Le Saint-Esprit
Alain Nisus
Pour une foi réf léchie
Cahier d’étude
Alain Nisus
Savez-vous ce que vous croyez? Et savez-vous pourquoi vous le croyez? Savez-vous, aussi, pourquoi d’autres croient différemment de vous?
* rédaction collective, par des francophones de différentes dénominations * exposé des diverses positions existantes et de leurs arguments * déf inition des termes techniques de la théologie * aperçus de l’histoire des doctrines, avec la présentation des grands débats * implications et application des différentes croyances * questions des plus jeunes… avec des réponses * citations de théologiens et autres penseurs * illustrations Vous voulez relever le déf i d’une réf lexion sur votre foi ou utiliser cet ouvrage comme simple manuel de référence? Vous constaterez que, loin d’être aride et élitiste, la théologie est passionnante, accessible à chacun et enrichissante.
ISBN 978-2-8260-3607-4
Pour une foi réf léchie Le Saint-Esprit
Exposer la foi chrétienne d’une façon qui soit compréhensible et attractive pour les plus jeunes et leurs aînés, tel est l’objectif ambitieux de Pour une foi réfléchie.
Pour une foi réf léchie Le Saint-Esprit Alain Nisus
Alain Nisus
Pour une foi réÁéchie
Théologie pour tous 7 Le Saint-Esprit
Extraits de Pour une foi réÁéchie Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 http://www.universdelabible.net et www.mabible.net Pour une foi réÁéchie : – textes d’Alain Nisus, Claude-Henri Gobat, Daniel Mattioli, Gilles Geiser, Luc Olekhnovitch, Pascale Bittner, Thomas Koning, sous la direction d’Alain Nisus – illustrations de Guido Delameillieure et Alain Auderset, utilisées avec autorisation © et édition: La Maison de la Bible, 2013 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net ISBN édition imprimée volume complet relié 978-2-8260-3600-5 ISBN édition imprimée volume complet broché 978-2-8260-3503-9 ISBN format epub 978-2-8260-0000-6 ISBN format pdf 978-2-8260-9996-3 ISBN édition imprimée par section: section 1 – Dieu 978-2-8260-3601-2 section 2 – La Bible 978-2-8260-3602-9 section 3 – Le monde invisible 978-2-8260-3603-6 section 4 – L’être humain 978-2-8260-3604-3 section 5 – Le mal 978-2-8260-3605-0 section 6 – Jésus-Christ 978-2-8260-3606-7 section 7 – Le Saint-Esprit 978-2-8260-3607-4 section 8 – Le salut 978-2-8260-3608-1 section 9 – L’Eglise 978-2-8260-3609-8 section 10 – La Àn 978-2-8260-3610-4 section 11 – Enjeux et réÁexions éthiques 978-2-8260-3611-1 Imprimé en UE par Lightning Source
Table des matières Introduction La raison d’être de cet ouvrage ................................................................................... 7 Quelques mots d’introduction...................................................................................10 Les rédacteurs du texte ................................................................................................15 Section 7 Le Saint-Esprit ................................................................................................................ 397 1. Le Saint-Esprit: quelques repères historiques .............................................. 401 2. Qu’est-ce que le Saint-Esprit ou qui est le Saint-Esprit? .......................... 413 3. L’œuvre de l’Esprit: baptême et plénitude..................................................... 421 4. L’œuvre de l’Esprit: des dons .............................................................................. 441 5. Questions un peu plus difÀciles autour du Saint-Esprit........................... 467 Questions pour l’étude ....................................................................................................... Q-1
7 Le Saint-Esprit
Le Saint-Esprit
397
1. Le Saint-Esprit: quelques repères historiques Le Saint-Esprit est important: il est la troisième personne de la Trinité+ divine (voir p. 64), et l’œuvre qu’il opère dans le croyant et l’Eglise est fondamentale. Pourtant, il a été relativement négligé dans la théologie+ chrétienne. Par le passé, on s’est beaucoup plus intéressé aux deux autres personnes de la Trinité (le Père et le Fils) qu’à l’Esprit. C’est pourquoi on a pu le comparer, avec une certaine audace, à «la Cendrillon de la Trinité»: tandis que les deux autres «sœurs» (le Père et le Fils) se rendaient au bal théologique, l’Esprit a été mis de côté! Mais ce n’est plus le cas. En effet, on assiste de nos jours à une renaissance de l’intérêt pour l’Esprit saint. Cet enthousiasme nouveau s’explique en partie par l’inÁuence des mouvements pentecôtistes et charismatiques, qui ont touché toutes les Eglises, notamment l’Eglise catholique, l’Eglise anglicane, dans une moindre mesure les Eglises luthériennes et réformées, mais surtout les Eglises de type évangélique. Ces mouvements ont mis l’accent sur l’œuvre de l’Esprit, en particulier sur les charismes+ qu’il octroie aux chrétiens. Les Eglises ont été interpellées, et les théologiens ont étudié plus sérieusement l’enseignement biblique relatif à l’Esprit saint, à son action dans l’œuvre du salut, à l’expérience qu’il suscite et aux dons qu’il accorde aux croyants. Même s’il faut admettre que l’Esprit a été quelque peu négligé dans la théologie chrétienne, il convient toutefois de nuancer une telle afÀrmation. Il serait faux de prétendre qu’avant l’apparition des mouvements pentecôtistes et charismatiques les chrétiens se seraient complètement désintéressés de lui. Un survol historique sufÀra à le montrer.
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L’Eglise ancienne et le catholicisme Dans les premiers siècles de l’Eglise, on a passablement parlé et réÁéchi sur la personne et l’œuvre de l’Esprit saint.
Le combat contre le montanisme dès 150
dès 180
Vers le milieu du 2e siècle, des débats ont lieu dans l’Eglise autour de l’Esprit saint, à cause du montanisme. Montan+ (qui a donné son nom au mouvement) et des prophétesses appelées Maximilla et Priscilla lancent en effet un mouvement de type prophétique extatique en Asie Mineure. Celui-ci se caractérise par un ascétisme très rigoureux: les Àdèles s’imposent des jeûnes fréquents, des abstinences de toute sorte; peut-être même prônent-ils l’interdiction du mariage. Ils accordent en outre une très grande importance à la prophétie. A en croire leurs adversaires, les prophéties sont énoncées par des personnes qui se trouvent en état d’extase: sursauts convulsifs, cris, transes, etc. Les montanistes, eux, s’appuient sur la promesse du Saint-Esprit que Jésus a faite à ses disciples (voir Jean 16.7-16). Le Paraclet+ (autre nom de l’Esprit, voir p. 419) est à l’œuvre dans les communautés qu’ils forment, disent-ils. Montan lui-même s’attribue le titre de «Paraclet» (mais il n’est pas sûr qu’il se soit vraiment identiÀé à l’Esprit saint). Tertullien+, un des premiers théologiens chrétiens, se convertit au montanisme dans la seconde partie de sa vie (vers 202). Il oppose dès lors l’Eglise de l’Esprit à «l’Eglise collection d’évêques». Pour lui, la véritable Eglise se reconnaît principalement au signe de l’extase1. L’Eglise ofÀcielle réagit vis-à-vis de la nouvelle prophétie. D’abord en afÀrmant qu’elle aussi possède la prophétie et les autres dons de l’Esprit (voir p. 441), ensuite en renforçant l’autorité des évêques. Elle afÀrme ainsi que l’Esprit saint se reçoit dans l’Eglise, c’est-à-dire l’Eglise apostolique, celle qui est en continuité avec les apôtres par le moyen de la succession apostolique, donc l’Eglise catholique. Irénée+, par exemple, écrit:
1 Traité Contre Marcion, 4.22. Il dit cela en 207-208; l’original est en latin.
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Pour une foi réfléchie
Dans l’Eglise, Dieu a établi les apôtres, les prophètes, les docteurs et tous les autres effets de l’opération de l’Esprit, auxquels ne participent pas ceux qui n’accourent pas à l’ecclesia […] Car là où est l’Eglise (l’ecclesia), là aussi (est) l’Esprit de Dieu; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute grâce.2
L’hérésie pneumatomaque dès 370
381
L’Eglise ancienne parle aussi beaucoup de l’Esprit en lien avec l’hérésie+ pneumatomaque. Les pneumatomaques considèrent que l’Esprit n’est pas une personne divine, mais qu’il est une force, un instrument de Dieu, créé pour agir en nous et dans le monde. Divers théologiens réagissent contre ces idées; on peut citer en particulier Athanase+, Grégoire+ de Nazianze, mais surtout Basile+ de Césarée qui rédige en 374-375 un traité Sur le Saint-Esprit dans lequel il démontre que celui-ci est bien une personne divine. En 381, les empereurs romains Gratien et Théodose Ier convoquent un concile+, qui sera connu dans l’histoire sous le nom de Premier concile de Constantinople (Constantinople I; il y aura un concile Constantinople II en 553). Constantinople I complète la déclaration de foi du concile de Nicée (325; voir ci-après) sur l’article consacré au Saint-Esprit. Il ne dit pas formellement que l’Esprit est Dieu ou qu’il est de même nature que le Père et le Fils (comme Nicée l’avait fait pour le Fils), mais il afÀrme que l’Esprit est Seigneur, viviÀcateur, qu’il est l’objet de la même adoration et la même gloire que le Père et le Fils. C’est une autre façon de dire, Ànalement, que l’Esprit est Dieu.
Active-neurones «Nous croyons en l’Esprit-Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père, qui a parlé par les Prophètes, qui avec le Père et le Fils reçoit même adoration et même gloire; nous croyons en l’Eglise, une, sainte, catholique (universelle et orthodoxe) et apostolique. Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés; nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.» Symbole de Nicée-Constantinople (appelé ainsi car le concile de Constantinople a complété celui de Nicée en ce qui concerne l’article sur le Saint-Esprit)
2 Traité contre les hérésies 3.24.1.
Le Saint-Esprit
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Les oublis de l’Esprit dès 381
Une fois sa personnalité et sa divinité établies, il est vrai que l’on parle peu du Saint-Esprit par la suite. En 381, le christianisme devient religion d’Etat, dans l’Empire romain, grâce à l’Edit de Milan. Il semble dès lors que les dons miraculeux se fassent plus rares dans l’Eglise. On assiste à un étrange phénomène: l’attention porte de plus en plus sur l’Eglise et ses ministres, et peu sur l’Esprit et son œuvre. Des rafÀnements sont néanmoins apportés par des théologiens sur sa place au sein de la Trinité+, notamment par Augustin+; il comprend surtout l’Esprit saint comme le lien entre le Père et le Fils, le «nœud» de leur amour mutuel. Au Moyen Age, Bernard+ de Clairvaux poursuit la réÁexion d’Augustin et considère que l’Esprit est le baiser du Père au Fils. Il écrit: Si l’on a le droit de considérer le Père comme celui qui donne le baiser, le Fils comme celui qui le reçoit, il ne sera pas hors de propos de voir dans le baiser le Saint-Esprit, lui qui est l’immuable paix du Père et du Fils, leur lien indissoluble, leur unique amour, leur indivisible amitié.3
dès 1200
Thomas d’Aquin s’intéresse lui aussi à l’Esprit, mais plutôt en lien avec la querelle du Àlioque (voir p. 468). Le manque de considération de l’Esprit conduit progressivement à un certain oubli de sa personne. A titre d’illustration, Karl Adam+, un grand théologien catholique allemand, afÀrme en 1924: La position fondamentale du catholique se résume en cette phrase: j’arrive à la foi vivante en Dieu Trinité par le Christ dans son Eglise. Je trouve l’action du Dieu vivant à travers le Christ qui agit dans son Eglise. Le dogme catholique repose sur cette auguste trinité: Dieu-le Christ-l’Eglise.4
dès 1800
Ces propos montrent bien qu’il y a, dans le catholicisme du 19e et de la première moitié du 20e siècle, une certaine négligence de l’Esprit. On a tendance à attribuer à l’Eglise et aux sacrements (voir p. 611) le rôle qui est normalement dévolu à l’Esprit saint. Les choses ont cependant beaucoup changé, depuis; les théologiens catholiques ont pris conscience du peu de place qu’ils accordaient à l’Esprit dans leur théologie (on parle de «déÀcit pneumatologique»). Le concile+ Vatican II (1962-1965), en particulier, a tenté de corriger cette déÀcience, même si l’on a pu reprocher à ses textes d’être simplement «saupoudrés de Saint-Esprit». 3 Sermon 8 sur le Cantique. 4 Le vrai visage du catholicisme, Grasset en 1931. L’original allemand a pour titre Das Wesen des Katholizismus (1924).
404
Pour une foi réfléchie
Les réformateurs protestants et le souci d’associer étroitement l’Esprit et la Parole Les réformateurs+ protestants ont accordé une certaine attention à l’Esprit, en particulier au lien entre la Parole et lui. En effet, ils luttaient contre deux «adversaires». * Le premier était l’Eglise catholique. Pour les réformateurs, les catholiques avaient raison d’afÀrmer la divinité et la personnalité de l’Esprit, mais dans la pratique ils avaient tendance soit à oublier l’Esprit, soit à le canaliser dans l’Eglise et ses sacrements+. Eux-mêmes ont, par conséquent, insisté sur la liberté de l’Esprit: on ne dispose pas du Saint-Esprit, car il est souverainement libre. L’Esprit n’appartient pas à l’Eglise. Au contraire, c’est l’Eglise qui est la communauté de l’Esprit. * Le second adversaire des réformateurs était le mouvement de ceux qu’ils appelaient les «enthousiastes», ou les «illuminés», ceux qui voulaient aller plus loin dans la Réforme+. Martin Luther+ les appelait Schwärmer («rêveurs»), notamment Thomas Müntzer+ et Andreas Karlstadt+. Thomas Müntzer lui a vraiment donné «des sueurs froides». En effet, il n’était pas un spirituel un peu rêveur, mais il a suscité en face de la réforme de Luther une réforme populaire. Il a proclamé la Àn du dernier empire de ce monde. Il a décrété que prêtres, moines et seigneurs impies devaient disparaître, et il a voulu mettre son décret à exécution. Il a donc été à la tête d’une insurrection populaire assez violente. Il pensait que lui, Müntzer, serait le Daniel d’un nouveau règne.
La position de Martin Luther dès 1517
Luther met dans le même sac les «papistes» et les enthousiastes, dans la mesure où ces deux groupes, à son avis, séparent l’Esprit et la Parole5. Il lutte pour que l’on ne se réclame pas de l’Esprit
5 Luther le fait dans les «Articles de Smalkalde III (de la confession)», on peut trouver ce texte dans Martin Luther Œuvres, tome VII, Genève, Labor et Fides, 1962, p. 251.
Le Saint-Esprit
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Questions pour l’étude
Le Saint-Esprit
Q-1
1.
D’où vient l’intérêt actuel pour le Saint-Esprit, d’après vous? Et quelle
place occupe-t-il dans votre vie?
Q-2
Pour une foi réfléchie
2.
Quelles différences entre la réaction catholique et la réaction
protestante, face aux interrogations liées à l’action de l’Esprit? Pourquoi?
Le Saint-Esprit
Q-3
Le Saint-Esprit
Alain Nisus
Pour une foi réf léchie
Cahier d’étude
Alain Nisus
Savez-vous ce que vous croyez? Et savez-vous pourquoi vous le croyez? Savez-vous, aussi, pourquoi d’autres croient différemment de vous?
* rédaction collective, par des francophones de différentes dénominations * exposé des diverses positions existantes et de leurs arguments * déf inition des termes techniques de la théologie * aperçus de l’histoire des doctrines, avec la présentation des grands débats * implications et application des différentes croyances * questions des plus jeunes… avec des réponses * citations de théologiens et autres penseurs * illustrations Vous voulez relever le déf i d’une réf lexion sur votre foi ou utiliser cet ouvrage comme simple manuel de référence? Vous constaterez que, loin d’être aride et élitiste, la théologie est passionnante, accessible à chacun et enrichissante.
ISBN 978-2-8260-3607-4
Pour une foi réf léchie Le Saint-Esprit
Exposer la foi chrétienne d’une façon qui soit compréhensible et attractive pour les plus jeunes et leurs aînés, tel est l’objectif ambitieux de Pour une foi réfléchie.
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