Et si l’Eglise locale ne se résumait pas au culte du dimanche matin? Et si elle n’était pas qu’un bâtiment ou une organisation? Et si ses membres étaient appelés non seulement à se côtoyer mais à se connaître en vérité? Et si son unité était la clé de l’annonce de l’Evangile? C’est à ces questions et à bien d’autres que l’auteur, s’appuyant sur Romains 12, répond de manière honnête et très concrète. Etayant ses réflexions d’exemples personnels, il n’hésite pas à reconnaître les erreurs qu’il a pu commettre et qui l’ont conduit à revoir sa manière de considérer l’Eglise. Il en résulte un livre qui nous interpelle en profondeur et qui appelle au changement. Le tout est utilement complété par un guide d’étude pour petits groupes.
Plus qu’une Eglise… une famille met clairement en évidence la relation qu’il y a entre le corps de Christ sur un plan local et l’ordre de mission général qui nous est adressé. Tiré de la préface de David Platt, auteur de Suis-moi Dustin Willis, qui a été engagé dans un travail d’implantation d’Eglise pendant 10 ans, est aujourd’hui directeur exécutif du marketing de l’organisation missionnaire North American Board of Mission, dans la région d’Atlanta. Il est aussi l’auteur de La façon la plus simple de changer le monde.
CHF 00.00 / 00.00 € ISBN 978-2-8260-3569-5
Dustin Willis
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Plus qu’une Eglise... une famille
Eglise
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PLUS QU’UNE ÉGLISE... UNE FAMILLE
Plus qu’une Eglise… une famille Titre original en anglais: Life in community This book was first published in the United States by Moody Publishers, 820 N. LaSalle Blvd., Chicago, IL 60610 with the title Life in Community, copyright © 2015 by Dustin Willis. Translated by permission. All rights reserved. © et édition (française): La Maison de la Bible, 2018 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. info@bible.ch www.maisonbible.net Traduction: Elodie Meribault Couverture: Nelly Monnier Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-3569-5 ISBN format epub 978-2-8260-0369-4 ISBN format pdf 978-2-8260-9640-5 Imprimé en France, sur les presses de Sepec Numérique
A ma merveilleuse famille: Renie, Jack et Piper. Vous avez sacrifié tant de choses pour ce livre. Je suis heureux d’être à la tête d’une famille constituée de la meilleure équipe qui existe. Je vous aime. Puissions-nous ne jamais cesser d’inviter à notre table.
TABLE DES MATIÈRES Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1re partie - Former une famille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 1. Le besoin d’une famille spirituelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 2. Une base commune. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 3. Une transformation perpétuelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 2e partie - L’Eglise vécue comme une famille. . . . . . . . . . . . . . . 75 4. Apportons ce que nous avons de meilleur. . . . . . . . . . . . . . 77 5. Bas les masques!. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 6. Parfois, la haine est une bonne chose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 7. Attachons-nous au bien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 8. Amour, affection, estime. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 9. Persévérons ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 10. Pourvoyons aux besoins des autres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 11. Exerçons l’hospitalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 3e partie - Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 12. Levons-nous et agissons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Guide d’étude en six semaines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221 Index des références bibliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
1RE PARTIE
FORMER UNE FAMILLE
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1. LE BESOIN D’UNE FAMILLE SPIRITUELLE C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres. Jésus (Jean 13.35)
«S
olitude»: un mot chargé de sens, une réalité que nous avons tous déjà vécue, même si nous ne voulons pas l’admettre. Quelque chose en nous soupire après le sentiment d’appartenance que nous éprouvons lorsque nous sommes assis à table avec ceux que nous aimons, lorsque nous avons la joie de partager avec eux un bon repas, de vivre des relations authentiques, de rire, de pleurer ensemble. Ces personnes nous connaissent par cœur, et elles nous aiment de manière inconditionnelle. Nous voudrions pouvoir rester toute la vie autour de «cette table», mais bien souvent, nous avons l’impression que c’est tout simplement impossible. Nous aspirons à vivre avec les autres, mais nous souffrons de la solitude. En tant que pasteur, j’ai entendu bien des histoires à vous fen dre le cœur de personnes qui se sentaient terriblement seules. Mon ami Jay, par exemple, a passé dix ans à New York. Et bien que les rues y soient bondées de monde, il m’a confié ne jamais avoir 23
été aussi seul. «Ce n’est pas parce qu’on vit entouré de 25 millions de personnes qu’on a un sentiment d’appartenance», m’a-t‑il dit. Ou prenons Nicki, qui a grandi dans une famille nombreuse. Chaque dimanche, ce beau petit monde arrivait tout sourire au culte. Et pourtant, du lundi au samedi, Nicki vivait enfermée dans une terrible prison que ses parents appelaient «foyer». L’une des premières choses qu’elle m’a dites, c’est qu’aussi loin que remontent ses souvenirs, elle s’est toujours sentie seule. Je pense encore à ce couple marié qui fréquentait une Eglise dont j’étais pasteur. Un soir, je les ai écoutés vider leur sac. Ils semblaient incapables de mettre le doigt sur la raison de leur frustration. Mais finalement, ce mari et cette femme que la plupart des gens qualifieraient d’«extravertis» ont avoué qu’ils se sentaient l’un et l’autre profondément seuls. Jamais l’humanité n’a été aussi connectée qu’aujourd’hui, Et pourtant, jamais nous n’avons été aussi seuls.
La solitude peut aussi toucher les responsables d’Eglise. Lors qu’une Eglise dont je m’occupais a connu une période de croissance particulièrement intense, j’ai bien souvent eu, la nuit, le terrible sentiment que personne ne me connaissait vraiment ou, même, ne s’intéressait réellement à moi. Chaque dimanche, je prêchais trois fois d’affilée devant une salle de culte bondée. Puis, je montais dans ma voiture et je roulais sans but, me demandant pour quelle raison je me sentais si seul. Moi qui étais en contact avec des milliers de personnes, j’étais malgré tout submergé par l’impression d’être coupé du monde. La solitude touche tout un chacun, sans acception de personne. Elle vous surprend forcément un jour, que vous habitiez une petite 24
Plus qu’une Eglise… une famille
ville ou viviez dans une mégapole, que vous gagniez des millions ou que vous ayez du mal à joindre les deux bouts, que vous alliez à l’Eglise une fois tous les dix ans ou que vous soyez pasteur. Elle s’attaque à n’importe qui, n’importe quand.
PLUS DE RELATIONS, MOINS DE RéSEAUX SOCIAUX Jamais l’humanité n’a été aussi connectée qu’aujourd’hui, et pourtant, jamais nous n’avons été aussi seuls. A ce jour, 222 millions d’Américains peuvent entrer en contact avec n’importe qui dans le monde d’une simple pression du doigt sur un bouton. Nos téléphones nous permettent de parler aux gens sans avoir besoin de les voir. Et nous pouvons même communiquer avec eux par messages sans jamais entendre leur voix. Nous sommes constamment connectés les uns aux autres par Facebook, Twitter, Snapchat, Pinterest, Instagram (ou n’importe quel autre réseau social qu’un étudiant d’une prestigieuse université inventera d’ici la semaine prochaine). La technologie a tellement facilité la communication que nous sommes devenus accros à ce confort. Et malheureusement, en dépit de ces formidables avancées, il est plus difficile que jamais de construire des relations authentiques. John T. Cacioppo, neuro scientifique de l’Université de Chicago, disait dans une interview: Les réseaux sociaux tels que Facebook peuvent donner aux gens une fausse impression de vie sociale qui, finalement, renforce le sentiment de solitude des personnes qui en souffrent déjà. Ces sites devraient être un complément aux contacts en face-à‑face, et non les remplacer.1 John T. Cacioppo, interview donnée au journal Newsweek (cf. http://www. newsweek.com/lonely-planet-isolation-increases-us-78647). 1
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Ces avancées technologiques – bien qu’elles ne soient pas mauvaises en elles-mêmes – peuvent nous plonger dans une solitude plus profonde encore, surtout si elles nous conduisent à troquer des relations vraies, où l’on a un contact personnel direct, en face-à‑face, et où l’on accepte de se dévoiler, contre des relations maîtrisées et bien moins sincères, entretenues par écran interposé. Il y a quelque temps, dans un café, j’ai entendu une personne donner à une autre des idées pour perdre du poids. «Dès que tu ressens l’envie de manger, tu n’as qu’à croquer des glaçons», disait cet homme à son ami. Il expliquait que le fait de croquer et d’avaler de la glace aidait à calmer la sensation de faim. «C’est un moyen de tromper ton corps», disait-il. Je n’ai jamais rien entendu d’aussi stupide, ai-je pensé. Mais stupide ou non, quelques jours plus tard, je me suis retrouvé à essayer cette technique (enfin, vous savez, juste histoire de retrouver mon «poids idéal»). Et j’ai finalement découvert que si les glaçons sont très utiles pour rafraîchir une boisson, ils ne procurent pas à mon corps la nourriture dont il a besoin. Croquer de la glace ne m’ôte certainement pas l’envie de me goinfrer d’aliments plus agréables à manger et qui rassasient vraiment. La glace, ça n’aide qu’un instant. De même, les réseaux sociaux trompent les gens en leur faisant croire qu’ils peuvent leur donner ce qu’ils désirent. Pourtant, il est évident qu’ils ne favorisent pas les relations véritables et durables. Nous croyons nouer des liens solides, alors que, finalement, nous passons énormément de temps à simplement lire des posts et vérifier le statut des personnes avec lesquelles nous sommes en contact. Et ces personnes nous font comprendre que tout le monde a une vie bien plus intéressante que la nôtre. Nous pensons nous sentir moins seuls, mais c’est exactement l’inverse qui en résulte. 26
Plus qu’une Eglise… une famille
À quel point sommes-nous seuls? N’importe qui peut se faire des «amis» sur les réseaux sociaux, mais quand avons-nous parlé pour la dernière fois avec quelqu’un qui se souciait réellement de nous et qui a vraiment pu nous aider dans ce que nous vivions? Bien trop souvent, la réponse à cette question est alarmante. De récentes études menées par l’Université Duke, associées aux résultats du recensement américain, ont montré que la société américaine était en train de glisser progressivement vers un état de solitude qu’elle n’a jamais connu. Et c’est dramatique. Voici quelques données préoccupantes: •• 27,2 millions de personnes vivent seules aux Etats-Unis. •• Jamais autant de gens n’ont dit se sentir seuls. •• 25% des personnes interrogées ont déclaré n’avoir personne à qui se confier. •• De plus en plus de gens pensent que leur état dépressif est lié à la solitude. •• Le nombre d’Américains «isolés socialement» a doublé depuis 1985.2 Et non seulement les gens vivent plus souvent seuls, mais ils deviennent aussi des genres de loups solitaires sur le plan affectif. N’ayant personne vers qui se tourner, ils se replient dans des rêves individualistes qui, en définitive, empêchent l’être humain et la société de s’épanouir. Rick Warren le résume bien: «Si la solitude existe, c’est parce que nous vivons dans une société qui nourrit l’individualisme. Et cet individualisme qui progresse de plus en plus plonge les gens dans une solitude de masse.»3 Ibid. Compte Twitter de Rick Warren (@rickwarren), 31.10.2014.
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Le soir, au lieu de rester un moment devant la maison pour discuter avec les voisins ou des amis «comme au bon vieux temps», bien souvent, nous nous retirons chez nous dès que la porte automatique du garage se referme, protégés par notre clôture bien sécurisée, puis nous dînons seuls et vivons une vie sociale par procuration à travers les émissions de «téléréalité» (et il se passe la même chose dans la maison d’à côté). Dieu lui-même a placé en nous ce désir d’appartenance, cette soif de vivre des relations vraies avec les autres.
Pourtant, bien que nous choisissions cette solitude, nous avons en nous un besoin insatiable de contact humain. Si nous avons ne serait-ce qu’une simple petite minute de temps mort, nous attrapons notre téléphone pour voir ce qu’il y a de nouveau sur Twitter, Facebook ou Instagram. Notre désir d’être en contact avec les autres, de vivre de vraies relations, se voit aussi à ce que nous regardons à la télévision. Le message que transmettent les séries américaines les plus vues ces 30 dernières années (je pense notamment à Cheers, Seinfeld, Friends et Parks & Recreation) est bien résumé par les paroles de la chanson du générique de Cheers: «Sometimes you want to go where everybody knows your name»4 ou par ce leitmotiv de Friends: «I’ll be there for you.»5 Il ne s’agit pas de paroles vides de sens mais d’un cri qui exprime la douleur d’une société tout entière. Nous sommes, dans notre civilisation, terriblement en manque de relations simples avec des personnes qui s’intéressent sincèrement à nous et qui peuvent compatir aux difficultés que nous rencontrons au quotidien. Les «Parfois, vous avez envie d’aller là où tout le monde connaît votre nom.» «Je serai toujours là pour toi.»
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séries américaines ne reflètent pas la réalité. La vraie vie, ce n’est pas danser sans fin dans une fontaine publique avec nos meilleurs amis.6 Néanmoins, ces scénarios mettent en évidence un besoin: ils montrent qu’il y a, chez les gens, un vrai désir de vivre avec les autres dans la confiance. Nous aspirons à faire partie d’un groupe qui soit attaché à l’identité, à la valeur et à la dignité de chacun et qui sache les révéler aux yeux des autres. C’est comme si ces séries nous donnaient un aperçu de ce que sont des relations authentiques avec des gens qui, non seulement connaissent notre nom, mais nous connaissent aussi nous et sont prêts à nous accompagner dans les épreuves de la vie.
Une meilleure réponse Malgré ce désir qui fait partie de nous-mêmes, nous considérons souvent le sentiment d’appartenance comme une utopie impossible à atteindre. Nous y aspirons, mais nous y résistons tout à la fois. Nous avons peur d’être transparents avec les autres. Et s’ils nous blessaient? Nous rejetaient? Nous trahissaient? Nous ignoraient? Nous abandonnaient? Le monde nous répondrait probablement que nous n’avons qu’à trouver des personnes que nous apprécions et en qui nous avons confiance, puis à «faire un travail sur nous-mêmes» (quoi que cela veuille dire). C’est l’approche du «Fais-le toi-même», du «Tu peux y arriver par tes propres moyens.» La réponse que proposent les chrétiens est complètement différente. Elle nous vient de la bonne nouvelle du salut en JésusChrist. Nous savons que Dieu lui-même a placé en nous ce désir d’appartenance, cette soif de vivre des relations vraies avec les Fait référence au générique de Friends, où l’on voit les protagonistes danser ensemble dans une fontaine. (N.d.T.)
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autres. L’idyllique jardin d’Eden et l’harmonie qui y régnait ne peuvent quitter nos pensées, car c’est pour cette vie-là que nous avons été créés (cf. Genèse 2.18). Dès que le péché a fait partie du tableau, cette perfection a disparu, laissant la place à la tristesse et au désespoir que produit la séparation d’avec Dieu et d’avec les autres (cf. Genèse 3). Mais Dieu ne nous a pas laissés dans cet état. Par son plan rédempteur, il a balayé le passé, nous a sauvés et a rétabli la plénitude du jardin d’Eden. Et cette restauration a lieu à travers l’Eglise, c’est-à‑dire à travers les personnes qui, par la mort et la résurrection de Christ, ont été arrachées à leur propre folie (cf. Ephésiens 2.1-10). Dieu nous a choisis, nous, des traîtres, pour faire de nous ses enfants et nous accueillir à sa table (cf. Galates 4.4-7; Apocalypse 19.6-9). Il a fait de nous un corps, aux jointures plus solides et à l’avenir plus prometteur que tout ce que le monde peut offrir. Durant la période où je souffrais de la solitude, c’est à travers l’Eglise que j’ai pu commencer à remplir le vide relationnel de mon cœur. Beaucoup disent: «Nous n’avons besoin de personne d’autre que Jésus.» Bien sûr, seul Jésus nous sauve, cependant, toute la Bible montre que la vie chrétienne se vit avec les autres croyants. Depuis le début, Dieu dit: «Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (cf. Genèse 2.18). En outre, dans toutes ses lettres, Paul donne aux chrétiens des instructions spécifiques qui s’appliquent à une foi vécue ensemble: il les appelle à s’aimer les uns les autres, à se servir les uns les autres, à confesser leurs péchés les uns aux autres, etc. Mais la solitude que je ressentais n’a pas disparu du jour au lendemain, comme par magie. Et le changement ne s’est pas fait tout seul. J’ai dû m’ouvrir aux autres, être vrai avec eux et accepter de les écouter attentivement, non seulement quand ils m’encourageaient par des paroles à propos mais aussi quand ils me disaient des vérités difficiles à entendre. 30
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La Parole de Dieu aborde de manière claire, pertinente et appropriée la question de cette tension qui existe entre le désir qu’ont les gens de vivre des relations authentiques et leur incapacité à les maintenir durablement. En tant qu’Eglise, nous ne sommes pas seulement appelés à annoncer l’Evangile aux perdus, mais aussi à apporter à ceux qui nous entourent l’espoir sur le plan relationnel et à les aider dans leur combat contre la solitude. Pour ce faire, nous devons chercher à vivre la vie d’Eglise telle qu’elle est dépeinte dans la Parole, au lieu de tomber dans l’illusion de l’individualisme qui prévaut dans le monde (et qui, trop souvent, pénètre dans nos assemblées). L’importance et la force de la communion fraternelle entre chrétiens nous apparaissent dans toute l’Ecriture. En Jean 17.2023, par exemple, Jésus prie pour l’unité des croyants. Et en Jean 13.35, il explique que le monde saura que nous sommes ses disciples à l’amour que nous avons les uns pour les autres. Même les instructions qu’il donne quant à l’évangélisation et à la mission s’adressent à un ensemble de croyants unis, et non à des individus isolés (cf. Matthieu 28.19; Jean 20.21; Actes 1.8). De telles familles spirituelles apportent l’espoir à une société marquée par la solitude et l’isolement. En réalité, notre vie tout entière devrait être vécue dans cet esprit de corps, pour l’accomplissement de la mission que Christ nous a confiée (cf. Ephésiens 2). Souvent, quand je parle aux gens de la nécessité de vivre l’Eglise comme une famille, je me rends compte qu’ils pensent déjà appartenir à une assemblée en bonne santé. Pourtant, si je creuse un peu, si je leur demande de m’en dire un peu plus, je comprends que, certes, ils ont un endroit et des moments bien précis où ils se rassemblent (la plupart du temps, le dimanche matin), mais que les relations au sein de l’Eglise restent très superficielles: on ne s’intéresse pas à ce qui préoccupe chacun au plus profond de son cœur. Le besoin d’une famille spirituelle
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La famille spirituelle que Dieu nous a donnée est un merveilleux cadeau, mais à cause de notre tendance à l’individualisme, elle est souvent une réalité bien peu vécue. Pourtant, avec le secours de la grâce divine, et si nous la recherchons délibérément, nous pourrons vivre à nouveau pleinement la communion fraternelle.
Une séparation inutile Pour beaucoup d’Eglises, la notion de communion fraternelle est liée à celle de «petits groupes». Ces petits groupes sont organisés d’une certaine manière, qu’il s’agisse de cellules de prière, de classes d’école du dimanche ou de n’importe quel autre regroupement à l’appellation recherchée qui exprime l’idée de corps. Mais en dehors de leurs petits groupes favorisant la communion fraternelle, ces Eglises ont décidé que leur vocation était de s’engager dans l’annonce de l’Evangile (du moins, je l’espère). Toutefois, si l’on peut partir du principe que la plupart des Eglises pratiquent l’évangélisation et ont des petits groupes, la profondeur des relations fraternelles, quant à elle, n’est pas la même partout. En effet, sans qu’on le veuille, cette manière d’organiser les choses dans l’Eglise a conduit à séparer deux tâches: celle qui consiste à annoncer le salut aux gens de l’extérieur et celle qui consiste à resserrer les liens entre les personnes de l’intérieur. La plupart des assemblées chrétiennes excellent dans l’une ou l’autre de ces missions, mais pas dans les deux. Certaines Eglises se vantent d’être des Eglises où règne l’amour, c’est-à‑dire où les membres prennent soin les uns des autres. Mais souvent, elles ont du mal à aller vers les gens de l’extérieur, à accueillir de nouvelles personnes au milieu d’elles, car cela pourrait venir perturber la communion fraternelle à laquelle elles sont si attachées. D’autres Eglises, au contraire, se targuent d’aller vers les 32
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personnes qui sont loin de Dieu, mais généralement, elles ne parviennent pas à offrir à leurs membres une véritable communion fraternelle qui leur permette de grandir dans la ressemblance à Christ. Lorsque les chrétiens s’engagent ensemble dans le travail missionnaire, ils découvrent l’importance de l’unité au sein du corps. Et lorsqu’ils vivent véritablement l’Église comme une famille, ils cherchent à parler de Christ à d’autres.
Dans le cadre des recherches qu’ils ont menées pour écrire l’ouvrage Total Church, les auteurs Tim Chester et Steve Timmis ont découvert ceci: La société occidentale est devenue très compartimentée. Nous voudrions passer davantage de temps à évangéliser, mais comme cela ne peut se faire qu’au détriment d’autre chose, nous n’évangélisons jamais. Repenser l’évangélisation – la considérer comme s’inscrivant dans un cadre relationnel plutôt que comme étant un événement spécial – change radicalement la donne… Notre identité en tant qu’êtres humains est définie par notre appartenance à une famille, à un groupe, à une entité. Notre identité en tant que chrétiens est définie par notre appartenance au corps de Christ. Et c’est par ce corps qui marche dans la lumière que l’Evangile est annoncé (…). La vie d’Eglise et les liens fraternels qui unissent les membres sont indissociables du travail missionnaire. Car l’évangélisation se fait lorsque les gens voient l’amour que nous avons les uns pour les autres.7 Tim Chester & Steve Timmis, Total Church, Crossway, 2008.
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Faut-il donc séparer annonce de l’Evangile et communion fra ternelle? Surtout pas. Nous devons lutter de toutes nos forces con tre la pensée erronée selon laquelle il s’agirait de deux domaines distincts de la vie d’Eglise sans lien l’un avec l’autre. Si cette dualité existe, le témoignage de l’Eglise en est considérablement amoindri, puisque, alors, la vie des croyants est compartimentée. Comment mettre en même temps l’accent sur l’importance de véritables liens fraternels et sur la nécessité d’annoncer le salut aux perdus? Ces deux choses sont plus proches que nous ne l’imaginons. En effet, lorsque les chrétiens s’engagent ensemble dans le travail missionnaire, ils découvrent l’importance de l’unité au sein du corps. Et lorsqu’ils vivent véritablement l’Eglise comme une famille, ils cherchent à parler de Christ à d’autres. La communion fraternelle et le travail missionnaire ne sont pas en concurrence; ils sont indissociables. Nous n’avons donc pas à choisir l’une ou l’autre. S’il vous est déjà arrivé de participer à un voyage missionnaire, vous savez de quoi je parle: vous rentrez en ayant l’impression que vous n’avez jamais été aussi proche d’un groupe de personnes et jamais aussi motivé(e) à vous engager dans l’œuvre de Dieu. Pour beaucoup d’Eglises, ces voyages sont les seules occasions où communion fraternelle et projets missionnaires se rencontrent. Mais pourquoi ne vivons-nous pas la même chose au quotidien dans nos Eglises? Cessons de considérer la communion fraternelle et l’annonce de l’Evangile comme deux choses distinctes. Envisageons-les plutôt comme un tout. Cela contribuera à la propagation de la bonne nouvelle du salut dans une société frappée par la solitude. Quand l’Eglise est ainsi vécue comme une famille unie dans l’amour et dans l’annonce de l’Evangile, elle est non seulement une lumière pour le monde mais aussi un lieu où l’âme trouve la guérison. 34
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Quand L’Évangile est annoncé par des Églises unies dans l’amour Ce n’est pas exactement l’Eglise elle-même qui procure aux gens le sentiment d’appartenance et de valeur auquel ils aspirent, en revanche, l’Eglise, par son témoignage, montre le chemin vers Celui en qui chacun peut trouver son identité et sa raison d’être. Dieu nous a réconciliés avec lui-même. Une Eglise véritablement centrée sur l’Ecriture brandit le flambeau de l’Evangile aux yeux d’un monde plongé dans les ténèbres (cf. Matthieu 5.15-16). «L’argument le plus convaincant en faveur de la foi chrétienne est le lien fraternel qui unit les chrétiens», disait Todd Engstrom, pasteur d’une Eglise à Austin, au Texas. «La majorité des conversions qui ont eu lieu à travers l’Histoire ont eu lieu non pas grâce à un raisonnement convaincant mais grâce au sentiment d’appartenance à un groupe uni qui a précédé la foi.»8 Quel impact auraient nos Eglises si elles étaient à la fois unies dans l’Evangile d’espérance, caractérisées par un amour fraternel mutuel et une véritable entraide et réellement engagées dans le travail missionnaire? Le texte d’Actes 2.46-47 nous en donne une idée: Chaque jour, avec persévérance, ils se retrouvaient d’un commun accord au temple; ils rompaient le pain dans les maisons et ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés. Les Eglises qui sont centrées sur l’Evangile et axées sur la communion fraternelle tranchent clairement avec l’isolement qui prévaut dans la société. Et ce faisant, elles nous procurent le sentiment Cf. http://toddengstrom.com/2013/04/15/stages-of-missional-community-development-team-of-missionaries/. 8
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d’appartenance auquel nous aspirons tant. Elles apportent au monde la réponse qu’il attend désespérément. Elles invitent les gens à se réjouir ensemble autour de la «table du Seigneur». L’Église vécue comme une famille, c’est plus que le culte du dimanche matin, et la mission, c’est plus qu’un simple voyage.
Imaginons une Eglise qui accueille les blessés de la vie, les solitaires, les ringards, les déshérités, les orgueilleux, les rebelles, les arrogants… Puis, imaginons Dieu prendre ce groupe hétéroclite et le transformer afin de l’utiliser pour la plus noble des missions. Eh bien, c’est ce qu’il a toujours fait, depuis la Genèse jusqu’à aujourd’hui. L’Eglise vécue comme une famille, c’est plus que le culte du dimanche matin, et la mission, c’est plus qu’un simple voyage. Comprendre et accepter cette vérité peut nous sembler impossible, mais avec l’aide du Saint-Esprit, nous pouvons y arriver. Par des assemblées fondées sur l’Evangile et unies dans l’amour, nous pouvons éradiquer les épidémies que sont l’individualisme et la solitude. Dieu l’a fait pour moi et je l’ai vu faire de même dans bien d’autres vies. Pourquoi vivre l’Eglise comme une famille est-il aussi important? C’est ce que nous découvrirons au fil de ces pages. Nous verrons pourquoi il est essentiel de vivre ensemble la réalité du corps et quel impact cela peut avoir. Nous verrons à quoi devrait ressembler une vie d’Eglise qui fonctionne ainsi. Et nous réfléchirons aux moyens que nous pouvons mettre en œuvre pour y parvenir au quotidien. Etes-vous prêt(e) pour cette belle aventure d’une vie d’Eglise caractérisée par l’amour et l’unité? C’est parti! 36
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Dans la pratique •• Quand avez-vous eu pour la dernière fois une conversation profonde, à cœur ouvert, avec un autre croyant? Qu’est-ce qui vous a été le plus difficile? Seriez-vous prêt(e) à programmer un nouveau moment d’échange pour aller encore un peu plus loin et vous ouvrir davantage? •• Avez-vous régulièrement l’occasion de discuter de cette manière avec d’autres croyants (idéalement, au sein de votre Eglise locale)? •• Quand avez-vous eu pour la dernière fois une conversation réellement édifiante avec quelqu’un autour d’un repas, chez vous ou ailleurs? •• Y a-t‑il, parmi vos voisins, des personnes que vous connaissez suffisamment bien pour avoir avec eux une conversation qui va au-delà du simple «Bonjour, comment ça va?»? •• Combien de personnes sont réellement au courant des difficultés que vous rencontrez dans votre vie personnelle? Et dans quelle mesure le sont-elles?
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Et si l’Eglise locale ne se résumait pas au culte du dimanche matin? Et si elle n’était pas qu’un bâtiment ou une organisation? Et si ses membres étaient appelés non seulement à se côtoyer mais à se connaître en vérité? Et si son unité était la clé de l’annonce de l’Evangile? C’est à ces questions et à bien d’autres que l’auteur, s’appuyant sur Romains 12, répond de manière honnête et très concrète. Etayant ses réflexions d’exemples personnels, il n’hésite pas à reconnaître les erreurs qu’il a pu commettre et qui l’ont conduit à revoir sa manière de considérer l’Eglise. Il en résulte un livre qui nous interpelle en profondeur et qui appelle au changement. Le tout est utilement complété par un guide d’étude pour petits groupes.
Plus qu’une Eglise… une famille met clairement en évidence la relation qu’il y a entre le corps de Christ sur un plan local et l’ordre de mission général qui nous est adressé. Tiré de la préface de David Platt, auteur de Suis-moi Dustin Willis, qui a été engagé dans un travail d’implantation d’Eglise pendant 10 ans, est aujourd’hui directeur exécutif du marketing de l’organisation missionnaire North American Board of Mission, dans la région d’Atlanta. Il est aussi l’auteur de La façon la plus simple de changer le monde.
CHF 19.90 / 16.90 € ISBN 978-2-8260-3569-5
Dustin Willis
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Plus qu’une Eglise... une famille
Eglise
Eglise Dustin Willis