«Il y a longtemps, les Ecritures juives ont annoncé la venue de celui qui sauverait le monde du mal et inaugurerait une nouvelle façon de vivre. Le but de ce livre est d’examiner les prophéties pour voir si Jésus les a vraiment accomplies. S’il n’en est rien, alors nous autres Juifs, nous devons le rejeter. Mais, a contrario, si Jésus est vraiment le Messie, nous nous devons à nous-mêmes, au monde entier et surtout au Dieu d’Israël, de croire au Messie qu’il a envoyé. Tout au moins, nous devrions accepter d’examiner les faits pour voir si cela est vrai.» Fondateur de l’organisation «Juifs pour Jésus», Moishe Rosen fait partie de ceux qui ont examiné les faits. Il en a tiré ses conclusions. A vous de les découvrir et de tirer les vôtres!
CHF 9.90 / 8.50 € ISBN 978-2-88913-043-6
Moishe Rosen
Ce Juif que l’on appelle Jésus
Ce Juif que l’on appelle Jésus
Yechoua
Yechoua
Moishe Rosen
Yechoua
Ce Juif que l’on appelle Jésus
Moishe Rosen
Yechoua
Ce Juif que l’on appelle Jésus
Titre original en anglais: Y’shua, The Jewish Way To Say Jesus © 1982 The Moody Bible Institute of Chicago Traduction: Catherine Josse et Juifs pour Jésus Maquette couverture: Céline Maarek Copyright © et édition française: Ourania, 2007, 2018 3e édition du texte, nouvelle mise en pages 2018 CP128, CH-1032 Romanel-sur-Lausanne Tous droits réservés. www.ourania.ch Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève http://www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-88913-043-6 ISBN format epub 978-2-88913-538-7 ISBN format pdf 978-2-88913-931-6 Imprimé en France par Sepec numérique
Sommaire
Préface...................................................... 11 Introduction................................................. 17 1. «O petite ville de Bethléem»...................... 29 2. Là où il est question de serpents et de semence ...................................... 35 3. Pères et fils........................................... 41 4. Un prophète comme Moïse......................... 47 5. Le précurseur........................................ 51 6. Le roi monté sur un âne............................ 57 7. Une prophétie très précise......................... 63 8. Un traître se rend à un sédère.................... 69 9. Le psaume de la crucifixion........................ 73 10. Une boisson qui ne rafraîchit pas................. 77 11. Des os, des os, des os............................... 79 12. La résurrection...................................... 83 13. Le serviteur souffrant............................... 89 Post-scriptum..............................................101 Appendice 1. Les passages bibliques appliqués au Messie dans les écrits rabbiniques anciens.....................105 Appendice 2. Le miqveh et le baptême................................ 117
Appendice 3. La conversion dans le Tanah et dans le Nouveau Testament..................................................123 Appendice 4. Israël et les non-Juifs.....................................127 Appendice 5. Les passages du Tanah cités dans le Nouveau Testament..................................................139 Appendice 6. Les Juifs et les chrétiens en dehors du Nouveau Testament..................................................151 Appendice 7. Les premiers Juifs croyant en Jésus et la communauté juive.....................................155 Appendice 8. L’ordre des livres dans les différentes versions de la Bible..................................................167 Appendice 9. Glossaire...................................171 Bibliographie...............................................183 Index général..............................................187 Index des références bibliques..........................193 Index des références rabbiniques.......................197 A découvrir aussi..........................................199 Contacts possibles........................................203
Préface
Les traditions! La vie en est remplie: les recettes familiales, les fêtes traditionnelles de tous les peuples… Jusque dans les plus petits détails de notre vie, la majorité d’entre nous restons fidèles à nos habitudes vestimentaires, prenons toujours le même chemin pour nous rendre au travail et — c’est peut-être le plus important — raisonnons selon nos traditions. Lorsqu’il s’agit de religion, la plupart des gens soit évitent le sujet, soit expriment un point de vue traditionnel auquel ils n’ont pas forcément réfléchi. Beaucoup d’Américains, par exemple, ont une croyance traditionnelle plutôt floue en Dieu. Ils pensent vaguement que tout ce que Dieu attend de nous, c’est que nous ayons un bon comportement et que nous soyons heureux. Le peuple juif est certainement le groupe qui a été le plus immergé dans la tradition. Au cours de nombreux siècles de persécution, au cours de nombreux exils d’un pays à un autre, c’est la tradition qui nous a soudés, nous les Juifs. Parmi les traditions juives figure une notion peut-être plus fermement enracinée qu’aucune autre, une notion à laquelle nous avons pourtant très peu réfléchi: le fait que les Juifs ne doivent pas croire en Jésus. Préface
11
Vous pouvez demander, comme Tevye dans le film Un violon sur le toit1: «D’où vient cette tradition?» Et typiquement, on vous répondra que les chrétiens ont persécuté les Juifs. En effet, les souvenirs des croisades, de l’Inquisition, des pogroms et de la Shoah sont profondément enfouis dans le psychisme des Juifs. Pourtant, chaque Pâque juive nous rappelle que l’antisémitisme n’est pas né avec Hitler, le tsar ni même les papes. L’antisémitisme remonte bien avant l’époque de Pharaon et on le trouve dès l’origine du peuple juif lui-même. Non, ce n’est pas de persécution qu’il s’agit, mais tout simplement de savoir si Jésus est le Messie d’Israël. Si c’est le cas, tous les Juifs devraient croire en lui, ainsi que tous ceux qui veulent servir Dieu. Mais les croyances traditionnelles et les préjugés ne disparaissent pas facilement. Il y a quelques années, alors que je visitais Londres, je suis allé me promener à Hyde Park Corner, un sanctuaire pour n’importe quel orateur. Tout le monde, ici, peut annoncer et proclamer ce qu’il veut dans une relative sécurité. Mon attention a été attirée par un homme perché sur une échelle, en train de parler du christianisme. C’était un athée qui affirmait qu’il n’y avait pas la moindre preuve de l’existence de Jésus. «Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir au fait que les Juifs qui, pourtant, 1 En anglais Fiddler on the Roof, show musical basé sur des histoires de Sholom Aleichem, adapté par Norman Jewison au cinéma en 1971. C’est l’histoire d’un paysan russe juif, Tevye, au début du XXe siècle, face à la remise en cause de ses traditions séculaires par ses filles.
12
Yechoua
attendaient avec impatience leur Messie, n’ont jamais pris Jésus au sérieux? a-t‑il demandé. Pourquoi? Je vous le demande. Ils n’ont pas cru alors et ne croient toujours pas en lui aujourd’hui. Je ne connais pas un seul Juif qui ait cru que Jésus ait vécu, soit mort et soit ressuscité!» Je n’aime pas contredire ceux qui prennent la parole en public; cela m’arrive trop souvent à moi-même. Pourtant, je ne pouvais pas laisser passer cette affirmation sans réagir. Alors, du beau milieu de la foule, je lui ai crié: «Hé, Monsieur, puis-je monter sur votre échelle?» «Qu’y a-t‑il?» a-t‑il demandé. «Je veux monter sur votre échelle.» «Mais pourquoi donc?» Il avait l’air vraiment stupéfait. J’ai pris une profonde inspiration. Je voulais être certain que tout le monde puisse m’entendre: «Je veux que toutes ces personnes voient ce que vous proclamez ne jamais avoir vu vous-même. Je suis un Juif qui crois que Jésus a vécu, est mort pour mes péchés, est ressuscité et est maintenant assis à la droite de Dieu dans la gloire!» Tout d’abord, son visage s’est empourpré. Puis, dès qu’il a réussi à se contrôler, il a déclaré: «Mais, mon cher monsieur, cela ne m’ennuie pas du tout. Je remarque à votre accent que vous êtes américain. Je suis sûr que toutes les personnes ici présentes seront ravies de vous contempler.» Préface
13
Il est descendu de son échelle, un sourire narquois aux lèvres. Pendant ce temps, je traversais la foule pour hisser mon imposante carrure — je mesure 1,88 mètre et pèse à peu près 112 kilos — tout en haut de l’échelle où j’essayais de me tenir en équilibre. Mon hôte a cru bon de me présenter à la foule, comme on le ferait dans un numéro de cirque. Il s’est incliné majestueusement devant l’assistance et m’a présenté comme monsieur Moishe Rosen, un étrange énergumène arrivé d’Amérique. Mais je n’ai pas eu à supporter longtemps ses commentaires acides car, à ce moment-là, une voix s’est élevée: «Hé, vous, là-bas, vous avez une autre échelle?» «Mon cher ami, a répondu l’athée, pourquoi voulez-vous une autre échelle?» La voix a répondu avec un fort accent anglais: «J’en veux une autre parce que ma femme et moi, nous sommes juifs et nous croyons aussi que Jésus est le Messie, qu’il a vécu, qu’il est mort et qu’il est ressuscité, et il est notre Seigneur. Nous pensons que tous ces gens devraient pouvoir nous contempler, nous aussi, mais il n’y a vraiment pas assez de place sur cette petite échelle pour que ma femme et moi, nous nous joignions à ce grand costaud!» Les gens ont éclaté de rire et l’athée s’est dégonflé, car il était clair que ses préjugés ne correspondaient en rien à la réalité. Il y a longtemps, les Ecritures juives ont annoncé la venue de celui qui sauverait le monde du mal et
14
Yechoua
inaugurerait une nouvelle façon de vivre. Le but de ce livre est d’examiner les prophéties pour déterminer si Jésus les a vraiment accomplies. S’il n’en est rien, alors, nous autres Juifs, nous devons le rejeter. Et puisque ces mêmes Ecritures disent aussi que c’est le devoir de tout Juif de faire connaître le vrai Dieu, si Jésus se trouve être un imposteur, nous devons — par égard pour nos amis chrétiens — le dénoncer et tenter de les aider à se libérer de leur aveuglement, tout comme l’athée de Londres essayait de le faire. Si Jésus n’est pas le Messie, le christianisme n’est qu’une invention de menteurs ou d’idiots, une des nombreuses religions de notre monde qu’il faut rejeter tout de suite parce qu’il est bien trop axé sur le ciel, parce qu’il nous affaiblit face à nos ennemis et parce qu’il nous empêche de jouir librement et sans aucune inhibition des plaisirs que la vie nous offre. Si tout cela n’est que shtouyot (hébreu: «sottises»), les chrétiens suivent un chemin qui ne mène nulle part. Ils ont déposé les trésors de leur vie dans un sac plein de trous. Mais, comme Tevye le disait aussi: «D’un autre côté…» Imaginez: et si c’était vrai? Et si Jésus était vraiment le Messie? Une discussion pour savoir si la tomate est un fruit ou un légume peut ne pas avoir beaucoup d’importance, mais le fait de savoir si Jésus est le Messie ou un escroc, ou bien un fou ou encore le fruit de l’imagination de quelqu’un, ça, c’est une question qui aura un impact sur nous maintenant, mais aussi pour l’éternité. En effet, si ce que les chrétiens disent depuis deux mille Préface
15
ans est vrai, nous nous devons à nous-mêmes, au monde entier, et surtout au Dieu d’Israël, de croire au Messie qu’il a envoyé. Tout au moins, nous devrions accepter d’examiner les faits pour voir si cela est vrai. Si vous acceptez de faire cela, poursuivez la lecture.
16
Yechoua
Introduction Tout ce qu’il faut savoir sur le Messie (et plus encore)
Le terme Avant de parler de l’identité du Messie, il faut comprendre ce que ce terme a signifié pour les Juifs depuis le début de leur histoire jusqu’à l’époque de Jésus. Commençons par regarder ce kaléidoscope: l’histoire des Juifs avant l’année 70 de notre ère. Le mot Messie est la transcription du terme hébreu machiah qui signifie «oint». A l’origine, ce mot évoquait le rituel selon lequel une personne (habituellement un prophète, un roi ou un prêtre) était désignée pour occuper une position importante. On lui versait de l’huile sur la tête, ce qui était l’équivalent, dans l’Antiquité, de l’acte de prêter serment. Plus tard, le terme «oint» a été utilisé comme synonyme pour les prophètes, les rois et les grands-prêtres eux-mêmes. Il soulignait le fait que Dieu les avait désignés pour leur fonction. C’est pourquoi David, par exemple, avant de devenir roi lui-même et malgré son conflit avec le roi Saül, a fait Introduction
17
tout ce qu’il pouvait pour que ni lui ni ses compagnons ne s’attaquent au roi physiquement, et ce parce qu’il était le «messie», c’est-à‑dire «l’oint» du Seigneur (voir 1 Samuel 24.7).
L’Histoire D’abord les Babyloniens et les Perses Quand Nebucadnetsar* et ses armées babyloniennes ont envahi Jérusalem en l’an 586 av. J.-C., le temple a été détruit et la monarchie supprimée. Quand les déportés ont pu retourner au pays quelque 70 ans plus tard, ils étaient devenus les sujets d’un nouvel Empire, celui des Perses. Même s’ils ont pu reconstruire leur temple et désigner un nouveau grand-prêtre, il était impensable de mettre un des descendants de David sur le trône. Que le messie de Dieu puisse venir rendre à Israël la place d’honneur et de gloire qu’il méritait est simplement devenu un rêve dans le cœur du peuple juif.
Trois, c’est trop Près de 170 ans plus tard, Alexandre le Grand* a conquis l’Empire perse (comme vous pouvez le constater, c’était une époque assez mouvementée) et Israël a eu encore un nouveau souverain. A la mort d’Alexandre, en l’an 323 av. J.-C., son immense Empire a été divisé entre ses trois généraux.
18
Yechoua
La Macédoine, aujourd’hui pays indépendant (depuis 1991), a été donnée à Antigone. Le deuxième territoire a été le royaume séleucide, le plus important puisqu’il s’étendait sur la majorité de la Turquie actuelle, de la Syrie, de l’Irak, du Pakistan et de l’Afghanistan. Sa capitale était Antioche, en Syrie, près de la côte orientale de la Méditerranée. Le troisième royaume, le royaume des Ptolémées, était fermement établi à Alexandrie, en Egypte, et de là gouvernait la Libye, les îles méridionales de la mer Egée, la Lycie au sud-ouest de la Turquie, Chypre et la région d’Israël. Environ un siècle plus tard, le roi séleucide Antiochus III* a conquis la région d’Israël, d’où un changement de décor pour la suite de l’Histoire.
Les célébrités du temple Pendant trois siècles, entre le retour des déportés de Babylone (en 538 av. J.-C.) et la conquête d’Antiochus III* (-201 à -198), les grands-prêtres de Jérusalem étaient les membres les plus importants et les plus influents de la société juive. A cette époque, les Juifs étaient disséminés dans le monde entier, mais presque tous rendaient un hommage profond au temple de Jérusalem. Ils lui consacraient de nombreuses offrandes, et même les dirigeants non juifs faisaient des dons précieux à ce sanctuaire prestigieux et accordaient des exonérations d’impôts à ses prêtres. Par conséquent, le grandprêtre jouissait d’une richesse et d’un prestige tels que beaucoup désiraient ardemment accéder à ce poste. Introduction
19
Cependant, jusqu’à la conquête d’Antiochus III* qui a mis fin à cette pratique, la fonction était héréditaire et passait de père en fils. Par la suite, la position de grandprêtre est devenue une proie à saisir par l’intrigue et par la violence, ou encore à vendre au plus offrant. Sous la domination d’Antiochus IV* (Epiphane), le gouvernement séleucide a pris une part active et profitable à ces manœuvres. Le grand-prêtre légitime a dû se réfugier en Egypte; ensuite, la fonction de grand-prêtre à Jérusalem a été assumée par une succession d’hommes qui semblent avoir été plus préoccupés de gagner et conserver les faveurs du roi séleucide que d’œuvrer pour les intérêts de leur propre peuple.
C’est du grec pour moi Un sérieux conflit entre la religion juive et les idéaux grecs a surgi en raison de l’influence hellénisante du grand-prêtre. Promouvoir la culture et la civilisation grecques était une des meilleures façons de gagner la faveur royale, tant recherchée, d’Antiochus IV*. L’idée était de faire de Jérusalem une ville calquée sur le modèle d’Athènes et de Sparte. L’hellénisation du Proche-Orient progressait partout depuis les conquêtes d’Alexandre, mais il n’en était pas de même chez les Juifs. Et c’était compréhensible: depuis le tout début de leur histoire, les Juifs s’étaient beaucoup déplacés. Après le renforcement de leur droit de propriété sur Canaan, où ils avaient séjourné pendant environ 700 ans, ils avaient
20
Yechoua
à nouveau été déportés, puis réinstallés et quasiment continuellement harcelés par des Empires lointains et par leurs voisins. Le seul fil continu qui traversait leur histoire tout entière, c’était leur religion. Ils adoraient un Dieu qui disait être l’unique créateur et Seigneur de l’univers entier. Il ne s’agissait pas d’une divinité locale. Même s’il était particulièrement associé à Jérusalem, c’était avant tout une question de convenance pour son peuple: où que l’on aille, on ne pouvait pas lui échapper. Et par-dessus tout, c’étaient sa grâce et sa puissance qui avaient gardé les Juifs ensemble contre toute probabilité. Par conséquent, les agissements de Dieu envers Israël suscitaient un vif intérêt. Le canon* des Ecritures juives avait été graduellement défini depuis l’époque d’Esdras et Néhémie (aux alentours de 450 av. J.-C.) et les lois, les histoires, les oracles prophétiques et d’autres écrits sacrés ont été rassemblés en une seule collection. Le judaïsme prenait également forme avec l’émergence des synagogues comme lieux de culte en plus du temple et de ses rites. Les synagogues ont commencé à se répandre partout sur le pourtour de la Méditerranée. C’étaient des endroits où des Juifs pieux pouvaient se réunir entre eux pour offrir des louanges et des prières et écouter la lecture et l’explication des Ecritures. Il existait entre les Juifs une unité peu commune qui transcendait les fiertés nationales et découlait de cette conscience de Dieu et de son appel à être son peuple choisi: ils n’étaient pas de simples compatriotes, ils Introduction
21
étaient frères. Cet idéal exigeait une loyauté, une solidarité fraternelle intense, ainsi que du dévouement. En considérant tous ces éléments, nous pouvons comprendre que le Juif fidèle typique — et il y en avait beaucoup — avec sa loi donnée par Dieu, sa destinée choisie par Dieu, la pureté de son culte et sa bonne relation avec ses coreligionnaires ne voyait rien qu’il puisse apprendre des Grecs dans les domaines de la religion et de la morale. La façon dont les classes supérieures de la société juive de Jérusalem flirtaient avec la culture grecque et singeaient les modes grecques le rendait furieux.
L’histoire de Hanouka Le conflit a culminé en 167 av. J.-C., quand Antiochus Epiphane* a lancé un programme pour helléniser complètement la religion juive. Il a décrété que le Dieu des Juifs devait être considéré, à partir de ce moment, comme une manifestation locale de Zeus, la divinité grecque suprême, que les Romains appelleraient plus tard Jupiter. Les rites du temple et les cultes de la synagogue devaient être adaptés à ce changement. Continuer d’observer toute loi ou coutume juive qui enfreindrait ces nouvelles règles serait puni de mort et de nombreux Juifs ont effectivement connu le martyre. Le comble de l’injure a été atteint quand Antiochus* a décidé de sacrifier une truie sur l’autel du temple, le désacralisant et montrant ainsi son mépris souverain pour les Juifs et leur Dieu.
22
Yechoua
L’indignation publique, attisée par un prêtre âgé appelé Mattathias, a bientôt dégénéré en vraie insurrection. Trois de ses fils, les célèbres Maccabées* Simon, Judas et Jonathan, ont poursuivi l’insurrection avec beaucoup de succès, en partie grâce à des dissensions dynastiques dans la capitale séleucide en Syrie. Des problèmes politiques ont empêché les Séleucides de s’occuper sérieusement de la rébellion juive. Le temple de Jérusalem a été libéré par les Maccabées et de nouveau consacré à Dieu en décembre 164 av. J.-C., l’événement que nous commémorons aujourd’hui par la fête de Hanouka*. Jonathan a pu exiger du souverain séleucide suivant, Alexandre Balas, d’être nommé grand-prêtre. Il a officié publiquement pour la première fois lors de la fête de Soukkot* à l’automne 152 av. J.-C. A sa mort, son frère Simon lui a succédé et, dès le printemps 142 av. J.-C., l’Etat juif a connu une relative indépendance sous sa souveraineté, qui s’exerçait aussi bien dans le domaine séculier que spirituel. Ses descendants ont fait de même. Le petit-fils de Simon, Alexandre Jannée, a pris le titre de roi, en plus de celui de grand-prêtre. C’est ainsi qu’a commencé la dynastie maccabéenne ou hasmonéenne*, qui a régné de manière plutôt précaire de 152 à 37 av. J.-C., année où Hérode le Grand* est arrivé au pouvoir. A l’apogée de la puissance et du prestige des Hasmonéens, il y a eu en Israël des personnes prêtes à croire qu’un Messie — un individu oint sur lequel se cristalliseraient tous les espoirs d’une nation — était venu sous la forme de cette dynastie régnante. Introduction
23
Malheureusement, ils ont rapidement perdu leurs illusions. Les descendants de Simon Maccabée ont été si absorbés par la poursuite du pouvoir qu’ils ont fini par trahir les aspirations à l’origine de l’insurrection des Maccabées. Leurs querelles dynastiques, leur incompétence et leur mauvais gouvernement ont ouvert la porte à l’hégémonie romaine qui avait commencé, depuis quelque temps, à s’étendre vers l’est. Finalement, les Hasmonéens affaiblis ont appelé le général romain Pompée à l’aide. Il est entré à Jérusalem et l’a occupée en 63 av. J.-C. Il n’y a alors plus eu d’Etat juif indépendant sur ce territoire avant 1948, c’est-à‑dire pendant 2011 ans!
Les pharisiens et les sadducéens Cette période de la dynastie maccabéenne se caractérise notamment par l’émergence de deux partis dans la communauté juive, partis qui ont joué un rôle important dans la formation du judaïsme rabbinique et dans l’histoire des premiers chrétiens. Il s’agit des pharisiens et des sadducéens. Les sadducéens, un petit groupe d’hommes riches et influents, occupaient en Israël les postes religieux et civils les plus importants, sous la houlette du grandprêtre. Ils avaient la réputation d’être brusques dans leurs manières, durs dans leur jugement et de s’opposer avec raideur à tout changement politique, social ou théologique. Ils détestaient particulièrement certaines doctrines qu’ils considéraient comme nouvelles et qui avaient été adoptées par les pharisiens: par exemple, ils
24
Yechoua
ne pouvaient admettre que les maux du monde puissent être expliqués par le combat entre Dieu et Satan, que les morts puissent ressusciter dans une vie future, ou encore que tous soient récompensés ou punis dans cette vie future en fonction de leur comportement dans leur vie ici-bas. Les sadducéens ne reconnaissaient aucune autre autorité en matière de religion que celle des Ecritures. Ils rejetaient donc les commentaires des pharisiens. En comparaison, les pharisiens n’étaient qu’un petit groupe, mais leur cohésion et leur identité ne dépendaient pas de leur richesse, de leur nombre ou de leur position, mais plutôt de leurs critères rigoureux de foi et de conduite. Malgré leur petit nombre, leur influence sur la population générale était très grande. Les pharisiens voyaient un dessein divin à l’œuvre dans l’Histoire et croyaient que Dieu l’avait révélé dans les Ecritures et dans les traditions d’Israël. Ils attribuaient le retard dans l’accomplissement de ce dessein à des forces spirituelles mauvaises qui seraient finalement vaincues. Lors de cette défaite finale, l’Israël fidèle serait justifié par Dieu et les empires païens remplacés par un royaume gouverné par l’oint de Dieu, le Messie de la dynastie de David. Dans tout Israël, les hommes et les femmes guettaient avec impatience le moindre signe qui puisse suggérer la venue proche de ce Messie.
Hérode le haï Cependant, les quelques signes qu’ils voyaient ne leur offraient guère d’espoir. Une fois calmés les désordres Introduction
25
qui avaient accompagné l’agonie de la dynastie hasmonéenne, les Romains ont placé Hérode le Grand* sur le trône. Personne ne pouvait croire que cet homme à moitié iduméen à moitié israélite, personnalisant la ruse et la violence et mû par une ambition impitoyable, puisse être le Messie du Seigneur. Le règne hérodien ne ressemblait nullement à l’idéal pharisien du royaume de Dieu. Hérode a régné de 37 à 4 av. J.-C. L’Evangile de Matthieu raconte que, peu de temps avant sa mort, Jésus est né. Le royaume d’Hérode, tout comme celui d’Alexandre, a été divisé à sa mort entre ses trois fils survivants. Archélaos* a hérité de la Judée et de la Samarie, qui correspondent au centre et au sud de l’Israël actuel; Antipas*, appelé aussi Hérode dans le Nouveau Testament, a reçu la Galilée et la Pérée*, c’est-à‑dire l’équivalent du nord de l’Israël moderne et des régions les plus occidentales de l’actuelle Jordanie; c’est à Philippe* que sont revenus les territoires situés au sudest de la mer de Galilée qui, aujourd’hui, font partie de la Syrie. Archélaos était un souverain si tyrannique que l’empereur romain l’a destitué en l’an 6 et l’a remplacé par un procurateur romain, qui gouvernait en coopération avec le grand-prêtre et le sanhédrin*. Philippe est mort en l’an 34 et Antipas a été destitué en 39. Quelques années après la destitution d’Archélaos, un écrit juif appelé L’assomption de Moïse a été mis en circulation. Son contenu révèle à quel point la désillusion des Juifs face aux derniers souverains maccabéens avait
26
Yechoua
été grande, combien ils détestaient le règne d’Hérode et de ses fils, combien ils s’indignaient de la domination romaine et avec quelle ardeur ils attendaient le jour où Dieu renverserait leurs oppresseurs et établirait son peuple choisi dans une position de suprématie inébranlable.
La signification «Le messianisme populaire» La description ci-dessus permet de se faire une assez bonne idée de la manière dont l’homme moyen aurait défini le mot «Messie» en Israël vers l’an 30 de notre ère. Le mot «Messie» vient, à l’origine, de l’hébreu machiah, qui a donné en grec deux mots: messias — la transcription grecque des sons hébraïques, qui a donné en français notre mot messie — et christos, traduction du sens du mot hébreu, oint, qui a donné le terme français Christ. Le mot «chrétien» est donc identique à «messianique»: il désigne un disciple du Messie. Cela montre que les non-Juifs qui croient en Christ sont en fait les disciples d’une religion juive! Le Messie était donc un personnage idéal qui incarnait les espoirs du Juif pieux et patriote de l’époque. Il devait être un descendant de David et de Salomon. Il devait être exceptionnellement sage, instruit, droit, courageux, patriote et entièrement dévoué à Dieu. La Introduction
27
puissance de Dieu le soutiendrait et la sagesse de Dieu le guiderait, de sorte qu’il arriverait à renverser les ennemis d’Israël et à établir le royaume de Dieu, un royaume de justice, de vérité et de paix dans lequel le peuple juif pourrait adorer le seul vrai Dieu, lui obéir et jouir pour toujours de la prospérité et du bonheur. Voilà ce que représentait, pour l’essentiel, le Messie dans l’esprit de ceux qui l’attendaient quand Jésus est apparu sur le devant de la scène. Nous pouvons maintenant examiner la validité de ses prétentions messianiques et déterminer dans quelle mesure la vision biblique du Messie diffère de la conception populaire. Nous le ferons en analysant attentivement les passages des saintes Ecritures que les Juifs, depuis toujours, ont considérés comme des prophéties messianiques.
28
Yechoua
«Il y a longtemps, les Ecritures juives ont annoncé la venue de celui qui sauverait le monde du mal et inaugurerait une nouvelle façon de vivre. Le but de ce livre est d’examiner les prophéties pour voir si Jésus les a vraiment accomplies. S’il n’en est rien, alors nous autres Juifs, nous devons le rejeter. Mais, a contrario, si Jésus est vraiment le Messie, nous nous devons à nous-mêmes, au monde entier et surtout au Dieu d’Israël, de croire au Messie qu’il a envoyé. Tout au moins, nous devrions accepter d’examiner les faits pour voir si cela est vrai.» Fondateur de l’organisation «Juifs pour Jésus», Moishe Rosen fait partie de ceux qui ont examiné les faits. Il en a tiré ses conclusions. A vous de les découvrir et de tirer les vôtres!
CHF 9.90 / 8.50 € ISBN 978-2-88913-043-6
Moishe Rosen
Ce Juif que l’on appelle Jésus
Ce Juif que l’on appelle Jésus
Yechoua
Yechoua
Moishe Rosen
Yechoua
Ce Juif que l’on appelle Jésus