi-même. Les cadavres ne peuvent pas ressusciter des morts par eux-mêmes. Quel soulagement que de se rendre compte que je ne peux pas gagner mon salut par mes bonnes œuvres, et donc que je ne peux pas non plus le perdre par mes mauvaises œuvres. Si nous voyons Dieu tel qu’il est, et nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes vraiment, seule une réponse est appropriée: louer

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Dieu. Un jour, j’ai entendu quelqu’un dire: «Seuls les humbles sont sensés.» Je suis d’accord. L’humilité ne consiste pas à prétendre que nous sommes indignes parce que c’est la bonne attitude à avoir spirituellement; l’humilité, c’est reconnaître que nous sommes indignes parce que c’est vrai.

Grâce et gratitude «Qui lui a donné le premier, pour être payé en retour?» (Romains 11.35). Voici la réponse: personne! Dans notre culture règne un esprit pernicieux de droits individuels. Nous pensons toujours que nous méritons plus. Nous sommes déçus par notre famille, nos voisins, notre église, la serveuse, le vendeur, notre garagiste. En fin de compte, nous sommes déçus par Dieu. Il ne nous a pas donné tout ce que nous voulions. Quelle folie! Si seulement nous pouvions voir clairement notre situation, ne serait-ce qu’un instant. Nous méritions l’exclusion définitive; il nous donne un diplôme. Nous méritions la chaise électrique; il nous offre un défilé d’honneur. Seule une immense gratitude et une immense reconnaissance devraient être envisageables. Il ne nous doit rien. Nous lui devons tout. Lorsque nous nous rendons compte que nous ne méritons rien de mieux que l’enfer, cela présage une «mauvaise journée» en perspective, n’est-ce pas?

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Les chrétiens au Soudan, qui ont souffert effroyablement pour leur foi, sont profondément reconnaissants à Dieu pour ses bénédictions de chaque jour. Et nous? Nous nous plaignons et nous faisons la moue. La reconnaissance devrait nous distinguer d’un monde sans Christ. Si le même esprit de droits et d’ingratitude qui caractérise notre culture nous caractérise nous aussi, qu’avons-nous alors à offrir? Alors que si je saisis que je mérite l’enfer, je suis rempli de gratitude, non seulement pour les immenses bénédictions de Dieu, qui incluent ma rédemption et ma place au ciel, mais aussi pour ses plus petites bénédictions telles que le soleil, la pluie, un cœur qui bat, des yeux qui voient, des jambes qui marchent, un esprit qui pense. Et combien, même si je n’ai pas tout cela, je suis bouleversé de savoir que j’ai tellement d’autres choses que je ne mérite pas. Parce que le Christ s’est laissé accabler par le poids de mon péché, je peux pour toujours jouir du corps qu’il me donne et d’un esprit bien disposé. Imaginez un grand roi généreux. Pendant son règne, il apprend que ses sujets se sont révoltés. Il envoie alors des messagers pour se renseigner, mais les rebelles les tuent. Alors, il envoie son propre fils bien-aimé: le prince. Ils l’assassinent brutalement et pendent son corps sur la muraille de la ville.

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A présent, à quoi nous attendre de la part du roi? Qu’il envoie ses armées et se venge, n’est-ce pas? Qu’il tue tous ces rebelles! Qu’il réduise leurs villages en cendres! Ce roi a certainement le pouvoir et le droit de se venger de la sorte. Que penser alors si le roi renverse la situation et offre le pardon total à ces criminels? «J’accepte que mon fils, que vous avez assassiné, soit le paiement de toute votre rébellion. Vous êtes libres. Tout ce que je vous demande, c’est que vous admettiez vos transgressions et acceptiez le rachat de mon fils pour votre pardon.» Inimaginable! Nous serions stupéfaits, sidérés, d’entendre cela, n’est-ce pas? Mais le roi ne s’arrête pas là. «J’invite tous ceux qui le désirent à venir vivre dans mon palais, à manger à ma table et à profiter de tous les plaisirs de mon royaume. Je vous adopterai comme mes propres enfants. Je ferai de vous mes héritiers, afin que tout ce qui est à moi soit à vous pour toujours.» Incroyable! Ensuite, il ajoute: «Je ne vous forcerai pas à accepter mon offre, toutefois, la seule alternative est de passer le reste de vos jours en prison. A vous de choisir.» Pouvons-nous imaginer que quelqu’un réponde: «Comment ce roi ose-t-il envoyer quiconque en prison? Quel tyran cruel!»?

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C’est la grâce de Dieu pour nous. Si cela ne vous dépasse pas, c’est que vous n’avez encore rien compris. Comme la grâce peut être à ce point incompréhensible pour nous, nous faisons tout pour ne pas avoir l’air si mauvais que ça, et pour que l’offre de Dieu n’ait pas trop une apparence contraire à toute logique. Avec cette façon de penser, nous altérons l’Evangile; nous ne nous considérons pas comme indignes et impuissants. Nous ne sommes plus des misérables, nous sommes des «âmes mal guidées». Et la grâce n’est plus la grâce. La pire chose que l’on puisse enseigner à quelqu’un, c’est que l’être humain est bon sans Jésus. En fait, Dieu n’offre pas plus sa grâce à des personnes bonnes, qu’un médecin offrirait une opération chirurgicale pour sauver la vie d’une personne en bonne santé. Jésus a dit: «Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs, à changer d’attitude.» (Luc 5.31-32) Ne croyons rien au sujet de nous-mêmes ou de Dieu qui nous conduirait à penser ou à croire que la grâce de Dieu est autre que quelque chose de totalement stupéfiant. Car c’est exactement ce qu’elle est: stupéfiante.

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4. Qu’est-ce que la vérité?

Marty, un homme d’affaires participant à notre groupe biblique de maison, nous a décrit comment son patron faisait des promesses à ses clients que l’entreprise ne pouvait pas honorer par la suite. Notre groupe a suggéré qu’il affronte son patron sur ce sujet. Si ce dernier ne décidait pas de changer son éthique dans le monde des affaires, Marty prendrait alors la décision de lui présenter sa démission. Cela semblait risqué d’encourager Marty à prendre une telle position pour défendre la vérité. Après tout, il était un homme très sympathique, mais il n’était pas croyant. Nous aurions pu raisonner: «N’imposons pas la vérité à Marty. Il n’a besoin d’entendre parler que de la grâce.» Le lendemain, Marty m’a appelé. «En écoutant le groupe, j’ai réalisé que vous aviez quelque chose dont j’ai vraiment besoin.» Nous avons alors décidé de déjeuner ensemble. Je lui ai présenté Celui qui est rempli de grâce et de vérité. A un moment donné, nous avons

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incliné nos têtes; Marty s’est repenti de ses péchés, et, dans ce restaurant, il a donné sa vie à Christ. Dieu a utilisé le pouvoir persuasif de la vérité chrétienne, calmement expliquée par les membres de notre étude biblique. Marty a été amené à la grâce par la vérité.

Les garde-fous de la vérité La vie avec Dieu ne devrait pas se centrer sur ce que nous évitons, mais à qui nous nous attachons. Chaque fois que nous parlons davantage de ce qu’il faut faire ou ne pas faire que de Jésus lui-même, quelque chose ne va pas. La vie chrétienne est bien plus que la «gestion du péché». Toute modification du comportement qui ne vient pas de la grâce de Dieu qui seule change le cœur est de l’autojustification pieuse, aussi répugnante pour Dieu que le pire des péchés que les âmes bien pensantes aiment à dénoncer. Les enfants qui grandissent dans un environnement où est prônée la vérité sans la grâce sont repoussés par un tel pharisaïsme et attirés en contrepartie par les substituts de grâce proposés habilement par le monde. Le bas niveau de moralité du monde et son mépris pour la vérité ne sont pas la grâce. La liber-

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té illusoire, cependant, donne une impression de grâce à celui qui a été martelé par une vérité sans grâce, qui a en quelque sorte reçu des «coups de glissière de sécurité» sur la tête. En fait, les personnes qui sont élevées dans une religion sans joie apprennent qu’il est inutile d’espérer arriver en haut d’une échelle de valeur aussi élevée, inatteignable, décourageante. «Pourquoi essayer? C’est impossible!» Mais, lorsqu’elles sont bien comprises, les vérités bibliques sont des «glissières de sécurité» (pour garder la même image) qui nous protègent et nous empêchent de tomber par-dessus la falaise. Un conducteur intelligent ne maudit pas les glissières de sécurité. Il ne se lamente pas: «Ce rail de sécurité a cabossé mon pare-choc!» Il regarde en bas de la falaise et y voit en contrebas des voitures démolies; il est alors reconnaissant de la présence de ces glissières, de ces garde-fous. Les rails de sécurité de la vérité sont là non pour nous punir mais pour nous protéger.

Comment définir la vérité Jésus a prié ainsi: «Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité» (Jean 17.7). La vérité, c’est bien plus que de simples faits. Ce n’est pas seulement une chose

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sur laquelle nous pouvons agir. C’est elle qui agit en nous. Nous ne pouvons pas changer la vérité, mais la vérité peut nous changer. Elle nous sanctifie, nous sépare des mensonges tissés par notre nature pécheresse et que le monde défend. Dieu a écrit sa vérité dans les cœurs humains (Romains 2.15). La honte et le remords viennent lorsque nous reconnaissons que la vérité a été bafouée. Lorsque les gens entendent la vérité présentée avec bienveillance, nombreux sont ceux qui se sentent attirés par elle à cause du vide moral qu’ils ressentent. Les cœurs aspirent à la vérité, même les cœurs qui la rejettent. Nous sommes appelés à marcher dans la vérité (3 Jean 1.3), à aimer la vérité et à croire la vérité (2 Thessaloniciens 2.10-12). Toute vérité a un centre de gravité, Jésus-Christ, qui a déclaré: «Je suis le chemin, la vérité et la vie» (Jean 14.6). Il n’a pas dit qu’il montrerait la vérité, ou qu’il enseignerait la vérité, ou qu’il modèlerait la vérité. Il est la vérité, la vérité personnifiée. Il est la source de la vérité et le point de référence pour évaluer toute revendication de vérité. C’est pourquoi, si nous n’avons pas compris qui est Jésus véritablement, le reste n’a pas d’importance, même si c’est juste. «Le Dieu de vérité» (Psaumes 31.6) «n’est pas un homme pour mentir, ni le fils d’un homme pour revenir

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sur sa décision» (Nombres 23.19). Le diable est un escroc, toujours là pour nier, réviser, détourner la vérité et changer les données. Jésus a dit de lui: «Il n’y a pas de vérité en lui.» Il l’a appelé «menteur et père du mensonge». Il a dit: «Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fond» (Jean 8.44). Satan est le roi de la tromperie. Il est éloquent, doux, persuasif, facile à croire; et nous sommes si crédules. Lorsque nous disons la vérité, nous parlons la langue du Christ. Lorsque nous disons des mensonges, nous parlons la langue de Satan. Nous pouvons, vous et moi, découvrir la vérité, mais nous ne pouvons pas la créer. Ce qui est vrai est vrai, et ce qui est faux est faux, pour nous tous, tout le temps. Notre culture considère la vérité comme quelque chose à l’intérieur de nous, sujet à révision selon notre croissance et notre discernement. L’Ecriture voit la vérité comme quelque chose à l’extérieur de nous, quelque chose que nous pouvons croire ou non, mais que nous ne pouvons jamais influencer. La vérité, ce n’est pas nos propres perceptions ou désirs. C’est toujours la Réalité, avec un «R» majuscule. Nous pourrions, pour la majorité d’entre nous, nous mettre d’accord et dire que nous aimerions que la loi de la gravité soit suspendue demain, mais notre décision n’aurait aucun impact sur la réalité. De

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manière générale, les pays occidentaux épousent des idéaux démocratiques. Cela nous donne l’illusion que nous devrions avoir notre mot à dire lorsqu’il s’agit de vérité. Mais l’univers n’est pas une démocratie. La vérité ne se mesure pas aux urnes. Nous confondons facilement ce que nous voulons croire comme étant vrai et ce qui est réellement vrai. C.S. Lewis a dit qu’il écrivait dans le but d’expliquer la simplicité du christianisme «qui est ce qu’il est et qui était ce qu’il était, bien avant ma naissance, que cela me plaise ou non.»1 Nous avons tous une théologie. La seule question est de savoir si elle est vraie ou fausse. De nos jours, une grande partie des enseignements est tournée vers la popularité et non vers la vérité. «En effet, un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine. Au contraire, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule d’enseignants conformes à leurs propres désirs.» (2 Timothée 4.3) Certains pasteurs et télévangélistes sont grassement payés pour traiter la vérité à la légère. Mais Charles Spurgeon a dit: «Le peuple de Dieu doit avoir un cœur intrépide, déterminé comme le lion, aimant Christ en 1 C.S. Lewis, Les Fondements du christianisme, Valence, Ligue pour la lecture de la Bible, 2007.

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premier, puis sa vérité, et Christ et sa vérité au-delà de toute chose.»2 Nous devrions emboîter le pas aux chrétiens de Bérée, qui «accueillirent la parole avec beaucoup d’empressement, et examinaient chaque jour les Ecritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact.» (Actes 17.11)

La vérité fondamentale: Jésus est-il le seul chemin? La théologienne la plus influente en Amérique du Nord pourrait être Oprah Winfrey. Sa «spiritualité» est un fatras de psychologie, de guérison et de citations des Ecritures hors contexte. La méthode d’Oprah est une spiritualité bricolée, libérée de toute église. Tous les chemins mènent au ciel. Le karma? Bien sûr. Le destin? Pourquoi pas? La réincarnation? Peut-être. Et pourquoi pas ajouter aussi un peu de bouddhisme, d’hindouisme, de nouvel-âge et de philosophie de l’ange gardien. La foi d’Oprah n’a pas de forme. Elle ne fait que suivre les contours de la préférence individuelle. C’est une religion que chacun crée à sa manière, faite sur commande pour une culture post-chrétienne. Oprah 2 Charles Spurgeon, Morning and Evening, Geanies House, Fearn, Scotland, Christian Focus Publications Ltd., 1994, Morning April 5.

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ne parle pas de l’inspiration biblique, du péché de l’humanité, du caractère divin de Christ, de l’œuvre d’expiation substitutrice, du jugement final, de la résurrection ou de l’enfer. Pourquoi? Parce que ces concepts donnent une définition très précise de la spiritualité. Ce sont des vérités qui réfutent les systèmes de fausses croyances, dont celles défendues par son programme. Oprah dit: «La plus grande erreur des hommes est de croire qu’il n’y a qu’un seul chemin. En fait, il y a de nombreux chemins différents menant à ce que l’on appelle Dieu.»3 Non! Jésus n’a pas dit: «Je suis un chemin, une vérité et une vie» ou encore «Je suis un chemin pour aller au Père». Il a dit: «C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi.» (Jean 14.6) Elevés dans une culture qui condamne de tels modes de pensée estimés étroits et intolérants, de nombreux chrétiens en arrivent à trouver arrogant de dire que seuls les chrétiens iront au ciel. Cela serait certainement arrogant si c’étaient nous qui l’avions suggéré. Mais ce n’est pas nous. Nous ne faisons que répéter ce que Jésus a dit. Nous ne nous fions pas à nous-mêmes; nous nous fions à Dieu. Si cela dépendait de nous, nous 3 Cité par LaTonya Taylor, «The Church of O», Christianity Today, 1 April 2002, p. 45.

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aurions certainement trouvé quelque chose de plus populaire. Mais cela ne dépend pas de nous. Hélas, certains chrétiens trouvent maintenant inapproprié de partager Christ avec des personnes qui ont une autre foi. Lorsque des personnes du groupe Juifs pour Jésus viennent faire une campagne d’évangélisation, il y a toujours des chrétiens pour dire que nous «n’avons pas le droit» d’évangéliser des Juifs. Mais réfléchissons un instant… Si nous voyons une personne descendre des rapides en canoë et s’approcher à trente mètres d’une chute d’eau, nous allons peutêtre penser que si crions pour l’avertir et attirons son attention, cela aura pour conséquence de créer chez elle une grande anxiété. En revanche, est-ce que rester calme, lui sourire et la saluer de la main est la chose la plus charitable à faire? Bien sûr que non! Ce serait de l’indifférence ou de la pure lâcheté. Aller en enfer pour l’éternité n’est évidemment pas le meilleur pour qui que ce soit. Comment osons-nous, au nom d’une fausse grâce appelée «tolérance», retenir la vraie grâce par laquelle Jésus est venu pour nous sauver?

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5. Voyons la grâce de plus près

Wesley Allan Dodd avait torturé, abusé et assassiné trois petits garçons à Vancouver, dans l’état de Washington, à 25 kilomètres de chez nous. Il était prévu que Dodd soit pendu peu après minuit, le 4 Janvier 1993. C’était la première pendaison depuis trente ans aux Etats-Unis. Ce soir-là, au dîner, nos deux filles, âgées de onze et treize ans, ont prié sincèrement pour que Dodd se repente et mette sa foi en Christ avant de mourir. J’étais d’accord avec leur prière… mais seulement parce que je savais que c’était mon devoir. Cette nuit-là, je suis resté éveillé et me suis rendu sur place. Des reporters de tout le pays étaient rassemblés autour de la prison. Douze envoyés spéciaux assistaient en direct à l’exécution. Lorsqu’ils sont sortis, trente minutes après le décès de Dodd, ils ont relaté l’expérience. L’un d’eux a lu les derniers mots de Dodd: «Je croyais qu’il n’y avait pas d’espoir ni de paix. Je me trompais. J’ai trouvé l’espoir et la paix dans le Seigneur Jésus-Christ.»

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Des cris d’indignation éclatèrent dans l’assistance. La colère était palpable. «Comment quelqu’un qui avait fait une chose aussi terrible pouvait-il oser dire qu’il avait trouvé l’espoir et la paix en Jésus?» Pensaitil vraiment que Dieu le laisserait entrer au ciel après tout ce qu’il avait fait? «Tais-toi et va en enfer, tueur d’enfants! Tu ne t’en sortiras pas aussi facilement!» Voilà ce qu’on entendait. L’idée même que Dieu pouvait offrir sa grâce à Dodd était tout à fait choquante. Et pourtant… Jésus n’est-il pas mort pour les péchés de Dodd tout autant que pour les miens? Il n’y a pas de péché trop grand pour le Sauveur. La grâce n’est absolument pas de ce monde. Je luttais avec l’idée que Dieu puisse sauver Dodd seulement parce que je pensais trop à moi-même et pas assez à mon Seigneur. Dans mon esprit, Dodd et moi étions aussi loin l’un de l’autre que le pôle nord du pôle sud. Mais lorsque l’on considère à des années lumière le point de vue de Dieu, cette distance est négligeable. Lorsque je me tiens devant le Dieu saint, sans Christ… je suis Dodd; je suis Dahmer1; je suis Mao. Cette pensée m’horrifie, mais elle est vraie. Il en va de même pour Florence Nightingale2 et Mère Thérésa. 1 Tueur en série américain. 2 Pionnière britannique des soins infirmiers modernes.

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Ce n’est pas une hyperbole; c’est une vérité biblique. Tant que nous n’aurons pas compris que nous sommes exactement de la même souche (c’est-à-dire de l’humanité déchue) que Dodd, Hitler et Staline, nous ne pourrons jamais comprendre la grâce du Christ. Nous disons que nous voulons que justice soit faite? Nous voulons que Dodd et tous ses congénères reçoivent ce qu’ils méritent? Attention! Voulons-nous, nous aussi, recevoir ce que nous méritons? C’est un mot de cinq lettres: l’enfer. Ce sont nos péchés, incluant notre propre justice, tout autant que les péchés de tout tueur d’enfants, terroriste, tyran ou auteur de génocide, qui ont cloué Jésus sur la croix. Soyons reconnaissants de ne pas recevoir ce que nous méritons! Si Dieu n’est pas assez puissant pour sauver Dodd et Dahmer, alors il n’est pas assez puissant pour me sauver moi-même.

La grâce présente et future Après avoir dit que Jésus était rempli de grâce et de vérité, Jean a ajouté: «Nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce» (Jean 1.16). Les vagues s’écrasent l’une après l’autre sur la plage, avant que la précédente ait fini de se retirer. Il en va de même

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pour la marée de la grâce de Dieu qui ne cesse d’amener ses bénédictions l’une après l’autre. Nombreux sont ceux qui ne pensent à la grâce qu’au passé. Mais la grâce ne s’est pas terminée le jour où le Christ a payé le prix de notre sortie de l’enfer. Des agences spécialisées essaient de retrouver des gens qui possèdent des comptes bancaires importants auxquels personne n’a eu accès depuis vingt ou cinquante ans. Cet argent, parfois des millions de dollars, reste là, intact, accumulant des intérêts. Lorsqu’enfin des héritiers sont retrouvés, ils vivent parfois dans une extrême pauvreté, alors qu’une grande richesse leur était toute accessible… si seulement ils l’avaient su. Il en va de même pour nous. Souvent, nous ne comprenons pas réellement combien la provision de grâce est abondante. En conséquence, nous vivons dans un état de pauvreté spirituelle. Or, nous avons à notre disposition —maintenant et à jamais— toute la grâce dont nous pouvons avoir besoin. Il nous suffit de la demander. La grâce de Dieu n’a pas cheminé avec nous pour ensuite nous laisser nous débrouiller seuls. La grâce ne nous a pas seulement justifiés dans le passé; elle nous soutient aussi dans le présent et nous délivrera dans le futur. Spurgeon a dit: «Notre Seigneur Jésus donne constamment et ne retire pas sa main, ne serait-ce que pour un court instant… La pluie de sa grâce tombe

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toujours, le fleuve de sa bonté coule à jamais, et la source de son amour est constamment débordante. Comme le Roi est immortel, ainsi en est-il de sa grâce qui ne manquera jamais.»3 Il est probable que le plus grand héritage que puissent donner des parents à leurs enfants soit la capacité à percevoir la multitude des bénédictions quotidiennes de Dieu, et à y répondre avec une gratitude continuelle. Nous devrions «abonder en actions de grâces» (Colossiens 2.7). Jésus a dit: «Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans le ciel» (Luc 10.20). Si nous avions vraiment saisi la grâce de Dieu, ne serait-ce qu’un tout petit peu, nous tomberions à genoux et nous verserions des larmes. Puis notre reconnaissance s’exprimerait par nos danses, nos rires, nos cris de joie; nous nous regarderions les uns les autres en disant: «C’est incroyable! Nous sommes pardonnés! Nous allons passer l’éternité au ciel!» Que pourrions-nous faire de moins?

Grâce et pardon Nombreux sont ceux qui entendent Dieu leur dire: «Fais-en plus» et «Fais mieux». Mais ils ne l’entendent jamais dire: «Je l’ai fait à ta place. Repose-toi.» Pour 3 Spurgeon, Morning and Evening, Morning May 16.

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tant, c’est bien cela que Jésus voulait dire lorsqu’il a dit: «Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau… Acceptez mes exigences et laissez-vous instruire par moi… En effet, mes exigences sont bonnes et mon fardeau léger.» (Matthieu 11.28-30) Il y a un contraste saisissant entre ce message et celui sous le fardeau duquel travaillent d’innombrables chrétiens: «Fais de ton mieux!» De nombreuses religions offrent constamment des programmes d’autoperfectionnement, avançant toujours mais sur un tapis roulant, additionnant les kilomètres mais ne finissant jamais le travail. Dieu nous invite: «Vous tous qui avez soif, venez vers l’eau, même celui qui n’a pas d’argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait sans argent, sans rien payer!» (Esaïe 55.1) Nous n’avons besoin que d’une chose pour apprécier la grâce de Dieu: être complètement démunis… et en être conscients. Le mot grec «teleo» était couramment écrit en travers d’une reconnaisance de dette lorsque cette dernière était annulée. Cela signifiait: «payé complètement». Juste avant sa mort, le Christ s’est écrié: «Teleo», «Tout est accompli» (Jean 19.30). Le Christ est mort pour qu’il puisse être écrit une fois pour toutes sur la «reconnaissance de dette» listant nos péchés: «Payé complètement».

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Bien que le pardon ait été offert, il n’est pas nôtre tant que nous ne l’avons pas accepté. Les tribunaux ont décrété qu’un pardon n’est valide que si le coupable le reçoit. Le Christ offre le cadeau du pardon à chacun de nous, mais l’offre en elle-même ne le rend pas nôtre. Pour être pardonnés, nous devons accepter le pardon. Un ami m’a raconté qu’il avait si souvent manqué à ses engagements envers Dieu qu’il ne se sentait plus digne de la grâce de Dieu. Mais, en fait, il n’en avait jamais été digne, même auparavant! Et moi non plus, d’ailleurs. La grâce signifie que le Christ a payé notre dette à notre place. Nous n’avons rien à faire, sauf accepter avec joie ce qu’il a fait pour nous. L’apôtre Paul était lui-même un assassin. Cependant, Dieu ne lui a pas seulement pardonné; il l’a élevé et lui a donné une place de leader dans l’Eglise. La grâce du pardon de Dieu n’a pas de limites. Le monde dans lequel nous vivons verse de l’eau froide sur les feux de la grâce et de la vérité. Comme des morceaux de charbon embrasés demeurent chauds lorsqu’ils sont les uns près des autres, nous avons besoin de nous réunir avec d’autres pour célébrer la grâce et la vérité du Christ. Une bonne église nous enseigne la vérité biblique et nous procure aussi de la grâce, de l’acceptation et du soutien.

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Grâce infinie Imaginez un armateur anglais cruel transportant dans ses navires des esclaves africains pour les vendre aux enchères comme des animaux. Imaginez, plus tard, ce même homme écrire les paroles du chant le plus célèbre des noirs anglophones du monde entier. Impensable, non? Ce chant, c’est «Amazing Grace» («Grâce infinie»). Dans certaines églises noires, on le chante chaque dimanche. Parfois, les fidèles le chantent et le rechantent pendant dix ou quinze minutes. De nombreux afro-américains aiment ce chant plus que tout autre, alors même qu’il a été écrit par un blanc qui vendait des esclaves noirs et les traitait comme des moins que rien. Comment expliquer cela? Simplement, de la même manière que les chrétiens à travers les siècles ont conservé précieusement les lettres de Paul qui, par zèle, tuait les premiers chrétiens. C’est inclus dans les paroles: «Grâce infinie, si douce est la musique Qui a sauvé une épave comme moi! Jadis, j’étais perdu mais aujourd’hui il m’a trouvé, J’étais aveugle, mais maintenant je vois.» L’homme qui maltraitait ces esclaves est aussi celui qui a écrit ce chant; il portait le nom de John Newton.

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Il a le même ADN, mais celui qui a écrit ce cantique était un homme nouveau. Il est devenu pasteur et a lutté contre le commerce des esclaves. A l’âge de quatre-vingt-deux ans, Newton qui était devenu aveugle, a dit peu avant de mourir: «J’ai presque perdu toute ma mémoire, mais je me souviens de deux choses: que je suis un grand pécheur et que le Christ est un grand Sauveur.» «Grâce Infinie» m’émeut plus que tout autre chant. Cet hymne a été enregistré plus que tout autre hymne. On peut le chanter lors d’un événement laïc ou d’un concert religieux ou non, et chacun retient son souffle. Les yeux se remplissent de larmes. Et pas seulement les yeux des chrétiens. La grâce, c’est ce que les cœurs réclament à grands cris! La grâce, c’est ce dont rêvent les gens, même ceux qui ne connaissent pas Jésus. Et même surtout ceux qui ne connaissent pas Jésus.

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6. Voyons la vérité de plus près

Un jour, j’ai pris l’avion pour me rendre dans une église qui m’avait invité à apporter une prédication lors de son culte du dimanche matin. Après avoir quitté l’hôtel, je suis allé en voiture à l’église en compagnie d’un homme qui occupait une position importante dans cette église. Je savais par les médias que cet homme avait été accusé d’avoir déformé certains détails-clé de sa vie; alors je lui ai posé quelques questions sur les charges qui pesaient sur lui. Il a admis avoir dit et écrit des choses qui n’étaient pas vraies, mais cela ne semblait pas le gêner. Je lui ai dit, calmement, que je pensais qu’il devrait se repentir et demander publiquement pardon pour sa malhonnêteté. Il n’a rien répondu et nous avons continué en silence notre trajet vers l’église. Quelques minutes après notre arrivée, j’ai été conduit jusqu’au bureau du pasteur principal, où nous avions prévu prier ensemble avant que je ne prêche durant le culte.

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Juste après mon entrée dans son bureau, le pasteur a claqué la porte derrière moi. J’ai alors eu la surprise de voir son visage devenir tout rouge et ses veines se gonfler. Il a pointé son index vers moi. «Pas question que je vous laisse prêcher depuis ma chaire!» a-t-il proféré d’une voix tonitruante. C’est alors que, du coin de l’œil, j’ai vu dans son bureau l’homme que je venais de confondre dans la voiture. Le pasteur m’a expliqué que je n’avais pas le droit de remettre en question l’intégrité de notre frère. Le pasteur était tout à fait au courant de la réputation de cet homme, mais il pensait que cela ne me regardait pas. Nous avons quitté le bureau, le pasteur toujours bouillonnant. Au début du culte, le pasteur a pris le micro et a parlé d’une voix devenue douce et «spirituelle». Il a présenté l’homme que j’avais confondu. Cet homme a dirigé le moment des offrandes en encourageant les fidèles à donner généreusement. Le pasteur s’est alors adressé aux membres de l’église en disant qu’il sentait la «direction du Saint-Esprit» pour consacrer ce culte au partage et à la guérison. Pour cette raison, malheureusement, il ne resterait plus de temps pour écouter le conférencier invité, c’est-à-dire moi… Durant mon long trajet de retour, je pensais avec effarement à quel point des dirigeants d’églises, qui devraient être les dépositaires de la vérité de Dieu,

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pouvaient considérer la vérité avec un mépris aussi flagrant. Ce problème n’est pas nouveau. En effet, voici ce que dit l’Eternel, le maître de l’univers, le Dieu d’Israël: «Ne vous laissez pas tromper par vos prophètes, et ne faites pas attention aux rêves que vous faites! En effet, ce sont des mensonges qu’ils vous prophétisent comme si cela venait de moi. Je ne les ai pas envoyés, déclare l’Eternel» (Jérémie 29.8-9). Nous voyons donc qu’un orateur peut être populaire, un sermon peut être très apprécié, un livre peut devenir un best-seller dans les librairies chrétiennes, et pourtant, être remplis de mensonges.

Pourquoi dire la vérité? Des historiens reconnus sont des plagiaires. Des hommes politiques s’inventent des exploits. Des «spécialistes en recrutement» embellissent des curriculum vitæ. Des employés se font porter malades alors qu’ils s’absentent pour jouer au golf. Les publicités nous promettent monts et merveilles si nous achetons telle voiture ou si nous buvons telle bière. Nous avons tellement l’habitude que l’on nous mente, et nous sommes tellement enclins à la fausseté, qu’il nous est difficile de discerner ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

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Un sondage mené aux Etats-Unis révèle que plus de soixante pour cent de personnes interrogées déclarent qu’elles mentiraient si cela sert leurs intérêts et ne fait de tort à personne. Dans le même sondage, un peu plus de cinquante pour cent des personnes affirment qu’elles pourraient tromper leurs conjoints en ajoutant qu’elles pensent qu’il est fort probable que leurs conjoints font ou feraient de même. Seulement trente pour cent sont d’accord sur le fait que «l’honnêteté paie». Lorsqu’on a demandé à ces personnes ce qu’elles feraient pour dix millions de dollars, vingt-cinq pour cent ont dit qu’elles abandonneraient leur famille, vingt-trois pour cent qu’elles se prostitueraient pour une semaine ou plus, et sept pour cent qu’elles assassineraient un inconnu.1 De quoi frémir… Autrefois, il y avait une morale collective. Tout le monde ne suivait pas ces critères, mais chacun les reconnaissait. Les paroles de Juges 21.25 semblent étrangement prophétiques pour notre époque: «A cette époque-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon.» Il y a des années, à l’occasion de vacances en famille, je m’étais renseigné pour emmener ma famille faire un tour en bateau. Plusieurs propositions publici1 James Patterson and Peter Kim, The Day America Told the Truth, New York, Prentice Hall Press, 1991, p. 25-26, 49, 66.

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taires étaient offertes dont l’une qui offrait un périple en bateau pour quinze dollars au lieu de soixante si j’étais d’accord pour m’asseoir et écouter une vente publicitaire. Tout ce que j’avais ensuite à faire était de signer un document déclarant que j’avais un certain revenu. Quand j’ai expliqué que je n’avais pas autant d’argent que le montant mentionné sur le document, le vendeur m’a répondu: «Pas de problème. Dites juste que vous l’avez, et ce sera ok». J’ai répondu que ce n’était pas «ok». C’était un mensonge. «Ecoutez, m’a expliqué le vendeur, ces gens qui vendent des croisières vous arnaqueraient en un clin d’œil, ils vous mentiraient sans vergogne, alors...» J’étais censé me sentir coupable, ou du moins incroyablement stupide, pour dire la vérité. J’ai alors descendu la rue vers un autre vendeur. Celui-là proposait des billets demi-tarif pour les enfants de moins de douze ans. «Quel âge ont vos enfants?» m’a demandé le vendeur. J’ai répondu que l’une avait onze ans, et l’autre, qui se tenait à mes côtés, avait treize ans. «Pas de problème, m’a-t-il assuré, dites qu’elle en a douze. Ils ne le sauront pas.» «Mais ce n’est pas vrai, ai-je rétorqué.» «Et alors, qu’est-ce que ça change? a surenchéri le vendeur.» «Il est important de dire la vérité. Nous essayons d’enseigner cela à nos enfants, ai-je ajouté.» Après

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notre départ, il a remué la tête tout en grommelant tout bas. La famille de ma femme a un studio sur la côte de l’Orégon. Chaque année, il y a le défilé du 4 Juillet. Les gens sur les chars et camions jettent à la foule des centaines de caramels salés. Un an après le défilé, les rues étaient encore recouvertes des papiers d’emballage des caramels. Des centaines, partout. S’il n’y en avait eu que quelques-uns, je ne les aurais sans doute pas remarqués, mais d’en voir autant accumulés était impressionnant. Cette jolie petite ville du bord de mer était devenue hideuse. Il en va de même pour les mensonges. Ils s’empilent. Prenez chaque mensonge et multipliez-le par des dizaines de millions dans le monde des affaires, à l’école, dans la famille et au gouvernement, et vous aurez une dégradation morale monumentale. C’est comme être saigné à mort par des dizaines de milliers de coupures. Lors de son discours, quand il a reçu le Prix Nobel, Aleksandr Soljenitsyne a déclaré: «Un seul mot de vérité l’emporte sur le monde entier.» Que voulait-il dire? Que la vérité est plus grande que nous. Tout comme le mur de Berlin s’est finalement effondré, le poids des mensonges du monde entier peut s’effondrer sous le poids d’une simple vérité. La vérité résonne dans le

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cœur humain. Les gens peuvent y résister, mais c’est bien de la vérité dont ils ont besoin, car c’est la vérité qui libère. Tragiquement, les chrétiens peuvent mentir autant que les non-chrétiens. Des orateurs chrétiens déforment régulièrement la vérité. Le nom de célébrités chrétiennes apparaît en gros titres sur des livres qu’ils n’ont pas écrits eux-mêmes. Des leaders chrétiens s’attribuent le mérite d’articles écrits par leurs assistants. Des facultés chrétiennes de culture générale publient régulièrement des déclarations de doctrine que de nombreux membres de la faculté ne croient ni n’enseignent. Certains musiciens chrétiens recueillent des offrandes pour des enfants dans le besoin, sans révéler qu’ils en gardent vingt pour cent pour eux-mêmes. Lorsque nous négligeons de dire la vérité, nous négligeons aussi de représenter Jésus, qui est la Vérité.

La vérité sur le campus Les étudiants d’université, qui étaient autrefois des «quêteurs de vérité», ont maintenant l’esprit tellement «ouvert» qu’ils n’évaluent même plus de façon critique ce qui relève de la vérité dans telle ou telle déclaration. Ils restent assis passivement pendant que des professeurs affirment l’évolution aléatoire de for-

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mes de vie complexes. On ne cite guère les découvertes biochimiques révélant l’irréductible complexité de la cellule vivante, réfutant ainsi les théories de l’évolution du darwinisme et constituant une preuve scientifique incontestable d’une intelligence première au niveau de la création (créationnisme)2. De nombreux professeurs ne sont pas véritablement des chercheurs, mais plutôt les gardiens d’un certain immobilisme; ils sont hautement sélectifs sur le choix des «vérités» qu’ils acceptent de transmettre à leurs étudiants dans les salles de cours et les amphithéâtres. Dans son livre The Closing of the American Mind (La fermeture d’esprit de l’Américain), Allan Bloom dit: «Il y a une chose dont un professeur peut être absolument certain, c’est que presque tous les étudiants qui entrent à l’université croient, ou disent croire, que la vérité est relative.»3 Selon ces étudiants, le plus important n’est pas de trouver la vérité, mais de la chercher. Vraiment? Essayons d’appliquer le même raisonnement logique par exemple à notre recherche d’un emploi, d’une place de parking ou d’un objet flottant alors que nous sommes en train de nous noyer. 2 Voir Michael Behe, Darwin’s Black Box, New York, The Free Press, 1996; William Dembski, Intelligent Design, Downers Grove, Ill., InterVarsity Press, 1999. 3 Allan Bloom, The Closing of the American Mind, New York, Harcourt, Brace, 1963, p.156.

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«Il n’y a rien de tel que la vérité.» Est-ce vrai? Apparemment, non. Pourquoi irait-on à l’université pour apprendre quoi que ce soit de professeurs qui croient qu’il n’y a pas de vérité? «La vérité est tout ce que l’on croit sincèrement.» Selon cette logique, nous pouvons sauter du rebord d’une fenêtre en croyant sincèrement que nous ne tomberons pas, mais la loi de la gravité n’a que faire de notre sincérité. De plus, nous sommes loin d’être aussi sincères que nous l’imaginons, et même lorsque nous sommes sincères, nous pouvons nous tromper souvent.4 «Ce qui est vrai pour vous est vrai pour vous, et ce qui est vrai pour moi est vrai pour moi.» Ainsi, si deux personnes sautent d’un toit en même temps, l’une tombera car elle croit en la pesanteur, et l’autre flottera dans les airs puisqu’elle ne croit pas en la loi de la pesanteur. Des affirmations aussi stupides sont courantes sur certains campus. Ce qui est plus stupide encore, c’est que des parents et des étudiants paient des frais de scolarité très élevés pour avoir le privilège d’entendre de telles affirmations. Réfléchissons un instant. Peut-on vraiment parler d’éducation dans un tel environnement qui méprise l’existence même de la vérité? On peut enseigner des 4 J. Budziszewski, How to Stay Christian in College, Colorado Springs, Colo., NavPress, 1999, p. 68-78.

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faits, on peut acquérir des connaissances et des compétences, la propagande peut être diffusée et les diplômes distribués, mais il ne s’agit pas d’éducation. Dans de nombreuses salles de cours, ceux qui croient aux Ecritures sont couramment accusés d’arrogance. Jésus a dit que la Parole de Dieu est la vérité (Jean 17.17). Ce n’est pas de l’arrogance que de croire ce que la Bible enseigne. C’est tout le contraire. L’arrogance, c’est lorsque l’on essaie de façonner la vérité en fonction de nos préférences. Rejeter le Christ sous le prétexte qu’il s’est trompé, ou rejeter la Bible sous le prétexte qu’elle n’a guère de rapport avec les préoccupations d’aujourd’hui, voilà l’arrogance suprême. «Celui qui ne croit pas Dieu fait de lui un menteur, puisqu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils» (1 Jean 5.10). Qu’y aurait-il de plus arrogant ou de plus dangereux que de traiter Dieu de menteur? Selon le même sondage mentionné plus haut, seulement vingt-deux pour cent des adultes interrogés croient aux vérités morales absolues; ce chiffre tombe à treize pour cent parmi les personnes de moins trente-six ans. Etonnamment, seulement trente-deux pour cent croient aux vérités morales absolues parmi les personnes qui disent qu’elles «savent qu’elles iront au paradis après leur décès simplement parce qu’el-

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les ont confessé leurs péchés et accepté Christ comme leur Sauveur.» L’analphabétisme théologique et l’incrédulité ont augmenté de façon spectaculaire parmi les chrétiens évangéliques durant ces trois dernières décennies. Les églises recherchent désespérément un souffle frais de vérité et un enseignement dynamique de la doctrine biblique. Sinon, il est à craindre que nous (et nos enfants) n’aurons rien à offrir à ce monde privé de vérité.

La vérité et ses conséquences Mon père était la personne la plus hostile à l’Evangile que j’ai connue. Il m’avait prévenu de ne jamais plus lui parler de «ces trucs religieux». Alors qu’il avait quatre-vingt-quatre ans, on lui a diagnostiqué un cancer en phase terminale. Un jour, il m’a téléphoné, bouleversé. «Je t’appelle pour… te dire adieu. Je souffre terriblement. Je sais que c’est la fin. J’ai un pistolet contre ma tempe. Je suis désolé de te laisser avec un tel gâchis.» Je l’ai supplié de m’attendre. J’ai bondi dans ma voiture, j’ai fait en vingt minutes le trajet d’une demi-heure, j’ai bondi hors de ma voiture, et j’ai frappé de grands coups à sa porte. Pas de réponse. Tout en inspirant profondément, j’ai ouvert la porte. Sur le sol, j’ai vu un fusil de chasse et un pistolet. Tout

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en appelant mon père à grands cris, je suis entré dans sa chambre, m’attendant au pire, et je me suis cogné à lui alors qu’il en sortait. Je l’ai emmené rapidement à l’hôpital; il a alors été décidé qu’il serait opéré le lendemain matin. Je suis arrivé une heure avant son opération, en priant pour que, dans sa douleur et son désespoir, mon père se tourne vers Christ. Debout à côté de son lit, j’ai ouvert ma Bible à l’Epître aux Romains. J’ai commencé à lire au chapitre 3: «Il n’y a pas de juste, pas même un seul […]. Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» (versets 10 et 23). Ce n’étaient pas des mots faciles à lire. Mon père, propriétaire d’une taverne, avait toujours considéré comme une grande offense d’être appelé pécheur. Je voulais passer rapidement sur ce passage et arriver à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Mais je me suis forcé à continuer ma lecture, verset après verset, au sujet du péché humain. Pourquoi? Parce que, me suis-je dit, si j’aime vraiment Papa, je dois lui dire toute la vérité. Si Dieu veut opérer une conversion miraculeuse maintenant, c’est son travail. Mon travail à moi, c’est de dire ce que Dieu dit. Nous sommes arrivés à Romains 6: «Le salaire du péché, c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur.» Puis

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Romains 10, sur le passage qui dit comment être sauvé en confessant Jésus comme notre Seigneur, le Christ ressuscité. Finalement, j’ai regardé Papa dans les yeux et je lui ai demandé: «As-tu confessé tes péchés et demandé à Jésus-Christ de te pardonner?» «Non, dit-il d’une voix faible. Mais… je pense que c’est le moment de le faire.» Je n’oublierai jamais cet instant. L’impossible devenait réalité, juste sous mes yeux. Mon père a prié à haute voix, confessé ses péchés et placé sa foi en Christ, juste avant d’être emmené à la salle d’opération. Pour moi, l’ouverture de la mer Rouge paraissait dérisoire comparée à ce miracle. L’opération s’est bien passée. Dieu m’a donné encore cinq précieuses années supplémentaires avec mon père. Le jour de son décès, alors que je lui tenais la main, je savais qu’au ciel, je ne reverrai pas seulement ma mère, mais aussi mon père. Ce matin-là, à l’hôpital, j’avais souhaité minimiser la vérité du péché humain. Je voulais passer rapidement sur la vérité pour passer directement à la grâce. Cependant, sans la mauvaise nouvelle, il ne peut pas y avoir de bonne nouvelle. Sans la vérité de la sainteté de Dieu et la dure réalité de notre péché, la grâce du Christ n’a pas de sens.

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La pire chose que j’aurais pu faire à mon père, aurait été de céder à la tentation suivante: édulcorer la vérité. Cela aurait été plus facile pour moi sur le moment. Mais taire la vérité de Dieu à mon père aurait été lui taire aussi la grâce de Dieu.

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7. La grâce à laquelle nous aspirons

On raconte l’histoire d’une petite fille qui un jour à prié dans une église: «Seigneur, rends les mauvaises personnes bonnes et les bonnes personnes gentilles.» Elle avait sans doute dû voir des adultes au visage sévère la dévisager parce qu’elle avait osé bouger pendant le culte, bousculant ainsi les convenances. La vérité sans la grâce mène à un légalisme de Pharisien. Les gens se sentent comme des proies poursuivies par des lois créées de main d’homme. De longues listes d’interdictions et des visages longs éloignent les gens du Christ. Mais la grâce nous libère de l’esclavage et attire le monde à Christ. La vérité est la bonne directive. La grâce est une bonne nouvelle. La bonne directive n’est pas suffisante. Le cœur humain a soif d’une bonne nouvelle. Mon père, qui était propriétaire d’une taverne, était aussi fournisseur de tables de billard, de juke-box et de toutes sortes de jeux pour d’autres tavernes. Il m’emmenait parfois avec lui dans ses tournées. A l’âge

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de dix ans, je m’étais rendu dans plus de tavernes que la plupart des chrétiens dans leur vie entière. Et, pour dire la vérité, j’aimais énormément cela. Les hommes que je rencontrais là me demandaient de jouer au billard américain avec eux. Les serveuses m’invitaient à m’asseoir au comptoir et à discuter. Elles me donnaient une boisson gazeuse et du pop corn. Je me souviens que je me disais: «J’ai hâte d’avoir vingt et un ans pour pouvoir aller dans des tavernes quand je le voudrai.» Je suis devenu chrétien lorsque j’étais au lycée. J’ai très vite entendu un sermon au sujet des tavernes. J’imagine que le pasteur qui prêchait sur ce sujet n’avait probablement jamais vu ce que j’avais connu dans ce milieu: des personnes sympathiques qui s’écoutent, s’aiment, et qui sont généreuses de leur temps et de leur argent. Ces personnes qui fréquentent ces tavernes, pour la plupart, se sentent certainement mieux accueillies et acceptées dans un bar qu’à l’intérieur d’une église. C’est, encore récemment, ce que j’ai pu constater. En disant cela, je ne suis pas en train d’idéaliser les tavernes. Je dis que Jésus, qui avait la réputation de consacrer du temps aux pécheurs, aurait probablement prononcé beaucoup plus de discours contre les églises légalistes que contre les tavernes!

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Les Misérables Pourquoi l’histoire de Victor Hugo, Les Misérables, continue-t-elle d’avoir un tel succès populaire en tant que roman, pièce de théâtre et film? Pourquoi est-elle lue et relue? Pourquoi fait-elle pleurer? Transformé par la grâce d’un évêque qui le protège des conséquences de son vol, Jean Valjean se fait une nouvelle vie en tant qu’homme d’affaires, maire et bienfaiteur. Mais il est traqué inlassablement par Javert, un inspecteur de police, le légaliste suprême, qui est convaincu que la loi doit être accomplie à la lettre. Valjean sauve la vie de Javert. Il libère l’homme qui constitue le seul obstacle à sa liberté, celui qui a le pouvoir de le détruire. Incapable de comprendre une grâce aussi surprenante, Javert met fin à ses jours, rendant ainsi la liberté à Jean Valjean. Le récit de l’œuvre Les Misérables se déroule sur le chemin de la grâce: une grâce surprenante, choquante, incroyable. Au départ, Valjean est transformé par la grâce, puis il étend cette grâce à un homme qui ne la mérite pas non plus. Mais où a commencé ce cycle de la grâce? Avec Celui qui a révélé sa grâce à l’évêque, lequel a par la suite montré sa grâce à Jean Valjean: Jésus-Christ.

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L’œuvre de Victor Hugo Les Misérables porte sur la grandeur de la grâce. Son incroyable popularité devrait nous rappeler combien les gens ont soif de la grâce du Christ.

Le fils perdu et retrouvé Jésus nous raconte l’histoire du fils prodigue (Luc 15.11-32). Ce fils méprise son père, exige de recevoir sa part d’héritage, quitte la maison et dilapide les biens reçus de son père en menant une vie immorale. Puis, mourant de faim, il revient vers lui pour le supplier de lui pardonner. Quelle réponse de la part du père aurions-nous pu attendre? Qu’il refuse de le laisser entrer dans sa propriété? Qu’il lui dise qu’il l’avait renié? Qu’il le flagelle? Qu’il fasse de lui un esclave? Qu’il lui crie sa colère? Qu’il lui fasse la leçon? Qu’il lui dise: «Je te l’avais bien dit»? Jésus nous dit: «Alors qu’il était encore loin, son père le vit et fut rempli de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa» (Luc 15.20). Son père l’habille de la plus belle robe, lui met un anneau au doigt et des sandales aux pieds. Il tue le veau gras, il prépare une fête pour célébrer son retour en grande pompe. Il s’écrie: «car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé» (verset 24).

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Au Moyen Orient, les hommes dignes ne couraient pas. Et ils n’organisaient pas de fêtes pour leurs fils coupables de honte et de gaspillage. Qu’est-ce que cela veut dire alors? Notre père se réjouit des pécheurs repentants en les comblant de grâce. L’histoire nous dit aussi que dans les coulisses ce fils a un grand frère. Celui-ci est axé sur la vérité selon laquelle d’après lui il n’y a pas de place pour la grâce. Indigné par la réintégration de son frère cadet, l’aîné dit en résumé à son père: «Regarde tout ce que j’ai fait pour toi. C’est moi que tu devrais récompenser!»

Une fête dans le ciel Philip Yancey raconte une version modernisée du fils prodigue. Il s’agit d’une jeune fille qui porte un anneau dans le nez et qui a un comportement bien particulier. Elle se rebelle contre ses parents, quitte la maison et devient une prostituée droguée dans la ville de Detroit. Les mois passent. Elle fait partie des enfants disparus et que l’on recherche; elle voit même sa photographie imprimées sur des emballages de produits de consommation avec l’encart «Avis de recherche» et un numéro de téléphone, mais elle ne prend même pas la peine de dire à sa famille qu’elle est encore en vie. Puis, deux ans plus tard, elle tombe malade;

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elle est alors sans espoir. Son souteneur la met à la rue. N’ayant plus d’autre alternative, elle téléphone à ses parents. Elle laisse un message sur le répondeur en précisant qu’elle arrivera en autocar. Elle se rend à la gare routière en espérant qu’elle pourra trouver quelqu’un qui lui offrira le montant d’un billet pour se rendre jusqu’à la vieille maison de ses parents. Alors qu’elle descend du bus, elle est attendue magnifiquement par une quarantaine de personnes: frères, sœurs, oncles, tantes, cousins, grands-parents et ses parents sont là pour l’accueillir. Ils sont tous habillés en habits de fête et arborent une énorme bannière sur laquelle est inscrit: «Bienvenue à la maison!» Avant qu’elle ait pu finir de dire «Je suis désolée», son père murmure: «Chut, ma chérie, nous parlerons après. Nous devons te ramener à la maison pour la fête; un banquet t’attend!»1 Une grâce aussi abondante pourrait presque faire passer les parents pour des insensés, n’est-ce pas? Qu’en est-il de Dieu lorsqu’il étend volontairement et avec abondance sa grâce sur nous? Dieu exiget-il quelque chose de nous en retour et nous fait-il impitoyablement ramper devant lui? Bien sûr que non! 1 Adapté de Philip Yancey, Touché par la grâce, Nîmes, Editions Vida, 2000.

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Juste avant de raconter l’histoire du fils prodigue, Jésus a dit: «Il y aura plus de joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de changer d’attitude» (Luc 15.7). Il l’a répété: «Il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent» (Luc 15.10). Dans les cieux, on voit et on fête les conversions qui ont lieu sur la terre. Dans le ciel, il y a une fête pour chaque pécheur qui se repent. Lorsque des pécheurs acceptent la grâce de Dieu, c’est l’occasion d’une fête dans les cieux. Et cela devrait être aussi l’occasion d’une fête sur terre.

Grâce et tolérance Revenons un peu à cette jeune fille qui a quitté Detroit. Certaines personnes pourraient blâmer ses parents considérant que leurs critères moraux étaient trop élevés. D’après ces personnes, s’ils n’avaient pas défini de règles ou s’ils n’avaient pas établi un couvre-feu, leur fille n’aurait probablement rien eu contre quoi se rebeller. Selon cette logique, il est préférable d’autoriser la jeune fille à regarder un film osé. Si elle veut sortir avec des jeunes qui se droguent, pas de problème, qu’elle sorte avec eux! Si elle veut coucher avec

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son petit ami, eh bien, qu’elle le fasse, c’est sa vie! Toutefois, nous lui fournirons la pilule contraceptive. Nous ne voulons pas perdre son affection en étant trop stricts ou autoritaires. De tels parents imaginent parfois qu’ils montrent la «grâce» à leurs enfants. Mais ce n’est pas la grâce du tout. Il s’agit seulement de piètres critères moraux et d’une haute tolérance vis-à-vis du péché. La grâce n’abaisse jamais le niveau de sainteté. Jésus n’a pas abaissé la barre; il l’a élevée! «Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi je vous dis: Tout homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur.» (Matthieu 5.27-28) Une famille où règne la grâce est aussi remplie de vérité car la grâce ne rend pas moins saint, au contraire, elle rend plus saint. La grâce ne fait pas mépriser ou négliger la vérité, elle fait aimer et suivre la vérité. Loin d’être un laissez-passer vers le péché, la grâce est une émancipation surnaturelle pour ne pas pécher (Tite 2.11-12). La grâce élève la barre, mais nous permet aussi de la franchir joyeusement. Toute conception de la grâce qui nous laisse penser, à nous ou à nos enfants, que la vérité n’est pas importante, n’est pas la grâce biblique.

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Les propre justes Les personnes auxquelles Jésus s’en est pris le plus durement sont les personnes dont les doctrines étaient les plus proches des siennes: les pharisiens. Ils étaient les croyants fidèles de leur époque. Jésus a raconté: «Deux hommes montèrent au temple pour prier; l’un était un pharisien, l’autre un collecteur d’impôts. Le pharisien, debout, faisait cette prière en lui-même: ‘O Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères, ou même comme ce collecteur d’impôts. Je jeûne deux fois pas semaine et je donne la dîme de tous mes revenus’» (Luc 18.10-12). Les mots de cet homme sont imprégnés de suffisance. Il définit son statut ou sa position par comparaison, en s’élevant lui-même et en abaissant les autres. Ensuite Jésus décrit l’autre homme: «Le collecteur d’impôts, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine en disant: ‘O Dieu, aie pitié de moi qui suis un pauvre pécheur’» (Luc 18.13). Cet homme-là ne se sentait pas digne de se tenir ne serait-ce que près du temple, un endroit où se trouve la sainte présence de Dieu. Et Jésus poursuit: «Je vous le dis, lorsque ce dernier descendit chez lui, il était considéré comme juste, mais pas le pharisien.» (Luc 18.14)

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Etre justifié signifie être déclaré juste. Mais comment les impies peuvent-ils être déclarés justes? Paul nous rappelle un passage de la Genèse: «Abraham a eu confiance en Dieu et cela lui a été compté comme justice» (Romains 4.3). La justification ne vient jamais par la foi en tant que telle, mais par la foi en Dieu. Le chef religieux croit en lui-même, il n’accorde et ne demande pas le pardon. Le collecteur d’impôts croit en Dieu, il demande le pardon. Lorsque l’on en revient à l’essentiel de la vie, il y a deux sortes de personnes: les pécheurs qui reconnaissent leurs péchés et les pécheurs qui les nient. De quel groupe faisons-nous partie?

Objections à la grâce Lors d’une conférence sur les religions comparées en Grande-Bretagne, des chercheurs débattaient sur la question suivante: «Quelle croyance, s’il y en a une, est totalement propre à la foi chrétienne?» Est-ce l’incarnation? Or, les dieux d’autres religions sont apparus sous forme humaine. Est-ce la résurrection? D’autres religions parlent de ceux qui reviennent du royaume des morts. Le débat a continué jusqu’à ce que C.S. Lewis entre tranquillement dans la salle de conférences. Les chercheurs lui ont alors posé la question. «C’est facile, a répondu Lewis, c’est la grâce.»2 2 Ibid., p. 45.

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Notre orgueil depuis la construction de la Tour de Babel nous invite à penser que nous devons travailler nous-mêmes pour gagner notre salut. Seule la foi chrétienne présente la grâce de Dieu comme inconditionnelle. Cela va tellement à l’encontre de notre nature, de notre instinct; cela dérange tellement notre orgueil, que nous n’ayons pu inventer une telle grâce. (C’est la raison principale pour laquelle Lewis y croyait.) «Au fond, toutes les religions sont les mêmes»? Imaginez un professeur de mathématiques ou de français dire à ses élèves: «Vos réponses à l’examen n’ont pas d’importance. Au fond, toutes les réponses se valent.» Les dieux hindous sont nombreux et impersonnels. Le Dieu du christianisme est un et personnel. Le bouddhisme n’offre ni pardon, ni intervention divine. Le christianisme offre pardon et intervention divine. Dans le judaïsme et l’islam, les hommes doivent gagner leur salut en faisant de bonnes actions. Dans le christianisme, l’homme ne gagne son salut qu’en confessant son péché et en étant couvert par les mérites du Christ. Dans toute autre religion, l’homme gagne son salut. Dans le christianisme, c’est Dieu qui gagne le salut des hommes. Si nous recherchons une religion qui nous mette en valeur, le christianisme n’est pas le bon choix. Cependant, il a un avantage de taille: c’est la vérité!

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Une condition La pièce de théâtre de Michael Christopher, L’Ange Noir, raconte l’histoire de Herman Engel, un général nazi coupable de crimes de guerre ignobles. Lors du procès de Nuremberg, il a été condamné à trente ans de prison. Lorsqu’il en est sorti, il a refait sa vie et a construit une petite maison pour lui-même et son épouse dans un coin perdu de France. Mais un journaliste français du nom de Morrieaux, dont la famille avait été massacrée par les troupes de Engel, cramponné à trente ans d’amertume, ne vivait plus que pour sa revanche. Ce journaliste a suivi la trace d’Engel dans ce village français, il s’y est rendu et a attisé la haine. Des hommes se sont alors mis d’accord pour aller, cette nuit-là, tuer Engel et sa femme, et réduire leur petite maison en cendres. Mais cet après-midi là, Morrieaux a confronté Engel, l’interrogeant pendant tout un aprèsmidi. A mesure que le temps passait, Morrieaux a vu l’âme coupable et torturée de cet homme pathétique et fatigué. Sa revanche commençait à avoir un goût amer. Finalement, Morrieaux lui a dit: «Des hommes vont venir vous tuer ce soir. Venez avec moi maintenant et je vous sortirai de là.» Engel l’a regardé intensément. «Je n’irai avec vous qu’à une condition».

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«Quelle condition? a demandé le journaliste.» «Que vous me pardonniez, a répondu Engel. «Non,répondit Morrieaux, je vous sauverai la vie… mais je ne peux pas vous pardonner.» Engel a refusé alors de partir. Cette nuit-là, sa maison a été réduite en cendres. Lui et sa femme ont été assassinés. Pourquoi cette grâce du pardon était-elle plus importante pour Engel que la vie elle-même? Et pourquoi Morrieaux ne pouvait-il pas la trouver en lui-même pour la lui accorder? Des questions qui demeurent lancinantes. Il y a une bonne nouvelle: il y a un Dieu bien plus grand que Engel, un Sauveur bien plus grand que le péché de Engel. Et il y a un Dieu bien plus grand que Morrieaux… bien plus grand que son incapacité à pardonner.

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8. La vérité qui nous libère

Le chapitre 2 de l’Evangile de Jean présente le premier miracle du Christ. Ne devrions-nous pas nous attendre à ce que ce soit quelque chose de stupéfiant? Alors, qu’a fait Jésus pour commencer? Il a changé l’eau en vin. Pourquoi? Pour sauver ses hôtes de l’embarras, et pour que les gens se réjouissent, dansent, et profitent bien des noces. Il n’a pas fait de grandes déclarations de vérité. C’était de sa part un pur acte de grâce. Par contre, la scène suivante montre Jésus donnant des coups de fouet, retournant des tables, et conduisant des marchands hors du temple en criant: «Enlevez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce!» (Jean 2.16). Jésus était empreint des critères vertueux de son Père. Il ne pouvait pas tolérer le mépris de la sainteté et de la vérité. La grâce entourant les noces était encore bien présente lorsque Jésus, dans la cour du temple, a fait cette déclaration saisissante de la vérité.

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La vérité et la grâce sont un peu comme deux soleils qui tourneraient l’un autour de l’autre pour former une étoile double; elles sont essentielles et inséparables. L’une peut momentanément éclipser l’autre, mais aussitôt sa jumelle émerge pour prendre à ses côtés sa place légitime. Au chapitre 1 de l’Evangile de Jean, il est dit que Jésus est venu rempli de grâce et de vérité. Dans le chapitre 2 du même Evangile, nous lisons le récit d’une manifestation de grâce suivie d’une manifestation de vérité. Elles sont juxtaposées et peuvent sembler étonnamment paradoxales. Cependant, présentes dans la personne de Jésus, elles sont tout à fait compatibles. Le Jésus historique est venu rempli de grâce et de vérité. Le Jésus moderne et mythique vient rempli de tolérance et de relativisme. Même dans l’Eglise, la vérité est parfois couverte par la subjectivité et la lâcheté, alors que la grâce est perdue dans une mer de permissivité et d’indifférence. Sans la vérité, nous manquons de courage pour parler et de convictions sur lesquelles parler. Sans la grâce, nous manquons de compassion pour aller à la rencontre des besoins les plus profonds des gens. A titre d’exemple, la grande majorité des universités américaines ont été construites sur des fondements chrétiens. Pourquoi? Pour enseigner la vérité.

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La plupart des hôpitaux américains ont été construits sur des fondements chrétiens. Pourquoi? Pour partager la grâce. Nous n’avons pas le luxe de pouvoir choisir entre la grâce et la vérité. Cependant, de nombreux croyants embrassent souvent l’une mais pas l’autre, selon leur tempérament, leur passé, leur église ou leur famille. Nous devons apprendre à dire oui à la fois à la grâce et à la vérité, et à dire non à tout ce qui nous éloigne d’elles.

Etre plus… que Jésus? Les fondements de la vie chrétienne sont: écouter la vérité et nous y soumettre, et non l’éviter. La plus grande preuve de bonté que nous puissions offrir est la vérité. On nous a appris qu’il est déplacé de dire quoi que ce soit de négatif. Autrefois, être un bon témoin signifiait représenter Dieu fidèlement, même lorsque cela signifiait être impopulaire. Maintenant, cela signifie «faire en sorte que les gens nous aiment». Nous avons changé le sens de l’expression «être semblable à Christ», qui signifie maintenant «être sympa, gentil, cool». Cette définition est bien éloignée de ce que signifie «être semblable à Christ». Jésus n’a pas

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été «sympa, gentil ou cool» lorsqu’il a mis les personnes face à leur péché, lorsqu’il a élevé la voix, renversé des tables et appelé certaines personnes «serpents, hypocrites, aveugles, et sépulcres blanchis». Si nous ne parlons pas du péché et de l’enfer parce que nous voulons être «sympas», nous essayons alors d’être plus «sympas» que Jésus lui-même, qui, lui, a pourtant parlé énormément du péché et de l’enfer. L’évolution des positions évangéliques sur le péché et l’enfer illustre notre échec à concilier grâce et vérité. Alors que des groupes et des sectes de tendance libérale ont toujours nié ou redéfini l’enfer, les évangéliques s’en sont toujours tenus —du moins jusqu’à récemment— à l’enseignement biblique selon lequel l’enfer est réel et éternel. Cependant et à titre d’exemple, j’ai parmi mes connaissances quelqu’un qui avance l’argument selon lequel puisqu’il croit en la grâce de Dieu, il ne peut pas croire à l’enfer. Cet homme en est arrivé à adhérer à l’universalisme. Il avance que les être humains ne peuvent pas aller dans un enfer éternel car Jésus a racheté le monde. «J’aime trop les gens pour les envoyer en enfer», dit-il. Assurément! Et Dieu les aime encore plus que moi!» Si j’étais soumis à l’autorité de la logique, je serais d’accord avec cet homme. Mais comme mon autorité est l’Ecriture (et parce que, laissée à elle-même, ma

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logique est tordue), je ne peux pas être d’accord avec lui. Je lui ai demandé s’il croyait que le ciel était éternel. «Oui, bien sûr, a-t-il répondu.» Je lui ai alors lu les mots du Christ en Matthieu 25.46: «Et ils iront à la peine éternelle, tandis que les justes iront à la vie éternelle.» Le même mot grec traduit par «éternel» est utilisé à la fois pour le ciel et l’enfer. Donc, si le ciel est éternel, l’enfer l’est aussi. Mon interlocuteur après cette lecture a haussé les épaules et a répété que la grâce de Dieu rend l’enfer éternel impossible. Son choix était la grâce plutôt que l’enfer. Personnellement, je crois aux deux à la fois, car la Bible enseigne les deux. Jésus a parlé de l’enfer plus que quiconque dans les Saintes Ecritures. Sur les quatorze fois où le mot «enfer» est utilisé dans le Nouveau Testament, douze fois il est mentionné par Jésus lui-même. Jésus parle du danger du feu de l’enfer (Matthieu 5.22) et d’être envoyé en enfer (Matthieu 5.29) et il pose la question: «Comment échapperez-vous au jugement de l’enfer?» (Matthieu 23.33). Ironiquement, la fausse doctrine que mon interlocuteur défend a l’effet contraire puisqu’il supprime l’urgence de l’Evangile et, par voie de conséquence, éloigne les gens de la grâce. Son rejet de l’enfer, au nom de la grâce, décourage les gens de la grâce qu’il revendique, en les menant vers l’enfer qu’il déteste et nie.

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Nombreux sont ceux qui, sans être universalistes, rabaissent l’enjeu de la rédemption en niant que l’enfer est éternel. Pour une personne qui ne considère pas qu’elle est en train de se noyer, comment pourrait-elle chercher à atteindre un gilet de sauvetage? Pourquoi en aurait-elle besoin?

La vraie question Si nous vivions vraiment en conformité avec la sainteté, nous nous rendrions compte que le plus étrange n’est pas pourquoi Dieu enverrait des personnes en enfer. Dieu est infiniment juste et nous sommes des pécheurs, englués dans la rébellion. Envoyer des hommes en enfer? Où donc les envoyer? La question vraiment troublante est plutôt: «Comment un Dieu saint peut-il envoyer des hommes pécheurs au ciel?» Nous ne posons pas les bonnes questions car nous ne saisissons pas la vérité. C’est pour cela que nous ne saisissons pas les merveilles de sa grâce. Nous imaginons que l’enfer n’est pas proportionnel à nos offenses, précisément parce que nous ne saisissons pas à quel point elles sont graves. La grâce de Dieu fait face à la réalité de l’enfer et offre une délivrance complète. Nier l’enfer supprime le vent aux voiles de la grâce. S’il n’y a pas d’enfer éternel, l’enjeu de la

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rédemption est fortement rabaissé. En fait, Jésus est mort pour nous sauver de quoi? Le caractère dramatique d’un sauvetage et sa réussite n’ont de sens que pour le sort du rescapé qui en bénéficie. Lorsque des gens sont sauvés depuis le vingtième étage d’un bâtiment en flammes, c’est héroïque et digne d’être mentionné dans les médias. Si ces personnes sortent seulement d’un hall enfumé, où est l’héroïsme? Où est le drame? La grâce est le travail de Dieu pour nous délivrer entièrement de notre dépravation et de son châtiment. En sous-estimant notre dépravation et en niant l’enfer éternel, Satan essaie de rabaisser le coût de la rédemption, et de déprécier la grâce qui a payé le prix. Il y a une trentaine d’années, de nombreuses personnes choisissaient une église si celle-ci prônait et enseignait la vérité. De nos jours, nombreux sont ceux qui choisissent une église s’ils s’y sentent bien. Si une église dit la vérité, elle gagnera certaines personnes mais en perdra d’autres. Aux Etats-Unis, un cinquième des femmes qui ont avorté se prétendent chrétiennes nées de nouveau. Des pasteurs me disent: «Je ne parle pas de l’avortement car cela provoquerait un sentiment de culpabilité, puisque beaucoup ont avorté.»

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N’est-ce pas justement pour cela que nous devrions en parler? Pour aider les personnes (les hommes autant que les femmes car eux aussi y ont participé) à reconnaître, aborder la question de leur culpabilité et recevoir la grâce du Christ. Et pour aider les autres à éviter le péché qui crée la culpabilité. Je connais de nombreuses femmes qui ont connu le pardon de Dieu et une guérison profonde après un avortement. Les femmes qui souffrent le plus sont celles qui ne voient pas la vérité en face. Tout au fond d’elles-mêmes, elles le savent, leur conscience les accuse et elles continuent sur le chemin des comportements autodestructeurs. Notre silence n’est pas de la grâce, c’est de la cruauté. Le passage en Ephésiens 4.15 nous dit de parler de la vérité avec amour, non de retenir la vérité avec amour. Notre travail n’est pas simplement de nous aider mutuellement à nous sentir bien, mais de nous aider mutuellement à être bien. De nos jours, alors que de nombreuses églises hésitent à dire la vérité et reculent devant la discipline, des «défenseurs de la guérison» dans le domaine séculier se tournent vers la méthode qui consiste à dire la vérité lors de leurs interventions. Au lieu de détourner le regard, ils présentent la vérité avec amour mais fermeté, même lorsqu’ils n’y sont pas invités. Pourquoi

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ce mouvement vers la vérité? Tout simplement parce que cela marche. Le moyen de ne plus se sentir coupable n’est pas de nier la culpabilité mais d’y faire face et de demander pardon à Dieu. Parfois, pour montrer la grâce, il faut rester silencieux. A d’autres moments, il est nécessaire de parler. Notre ami dont le père est mourant est peut-être terrifié à l’idée de lui présenter qui est Jésus-Christ. Pourtant, c’est clairement dans son intérêt et dans celui de son père. Partageons la vérité; puis offrons-lui grâce et aide. Accompagnons-le s’il a besoin de notre soutien. De la même manière, si nous voyons un ami faire un mauvais choix dans le domaine de l’éducation de ses enfants par exemple, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives, nous lui devons la vérité. Malheureusement, les non-croyants ne connaissent que deux sortes de chrétiens: ceux qui disent la vérité sans grâce, et ceux qui sont très sympathiques mais ne partagent jamais la vérité. Ce qu’ils ont besoin de connaître, c’est un troisième type de chrétiens: ceux qui, avec un esprit de grâce, les aiment assez pour leur dire la vérité.

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9. La grâce et la vérité ensemble

Dans les années 1930, les dirigeants d’églises en Allemagne défendaient Adolf Hitler, un leader qui ne fumait et ne buvait pas, qui encourageait les femmes à s’habiller modestement, et qui s’opposait à la pornographie. Si ces éléments correspondent à notre liste de critères de moralité, Hitler était un type bien. Chaque fois que nous évaluons la vertu de quelqu’un en fonction de ses apparences, nous nous attirons des ennuis. Les pharisiens basaient tout sur l’apparence. Ils utilisaient la vérité pour s’élever eux-mêmes tout en rabaissant les autres. Pensons-nous que tout ce qui va mal dans le monde est de la faute de quelqu’un d’autre? Cela nous plaît de jouer à blâmer les autres? La vérité sans la grâce mène à la colère et au cynisme. Rien n’est plus froid que l’orthodoxie légaliste et morte. Jésus a reconnu que certaines vérités sont plus importantes que d’autres. Aimer Dieu vient en premier, et aimer notre prochain vient en second (Matthieu

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22.37-39).Il ne s’agit pas de porter ou non des boucles d’oreilles, des tatouages, certains vêtements, de boire ou non du vin ou fumer des cigares. Il s’agit de justice, de vertu, d’amour et de miséricorde. Il s’agit de grâce et de vérité. J’ai mentionné plus haut dans un des chapitres ce que Margaret Holder a raconté au sujet de l’Oncle Eric? Elle a partagé une autre histoire vécue dans le camp d’emprisonnement. Les enfants jouaient au basket, au baseball et au hockey. Eric Liddell était leur arbitre. Nous ne serons pas surpris d’apprendre qu’il a refusé d’arbitrer le dimanche. Mais, en son absence, les enfants se disputaient. Pour Liddell, cela créait un cas de conscience. Il croyait qu’il ne devrait pas priver les enfants de jeux parce qu’ils avaient besoin de se divertir. Finalement, Liddell a décidé d’arbitrer aussi le dimanche. Cela a impressionné fortement Margaret. Elle a vu que cet athlète célèbre mondialement pour avoir sacrifié son succès par principe, n’était pas pour autant légaliste. Lorsqu’il était question de sa propre gloire, Liddell était prêt à tout abandonner plutôt que de courir un dimanche, mais lorsqu’il a été question du bien des enfants dans un camp de prisonniers, il a accepté d’arbitrer le dimanche. Liddell a sacrifié une médaille d’or pour lui-même au nom de la vérité, mais il s’est mis en quatre pour les autres au nom de la grâce.

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La grâce et la vérité en politique Souvent, en politique, les conservateurs insistent sur la vérité (la morale), et les libéraux insistent sur la grâce (la compassion). Les conservateurs veulent conserver ce qui est bon; et les libéraux veulent se libérer de ce qui est mauvais. L’engagement des libéraux pour combattre le racisme dans les années soixante était louable. Mais parfois, les libéraux se battent contre de vraies valeurs morales et en arrivent à tolérer par exemple l’avortement, la fornication, l’adultère et les comportements homosexuels. Ils embrassent la tolérance comme un substitut de la grâce. Les chrétiens libéraux finissent souvent par devenir libéraux d’abord, et chrétiens ensuite. Les conservateurs veulent restaurer des valeurs perdues. Ils veulent revenir aux jours où la prière était permise dans les écoles. Mais ils oublient que ce sont ces mêmes écoles qui refusaient les enfants noirs! En essayant de conserver tellement de choses, (même celles qui étaient clairement mauvaises), les chrétiens conservateurs ont parfois été conservateurs d’abord, et chrétiens ensuite. Pourquoi devrait-on avoir à choisir entre l’accent mis sur la vérité par les conservateurs et l’accent mis sur la grâce par les libéraux? Pourquoi ne pourrait-on

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pas s’opposer à l’injustice envers les minorités et envers les fœtus? Pourquoi ne pourrait-on pas s’opposer à la destruction sauvage de l’environnement et à l’environnementalisme nouvel-âge anti-industriel? Pourquoi ne pourrait-on pas affirmer le droit biblique à la propriété et mettre l’accent sur l’appel de Dieu à partager volontairement les richesses avec ceux qui sont dans le besoin? Pourquoi ne pourrait-on pas maintenir la condamnation par Dieu de l’immoralité sexuelle —en y incluant les pratiques homosexuelles— et tendre la main avec amour et compassion à ceux qui se trouvent pris au piège dans des modes de vie destructeurs et qui meurent du SIDA? Nous ne pouvons pas faire ces choses si nous sommes avant tout soit libéraux soit conservateurs. Nous ne pouvons faire ces choses que si nous sommes avant tout disciples du Christ, qui est rempli de grâce et de vérité.

Une grâce scandaleuse Rappelons-nous de Georges, le professeur d’université que j’avais ramené chez lui depuis le parking d’un cinéma? Lorsque nous nous sommes revus, quelques mois plus tard, deux heures avant qu’il se donne à Christ, il m’a dit: «Je ne comprends pas l’idée selon laquelle quelqu’un pourrait vivre une vie égoïste et mauvaise,

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puis se repentir sur son lit de mort, et aller au ciel. C’est vraiment trop facile, trop bon marché.» J’ai contesté son allusion selon laquelle nous pouvons gagner le ciel. Le plus difficile de notre discussion a été le thème de la grâce. Nous avons alors ravalé chacun notre orgueil et dit: «Je ne la mérite pas davantage qu’un criminel.» La grâce a eu un coût énorme pour Dieu. Cependant, nous ne pouvons absolument rien lui offrir en échange. Un voleur, sur la croix, a demandé à Jésus de le sauver. Bien que chaque mot prononcé provoquait une douleur atroce, Jésus lui a répondu: «Je te le dis, aujourd’hui tu seras dans le paradis» (Luc 23.43). Ce voleur n’a pas été baptisé, n’a pas rendu ce qu’il avait volé, n’est pas allé régulièrement à l’église, n’a pas pris la communion, n’a pas chanté de cantiques, et n’a pas non plus fait d’offrande. Il n’avait rien à offrir au Christ, aucun moyen de le rembourser. Nous non plus. Nous nous souvenons du roi qui nous invite à vivre dans son palais et à être son héritier, alors même que nous nous sommes rebellés contre lui et avons assassiné son fils? Supposons que nous travaillions très dur, mettions de l’argent de côté, puis allions voir le roi pour lui dire: «Voilà. Je vous rembourse.» Imaginons la

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réponse du roi. Nous ne pourrions même pas commencer à le rembourser. Même essayer serait une insulte pour lui. Cela serait déprécier la mort de son fils. D’un autre côté, certaines personnes profitent de la grâce afin d’avoir une excuse pour pouvoir pécher. Jude écrit: «Il s’est en effet glissé parmi vous certains hommes dont la condamnation est écrite depuis longtemps. Ces impies transforment la grâce de notre Dieu en débauche» (Jude 1.4). Tout concept de la grâce qui nous ferait nous sentir plus à l’aise avec le péché n’est pas la grâce biblique. C’est ce que Dietrich Bonhoeffer a appelé «la grâce bon marché»; elle est totalement à l’opposé de la vraie grâce. Dieu nous a vus lorsque nous étions dans notre pire état et pourtant il nous aime encore. Aucune faute cachée ne «sortira de notre placard» durant l’éternité; Dieu ne dira pas: «Eh bien, si j’avais su cela, je ne t’aurais jamais laissé entrer au ciel!» Dieu connaît tous mes péchés, même les plus enfouis, les plus cachés, les plus anciens. Et Jésus est mort pour chacun d’entre eux, sans exception.

Mieux que je ne le mérite Nous avons tellement l’habitude que l’on nous mente que nous sommes méfiants, même envers l’Evangile. C’est trop beau pour être vrai… «On m’offre quelque

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chose de gratuit… vraiment? Où est le piège?» Eh bien, il n’y en a aucun! «Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun» (Hébreux 4.16). Pour un Juif pratiquant, la notion de libre accès à Dieu est scandaleuse. Cependant, cet accès est libre, pour nous. Grâce à l’œuvre du Christ, la porte de Dieu est toujours ouverte pour nous. La vraie grâce réduit non seulement le pharisaïsme mais aussi l’autosuffisance. Dieu nous amène souvent à un point où nous n’avons plus d’autre solution que de nous tourner vers lui. Comme avec la manne, il nous donne toujours assez, mais pas trop. Il ne nous laisse pas stocker la grâce. Nous devons retourner à lui pour la recevoir, fraîche, chaque jour, à chaque heure. Chaque fois que je demande à mon ami C.J. «Comment vas-tu?», il me répond invariablement: «Mieux que je ne le mérite.» Ce n’est pas juste une remarque futée. Il le pense vraiment. Et il a raison. Nous ne méritons pas les grâces quotidiennes de Dieu, grandes ou petites. Le centurion romain a envoyé dire à Jésus: «Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C’est aussi pour cela que je n’ai pas jugé bon d’aller en personne vers toi.» (Luc 7.6-7)

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Vivre par la grâce, c’est affirmer chaque jour notre manque de mérite. Nous ne sommes jamais reconnaissants de ce que nous pensons mériter. Nous sommes cependant profondément reconnaissants de ce que nous savons que nous ne méritons pas. Quand nous savons que nous méritons l’enfer éternel, nous avons une mauvaise journée en perspective! Si nous nous rendons compte que nous ne le méritons pas, soudain le monde reprend vie. Nous sommes surpris et reconnaissants pour les nombreuses preuves de bonté de Dieu envers nous; pourtant nous n’en avions pas conscience lorsque nous pensions que nous méritions mieux. Alors, au lieu de nous noyer dans l’apitoiement sur nous-mêmes, nous flottons dans une mer de gratitude. Lorsque je me rends compte que je suis si indigne, et c’est souvent le cas, je pressens la vérité. Je n’ai pas besoin qu’on me parle indéfiniment de mon indignité. J’ai besoin qu’on m’amène à la placer humblement devant le Christ et à lui demander de me rendre plus fort. Oui, je me raccroche à la réalité que je suis une personne nouvelle, couverte par les vertus du Christ (2 Corinthiens 5.17-21). Mais le même Paul qui nous a dit cela, a dit aussi: «Je suis le plus petit de tous les saints» (Ephésiens 3.8). L’orgueil est un poids terriblement lourd. Rien ne vaut la sensation de légèreté lorsque Dieu nous dé-

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charge avec miséricorde des illusions qui pesaient sur nos épaules. Même refuser de nous pardonner nousmêmes est un acte d’orgueil. C’est nous rendre, nous et nos péchés, plus grands que Dieu et que sa grâce. Essayons-nous d’expier nos péchés? C’est impossible. Seul Jésus le peut, et il l’a déjà fait. Essayonsnous de renouveler l’expiation? Acceptons-la simplement! Acceptons le pardon de Dieu. Reposons-nous sur lui. Réjouissons-nous!

Etendre aux autres la grâce que nous avons reçue Jésus a raconté l’histoire d’un serviteur dont la dette envers son maître était de dix mille talents1, l’équivalent de millions d’euros. Le serviteur a supplié son maître de le traiter avec clémence. Bien que le maître eût le droit de le faire emprisonner pour le reste de ses jours, il lui a offert le pardon complet. Alors, ce serviteur est allé trouver un autre serviteur qui lui devait un somme bien inférieure à celle pour laquelle il avait été pardonné (1/600 000ème) et il a exigé de lui un paiement complet et immédiat. Son débiteur est tombé à genoux et lui a demandé grâce. Mais son 1 Voir Matthieu 18.23-35.

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créancier ne lui a accordé aucune miséricorde et il l’a fait jeter en prison. Lorsque le maître l’a appris, il a dit, en résumé, «Si mon pardon avait vraiment touché ton cœur, tu l’aurais accordé aussi à ton frère.» Le maître lui a alors retiré son pardon, puisqu’un homme qui n’étend pas la grâce qu’il a reçue fait preuve d’un mépris total envers la grâce. Cette parabole nous enseigne que: - notre dette envers Dieu est infiniment au-delà de notre aptitude à la rembourser; - notre dette envers Dieu est infiniment supérieure à celle de quiconque envers nous ; - lorsque nous expérimentons vraiment le pardon de Dieu pour nos péchés, nous sommes transformés et pouvons à notre tour pardonner. «Mais comment puis-je pardonner à mon père de m’avoir abusé, à mon ancienne femme de m’avoir trahi, à mon collègue de travail de m’avoir trompé? Il faudrait un miracle.» C’est exact. La grâce est ce miracle. «Attendez-vous de moi que je prétende qu’il ou qu’elle ne m’a pas fait ces choses terribles?» Pas du tout. Dieu ne prétend pas que nous ne lui ayons pas fait toutes ces choses terribles. Il ne prétend pas que les clous dans ses mains ne l’aient pas fait souffrir. Il dit: «Je suis mort pour te pardonner… et pour te donner la grâce de pardonner aux autres.»

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Etendre la grâce autour de nous nous libère du terrible poids du ressentiment et de l’amertume. Aussi terribles qu’elles soient, les offenses de quiconque envers nous sont bien moindres que les miennes envers Dieu. S’il m’a pardonné, par sa grâce je peux pardonner aussi aux personnes qui m’ont blessé. La grâce de Dieu envers nous est un éclair. Notre grâce envers les autres est du tonnerre. L’éclair vient d’abord; le tonnerre lui répond. Nous faisons preuve de grâce envers les autres parce que Dieu a montré sa grâce envers nous le premier.

Va et ne pèche plus Un groupe de détenteurs de la «vérité seule», à savoir les pharisiens, était prêt à lapider une femme pour adultère (Jean 8.1-11). Si les détenteurs de la «grâce à tout prix» avaient été là, ils lui auraient tenu la main et dit: «Ne t’en fais pas pour une petite liaison, ma chère. Dieu comprend, et nous aussi.» Jésus a réprimandé les accusateurs de cette femme. Mais ce n’est pas la fin de l’histoire. Il aurait pu dire: «Tu vas brûler en enfer pour tes péchés» ou «Va et sens-toi libre de ne plus pécher.» En fait, il a dit: «Va et ne pèche plus.» Jésus n’a pas nié la vérité. Il l’a affirmée. Cette femme avait besoin de se repentir, et de changer. Jé-

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sus n’a pas nié la grâce. Il l’a offerte à cette femme. Il a envoyé cette femme, une fois pardonnée et lavée, vers une nouvelle vie. Les détenteurs de la «grâce à tout prix» ne comprennent pas pourquoi Jésus a dit: «Redoutez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter en enfer» (Luc 12.5). Les détenteurs de la «vérité seule» ne comprennent pas pourquoi Jésus côtoyait des pécheurs, ni pourquoi il a été cloué sur une croix pour eux. Au lieu de l’apathie et de la tolérance du monde, nous offrons la grâce. Au lieu du relativisme et de la tromperie, nous offrons la vérité. Si nous minimisons la grâce, le monde ne voit plus d’espoir de salut. Si nous minimisons la vérité, le monde ne voit plus le besoin de salut. Pour montrer Jésus au monde, nous devons offrir intégralement la grâce et la vérité, en soulignant les deux, et en ne nous excusant pour aucune. L’église de Colosses «avait entendu et connu la grâce de Dieu dans la vérité» (Colossiens 1.6). La vérité est prompte à mettre des panneaux avertisseurs et des glissières de sécurité en haut des falaises. Cependant, elle manque à son devoir de permettre aux gens de s’assumer en conduisant sans danger, et néglige de les aider quand ils ont un accident. La grâce est prompte à mettre des ambulances et des secouris-

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tes en bas de la falaise. Mais, sans vérité, elle manque à son devoir de mettre des panneaux avertisseurs et de construire des glissières de sécurité. De cette manière, elle encourage l’autodestruction qu’elle essaie de soigner. La vérité sans la grâce écrase les gens et cesse d’être vérité. La grâce sans la vérité trompe les gens et cesse d’être grâce. La vérité sans la grâce dégénère en légalisme qui s’érige toujours en jugement. La grâce sans la vérité dégénère en tolérance trompeuse. Le cœur du Christ est peiné de la même manière par la suppression de la grâce et par la suppression de la vérité, par la déformation de la grâce et par la déformation de la vérité. La grâce et la vérité sont toutes deux nécessaires. Aucune des deux n’est suffisante seule. Nous devons nous examiner nous-mêmes et nous corriger. Nous, qui sommes orientés vers la vérité, avons besoin de quitter ce chemin pour affirmer la grâce. Nous, qui sommes orientés vers la grâce, avons besoin de quitter ce chemin pour affirmer la vérité. «Détestez le péché, mais aimez le pécheur.» Personne n’a fait l’une ou l’autre de ces deux choses autant que Jésus. La vérité déteste le péché. La grâce aime les pécheurs. Ceux qui sont remplis de grâce et de vérité font les deux.

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Conclusion

Je sais ce que c’est que d’être sauvé. Je m’étais rendu à Palmer, en Alaska, pour y donner une conférence missionnaire. Après la conférence, avec notre ami missionnaire, Barry Arnold, sa fille Andréa et Karina, ma petite fille de dix ans, nous avions pris un petit avion en direction du nord, vers Galena. Mon épouse Nanci et notre fille Angie devaient partir avec le reste de la famille de Barry une heure après dans un autre avion, en empruntant un trajet différent. En plein milieu du vol, nous surplombions une chute d’eau magnifique à 900 mètres d’altitude, lorsque, soudain, le moteur a perdu de la puissance. Des tourbillons de fumée se sont élevés et de l’huile a éclaboussé notre pare-brise. Voyant qu’il n’y avait plus de pression, Barry a dû couper le moteur qui semblait sur le point de brûler. Nous sommes alors descendus rapidement vers la crête d’une montagne au terrain accidenté, où il n’y avait pas d’endroit pour atterrir. Il semblait que nous n’y arriverions pas.

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Par la grâce de Dieu, Barry a alors aperçu une petite bande de terre et a évité les rochers dans un magnifique atterrissage. Si nous étions descendus quelques mètres plus loin, il n’y aurait eu aucun endroit pour atterrir. Nous nous serions écrasés. Il était 16 h 30 lorsque nous avons atterri. Barry a branché le transmetteur de localisation d’urgence et a essayé de recevoir de l’aide par radio. Nous avons placé sur le sol de grosses pierres pour former un SOS, construit un abri, mangé des rations de survie, et prié pour nos familles qui se rendraient bientôt compte que nous avions eu un problème, mais ne sauraient pas que nous étions en vie. Puis nous avons attendu, priant en espérant que nous serions secourus avant que ne descende sur nous la nuit glaciale. Durant les heures qui ont suivi, nous avons vu trois avions. Deux d’entre eux étaient des vols commerciaux, volant très haut. Ils n’ont pas reçu la fréquence de secours, n’ont vu ni notre SOS, ni notre feu, et n’ont pas remarqué que nous agitions des drapeaux blancs. Le troisième avion aurait pu nous voir mais le pilote n’a pas regardé dans notre direction. Il faisait de plus en plus sombre. Nous nous préparions à passer la nuit. A 22 h 30, un avion de recherche et de secours a vu notre balise. Après avoir passé sept heures au sol, alors qu’il était presque minuit, nous avons vu un énorme appareil descendre du ciel, avec ses lumières brillan-

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tes perçant les ténèbres. C’était un hélicoptère de recherche et de secours. Le pilote est sorti avec un grand sourire. Nous étions débordants de joie. Il a dit: «Nous nous attendions à trouver une épave. Nous ne pensions pas que vous seriez encore en vie.» Nous avons su par la suite que quatre avions et deux hélicoptères avaient ratissé les montagnes à notre recherche. Sans ces recherches, ils ne nous auraient jamais retrouvés. Je me souviens encore des cris de joie de nos deux fillettes de dix ans lorsque cet hélicoptère, avec ses lumières puissantes et son vrombissement assourdissant, a atterri à seulement une dizaine de mètres de nous. Je n’oublierai jamais ce sentiment d’émerveillement et de gratitude. Lorsqu’ils nous ont fait monter à bord et qu’ils nous ont emmenés passer la nuit dans un pavillon de chasse, notre bonheur était indescriptible. Je sais ce que c’est que de ne pas pouvoir s’en sortir tout seul. Je sais ce que c’est que d’être ignoré par ceux qui n’ont pas conscience de notre sort. Et je sais ce que c’est que d’être trouvé par quelqu’un qui nous cherche, quelqu’un qui a des ressources que nous n’avons pas et dont nous avons désespérément besoin. D’une certaine manière, nous pourrions dire que nous nous en serions mieux sortis dans le désert de l’Alaska sans nos sauveteurs que n’importe lequel d’entre nous

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sans Dieu. Laissés à nous-mêmes, nous sommes complètement impuissants et sans espoir. Nous ne pouvons lever un doigt tout seuls. Nous sommes perdus dans un désert de péchés, coincés et pris au piège dans un profond ravin. Personne ne nous entend. Il n’y a pas de sortie. Sans aide, nous mourrons. Sauf si quelqu’un descend du ciel pour nous sauver. C’est notre seul espoir. Et c’est l’Evangile: Dieu a entendu nos cris, il nous a cherchés, il nous a trouvés, et a payé le prix suprême pour nous délivrer. Cela, et rien de moins, est la vraie grâce. En Jésus, «la bonté et la vérité se sont rencontrées» (Psaume 85.11, version Darby). La grâce et la vérité se sont rencontrées face à face sur la Croix. Le paradoxe entre grâce et vérité est aussi un paradigme, c’est-à-dire une façon de concevoir et d’aborder la vie. Nous avons besoin des instructions de la vérité pour savoir où aller. Puis nous avons besoin de l’émancipation de la grâce pour nous aider à y parvenir. Ce monde est las de tous ces faux Christs, faits à l’image de cœurs méprisant la grâce et méprisant la vérité. Les gens ont soif du vrai Jésus. Rien de moins ne peut les satisfaire. La grâce et la vérité sont ses empreintes. Nous ne montrons Jésus aux gens que si nous leur montrons à la fois la grâce et la vérité. Les deux, sinon rien.

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Mes remerciements à mon ami et éditeur Larry Libby, un homme rempli de grâce et de vérité.

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A découvrir dans la même collection

Qu’en est-il de mes dons? Henry & Mel Blackaby «Que puis-je faire pour Dieu?» La question tourmente bien des croyants. Ils établissent un inventaire de leurs talents et constatent qu’ils n’en ont pas, ou au contraire trop! Ils s’agitent et s’épuisent alors dans toutes sortes d’activités correspondant à leurs domaines de compétences. Mais est-ce bien ce que Dieu attend d’eux? Loin du débat sur les dons spirituels extraordinaires, Henry Blackaby, auteur du désormais classique «Votre expérience personnelle avec Dieu», s’est associé à son fils Melvin pour nous inviter à entrer dans une démarche différente: celle qui nous permettra de témoigner «de la puissance de Dieu pour transformer des vies, et pas simplement de nos propres capacités d’aider ceux qui sont dans le besoin». – 104 pages. ISBN 978-2-8260-3482-7

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Vivre en Christ ou en crise Michel Bosc Beaucoup de chrétiens vivent comme atrophiés,

tétraplégiques

spirituelle-

ment, a pu constater l’auteur. La faute en est-elle à Dieu ou aux hommes? Fort de sa propre expérience, qui l’a vu connaître le handicap physique et la remise en question spirituelle, il propose son analyse de cette situation et de ses raisons, ainsi que les solutions qu’il entrevoit. - 162 pages. ISBN 2-8260-3505-3 Le chemin de la liberté Nancy Leigh DeMoss Aspirons-nous à expérimenter davantage la présence et la puissance de Dieu dans notre vie? Aimerions-nous connaître une plus grande liberté intérieure? Notre coeur a-t-il besoin d’être ranimé? Nancy Leigh DeMoss s’est posé ces questions pour sa propre vie, et elle livre ici le fruit de ses réflexions. A travers divers exemples empruntés à la vie quotidienne et à l’histoire biblique, elle montre par où est passé, pour elle et pour tant d’autres, le chemin de la véritable liberté intérieure. – 192 pages. ISBN 978-2-8260-3495-7

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J’ai tout gâché. Et maintenant? Erwin Lutzer Quand on croit avoir tout gâché, quand on croit avoir commis l’irréparable, y a-t-il encore un espoir? Peut-on encore courir se réfugier dans les bras de Dieu? Pasteur à Chicago et auteur de nombreux livres appréciés, Erwin W. Lutzer affirme que nous le pouvons... et même le devons. Nous n’avons pas à rester prisonniers de notre passé, de nos échecs et erreurs. Nous pouvons vivre la réconciliation avec Dieu, mais aussi dans les relations humaines, et ce même si les autres voudraient nous refuser ce droit ou sont incapables de nous pardonner. – 104 pages. ISBN 978-2-8260-3497-1

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Questionnaire de qualité Vous venez de lire un ouvrage des éditions La Maison de la Bible. Votre avis a de l’importance pour nous! Nous serons donc très reconnaissants à celles et ceux qui prendront la peine de nous faire parvenir leurs réponses au questionnaire ci-dessous (à renvoyer à La Maison de la Bible, Comité d’édition, Case Postale 151, CH-1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse ou à compléter sur notre site Internet: www.maisonbible.net/questionnaire). Pleins de grâce et de vérité Randy Alcorn Vous habitez…

 en Belgique  en France  en Suisse  au Canada  autre: .........................

Questions portant sur le contenu Le contenu du livre est  édifiant / intéressant  moyen  sans intérêt Le titre est

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La formulation française est

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Questions portant sur la forme Le prix du livre est

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Vos autres remarques ................................................................................................. ................................................................................................. ................................................................................................. ................................................................................................. ................................................................................................. ................................................................................................. .................................................................................................

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