la
érité?
Abdu Murray
Qu’est-ce Abdu Murray que Notre société n’aime pas la notion de vérité ; la post-vérité,
qui se risquent à évoquer une vérité universelle. Comment est-il donc possible, dans un tel contexte, de croire en Jésus-Christ, lui qui s’est présenté comme étant la vérité ? Comment croire à sa résurrection ? Avec pertinence et sensibilité, en évoquant parfois son propre parcours, Abdu Murray explicite ce qu’est la vérité et l’impact que cela a sur la sexualité, l’identité, la morale, la spiritualité, la science, la dignité humaine…
«Abdu Murray ap-
porte des réponses remarquablement claires et des réflexions tout à fait pertinentes dans ce nouveau livre qui sera extrêmement utile. Vous ne pourrez vous empêcher d’en parler à tous vos amis!» – LEE STROBEL auteur de Jésus, l’enquête
Né musulman dans une famille américaine d’origine libanaise, Abdu Murray s’est converti à 27 ans au christianisme. Détenteur d’un doctorat en droit (University of Michigan), il intervient régulièrement en tant qu’orateur dans des églises et sur des campus universitaires. Chercheur au Josh McDowell Institute of Oklahoma Wesleyan University, il est l’auteur de nombreux articles et de livres. CHF 22.90 / 18.90 € ISBN 978-2-88913-067-2
Qu’est-ce que la
norme. Elle taxe d’intolérants celles et ceux
érité?
la confusion et les préférences personnelles sont devenues la
Abdu Murray
Qu’est-ce que
la
érité?
POUR Y VOIR CLAIR DANS UN MONDE SANS REPÈRES
Abdu Murray
Qu’est-ce que la vérité ?
Pour y voir clair dans un monde sans repères
Qu’est-ce que la vérité ? – Pour y voir clair dans un monde sans repères Titre original en anglais : Saving truth. Finding meaning & clarity in a post-truth world Copyright © 2018 by Abdu H. Murray Original edition published by Zondervan. French edition published by arrangement with The Zondervan Corporation L.L.C. a subsidiary of HarperCollins Christian Publishing, Inc. © et édition (française) : Ourania, 2021 Case postale 31 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. E-mail : info@ourania.ch Internet : http ://www.ourania.ch Traduction : Anne Worms Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève http ://www.universdelabible.net Conception de la couverture : Visuall Communication, Genève ISBN édition imprimée 978-2-88913-067-2 ISBN format epub 978-2-88913-642-1 Imprimé en France par Sepec numérique
Table des matières
1. L’émergence d’une culture de la confusion ........................... 9 2. La confusion et l’Eglise : les séductions de la post-vérité..............................................29 3. Les conséquences de la confusion : une mauvaise interprétation de la liberté .............................55 4. Eclaircissements à propos de la liberté..................................85 5. Eclaircissements à propos de la dignité humaine................113 6. Eclaircissements à propos de la sexualité, du genre et de l’identité......................................................143 7. Eclaircissements à propos de la science et de la foi ............195 8. Eclaircissements à propos du pluralisme religieux .............225 9. L’espoir de la clarté : le Fils à travers le brouillard................................................257 Remerciements .........................................................................273
1. L’émergence d’une culture de la confusion
Il vous est sûrement déjà arrivé de vous trouver à une intersection, à l’arrêt au feu rouge, et d’éprouver la sensation désagréable associée à la question : « Est-ce le bus à côté de moi qui avance ou est-ce moi qui recule ? » La première chose que vous faites pour clarifier la situation et surmonter ce court instant de vertige, c’est de chercher du regard un objet qui ne bouge pas : une boîte aux lettres ou peut-être un lampadaire. Lorsque vous trouvez un point de référence fixe, cela élimine la confusion et vous retrouvez l’équilibre. Mais que se passe-t‑il s’il n’y a aucun point de référence fixe ? Comment faire alors ? Il y a quelque temps de cela, j’ai dû emprunter un ferry avec ma voiture pour traverser une rivière entre le Michigan et la province canadienne de l’Ontario. On pourrait penser qu’un bateau transportant des voitures d’un pays à un autre est forcément énorme, pouvant contenir de nombreux véhicules. Venant moi-même de la région des Grands Lacs, j’ai souvent circulé sur de tels ferrys. Celui-ci était différent. Il pouvait transporter au maximum deux voitures, et, ce matin-là il n’y avait que la mienne. Le trajet ne durant que quelques minutes, l’employé m’avait demandé de rester dans ma voiture. C’est avec plaisir que j’ai obéi, étant donné que l’air du matin était déjà chaud et que ma voiture était climatisée. L’émergence d’une culture de la confusion
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Au moment où le bateau a quitté la côte, j’étais en train de regarder mon GPS ; je ne me suis donc pas rendu compte que nous bougions. A cause du poids de ma voiture et de mes suspensions, je n’ai pas senti que le ferry démarrait doucement. Lorsque j’ai levé les yeux et que mon regard a atterri sur la rivière mouvante, mon corps me disait que j’étais immobile, mais mes yeux me disaient que j’étais en mouvement. Je ne pouvais pas regarder le bateau pour essayer de surmonter ce moment de vertige, car lui aussi était en mouvement. La rivière, elle aussi continuellement mouvante, ne me fournissait pas non plus de point de référence fixe. Aucune boîte aux lettres ni aucun lampadaire à l’horizon ; il était bien difficile de trouver à quoi me raccrocher. Je me suis donc senti déséquilibré pendant plus longtemps que si j’avais été dans le cas typique du « bus à côté de moi à l’intersection ». J’ai enfin posé le regard sur la côte en face de nous, seul moyen de calmer la nausée qui m’envahissait et de retrouver mon équilibre. Dès que nous nous trouvons dans une telle situation, nous cherchons instinctivement à mettre fin à notre sentiment de désorientation en trouvant le plus rapidement possible un point de référence fixe qui ne dépend pas de ce que nous éprouvons. D’ailleurs, nous reconnaissons dans ces moments que ce que nous ressentons fait partie du problème. Imaginez si, dans ma situation, la côte aussi avait été en mouvement : au milieu de la rivière, j’aurais été incapable de trouver un quelconque point d’appui. Je n’aurais pas pu me fier à ce que j’éprouvais. Je serais resté confus, et rien ne serait venu apaiser mon malaise. C’est exactement ce qui s’est développé sur le plan culturel au cours des dix dernières années ; de plus en plus, nous dérivons sans but sur une rivière, sans le moindre point de repère en vue. La rivière culturelle sur laquelle nous flottons n’est pas un mince filet d’eau. Nous pouvons à peine en distinguer les côtes. D’ailleurs, cela fait si longtemps que nous les avons quittées que nous avons 10 \
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oublié ce qu’est la terre ferme et commençons à nous demander si la terre elle-même est fixe ou si elle flotte au gré des courants. Comme pour mettre un point d’exclamation à cette situation, Oxford Dictionaries a choisi « post-vérité » comme terme de l’année, en 2016. Son comité sélectionne chaque année un mot qui synthétise les tendances et les préoccupations de la société actuelle. C’est exactement ce que représente la notion de post-vérité, selon la définition du dictionnaire : « en lien avec ou indiquant des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’importance, quand il s’agit d’influencer l’opinion publique, que ce qui fait appel aux émotions et aux croyances personnelles. » Bien que ce terme remonte au moins à 1992, son utilisation a explosé en 2016, augmentant de 2000%. Ce chiffre peut sembler énorme, mais arrêtons-nous pour réfléchir aux événements survenus cette année-là. Les élections présidentielles américaines ont été marquées par une telle quantité de fausses affirmations contradictoires, d’allégations de fraude et d’indices de déformation de la vérité qu’il était difficile de savoir que croire ou qui croire. Les diverses voix des deux bords politiques étaient promptes à condamner les partisans de l’autre bord en ne s’appuyant sur aucun fait ou presque, et elles étaient tout aussi enclines à défendre leur champion, encore une fois sans tenir le moindre compte des faits. Les mégaphones brandis dans les diverses manifestations qui ont eu lieu en 2016 ne faisaient que cracher des émotions brutes, au point que la vérité derrière les controverses en devenait inaudible. Les innombrables « infox » ont permis à certains projets d’avancer sans qu’on se soucie de la vérité, voire en dépit de celle-ci. La vérité des faits n’a-t‑elle pas été ignorée du fait même qu’elle pouvait faire barrage aux plans de certains ? L’extrême sensibilité aux préférences personnelles et le sens exacerbé de l’indignation de chacun n’ont-ils pas façonné les débats et même déterminé le vocabulaire considéré comme L’émergence d’une culture de la confusion
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acceptable dans notre société supposée libre ? Il serait difficile de trouver un mot plus approprié à l’esprit de notre temps que celui de post-vérité.
Quand une terre souple est, en fait, plus dure La post-vérité peut se décliner sur deux modes différents : * Le premier correspond à un mode « souple » : dans ce cadre, on peut reconnaître l’existence de la vérité ou admettre que certaines vérités existent, mais celles-ci n’ont pas d’importance si elles viennent se mettre en travers de nos préférences personnelles.1 Dans une telle approche, la vérité existe de manière objective, mais nos ressentis subjectifs et nos opinions ont plus d’importance. * La seconde option correspond à un mode « dur » : la volonté avérée de propager des mensonges caractérisés en sachant qu’il s’agit de mensonges, puisque cela a pour objectif de servir un calendrier social ou politique auquel on accorde plus d’importance qu’à la vérité. Les différences qui existent entre ces deux approches de la post-vérité sont peut-être subtiles, mais elles ont leur importance. Elles sont toutes les deux dérangeantes, et toutes les deux semblent devenir de plus en plus répandues. Cependant, je crains que l’approche considérée comme souple de la post-vérité soit en réalité la plus dangereuse. Permettez-moi de m’expliquer. 1 Ravi Zacharias a fait cette observation et cette analyse dans son article « The Death of Truth and a Postmortem », du 20 décembre 2016. Voir http ://rzim.org/ global-blog/the-death-of-truth-and-a-postmortem/.
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Le postmodernisme est apparu dans les années 1970 comme représentant le rejet de la notion de vérité objective. (Il avait aussi d’autres objectifs, mais celui-ci faisait partie de ses buts déterminants.) « Ce qui est vrai pour toi ne l’est pas forcément pour moi », entendait-on. Ou bien certains allaient jusqu’à dire : « La vérité objective n’existe pas. » Ces deux affirmations sont porteuses d’autodestruction et elles sont impossibles à soutenir. Toute affirmation de déni d’une vérité objective doit elle-même être objectivement vraie, pour avoir du sens. Cependant, malgré cette incohérence, la pensée postmoderniste s’est montrée plutôt résiliente et a continué à influencer la culture occidentale pendant des décennies. Son lustre a pourtant fini par se ternir. Il est évident qu’au cours de ces dernières années, le postmodernisme a continué à apparaître ponctuellement dans notre culture, mais tel un rôti à la moutarde, son piquant est désormais momentané et volatil.1 Là où le postmodernisme a échoué parce qu’il était intrinsèquement incohérent, l’état d’esprit qui relève de la post-vérité pourrait réussir, car il ne l’est pas : il s’attaque au problème de la vérité de manière frontale. Contrairement au postmodernisme, le positionnement de la post-vérité peut reconnaître l’existence d’une vérité objective, mais il va la placer en dessous de nos préférences. C’est dangereux, puisque la logique et les preuves n’ont plus la même influence sur l’esprit de post-vérité qu’elles ne pouvaient en avoir sur une approche postmoderne. Dans une époque où règne une logique de post-vérité, si une preuve entre en résonance avec nos préférences et nos opinions, alors tout va pour le mieux. Si ce n’est pas le cas, alors elle sera considérée comme un argument inadmissible ou offensant, la notion d’offense devenant une forme 1 Je me souviens avoir entendu cette expression dans le film Dernières heures à Denver, sorti en 1995, et cela m’est resté.
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de solvant qui détruit tout argument par ailleurs solide. Pour utiliser une autre métaphore, l’état d’esprit de la post-vérité ressemble à une bactérie qui aurait muté pour devenir résistante aux antibiotiques. Là où la vérité et la logique pouvaient combattre la bactérie du postmodernisme, elles semblent incapables de stopper l’infection de la post-vérité.
Personne n’est à l’abri, pas même un seul L’annonce d’Oxford Dictionaries quant à son choix de post- vérité comme mot de l’année 2016 a suscité des réactions mitigées. Certains ont voulu confiner cet état d’esprit à la politique, expliquant qu’il s’était surtout manifesté dans le contexte de la course présidentielle américaine et qu’il avait principalement touché un seul camp, en général celui des autres. D’autres ont affirmé instinctivement que la post-vérité est un développement positif, un moyen pour chacun(e) de forger son propre destin, libre des chaînes de la tradition, des faits et même de la logique.1 D’autres encore se sont plaints de la logique de la post-vérité et de ses dangers. Prenons par exemple la dénonciation qu’en fait Kathleen Higgins dans un article écrit pour le magazine Nature. Dérangée par le développement d’une telle approche, elle met en 1 De toute évidence, ceux qui estiment que l’approche de la post-vérité est une bonne chose ne se considèrent pas eux-mêmes comme fonctionnant selon un tel état d’esprit. Très peu de gens seraient prêts à admettre qu’ils donnent plus de valeur à leurs opinions et à leurs préférences qu’à la vérité, et moins de gens encore avoueraient qu’ils sont prêts à mentir consciemment pour servir des intérêts qu’ils considèrent comme supérieurs. Cela dit, le simple fait de ne pas admettre quelque chose (ou même de ne pas nous rendre compte que nous pensons de cette manière) ne signifie pas que nous ne nous inscrivions pas dans cette pensée. Ce sont nos actes, et non nos affirmations, qui révèlent ce que nous croyons vraiment.
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avant le fait que cela mettrait en danger la recherche scientifique : « La quête de savoirs scientifiques concernant la réalité présuppose l’importance de la vérité, d’une part en tant que but en soi et également en tant que moyen de résoudre les problèmes. Comment la vérité pourrait-elle se transformer en réalité du passé ? »1 Il est fascinant de constater qu’elle ne semble s’inquiéter que de la manière dont la post-vérité est devenue l’agent responsable de la circulation à l’endroit où se croisent la science et le monde politique, en particulier en ce qui concerne la question du changement climatique. Higgins écrit : Les scientifiques et les philosophes devraient se montrer outrés face à la notion de post-vérité, et ils devraient faire entendre leur voix lorsque les découvertes scientifiques sont ignorées par ceux qui sont au pouvoir ou sont traitées comme étant de simples questions de foi. La communauté scientifique se doit de rappeler continuellement à la société l’importance de la mission sociale de la science : fournir les meilleures informations possible pour servir de base aux politiques publiques. Les scientifiques se doivent également d’affirmer publiquement les vertus intellectuelles qu’ils incarnent si efficacement : la pensée critique, l’esprit d’investigation constant et la révision des croyances en fonction des nouvelles preuves découvertes. Une autre citation de Nietzsche est ici particulièrement adaptée : « Trois fois bravo à la 1 Kathleen Higgins, « Post-Truth : A Guide for the Perplexed », magazine Nature du 28 novembre 2016, publié en ligne sur le site de Scientific American le 5 décembre 2016, https ://www.scientificamerican.com/article/ post-truth-a-guide-for-the-perplexed/#.
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physique et plus encore à ce qui nous motive à nous tourner vers cette science, notre honnêteté ! »1 N’est-il pas intéressant de noter que Higgins semble déposer le fardeau de la post-vérité aux pieds des autres, tout en sous- entendant que les scientifiques ne sont pas soumis à son influence ? Je ne cherche pas ici à dénigrer les scientifiques ou la science. Certains de mes plus proches amis sont des scientifiques dont l’intégrité ne fait aucun doute. Mon but n’est pas non plus d’affirmer quoi que ce soit en ce qui concerne le changement climatique. Il est clair que la science a eu une influence positive dans chacune de nos vies, et je suis bien convaincu que la science est un don de Dieu. Ce que je cherche à dire ici, c’est que le virus de la post-vérité est si puissant qu’il peut tous nous infecter : les politiciens comme les électeurs, les pasteurs comme les philosophes, les mères au foyer comme les pères attentionnés et, oui, même les scientifiques. On pourrait s’attendre à ce qu’une personne écrivant pour Nature sache reconnaître que les scientifiques – dont beaucoup semblent penser qu’ils perdent toute exposition à l’erreur humaine dès qu’ils revêtent leur blouse blanche – ne sont pas immunisés contre l’infection de la post-vérité. Nous avons de nombreuses preuves que les scientifiques sont aussi des humains. En janvier 2016, alors même que commençait l’année de la post-vérité, Adam Hoffman a rapporté les conclusions surprenantes de plusieurs études : d’après elles, les résultats de certaines branches scientifiques étaient difficiles à reproduire.2 L’une de ces études 1 Ibid. Biomedical Science Studies Are Shockingly Hard to 2 Adam Hoffman, « Reproduce », 4 janvier 2016, Smithsonian.com (http ://www.smithsonianmag. com/science-nature/biomedical-sciencestudies-are-shockingly-hard-reproduce180957708/).
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affirmait que les résultats de moins de la moitié des études en psychologie publiées dans de prestigieux journaux pouvaient être reproduits.1 John Ioannidis, de l’Université de Stanford, est même allé jusqu’à dire que, pour de nombreuses disciplines scientifiques, « il peut être prouvé que la plupart des résultats revendiqués sont faux »2. Signalant des chiffres inquiétants sur la question, il affirme : « Nous publions des millions de documents qui ne servent à rien. »3 Face à de telles conclusions, Hoffman se demande : « Pourquoi donc cette crise de la transparence et de la reproductibilité se produit-elle maintenant ? » Sa conclusion est plutôt parlante : en plus des biais conscients et inconscients qui les influencent, les scientifiques sont presque toujours sous pression, car on attend d’eux qu’ils fassent des « découvertes capitales », de tels résultats ayant plus de chances d’être publiés.4 En d’autres termes, le difficile travail de recherche honnête et franc qui devrait être celui de la science est miné par une définition théorique du succès. Aucun domaine n’échappe à l’infection de la post-vérité. L’ironie de la situation devrait nous sauter à la figure : Higgins se montre perplexe face à la montée de la logique de la post-vérité dans le domaine politique, craignant que cela ne vienne saper la confiance de la société dans des scientifiques qui « incarnent efficacement » les valeurs intellectuelles que sont « la pensée critique, l’esprit d’investigation constant et la révision des croyances 1 Brian Handwerk, « Scientists Replicated 100 Psychology Studies, and Fewer than Half Got the Same Results », 27 aout 2015, Smithsonian.com (http ://www. smithsonianmag.com/science-nature/scientists-replicated-100-psychology-studies-and-fewer-half-got-same-results-180956426/). 2 Ioannidis JPA (2005) « W hy Most Published Research Findings Are False » PLoS Med 2(8) : e124. doi :10.1371/journal.pmed.0020124. 3 D’après Hoffman, « Biomedical Science Studies Are Shockingly Hard to Reproduce ». 4 Ibid.
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en fonction des nouvelles preuves découvertes » ; cependant, elle semble elle-même céder aux sirènes de la post-vérité lorsqu’elle vante les mérites de la communauté scientifique, ignorant complètement le caractère douteux des conclusions de nombreuses études publiées. En tentant de dépeindre les scientifiques comme étant au-dessus de toute influence de la pensée post-vérité, elle démontre sans le vouloir la réalité inverse : elle laisse ses croyances et ses sentiments à leur sujet négliger des faits. On peut également voir comment la logique de la post-vérité s’insinue partout à la manière dont nous rassemblons les informations sur le monde qui nous entoure afin que celles-ci se conforment à ce que nous considérons comme étant vrai plutôt qu’à ce qui est effectivement vrai. Stephen Marche en fait la démonstration dans un article, lui-même biaisé mais particulièrement incisif, publié dans le Los Angeles Times.1 Il note que beaucoup d’Américains ont pour source première d’information non des canaux fiables et stables mais plutôt des talk-shows humoristiques tels que The Daily Show, Last Week Tonight et Full Frontal with Samantha Bee. Ces émissions sont présentées par des comédiens qui tiennent lieu de prétendus journalistes, mélangeant les faits et les gags sarcastiques ou moqueurs. Les blagues juxtaposées à de véritables renseignements présentent toujours un point de vue particulier et ont pour but de mettre en avant un point de vue sur une situation particulière, plutôt que de simplement rapporter les faits. Tout cela ne pose pas de problème en soi. J’aime moi-même beaucoup la satire lorsqu’elle est bien faite. Toutefois, ce qui risque de se passer, c’est que les téléspectateurs perdent tout recul face à de telles « informations », encouragés qu’ils sont par les nombreuses émissions disponibles. Ils se satisfont de la parodie qui 1 Stephen Marche, « The Left Has a Post-Truth Problem, Too. It’s Called Comedy », Los Angeles Times, 6 janvier 2017 (http ://www.latimes.com/opinion/ op-ed/la-oe-marche-left-fake-news-problem-comedy-20170106-story.html).
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y est proposée de « l ’autre camp » sur un sujet particulier, tout en se croyant effectivement informés. Selon Marche, ces émissions expliquent pourquoi « la gauche américaine a aussi un problème de post-vérité ». Avec le grand nombre de programmes satiriques qui se font passer pour du journalisme, il déplore : « La vie dans ce monde post-faits a tourné à la rigolade, mais cela n’a rien de drôle. Tout devient sujet à rire, ce qui fait qu’on ne peut en réalité plus rire de rien. »1 De telles émissions sont emblématiques de l’effet de la post- vérité sur la culture : nous ne nous tournons plus vers les faits afin de trouver la vérité ; nous nous tournons vers des faits vus à travers un filtre éditorial afin de confirmer nos préférences. La post-vérité n’est pas seulement un problème politique ; elle infecte également notre vie spirituelle et elle influence la manière même dont nous cherchons à répondre aux grandes questions de l’existence. Je pense dans ce cadre à la conversation que j’ai eue avec un jeune homme il y a quelques années de cela, au cours d’une conférence qui se déroulait sur plusieurs jours. Après l’un de mes exposés, ses parents sont venus me voir pour me dire que leur fils manifestait de plus en plus de rejet face à l’Evangile et que, lorsqu’ils parlaient de spiritualité avec lui, il devenait de plus en plus belliqueux. Il était tout de même d’accord de discuter avec moi. Donc, le soir venu, après ma dernière intervention, je me suis assis avec lui au milieu de l’auditorium désormais vide. Je lui ai demandé de me parler de ses grandes objections contre la foi chrétienne, et il m’a expliqué que la Bible était remplie de fables scientifiquement impossibles et d’histoires moralement douteuses. Quand j’ai commencé à répondre à ces objections, j’ai été fasciné par son empressement à écouter. C’était plutôt surprenant, étant donné la description que ses parents m’avaient faite de lui. Notre discussion se 1 Ibid.
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passait si bien que j’ai fini par lui demander simplement d’où lui venaient ses arguments contre la foi chrétienne. « Je regarde beaucoup de vidéos YouTube tournées par des athées, m’a-t‑il répondu. J’entends parler de ces choses à la télé, sur le Daily Show sur Comedy Central. Et je lis pas mal d’articles sur Internet. » Il s’est avéré qu’il n’avait jamais lu un seul article ou livre spécialisé sur ces sujets ni pris le temps de poser une seule de ses questions à un pasteur ou à un théologien. Je lui ai alors demandé : « Ce sont vraiment tes sources d’information concernant le monde ? T’est-il déjà arrivé de lire un livre écrit par un véritable expert ou de visionner des vidéos réalisées par des chrétiens crédibles qui répondent aux arguments développés dans les émissions que tu regardes ? » Il m’a tout simplement répondu : « Non. » Cela ne lui était jamais venu à l’idée. Il avait court-circuité la démarche d’interrogation sincère pour pouvoir engranger les « faits » qui l’intéressaient et entendre les arguments qu’il était d’emblée disposé à accepter. Puisqu’il cherchait à remettre en question sa foi, il s’était tourné vers des sources d’information susceptibles de renforcer ce choix. Il s’agit d’une tendance profondément humaine, innée en chacun(e) de nous. Cela s’appelle « le biais de confirmation ». La vérité n’avait aucune importance, ce qui comptait, c’était ce qu’il pensait. Cependant (et je crois réellement que c’est un effet de la grâce de Dieu), arrivé à la fin de notre conversation, il a commencé à s’intéresser à la vérité et m’a demandé de lui suggérer de bonnes ressources à lire.
La graine de la post-vérité déjà plantée dans la terre meuble du jardin d’Eden Aussi frappants que soient les récents développements de la démarche de post-vérité, il est important de nous rappeler que la 20 \
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pratique consistant à subordonner la vérité à nos sentiments est très ancienne. D’un point de vue biblique, l’état d’esprit qui fleurit aujourd’hui a commencé à germer dans un jardin verdoyant, il y a de cela bien longtemps. Dieu avait donné à Adam et Eve la possibilité de vivre librement en Eden afin qu’ils puissent jouir de leur relation avec lui, et c’était la raison même pour laquelle il les avait créés. Une seule restriction leur avait été imposée : ils ne devaient pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Dans le cas contraire, ils deviendraient conscients du mal, ce qui les amènerait non pas seulement à désirer connaître le bien et le mal, mais à vouloir déterminer ce qui est bien et ce qui est mal. Satan s’est servi de notre préférence humaine innée à exercer notre propre souveraineté pour tenter Adam et Eve, les éloigner ainsi de la communion avec Dieu, pour laquelle nous avons été créés, et les amener vers une autonomie coupée du Créateur. Il a ciblé le désir d’autonomie des premiers humains. Il leur a expliqué qu’ils ne mourraient pas en mangeant de ce fruit, mais qu’ils deviendraient comme Dieu. C’est à ce moment-là que le fruit est devenu attirant. Ce que Dieu avait dit n’avait plus d’importance. Leurs désirs et leurs sentiments ont pris le dessus sur la vérité. La graine de la post-vérité a aujourd’hui atteint sa pleine maturité. Quelques millénaires plus tard, nous pouvons relever un autre exemple de post-vérité. Il y a de cela deux mille ans, au cours du procès le plus important de l’histoire, Ponce Pilate, le gouverneur de la province romaine de la Judée, se tenait devant Jésus en tant que représentant de l’autorité du plus puissant Empire du monde. Jésus, lui, se tenait devant Pilate en tant que Vérité incarnée. Il a alors signalé à son interlocuteur que son autorité n’était en rien basée sur les vicissitudes du pouvoir politique ou sur l’ambiance culturelle mais seulement sur la vérité immuable. L’émergence d’une culture de la confusion
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Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Toute personne qui est de la vérité écoute ma voix. » Jean 18.37 Jésus a fourni à Pilate une occasion incroyable de poser la question parfaite. Du point de vue de la forme, celle que ce dernier a posée ensuite était effectivement parfaite, mais ses motivations étaient loin de l’être : « Qu’est-ce que la vérité ? » a-t‑il rétorqué en se détournant de lui avant qu’il ne puisse lui répondre. Quelle sortie théâtrale et quelle démonstration pitoyable ! Pilate a échangé l’occasion de toute une vie contre une formule rhétorique bateau. Son attitude à cet instant reflète bien la culture de post- vérité d’aujourd’hui. Sorti en 2004, le film La Passion du Christ1 met en scène une conversation fictive, mais en accord avec les Ecritures, de Pilate avec sa femme après la condamnation de Jésus. Assis dans le tribunal désormais vide, il lui pose d’un ton maussade la même question qu’à Jésus : – Qu’est-ce que la vérité, Claudia ? L’entends-tu ? La reconnais-tu quand elle est dite ? – Oui, je la reconnais. Pas toi ? – Comment ? Peux-tu me l’expliquer ? Elle lui répond alors avec la sincérité d’une épouse de longue date : – Si tu ne veux pas entendre la vérité, personne ne peut te la dire.
1 Réalisé par Mel Gibson, Icon Entertainment International, 2014.
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Qu’est-ce que la vérité ?
Fermement campé dans sa couardise, Pilate ne cherche pas à creuser les paroles de sa femme, tout comme il n’a pas écouté celles de Jésus. Il répond brutalement : – La vérité ? Tu veux savoir quelle est ma vérité, Claudia ? Cela fait onze ans que je mate rébellion sur rébellion dans ce trou pourri. Si je ne condamne pas cet homme, je suis certain que Caïphe va lancer une nouvelle rébellion. Si je le condamne, ce sont peut-être ses disciples qui vont se soulever. Dans les deux cas, le sang va couler. César m’avait prévenu, Claudia, il m’a prévenu à deux reprises. Il m’a juré que la prochaine fois, il s’agirait de mon sang. La voilà, ma vérité ! Bien qu’il prononce quatre fois le mot « vérité », ce n’est que pour placer cette notion en dessous de ses propres désirs et de sa situation personnelle. Il la personnalise, l’appelant « ma vérité ». Il n’était pas un complet sceptique mais un cynique : un sceptique ne croit pas à une vérité proclamée tant qu’on ne lui apporte pas suffisamment de preuves ; un cynique ne croit pas à la vérité, même si on lui apporte les preuves nécessaires. Pilate était un homme de la post-vérité, une personne qui vivait dans cet état d’esprit-là. Il a eu le privilège de se tenir en présence de celui qui proclamait être la Vérité incarnée et qui allait plus tard le prouver en ressuscitant des morts. Pourtant, à aucun moment, il ne s’est soumis à la vérité. Il l’a subordonnée à ses préférences personnelles. Il est ironique de penser que ses préférences personnelles ont pris le dessus sur sa capacité à reconnaître celui qui incarnait la vérité. Jésus a audacieusement proclamé qu’à travers lui et ce qu’il allait accomplir sur la croix, nous pourrions tous connaître la vérité et que la vérité nous rendrait libres (Jean 8.32). Certains espèrent avec ferveur qu’il était bien celui qu’il disait être. D’autres préféreraient que sa prétention à être la source de toute vérité et de la vraie liberté ne soit pas vraie. Le plus difficile, quoi qu’il en soit, L’émergence d’une culture de la confusion
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est de prendre conscience qu’ici, ce ne sont pas nos préférences ou nos désirs qui gouvernent. Je comprends très bien le combat qui existe entre nos préférences et la vérité. De ce fait, je me sens d’une certaine manière proche de ceux qui adoptent la démarche de la post-vérité. Je ne suis pas né dans une famille chrétienne, et pourtant aujourd’hui je crois en Jésus. A de nombreux égards, tout comme le fameux athée converti C. S. Lewis, la dernière chose au monde que je voulais, c’était de rencontrer le Jésus de la Bible. J’ai passé la plus grande partie de ma vie en tant que fier musulman. Je considérais que l’islam était le seul vrai chemin vers le paradis et que toutes les autres visions du monde, en particulier la vision chrétienne, étaient fausses. Cependant, plus je me suis engagé dans des débats avec les chrétiens au sujet des affirmations de Jésus, plus j’ai été confronté à une découverte inconfortable, à ce que l’ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore aurait appelé « une vérité qui dérange ». L’histoire, la logique et la science confirmaient la crédibilité de la Bible en général et celle des affirmations de Jésus en particulier. C’était mon identité en tant que musulman qui était remise en question. Malgré l’accumulation des preuves en faveur de la foi chrétienne, j’ai continué à m’accrocher à la foi dont j’avais hérité parce que cela correspondait à mes préférences, parce que je ne voulais pas changer, parce que je préférais me ranger du côté de mon camp plutôt que de celui de la vérité. J’ai eu besoin de neuf longues années pour finalement accepter la vérité concernant Jésus. La vérité n’était pas difficile à trouver, mais elle a été difficile à adopter. Quand je vois aujourd’hui le piège que constitue la logique de la post-vérité, je sais que j’ai moi-même été coincé dedans pendant longtemps. Tout comme j’ai moi-même essayé de ne pas voir le Jésus historique, notre culture agit de cette manière aujourd’hui. Il se peut que nous préférions une image particulière de Jésus à cause du 24 \
Qu’est-ce que la vérité ?
réconfort qu’elle nous apporte, mais ce dont nous avons réellement besoin, c’est de la vérité. C. S. Lewis a écrit : Si vous recherchez la vérité, il se peut que pour finir vous trouviez la sérénité ; si vous recherchez la quiétude, vous ne trouverez ni la sérénité ni la vérité – seulement des mièvreries et une réflexion très optimiste, pour sombrer finalement dans le désespoir.1 La vérité concernant Jésus est-elle plus importante que nos préférences ? Jésus nous a-t‑il fourni des preuves que lui seul peut efficacement nous aider à sortir de la post-vérité pour atteindre la vérité ? Plus la post-vérité se répand, plus nous avons désespérément besoin de savoir vers qui nous tourner pour sortir de la confusion. Après avoir moi-même écouté de nombreuses voix et examiné de nombreuses visions du monde, je suis convaincu que la voix de Jésus est celle de la vérité.
L’épanouissement de la post-vérité dans une culture de la confusion La post-vérité a désormais atteint son épanouissement au sein d’une culture de la confusion. La confusion est accueillie comme étant une vertu, et la clarté d’esprit est considérée comme un péché. Les réponses aux grandes questions de l’existence n’ont plus besoin de correspondre à la réalité : elles sont là seulement pour répondre à nos désirs. 1 C. S. Lewis, Les fondements du christianisme, Editions LLB, 2006, p. 47
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Notre société a ouvert les bras à la confusion et rejeté la clarté d’esprit, mais cela apporte-t‑il des améliorations ? Le niveau de division qu’apportent nos discours différents est au plus haut. Ceux qui ne sont pas d’accord avec nous deviennent « les autres ». Les faits semblent le plus souvent être des problèmes à contourner plutôt que les outils efficaces qu’ils étaient auparavant. Et, si quelqu’un affirme quelque chose qui ne nous convient pas sur un sujet particulier, nous le qualifions peu charitablement de tous les noms, sans même chercher à savoir si ce qu’il dit pourrait avoir du sens. Je me souviens de l’angoisse omniprésente qui régnait durant la période de la guerre froide dans les années 1980. Le monde entier s’inquiétait de ce que la moindre étincelle fasse exploser les tensions entre les Etats-Unis et l’URSS, marquant ainsi le début d’une guerre nucléaire. La guerre froide menaçait littéralement de devenir d’un seul coup plus brûlante que mille soleils. Pendant cette période, ceux qui étaient au pouvoir affirmaient tous savoir comment il fallait procéder. Les conservateurs, les libéraux, les modérés, les capitalistes, les socialistes, les communistes, les anarchistes : tant de voix affirmaient être capables de nous extraire de tout cela ! Ils ont bien peu fait pour abaisser le niveau d’angoisse. Un groupe de musique populaire de l’époque a écrit une chanson parlant d’un « monde de confusion »1. Trente ans plus tard, ne sommes-nous pas plongés jusqu’au cou dans ce monde de confusion ? Les hommes et les femmes de pouvoir affirment être capables de garantir toutes nos libertés, même lorsque cela signifie empiéter sur la liberté des autres. Ces mêmes hommes et femmes indestructibles semblent très préoccupés par la question des droits, mais on les entend très peu 1 Genesis, Land of Confusion, écrit et composé par Mike Rutherford, Tony Banks et Phil Collins, Atlantic US, 1986.
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parler des responsabilités. Bien sûr, il existe de nombreuses voix qui exigent que nos leaders se montrent vrais et transparents, et elles ont bien raison, mais notre exigence de vérité est très souvent sélective : nous voulons la vérité lorsqu’elle nous arrange et soutient notre point de vue. Lorsque nous nous penchons sur le monde d’aujourd’hui et voyons toutes les questions posées au sein d’une culture qui ne se préoccupe pas réellement d’apporter des réponses sensées, il est difficile d’imaginer un univers plus déroutant. Cette confusion semble se fixer particulièrement autour de certaines questions : « Que signifie être humain ? Quel est le sens de la liberté humaine et est-ce la même chose que l’autonomie ? Nos droits ont-ils des limites ? Existe-t‑il un sens transcendant et une raison d’être pour l’humanité, ou bien sommes-nous la mesure de toute chose ? » Nous avons besoin de lucidité, de nos jours, pour répondre à ces questions, pour être des personnes bien informées, des scientifiques honnêtes et des politiciens justes. Nous avons besoin de réponses et pas seulement de questions. Pourtant, face à toutes les questions posées, les réponses données par la culture de la confusion sont inadaptées et n’apportent aucune satisfaction. Elles ne nous ramènent pas sur la terre ferme. Les réponses qu’elle fournit ne font que susciter plus de questions encore. G. K. Chesterton a observé ce phénomène avec une certaine prescience dans son chef-d ’œuvre Orthodoxie : « La libre pensée a épuisé toute sa liberté. Elle est usée par son propre succès. [Ainsi] nous avons trouvé toutes les questions qui pouvaient être trouvées. Il est temps d’arrêter de chercher les questions et de nous mettre à chercher des réponses. »1
1 G. K. Chesterton, Orthodoxy, Doubleday, 2001, p. 33-34, notre traduction ; édition française sous le titre Orthodoxie , Flammarion, 2010.
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la
érité?
Abdu Murray
Qu’est-ce Abdu Murray que Notre société n’aime pas la notion de vérité ; la post-vérité,
qui se risquent à évoquer une vérité universelle. Comment est-il donc possible, dans un tel contexte, de croire en Jésus-Christ, lui qui s’est présenté comme étant la vérité ? Comment croire à sa résurrection ? Avec pertinence et sensibilité, en évoquant parfois son propre parcours, Abdu Murray explicite ce qu’est la vérité et l’impact que cela a sur la sexualité, l’identité, la morale, la spiritualité, la science, la dignité humaine…
«Abdu Murray ap-
porte des réponses remarquablement claires et des réflexions tout à fait pertinentes dans ce nouveau livre qui sera extrêmement utile. Vous ne pourrez vous empêcher d’en parler à tous vos amis!» – LEE STROBEL auteur de Jésus, l’enquête
Né musulman dans une famille américaine d’origine libanaise, Abdu Murray s’est converti à 27 ans au christianisme. Détenteur d’un doctorat en droit (University of Michigan), il intervient régulièrement en tant qu’orateur dans des églises et sur des campus universitaires. Chercheur au Josh McDowell Institute of Oklahoma Wesleyan University, il est l’auteur de nombreux articles et de livres. CHF 22.90 / 18.90 € ISBN 978-2-88913-067-2
Qu’est-ce que la
norme. Elle taxe d’intolérants celles et ceux
érité?
la confusion et les préférences personnelles sont devenues la
Abdu Murray
Qu’est-ce que
la
érité?
POUR Y VOIR CLAIR DANS UN MONDE SANS REPÈRES