Franca Henriette
CORAY
Quand Erica découvre que son mari la trompe, c’est tout un monde, créé par 30 ans d’union conjugale et professionnelle, qui s’effondre. Comment continuer? Comment reconstruire sa vie? Comment se reconstruire? Et comment réagir face à Chris, le nouveau voisin qui souffle le chaud et le froid? C’est un nouveau monde qui s’ouvre devant elle, habité par des amis fidèles mais aussi par des adeptes de la pédophilie. Un monde de joies et de combats, qui invite à un engagement sans faille. Née en 1955 en Suisse romande, installée depuis son adolescence au Tessin (Suisse italienne) dont elle évoque avec tendresse les charmes, Franca Henriette Coray a déjà publié trois romans: Daphné, la révélation d’une femme de valeur, Alba, la mélodie de l’aube (tous deux aux éditions Ourania) et Le village des Racas (aux
CORAY
Franca Henriette
Le pré aux coccinelles
Le pré aux coccinelles
– Nous avons entrevu votre mari tout à l’heure. – Ah bon? Où l’avez-vous rencontré? – Sur la place du Marché, il y a une demi-heure. Il était en compagnie d’une toute jeune fille… La dame s’arrêta net et rougit de confusion, consciente d’avoir gaffé. Son mari fit une grimace. Erica réagit immédiatement: – Notre nièce qui vient d’arriver. La dame acquiesça, rassurée: – C’est ça, effectivement, c’était une blondinette très jeune. Ils sortaient d’un tea-room et allaient monter dans une voiture blanche.
Franca Henriette
CORAY
Le pré aux coccinelles
éditions Scripsi).
29.00 CHF / 26.50 € ISBN 978-2-8260-2004-2 d ’ a u t e u r s
Scripsi
ROMAN Label
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Scripsi
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Franca Henriette Coray
Le prĂŠ aux coccinelles
Le pré aux coccinelles © et édition: Scripsi, 2014 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. Photo de couverture: Federica Guidotti, biologiste Distribution: La Maison de la Bible Case postale 151 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève http://www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-2004-2 ISBN format epub 978-2-8260-0282-6 ISBN format pdf 978-2-8260-9674-0
Table des matières Chapitre 1.........................................................................................9 Chapitre 2.......................................................................................21 Chapitre 3.......................................................................................31 Chapitre 4.......................................................................................41 Chapitre 5.......................................................................................53 Chapitre 6.......................................................................................65 Chapitre 7.......................................................................................85 Chapitre 8.......................................................................................97 Chapitre 9.....................................................................................107 Chapitre 10...................................................................................131 Chapitre 11...................................................................................137 Chapitre 12...................................................................................145 Chapitre 13...................................................................................155 Chapitre 14...................................................................................167 Chapitre 15...................................................................................177 Chapitre 16...................................................................................191 Chapitre 17...................................................................................209 Chapitre 18...................................................................................221 Chapitre 19...................................................................................229 Chapitre 20...................................................................................243 Chapitre 21...................................................................................257 Chapitre 22...................................................................................271 Chapitre 23...................................................................................293 Chapitre 24...................................................................................307 Chapitre 25...................................................................................321 Chapitre 26...................................................................................329 Chapitre 27...................................................................................343 Chapitre 28...................................................................................351
Chapitre 29...................................................................................357 Chapitre 30...................................................................................363 Chapitre 31...................................................................................385 Chapitre 32...................................................................................399 Chapitre 33...................................................................................413 Chapitre 34...................................................................................423 Chapitre 35...................................................................................435 Chapitre 36.................................................................................. 443 Chapitre 37...................................................................................451 Chapitre 38...................................................................................473 Chapitre 39...................................................................................477 Chapitre 40...................................................................................489 A dĂŠcouvrir, du mĂŞme auteur...................................................501
Bête à Bon Dieu, va dire au Bon Dieu qu’il fasse beau temps demain!
Chaque année, du printemps à l’automne, les coccinelles se métamorphosent de l’état de larve à celui d’insecte ailé, se reproduisent et meurent quelques semaines plus tard. Seules celles qui naissent en automne survivront jusqu’au printemps suivant pour consentir un nouveau cycle. A condition de trouver un refuge pour l’hiver.
Chapitre
2
Les semaines passèrent. L’architecte appela un samedi pour avertir que l’équipe de nettoyage était arrivée et qu’ensuite la maison serait prête pour qu’ils y emménagent. Il les invitait à prendre possession des lieux quand ils le voulaient. Erica était seule au magasin quand il appela. Elle le remercia et promit de l’avertir afin qu’il puisse être présent lors de leur arrivée. Ce soir-là, son mari rentra plusieurs heures après la fermeture du magasin sans donner d’explication. Elle dormait quand il rentra finalement, et ainsi elle ne put lui annoncer que la maison était terminée. Le lendemain, Erica se leva vers 8 heures, prépara le petit-déjeuner tandis que Martin dormait encore. Comme il ne venait pas la rejoindre, elle finit par le prendre seule, se contentant d’une tasse de thé et d’une biscotte devant l’évier de cuisine. Vers 10 heures, Martin la rejoignit à la cuisine, en finissant de nouer sa cravate. Elle s’apprêtait à faire glisser un poulet dans le four. Le dimanche, les époux Braun mangeaient à la maison. En semaine, par contre, pour des questions de commodité, ils prenaient un repas vite fait à la cafétéria de leur magasin, chacun pour soi depuis quelque temps. Il semblait qu’il ne pouvait jamais se libérer aux moments où elle y allait. – Tu prépares un poulet pour toi seule? lui dit-il en la surprenant alors qu’elle ouvrait la bouche pour lui parler de la maison. – Pourquoi dis-tu cela? Tu ne restes pas à la maison? – Tu n’écoutes jamais quand je te parle, autrement tu te rappellerais que je vais à Genève. Je rentrerai demain soir. 21
– Excuse-moi, je ne me rappelle effectivement pas que tu m’aies avertie. Je vais mettre ce poulet au congélateur. Pas de raison que je le cuisine pour moi seule. Elle était au bord des larmes et en voyant que cela l’irritait, elle s’efforça de sourire. – Alors, je te souhaite une bonne route. Tu vas à une exposition de meubles? Je ne me rappelle pas avoir vu une annonce dans les journaux. Je pourrais t’accom… Il l’interrompit brusquement: – Un ami à voir. J’y vais seul! – D’accord. Comme tu voudras… – C’est ça. A demain soir. Tu ouvriras le magasin demain matin? – Bien sûr. Je te prépare le dîner demain soir? Je pourrais préparer des lasagnes… tu les aimes bien. – Fais comme tu veux. Aujourd’hui, tu devrais aller voir des amis. Comme si elle en avait! Depuis 30 ans, elle vivait uniquement pour son mari. Erica entendit la porte se refermer et le lift descendre. Il était parti, un dimanche! Elle prit le poulet déjà décongelé et hésita un instant, prise de scrupules, avant de le jeter dans les ordures, les yeux pleins de larmes. Elle alla remettre en ordre la chambre à coucher, refaire le lit, puis elle se laissa tomber dans un fauteuil au salon. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire de ses heures de solitude? Pleurer dans son salon? Un reste d’amour-propre lui dit de réagir. Il lui fallait tirer au clair, quitte à en souffrir, les raisons d’un tel changement de comportement de son mari. Il s’était entiché d’une autre femme? Au simple fait d’y penser, elle sentait son cœur se déchirer dans sa poitrine. Tant qu’elle ignorait la chose, elle pouvait continuer son bonhomme de chemin. A partir du moment où elle aurait la preuve d’une trahison, elle serait obligée de prendre des décisions importantes, désagréables. Renoncer à toutes les certitudes qu’elle avait, peut-être aussi. 22
Erica enfila une veste puis elle sortit à son tour. Elle possédait une petite voiture utilitaire avec laquelle elle allait faire ses courses et trouver ses clients pour les conseiller quant à l’ameublement de leur intérieur. C’était devenu une spécialité de leur activité que beaucoup de clients appréciaient. Certains clients venaient au magasin, se déclaraient perdus dans tout ce choix, avouaient ne pas savoir ce qu’il leur fallait. Les vendeurs leur proposaient alors les services d’Erica qui prenait rendez-vous avant d’aller chez eux. Elle les écoutait exprimer leurs goûts, leurs limites de budget. Ensuite, elle prenait des mesures, se faisait donner des plans des maisons neuves pour finalement consulter les catalogues, arpenter les expositions, aussi celles de concurrents, puis présentait une offre détaillée avec un devis précis, calculant une rétribution plus qu’abordable. Pour cette activité, elle n’avait suivi aucune formation: son bon goût, son expérience et son opiniâtreté suffisaient. Ses clients appréciaient qu’elle cherche pendant des mois, à leur place, «la ligne parfaite», «le meuble idéal» pour tel ou tel local. Cela faisait seulement quelques années qu’elle s’était lancée dans cette occupation, l’idée lui étant venue en écoutant les visiteurs de leur exposition se plaindre de leur temps limité, de leur manque d’une vision globale des diverses possibilités. Ce dimanche matin-là, il y avait une brocante à Muttenz qu’elle eut tout à coup envie d’aller voir. Ces clients préféraient les meubles neufs mais ne négligeaient pas parfois de belles antiquités qu’elle leur dénichait ici et là pour meubler un coin, une entrée. La place du village, devant le splendide temple entouré de murs d’enceintes, était parsemée de tables, fauteuils, chaises, lampes, tableaux… il y avait encore peu d’acheteurs potentiels; c’était le bon moment pour examiner tranquillement chaque objet avant de décider. Allant et venant, s’attardant ici et là, elle finit par choisir un miroir et un grand pot en grès bleu. Elle s’extasia devant une merveilleuse table de jeu en marqueterie, hésitant à l’acheter 23
car celle-ci était plutôt chère et elle n’avait pas encore d’acheteur en tête. La brocanteuse s’approcha, la main tendue. – Bonjour, madame Braun. Cette table est belle, n’est-ce pas? Elle provient d’une villa de style patricien qui a été vendue meublée. Le nouveau propriétaire n’est pas intéressé par les meubles anciens, il veut du moderne. Elle fit une grimace. – Elle est splendide, effectivement, un peu chère quand même. Si je l’achète, ce sera pour un client qui a un budget limité. Vous ne feriez pas une remise importante? – Vous êtes une bonne cliente… 20%? – Moitié prix, si je prends aussi le miroir et le pot en grès? Après quelques minutes de discussion, elle sortit son portemonnaie de son sac. Une clé s’en échappa et tomba à terre. Elle se baissa pour la ramasser et l’enfila dans une poche. – Oups! J’allais perdre cette clé. C’est celle de ma maison au Tessin. – Vous allez habiter au Tessin? J’y vais aussi parfois. – Dans quelque temps… cet été, pour commencer. – Et vous aller continuer votre activité là-bas? Ce serait bien. Il y a beaucoup de propriétaires de villas qui apprécieraient certainement votre bon goût. – Merci, mais je ne pense pas… Elle fut interrompue par un couple qui l’interpellait. – Frau Braun! Frau Braun! Elle s’empressa de les rejoindre de l’autre côté de la route, devant la maison de paroisse. C’étaient d’anciens clients dont elle avait meublé une villa sur la colline au-dessus du village de Muttenz. La dame lui prit un bras, exprimant sa joie de la rencontrer. – Frau Braun, quelle coïncidence! Mon mari et moi venons de parler de vous. – Ah oui? Pourquoi? – Une relation d’affaires de mon mari vient de nous appeler; il va s’installer au Tessin, à Ascona, et désire meubler un 24
attique qu’il vient d’acheter. Il nous a demandé conseil. Nous lui avons dit à quel point nous étions contents de la façon dont vous nous avez conseillés, sans nous forcer à dépenser des sommes folles. – Il n’a pas de meubles à déménager? – Non, il revient d’Asie. C’est son premier logement en Suisse. Erica tendit une carte de visite: – Alors, dites-lui de m’appeler. Je vais de temps en temps au Tessin, je pourrais passer voir son attique. – Nous lui avons déjà donné votre nom, il vous appellera peut-être. – Merci à vous, bon dimanche. Elle se retournait déjà pour traverser à nouveau la route quand une observation de la femme l’arrêta net: – Nous avons entrevu votre mari tout à l’heure. – Ah bon? Où l’avez-vous rencontré? – Sur la place du Marché, il y a une demi-heure. Il était en compagnie d’une toute jeune fille… La dame s’arrêta net et rougit de confusion, consciente d’avoir gaffé. Son mari fit une grimace. Erica réagit immédiatement: – Notre nièce qui vient d’arriver. La dame acquiesça, rassurée: – C’est ça, effectivement, c’était une blondinette très jeune. Ils sortaient d’un tea-room et allaient monter dans une voiture blanche. – Ils vont arriver d’ici peu, alors. Au revoir! – Au revoir, Frau Braun. Erica traversa la route et, ignorant la commerçante qui l’attendait pour l’aider à charger ses achats dans sa voiture, elle s’engagea à pas vifs sur un chemin qui grimpait vers la colline. Des larmes silencieuses coulaient de ses yeux tandis qu’un poignard lui transperçait le cœur. 25
Elle s’assit sur un banc et sortit son portable de sa poche. La clé de la maison tessinoise sortit à nouveau. C’était comme un signe. Le Tessin l’appelait? Il attendait depuis 30 ans. Elle composa le numéro de portable de son mari. Il répondit après plusieurs sonneries: – Allo? Qu’est-ce qu’il y a? Il avait la voix rauque, le souffle court. Elle ne douta pas un instant de ce qu’elle avait interrompu. Elle connaissait bien cette intonation de voix. – Excuse-moi de vous avoir dérangés. Vous allez pouvoir continuer vers Genève dans quelques secondes, dit-elle avec sarcasme. Mais tu devras venir ouvrir le magasin demain matin. Plus question de vacances en amoureux à mes dépens! – Quoi? Pourquoi dis-tu cela? – Je sais où tu es et avec qui. Traître! Lâche! Quand est-ce que tu allais oser me le dire? – Je voulais t’en parler depuis quelque temps, mais je n’osais pas. Tu as toujours l’air si dépendante de moi! J’avais peur que tu ne supportes pas la nouvelle. – Quelle nouvelle? Que tu en préfères une autre plus jeune que moi? – Lisa est enceinte… – De toi? Elle en avait le souffle coupé. – Oui, et je veux le divorce. C’était prononcé tout de go, comme s’il osait enfin s’exprimer. – Fais-le, alors, et bon débarras! Elle raccrocha brusquement puis se plia en deux, poignardée à mort. Non seulement cette garce lui avait volé l’amour de son mari, mais elle allait en plus avoir un enfant de lui. C’était cruellement injuste! Qu’avait-elle fait à Dieu pour mériter cela? Trente ans effacés d’un seul coup d’éponge. Elle se retrouvait seule. Il n’était plus question de retourner au magasin. Elle n’aurait pas le courage d’affronter les regards de 26
commisération de ceux qui savaient, sans nul doute depuis longtemps, cette Lisa étant la jeune décoratrice qu’ils avaient engagée depuis l’été précédent. Voilà l’explication du changement de comportement de son mari depuis septembre!! Et elle ne s’était doutée de rien! Cette fille lui faisait même un peu pitié, car elle ne s’était pas intégrée dans la jeune équipe de collaborateurs parmi lesquels naissaient toujours de nouveaux flirts. A la cafétéria elle se tenait toujours seule à une table, le nez sur son plateau-repas. Sans regarder ni à gauche ni à droite. Elle comprenait enfin les petits sourires narquois de certains employés et pourquoi tous évitaient de s’asseoir à côté d’elle. Quand elle retourna sur la place, la commerçante l’aida à charger ses achats dans la voiture et la salua en reparlant du Tessin: – J’y serai dans un mois environ, on se verra là? C’est dans la vieille ville de Locarno, près de la Piazza Grande. Vous verrez combien de stands il y a… Le Tessin encore? Enfin? Son père avait été très déçu de son choix de rester à Bâle avec Martin, mais il s’était plié à sa décision. Veuf depuis quelques années, il s’était retrouvé seul après le mariage de sa fille. Sa pépinière était petite, il n’avait pas besoin de beaucoup de personnel. Sauf de sa fille qui avait suivi pourtant les impulsions de ses sens et de son cœur. Celui du papa avait par contre cédé quand, à 78 ans, un infarctus l’avait emporté brusquement tandis qu’il enlevait la neige sur le chemin d’accès de la pépinière, juste avant Noël. Il était seul ce jour-là, comme toujours, et cela n’avait pas aidé. Elle l’avait laissé seul pour être avec son mari, pour l’aider à s’enrichir, pour s’enivrer de plaisir! Et à quoi cela avait-il servi? Au lieu de rentrer directement chez elle, Erica fit un crochet au magasin, rejoignit le bureau à côté de l’entrée, qui servait de service à la clientèle et où elle passait ses journées. Son mari avait le sien au troisième étage, tout en haut de l’immeuble: Une jolie pièce meublée avec les plus beaux 27
meubles de bureau de leur assortiment. C’est elle qui le lui avait aménagé, pour son cinquantième anniversaire. Elle préleva un gros classeur sur une étagère et son agenda: ils contenaient toutes ses notes, les adresses des clients qui avaient eut recours à ses services. Les commissions avaient été versées sur un compte à son nom, qui n’avait pas encore été entamé. Elle ne partirait donc pas sans rien. Ensuite, elle rentra chez elle. La grosse voiture blanche était de retour dans le garage souterrain; son mari était donc rentré aussitôt après son appel. Elle s’apprêta à l’affronter. Elle le trouva devant son armoire. Une valise ouverte était posée sur le lit. Il se retourna à son arrivée, l’air désarçonné. Elle le regarda attentivement, ce qu’elle n’avait plus fait depuis des mois, peut-être même des années, tellement elle était habituée à le voir dans le paysage. Il avait maigri, ses yeux étaient rougis, ses traits tirés. Il lui faisait presque pitié. Il la regarda lui aussi, et, probablement, prit brusquement conscience de ce qu’il était en train de perdre, car il tendit une main vers elle en une demande d’aide. Elle détourna la tête. Il soupira et dit d’une voix lasse: – Je suppose que je dois m’en aller. Je venais prendre quelques affaires. – Tu vas aller la rejoindre? Sa voix à elle était froide, métallique. – Non, je vais aller à l’hôtel pour l’instant. Je déciderai plus tard, je ne sais pas quoi faire. Il ne savait pas quoi faire? C’était la première fois en 30 ans qu’elle l’entendait prononcer cette phrase. Elle, qui devait sans cesse quémander son approbation, avait par contre un nouveau courage. Elle acquérait de l’autorité, de la confiance en elle-même. – Reste là, c’est moi qui vais partir, remplir cette valise. Tu me cèdes la propriété de la maison au Tessin et je te laisse cet appartement. Nos avocats se mettront en contact pour les papiers et partager le reste des acquis. – Et le magasin? Comment vais-je faire si tu pars? 28
– Ça, mon cher, il fallait y penser avant de faire le joli cœur avec une de nos employées. Débrouille-toi! Rends-moi un dernier service: disparais pendant que je fais mes bagages! Il sortit de la pièce la tête basse et, un instant plus tard, elle entendit la porte d’entrée se refermer doucement. Elle jeta en vrac l’intégralité de ses affaires dans plusieurs sacs et valises, faisant plusieurs voyages jusqu’à sa voiture. Finalement, elle prit encore son ordinateur portable avant de refermer la porte sans un regard derrière elle. Son mari était dans sa voiture et il parlait dans son portable quand elle revint dans le garage. Il s’approcha quand il vit qu’elle fermait le coffre d’un geste décidé. – Je voulais te dire que je regrette que cela se termine ainsi. Je n’ai pas su résister. Elle me provoquait sans arrêt et je suis… Il semblait vidé de son énergie. – …un homme qui s’enflamme facilement, je sais. Ne me crée pas de problème et nous pourrons peut-être rester en bons termes. Il acquiesça lentement, garda la tête basse tandis qu’elle montait dans sa voiture. Quand l’utilitaire disparut de sa vue, il retourna dans l’appartement à pas lents. Les pièces étaient encore les mêmes, peu d’objets manquaient. Toutefois, dans la chambre à coucher, l’armoire de sa femme était totalement vide, tous ses objets personnels avaient disparu. C’était comme si elle n’avait jamais été là. Et pourtant tout lui parlait d’elle. Son pyjama plié sur l’oreiller, comme elle le faisait chaque matin depuis 30 ans, la bouteille d’eau minérale et le verre propre sur sa table de nuit. Son côté de lit à elle était vide, plus de chemise de nuit, plus de livre abandonné sur la table de nuit, plus de lunettes de lecture… Son portable sonna alors qu’il entrait dans la cuisine, à la recherche de quelque chose de fort. Il devait y avoir une bouteille de whisky qu’Erica utilisait pour faire son fameux rôti de veau du dimanche. Il allait lui manquer celui-là aussi! – Doudou? Tu lui as parlé? 29
C’était Lisa, l’objet de sa folie d’homme mûr qui avait besoin d’être rassuré sur sa virilité. Qu’allait-il bien pouvoir faire auprès d’une fille de 20 ans? – Oui, elle vient de partir. La fille ne put s’empêcher d’exprimer sa satisfaction. – Ouah! Elle t’a laissé l’appart’? Tu veux que je vienne là? Il secoua la tête: – Non, pas encore du moins. On se voit demain au magasin. J’ai besoin d’être seul. – Comme tu veux. Elle était déçue, presque préoccupée. Pourtant, elle était certaine de le tenir fermement en main, maintenant que sa rivale était partie, avait laissé le champ libre. – C’est ça, j’ai ce que je voulais, dit-il amèrement en se remplissant un verre. – Quoi? Tu regrettes? Tu ne vas pas me laisser tomber, dis? – Non, je ne te laisserai pas tomber. Sois tranquille sur ce point! dit-il avec cynisme. Puis il raccrocha. L’alcool lui brûla la gorge et l’estomac, il toussa car il n’était pas habitué, pas encore!
30
Chapitre
3
Erica arriva au Tessin à la nuit tombée. A l’heure où les châteaux de Bellinzona s’illuminent. Elle s’arrêta dans un petit hôtel au bord de la route avec l’intention d’y passer la nuit, mais il y avait trop de monde: un banquet de baptême. Alors elle continua jusqu’à Locarno. Elle s’acheta un sandwich et une bouteille d’eau dans le magasin ouvert le dimanche près de la gare avant de continuer jusqu’à sa maison, enveloppée d’une obscurité totale. La route d’accès n’était pas encore goudronnée et le talus était encore un éboulis. Elle gara son auto à côté d’un trax, éteignit le moteur. Le silence et la solitude de la nuit l’enveloppèrent. La maison était une énorme masse obscure; la serre brillait doucement sous les rayons de la lune. Elle éloigna son siège du volant et s’apprêta à passer la nuit dans la voiture. La maison était vide, inutile d’y aller. L’arrivée des ouvriers la réveilla. Ils s’interpellaient tandis que l’un d’eux allumait le moteur du trax. Ils lancèrent des regards curieux vers cette femme élégante qui avait de toute évidence passé la nuit dans une voiture pleine à craquer de valises et de meubles. La camionnette de l’équipe de nettoyage vint se parquer à côté de la Berlingo. Les employés s’engouffrèrent dans la maison sans regarder ni à gauche ni à droite, pressés d’en finir. Erica se redressait en se frottant les yeux quand un jeune homme blond vint frapper doucement à la vitre. Elle se tourna vers lui, descendit la vitre. – Ça va? Vous avez besoin d’aide? – Ça va. Je suis la propriétaire de cette maison. Je suis arrivée pendant la nuit avec quelques objets pour emménager. 31
– Vous voulez une tasse de café? Ma mère m’a préparé une thermos. Il avait un sourire ouvert, sympathique, et semblait sincèrement préoccupé pour elle. Elle fut touchée. – Merci, c’est pas de refus. Vous travaillez sur ce chantier? – Je suis le jardinier-paysagiste. Je suis censé transformer ces tas de gravats en une douce colline couverte d’arbres, précisa-t-il en versant un peu de café dans un gobelet en plastique. – C’est très sucré et il n’y a pas de lait. C’est comme cela que je l’aime, s’excusa-t-il en lui tendant le gobelet. Le breuvage fort et sucré lui fit du bien; elle se sentit immédiatement prête à affronter sa nouvelle vie. – Mon père avait une plantation d’arbres fruitiers. On a dû les arracher pour construire la maison; j’aimerais bien que vous m’en plantiez d’autres. – Je connaissais bien votre père. Il est aussi venu nous donner un cours sur la culture des orchidées pendant mon apprentissage, c’était un véritable expert. – Oui, il avait des orchidées merveilleuses. Il m’a appris ses trucs. – Ah bon? Alors il faudra qu’on se parle. Vous allez rester? – Oui, je vais m’installer ici. – Vous voulez que je vous aide à décharger tous ces cartons? Je dois surveiller que le trax enlève bien les gravats. Ensuite, je ferai venir des camions de terre qu’il devra aplanir. Pour l’instant, je suis à votre disposition, si vous le voulez. – C’est pas de refus, répéta-t-elle en lui rendant le gobelet vide. La maison était ouverte et l’équipe de nettoyage se trouvait dans les pièces du rez-de-chaussée, les dernières à avoir encore les sols en carrelage recouverts de carton. Sans hésitation aucune, Erica, un carton dans les bras, précéda le jeune jardinier dans une grande pièce du premier étage, au-dessus d’un salon, dans la partie courte du L correspondant à la 32
largeur de la serre. Elle posa le carton sur le sol en carrelage beige. – Merci, posez cela par terre. Je vais m’installer dans cette chambre. Le jardinier lui obéit puis regarda autour de lui, examinant les lieux. Une paroi, celle où s’ouvrait la porte, était revêtue de grandes armoires murales en face d’une salle de bain. Ce qui le frappa fut la grande baie vitrée qui donnait sur les cimes des palmiers dans la serre. Sur la paroi opposée, deux portes-fenêtres conduisaient à un balcon avec vue sur la campagne environnante, la rivière qui coulait, le chemin forestier. Il siffla d’admiration: – C’est très original, on se croirait directement dans la serre. Bravo! Mais il vous faut un lit, des tables de nuit, si vous voulez dormir ici. – Effectivement, je vais devoir faire du camping chez moi pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’on me livre des meubles. – Vous voulez que je demande à ma mère si elle peut vous prêter un lit de camp? Nous n’habitons pas loin d’ici… Il indiqua vaguement un endroit derrière la serre. – Vous êtes bien gentil de vouloir me rendre service. Vous êtes sûr que vous n’êtes pas un ange? Il pouffa: – Si ma mère vous entendait elle rirait bien. Non, je suis un gars tout ce qu’il y a d’ordinaire avec les pieds bien plantés sur terre. Au fait, dit-il en tendant la main, je m’appelle Gabriel, comme un des archanges, Gabriele Névis. Erica échangea une poignée de main énergique avec ce jeune homme, blond, costaud aux doux yeux couleur de ciel serein. – Moi, c’est Erica Braun-Bindella. Je vais effectivement avoir besoin d’un lit de camp car aucun magasin ne va me livrer des meubles aujourd’hui encore. Je pensais aller en acheter un dans un grand magasin, car j’en aurai encore besoin plus tard. 33
– Alors allons vite vider votre voiture, afin que vous puissiez vous procurer ce qu’il vous faut pour ce soir. Ils déchargèrent rapidement les cartons, les valises, le miroir, le pot en grès et la table de jeux puis Gabriele prit congé, il devait reprendre son travail. – Je pense qu’on va se revoir. J’en ai encore pour quelques jours, ensuite je viendrai vous demander quelles variétés d’arbres vous aimeriez planter, cet hiver, afin que je puisse vous les préparer. – Vous avez une plantation? – Un bout de terrain en bordure de forêt, pour des jeunes arbres fruitiers principalement. Des buissons à petits-fruits aussi. Ça vous intéresserait vraiment? – Bien sûr. J’aimerais planter des plantes utiles, qui donnent des fruits comestibles. – Pour cela, il vous faudra rester ici, car les récoltes s’étalent sur plusieurs mois en été. Vous n’allez plus repartir alors? L’architecte m’a parlé d’une maison de vacances… – Mes plans ont changé, je reste ici définitivement. Je vais pouvoir m’occuper correctement de vos arbres, n’ayez crainte. Elle lui sourit gentiment. Je les soignerai bien. – Vous avez raison, je m’affectionne à mes arbres comme à des animaux! à bientôt alors! – A bientôt. En le regardant s’éloigner, Erica pensa qu’elle aurait pu avoir un fils de son âge. Un brave garçon qui aurait pu continuer l’œuvre de son grand-père, travailler là. Elle secoua la tête, récriminer ne servait à rien. Elle devait faire avec les cartes qu’elle avait en main. Elle passa la journée dans les magasins. Achetant un lit et une table pliables, deux chaises de camping puis des aliments, un peu de vaisselle jetable et des produits de nettoyage. Quand elle revint à la maison, en fin d’après-midi, l’architecte était en train de contrôler les travaux extérieurs et les nettoyages effectués. Il vint à sa rencontre et la débarrassa d’un carton. 34
– Laissez-moi vous aider à apporter cela à l’intérieur. Je vous attendais, le jardinier m’a dit que vous vous installez ici dès ce soir. – Oui, bonjour. Elle se sentait embarrassée d’être sans son mari, craignant de devoir s’expliquer, mais l’architecte ne prononça pas un seul mot à ce sujet. Il l’aida pour tous ses achats puis ils firent un tour de la maison tandis qu’il lui expliquait chaque appareillage. – Pour finir, je n’ai pas seulement fait mettre un poêle suédois dans la serre mais aussi une bouche de chaleur du chauffage principal. Vous pourrez régler la température grâce au thermostat. Ils étaient dans le local technique, au sous-sol. – La pompe à chaleur et les panneaux solaires sur le toit vont vous garantir un chauffage et de l’eau chaude dans toute la maison et dans la serre. Voilà, nous avons fait le tour des installations. La maison est propre, terminée à l’intérieur: j’ai rempli mon mandat. Avez-vous encore besoin de quelque chose? – Non, je ne pense pas pour l’instant. Envoyez les factures à mon mari, comme convenu. – Entendu. Bonsoir, madame. – Bonsoir! Une fois seule, Erica se prépara un repas chaud, inaugurant les appareils ménagers. Le réfrigérateur était grand, les armoires aussi. Ses premiers achats semblaient bien misérables mais cela suffisait pour commencer. Pendant que les pâtes cuisaient, elle alluma son ordinateur. Elle allait devoir se trouver du travail si elle ne voulait pas voir fondre rapidement son petit pécule. Elle envoya un email à tous ses anciens clients en les avertissant qu’elle se transférait au Tessin mais qu’elle restait disponible pour eux et pour les amis auxquels ils pouvaient la recommander. En attendant d’éventuelles réactions, elle devait se montrer prudente dans ses dépenses. 35
La soirée était chaude, presque estivale. Elle ouvrit la porte coulissante qui reliait la serre à la pièce commune, plaça la petite table et les deux chaises sous la voûte vitrée. Son dîner solitaire fut vite consommé. Elle était en train d’examiner la grande vasque centrale, imaginant un décor aquatique, quand elle entendit retentir la sonnette de la porte d’entrée. Les ouvriers étaient partis depuis longtemps. Qui pouvait bien venir lui rendre visite? Et surtout, qui savait qu’elle était arrivée? Son mari qui venait la rejoindre??? Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Mais ce n’était pas son mari: derrière la porte vitrée se tenait une femme d’âge mûr, rondelette, qui lui souriait cordialement. Elle lui ouvrit, un sourire indécis sur les lèvres. – Ciao, Erica! Je viens te souhaiter la bienvenue. Je suis heureuse que tu sois revenue au bercail. Gabriele m’a dit que la fille Bindella est arrivée. Tu te souviens de moi? Je suis Elena Bernasconi, maintenant Névis. Tu as déjà dîné? Je t’ai apporté une tarte aux pommes. La femme lui souriait en lui tendant un plat rond recouvert d’un linge. Sur le moment, Erica ne l’avait pas reconnue, mais elle fut heureuse d’embrasser son ancienne camarade d’école, sa meilleure amie depuis l’école enfantine. Perdue de vue depuis belle lurette. – Elena! Quelle belle surprise! Alors tu es la maman du gentil jardinier? Viens, entre donc! Elle s’effaça pour laisser entrer sa visiteuse dans son salon, d’un pas vif, posant son plat sur le comptoir de la cuisine, puis regardant autour d’elle avec curiosité. – C’est très joli chez toi. Tu as eu une riche idée d’englober la serre dans la maison! – Cette serre est un souvenir de mon enfance, et je me réjouis de l’aménager en salon. Je n’ai pas encore de vaisselle, mais si tu te contentes d’une assiette en carton, nous pouvons partager ton gâteau. – Très volontiers, mais je ne voulais pas te déranger. – Pas de problème, ta visite me fait plaisir et je suis seule… 36
Elles s’installèrent autour de la petite table, chacune avec une tranche de gâteau et un verre d’eau. Erica contemplait son ancienne camarade, devenue une femme au regard franc et cordial: – Ainsi, tu as un fils jardinier. – Oui, j’en ai aussi deux autres plus jeunes, encore aux études. J’ai épousé Bruno Névis. Tu te souviens de lui? – Non! – Le gosse qui nous tirait les tresses à l’école élémentaire, il est devenu grutier. C’était un brave homme… – C’était? – Il est décédé quand Gabriele avait 15 ans. Un accident de chantier. – Je suis vraiment désolée. Tu habites toujours au même endroit? – Oui, je suis retournée vivre avec mes parents quand Bruno est mort. Les enfants étaient encore petits et je devais travailler. C’était bien commode d’avoir mes parents. Mon père est décédé à son tour l’année passée, ma mère va bien par contre. Tu te souviens d’elle? – Oh oui! Elle me gavait de chocolat quand je venais jouer chez toi. – C’est vrai encore maintenant. Il y a toujours du chocolat dans la maison pour les copains de mes enfants. Et toi? Qu’est-ce que tu es devenue? Je sais seulement que tu t’es mariée et que tu es partie en Suisse alémanique. – Oui, à Bâle. Je viens de me séparer… – Oh! Je suis vraiment désolée. Elena lui prit une main entre les siennes avec une authentique sympathie. – Ecoute, maintenant qu’on s’est retrouvées et que tu vas rester ici, on va redevenir des amies. Tu veux bien? – Oui. – Alors, dis-moi sincèrement: tu es sûre qu’il ne te manque rien? 37
– Rien pour l’instant, mais il faut que je trouve rapidement du travail. Qu’est-ce que tu fais comme travail? – Je suis caissière dans un supermarché. Et toi? – J’ai vendu des meubles pendant 30 ans. J’ai aussi aménagé plusieurs villas pour des clients et c’est ce que je voudrais faire uniquement maintenant. Mais il n’est pas facile d’avoir suffisamment de clients pour vivre de ça, soupira Erica. – Je comprends, mais je suis certaine que tu vas avoir de bonnes idées. Par exemple, faire un peu de pub’ en ville. Tu as essayé? – Pas encore, mais c’est une bonne idée. – O. K., en attendant, je t’invite à dîner samedi soir à la maison. Maman et les enfants seront heureux de te voir. Ça te va? dit Elena en se levant pour prendre congé. – Oui, c’est bien aimable. J’aurai plaisir à passer la soirée avec vous. – Alors c’est bon. Tu m’excuseras de filer en vitesse mais je dois aller chercher mon cadet et trois de ses copains au stade de foot. Ce soir, c’est à moi d’y aller, je me suis arrêtée en route. – Quel âge ont tes enfants? demanda Erica tandis qu’Elena l’embrassait sur les deux joues. – Matteo a 18 ans, il prépare son examen de fin d’apprentissage d’électricien, Bruno a 12 ans. Je l’attendais quand son père est décédé. – Tu es passée par des moments difficiles; je suis désolée de ne pas l’avoir su à l’époque. – Je t’ai envoyé un faire-part et tu as fait livrer des fleurs par ton père. Tu ne t’en souviens pas? – Non, je regrette vraiment. – Je comprends, le temps passe vite quand on est occupé. Moi aussi j’oublie de garder les contacts avec mes amies. La preuve, je ne t’ai plus écrit! Mais on va se rattraper. Parole de scout! 38
Erica regarda la voiture de son amie redescendre cahin-caha le chemin d’accès avant de refermer la porte d’entrée, un sourire aux lèvres. Elle retourna dans la serre pour arroser les palmiers plantés dans un coin. Ensuite, elle se baissa pour arracher les herbes sèches entre les troncs. La nuit était déjà bien avancée quand elle se redressa. Sur toute la longueur d’une des deux plates-bandes qui bordaient la serre, les herbes avaient été arrachées et remplissaient une vieille brouette. Le lit de camp était inconfortable mais elle dormit bien cette première nuit dans sa maison neuve.
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Franca Henriette
CORAY
Quand Erica découvre que son mari la trompe, c’est tout un monde, créé par 30 ans d’union conjugale et professionnelle, qui s’effondre. Comment continuer? Comment reconstruire sa vie? Comment se reconstruire? Et comment réagir face à Chris, le nouveau voisin qui souffle le chaud et le froid? C’est un nouveau monde qui s’ouvre devant elle, habité par des amis fidèles mais aussi par des adeptes de la pédophilie. Un monde de joies et de combats, qui invite à un engagement sans faille. Née en 1955 en Suisse romande, installée depuis son adolescence au Tessin (Suisse italienne) dont elle évoque avec tendresse les charmes, Franca Henriette Coray a déjà publié trois romans: Daphné, la révélation d’une femme de valeur, Alba, la mélodie de l’aube (tous deux aux éditions Ourania) et Le village des Racas (aux
CORAY
Franca Henriette
Le pré aux coccinelles
Le pré aux coccinelles
– Nous avons entrevu votre mari tout à l’heure. – Ah bon? Où l’avez-vous rencontré? – Sur la place du Marché, il y a une demi-heure. Il était en compagnie d’une toute jeune fille… La dame s’arrêta net et rougit de confusion, consciente d’avoir gaffé. Son mari fit une grimace. Erica réagit immédiatement: – Notre nièce qui vient d’arriver. La dame acquiesça, rassurée: – C’est ça, effectivement, c’était une blondinette très jeune. Ils sortaient d’un tea-room et allaient monter dans une voiture blanche.
Franca Henriette
CORAY
Le pré aux coccinelles
éditions Scripsi).
29.00 CHF / 26.50 € ISBN 978-2-8260-2004-2 d ’ a u t e u r s
Scripsi
ROMAN Label
d ’ a u t e u r s
Scripsi
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