11 Enjeux et réflexions éthiques
Luc Olekhnovitch
Pour une foi réf léchie
Cahier d’étude
Luc Olekhnovitch
Vous voulez relever le déf i d’une réf lexion sur votre foi ou utiliser cet ouvrage comme simple manuel de référence? Vous constaterez que, loin d’être aride et élitiste, la théologie est passionnante, accessible à chacun et enrichissante.
ISBN 978-2-8260-3611-1
11
* rédaction collective, par des francophones de différentes dénominations * exposé des diverses positions existantes et de leurs arguments * déf inition des termes techniques de la théologie * aperçus de l’histoire des doctrines, avec la présentation des grands débats * implications et application des différentes croyances * questions des plus jeunes… avec des réponses * citations de théologiens et autres penseurs * illustrations
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Exposer la foi chrétienne d’une façon qui soit compréhensible et attractive pour les plus jeunes et leurs aînés, tel est l’objectif ambitieux de Pour une foi réfléchie.
Enjeux et réf lexions éthiques
Savez-vous ce que vous croyez? Et savez-vous pourquoi vous le croyez? Savez-vous, aussi, pourquoi d’autres croient différemment de vous?
Pour une foi réf léchie 11 Enjeux et réflexions éthiques Luc Olekhnovitch
Luc Olekhnovitch Sous la direction d’Alain Nisus
Pour une foi réÁéchie
Théologie pour tous 11 Enjeux et réÁexions éthiques
Extraits de Pour une foi réÁéchie Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 http://www.universdelabible.net et www.mabible.net Pour une foi réÁéchie : – textes d’Alain Nisus, Claude-Henri Gobat, Daniel Mattioli, Gilles Geiser, Luc Olekhnovitch, Pascale Bittner, Thomas Koning, sous la direction d’Alain Nisus – illustrations de Guido Delameillieure et Alain Auderset, utilisées avec autorisation © et édition: La Maison de la Bible, 2013 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net ISBN édition imprimée volume complet relié 978-2-8260-3600-5 ISBN édition imprimée volume complet broché 978-2-8260-3503-9 ISBN format epub 978-2-8260-0000-6 ISBN format pdf 978-2-8260-9996-3 ISBN édition imprimée par section: section 1 – Dieu 978-2-8260-3601-2 section 2 – La Bible 978-2-8260-3602-9 section 3 – Le monde invisible 978-2-8260-3603-6 section 4 – L’être humain 978-2-8260-3604-3 section 5 – Le mal 978-2-8260-3605-0 section 6 – Jésus-Christ 978-2-8260-3606-7 section 7 – Le Saint-Esprit 978-2-8260-3607-4 section 8 – Le salut 978-2-8260-3608-1 section 9 – L’Eglise 978-2-8260-3609-8 section 10 – La Àn 978-2-8260-3610-4 section 11 – Enjeux et réÁexions éthiques 978-2-8260-3611-1 Imprimé en UE par Lightning Source
Table des matières Introduction La raison d’être de cet ouvrage ................................................................................... 7 Quelques mots d’introduction...................................................................................10 Les rédacteurs du texte ................................................................................................15 Section 11 Au fond, qu’est-ce que ça change? Enjeux et réÁexions éthiques............ 731 1. L’éthique et la déÀnition du bien et du mal .................................................. 735 2. Les spéciÀcités de l’éthique chrétienne ...........................................................743 3. La vie dans un corps............................................................................................... 757 4. La vie dans la sphère familiale ........................................................................... 779 5. La vie dans la société ............................................................................................. 789 Questions pour l’étude ....................................................................................................... Q-1
11 Au fond, qu’est-ce que ça change?
Enjeux et réflexions éthiques
Enjeux et réflexions éthiques
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1. L’éthique et la définition du bien et du mal Dire ce que nous croyons, c’est, normalement, dire aussi comment nous vivons. Croire quelque chose devrait avoir un impact sur notre manière de vivre. Par exemple, à quoi cela servirait-il de croire que le sport est bon pour la santé, si nous ne pratiquons aucun sport? A quoi bon afÀrmer que Dieu aime l’humanité, si je ne viens pas en aide à mon voisin qui a besoin de moi? Régulièrement, la question: «Au fond, qu’est-ce que ça change?» a été posée à propos des divers éléments de la foi chrétienne passés en revue. Certaines questions ont encore à être abordées de façon plus spéciÀque, d’où leur regroupement dans une section consacrée à l’éthique.
La notion de bien et de mal: objective ou relative?
L’influence de l’environnement Quand nous faisons le bien, nous éprouvons généralement un sentiment de satisfaction; quand nous nous rendons compte que nous faisons le mal, nous Enjeux et réflexions éthiques
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éprouvons généralement de la culpabilité, de la honte. C’est le signe qu’il y a dans notre conscience un «sens» moral, tout comme nous avons des sens physiques. Pourtant, devant un même problème moral, tout le monde ne parvient pas à la même conclusion. Par exemple, dans certaines cultures on excise les petites Àlles; ce qui nous paraît immoral est normal dans ces cultures. Notre sens moral est formé et déformé par notre histoire personnelle, notre éducation familiale, notre culture et surtout par le péché qui déforme notre pensée et notre action (voir p. 291). Ce qui est moral ou immoral «pour moi» n’est pas indépendant d’un «pour nous» du groupe dans lequel je me reconnais. Pour l’Eglise, il y a des choses qui apparaissent immorales alors que la société les jugera normales ou indifférentes, mais les Eglises elles-mêmes ne sont pas toujours d’accord entre elles; elles ne constituent donc pas une source absolue de la morale. Le sens étymologique des mots morale et éthique renvoie aux mœurs, aux coutumes. Serait donc moral un comportement admis dans une culture? On glisse alors de la question: «Qu’est-ce que la morale?» à: «Qu’est-ce qui est moral?» L’exemple de l’excision pose une question: la morale est-elle universelle? On a essayé de baser une morale universelle sur les droits de l’homme, mais qui va décider quels sont ces droits? Qui va les faire respecter? Y a-t-il un critère objectif pour décider du bien et du mal?
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Ethique ou morale? Le mot morale vient du pluriel latin «mores» qui désigne les mœurs, les coutumes, le genre de vie, les usages; le mot éthique vient de l’adjectif grec ethikos, lui-même tiré du nom ethos, «l’usage, la coutume». Le mot éthique est devenu un terme philosophique employé pour désigner la science de la morale (Ethique à Nicomaque d’Aristote, L’Ethique de Spinoza). Il est aujourd’hui valorisé comme effort de réÁexion, tandis que l’on a tendance à dévaloriser celui de morale comme édictant des règles. La théologienne France Quéré+ (1936-1995), se ralliant à la position majoritaire, écrit: «L’éthique décrit, la morale prescrit.» Elle précise: «L’éthique aurait donc l’apanage de la réÁexion théorique; elle s’interrogerait sur les sources, la liberté, la valeurs, les Àns de l’action, la dignité, les relations aux autres, et les concepts qui entourent ces notions difÀciles. A la morale reviendrait d’intégrer dans un art de vivre les réponses dégagées par la réÁexion, et de les appliquer à l’économie, au droit, à la politique, à la science» (L’éthique et la vie, Odile Jacob, 1991, p. 13). Mais que seraient une éthique des affaires sans aucune obligation et une morale sexuelle sans réÁexion? Pour notre part, nous utiliserons indifféremment les mots éthique et morale dans le même sens.
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L’évêque Claude Dagens fait remarquer que nous sommes passés d’une «société de la prescription à une société de l’inscription», «de l’éthique du code à l’éthique de la construction de soi». Le philosophe Paul Ricœur+ (1913-2005) distingue, lui, entre «l’éthique» comme intention de faire le bien à la manière d’Aristote+ et «la morale» comme devoir à la manière de Kant+. Il postule que l’intention de faire le bien est première mais que «c’est à cause de la violence qu’il faut passer de l’éthique à la morale». On dirait en termes bibliques: c’est à cause du péché qu’on ne peut pas se reposer sur les bonnes intentions mais qu’il faut des règles. L’immoralité n’est-elle pas destructrice? Quand un banquier vend, en pleine connaissance de cause, un produit Ànancier pourri à ses clients, il commet un acte immoral qui a des conséquences sociales. Tous s’accordent à le dire. En revanche, les sociétés occidentales sont très réticentes à porter un quelconque jugement concernant la morale sexuelle, qui serait purement privée. L’éclatement des familles a pourtant un impact social. Certes, le moralisme constitue aussi un danger. Il peut juger sans amour et tomber dans l’hypocrisie. Celle-ci est l’hommage du vice à la vertu: l’hypocrite reconnaît le bien mais n’en garde que les apparences. Jésus a dénoncé les religieux qui disent et ne font pas. Tous ceux qui réclament des autres une vertu qu’ils ne pratiquent pas eux-mêmes s’exposent à l’épithète qu’il a employée: hypocrites! Il a demandé à ses disciples de ne pas s’ériger en juges des autres mais de se juger d’abord eux-mêmes (voir Matthieu 7.1-5). La multiplication des comités d’éthique n’est pas le signe d’une bonne santé morale de nos sociétés, mais plutôt de l’incertitude morale issue d’une crise des institutions traditionnelles: Eglises, familles, école, partis ne sont plus reconnus comme des sources morales valables. Il est vrai aussi que des questions nouvelles surgissent, qui méritent une réÁexion spécialisée, notamment dans le cadre de la bioéthique.
Active-neurones «L’action éthique se déÀnit par sa relation à la norme de l’acte bon. Pour qu’une action soit qualiÀée d’éthique, elle doit être spéciÀquement humaine, c’est-à-dire consciente et responsable. […] C’est l’amour qui conduit à donner et à se donner. […] C’est l’amour qui suscite le support mutuel: les fardeaux, les travaux et les défauts s’acceptent plus facilement quand chacun se sent responsable.» Francisco Lacueva+ (1911-2005), Bien vivre sa vie, Editions Grâce et Vérité, pp. 102-103
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La solution chrétienne Paul parle avec sincérité du découragement de la personne de bonne volonté qui veut bien faire mais qui n’y arrive pas: «En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas» (Romains 7.19). Notre intelligence reconnaît qu’il y a un bien et un mal objectifs, qu’il y a une loi morale que nous voudrions suivre, mais, si nous sommes honnêtes, nous discernons en nous une force plus puissante que notre intelligence. Paul l’appelle «la loi du péché». Le dilemme de l’homme de bonne volonté est insoluble sans le Christ. Le Christ a pris sur la croix les forces de mort qui rendaient notre bonne volonté impuissante. Si le mal vient du cœur, la solution est la conversion du cœur. Si nous mettons notre foi en Christ, nous recevons alors une force de vie plus forte que les forces de mort: la force de l’Esprit saint (voir Romains 8.2). Cela signiÀe-t-il que, quand nous nous tournons vers le Christ, toute lutte prend Àn? Certainement pas! Paul admet avec réalisme qu’il nous faut rompre volontairement et courageusement avec les forces de mort encore présentes en nous, mais que nous le pouvons avec l’aide de l’Esprit (voir Romains 8.13). Dans la Bible, la morale n’est pas indépendante de la foi. Les deux tables de la loi – celle qui concerne Dieu: «Tu n’auras pas d’autres dieux», et celle qui concerne le prochain: «Honore ton père et ta mère», par exemple – sont indissociables. Jésus évoquera la force de ce lien en afÀrmant: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu […] Et voici le deuxième [commandement], qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Matthieu 22.37-39). Pour les religions voisines d’Israël, plaire à un dieu se résumait le plus souvent à respecter des rituels religieux, tandis que pour Israël le respect du prochain faisait partie intégrante du culte rendu à Dieu.
Le bien chez les non-croyants On peut dire que la solution chrétienne au problème du mal n’est pas vraiment indispensable, puisqu’il y a des non-chrétiens qui font le bien. Il n’y a aucun doute sur ce dernier point, et heureusement! Comment cela se fait-il? Dieu nous a tous dotés d’une conscience morale, et heureusement, car dans sa grâce il limite le mal et préserve une certaine capacité au bien en chacun de nous (voir la notion de grâce commune p. 485).
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La gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien, le Juif d’abord, mais aussi le non-Juif. Romains 2.10 Quand des non-Juifs qui n’ont pas la loi font naturellement ce que prescrit la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, bien qu’ils n’aient pas la loi. Romains 2.14
Active-neurones «Pour qu’il y ait universalité éthique, il faut qu’il y ait éthique: différence entre le Bien et le Mal, exercice possible d’un choix responsable à leur égard. Cette condition implique une distance, le pouvoir de se dégager de l’emprise du fait brut, une distance critique distincte, une relation à un Bien normatif qui correspond au propre de la personne (dans sa différence de l’impersonnel). La platitude du monde qui est ne peut engendrer, malgré le sceau de la beauté suggestive de transcendance, le devoir. […] Il faut donc un Dieu unique, bon et personnel, dont la volonté est le Bien et qui nous ait faits capables d’en recevoir la révélation.» Henri Blocher+ (né en 1937), «L’universalité de l’éthique et son fondement», dans Et l’homme dans tout ça?, ouvrage collectif, Actes du Congrès européen d’éthique, Emmaüs, 2006, p. 45
Croire qu’une éthique universelle peut s’imposer à tous sans foi commune est utopique, mais comme nous sommes tous créés par le même Dieu, qui a planté en nous une conscience morale, nous reconnaissons tous la nécessité de certaines lois morales dans ce monde, ce qui permet le dialogue. Parmi les points de contact entre croyants et non-croyants Àgurent les domaines suivants: * la création: il y a un certain ordre, un équilibre à respecter dans la création; nous devons respecter la nature, mais aussi notre nature humaine; * la conscience: nous pouvons faire appel à la conscience, au bon sens; * la nécessité d’institutions justes: nous avons besoin d’institutions justes qui veillent à la justice et à la paix entre tous les hommes.
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Questions pour l’étude
Enjeux et réflexions éthiques
Q-1
1.
«Croire quelque chose devrait avoir un impact sur notre manière de
vivre»: que pensez-vous de cette afÀrmation et dans quelle mesure vous correspond-elle?
Q-2
Pour une foi réfléchie
2.
Sur quels critères pouvons-nous nous appuyer pour déÀnir ce qui est
bien ou mal? Y a-t-il des cas indéterminés et lesquels?
Enjeux et réflexions éthiques
Q-3
11 Enjeux et réflexions éthiques
Luc Olekhnovitch
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Vous voulez relever le déf i d’une réf lexion sur votre foi ou utiliser cet ouvrage comme simple manuel de référence? Vous constaterez que, loin d’être aride et élitiste, la théologie est passionnante, accessible à chacun et enrichissante.
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* rédaction collective, par des francophones de différentes dénominations * exposé des diverses positions existantes et de leurs arguments * déf inition des termes techniques de la théologie * aperçus de l’histoire des doctrines, avec la présentation des grands débats * implications et application des différentes croyances * questions des plus jeunes… avec des réponses * citations de théologiens et autres penseurs * illustrations
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Exposer la foi chrétienne d’une façon qui soit compréhensible et attractive pour les plus jeunes et leurs aînés, tel est l’objectif ambitieux de Pour une foi réfléchie.
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Savez-vous ce que vous croyez? Et savez-vous pourquoi vous le croyez? Savez-vous, aussi, pourquoi d’autres croient différemment de vous?
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