Nés dans une famille chrétienne, mais.( OUR1058)

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D. Niederseer G. Neumayer

Ils sont nés dans différents pays d’Europe ou même en Afrique, n’ont pas tous le même parcours, mais ils ont au moins un point en commun: ils ont grandi dans un foyer chrétien. A travers ces témoignages, Marc, Sylvie, Stéphane, Daniel, Aurélie et les autres nous racontent le cheminement qui a été le leur, avec son lot de doutes, de luttes et de détours, pour parvenir à une foi personnelle et vivante. Une deuxième partie aborde des thèmes qui touchent les jeunes d’arrière-plan chrétien et leurs parents et apporte des réponses à certaines questions qu’ils se posent souvent. Un livre très encourageant et rafraîchissant, à lire et à offrir! D. Niederseer est médecin en Autriche. Marié depuis 2003, il est père de deux enfants. Avec sa femme Michaela, il a été actif pendant plusieurs années dans le travail d’Eglise et parmi les étudiants. G. Neumayer enseigne les mathématiques, la physique et la chimie. Marié depuis 1988 et père de jumeaux, il habite lui aussi en Autriche. Il est particulièrement engagé auprès des jeunes et des adolescents.

nés dans une famille chrétienne, mais...

D. Niederseer G. Neumayer

22.90 CHF / 19.00 € ISBN 978-2-940335-58-9

oignent Des jeunes tém Témoignages rassemblés par D.

Niederseer & G. Neumayer



Témoignages rassemblés par

D. Niederseer & G. Neumayer

Nés dans une famille chrétienne, mais… Des jeunes témoignent


Nés dans une famille chrétienne, mais… Titre original en allemand: Ergreife das Leben © 2009 by CLV - Christliche Literatur-Verbreitung Postfach 11 01 35 - 33661 Bielefeld www.clv.de © et édition française: Ourania, 2014 Case postale 128 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. E-mail: info@ourania.ch Internet: www.ourania.ch Traduction: Florence Calame Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21, © 2007 Société Biblique de Genève www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-940335-58-9 ISBN format epub 978-2-88913-515-8 ISBN format pdf 978-2-88913-904-0 Imprimé en République tchèque par Finidr


Table des matières 1re partie - Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7   1. Qu’est-ce que l’éternité? Matthias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9   2. Du monde de la nuit à la lumière Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23   3. Un cadeau de Dieu! Sylvie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37   4. Fils de pasteur, à la dérive Stéphane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51   5. Est-ce que je suis vraiment sauvée? Eva . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57   6. Je voulais tant être accepté! Daniel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69   7. Je veux la vie! Julia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87   8. «La haine est l’amour qui a sombré» Samuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101   9. Malgré les doutes et les déceptions Aurélie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 10. La dernière chance? Stephan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129


11. Dans mon sac de couchage… Torsten . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 2e partie - Des infos qui pourront t’aider . . . . . . . . . . . . 155   1. J’ai dû me convertir une douzaine de fois! Les jeunes de famille chrétienne et la foi . . . . . . . . . 157   2. Face aux questions difficiles Quand on est pris au dépourvu . . . . . . . . . . . . . . . . 179   3. Où est la vérité? Une question vitale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185   4. La crédibilité de la Bible Des preuves irréfutables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197   5. Jésus et les religions Le caractère unique de l’Evangile . . . . . . . . . . . . . . 203   6. La théorie de l’évolution Pistes pour un dialogue constructif . . . . . . . . . . . . . 211   7. Est-ce que j’ai le droit de…? L’amour et non la loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223   8. Passer du temps avec Dieu La lecture de la Bible et la prière . . . . . . . . . . . . . . . 233   9. Une vie riche en aventures Les chrétiens ne sont pas inactifs . . . . . . . . . . . . . . . 237 10. Pourquoi ce livre? Une idée qui s’est confirmée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 11. Annexe Pour aller plus loin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251


1re partie: TĂŠmoignages

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1. Qu’est-ce que l’éternité? Matthias

Un mort dans un accident de voiture LOFER (Autriche). Ce vendredi, peu avant minuit, un accident de la route, sur la nationale du Pinzgau, juste avant l’entrée du village de Weissbach bei Lofer, a fait un mort. Un automobiliste de 19 ans, originaire de la région du Pinzgau et accomplissant actuellement son service militaire, se rendait de Saalfelden à Lofer et est entré en collision, sur une chaussée mouillée, avec le véhicule d’un employé de commerce de 25 ans qui arrivait en sens inverse. Sous la violence du choc, ce deuxième véhicule a été projeté dans un champ. Le passager qui s’y trouvait, Matthias Pichler, un jeune homme de 23 ans, est mort sur le coup. Les conducteurs ainsi que la passagère du premier véhicule sont blessés, mais on ne connaît pas la gravité de leur état. Ils ont été transportés à l’hôpital de Zell am See. Les deux voitures sont totalement détruites. Un éthylo­ test a révélé que le jeune de 19 ans conduisait en état d’ivresse: il avait 1,78 g/l d’alcool dans le sang. Salzburger Nachrichten1, 07.06.2002

Un accident de voiture. Un parmi des centaines cha­que année. Dans cet article, les faits sont froidement exposés, sans aucune émotion. Nous entendons 1   Quotidien

de la région de Salzbourg.

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ce genre de nouvelles tous les jours. Mais les journaux ne répondent pas à certaines questions: Qui était Matthias Pichler? Qu’a-t-il fait pendant les 23 années de sa courte vie? Que pensait-il au sujet de la vie et de la mort? Et de l’éternité? Christian, son cadet de deux ans, raconte la vie de ce jeune parti si tôt…

L’enfance Matthias était un cadeau de Dieu pour nos parents! A 18 ans déjà, notre mère a dû subir une délicate opération au niveau du bas ventre. Suite à cela, les médecins lui ont dit qu’elle ne pourrait très probablement pas avoir d’enfants. Après une fausse couche, les espoirs de mes parents se sont donc totalement évanouis. Mais alors qu’ils s’étaient presque résolus à ne pas avoir d’enfants, un fils leur a été accordé. Ils l’ont appelé Matthias, ce qui signifie «don de Dieu». Je suis arrivé deux ans après, puis neuf ans plus tard, nous avons eu une sœur: Marie. Matthias et moi faisions tout ensemble. Malgré nos personnalités différentes, nous étions inséparables. J’étais paisible et joyeux et je profitais de la vie. Je ne réfléchissais pas à des choses particulièrement profondes. Mais pour lui, il en était autrement. Très rapidement, il s’est révélé être quelqu’un de très sensible. Dès l’enfance, il était préoccupé par d’innombrables questions, notamment des questions d’ordre philosophique et existentiel. Un soir, alors qu’il n’avait que 5 ans, après nous avoir dit bonsoir, notre mère est revenue dans la chambre et l’a trouvé assis dans son lit, l’air préoccupé et oppressé. 10 \

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«Qu’est-ce que ça veut dire, en fait, ‘éternel’? lui a-t-il demandé. Comment ça sera au ciel? Comment est-ce que ça peut être beau si ça ne s’arrête jamais?» Cette question de l’éternité devait l’accompagner durant toute sa courte vie. On pourrait même presque dire qu’elle le caractérisait! Chrétiens convaincus, nos parents désiraient que nous apprenions dès notre jeune âge à connaître la Bible, la Parole de Dieu. Pour nous, c’était donc une certitude: Dieu avait créé le monde, il voulait notre bien et nous donnait tout ce dont nous avions besoin. De ce fait, lui exprimer notre reconnaissance avant les repas et le soir avant de dormir était une chose qui nous paraissait totalement naturelle. Le dimanche était le point culminant de la semaine: nous allions au culte en famille, à l’assemblée chrétienne de Saalfelden2. Il y avait là beaucoup d’enfants de notre âge avec qui nous étions amis. Nous échangions des timbres et jouions au loup. A l’école du dimanche, on nous racontait des histoires passionnantes de la Bible, et le soir, à la maison, maman nous lisait souvent la Bible pour enfants ou d’autres livres chrétiens. Bref, nous étions comblés à tous les niveaux.

L’adolescence, âge ingrat Matthias était un ado calme et pas très sûr de lui. Les personnes avec lesquelles il pouvait partager ses réflexions profondes étaient assez rares. C’est à cette période qu’il a commencé à se passionner pour l’informatique. Il aimait 2   Ville

du land de Salzbourg. (N.d.E.)

Qu’est-ce que l’éternité?

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particulièrement les jeux. Au début, les séries Prince of Persia ou SimCity le fascinaient, jusqu’au jour où il s’est mis lui-même à concevoir des jeux. L’ordinateur était vraiment sa plus grande passion. Je ne voudrais pas dire qu’il était marginalisé au lycée. Non. Mais en l’observant, je me suis quand même rendu compte que ce n’était pas facile pour lui. Pour les autres garçons de sa classe, tout tournait autour de la cigarette, de l’alcool et des filles. Matthias avait d’autres convictions dans ces domaines. L’attachement aux principes qui étaient les siens l’excluait finalement du groupe, et avec le temps, le fossé s’est creusé davantage. Cela l’a conduit à se détacher intérieurement du reste de la classe. Il avait toutefois de très bons contacts avec quelquesuns. C’était le cas avec Hans-Peter, avec qui il a noué une profonde amitié. Ils partageaient avant tout un intérêt commun pour l’ordinateur. Cette amitié devait durer jusqu’à ce que Matt nous quitte. La première impression qu’on avait de lui, c’était qu’il vivait sa foi chrétienne de manière très conséquente au lycée. Mais je sais, d’après de nombreuses discussions que j’ai eues avec lui, que sa vie de foi ne lui apparaissait que comme une façade pieuse, comme quelque chose de forcé, comme une mascarade, même. Est-ce que je ne fais que répondre aux attentes de mon entourage en respectant les valeurs chrétiennes, ou est-ce que j’agis par conviction? Est-ce que ce sont vraiment MES principes? Ou est-ce que ce ne sont que ceux de mes parents? Est-ce que je n’ai pas simplement adopté un style de vie chrétien? C’étaient là des questions que Matt se posait constamment à l’époque. Il 12 \

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voulait trouver son propre chemin. Il avait dit qu’il était chrétien à ses camarades de classe, et il semblait vivre en conséquence, mais l’était-il vraiment dans son cœur?

Un combat En fait, je pense qu’à ce moment-là, Matt n’aurait pas su quoi répondre à cette question, et il aurait encore moins pu y répondre positivement. Comme beaucoup d’enfants de chrétiens, il avait grandi avec l’Evangile. Il avait entendu la bonne nouvelle du salut et avait adopté la foi de ses parents. Mais cette foi était-elle personnelle? Etait-il réellement saisi lui-même? A l’adolescence, malgré son adhésion aux principes bibliques et au message du salut en Jésus, il a commencé à remettre en question ses convictions. Il a reconnu que la foi qu’il professait n’était pas véritablement la sienne. Ce n’était pas facile pour nous, sa famille, de comprendre ses réflexions et ce qui les suscitait. J’aimerais utiliser une image pour essayer de montrer quel combat mon frère a dû mener pour y voir plus clair. La plupart des jeunes de notre voisinage font partie d’une équipe de foot. Supposons que, dans sa jeunesse, notre père ait été avant-centre et qu’il soit aujourd’hui entraîneur. Dans ce cas, le dimanche, nous n’aurions pas été au culte mais aux matchs. Et au lieu de prier avant les repas et au coucher, nous aurions commenté les derniers matchs. Nos modèles ne se seraient pas appelés Daniel, Paul, Hudson Taylor ou Jim Elliot, mais Beckham, Ronaldinho et Ronaldo. Nous serions allés à l’entraînement trois fois par semaine, pour qu’un jour, Qu’est-ce que l’éternité?

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le plus grand rêve de notre père se réalise: voir ses garçons jouer en attaque et milieu de terrain. Des caleçons au papier peint de notre chambre, les motifs auraient été les mêmes: des ballons de foot! Sur le frigo, il y aurait eu une grille de programmation des matchs et, derrière la porte des toilettes, chaque mois, une nouvelle équipe de foot nous aurait regardés en souriant. Et pourtant, tout cela n’aurait pas suffi à nous faire intégrer une équipe professionnelle. Un jour ou l’autre, il aurait fallu que le rêve de notre père devienne aussi le nôtre. Ce n’est qu’ainsi que nous serions devenus des footballers «avec nos tripes», que nous aurions été prêts à tout donner, à supporter les durs entraînements et à renoncer à beaucoup de choses pour notre carrière sportive. Tellement souvent, j’ai pu observer que les garçons, vers 14 ans, arrêtaient le foot. Et parfois, le rêve d’un père ambitieux se brisait en même temps. Deux questions cruciales tourmentaient Matt: Le rêve de mon père – la foi de mes parents – est-il déjà devenu le mien? Et: Notre monde chrétien vaut-il mieux que le monde du foot?

Les réponses Ce n’est qu’à 19 ans, alors qu’il faisait son service civil, que Matt s’est fait baptiser. Il s’était longtemps demandé s’il voulait faire ce pas ou non. Car il ne souhaitait pas confesser publiquement sa foi en Jésus-Christ pour continuer à vivre comme avant. Il était au clair quant à la portée de sa décision. Après des années de lutte, il savait 14 \

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enfin ce qu’il voulait vraiment: plus de demi-­mesure mais un engagement avec Dieu sans compromis. Pourtant, après son baptême, il a encore fallu presque un an de combats pour qu’il laisse au Seigneur la première place dans sa vie. Durant cette année, il semblait même aller encore plus mal qu’avant. Mais une chose avait changé: il était certain que la foi qu’il avait reçue de ses parents depuis son enfance était désormais bien devenue la sienne. Il avait la réponse à sa première question! Cela me fait penser à une image: celle de la transmission du témoin dans une course de relais. Arrivé au bout de sa course, le premier coureur tend le bâton au deuxième, qui doit le saisir activement. Car une course sans témoin, même en un temps record, n’est pas valable. Si Matt avait auparavant l’impression de courir sans le «témoin dans la main», après avoir pris cette décision, il était certain d’avoir saisi le témoin de la foi. Sa course serait valable, peu importe le temps qu’il lui faudrait pour arriver au but. Une fois son service civil terminé, il a commencé des études à Salzbourg. En lettres classiques et littérature comparée? Non, bien sûr! Il s’est inscrit en informatique, forcément! Comment aurait-il pu en être autrement? Mais l’ordinateur, sa plus grande passion, était aussi son plus gros problème. Sa difficulté n’était pas tant liée au temps passé devant l’écran ni au fait que, durant une période, il faisait beaucoup de jeux. Le réel problème était que ses pensées tournaient jour et nuit autour de l’ordinateur, ne lui laissant aucun répit. Il montrait des signes évidents de dépendance. Quand Qu’est-ce que l’éternité?

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2e partie: Des infos qui pourront t’aider

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1. J’ai dû me convertir une douzaine de fois! Les jeunes de famille chrétienne et la foi

«J

e me suis converti pour la première fois à 4 ans! Je ne sais pas si c’était authentique… Alors je me suis converti encore une fois, par mesure de sécurité… Finalement, je me suis sûrement converti une douzaine de fois!» «Je ne ressens rien. Est-ce que je suis quand même un enfant de Dieu?» Les personnes qui ont grandi dans un foyer chrétien racontent très souvent avoir eu ce genre de questionnements. En réalité, il s’agit là d’un phénomène spécifique aux jeunes de contexte chrétien. Bien des questions surgissent quand quelqu’un se convertit, notamment lorsque la personne ne connaissait pas beaucoup la Bible et son enseignement auparavant. La question qui revient le plus régulièrement est celle de l’assurance du salut: «Comment est-ce que je peux être sûr d’être sauvé?» Dans ce cas, le mieux est de chercher de l’aide auprès d’un chrétien plus mûr, qui saura apporter des réponses claires. Mais souvent, malgré une bonne connaissance biblique, les jeunes de / 157


famille chrétienne demeurent pendant des années dans le doute quant à leur salut. Ces doutes, conjugués avec une absence de joie, paralysent leur croissance dans la foi et les empêchent de vivre pour Christ. Parfois, cela les conduit même à se détourner du Seigneur. Nous espérons que les réflexions suivantes pourront leur être utiles. Le sujet étant complexe, nous ne prétendons pas l’avoir traité de manière complète, mais ce qui suit permettra au moins d’initier une réflexion. Pour commencer, nous verrons que le message de l’Evangile en lui-même est le même pour tous. Ensuite, nous examinerons plus précisément la situation des enfants issus d’un foyer chrétien. Puis, nous analyserons trois éléments qui jouent un rôle essentiel dans la construction de la personnalité d’un jeune durant l’adolescence et dans son attitude par rapport à la foi: la recherche d’une identité propre, le besoin d’être reconnu et accepté et, enfin, le manque d’assurance et le sentiment d’insécurité provoqués par le manque d’expérience. Et pour terminer, nous verrons combien il est important d’avoir des modèles de foi authentique à suivre et, aussi, d’apprendre à devenir des disciples.

Le message de l’Evangile est le même pour tous Il semble que, par nature, nous, les humains, nourrissons une profonde méfiance à l’égard de Dieu et de sa bonté. Nous ne croyons pas qu’il dirigera notre vie mieux que nous ne le pourrions. Ainsi, nous préférons mener notre barque selon nos propres idées, au lieu 158 \

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d’obéir au Seigneur et de nous soumettre à son plan pour nous. Pour prendre une image, c’est un peu comme si nous conduisions une coccinelle VW sur une route de campagne (l’exemple fonctionnerait aussi avec une Porsche, mais ce n’est vraiment pas notre style!). Tout est beau, les paysages sont magnifiques, mais il y a un problème: nous sommes assis sur le siège du passager. C’est le conducteur qui décide de la direction à prendre. Si nous sommes honnêtes, nous devons tous reconnaître que nous préférons être à la place du conducteur pour pouvoir choisir nous-mêmes la destination. A première vue, il ne s’agit que de tenir le volant. Mais si l’on transpose l’image à notre vie, en réalité, il s’agit d’un rapport de force. C’est Dieu qui devrait être au volant, car c’est là sa place. Mais comme nous ne lui faisons pas confiance, nous avons pris les commandes après l’avoir relégué sur la banquette arrière. Certains l’ont même fait carrément descendre de la voiture. Ce faisant, nous nous sommes rendus coupables et nous ne l’avons pas laissé être Dieu.1 C’était déjà le péché d’Adam. Et jusqu’à aujourd’hui, cela reste le principal péché que nous commettons tous contre notre créateur. Et cela ne s’arrête pas là. Non seulement nous voulons diriger notre propre vie, mais aussi tout le reste. Tout et, surtout, tous doivent nous obéir au doigt et à l’œil. Nous aimons bien quand tout tourne autour de nous-mêmes. Mais cela a des conséquences, et elles 1   Dans la thèse 17 de sa «Controverse contre la théologie scolastique», Martin Luther écrit: «L’homme ne peut pas vouloir naturellement que Dieu soit Dieu; bien au contraire, il veut être lui-même dieu et que Dieu ne soit pas Dieu» (Œuvres choisies, tome 1, Labor et Fides).

J’ai dû me convertir une douzaine de fois!

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sont dévastatrices: disputes, jalousie, envie, mensonge, tromperie, colère, soif de pouvoir et exploitation des autres. Donc nous nous rendons coupables devant Dieu mais aussi devant les hommes! Et si Dieu se laisse reléguer sur la banquette arrière pendant un temps, il ne le fait pas pour toujours! Car ce n’est pas sa place. Il est Dieu. Et nous sommes ses créatures. Nous aurons à lui rendre des comptes sur la façon dont nous aurons vécu. Une question se pose alors: Comment quelqu’un qui a péché peut-il subsister face au jugement de Dieu? Il n’y a qu’une solution: le salut en Jésus-Christ. Car personne ne peut échapper au jugement de Dieu en accomplissant des bonnes œuvres, en supportant la souffrance ou en faisant toutes sortes d’autres efforts. Dieu a réglé le problème de notre péché par le sacrifice de Jésus, son Fils, mort à notre place. Et grâce à ce sacrifice, il nous offre son pardon. La responsabilité de l’homme, c’est d’accepter ce salut. La Bible parle de croire en Jésus, de faire appel à son nom (cf. Jean 3.16; Romains 10.10-13). Et c’est tant que nous sommes en vie qu’il nous faut prendre cette décision (cf. Hébreux 9.27). Ne pas accepter le salut que Dieu nous offre en Jésus ou repousser la décision à plus tard revient, en réalité, à tourner le dos à Dieu. Et l’accepter, c’est dire oui au Sauveur. En outre, Jésus-Christ est Seigneur, donc accepter le salut, c’est aussi accepter la seigneurie de Dieu sur notre vie. Pour reprendre l’image ci-dessus, c’est lui rendre sa place de «conducteur». C’est le laisser désormais décider lui-même de la direction à suivre et de la destination. Dieu justifie par Jésus celui qui se tourne 160 \

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vers lui de tout son cœur. La justification est un acte juridique par lequel Dieu déclare qu’une personne est juste. A priori, ce n’est pas quelque chose que nous sentons, mais souvent, quand nous saisissons réellement ce que cela signifie, nous éprouvons aussi une certaine émotion. Une nouvelle étape de notre vie commence alors. Une fois que nous avons accepté personnellement le salut en Jésus, Dieu nous donne son Saint-Esprit (cf. Romains 8.9; Ephésiens 1.13) et nous devenons ses enfants. Et à partir de ce moment-là, nous sommes appelés à grandir dans la foi. Pour cela, il importe avant tout que nous entretenions notre communion avec Dieu, que nous passions du temps dans sa présence. C’est par sa Parole, la Bible, qu’il nous parle, et c’est par la prière que, de notre côté, nous pouvons lui parler. Les difficultés, les souffrances font aussi partie de ce processus de croissance. Elles éprouvent notre foi et notre fidélité au Seigneur. Car même si nous lui avons redonné la place qui lui revient sur le siège du conducteur, nous avons toujours tendance à vouloir reprendre le volant. Nous devons apprendre à lui faire confiance au quotidien. Il est digne de notre confiance dans tous les domaines. Ces vérités sont valables pour tous.

La situation particulière des enfants de famille chrétienne En 1 Corinthiens 7.14, nous lisons que les enfants «sont saints» quand l’un des parents suit le Seigneur Jésus. J’ai dû me convertir une douzaine de fois!

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Cela ne veut pas dire qu’ils sont sauvés, mais qu’ils grandissent dans un environnement particulier, mis à part pour Dieu (signification du mot «saint»). Dès l’enfance, ils entendent le message de l’Ecriture. A la base, la Bible et son enseignement sont leur système de référence. Ce n’est que par l’école et les copains qu’ils découvrent d’autres façons de penser. C’est uniquement à partir du moment où on est amené à côtoyer régulièrement des personnes issues de familles ravagées par l’adultère, l’égoïsme, l’alcool, la négligence, l’abandon, la violence, l’abus, etc., et où on est témoin de leur terrible souffrance, qu’on se rend compte du privilège qu’est le fait d’avoir pu grandir dans un foyer chrétien. Il n’est pas rare que dans une classe, bien plus de la moitié des élèves ne connaissent d’une famille intacte que ce qu’on peut en voir dans les séries télévisées. La plupart des enfants et des jeunes dont les parents sont chrétiens grandissent dans un environnement où ils se sentent en sécurité, où ils se savent acceptés, où ils sont encouragés, parfois aussi corrigés, où on leur pardonne leurs fautes, où on est honnête et vrai les uns avec les autres et, surtout, où on leur transmet des valeurs et leur fixe des limites. Et toutes ces choses sont une conséquence de la foi de leurs parents. Mais le plus important, pour que la foi naisse et se développe aussi dans leur cœur, c’est l’ambiance spirituelle qui règne dans la maison. Ils grandissent avec la présence de Dieu. Dieu est une réalité pour eux! Ils apprennent à le connaître comme le Père céleste qui les aime, qui les protège, qui pourvoit à leurs besoins et qui exauce 162 \

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leurs prières. L’Evangile leur est expliqué très tôt, et de manière à ce qu’ils le comprennent. Même lorsqu’ils sont encore tout petits, ils donnent les bonnes réponses quand on leur pose des questions sur Dieu et sur le salut. Le problème ne se situe donc généralement pas au niveau de la connaissance! Quand quelqu’un qui n’est pas issu de famille chrétienne se convertit, c’est souvent en tant que jeune ou en tant qu’adulte. A ce stade, sa personnalité est suffisamment formée pour qu’il puisse prendre des décisions pour la vie. Mais pour les enfants de foyer chrétien, c’est différent: petits, ils ont confiance en ce que leur enseignent leurs parents. Dans ce sens, ils croient aussi ce que dit la Bible, et notamment le message de l’Evangile. Et ce faisant, ils sont tout à fait sincères et sérieux. Quand un enfant de 5 ans, par exemple, décide de suivre le Seigneur Jésus, cela ne doit pas être méprisé ni considéré comme faux! Sa foi est réelle, cependant, elle est enfantine; sa personnalité n’est pas encore mature. Le grand nombre de croyants qui se sont convertis dans l’enfance et qui sont restés fidèles à leur foi prouve qu’elle était authentique. Mais la foi enfantine demeure très liée à celle des parents. Il y a des phases durant lesquelles l’enfant essaye de faire ce qui plaît à Dieu. Puis, bien trop souvent, il s’ensuit une phase de désillusion. C’est l’échec: il se dispute avec ses frères et sœurs ou ses camarades de jeu, se met en colère, désobéit, est égoïste, etc., et sa mauvaise conscience le tourmente. Cela peut aller jusqu’au point où il remet en question sa décision de suivre Jésus. Dans ce genre de situation, il est important que J’ai dû me convertir une douzaine de fois!

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D. Niederseer G. Neumayer

Ils sont nés dans différents pays d’Europe ou même en Afrique, n’ont pas tous le même parcours, mais ils ont au moins un point en commun: ils ont grandi dans un foyer chrétien. A travers ces témoignages, Marc, Sylvie, Stéphane, Daniel, Aurélie et les autres nous racontent le cheminement qui a été le leur, avec son lot de doutes, de luttes et de détours, pour parvenir à une foi personnelle et vivante. Une deuxième partie aborde des thèmes qui touchent les jeunes d’arrière-plan chrétien et leurs parents et apporte des réponses à certaines questions qu’ils se posent souvent. Un livre très encourageant et rafraîchissant, à lire et à offrir! D. Niederseer est médecin en Autriche. Marié depuis 2003, il est père de deux enfants. Avec sa femme Michaela, il a été actif pendant plusieurs années dans le travail d’Eglise et parmi les étudiants. G. Neumayer enseigne les mathématiques, la physique et la chimie. Marié depuis 1988 et père de jumeaux, il habite lui aussi en Autriche. Il est particulièrement engagé auprès des jeunes et des adolescents.

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