Narnia (OUR1004)

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es Chroniques de Narnia, Ïuvre de lÕ crivain britannique C.S. Lewis port e lÕ cran, nous parlent de myst res. Des myst res qui sont de la plus haute importance pour notre vie. Et, comble du myst re, cÕest lÕaide dÕimages et de symboles quÕelles nous en parlent! Pour nous aider d crypter le message et p n trer tous les secrets des Chroniques, voici Le myst re de Narnia. Vous avez lu les livres, vous avez vu le filmÉ ou vous avez lÕintention de le faire? Profitez donc de lÕ clairage apport par cet ouvrage! Qui sait? Peut- tre d couvrirez-vous m me un nouveau sens votre vie!

ISBN 2-940335-04-4


TABLE DES MATIÈRES Quelques mots pour entrer dans le jeu . ....................... 7 1. Le monde caché derrière l’armoire ........................... 9 2. L’aventure de Lucy et la logique du Professeur ...... 17 3. Narnia, un miroir du monde surnaturel ................. 27 4. Un hiver sans fin et jamais de Noël ......................... 33 5. La Sorcière Blanche .................................................. 41 6. Aslan .......................................................................... 51 7. Edmund, le méchant ................................................ 61 8. Lucy, la courageuse . ................................................. 67 9. Les joies du loukoum . .............................................. 73 10. La puissante magie venue de la nuit des temps ... 83 11. Noël: l’enchantement se rompt ............................. 89 12. Une magie encore plus ancienne .......................... 95 13. Edmund, le juste ................................................... 101 14. Filles d’Eve et fils d’Adam . ................................... 109 15. Quelques mots pour conclure ............................. 119 Notes ............................................................................ 121


Les numéros de page indiqués pour L’armoire magique sont ceux de l’édition Gallimard Jeunesse. Lorsque la Bible est citée, la référence est indiquée comme suit: nom du livre biblique numéro de chapitre: numéro de verset


Quelques mots pour entrer dans le jeu

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’armoire magique (titre original complet : Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique) de C.S. Lewis est devenu le livre le plus célèbre d’une série de sept intitulée Les chroniques de Narnia. Il raconte les aventures de Peter, Susan, Edmund et Lucy qui se retrouvent dans le monde mystérieux de Narnia en passant par une armoire. Il s’agit d’un pays peuplé d’animaux qui parlent, de nains, de géants et d’autres êtres fabuleux. Son roi est le lion Aslan. Mais voilà cent ans que Narnia est dominé par Jadis, la Sorcière Blanche qui, par ses maléfices, maintient le monde dans un hiver sans fin. Or il existe une prophétie disant que ces maléfices seront un jour brisés et que cette libération aura un rapport avec la venue de quatre enfants d’hommes. Ce récit épique vient de faire l’objet d’un film bénéficiant de grands moyens et des effets spéciaux les plus modernes. Pour d’innombrables fans de Narnia, c’est la réalisation d’un vieux rêve. Il est vrai que c’est déjà le troisième film tourné sur Narnia, mais il y a de bonnes chances que ce classique de la littérature enfantine soit, pour la première fois, traité d’une manière digne et fidèle à l’écran. L’armoire magique devrait d’ailleurs être le premier film de toute une série. Voilà donc l’occasion d’en découvrir un peu plus sur les aspects cachés de ce monde mystérieux, d’autant plus que les réalisateurs nous le disent: le monde mystique de Narnia veut nous proposer plus qu’un simple passe-temps. Cary Granat, le cofondateur et directeur de Walden


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Media, nous fait remarquer: «L’armoire magique est l’un des romans pour enfants les plus vendus de tous les temps. Il fourmille de personnages aux multiples facettes qui se trouvent confrontés aux mêmes décisions que nous. En recourant au fantastique, C.S. Lewis nous tend un miroir qui nous enseigne les leçons du monde réel.» Un miroir fantastique qui nous montre les réalités de notre vie. C’est remarquablement exprimé et c’est bien ce que C.S. Lewis, le professeur et philosophe d’Oxford avait en vue, chaque fois qu’il écrivait un roman fantastique. Que ses récits imaginaires soient destinés aux enfants ou aux adultes, chacun d’eux devait rendre visibles des choses invisibles autrement. Y a-t-il donc un secret caché derrière cette histoire? Effectivement. Les chroniques de Narnia nous racontent des secrets. Des secrets de la plus haute importance pour notre vie. Dans ce récit il est question, par exemple, d’un monde figé dans la froidure de l’hiver, mais qui connaîtra un jour le printemps, où l’on pourra de nouveau respirer librement et danser de joie. Un souhait enfoui au fond de toute âme humaine. Narnia nous montre comment ce rêve peut devenir réalité. Cela vous tente-t-il? Alors L’armoire magique est pour vous. C.S. Lewis nous raconte en images et en symboles les leçons de la vie réelle. Le présent petit livre est conçu comme un guide à travers le monde des images et des symboles. Il décrypte pour nous les principaux secrets du monde qui se cache derrière l’armoire. Je n’en dis pas plus et vous souhaite beaucoup de plaisir au cours de votre voyage mouvementé vers le printemps de Narnia.


1. Le monde caché derrière l’armoire «Mais comment cela peut-il être vrai, Monsieur?» demanda Peter. L’armoire magique, p. 53

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ous devez connaître cela, vous aussi: il y a des choses dont on se souvient même lorsqu’elles remontent loin dans le temps. Elles n’ont l’air de rien, elles sont même totalement dénuées d’importance, et pourtant elles ont marqué notre mémoire comme au fer rouge. C’est l’expérience que j’ai faite avec Narnia, le monde caché derrière l’armoire. Je ne sais plus du tout quel âge j’avais, en tout cas je devais être encore bien petit. J’étais seul à la maison et je zappais de-ci de-là sur la télé, lorsque soudain je fus projeté dans cet univers étrange plongé dans un profond hiver. C’est dans ce monde que j’ai rencontré la terrible Sorcière Blanche qui étouffe tout sous la glace, ainsi que son adversaire, Aslan, le roi lion, bon et fort, qui protège et sauve; il ne fait certes jamais de mal, mais il inspire tout de même la crainte, car il n’est pas dompté et peut lancer de formidables rugissements. Je ne me souviens plus si le dessin animé vu à l’époque était de qualité. Je ne sais même plus si j’en ai alors compris l’action, mais une chose est sûre, c’est que ce monde mystérieux m’a laissé une impression profonde comme jamais rien auparavant. Pourtant Narnia resta apparemment sans lendemain pour moi. Je n’ai jamais lu les livres (je ne savais même pas qu’il y en avait) et je n’ai pas réfléchi davantage à l’histoire.


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Une seule image est restée durablement gravée dans mon inconscient: celle du printemps qui remporta une victoire irrésistible et radicale sur l’hiver. Ce n’est que bien plus tard que cette image reprit vie en moi, quand j’en ai eu vraiment besoin. Presque insensiblement je pris conscience qu’à ce moment-là j’avais pénétré, tout comme Lucy, d’une manière absolument inattendue et pour un court instant, dans l’autre monde. L’autre monde. Car il existe. C’est le clou de cette histoire, et c’est aussi le premier secret révélé par Narnia: il y a plus que ce que nous voyons, et ce plus est tout près de nous. Il peut être partout et nous attendre au prochain tournant. Est-ce vraiment possible? N’est-ce pas significatif? Les histoires qui font actuellement fureur, ce sont justement celles qui nous entraînent dans d’autres mondes. A notre époque moderne, ce genre de récits fantastiques, que beaucoup accueillent avec un sourire entendu et qualifient d’enfantins, sont pourtant ceux qui ont le plus grand succès. Le Seigneur des anneaux de Tolkien est devenu le livre le plus vendu du XXe siècle après la Bible. Par ses romans avec Harry Potter, Joanne K. Rowling a acquis une célébrité mondiale et une fortune supérieure à celle de la reine d’Angleterre. De même, Les chroniques de Narnia de C.S. Lewis ont atteint le joli tirage mondial de 85 millions d’exemplaires, et cela à un moment où les chiffres de ventes n’avaient pas tellement tendance à grimper bien haut. Les cinéphiles et les gens qui n’aiment pas lire peuvent maintenant se plonger dans ces mondes fantastiques grâce aux salles obscures, et qui s’étonnera que


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ces films fassent, eux aussi, un tabac sans pareil? Dans tous les coins du globe, les files de spectateurs se renouvellent sans cesse. Comment l’expliquer? Serait-ce que des milliers d’êtres humains sont restés des enfants? Ou bien nous jetons-nous dans les armoires magiques juste pour fuir la réalité? Ce qui est sûr, c’est que beaucoup parmi nous voient des films ou lisent des livres pour décrocher, pour oublier la réalité un court moment. Oublier la pression de l’école, le salaire scandaleusement insuffisant, oublier qu’en dépit de tous les régimes diététiques et toutes les interventions de chirurgie esthétique nous ne ressemblons toujours pas à Jennifer Lopez. Or décrocher, oublier, pratiquement n’importe quel livre, n’importe quel film le permet; pour cela on n’a pas forcément besoin de mondes fantastiques. Et ces histoires avec des animaux qui parlent, avec des fées, des géants et des sorcières, avec des châteaux ensorcelés et des princesses prisonnières, nous les aimions déjà avant de savoir lire et surtout avant de connaître la grisaille des frustrations quotidiennes. Alors comment l’expliquer? Qu’est-ce qui rend si fascinante cette plongée dans un monde différent, enchanté, caché derrière une armoire magique ou un quai 9 ¾? Serait-ce que dans les arcanes les plus secrètes de notre âme nous aspirons à cet autre monde? Ou peut-être qu’en réalité nous savons qu’il doit effectivement exister ? Est-ce là ce qui rend ces histoires si passionnantes? Pensez-vous! C’est tout bonnement dû au fait que nous trouverions complètement absurde l’existence d’une pareille armoire par laquelle on pourrait accéder, tout à fait à l’improviste, à un monde merveilleux. Bien


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sûr que nous savons qu’il n’existe rien de tel! Pareilles idées sont le matériau dont on compose les contes, et seuls les petits enfants s’y intéresseront. Des enfants qui croient encore au Père Noël. Le Père Noël. C’est le point précis où commence notre histoire: la petite Lucy a juste encore l’âge de croire au dit bonhomme porteur d’un manteau rouge! Dans la vieille maison du Professeur, notre Lucy découvre une armoire qui se révèle être la porte d’entrée vers un autre monde. Elle raconte à ses frère et sœur plus âgés ce qu’elle a vu dans cet univers féerique appelé Narnia. Et, tout comme nous, ceux-ci sont assez grands pour ne plus croire aux contes de fées. Sans longues réflexions, ils concluent que la petite Lucy raconte tout simplement des histoires nées de son imagination fertile. Pas question d’envisager l’existence d’un autre monde comme Narnia, chose pareille serait totalement absurde. Les choses se compliquent quand Lucy refuse obstinément d’admettre qu’elle a affabulé. Elle reste inconsolable et même malheureuse à en mourir: personne ne la croit! Elle qui est d’habitude une petite fille foncièrement honnête et gaie! Peter et Susan, ses frère et sœur, restent perplexes.1 Bien sûr, il n’y a pas de monde qui se cache derrière l’armoire… mais comment expliquer alors le comportement de Lucy? Ça ne lui ressemble pas du tout. D’abord on ne l’a jamais entendue mentir, et puis on ne l’a jamais vue bouder à longueur de journée. Y auraitil quelque chose de plus sérieux derrière toute cette histoire farfelue? Non pas que cet autre monde puisse exister, mais peut-être Lucy a-t-elle carrément perdu la tête ou quelque chose du même genre.


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Enfants avisés, Peter et Susan évitent tout risque inutile et prennent une décision très sage: dans cette affaire il vaut mieux demander conseil au vieux Monsieur le Professeur. Bonne idée! C’est entendu, l’existence d’un autre monde invisible autour de nous serait une chose fascinante. Seulement nous sommes des personnes modernes, raisonnables et éclairées, nous ne croyons plus à de telles fadaises fantastiques. C’est alors que survient quelque chose de très troublant: pour le vieux monsieur très sensé, professeur de surcroît (!), le récit de Lucy est parfaitement plausible et crédible! Voici ce qu’il dit: Non, il ne s’agit pas simplement d’une histoire comme les enfants aiment à en raconter, d’un conte de fées ou de désirs pris pour des réalités. Il va jusqu’à soutenir mordicus qu’il serait logique d’accorder foi aux dires de Lucy et, sur un ton lourd de reproches, demande ce que les enfants peuvent bien apprendre de nos jours à l’école! Parvenus à ce point, rappelons-nous que C.S. Lewis (1898-1963), l’inventeur de Narnia, était lui-même un professeur reconnu2 et, de plus, le philosophe chrétien le plus lu et le plus influent du XXe siècle. Il en découle que c’est Lewis lui-même qui pose la question au lecteur: «Et pourquoi n’existerait-il pas un autre monde du type de Narnia?» Eh oui! Et à l’école ne nous a-t-on pas appris à raisonner logiquement? C’est un vrai défi que C.S. Lewis nous lance là, et cela lui ressemble bien. Malheureusement, dans le monde francophone, son nom ne dit plus grand-chose, bien qu’il soit une personnalité reconnue. Son œuvre sort tellement de l’ordinaire et présente des aspects si pro-


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fonds que le film biographique Shadowlands, avec Anthony Hopkins dans le rôle principal, lui élève un monument. Ses livres se sont largement vendus, bien avant que son ami J.R.R. Tolkien ait réussi sa magistrale percée avec Le Seigneur des anneaux. Comment le professeur Lewis, si intelligent et universellement reconnu, en vient-il donc à vouloir nous faire admettre que c’est la chose la plus logique du monde de croire à un autre monde? Pour C.S. Lewis, la question de l’autre monde n’était pas secondaire. Jeune enfant, il y croyait déjà fermement. Il croyait en un Dieu au ciel qu’il priait désespérément (et vainement) pour lui demander la guérison de sa mère atteinte du cancer. Puis, devenu adolescent, il n’a jamais cessé de chercher le monde de l’éternel et de l’invisible. Il en discutait avec ses camarades de classe. A l’église, les rituels lui inspiraient un sentiment de respect et de dévotion et, lorsqu’il priait, il avait le souci de formuler sa prière avec une sincérité et un sérieux dignes de Dieu. Dans son honnêteté, il était si scrupuleux qu’il lui arrivait souvent de se tourmenter jusqu’à une heure avancée de la nuit avec ces exercices de piété, parce qu’il n’était jamais sûr que sa prière ait effectivement été assez sérieuse. Les années passant, il a continué à réfléchir sur ce point et il a changé de position. D’abord l’idée a mûri en lui que ce serait relativement insensé de considérer toutes les religions comme pure absurdité, en n’exceptant que celle à laquelle il se trouvait lui-même appartenir comme anglais, c’est-à-dire le christianisme. Puis s’est progressivement forgée en lui la conviction qu’il serait déraisonnable de croire en un Dieu bon, alors que le monde est le théâtre de tant d’injustices, de mi-


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sères et de guerres. Il tomba d’accord avec Lucrèce qui disait: «Impossible que ce monde ait été créé par Dieu, car alors on ne le trouverait pas dans ce triste état.» De plus, les savants aussi se faisaient fort de prouver qu’il n’existe ni esprit, ni Dieu, ni autres mondes. Du temps de Lewis, comme certains le font encore de nos jours, on ne jurait que par le rationalisme matérialiste. On soutenait que, dans notre univers, rien n’existait en dehors de la matière visible et mesurable. Tout ne serait que physique et chimie. Il n’y avait pas de place pour un monde merveilleux comme Narnia. C’est ainsi que pensait et raisonnait Lewis, le jeune intellectuel. Il disposait de quantités de «preuves» que seul existe ce que nous pouvons voir et que nulle autre dimension, le ciel, l’enfer ou quoi que ce soit de cet ordre, ne pouvait être envisagée. Mais à présent, devenu un professeur âgé, il ne peut que s’étonner et secouer la tête, en se demandant pourquoi il nous paraît, à nous, si absurde de croire à un tel monde.

Matière à réflexion • Que penser de notre souhait qu’il puisse exister un autre monde? • Est-il raisonnable de nier une telle éventualité ou est-ce si illogique de croire en la réalité d’un autre monde? • Qu’en est-il de personnes comme Lucy qui affirment avoir fait l’expérience d’un tel monde? • Est-il possible qu’il existe tout de même un «monde invisible merveilleux» qui attendrait que nous le découvrions?


2. L’aventure de Lucy et la logique du Professeur – «Comment savez-vous, leur demanda-t-il, que l’histoire de votre sœur n’est pas vraie? – Mais vous voulez vraiment dire, monsieur, dit Peter, qu’il peut exister d’autres mondes comme ça, tout autour de nous, tout à côté de nous ? – Rien n’est plus probable», dit le Professeur. L’armoire magique, p. 51 et 54

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u’est-ce qui nous amènerait à croire que notre vie a encore une autre dimension que celle que nous percevons avec nos cinq sens? Une première raison, c’est que tous les hommes font, d’une certaine façon, l’expérience qu’il existe quelque chose de ce genre. Parfois nous sommes touchés d’une manière totalement imprévue par un souffle de vent venu de l’autre monde. C’est précisément ce qui conduisit Lewis, l’athée, à douter de son matérialisme. Voici comment il découvrit cet autre monde. Parfois, en contemplant une lointaine chaîne de collines ou en lisant un poème épique de la mythologie nordique, il se sentait pris d’une nostalgie et d’une aspiration qui dépassaient tout ce qu’il connaissait. Ce sentiment était si intense et si exaltant qu’il cherchait évidemment à le revivre encore ou, mieux, à en percer le secret. Quand il en eut l’âge, il fit une excursion vers ces collines lointaines qui lui avaient inspiré cette mélancolie et, quand il eut assez d’argent, il acheta tout


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