Découvrir Dieu à travers Esaïe (MB3529)

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DIEU

à travers

Esaïe

Ron Bergey

Découvrir

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DIEU à travers

Les prophéties d’Esaïe ne s’adressaient pas seulement à ses

aujourd’hui. En particulier, il projette un éclairage extraordinaire sur l’œuvre de salut de Dieu, sur sa grâce, sur le rôle dévolu à son «serviteur» Jésus, bref, sur l’Evangile. Tout cela (et bien d’autres choses encore), Ron Bergey nous aide à le découvrir, en décortiquant la formulation originale lorsque cela est nécessaire. Un ouvrage à posséder et parcourir absolument, qui fortifie notre propre foi. CHF 22.90 / 18.90 EUR ISBN 978-2-8260-3529-9

Découvrir Dieu à travers

porteurs d’interpellations et de nombreux enseignements pour nous

Esaïe

contemporains. Certes, il les invitait à faire confiance à l’Eternel dans leur contexte historique particulier, mais ses messages sont

Ron Bergey

Esaïe


Ron Bergey

Découvrir Dieu à travers

Esaïe


Découvrir Dieu à travers Esaïe © et édition: La Maison de la Bible, 2018 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. E-mail: info@bible.ch Internet: www.maisonbible.net Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-3529-9 ISBN format epub 978-2-8260-0002-0 ISBN format pdf 978-2-8260-9744-0


Table des matières

La rédaction de ce commentaire..............................................................7 A propos de l’auteur............................................................................8 Avant-propos.......................................................................................9 Introduction............................................................................................ 11 Esaïe à grands traits.........................................................................12 Contexte historique...........................................................................14 Paternité littéraire et unité du livre.....................................................16 Esaïe 1–35.............................................................................................25 Esaïe 1.1–12.6...................................................................................26 Esaïe 13.1–23.18...............................................................................69 Esaïe 24.1–35.10...............................................................................86 Esaïe 36–39......................................................................................... 111 Introduction à Esaïe 36–39............................................................. 112 Esaïe 36.1–37.38............................................................................. 113 Esaïe 38.1-22.................................................................................. 118 Esaïe 39.1-8.................................................................................... 119 Esaïe 40–66.........................................................................................121 Introduction à Esaïe 40–66.............................................................122 Esaïe 40.1–48.22............................................................................124 Esaïe 49.1–55.13.............................................................................150 Esaïe 56.1–66.24............................................................................180 Index des références bibliques............................................................227


La rÊdaction de ce commentaire


A propos de l’auteur

Jusqu’à son départ à la retraite en 2016, Ron Bergey est professeur d’hébreu biblique et d’Ancien Testament à la Faculté Jean Calvin, Institut de Théologie Protestante et Evangélique (anciennement Faculté Libre de Théologie Réformée) d’Aix-en-Provence (France) depuis 1991. Il obtient son doctorat (PhD) en langue et littérature hébraïques (Philadelphie) en 1983, après une licence en théologie (Philadelphie, 1975) et un master en hébreu biblique (Jérusalem, 1977). Son directeur de thèse, le docteur Avi Hurvitz, est professeur d’hébreu biblique à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Ron enseigne l’hébreu biblique et l’Ancien Testament depuis 1978 dans les facultés à Jérusalem, Philadelphie et Tacoma (Washington).

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A propos de l’auteur


Avant-propos

Cet ouvrage est destiné à celles et ceux qui souhaitent étudier le livre d’Esaïe pour eux-mêmes. Il s’adresse également aux étudiants commençant leurs études de théologie. Les lecteurs n’ayant jamais formellement étudié le prophète Esaïe pourront situer les événements évoqués et mettre les thèmes du livre en relation avec d’autres passages de l’Ecriture grâce aux nombreux compléments historiques et théologiques mis en évidence dans le texte. Ceux qui sont plus familiers des écrits bibliques auront la possibilité d’approfondir leurs connaissances à l’aide des commentaires proposés sur la grande majorité des chapitres. Il leur sera également présenté certaines discussions sur les questions épineuses qui entraînent des divergences parmi les commentateurs. Les termes transcrits de l’hébreu ouvrent la porte à bon nombre de points que seule la lecture attentive du texte dans la langue originale peut éclairer. L’auteur a souhaité ne pas encombrer le texte de notes de bas de page. Le lecteur averti reconnaîtra cependant les œuvres fondamentales sur lesquelles il s’est appuyé. La version biblique suivie ici est la Segond 21 (Société Biblique de Genève, 2007). Je remercie le Conseil des professeurs de la Faculté Jean Calvin qui m’a permis de dégager le temps nécessaire à mes recherches. Je veux également remercier ma fille Natacha pour ses relectures soigneuses et ses nombreuses corrections et suggestions. Je remercie enfin spécialement les Editions de la Société Biblique de Genève/La Maison de la Bible, Viviane André en particulier, pour leur aide très précieuse dans la publication de cet ouvrage et leur soutien fidèle au cours de ces années. Ron Bergey, Aix-en-Provence

Avant-propos

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Introduction


Esaïe à grands traits

Le livre du prophète Esaïe est composé de 66 chapitres, nombre identique à celui des livres de l’Ecriture. Ajoutée au message du livre, cette caractéristique renforce la notion de Bible en miniature qu’on lui associe fréquemment. Le prophète insiste sur le fait qu’on obtient le salut par la pure grâce du Dieu rédempteur et non par la justice ou les œuvres de l’homme. Par le sens même de son nom, «L’Eternel est salut», il incarne cette vérité. Il n’est donc pas surprenant qu’on le qualifie parfois de «prophète évangélique». Cette grâce est un don, et la justice nécessaire pour être en règle avec Dieu est accordée au pécheur par la foi seule, car le serviteur de l’Eternel, le Messie, a accompli l’œuvre de la rédemption. Un auteur a intitulé son commentaire sur les chapitres 40 à 56 L’Evangile selon Esaïe, en raison du grand nombre de citations tirées de cette section que le Nouveau Testament (dorénavant NT) contient, en particulier des passages relatifs au serviteur de l’Eternel. Dans la composition de son oratorio Le Messie, Haendel y puise également. Esaïe 53 est, en outre, le chapitre de l’Ancien Testament (dorénavant AT) le plus cité dans le NT. Il brosse un tableau du serviteur de l’Eternel humilié et exalté, dépeignant de façon frappante et extrêmement détaillée «les souffrances du Messie et la gloire dont elles [seront] suivies» (1 Pierre 1.11). Esaïe se trouve en tête des trois «grands» prophètes (Esaïe, Jérémie, Ezéchiel), dont les livres sont beaucoup plus volumineux que ceux des douze autres, dits «petits» (Osée à Malachie). L’ordre canonique des grands prophètes est chronologique; leurs écrits évoquent des événements survenus entre environ 740 et 570 av. J.-C. (dorénavant, toutes les dates mentionnées concernent cette période). Leurs ministères couvrent respectivement les périodes situées avant, pendant et après l’exil babylonien de Juda, le royaume du sud (587–538). Esaïe annonce également la captivité assyrienne d’Israël, le royaume du nord (722/721). Il est contemporain d’Osée, Amos et Michée (cf. Esaïe 1.1 et Michée 1.1), Amos et Osée les précédant toutefois, Michée et lui, du point de vue du ministère. D’après la liste des rois judéens communiquée dans le premier verset du livre, Esaïe exerce le sien entre la deuxième moitié du 8e siècle et la deuxième décennie du 7e siècle. Dieu lui révèle sa vocation prophétique

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Esaïe à grands traits


en 740, année de la mort du roi Ozias (Esaïe 6.1), et l’appelle à exercer à la cour royale, à Jérusalem, où il vit (7.3; 37.2) avec sa femme (8.3) et ses enfants (8.18; cf. 7.3; 8.3). Il est membre de la famille royale, cousin du roi Ozias d’après une tradition juive (Megillah 10b). Il détient, en outre, la position d’historien à la cour royale (2 Chroniques 26.22; 32.32). D’après une tradition rapportée dans le texte apocryphe Le martyre d’Isaïe, Esaïe est condamné à être scié en deux sous Manassé (cf. Hébreux 11.37). Ce roi de Juda ne figure pas dans la liste du premier verset, mais Esaïe 37.37-38 évoque l’assassinat du roi assyrien Sanchérib survenu en 681, pendant son règne (696–642). *  Bien qu’Esaïe adresse des menaces de jugement à Israël et aux nations, la plupart de ses prophéties dans les trente-cinq premiers chapitres concernent les Judéens à l’époque de la crise assyrienne. *  Les chapitres 36 à 39 sont parallèles au récit historique de 2 Rois 18.13–20.19, dont l’auteur s’inspire, du moins pour cette partie du récit, de la narration d’Esaïe. Il y est relaté l’assaut des Assyriens contre Juda, la délivrance miraculeuse de Jérusalem vis-à‑vis des forces ennemies et la visite de dignitaires babyloniens. *  A partir du chapitre 40, la délivrance de l’exil en Babylonie et le retour au pays sont les deux thèmes de première importance. * * * Les rois contemporains du ministère d’Esaïe Rois de Juda (Esaïe 1.1, d’Ozias à Ezéchias) *  Ozias/Azaria 767–740 (corégent depuis 792 environ; 2 Rois 15.1-2) *  Jotham 750–735 (corégent entre 750 et 740) *  Achaz 735–715 *  Ezéchias 715–686 (corégent à partir de 729 environ) *  Manassé 697–642 (corégent entre 697 et 686) Rois d’Assyrie de la même époque *  Tiglath-Piléser III 745–727 *  Salmanasar V 727–722 *  Sargon II 722–705 *  Sanchérib 705–681 *  Esar-Haddon 681–669 *  Assurbanipal 668–633 * * *

Esaïe à grands traits

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Contexte historique

Esaïe est contemporain de la montée en puissance de l’Assyrie et de l’hégémonie exercée par cet Empire sur le Proche-Orient ancien. Sous Tiglath-Piléser III (745–727), sa domination englobe également la Syrie (aussi appelée Aram) et Israël (aussi dénommé Ephraïm). La politique des deux royaumes que sont Israël et Juda est directement touchée. L’Eternel envoie Esaïe auprès d’Achaz, le roi de Juda, afin de le dissuader de se joindre à la lutte syro-éphraïmite contre l’Assyrie. En effet, en réalité, Aram et Ephraïm complotent contre Achaz pour placer un vassal sur le trône et ainsi s’assurer la fidélité de Juda dans la coalition antiassyrienne. Esaïe l’enjoint cependant à ne pas faire appel non plus à l’Assyrie pour se protéger (Esaïe 7; cf. 2 Rois 16.5-18; 2 Chroniques 28.1621). Mais Achaz ne l’écoute pas: il fait appel à l’Assyrie, qui s’empare à la fois de la Syrie et d’Israël en 732 (Esaïe 7.8). Tout Israël, à part la montagne d’Ephraïm et Samarie, sa capitale, est annexé à l’Empire assyrien. En revanche, la Galilée avec la vallée de Jizreel, Galaad en Transjordanie et la plaine du Saron sur la côte de la Méditerranée deviennent trois provinces assyriennes. Une décennie plus tard, suite à une révolte, Samarie tombe en 722/721 entre les mains de Sargon II, qui poursuit la politique de son père: déportation du peuple et transplantation de nouvelles populations sur le territoire. Dès lors, Israël, le royaume du nord, n’est plus une nation. Les conséquences sont également lourdes pour le royaume du sud: Tiglath-Piléser III exige un important tribut pour la délivrance de Juda (2 Rois 16.7-9). S’alliant à l’Egypte (Esaïe 36.6) et prenant le contre-pied de la politique de son père Achaz, Ezéchias refuse de payer ce tribut. Il paie cher sa rébellion: Sanchérib (705–681) envahit Juda en 701 (Esaïe 36; 2 Rois 18.13-14). Toutefois, à la différence de son père et grâce au ministère d’Esaïe, Ezéchias place sa confiance dans les projets divins de salut annoncés par le prophète (Esaïe 37). Bien que Jérusalem soit miraculeusement épargnée, le reste du territoire est ravagé par l’incursion militaire brutale des Assyriens. A l’issue de la visite d’une délégation babylonienne auprès du roi judéen, Esaïe prédit la soumission du royaume du sud à Babylone et la déportation des descendants

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Contexte historique


d’Ezéchias, destinés à servir son roi (39.6-7). En 612, Ninive, la capitale de l’Assyrie, est effectivement détruite par les Babyloniens. L’Empire assyrien s’effondre. Si les chapitres 1 à 39 voient planer la menace assyrienne, le reste du livre se concentre sur la fin de l’exil en Babylonie, le retour du peuple et la restauration du pays (40–66). Cette délivrance future vis-à‑vis de Babylone est présentée de la même manière que la délivrance passée vis-à‑vis de la servitude en Egypte: il s’agit d’un second exode (1.27; 4.56; 11.11-12; 27.12-13; 43.2, 5-6, 16-21; 48.20-21; 49.10; 51.9-11; 52.11-12; 63.9-14). En 539, Cyrus le Perse, après avoir uni les Mèdes et les Perses, conquiert Babylone (cf. 41.2; 44.28–45.13; 46.11; Daniel 5.28). Instaurant dès 538 une politique générale de rapatriement, il permet à tous les peuples exilés par les Babyloniens de rentrer chez eux. Il subventionne même, dans le souci de s’assurer la faveur de tous leurs dieux, la restauration de leurs lieux de culte. Et, comme l’a prophétisé Esaïe, il reconstruit Jérusalem (Esaïe 44.28; 45.13; cf. Esdras 1.2-4; 6.2-5).

Contexte historique

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Paternité littéraire et unité du livre Des questions posées D’un point de vue traditionnel, le livre d’Esaïe est considéré comme une œuvre remontant dans son intégralité au 8e siècle, écrite par Esaïe, fils d’Amots. Jusqu’au siècle des Lumières, les commentateurs traitent les textes prophétiques de la même manière que les autres livres de la Bible et n’analysent pas les prédictions dans le but de déterminer leur caractère fallacieux ou non. Mais, depuis la fin du 18e siècle, certains partisans de la critique littéraire avancent l’hypothèse que les 66 chapitres d’Esaïe auraient plusieurs auteurs, intervenus pour la composition du texte à différents moments. La raison principale de cette prise de position est la situation historique: *  La première partie du livre (1–39) présente la Jérusalem du 8e siècle et s’adresse principalement aux Judéens, au cours de la domination assyrienne exercée à cette période (cf. ch. 7–8). Elle est dans sa majeure partie attribuée à Esaïe (Esaïe 1.1). Néanmoins, certains chapitres – notamment les chapitres 13 et 14 sur le jugement de Babylone et les chapitres 24 à 27, dits apocalyptiques – sont attribués à des auteurs de la période exilique ou postexilique1. L’ajout des promesses de délivrance aux menaces est également considéré comme un travail rédactionnel postexilique. Une telle hypothèse fait de ces promesses une confirmation de faits déjà accomplis plutôt qu’une prophétie. *  Les chapitres 40 à 66 ne mentionnent ni Esaïe ni les Assyriens. L’arrière-plan général est d’abord le retour imminent des Judéens exilés en Babylonie (40–55), puis la restauration du pays (56–66). A partir du 19e siècle, la critique littéraire attribue ces sections à deux autres «Esaïe», anonymes: le Second Esaïe (ou «Deutéro-Esaïe», ch. 40–55) et le Troisième Esaïe (ou «Trito-Esaïe», ch. 56–66). Le Second Esaïe aurait vécu l’exil babylonien (586–539) et prophétisé aux exilés. Le Troisième Esaïe aurait exercé son ministère auprès des rescapés pendant la restauration de Juda, après 539. 1 La période dite exilique est celle où Juda se trouve en exil, après la chute de Jérusalem (586–539). La période dite postexilique est postérieure à l’exil (elle se situe donc après le décret autorisant le retour d’exil en 539).

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–  Dans les chapitres 40 à 55, la captivité babylonienne est présentée comme un fait accompli (cf. p. ex. Esaïe 48.20). Les exilés sont encouragés à attendre leur délivrance imminente et leur retour prochain au pays (40.9-11; 42.1-9; 43.1-7; 44.24-28; 48.1222; 49.8-23; 51.11; 52.1-12), car le jugement de leurs oppresseurs est proche (43.14-15; 47.1-15; 48.14; 49.24-26; 51.21-23). Le nom de Cyrus, roi de Perse (559–530), est même mentionné (44.28; 45.1, 13); c’est lui qui s’avérera être l’instrument du jugement divin annoncé contre Babylone. Ces événements étant situés entre 600 et 539, les chapitres 40 à 55 sont datés, selon l’hypothèse critique, de la fin de l’exil. –  Certains passages des chapitres 56 à 66 présupposent le retour au pays et le début de la restauration de Juda, entre 539 et 500, sous l’Empire perse. Après avoir été brûlée et rasée par les Babyloniens, Jérusalem est reconstruite (58.12; 60.10; 61.4; cf. 45.13; 51.3; 54.11-12); elle a des murs (62.6). Pour finir, les reproches faits au peuple idolâtre sont de nouveau adressés aux rescapés (66.17; cf. 57.3-6). Cette dernière partie du livre serait donc le fruit d’une rédaction postexilique. Face à de tels constats, peut-on encore appuyer la position traditionnelle? Que dire de la théorie critique? Laquelle des deux est la plus viable?

Des arguments en faveur de l’unité Témoignages externes Le début du livre signe la prophétie du nom d’Esaïe, fils d’Amots (Esaïe 1.1). Tous les autres livres prophétiques indiquent en introduction le nom du prophète auquel les oracles sont attribués. Il n’est, en revanche, fait mention à aucun endroit d’un «Alter-Esaïe», ni au début ni autre part. Pour Jesus ben Sira (env. 200 av. J.-C.), Esaïe est l’auteur du livre dans son entier (Siracide [ben Sira] 48.22-24). Dans le rouleau complet découvert à Qumrân (1QIsaa, datant du 2e ou du 1er siècle av. J.-C.), les chapitres 40 à 66 sont inclus, et il n’y a pas de coupure entre les chapitres 39 et 40. Par ailleurs, le NT cite Esaïe une vingtaine de fois. Les citations sont tirées du livre entier. Parfois, deux extraits sont juxtaposés, l’un de la première section (ch. 1–39), l’autre du «Deutéro-Esaïe» (ch. 40–66), et tous deux sont attribués à Esaïe le prophète (Jean 12.38, 39-41,

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cf. Esaïe 53.1; 6.10; Romains 9.27-28, 29, cf. Esaïe 10.22-23; 1.9, et Romains 10.20-21; cf. Esaïe 65.1-2). Jésus lui-même, réclamant «le livre du prophète Esaïe» (Luc 4.17) en guise d’introduction à son ministère, cite deux versets tirés du «Trito-Esaïe» (4.18-19, cf. Esaïe 61.1-2)). On le constate, le NT attribue le livre entier à un seul et même auteur.

Témoignage interne S’il existe une cohérence littéraire à travers le livre, les contre-arguments à l’unité d’auteur peuvent être réfutés. Or, quand on examine sa structure globale, on observe qu’elle sous-tend son unité. *  Tout d’abord, la structure suit une logique chronologique: oracles, de jugement principalement (ch. 1–35), menant à l’invasion de Juda par l’Assyrie (36.1–37.20); délivrance de Jérusalem vis-à‑vis de l’attaque assyrienne (37.21-38); maladie et guérison d’Ezéchias, visite des émissaires du roi babylonien et prophétie de la captivité babylonienne (ch. 38–39); promesses de délivrance de l’exil en Babylonie, retour au pays et restauration (ch. 40–66). *  Du point de vue linguistique, les deux sections majeures du livre (ch. 1–39 et ch. 40–66) présentent un très grand nombre de traits communs. Quelques exemples: –  Le titre divin qu’Esaïe préfère, «le Saint d’Israël», est distribué à vingt-cinq reprises de manière uniforme à travers le livre, douze fois dans les chapitres 1 à 39 et treize fois dans les chapitres 40 à 66 (p. ex. Esaïe 1.4; 5.19; 37.23; 43.3; 55.5; 60.14). Cette expression n’apparaît que six fois ailleurs dans l’AT. –  «Sion» apparaît vingt-neuf fois dans la première section et dixhuit fois dans la deuxième (p. ex. 1.8; 2.3; 5.14; 28.16; 37.32; 40.9; 46.13; 52.7; 60.14; 62.11; 66.8). C’est un thème majeur du livre, qui ne se retrouve que dans Michée, à raison de neuf fois dans les quatre premiers chapitres du livre, et dans le Psautier, avec une fréquence de seulement vingt-huit dans l’ensemble des 150 psaumes. –  Les thèmes de l’aveuglement et de l’assourdissement d’Israël, résultat de la mission confiée à Esaïe (6.9-10), se retrouvent dans le livre entier (29.18; 42.16, 18-19; 43.8; 56.10). Dans les deux moitiés du livre, ces conditions sont parfois rectifiées pour céder, grâce à la conversion, à la vue et à l’ouïe (29.18; 35.5; 42.16, 18-19).

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–  La délivrance vis-à‑vis de l’ennemi est dépeinte comme un nouvel exode tout au long du livre (1.27; 4.5-6; 10.26; 11.11-12, 15-16; 27.12-13; 43.2, 5-6; 48.20-21; 49.10; 51.9-11; 52.11-12; 63.9-14). –  Les non-Juifs, y compris les ennemis du peuple élu, se joignent à Israël dans l’adoration de l’Eternel (2.2-3; 11.9; 14.1-2; 19.1825; 27.13; 49.6-7; 52.13-14; 56.3, 6-7; 60.3-5; 66.18-21). –  L’expression «alliance éternelle» se trouve une fois dans chaque moitié du livre (24.5; 55.3). –  La tournure traduite mot à mot par «la bouche de l’Eternel a parlé» est employée une fois dans chacune des trois divisions, y compris dans les «Deutéro-» et «Trito-» Esaïe (1.20; 40.5; 58.14). –  Israël est dépeint comme une femme répudiée par l’Eternel, présenté comme son mari. Cette image se trouve dans chacune des trois parties (27.8, voir le commentaire sur ce verset; 50.1; 54.6-7; 62.4). *  Il y a également cohérence sur les plans littéraire et thématique. Le début du livre s’ouvre avec la convocation du ciel et de la terre comme témoins de l’infidélité du peuple rebelle (1.2); la fin du livre y fait écho, présentant le nouveau ciel et la nouvelle terre comme lieu de vie du peuple racheté (66.22). Le premier chapitre s’achève comme le dernier: le jugement ultime de ceux qui persistent dans la rébellion et résistent définitivement à la grâce de Dieu consiste en un feu qui ne s’éteint pas (1.31; 66.24). Enchâsser ainsi une unité littéraire (on parle d’inclusion ou inclusio) présuppose un travail éditorial intentionnel au niveau de la forme et du fond du livre dans son entier. En définitive, le procédé littéraire d’inclusion, la charpente chrono­logique et les parallèles thématiques et lexicaux entre les sections attestent non seulement de l’unité du livre mais aussi de l’unité d’auteur. Ces arguments ne satisfont pourtant pas certains esprits, pour qui la réalité même de la prophétie est en cause: Dieu révèle-t‑il vraiment l’avenir aux prophètes, et est-ce lui qui les envoie pour l’annoncer au peuple?

Réalité de la prophétie La prophétie de l’avenir lointain n’est ni la seule forme d’énoncé prophétique ni la plus caractéristique. L’avenir qui est dévoilé dans le livre d’Esaïe relève du caractère incomparable de l’Eternel omniscient et tout-puissant, car les faits en question se sont accomplis

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(cf. 41.4, 26-27; 43.8-11; 44.7; 45.11, 21; 46.10). Or, selon l’Ecriture, la parole de l’Eternel se réalise toujours. C’est d’ailleurs ce qui en fait la grande particularité (Deutéronome 18.21-22). Si l’on écarte ce postulat, on arrive à la conclusion que les chapitres 40 à 66 et certaines parties des chapitres 1 à 39 ont été rédigés par plusieurs auteurs au cours des périodes exilique et postexilique. Plusieurs éléments attestent cependant que certains événements rapportés en Esaïe 40–55, chapitres attribués au «Deutéro-Esaïe», se sont produits bien avant la chute du royaume de Juda et non à la fin de l’exil. Les chapitres 41 et 42, par exemple, mentionnent des guerres: «Tu ne les trouveras plus, ceux qui te combattaient [litt. ‘les hommes en lutte avec toi’]; ils seront réduits à rien, réduits au néant, ceux qui te faisaient la guerre [litt. ‘les hommes en guerre avec toi’]» (Esaïe 41.12); «c’est un peuple pillé et dépouillé … Jacob … Israël … Alors, il a déversé sur son peuple toute l’ardeur de sa colère et la violence de la guerre» (42.22-25). Le terme de «guerre» (milhamah) employé dans ces versets évoque une action militaire à grande échelle. Une question surgit alors: quel peuple pillerait des exilés et leur ferait la guerre? Une telle guerre n’est, du reste, mentionnée nulle part dans les livres bibliques exiliques et postexiliques. Puis, comme indiqué entre crochets plus haut, les verbes traduits à l’imparfait dans la version suivie sont en hébreu des groupes nominaux qui peuvent aussi être traduits au présent. Vu sous cet angle, Esaïe 41.12 pourrait tout à fait décrire une opération militaire se déroulant au moment de la rédaction. L’adversaire dont il est question est appelé à être détruit (41.12). Si l’on considère, en suivant la logique d’écrivains multiples, qu’il s’agit des Babyloniens, on se heurte à deux considérations: *  d’une part, les Babyloniens ne connaissent la défaite que devant Cyrus en 539; *  d’autre part, les Perses ne détruisent pas Babylone: la conquête a lieu sans destruction de la capitale et presque sans effusion de sang dans la ville. Le seul peuple qui ait à la fois attaqué Israël et été anéanti, c’est l’Assyrie: elle s’empare d’Israël en 721, attaque Juda en 701, puis, lors de son assaut contre Jérusalem, subit une défaite extrêmement lourde au cours de laquelle son armée est entièrement écrasée (37.36). Cette destruction est par ailleurs clairement prophétisée à plusieurs reprises dans des passages antérieurs (10.12, 16, 25-26; 29.5; 33.18-19; 37.7). Esaïe 41.12 et

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42.22-25 semblent faire référence à ces événements. Si tel est le cas, on est bien devant des messages préexiliques. Un verset du chapitre suivant fait aussi probablement référence à l’époque assyrienne: «J’ai donné l’Egypte en rançon pour toi, l’Ethiopie et Saba à ta place» (43.3). Saba, ici, n’est pas le pays sud-arabique mais un pays voisin de l’Ethiopie (cf. Genèse 10.7; Esaïe 45.14). La «rançon» n’est pas une récompense destinée à Cyrus pour avoir délivré les exilés, puisqu’il ne vainc ces nations du nord-est de l’Afrique à aucun moment; c’est son successeur, Cambyse II, qui prend l’Egypte quatorze ans plus tard, en 525. En réalité, l’Ethiopie règne sur l’Egypte aux 8e et 7e siècles, pendant la période assyrienne. Toutes deux attaquent les Assyriens en Juda sous les règnes du pharaon Shabaka (716–702) et de Sargon II (cf. 20.1-6), puis de nouveau à l’époque de leurs successeurs, Shebitku (702–690) et Sanchérib, en 701. Quant à la «rançon» (43.3) il peut s’agir de la diversion des forces assyriennes qui accorde un moment de répit aux Judéens. En 701, Shebitku envoie l’Ethiopien Tirhaka et son armée au secours de Juda contre les Assyriens, événement mentionné en 37.9. Cela oblige Sanchérib à abandonner son objectif du moment pour faire face à la menace égypto-éthiopienne. Tirhaka succède à Shebitku dix ans plus tard (690–664). Il est déjà qualifié de «roi d’Ethiopie» en 37.9. Autre exemple d’un passage difficilement attribuable à un «DeutéroEsaïe»: Esaïe 43.28, qui renvoie à des événements non encore réalisés. Ici, le vav préfixé aux verbes est souvent pris pour un vav consécutif, et les verbes sont souvent traduits au passé. Or, il est conjonctif et, ainsi, le texte traditionnel s’exprime au futur: «Et je profanerai les chefs du sanctuaire et je livrerai Jacob à l’anathème…» (cf. NAS, NIV, ESV). La déclaration de ce jugement montre que le temple n’est pas encore détruit et que le peuple n’est pas encore exilé. Loin de faire référence à la période exilique, les passages des chapitres 41 à 43 évoqués ci-dessus traitent d’événements préexiliques. Un auteur en exil en Babylonie ne parlerait pas comme d’un fait d’actualité de l’oppression assyrienne: cela n’aurait pas de sens. D’autant plus insensé dans une situation de destruction puis de déportation: pourquoi écrire comme si l’exil n’avait pas encore eu lieu et que le temple existait toujours? Il est plus raisonnable de croire que cet auteur est préexilique, contemporain de l’hégémonie assyrienne des 8e et 7e siècles. D’autres versets laissent entendre que l’auteur vit en Israël et non en Babylonie parmi les exilés. Adressant la parole de l’Eternel au peuple, descendance d’Abraham, il dit en effet: «Je t’ai pris aux extrémités de

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la terre, je t’ai appelé d’une région lointaine…» (41.9). Or, pour un personnage exilé en Babylonie, la patrie d’Abraham serait toute proche et non aux extrémités de la terre. En revanche, du point de vue d’un habitant d’Israël, l’Ur des Chaldéens est localisée dans un pays très lointain. Ailleurs, dans une allusion au lieu de l’exil, l’auteur dit «là» et non «ici» (52.11). Israël par contre est «ici» et non «là-bas» (52.5 litt. «…quel intérêt ai-je ici à voir…»). Puis arrive une démonstration de la puissance de délivrance de l’Eternel: «Je ferai pousser dans le désert le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier…» (41.19; cf. 55.13). Pourquoi parler de ces arbres à des exilés, alors que c’est une flore indigène d’Israël et non de Mésopotamie (cf. Psaume 137.1-2; Esaïe 44.4)? Ces arbres seraient inconnus à une personne ayant passé toute sa vie en Mésopotamie. De plus, pour fabriquer leurs statues, les peuples idolâtres ont besoin du bois des forêts (44.14). Il est bien question ici d’une région boisée, et ce n’est pas le cas de la Mésopotamie; seuls les monts du Zagros, à l’est, contiennent des zones forestières. Dans les chapitres attribués au «Trito-Esaïe» (56–66), auteur prétendument postexilique, certains passages montrent que ni le retour ni même l’exil n’ont encore eu lieu. *  Prenons, par exemple, la condamnation de l’idolâtrie du peuple (57.3-7; voir aussi 46.6-7; 48.5; 66.3, 17). Si ces reproches étaient adressés à des rescapés de retour dans leur pays, le prophète, à l’instar d’autres auteurs (cf. Ezéchiel 7.15-22 et 2 Rois 17.7-23), leur rappellerait que l’exil a été causé précisément par cette faute. Comme ce n’est pas le cas, il faut en conclure qu’il s’agit des idolâtres de l’époque du ministère d’Esaïe. *  Autre exemple: selon Esaïe 62.6, Jérusalem n’est pas en ruine, puisqu’elle a des murs et des gardes. En revanche, en 64.9-10, il est dit: «… Sion est un désert, Jérusalem un endroit dévasté. Notre saint et splendide temple, où nos ancêtres célébraient tes louanges, est devenu la proie des flammes, tout ce que nous avions de précieux est en ruine.» On ne peut comprendre ces deux affirmations opposées que si l’on considère que l’auteur vit avant la destruction et prophétise à la fois la ruine et la reconstruction de la ville. Un auteur postexilique de la période de la restauration de Jérusalem ne parlerait pas d’une ville détruite après avoir dit qu’elle est reconstruite. Une dernière remarque concernant la rédaction considérée comme tardive, voire postexilique, d’un passage de la partie du livre généralement

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attribuée à Esaïe (1–39): il est très probable que l’oracle contre Babylone (13–14) s’adresse à la ville de la période assyrienne, soit indépendante (9e à mi-8e siècle), soit soumise à cet Empire (747–627), plutôt qu’à la capitale de l’Empire néo-babylonien (626–539). Les chapitres présentés comme apocalyptiques (24–27) ne contiennent pas les éléments caractéristiques de ce genre assez tardif. De telles questions sont abordées plus loin, dans les commentaires sur ces chapitres. La position que nous défendons est la suivante: *  la portée exilique et postexilique des chapitres 40 à 66 relève du caractère propre de la prophétie prédictive; *  Esaïe, prophète du 8e siècle, en est l’auteur. Les annonces de délivrance vis-à‑vis de l’ennemi et de l’exil, tout comme celles du rétablissement du peuple sur son territoire, visent à éveiller l’espérance de ceux qui connaissent l’oppression assyrienne et seront appelés à traverser les souffrances de la déportation. Elles veulent aussi encourager ceux qui vivront les épreuves de la restauration, une fois de retour dans leur pays. La délivrance et la restauration ont aussi pour le peuple élu, pour les rachetés, une portée spirituelle: ces hauts faits préfigurent la rédemption accomplie par le serviteur de l’Eternel ainsi que son règne éternel et universel sur le nouveau ciel et la nouvelle terre.

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Esaïe 1–35

I. Condamnation de la rébellion d’Israël et de Juda


Esaïe 1.1–12.6

A. Récriminations contre le peuple rebelle et affermissement du reste Les chapitres 1 à 12 constituent une collection de messages avertissant principalement Juda, mais aussi Israël parfois, que Dieu ne peut plus retenir son jugement. Le peuple persiste dans la rébellion, qu’il manifeste par son mépris pour la parole divine. Le formalisme cultuel, qui est une forme d’idolâtrie, et l’injustice sociale vont inévitablement de pair (Esaïe 1.13-15). Ces altérations violent, chacune, une des deux tables de la loi, charte dans laquelle l’amour pour Dieu et l’amour pour autrui sont inextricablement liés (Lévitique 19.18; Deutéronome 6.5; Matthieu 22.37-40; Galates 5.14). En d’autres termes, culte et éthique sont indissociables. La véritable adoration du Dieu créateur et rédempteur (voir l’encart sur ce sujet en lien avec le ch. 40) engendre une soif de justice et en est le fondement. Le formalisme cultuel, en revanche, incarne une vision déformée de la nature divine, où le Seigneur est un être impersonnel et insondable dont on s’approche machinalement, par des rites dénudés de signification spirituelle (Esaïe 1.11-12). La relation personnelle avec leur créateur perdue, les créatures deviennent, elles aussi, impersonnelles et se perçoivent entre elles comme des objets qu’elles peuvent manipuler et exploiter égoïstement (cf. 1.16-17). Malgré sa tonalité négative, marquée par l’infidélité de la majorité du peuple, cette section renferme beaucoup de promesses pour ceux qui s’attachent à l’Eternel, c’est-à‑dire «le reste». Comme ce terme l’implique, il s’agit d’une minorité, minorité toutefois convertie et fidèle à l’alliance. Par-delà les menaces, des exhortations appellent le peuple rétif à se détourner du mal qu’il commet et à revenir à l’Eternel. La section 1.1–2.4 encapsule tel un prologue les thèmes majeurs du livre. Le chapitre 12, l’épilogue de cette première sous-section, est un psaume de reconnaissance pour le salut du reste.

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Esaïe 1.1–12.6


Esaïe 1.1-31 Péchés de Juda et punition L’en-tête général du livre, Esaïe 1.1, situe les messages du prophète dans l’espace et dans le temps. Son ministère prend place en Juda et à Jérusalem, et il s’étale sur une période de 60 ans environ. L’Eternel lui adresse sa vocation en 740, année de la mort d’Ozias (6.1), le premier roi de la liste. Le dernier, Ezéchias, meurt cinquante-quatre ans après, en 686. Comme indiqué dans l’introduction, Esaïe voit une partie du règne de Manassé, le fils et corégent d’Ezéchias pendant une dizaine d’années avant sa montée sur le trône à la mort de son père; le nom de ce roi n’est pas mentionné dans le livre (voir l’introduction et l’encadré» Rois de Juda»; lire 2 Chroniques 26–32 pour l’arrière-plan historique).

Le cantique de Moïse, source d’inspiration Esaïe s’inspire souvent du cantique de Moïse en Deutéronome 32. Un grand nombre d’expressions de ce passage sont reprises uniquement en Esaïe 1 et nulle part ailleurs dans l’Ecriture. Quelques exemples: *  «Ciel, écoute! Terre, prête l’oreille!» (Esaïe 1.2; Deutéronome 32.1) appelle les éléments de la nature à témoigner de l’infidélité du peuple envers l’alliance (Deutéronome 30.19; 31.28). *  «Enfants [litt. fils] corrompus» (Esaïe 1.4; Deutéronome 32.5; cf. Esaïe 32.19-20), désigne les fils, héritiers de l’alliance. *  Les chefs et le peuple de Jérusalem sont comparés aux habitants de «Sodome et Gomorrhe» (Esaïe 1.9-10; Deutéronome 32.32) et jugés à titre exemplaire pour leur iniquité grossière. *  «Ecoutez la parole de l’Eternel … Prête l’oreille à la loi» (Esaïe 1.10; Deutéronome 32.1), sont des exhortations à retourner à l’Eternel. *  Il y a des avertissements pour avoir rompu l’alliance: «Vous serez dévorés par l’épée» (Esaïe 1.20; Deutéronome 32.42), mais aussi des cris de justice, car Dieu va «se venger de ses adversaires/ennemis» (Esaïe 1.24b; Deutéronome 32.43b; cf. 27), de ceux qui portent atteinte à son peuple. La liste n’est pas exhaustive; d’autres exemples seront mentionnés dans la suite du commentaire.

Esaïe 1.1-31

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Le cantique légué par le prophète archétypal Moïse fait également office de charpente pour l’expression prophétique du prologue, que l’on peut faire ressortir ainsi: *  rappel des bienfaits de l’Eternel envers son peuple (Esaïe 1.2b; Deutéronome 32.7-14); *  reproches au peuple ingrat tourné contre lui (Esaïe 1.3, 10-15, 21-23; Deutéronome 32.15-18); *  jugement prononcé contre ce peuple (Esaïe 1.4-6; Deutéronome 32.19-26); *  sentence exécutée par les nations ennemies (Esaïe 1.7, 20; Deutéronome 32.27); *  délivrance du reste fidèle et de ceux qui reviennent à l’Eternel (Esaïe 1.8-9, 16-19, 25-27; Deutéronome 32.36); *  peines sévères pour ceux qui résistent à la grâce offerte (Esaïe 1.20, 28-31; Deutéronome 32.35); *  punition des nations qui châtient Israël (Esaïe 1.24; Deutéronome 32.40-42); *  union finale de ces nations à Israël dans l’adoration de l’Eternel (Esaïe 2.2-4; Deutéronome 32.43; cf. Romains 15.10). Composé du premier chapitre et des quatre premiers versets du chapitre 2, le prologue indique le cap suivi par le livre: les prophéties s’articuleront autour des thèmes mis en lumière ici et développés dans cette première section (ch. 1–12).

Comment l’Eternel se présente-t‑il (Esaïe 1.2b et 4a, même mot)? Comparer avec 64.8. Quelles sont les images employées pour décrire le peuple qui pratique le mal (1.2-4, 9-10, 20, 21, 28)? Quelles sont les images évoquant la punition du peuple (1.5-6)? Quel sera finalement son châtiment (1.7)? Quels mots décrivent le peuple toujours fidèle (1.8-9)? 28

Esaïe 1.1-31


Quelles promesses lui sont faites (1.1819, 27)? Que faut-il faire pour s’approprier ces promesses? Une vision Le livre commence par la «vision» (hazon) qu’Esaïe a sur Juda et Jérusalem (1.1). En ce qui concerne le mode de la révélation divine, il s’inscrit dans la tradition prophétique classique. La grande distinction entre Moïse et tous les autres prophètes réside en effet dans la manière dont Dieu se révèle à eux. La loi dit: «Lorsqu’il y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Eternel, je me révélerai à lui, c’est dans un rêve que je lui parlerai. Ce n’est pas le cas avec mon serviteur Moïse… Je lui parle directement, je me révèle à lui sans énigmes» (Nombres 12.6-8a; cf. Exode 33.11). Samuel est considéré comme le premier prophète après Moïse (Actes 3.24); 1 Samuel 3.1 dit à son sujet: «Le jeune Samuel était au service de l’Eternel devant Eli. La parole de l’Eternel était rare à cette époque, les visions n’étaient pas fréquentes». La traduction littérale de la dernière partie de ce verset donne: «Il n’y avait pas de vision faisant brèche/irruption/qui perçait». La vision est le moyen par lequel le message divin est transmis au prophète. Elle vient habituellement de façon audible, sous forme de parole (voir le commentaire sur 22.14). Au moyen de cette parole véhiculée par le prophète, Dieu fait irruption parmi son peuple et dans le monde (cf. Esaïe 55.11).

Des enfants rebelles et un reste A son tour, Esaïe transmet au peuple d’Israël les paroles qu’il a entendues dans sa vision. Il s’adresse aux «enfants» (litt. «fils») de Dieu (1.2, 4). L’Eternel est implicitement présenté comme le Père, rapport explicité plus loin («notre père» 63.16; 64.7). Israël, le peuple élu, est le «fils» d’alliance, selon le choix souverain de Dieu (Exode 4.22-23; Deutéronome 7.6-8; 14.1; Romains 9.4). En tant que fils «aîné» (Exode 4.22) il est l’héritier des promesses des alliances (Romains 9.4); le Fils de Dieu héritier de toutes choses, Christ, est issu de lui (Hébreux 1.2; Romains 9.5). Cependant, la description des fils de Dieu au chapitre 1 rivalise avec celle contenue dans la première lettre aux Corinthiens de l’apôtre Paul. En apparence, beaucoup semblent en règle avec le Seigneur, par leur

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assiduité au culte, leur participation aux rites et leurs prières (Esaïe 1.11-15). Cependant, à l’intérieur, dans leur cœur, les choses sont tout autres. Les actes de certains les marquent de façon indélébile (1.23, 29); néanmoins, ils demeurent des «fils» de Dieu auxquels il s’adresse par le truchement d’Esaïe, et ce malgré la façon dont ils se détournent de lui (1.4, 28). Les termes «se révolter» (1.2 pasha‘), «révoltes» (1.5 sarah) et «rebelles» – ce dernier traduisant trois mots hébreux différents (1.20 marah, 1.23 pasha‘, 1.28 sarar) – signalent qu’il s’agit de ceux qui, grâce à la loi et aux paroles des prophètes, connaissent ou sont censés connaître la volonté divine mais refusent de s’y soumettre (cf. aussi le groupe de mots en 1.4). Ils font délibérément et obstinément le contraire de ce que le Seigneur attend d’eux. Ils sont livrés à leurs propres désirs mauvais qui les dominent. Ils «mépriseront [na’ats] le Saint d’Israël» (1.4b) et «repousseront [na’ats] la parole du Saint d’Israël» (5.24). L’emploi du même vocable hébreu dans ces deux versets amène à comprendre que mépriser sa parole revient à mépriser Dieu lui-même (cf. «mépriser» [bazah] 2 Samuel 12.9-10). C’est pourquoi les rebelles sont couverts de blessures et souffrent (Esaïe 1.5-6): ils récoltent ce qu’ils ont semé. Face à eux se trouvent ceux qui désirent obéir à la parole de Dieu, qui confessent le salut par sa grâce seule: «nous», «un faible reste» (1.9; cf. Romains 9.29), pareil au petit nombre de rescapés de la catastrophe qui a frappé Sodome et Gomorrhe. Même si parfois, à cause du péché, ils tombent dans la désobéissance, ils se relèvent par la grâce de la repentance. Ils reçoivent la purification (Esaïe 1.16), le pardon (1.18) et les bienfaits qui en découlent (1.19). Les mêmes privilèges sont offerts au plus récalcitrant, s’il se tourne vers le Seigneur. La grâce de Dieu est plus grande que tous les péchés les plus grands de son peuple tout entier. L’expression «là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé» (Romains 5.20) résume bien cette pensée, présente dans le premier chapitre d’Esaïe. La fin du chapitre constitue un autre avertissement, solennel, à l’égard des dissidents. Elle est identique au dernier verset du dernier chapitre, où le «feu» inextinguible du dernier jugement condamne ceux qui persistent dans la rébellion et résistent sans repentir à la grâce de Dieu (31; 66.24 cité en Marc 9.44, 46, 48; cf. Apocalypse 20.14-15). Outre les menaces de jugement et les appels à la repentance, l’Eternel cherche à réveiller le peuple spirituellement assoupi par des circonstances à la limite du soutenable. La «dévastation» des villes et du pays

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(1.7) est provoquée par les invasions successives de nations ennemies voisines de Juda: Aram (Syrie), Edom, Moab, la Philistie et même Israël (cf. 7.1; 14.29-32; 15.1–16.14; 17.1-14; 21.11-16; 2 Chroniques 26.6-8; 27.5; 28.5-6). Dieu se sert de ces peuples comme d’un tocsin sonnant le danger. Plus loin, la liste des envahisseurs s’étend aux grandes puissances: l’Assyrie (Esaïe 8.7-8; 10.5-6; 36.1-2) et la Babylonie (45). La diatribe contre les sacrifices, l’observance du sabbat et des fêtes sacrées ainsi que les prières présentées par le peuple (1.11-15; cf. Amos 5.21-24; Michée 6.6-8) est justifiée. Bien que Dieu lui-même ordonne ces rites, il n’y prend plaisir (1.11) que s’ils sont réalisés dans un vrai esprit d’adoration et que la vie quotidienne de ceux qui lui rendent un culte est en harmonie avec sa volonté (1.16-17; 56.2, 4; Osée 6.6; Jérémie 7.2126; Matthieu 23.23; 1 Corinthiens 5.6-8; 11.17-22, 27; Colossiens 2.16). Comme Jésus l’affirme, «les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. En effet, ce sont là les adorateurs que recherche le Père» (Jean 4.23).

La grâce du pardon Le verset familier d’Esaïe 1.18 – «Même si vos péchés sont couleur cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; même s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront clairs comme la laine» – illustre à l’aide de contrastes de couleurs la nature radicale du pardon et ses conséquences dans la vie de ceux qui en reçoivent la grâce. Ici, le «rouge» rappelle les blessures sanglantes (1.6), le sang des sacrifices offerts inutilement (1.11) et les mains entachées de sang (1.15). Si le rouge est retiré, la vie souillée devient «blanche» (cf. Psaume 51.9; Apocalypse 7.14). Les membres du peuple qui refusent cette purification de grâce résultant du pardon subissent de tragiques conséquences (Esaïe 1.20, 31b).

Sion Le chapitre se poursuit par une promesse de restauration spirituelle et civile (cf. 1.9): Jérusalem, la ville devenue une prostituée (1.21), est de nouveau appelée «ville de la justice» et «cité fidèle» (1.26; cf. 1.21a). «Sion sera rachetée»; elle représente le peuple de Dieu, les rachetés. Sion, c’est donc le reste, «ceux qui s’y convertiront» (1.27). Les expressions «par la droiture … par la justice» (1.27) ne décrivent pas des œuvres par lesquelles le peuple sera racheté et converti, mais des dons de l’Eternel (33.5) qui sont offerts grâce à la personne et à

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l’œuvre du Messie (cf. 9.6; 11.4; 16.5). Un rachat implique un substitut ou un paiement. Dans certains cas, le prix à payer peut être une vie, en échange de celle du racheté (Exode 13.13, 15; Nombres 3.41). Cela anticipe l’œuvre du serviteur juste de l’Eternel qui a donné sa vie pour les coupables (Esaïe 53.4-5) en vue de la justification des pécheurs (53.10-12). La tournure «ceux qui s’y convertiront» se traduit littéralement par «les convertis d’elle [f]». La conversion est celle des habitants de Sion (1.27; cf. 59.20). Bien que «Sion» soit grammaticalement neutre, on s’y réfère, comme ici, au féminin (cf. 4.5 «Sion … ses [féminin] lieux de réunion»). L’image de Sion ici, comme celle dépeinte plus loin, est celle d’une mère avec ses enfants (cf. 60.15-16; cf. 54.1-8). Il s’agit donc d’une image de la Sion spirituelle. Paul en parle en ces termes: «la Jérusalem d’en haut … qui est notre mère» (Galates 4.26). L’Eglise en est le prolongement (Hébreux 12.22; 1 Pierre 2.6). Le premier chapitre pose déjà les jalons de la deuxième partie du livre concernant la rédemption du reste et celle des exilés, ainsi que le rétablissement dans le pays. Le thème de Sion, un thème majeur du livre, est développé au fur et à mesure. Il suffit de dire ici que «Sion» est l’objet de l’espérance des héros de la foi de l’AT (Hébreux 11.13-16). Il en va de même pour les chrétiens (Hébreux 12.22; cf. Jean 12.15; Romains 9.33; 11.26; Apocalypse 14.1). La portée des prophéties concernant la rédemption, la délivrance de l’exil et la restauration du pays est christo­logique et eschato­logique. Leur réalisation ultime se situe dans le nouveau ciel et la nouvelle terre: ils abritent une Sion céleste où seront réunis tous les rachetés en Christ, l’Agneau de Dieu (Apocalypse 22.3).

De quelle manière le Psaume 87 décrit-il: 1)  le caractère de Sion (1-3), 2)  l’identité de ses citoyens (4-5), 3)  les bienfaits de la citoyenneté (6-7)?

Selon le contexte, «être racheté» (1.27 padah) peut signifier être délivré, libéré de l’esclavage, comme en Egypte (Deutéronome 7.8; 24.18; Esaïe 29.22), ou comme ici de l’exil en Babylonie (35.10, repris en 51.11). Dans un sens plus restreint, il y a rachat quand un substitut donne sa vie pour un autre, dans une logique de rançon (cf. Exode 13.13, 15). De façon ultime, le rachat préfigure la rédemption en Christ, car il a donné sa vie, une «rançon», à la place du pécheur pour que ce dernier puisse être délivré des conséquences – pénalité, puissance, présence – du péché (Tite 3.6;

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Esaïe 1.1-31


Hébreux 9.15). Ces trois composantes correspondent respectivement à la justification passée, la sanctification présente et la glorification future.

Quelles sont les grâces qui découlent de l’œuvre rédemptrice de Christ (Romains 3.24; Ephésiens 1.7; Colossiens 1.14)? * * *

 A relever «L’Eternel, le maître de l’univers»

«L’Eternel, le maître de l’univers» ou «l’Eternel des armées»: ce titre de Dieu est employé 58 fois par Esaïe (p. ex. 1.9; 13.4; 28.5, 22, 29; 31.4; 44.6; 45.13; 47.4; 48.2; 51.15; 54.5). Il est composé du tétragramme Yhvh, traduit par «l’Eternel», et du mot tseba’ot, traduit dans la Segond 21 par la tournure «maître de l’univers». Au sens propre, tseba’ot désigne des armées terrestres (Juges 8.6; 1 Rois 2.5; Psaume 68.13; Esaïe 13.4; 36.2). Il renvoie parfois à des armées célestes (1 Rois 22.19; Esaïe 24.21) et, plus rarement, à des corps célestes ou astres (cf. Deutéronome 4.19). Cette épithète souligne évidemment la souveraineté de l’Eternel sur l’univers. Plus spécifiquement, c’est une image de sa puissance en tant que roi (cf. Esaïe 6.5) livrant son armée à un combat dont la nature est, de façon ultime, spirituelle mais qui se manifeste très souvent sur la terre (cf. 24.21). Dans ce sens, le «maître de l’univers» est un guerrier victorieux. Combinaison de ce terme avec le nom d’alliance «l’Eternel» (Exode 3.15), l’expression Yhvh tseba’ot évoque celui qui met en œuvre ses engagements d’alliance en faveur de son peuple au moyen du jugement exécuté contre ceux qui s’opposent à lui et oppriment son peuple. Sargon II et Sanchérib, ainsi que d’autres rois assyriens, s’attribuent le titre de «roi de l’univers». Néanmoins, Juda est délivré des Assyriens car le roi Sanchérib et son armée sont vaincus précisément par le maître de l’univers (Esaïe 37.31-38). C’est aussi lui qui juge son peuple plus tard, par l’intermédiaire des Babyloniens (39.5-7). Mais il le rachète de la captivité en faisant s’écrouler l’Empire babylonien (47.4). Les nations les plus puissantes ne peuvent que jeter les armes devant ce roi-guerrier tout-puissant, «maître de l’univers». 1 Pierre 3.14-15 fait le rapprochement entre «Christ le Seigneur» (suivant plusieurs manuscrits) et «l’Eternel, le maître de l’univers» (voir le commentaire sur Esaïe 8.13). * * *

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DIEU

à travers

Esaïe

Ron Bergey

Découvrir

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DIEU à travers

Les prophéties d’Esaïe ne s’adressaient pas seulement à ses

aujourd’hui. En particulier, il projette un éclairage extraordinaire sur l’œuvre de salut de Dieu, sur sa grâce, sur le rôle dévolu à son «serviteur» Jésus, bref, sur l’Evangile. Tout cela (et bien d’autres choses encore), Ron Bergey nous aide à le découvrir, en décortiquant la formulation originale lorsque cela est nécessaire. Un ouvrage à posséder et parcourir absolument, qui fortifie notre propre foi. CHF 22.90 / 18.90 EUR ISBN 978-2-8260-3529-9

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Ron Bergey

Esaïe


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