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AVEC DEAN MERRILL
WESS STAFFORD
UNE
minute WESS STAFFORD AVEC DEAN MERRILL
Nous ne mesurons souvent pas l’influence que nous pouvons avoir sur la vie des enfants qui nous entourent ou dont nous croisons la route. Pourtant, il suffit parfois d’une minute, d’une «simple petite minute», pour changer le cours d’une existence tout entière. Paul, Michelle, Joshua, Sandra, Lily, Robert et tous les autres, dont l’histoire nous est contée dans ce livre, en ont fait l’expérience. Leur parcours, profondément touchant, souvent bouleversant, nous appelle à devenir à notre tour les artisans de moments inoubliables dans la vie des enfants que nous rencontrons. De simples dons ne sont pas juste des dons. De simples lettres ne sont pas juste des lettres. Il y a une grande reconnaissance lorsque l’on encourage ces enfants. Nick Vujicic, qui parraine un jeune Colombien Wess Stafford a œuvré en faveur des enfants durant une quarantaine d’années avec Compassion International, dont une vingtaine comme président de l’organisation. Aujourd’hui à la retraite, il habite près de Colorado Springs, aux Etats-Unis, et continue à défendre la cause des enfants à travers le monde.
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CHF 21.90 / 16.90 € ISBN 978-2-88913-027-6
IL SUFFIT D’UNE minute
IL SUFFIT
UNE
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IL SUFFIT
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DE SIMPLES RENCONTRES ONT TRANSFORMÉ LEUR VIE
WESS STAFFORD AVEC DEAN MERRILL
Wess Stafford avec Dean Merrill
UNE
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IL SUFFIT
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DE SIMPLES RENCONTRES DE TRANSFORMÉ SIMPLES RENCONTRES ONT LEUR VIE ONT TRANSFORMÉ LEUR VIE
Il suffit d’une minute Titre original en anglais: Just a Minute This book was first published in the United States by Moody Publishers 820 N., LaSalle Blvd., Chicago, IL 60610, with the title: Just a Minute Copyright © 2012 by Compassion International, Inc. Translated by permission. All rights reserved. © et édition (française): Ourania, 2018 Case postale 128 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. info@ourania.ch www.ourania.ch Traduction: Odile Favre Graphisme couverture: Gaëlle Jammes - Une souris dans la ville Photos couverture: © Freepik Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-88913-027-6 ISBN format epub 978-2-88913-609-4 ISBN format pdf 978-2-88913-877-7 Imprimé en France, sur les presses de Sepec Numérique
TABLE DES MATIÈRES Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 1. Une minute pour apporter un précieux secours . . . . 29 2. Une minute pour encourager une saine estime de soi 49 3. Une minute pour former le caractère . . . . . . . . . . . . 89 4. Une minute pour découvrir un talent . . . . . . . . . . . . 125 5. Une minute pour éveiller le cœur à la foi. . . . . . . . . 153 6. Une minute pour façonner l’intelligence . . . . . . . . . 189 7. Une minute pour susciter une vocation. . . . . . . . . . . 217 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 La minute qui va changer la vie d’un enfant. . . . . . . . . 287
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L’IMPACT D’UNE «SIMPLE PETITE MINUTE» Il y a toujours, dans notre enfance, un moment où la porte s’ouvre et laisse entrer l’avenir. Graham Greene1
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onnêtement, je n’avais pas prévu d’écrire cet ouvrage. Je ne l’ai pas cherché, il m’a trouvé. Je m’explique: mon premier livre, Trop petits pour être oubliés, faisait 280 pages. Mais seules trois de ces pages pourraient être considérées comme la genèse de celui-ci. Depuis la parution de Trop petits pour être oubliés en 2005, j’ai donné des conférences dans le monde entier sur la valeur de l’enfant, mon thème de prédilection. J’ai bien sûr été amené à raconter ma propre enfance, qui a été marquée par la joie et les souffrances en Afrique de l’Ouest. Quand je commence à parler du cœur sensible et influençable d’un enfant, mon auditoire devient étrangement silencieux.
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Ecrivain britannique (1904-1991). (N.d.E.)
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J’explique que l’esprit des enfants ressemble beaucoup à du ciment qui n’a pas encore pris ou à de l’argile bien malléable. Les enfants attendent simplement un petit geste de bonté, une étreinte ou un mot d’encouragement prononcé au bon moment. Cette image frappante semble souvent déclencher chez les gens qui m’écoutent un flot de souvenirs. Je me rends compte que j’ai momentanément perdu leur attention. Ils deviennent songeurs, laissent leur regard errer au loin. Perdus dans leurs pensées, ils se retrouvent dans la peau de l’enfant qu’ils étaient. Parfois, je leur pose directement la question: «Alors, qui c’était? Qu’est-ce qu’il vous a dit? Qu’est-ce qu’il a fait pour vous? Qui a ’cru’ en vous avant que vous ne ’croyiez’ en vous-même?» Les yeux se remplissent de larmes, et certains se mettent même à sangloter. Un jour, en Hollande, j’ai dû m’arrêter pour consoler mon traducteur qui avait fondu en pleurs au milieu de mon message. Après les conférences, je reste parfois des heures à écouter les histoires que mes auditeurs tiennent à me raconter. Nous rions et pleurons ensemble, nous nous serrons dans les bras, puis nous nous séparons comme des âmes sœurs. Ces moments privilégiés nous changent, nous rendent plus reconnaissants et plus déterminés. Les séances de dédicace de livres sont aussi souvent chargées d’émotions; ce sont des instants où les souvenirs reviennent et où la reconnaissance remplit le cœur. A côté de cela, je reçois des e-mails du monde entier, dans lesquels les lecteurs me font part de leurs réflexions, me parlent des personnes qui leur ont été en bénédiction et me disent ce qu’ils font maintenant pour transmettre à leur tour cette bénédiction dont ils ont été l’objet.
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DES RENDEZ-VOUS DIVINS Ce livre devait tout simplement être écrit. En écoutant les histoires des autres, j’ai eu la conviction que si Dieu place un enfant sur notre chemin, ne serait-ce que pour une «simple petite minute», il s’agit d’un rendez-vous divin. Si nous avons l’occasion de donner à un enfant l’impulsion dont il a besoin pour sa vie, saisissons-la. Peut-être serons-nous à l’origine d’un souvenir marquant.
J’AI EU LA CONVICTION QUE SI DIEU PLACE UN ENFANT SUR NOTRE CHEMIN, NE SERAIT-CE QUE POUR UNE «SIMPLE PETITE MINUTE», IL S’AGIT D’UN RENDEZ-VOUS DIVIN. A chaque fois qu’un enfant croise notre route, nous avons le pouvoir et l’occasion de l’encourager ou, au contraire, de le démolir… Une vie peut être littéralement mise sur les bons rails avec un simple petit mot, une remarque édifiante, une étreinte au bon moment, une prière remplie d’affection, un compliment, un geste pour rassurer ou consoler, tout cela le temps d’une «simple petite minute»! Et nous sommes tous aptes à le faire; nous n’avons pas besoin d’une formation spéciale. Personne ne peut dire: «Les enfants, ce n’est pas mon truc; je ne les ’comprends’ pas. Je ne sais ni communiquer avec eux, ni m’occuper d’eux, ni comment être avec eux.» Pourtant, vous auriez mérité un doctorat honoris causa en «enfance», car vous avez fait au moins dixhuit ans de «recherches sur le terrain» à propos de ce sujet complexe. Ayant vous-même été enfant, vous avez appris
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tout ce qu’il faut savoir: vous savez ce qu’un enfant ressent quand quelqu’un lui fait du bien et, malheureusement, vous savez aussi ce qu’il ressent quand on lui fait vraiment du mal. Vous êtes qui vous êtes et vous agissez comme vous agissez à cause de ce que vous avez vécu dans l’enfance. Les spécialistes du développement de l’enfant savent que des valeurs solides et sûres, une juste vision du monde et une saine estime de soi sont des choses qui s’ancrent profondément en nous durant nos premières années. Serait-ce la raison pour laquelle la Bible nous appelle si clairement à ouvrir la bouche «pour celui qui ne peut pas s’exprimer» (Proverbes 31.8)?
DES HISTOIRES, ENCORE DES HISTOIRES… Mais je n’ai pas l’intention de vous donner un cours. Je vais vous raconter des histoires, beaucoup d’histoires. D’ailleurs, je raffole des histoires. Dans le village africain où j’ai grandi, il n’y avait pas d’électricité, pas de télévision et pas de radio (à part la radio à ondes courtes). Alors, tous les soirs, nous nous rassemblions autour d’un grand feu et racontions des histoires. Je pense que le plus grand talent des habitants de ce village du nord de la Côte d’Ivoire n’était ni la chasse, ni la pêche, ni le travail aux champs, mais le don de conter de beaux récits. Je pense que Jésus aimait les histoires. Quelle qu’ait été l’importance de son message, il le transmettait presque toujours par l’intermédiaire d’une histoire. Parfois, au grand désarroi des disciples, l’histoire était tout ce qu’il leur disait. Les paraboles demandaient de la réflexion et du temps pour être comprises.
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Presque tout le monde aime les histoires: le bambin que les parents bordent le soir tout comme l’adulte titulaire de plusieurs doctorats. Et tous nous retenons plus facilement un enseignement à travers une histoire. Je peux écouter un message en trois points, excellent, profond, je peux même en avoir lu le résumé dans le bulletin de l’église, eh bien, trois jours après (suis-je le seul dans ce cas?), je ne me souviens que des blagues ou des histoires que le pasteur a racontées au passage avant d’arriver là où il voulait en venir. (Désolé pour les pasteurs.) Les histoires relatées dans ce livre sont réparties dans sept chapitres qui se complètent et forment un tout. Mais vous verrez que les beaux récits se mêlent aux histoires tristes, et ce sans qu’on s’y attende, comme c’est souvent le cas dans la vraie vie. Nous ne savons jamais quand nous sommes à l’origine d’un souvenir mémorable pour quelqu’un. C’est pourquoi nous devons toujours nous montrer doux et bons les uns envers les autres. Peut-être qu’un ami vous a dit un jour: «Dis donc, tu as une magnifique voix!» Cette remarque vous a touché(e) au point que le chant est devenu aujourd’hui votre profession ou, du moins, un art que vous aimez pratiquer pour les autres. Et tout a commencé par une «simple petite minute». Ou peut-être que la maîtresse vous a vu(e) faire un geste de bonté dans la cour de récréation et a pris le temps de vous féliciter pour votre bienveillance. Vous ne vous souvenez pas des mots exacts qu’elle vous a dits, mais vous êtes devenu(e) une personne attentionnée, généreuse et douce. Faire du bien aux autres vous apporte beaucoup de joie. Peut-être avez-vous même choisi votre métier dans cette optique.
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Il y a des moments qui comptent, dans la vie. Posez la question à un acteur. Il vous parlera probablement de la première fois qu’il est monté sur scène. Sa prestation a peut-être été catastrophique, mais le bruit des applaudissements a fait battre son cœur plus vite et il n’a jamais perdu le plaisir de faire rire les gens ou de les émouvoir. Il a suffi d’un instant pour qu’il «tombe amoureux» de ce métier, et maintenant, il ne rate jamais une occasion de jouer. A travers les pages qui suivent, nous ferons la connaissance de médecins, de missionnaires, de militaires, de chefs d’Etat, de grands sportifs, de politiciens et de bien d’autres personnes qui, toutes, ont une chose en commun: elles se souviennent de «la minute» qui a donné le coup d’envoi à leur vie extraordinaire. Mais nous parlerons aussi de la «minute» qui a poussé Adolf Hitler dans une spirale infernale et l’a finalement con duit à tuer des millions d’innocents. La violence et l’humiliation qu’il a subies à l’âge de 11 ans ont alimenté en lui un désir de dominer à tout prix; une réaction qu’on peut qualifier de compréhensible, et même de prévisible, avec le recul. L’impact durable qu’on peut avoir sur une vie en l’espace d’une «simple petite minute» peut être soit positif, soit négatif. Il peut conduire un enfant à devenir un adulte compatissant, bienveillant, performant et doté d’une saine estime de soi, tout comme il peut rapidement et facilement infliger une blessure qui s’infecte et détruit la personne. Et c’est tragique. Durant ces années où j’ai donné des conférences, cela m’a brisé le cœur lorsque j’ai insisté sur les expériences douloureuses et sombres qu’on peut faire durant l’enfance: si souvent, la réaction de mes auditeurs a été forte et très rapide. Je l’ai vu
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dans leurs yeux. Instantanément, ils étaient ramenés en arrière dans le temps et redevenaient des petits enfants, blessés, abusés et lésés. Ils baissaient la tête, avaient les larmes aux yeux, fuyaient mon regard et fixaient un point au loin en se remémorant ce qui leur était arrivé. Ils pouvaient encore entendre les paroles blessantes résonner dans leur esprit. Ils se souvenaient de l’endroit précis où ils se trouvaient quand on les leur avait adressées, se rappelaient comment était la chambre et, même, n’avaient pas oublié les odeurs. Le souvenir clair et précis d’une blessure et d’une souffrance hantait encore leur vie. Et de l’autre côté, le souvenir des moments positifs qui ont eu un impact durable dans une vie est un pur bonheur. Un jour, je me suis adressé à des enseignants à Nairobi, au Kenya. Ils m’avaient accordé une heure, mais comme d’habitude, j’ai terminé en 45 minutes. Les professeurs sont très particuliers, et j’ai vu que plusieurs parmi eux remontaient le temps et se remémoraient distinctement des instants précieux ou douloureux de leur vie. Alors, je me suis interrompu pour demander: – Cela vous rappelle-t-il quelqu’un? Ou peut-être une histoire que vous aimeriez partager avec tous? Un jeune homme du troisième rang s’est levé et a expliqué qu’il était dans sa première année d’enseignement et qu’il aimait beaucoup son travail. Il a ensuite parlé de ses débuts à l’école primaire. Il bégayait alors fortement, était timide et se sentait seul, même au milieu d’une classe remplie d’élèves. Il n’attendait que la récréation et la fin de la journée, du moins jusqu’à ce que sa maîtresse prenne conscience de ses difficultés et entre courageusement dans son univers. Elle a
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commencé à le féliciter pour son travail, à noter des appréciations encourageantes dans ses cahiers et l’a parfois aussi serré dans ses bras, chose que personne n’avait jamais faite pour lui. Rempli d’affection pour elle, il a pris la décision de devenir professeur à son tour. – Et voilà, j’y suis arrivé! Je suis un enseignant reconnaissant et enthousiaste, et tout cela grâce à elle. L’assistance a applaudi, pensant que son histoire s’arrêtait là. – Lui avez-vous parlé de l’impact qu’elle a eu sur votre vie? ai-je demandé. – Non, pas vraiment. – Pensez-vous qu’elle est au courant? ai-je insisté. – Eh bien, Monsieur, oui, elle le sait maintenant… a-t-il répondu les larmes aux yeux. Un grand silence a envahi la salle où étaient rassemblés près de 400 professeurs. Nous pensions tous que cette femme formidable était décédée et qu’elle avait entendu ses paroles depuis le «balcon du ciel». Mais après s’être remis de ses émotions, le jeune enseignant s’est retourné et a montré du doigt une femme assise de l’autre côté de la salle: – …parce qu’elle est assise juste là-bas. Toutes les têtes se sont tournées en même temps. C’était une femme âgée, aux cheveux gris et aux yeux brillants. Au milieu d’un tonnerre d’applaudissements, elle s’est levée, digne, adoptant la position de la maîtresse qu’elle avait toujours été. Je ne peux pas le prouver, mais je crois bien avoir «entendu des violons» lorsqu’ils se sont rejoints dans l’allée principale pour se serrer chaleureusement dans les bras l’un de l’autre.
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J’ai conclu mon message là-dessus: – J’en ai terminé. Je crois que vous avez compris. Ce que nous venons de voir résume tout! Au cours de votre lecture, j’espère que vous prendrez le temps de réfléchir aux personnes qui ont eu un impact sur votre vie durant l’enfance. Etait-ce votre mère? Votre père? Un professeur? Un entraîneur? Etaient-ce peut-être vos grands-parents? Etait-ce un pasteur? Un moniteur ou une monitrice dans un camp? Un autre enfant? Un parfait inconnu? Je crois que, quand vous serez arrivé(e) à la fin du dernier chapitre, vous aurez compris que nous pouvons tous avoir un puissant impact sur la vie des enfants que nous croisons, pour autant que nous soyons prêts à saisir les occasions lorsqu’elles se présentent.
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1. UNE MINUTE POUR APPORTER UN PRÉCIEUX SECOURS M
on ami Jerry Schemmel, qui est reporter sportif, a survécu au crash du Vol 232 qui a eu lieu à Sioux City (Iowa) en
1989. Ayant été éjecté hors de l’appareil en feu dans un champ de maïs, il s’en est sorti miraculeusement. Mais, suivant les cris qui lui parvenaient depuis l’épaisse fumée, il est retourné en courant sur les lieux du crash et a délivré des flammes une petite fille de 11 mois, Sabrina Michaelson, dont l’histoire est relatée dans un livre.1 Alors que Jerry était assis dans mon bureau et partageait avec moi son histoire, j’avais envie de bondir de mon fauteuil et de crier: «Moi aussi! C’est exactement ce que j’aurais fait!» Mais l’aurais-je vraiment fait? Rien n’est moins sûr! Rien ne nous touche plus, aux informations, que de voir un pompier sortir un enfant frissonnant d’un lac glacé ou un soldat en sang hisser un camarade blessé sur ses épaules pour le mettre à l’abri hors de la zone de combat. On ne peut copier des actes aussi héroïques et altruistes, et on ne s’y attend pas non
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Jerry Schemmel, Chosen to Live, Victory Publishing Company, 1996.
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plus. Tous ne possèdent pas ce formidable esprit de sacrifice. Le drame survient brusquement dans la vie, il nous surprend. Et nous décidons d’agir – ou non – en l’espace d’une minute. Il n’y a pas de seconde chance, pas de: «J’aurais dû, j’aurais pu, ah, si seulement j’avais…» Sur le moment, les héros sont rarement conscients de la véritable portée de leur geste. En fait, ils ne le seront peut-être jamais. La vie de cet enfant «vaut-elle» la mienne? Si je meurs en le secourant, réussira-t-il mieux que moi? Dans ce genre de situations, on n’a pas le temps de se poser de telles questions! Si, des années plus tard, nous apprenons ce qu’un enfant sauvé est devenu, nous disons: «Oh, Dieu merci!» Mais si nous n’en savons rien, nous devrions aussi dire: «Oh, Dieu merci!» Une vie est précieuse pour ce qu’elle est, pas seulement pour ce qu’elle fait. En réalité, tous les enfants sont précieux. Chacun d’eux a été tissé par le Créateur dans le ventre de sa mère, un à la fois. Ils naissent un par un. Ils vivent et ils meurent un par un. Et ils peuvent être secourus un par un… rarement par des politiciens, des millionnaires ou des célébrités, mais généralement par des héros désintéressés… par des gens ordinaires au cœur extraordinaire.
LES PLUS VULNÉRABLES Lorsque les caméras de télévision, après s’être attardées un instant sur le visage d’un garçon ou d’une fillette en détresse, se tournent vers les foules, il est facile de passer de l’empathie à l’apathie (et c’est compréhensible). Le nombre d’enfants qui vivent dans la pauvreté est écrasant. Et la plupart des gens,
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même ceux qui se soucient des autres, ont l’impression qu’il est impossible de répondre à tous les besoins. Cela les paralyse. Ils finissent donc par ne rien faire. Une réalité qui me rappelle la célèbre phrase d’Edmund Burke, homme d’Etat britannique: «Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien.»
DANS CE MONDE FOU, QUI AVANCE À UN RYTHME EFFRÉNÉ, LES PLUS FAIBLES, LES PLUS VULNÉRABLES, LES PLUS PETITS D’ENTRE NOUS RISQUENT FACILEMENT D’ÊTRE BLESSÉS. Dans ce monde fou, qui avance à un rythme effréné, les plus faibles, les plus vulnérables, les plus petits d’entre nous risquent facilement d’être blessés. Prenons ne serait-ce qu’une minute pour nous arrêter et leur apporter le secours et la sécurité dont ils ont besoin, et dont ils sont dignes. Une pensée m’est venue à l’esprit alors que je roulais sur une autoroute dans l’Oregon. A un moment, je suis arrivé près d’une rangée de cônes de signalisation orange et de signaux lumineux qui disaient: «Zone de travaux. Le montant de toute amende sera doublé. Quiconque blessera un ouvrier sera puni d’une amende de 15’000 $ et purgera une peine de prison obligatoire.» Nul besoin de dire que j’ai tenu compte de ces avertissements. J’ai ralenti et gardé un œil sur les ouvriers. Je ne voulais en aucun cas recevoir ce genre d’amende… et, euh oui, je ne voulais pas non plus heurter un ouvrier. Malheureusement, je crois que, dans ma tête, les choses étaient bien dans cet ordre. L’avertissement s’imposait, parce que, lorsqu’on fait chaque jour le même trajet, il est facile de passer à côté des personnes
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et des choses sans les voir. Mais ces hommes qui travaillaient dans une zone dangereuse étaient concentrés sur leur tâche, et nous devions être vigilants pour eux. Dans ce contexte, ils étaient vulnérables. Une fois que j’ai dépassé cette portion d’autoroute et pu appuyer à nouveau sur l’accélérateur, je me suis mis à réfléchir. N’est-ce pas justement de cet état d’esprit dont nous avons besoin pour défendre le bien-être des enfants dans notre société? me suis-je dit. Ils sont vulnérables, exposés à tous les dangers. Concentrés sur leur tâche – grandir –, qui leur prend toute leur énergie, ils ne sont pas encore conscients des risques qu’ils courent de tous côtés. Etre vigilants pour eux, tel devrait être notre travail. Si un enfant se trouve à proximité, nous devrions être en état d’alerte, non seulement pour veiller à ne pas lui faire du mal, mais aussi pour le secourir en cas de besoin et pour, avec amour et du mieux que nous pouvons, l’aider à avancer, à grandir. Tout tort causé à un enfant par notre société folle et trépidante devrait être puni d’une amende deux fois plus élevée que les torts causés aux adultes! Cela pourrait obliger les criminels à réfléchir avant de cambrioler un magasin dans lequel se trouvent des enfants ou une maison dans laquelle ils aperçoivent des jouets. Ils pourraient alors se dire: Oups, faisons demi-tour, il y a des enfants dans le coin! Cela pourrait aussi freiner les pervers sexuels. Il est de notre devoir, à nous qui faisons partie de cette société, de protéger, d’éduquer et de bénir les enfants qui nous sont confiés. Chaque vie, comme nous l’avons dit, a de la valeur pour ce qu’elle est, et pas nécessairement pour ce qu’elle fait. Mais comme l’a appris un homme du nom d’Herb Gilbey,
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parfois, une vie est précieuse à cause de ce qu’elle est et à cause de ce qu’elle va accomplir.
MISSION DE SAUVETAGE Lorsque la neige virevolte et que le vent hurle, il est évi dent que vous préférez rester à l’intérieur d’une maison bien chauffée. C’est en tout cas ce qu’Herb Gilbey a fait un soir de 1918 quand le blizzard a balayé le sud du Dakota. Il s’est installé bien confortablement devant sa fenêtre avec une bonne tasse de chocolat chaud. Soudain, on a frappé à la porte. Son voisin, le pharmacien, se trouvait sur le seuil. – Entre, entre, ne reste pas dehors par ce temps! lui a crié Herb en le conduisant jusqu’au salon. Dès que l’homme a enlevé l’écharpe qui recouvrait son visage, Herb a compris qu’il n’allait pas bien. Il savait qu’il travaillait énormément pour venir en aide aux malades. Car toute la ville luttait contre une épidémie de grippe qui avait alors atteint son pic le plus élevé. L’un et l’autre avaient lu dans les journaux que 20 millions de personnes avaient attrapé le virus et que des milliers en étaient mortes. – Ça va? lui a demandé Herb. – Oui, ça va, a-t-il répondu d’une voix rauque, mais Pinky (le surnom de son fils de 7 ans) ne va pas bien du tout. Sa grippe s’est transformée en pneumonie. J’ignore s’il va s’en sortir…. – Oh non! Comment est-ce qu’on peut vous aider?
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– Eh bien… c’est la raison de ma présence chez toi. Il y a un nouveau médicament, encore expérimental, qui semble fonctionner assez bien contre la pneumonie. Mais je n’en ai pas en stock. L’endroit le plus proche qui en fournit est à Minneapolis. Je me demandais juste si… Il n’a pas terminé sa phrase. Herb a regardé encore une fois le visage tout rouge de son voisin. Il était évident qu’il n’était pas en mesure de faire un aller-retour de 500 km. D’ailleurs, quelle épreuve ce serait par un tel temps, même pour une personne en bonne santé! Mais… Herb ne pouvait laisser Pinky mourir. Après avoir réfléchi un instant, il a répondu: – D’accord, je vais tenter le coup. Donne-moi l’adresse. Herb Gilbey est monté dans sa Ford T qui n’avait pas de chauffage et s’est mis en route dans le froid. Il s’est rapidement retrouvé sur une route partiellement goudronnée et cahoteuse, en direction de la frontière du Minnesota. Il a roulé toute la nuit dans la tempête, dépassant rarement les 55 km à l’heure. Arrivé en ville le matin, il a trouvé le fournisseur et le médicament, puis il est reparti en sens inverse. Et Pinky s’en est sorti. Bien des années plus tard, Herb Gilbey est décédé, heureux d’avoir pu sauver la vie de son jeune voisin. Il n’a pas vécu suffisamment longtemps pour voir Pinky, Hubert H. Humphrey de son vrai nom, devenu adulte, occuper le devant de la scène dans l’administration américaine… Le jeune garçon est en effet devenu sénateur et vice-président des Etats-Unis!
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L’enfant que nous secourons peut avoir énormément de potentiel. Un petit geste au moment où il est en danger peut modifier le cours de l’Histoire. On ne sait jamais. Et compte tenu de cette incertitude, penchons toujours du côté de la protection et du sauvetage. L’histoire de Humphrey m’en rappelle une autre: au début du 18e siècle, une petite maison a pris feu à Epworth, en Angleterre. Le grand biographe de John Wesley (surnommé «Jacky» quand il était petit) commence son livre en rappelant l’événement suivant:
ARRACHÉ AUX FLAMMES La gouvernante, éveillée par l’alerte, a sorti rapidement de son berceau le plus jeune des enfants, Charles. Elle a appelé les autres, insistant pour qu’ils la suivent, et a descendu les escaliers. Mais John, qui n’avait que 5 ans et demi, continuait à dormir. A trois reprises, sa mère, Susan Wesley, qui était malade, a tenté en vain de se rendre à l’étage. Son père a essayé lui aussi, par deux fois, de traverser les flammes en courant, mais n’y est pas parvenu. Conscient du danger imminent, il a rassemblé sa famille dans le jardin et tous se sont agenouillés pour supplier Dieu de sauver John resté prisonnier de l’incendie. Tandis que la famille priait dans le jardin, le petit «Jacky» s’est réveillé et, après avoir essayé en vain de descendre par les escaliers, il a grimpé sur une malle qui se trouvait devant une fenêtre, et l’un des voisins l’a aperçu. L’homme
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a appelé d’autres personnes, et ils ont décidé de faire la courte échelle pour arriver à hauteur de l’enfant. C’est ainsi que John a échappé à la mort dans sa maison en flammes et a été sauvé quelques instants à peine avant que le toit ne s’effondre avec fracas. Il s’en est sorti sain et sauf, tel «un tison arraché au feu.»2 Les courageux voisins qui l’ont sauvé ont apporté le petit garçon à son père. «Venez, mes amis, s’est écrié Samuel Wesley en prenant son fils dans ses bras, mettons-nous à genoux et rendons grâce à Dieu! Il m’a redonné mes huit enfants; laissez la maison brûler; j’ai assez de richesses.» Un quart d’heure plus tard, la maison, les livres, les documents et les meubles avaient disparu.3
Si ce paysan n’avait pas trouvé le courage et la force de s’approcher des flammes et d’aller chercher du renfort pour former une échelle humaine et attraper l’enfant qui sortait sa tête par la fenêtre en feu… eh bien, le monde n’aurait peut-être jamais connu le grand réveil méthodiste dont John Wesley a été à l’origine. Ce récit, qu’il ne manquait pas de raconter lui-même à ses auditeurs, en a certainement conduit plus d’un à la conversion. Il rappelait de manière forte aux gens qu’eux aussi, comme le petit «Jacky» à l’époque, étaient menacés par les flammes: les flammes de l’enfer. Et je suppose qu’en arrivant au ciel, cet homme qui a aperçu le petit garçon à la fenêtre et s’est empressé de lui porter secours a dû Cf. Zacharie 3.2. John Pollock, Wesley the Preacher, Kingsway Publications, 2000; cf.: http:// sentinellenehemie.free.fr/bio_johnwesley1.html.
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être émerveillé de découvrir le nombre d’âmes sauvées grâce à cette décision prise en une «simple petite minute». Parfois, le sauvetage a lieu avant même la naissance. Je suis d’ailleurs convaincu que le ventre de la mère est en réalité l’endroit le plus dangereux sur terre pour un enfant. Parfois, c’est la pauvreté qui le met ainsi en danger. D’autres fois, malheureusement, c’est tout simplement parce que l’enfant «dérange» qu’une grossesse est interrompue. A ce propos, l’enfant de l’histoire suivante est devenu pour moi un grand héros.
PAS DANS NOS PLANS? Ses parents se sont mariés à l’époque de la grande crise économique de 1929. Deux enfants sont rapidement venus agrandir la famille, puis, à leur grand désarroi, les jeunes époux ont découvert qu’ils en attendaient un troisième avant même d’avoir fêté leur quatrième anniversaire de mariage. C’était une époque difficile sur le plan financier, et cette grossesse ne faisait pas partie de leurs plans. Mais… contre toute logique, ils ont reçu de Dieu la con viction que cette naissance était voulue par lui. Ils ont donc décidé de garder le bébé, un garçon cette fois. Bien plus tard, ce fils a écrit: «Je suis tellement reconnaissant pour la décision qu’ils ont prise alors… Notre famille a découvert une joie dans la vie que nous n’aurions jamais connue autrement.» Aujourd’hui, leurs trois enfants sont engagés dans un ministère chrétien. Laissons Charles
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UNE
minute WESS STAFFORD AVEC DEAN MERRILL
Nous ne mesurons souvent pas l’influence que nous pouvons avoir sur la vie des enfants qui nous entourent ou dont nous croisons la route. Pourtant, il suffit parfois d’une minute, d’une «simple petite minute», pour changer le cours d’une existence tout entière. Paul, Michelle, Joshua, Sandra, Lily, Robert et tous les autres, dont l’histoire nous est contée dans ce livre, en ont fait l’expérience. Leur parcours, profondément touchant, souvent bouleversant, nous appelle à devenir à notre tour les artisans de moments inoubliables dans la vie des enfants que nous rencontrons. De simples dons ne sont pas juste des dons. De simples lettres ne sont pas juste des lettres. Il y a une grande reconnaissance lorsque l’on encourage ces enfants. Nick Vujicic, qui parraine un jeune Colombien Wess Stafford a œuvré en faveur des enfants durant une quarantaine d’années avec Compassion International, dont une vingtaine comme président de l’organisation. Aujourd’hui à la retraite, il habite près de Colorado Springs, aux Etats-Unis, et continue à défendre la cause des enfants à travers le monde.
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CHF 21.90 / 16.90 € ISBN 978-2-88913-027-6
IL SUFFIT D’UNE minute
IL SUFFIT
UNE
D’
IL SUFFIT
e t u n i m
DE SIMPLES RENCONTRES ONT TRANSFORMÉ LEUR VIE
WESS STAFFORD AVEC DEAN MERRILL