La lettre n°7

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MAISON DE LA RADIO

LA LETTRE

PRINTEMPS 19

CONCERTS

n° 7

LE GRAND REX UNE ODYSSÉE

IN THE MOOD FOR JAZZ

SCHUBERT L'ANNÉE 1828

Dessins (détail) © François Olislaeger


LA LETTRE N° 7 – PRINTEMPS 2019

AVEC LE PRINTEMPS NOUS ARRIVE UN VENT DE RUSSIE EN COMPAGNIE DE YURI TEMIRKANOV, DONT ON FÊTE LE 80 E ANNIVERSAIRE. AUTRE ANNIVERSAIRE : CELUI DE BERLIOZ, MORT EN 1869, QUI VÉCUT UNE BELLE HISTOIRE D’AMITIÉ AVEC LISZT, ASSOMBRIE À LA FIN PAR L’ARRIVÉE D’UN TROISIÈME LARRON. ON EN RESTE AU NUMÉRO TROIS AVEC STANLEY KUBRICK QUI, APRÈS BERTRAND TAVERNIER ET NINO ROTA, EST LE TROISIÈME HÉROS QUE NOTRE SAISON CONSACRE AU CINÉMA ET À LA MUSIQUE DE FILM. L’OCCASION ÉGALEMENT D’ÉVOQUER LE GRAND REX, OÙ SERA PROJETÉ 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE AVEC L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE. ET PUISQU’IL EST QUESTION DE LIEU, ON VERRA QU’UNE PRISON EST AUSSI L’ENDROIT OÙ ORPHÉE PEUT S’ARRÊTER, LE TEMPS D’UN CONCERT QUI, À SA MANIÈRE, A QUELQUE CHOSE D’UN PRINTEMPS INATTENDU.

Berlioz et Liszt, une amitié contrariée RADIO FRANCE CONSACRE PLUSIEURS CONCERTS CETTE SAISON À BERLIOZ, DONT 2019 MARQUE LE 150 E ANNIVERSAIRE DE LA MORT. SINGULIÈREMENT, UN CERTAIN NOMBRE DE RENDEZ-VOUS SONT ÉGALEMENT FIXÉS CE PRINTEMPS AVEC LISZT, QUI FUT L’UN DES AMIS INTIMES DE BERLIOZ. JUSQU’À CE QU’UN TROISIÈME HOMME VIENNE SEMER LA ZIZANIE ENTRE EUX.

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out commence en 1830, alors qu’on approche de la création de la Symphonie fantastique : « Ce fut la veille de ce jour que Liszt vint me voir. Nous ne nous connaissions pas encore. Je lui parlai du Faust de Gœthe, qu’il m’avoua n’avoir pas lu, et pour lequel il se passionna autant que moi bientôt après. Nous éprouvions une vive sympathie l’un pour l’autre, et depuis lors notre liaison n’a fait que se resserrer et se consolider », raconte Berlioz dans ses Mémoires. Il ajoute  : « [Liszt] assista à ce concert où il se fit remarquer de tout l’auditoire par ses applaudissements et ses enthousiastes démonstrations. » Berlioz est à Paris depuis l’automne 1821 ; Liszt, lui, y est arrivé le 11 décembre 1823, jour anniversaire des vingt ans de son futur ami. De 1823 à 1830, Berlioz a commencé à faire parler de lui, et on peut s’étonner qu’il n’ait jamais croisé Liszt – de huit ans son cadet, il est vrai. Mais, comme l’écrit Berlioz, leur amitié prend forme très vite. Liszt est né en Hongrie mais sa culture, germanique au départ, devient française au fil des années qu’il passe à Paris. Les deux jeunes musiciens ont des passions communes : Faust comme on l’a vu, Shakespeare, Byron, sans oublier Beethoven. Certes, Liszt est pianiste et Berlioz joue avant tout de l’orchestre, mais ils sont l’un et l’autre animés par de grandes ambitions. Liszt va transposer sans attendre la Symphonie fantastique (pour piano seul) puis Harold en Italie (pour alto et piano) afin de faire connaître la musique de son ami ; il participe également volontiers aux concerts donnés par Berlioz à Paris. Les deux musiciens fréquentent le même monde, de Chopin à George Sand, de Heine à Hugo. Et Liszt est l’un des témoins lors du mariage de Berlioz, le 3 octobre 1833. Leur seul point de désaccord concerne la question politique : Liszt, admirateur de Lamennais, a foi en le progrès social, croit en la mission humanitaire des artistes, écrit dès 1832 une pièce pour piano pour soutenir la révolte des canuts à Lyon ; « Il donna même plusieurs concerts pour la fondation des crèches », précise le musicologue Nicolas Dufetel. Berlioz, lui, après avoir éprouvé quelques tentations saint-simoniennes vers 1831-1832, ne jure que par les autocrates qui lui permettent de faire entendre sa musique, qu’il s’agisse des princes éclairés d’Allemagne ou du tsar Nicolas Ier, le bourreau des Décembristes*, auquel il dédiera sa Symphonie fantastique : « Oh les gouvernements représentatifs, et à bon marché encore, stupide farce ! Mais ne parlons pas de ça, nous nous entendrions, je crois, assez peu. Heureusement nos sympathies sont les mêmes pour tout le reste » (lettre à Liszt du 20 juillet 1837). Dans ce domaine, seul les réunit un profond sentiment européen avec son corollaire, le rejet de tout nationalisme. À partir de 1835, Liszt se met à voyager : il part pour la Suisse et l’Italie avec Marie d’Agoult, qui sera la mère de ses trois enfants, puis mène une carrière de virtuose qui le fait traverser l’Europe en tous sens mais revenir régulièrement à Paris. La correspondance avec Berlioz mène elle aussi bon train. Elle est passionnée, chaque lettre se terminant dans l’effusion, du moins celles adressées par Berlioz à Liszt (celles écrites par Liszt à Berlioz sont pour la plupart perdues) : « Adieu mon ami, vous devez comprendre aujourd’hui ce que mon cœur attend du vôtre » (le 19 décembre 1832), « Mon cher sublime » (10 mars 1834), « Adieu, adieu, je t’embrasse de toute mon âme » (22 janvier 1839), etc. En 1848, Liszt choisit de se fixer à Weimar. Il a trente-sept ans. Marie d’Agoult est presque oubliée : sous le nom de Daniel Stern, elle a publié un roman vengeur intitulé Nelida. Qu’est-il arrivé ? Une rencontre décisive : Liszt a trouvé une nouvelle égérie en la personne de la princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein. Leur liaison, qui durera jusqu’à la mort

du musicien (Carolyne s’éteindra quelques mois après lui, en 1887), a commencé en 1847. Or, l’année suivante, Liszt devient maître de chapelle à Weimar. Il se fait un devoir et un plaisir de défendre la musique de ses contemporains : au premier chef, il y a Berlioz dont il reprend Benvenuto Cellini en 1852, quatorze ans après l’accueil désastreux que lui a réservé l’Opéra de Paris. Jusqu’en 1856, en présence ou en l’absence de Berlioz, Liszt dirige chaque année à Weimar des œuvres de son ami, mais lui consacre également des articles (sur Harold en Italie par exemple, dans la Neue Zeitschrift für Musik, la revue créée par Schumann). Et le 17 février 1855, Liszt au piano crée son propre Concerto en mi bémol majeur sous la direction de Berlioz en personne. Entre-temps, Harriet, la première femme de Berlioz, est morte. Liszt écrit à son ami : « Elle t’inspira, tu l’as aimée, tu l’as chantée, sa tâche était accomplie ! » Mais dans cette « lettre cordiale, comme il sait les écrire », selon les mots mêmes de Berlioz, un livre récent nous présente un Liszt plein de « compassion sexiste » et de « douce pensée utilitariste  » (sic). Notre époque est décidément très éloignée de cette conception passionnée de l’amour et de l’amitié ! Oui mais entre-temps également, Liszt a dirigé Tannhäuser à Weimar, et surtout, en 1850, il a assuré la première de Lohengrin. Wagner ! Berlioz, malgré toute l’affection qu’il a pour Liszt, l’accepte difficilement. De fait, il ne peut pas imaginer partager avec un autre, surtout avec un compositeur rival dont il mesure le danger qu’il peut représenter pour sa propre prééminence sur l’Europe musicale. Berlioz vit comme une blessure l’arrivée de Wagner dans la vie de Liszt – arrivée d’un musicien génial et d’un ami intéressé, qui sera plus tard un gendre envahissant. Certes, il se repent quelquefois de son égoïsme : « Tu m’écris des lettres de douze pages pour me parler de moi et de mes affaires, et j’ai la naïveté de te répondre sur le même sujet. » Dans la même lettre (de juillet 1853), il va jusqu’à reconnaître : « Je suis persuadé comme toi de la facilité de l’engrenage entre Wagner et moi, si toutefois il met un peu d’huile dans ses rouages. » Mais les espoirs de Liszt resteront vains. Berlioz et Wagner sont personnellement et esthétiquement trop éloignés l’un de l’autre (même si Wagner a su reconnaître sa dette musicale à l’égard de Berlioz, son aîné de dix ans), et les malentendus à propos de la « musique de l’avenir » jettent de l’huile sur le feu. Berlioz a conscience d’écrire une musique audacieuse, mais il ne se voit pas en chef de file ; ce qu’il apporte de neuf lui appartient en propre, il n’entend pas faire de Liszt, a fortiori de Wagner, ses disciples. Son culte de l’individu lui interdit les élucubrations de ce genre. Liszt va connaître par la suite plusieurs désillusions : il va démissionner de son poste de chef d’orchestre à Weimar en 1858 ; la princesse Carolyne n’obtiendra pas l’annulation de son mariage et ne pourra jamais l’épouser ; il perdra son fils Daniel en 1859 et sa fille Blandine en 1862. Seule Cosima leur survivra : elle épousera le chef d’orchestre et pianiste Hans von Bülow en 1857, puis Wagner en 1870. Un an après la mort de Berlioz.

ORPHÉE EMPRISONNÉ

BERLIOZ

27 MARS

Orgue Léa Desandre, Lise Berthaud, Yves Lafargue

DES FEMMES DÉTENUES CHANTENT AVEC DES MUSICIENS DE L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE. « ORPHÉE EMPRISONNÉ », TEL EST LE THÈME DU CONCERT QU’ELLES ONT DONNÉ LE 7 DÉCEMBRE DERNIER À LA MAISON D’ARRÊT DE FLEURY-MÉROGIS.

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Orchestre Philharmonique de Radio France Chœur de Radio France Maîtrise de Radio France

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JUIN Orchestre National de France Nicolas Bône, alto - Emmanuel Krivine, direction

LISZT

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AVRIL Yuri Favorin, piano

15 MAI

Nathan Laube, orgue

Christian Wasselin * Insurgés russes qui, en décembre 1825, essayèrent d'obtenir une constitution.

Une matinée chez Liszt en1846. De gauche à droite : Joseph Kriehuber (auteur du dessin), Hector Berlioz, Carl Czerny, Franz Liszt au piano, Heinrich Wilhelm Ernst tenant son violon. © Gallica / Bnf.

La Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis a tout d’une ville en soi, d’une ville loin du village, d’une ville loin de tout. Vue d’hélicoptère, elle ressemble à un assemblage de figures géométriques. Quand on approche de ses hauts murs toutefois, après avoir franchi parkings et terrains vagues, l’endroit pourrait évoquer aussi bien un lycée délabré des années 70 qu’un hôpital en quête de crédits ou une gare de RER à l’abandon. La prison est une administration comme les autres, avec ses hygiaphones, ses guichets, ses portiques. Ce 7 décembre, le temps ajoute son gris à la grisaille. Quand l’heure du rendez-vous arrive, une porte s’ouvre en grinçant. À l’intérieur, les murs sont décrépits, les portes gémissent les unes après les autres, on franchit une grille à la condition que la précédente soit fermée. Nous voici dans le bâtiment des femmes. Un couloir, une autre grille, un corridor, puis un escalier hélicoïdal : au sommet s’ouvre la salle dite polyculturelle, réservée pêle-mêle au culte, au cinéma, aux spectacles. La salle est ronde et munie de deux pianos droits. « Interdiction formelle d’ouvrir les fenêtres non grillagées », est-il précisé. C’est dans cette salle que doit avoir lieu le concert que préparent depuis trois mois une dizaine de femmes incarcérées. Le public est nombreux. Il se compose de détenues qui pour la plupart ressemblent à des Carmen volubiles, insolentes, rieuses. Sur les chaises, également, deux psychologues muets, quelques membres du personnel de la prison, deux religieuses aux joues rebondies. L’imam n’est pas venu. Il y a aussi quelques journalistes qui s’interrogent : vient-on applaudir des prisonnières sur le chemin de la rédemption ? ou l’énergie d’un avocat, Grégoire Etrillard, fondateur de l’association En Chœur, qui croit au pouvoir de la musique ? L'un et l'autre, bien sûr. « Rien ne dit que l’extérieur et l’intérieur de la prison doivent vivre dans une séparation totale, explique Grégoire Etrillard, que dedans et dehors soient comme l’huile et l’eau, qui se croisent sans jamais se lier. » C’est aussi l’avis des musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France qui, depuis septembre, semaine après semaine, viennent faire répéter les volontaires, parmi les détenues, qui veulent à tout prix respirer un autre air que celui de la cellule et de la cour. Elles ont travaillé dans le cadre de seize ateliers coordonnés par la soprano Johanne Cassar, qui elle aussi croit au mythe d’Orphée, celui qui descend au fond des plus sombres cachots pour en sortir à force de chant et de foi en la lumière, en l’amour. Le concert peut commencer. Les musiciens de l’orchestre entrent et s’installent devant la scène. Ils sont une quinzaine, essentiellement des cordes, emmenés par Jean-Philippe Kuzma. Le pianiste Martin Surot est prêt. Grégoire Etrillard dit quelques mots  : « La prison est un monde avec son propre temps. ». Elles ne sont que six détenues à monter sur scène, car entre-temps plusieurs d’entre elles ont été libérées. Certaines ont voulu revenir, le temps de montrer ce qu’elles savent faire, mais l’administration est inflexible : une fois dehors, vous ne pouvez pas rentrer. Au fait, se demande-t-on, qu’ont-elles fait pour se retrouver en prison ? Vol, meurtre, terrorisme ?

La mezzo-soprano Jeanne Bazin se joint à elles pour leur donner de l’assurance et garantir l’homogénéité de l’ensemble. L’orchestre commence par la Danse des furies de l’Orphée de Gluck. Puis tout s’enchaîne : extraits de textes lus par les détenues, pages instrumentales et bien sûr pages vocales. Six chanteuses, six voix, six physionomies : il y a celle qui porte une ample tunique blanche pour montrer qu’elle vit un moment hors du commun, celle qui lève les yeux au ciel quand elle prononce le mot amour dans la Habanera de Carmen, celle qui chante par cœur mais jette un coup d’œil sur la partition de sa voisine, celle qui ne peut pas s’empêcher de battre la musique de ses doigts et de ses hanches, celle qui a eu l’autorisation de se maquiller pour la circonstance et ne s’en est pas privé, celle qui vient de loin et dit quelques mots en portugais. Au fond, des gardiens surveillent. Pensent-ils, comme l’affirment les détenues sur scène, que la musique est un « aphrodisiaque naturel », qu’elle « embellit la femme  »  ? Dans le public, les autres réagissent elles aussi lorsqu’il est question d’amour. Summertime ou les extraits de la musique d’Orfeo negro sont chantés et écoutés avec concentration : on sent qu’il y a là des énergies diverses, des tempéraments divers, des misères et des espoirs qui se rencontrent. Après trois quarts d’heure, le concert s’achève. Les musiciens applaudissent les chanteuses, qui applaudissent les musiciens et n’en reviennent pas d’être là, d’avoir chanté, d’être acclamées. Grégoire Etrillard n’est pas le moins ému. Il sait qu’il a fait entrer un air frais dans l’atmosphère étouffante de la prison. Il respire un bon coup. Il se promet de recommencer à encourager d’autres femmes à chanter, de réinviter Orphée. Christian Wasselin

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LA LETTRE N° 7 – PRINTEMPS 2019

LE COMPOSITEUR, L’INVENTEUR ET L’ONDISTE LA TURANGALÎLA-SYMPHONIE NOUS INVITE À NOUS PENCHER SUR LE CAS DES ONDES MARTENOT, DONT LES MAUVAISES LANGUES DISENT QU’ELLES SE CONTENTERAIENT D’IMITER LE SON DE LA SCIE MUSICALE.

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On ne peut considérer l’histoire de Maurice Martenot, inventeur de l’instrument qui porte son nom, sans celle de son alter ego lointain, le russe Lev Termen. Termen est celui qui découvrit, à l’occasion de recherches sur les oscillateurs, que le son émis par les fréquences radiophoniques peut changer de hauteur, et que ce changement était contrôlable selon la position du corps visà-vis de l’appareil émetteur. En assemblant un appareil-pupitre lui permettant de régler l’intensité avec la main gauche, et la hauteur avec la main droite, Lev Termen construit un véritable instrument, le Theremin, et marque le début de la musique électronique. Martenot, né en 1898, est affecté, au cours de la Première Guerre mondiale, aux transmissions radio. Comme Termen, il constate que les bruits causés par les ondes varient de hauteur, et que ces hauteurs peuvent former un son étrange et beau. Il conçoit dans les années 1920 un instrument plus complexe que le Theremin, dont la hauteur n’est pas définie par une main dansant dans le vide, mais par une bague attachée au doigt, qui tire un fil horizontal relié à une partie mécanique effectuant un mouvement de va-et-vient entre deux rangées de vis électrifiées. Un petit boîtier placé près de la main gauche de l’ondiste (ainsi nomme-t-on l’interprète de ce curieux instrument) lui permet de régler et de modifier le timbre du son. Martenot révèle son invention le 3 mai 1928 à l’Opéra de Paris. Alors que la démonstration doit commencer, l’inventeur est pris de panique : de l’appareil ne sortent que des grésillements. Il lui faudra quelques heures avant de comprendre qu’un changement dans l’alimentation électrique de l’Opéra crée ce chaos dans l’instrument. Martenot a juste le temps de faire changer l’alimentation électrique, de remonter l’instrument avant de donner ce premier récital qui est un immense succès, et qu’il reprend sur les scènes du monde entier. L’instrument évolue au rythme des avancées de Martenot. Il se dote d’un clavier, qui permet deux modes de jeu : avec des touches séparant les demi-tons, comme un piano, et avec le fil relié à la bague, qui permet de rechercher des intervalles inférieurs aux quarts de ton. Le clavier devient ensuite légèrement suspendu, permettant à l’ondiste d’ajouter un vibrato y compris lorsqu’il joue avec les touches (!). Martenot construit également plusieurs systèmes de diffusion du son, dont le plus original présente la forme d’une palme. Les ondes Martenot ne restent pas une simple curiosité, une « invention d’inventeur » : Milhaud écrit une suite pour les ondes dès 1932, suivi par Honegger et Jolivet. Au début des années 1930, Varèse remplace les sirènes d’Amériques par les ondes. C’est Messiaen qui écrit cependant les plus belles pages de son répertoire : la Fête des belles eaux en 1937, pour sextuor d’ondes, et la Turangalîla-Symphonie, pour orchestre, piano et ondes Martenot. Le son si caractéristique des ondes Martenot accompagne aujourd’hui des œuvres de différentes disciplines : on entend par exemple un extrait des Belles eaux lors de la douloureuse déambulation de Leonardo di Caprio dans The Revenant. Ce son reste le plus souvent attaché aux présences angéliques, au mystère et à une forme de sensualité rêveuse. Gaspard Kiejman * Pour en savoir plus, lire Les Fous du son de Laurent de Wilde (Grasset, 2016). Turangalîla-Symphonie de Messiaen à l’Auditorium le vendredi 29 mars. Orchestre Philharmonique de Radio France, dir. Susanna Mälkki.

LA LETTRE N° 7 – PRINTEMPS 2019

LE GRAND REX, UNE ODYSSÉE C’EST AU GRAND REX, MONUMENT DE STYLE ART-DÉCO, QUE SERA PROJETÉ 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE, LE 17 MARS, AVEC LA PARTICIPATION DU CHŒUR DE RADIO FRANCE ET DE L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE.

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001, l’Odyssée de l’espace projeté sur l’un des plus grands écrans du monde… un vaisseau avance dans l’espace, il rejoint une station orbitale qui tourne sur elle-même, majestueusement. Le couple danse dans le vide sur Le Beau Danube bleu qu’interprètent, dans la salle du Grand Rex à Paris, le Chœur de Radio France et l’Orchestre National de France : une nouvelle folie du plus incroyable des cinémas parisiens, qui lutte pour que le cinéma reste une fête.

NAISSANCE D’UN LIEU MYTHIQUE

DANS LA CUISINE DE STANLEY KUBRICK

© 2018 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved

DIDIER DE COTTIGNIES A BIEN CONNU LE CINÉASTE DE 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE. IL NOUS RACONTE COMMENT LES BANDES SON DES FILMS DE STANLEY KUBRICK S’ÉLABORAIENT DANS LA CUISINE DU CINÉASTE. Alors que j’étais étudiant à Londres, j’avais le même professeur de piano que la fille de Stanley Kubrick. Un soir, Stanley est venu assister à un concert de fin d’année. C’était peu après Barry Lyndon, vers 1976. Nous avons très vite sympathisé, et je suis devenu un familier de sa maison. Il s’agissait en réalité d’une espèce de manoir situé à St Albans, au nord de Londres, avec la cuisine comme point de ralliement. Le bureau de Stanley était interdit, car c’est là qu’il gardait ses secrets et qu’il faisait venir ses chats. Ce qui n’empêchait pas que vivent aussi dans la maison trois générations de golden rottweiler. Kubrick voulait avoir très vite des réponses à toutes ses questions, et disposait d’une armée d’informateurs. C’était aussi un boulimique de lecture, abonné à une dizaine de journaux. On pouvait le trouver timide et bougon, mais c’était quelqu’un de gentil, de doux, de serviable. Il organisait régulièrement des concerts chez lui car ses enfants, le frère de sa femme et ses neveux pratiquaient tous un instrument. Le Quatuor Brodsky venait aussi, en toute décontraction, jouer chez lui. Avec quelques membres de la famille il lui arrivait de donner l’Octuor de Mendelssohn. Kubrick employait volontiers le mot schmock, qui en yiddish veut dire quelque chose comme idiot ou demeuré, pour désigner les mauvais compositeurs de musique de film. Il préférait la compagnie des génies et avait dans la tête la manière d’utiliser la musique avant même de tourner une séquence. Un jour que nous évoquions une page de Mahler pour accompagner une scène d’un de ses films, il me dit : « Je me demande ce qu’en penserait Lenny… » Et hop, voilà Kubrick appelant Bernstein devant moi et lui demandant son avis sur notre idée ! Peu

de temps après, alors qu’il avait loué un orchestre pour enregistrer un passage précis de la Troisième Symphonie, voilà qu’il se brouille avec le chef. Ah, comme il aurait préféré avoir Lenny au pupitre ce soir-là  ! Mais lors du Noël suivant, son beau-frère, qui était aussi son producteur exécutif, a la bonne idée de lui offrir l’enregistrement d’Ainsi parlait Zarathoustra dans la version de Karajan avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. Cris de joie de Kubrick ! Mieux que la Troisième de Mahler, c’était la musique qu’il lui fallait impérativement pour son film 2001 ! La légende veut que Kubrick, ensuite, n’a pas obtenu les droits pour utiliser cette version dont les tempos correspondaient exactement à celui de son film, et qu’il a payé une autre maison de disque tout en utilisant l’enregistrement de Karajan, bien sûr sans le dire. Toujours est-il que le film a popularisé cette musique. Plus tard, à l’époque d’Eyes Wide Shut, il disposait déjà de la partition de Jocelyn Pook, mais il voulait une autre musique pour illustrer une cérémonie mettant en scène une espèce de secte. J’ai beaucoup cherché avec lui, j’ai fouillé le catalogue Ocora, j’ai fini par dénicher des chœurs orthodoxes et des chœurs indiens qui lui convenaient parfaitement. Oui mais le sens des paroles ? Que se serait-il passé si quelqu’un avait compris ce qui se chantait ? Stanley a eu une idée très simple : faire tourner l’enregistrement à l’envers.

Le Grand Rex est le rêve d’un homme, Jacques Haïk, qui, dans les années 30, possède plusieurs salles de spectacles à Paris dont l’Olympia, et se lance dans la construction de la plus resplendissante salle de cinéma de Paris, de France… et du monde ! Ce sera le Grand Rex, sis 1, boulevard Poissonnière. Haïk fait appel à deux architectes : un américain, John Eberson, et un français, Auguste Bluysen. Ils s’inspirent d’un projet monumental qui voit le jour au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique  : le Radio City Music Hall, à New York, non loin de Time Square et du Carnegie Hall. Les architectes élèvent un bâtiment assemblé autour d’un million de poutrelles d’acier. L’œuvre est folle. Son apparat plus encore. À l’extérieur, c’est bien New York qui clignote en lettres rouges sur la façade d’un gratte-ciel Art-déco ; à l’intérieur, sur deux milles mètres carrés, se mélangent balcons italiens, statues gréco-romaines, fragments d’haciendas espagnoles, sous le fastes des tapis rouges, avec miroirs et dorures. Le plafond haut de trente mètres, peinture d’Eberson, nous plonge dans une nuit méditerranéenne surplombée d’un ciel bleu profond où chaque étoile est bien sûr une star de cinéma. La jauge de trois milles places est à la hauteur de l’opulence du projet, qui va jusqu’à installer un chenil, une nurserie et une infirmerie dans les sous-sols ! Le journaliste Max Renneville écrit dans la revue Cinémonde, le 29 octobre 1931 : « Voici la silhouette de ce nouveau palais, où nous aurons accès dans quelques mois. Sa messe imposante, déjà inscrite dans le ciel en lignes majestueuses, atteste la vigueur du cinéma français et la confiance de ceux qui mènent vers de plus larges horizons cette grande industrie nationale ».

CLAQUETTES ET MOUSQUETAIRES Le Grand Rex est inauguré le 8 décembre 1932 avec orchestre, claquettes et ballet. Sur l’écran on projette Les Trois Mousquetaires d’Henri Diamant-Berger.

À la fin des années 1930, rattrapé par la crise, Haïk dépose le boulevard Magenta. bilan et vend le Grand Rex à Gaumont, qui le cédera ensuite Il y a aussi La Pagode, cinéma de la rue de Babylone installé e à la famille Hellmann. Sous l'Occupation, les Allemands le dans un lieu typiquement japonais : un pavillon fin XIX réquisitionnent et le transforment en Soldatenkino, censé classé monument historique entouré d’un jardin lui aussi distraire les soldats allemands en diffusant des films de protégé. Ouverte au public en 1931, La Pagode s’investit propagande et des films autorisés par les nazis. Quand vient particulièrement dans la défense et illustration des films de la la Libération, l’État récupère la salle et l’adapte en centre Nouvelle Vague du début des années 60. L’endroit devenant d’accueil des prisonniers de guerre rapatriés. En 1945, la vétuste ferme en novembre 2015. Un projet de restauration famille Hellmann relance le cinéma en projetant les grands laisse espérer sa réouverture, prévue pour 2020, grâce à sa propriétaire Elisabeth Dauchy et au financement du mécène films hollywoodiens jusque-là interdits. Dès lors, le Grand Rex sera régulièrement sous les feux new-yorkais Charles S. Cohen. de l’actualité. Citons la projection du premier Disney au Rex  : Pinocchio, en 1946, ou la diffusion du premier film en Cinémascope : La Tunique, en 1953. Un an plus tard, UN VIEUX MONSIEUR TOUJOURS JEUNE autre innovation : La Féerie des eaux, spectacle aquatique, toujours applaudi aujourd’hui. En 1957, Gary Cooper Le Grand Rex, classé monument historique en 1981, est le inaugure l’escalator, et en 1963 le Rex reçoit Liz Taylor et seul cinéma dont le décor n’ait jamais changé (les statues Alfred Hitchcock, qui présentent respectivement Cléopâtre et gréco-romaines sont toujours là !) et ne cesse d’être à l’affût d’événements et de spectacles Les Oiseaux. Les années 70 arrivent, Le hors de l’ordinaire. Sans perdre son âme « dancing » historique Le Rêve devient ni sa démesure, il s'adapte au monde le Rex Club. En 1988, le cinéma s’offre 2001, ODYSSÉE d’aujourd’hui, s’équipe des dernières un écran géant de 300 mètres carré, technologies, organise des festivals, des le plus grand d'Europe ; il est baptisé DE L’ESPACE avant-premières et… des concerts. Le 17 Le Grand Large et inauguré avec la LE GRAND REX mars, musique et cinéma y vivront une projection du Grand Bleu de Luc Besson. odyssée commune. D’AUTRES CINÉMAS SPECTACULAIRES

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Gabrielle Oliveira Guyon

MARS La popularité des films parlants, au Orchestre National de France début des années 30 (le premier, The Chœur de Radio France Pieter-Jelle de Bœr Jazz Singer d’Alan Crosland, avec Al Jolson, sort en octobre 1927) a donné un nouveau souffle au cinéma. Il faut donc adapter les salles et en construire de nouvelles. C’est ainsi qu’outre le Grand Rex, d’autres cinémas, rapidement devenus emblématiques, ont ouvert leurs portes à Paris. Deux d’entre eux sont restés mythiques, l’un rénové depuis 2013 et l’autre en cours de restauration, dont la réouverture est prévue pour 2020. Le Louxor, inauguré en 1921, réalisé dans un style Art-déco inspiré de l’Égypte antique, tient son nom de l’ancienne capitale des rois du Nil. Ce cinéma offre lui aussi une grande variété de programmes jusqu’en 1983, date de sa fermeture due à la baisse de la fréquentation dont il est victime. Après de nombreuses années de restructuration, le Louxor est réinauguré le 17 avril 2013. Il retrouve son éclat et les lettres « Louxor-Palais du cinéma » s’exposent de nouveau fièrement

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Propos recueillis par Christian Wasselin

STANLEY KUBRICK

16 I  17 MARS

Orchestre National de France Orchestre Philharmonique de Radio France Chœur de Radio France Alan Gilbert, Nicolas Alstaedt, Bertrand Chamayou, Jean Rondeau, Violaine Cochard

Le Grand Rex © Thomas Laconis Maurice Martenot © Gallica /Agence Meurisse


IN THE MOOD FOR DIX FOIS PAR AN, DEUX GROUPES VOUS FIXENT RENDEZ-VOUS AU STUDIO 104. UN LIEU QUI A VU PASSER TOUS LES HÉROS DU JAZZ DEPUIS PLUSIEURS DÉCENNIES. PETIT FLORILÈGE DE GRANDS SOUVENIRS. Programmés par Arnaud Merlin, les concerts de jazz de Radio France s’inscrivent dans une magnifique tradition qui a permis à tous les jazzmen de jouer au Studio 104 dont les murs résonnent encore de leurs envolées, de leurs frottements, de leurs souffles. Les producteurs de France Musique s’en souviennent, même si, comme le rappelle Jérôme Badini (Les Légendes du jazz, le samedi et le dimanche à 18h), après un concert très mouvementé du bluesman Muddy Waters en 1976, le jazz a été banni de Radio France pendant cinq ans. C’est pourquoi son plus grand souvenir le ramène à l’Espace Cardin : le 27 novembre 1979, Stan Getz débarquait « avec quatre jeunes loups ; ils ont notamment joué Lady Day, un thème écrit par Wayne Shorter pour Billie Holiday ». Si l’on reprend le chemin du Studio 104, un concert semble avoir marqué les esprits : celui donné par le trio de Bill Evans le 6 février 1972 . « C’est la première fois que je venais à la Maison de la radio, raconte Alex Dutilh (Open Jazz, du lundi au vendredi à 18h05), et je m’en souviens comme de mon premier baiser. Bill Evans a plongé sa tête à l’intérieur de ses bras, tel un fœtus, comme s’il avait demandé à ses doigts de prolonger son intériorité. Il s’était placé côté jardin, son batteur Marty Morell côté cour. Avec le bassiste Eddie Gomez, le triangle était parfait. Bill Evans est le seul qui mette ainsi son bassiste devant. » Yvan Amar (Jazz Club, le samedi à 19h) cite lui aussi cette date comme étant celle de son plus grand concert à Radio France. Mais il n’oublie pas non plus celui donné le 10 novembre 1992 par le saxophoniste Anthony Ortega, l’un des fondateurs du bebop.

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LA LETTRE N° 7 – PRINTEMPS 2019

SCHUBERT : L’ANNÉE 1828

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SCHUBERT EST MORT EN 1828, À L’ÂGE DE TRENTE ET UN AN. SA DERNIÈRE ANNÉE FUT L’UNE DES PLUS FÉCONDES DE SA CARRIÈRE DE COMPOSITEUR : UN CRÉPUSCULE QU’IL EST PERMIS DE PRENDRE POUR UNE AURORE, EN INVERSANT LA BOUTADE DE DEBUSSY À PROPOS DE WAGNER. PLUSIEURS GRANDES PAGES ÉCRITES AU COURS DE CETTE ANNÉE SONT AU PROGRAMME DES CONCERTS DONNÉS PAR LES DIOTIMA ET PAR TILL FELLNER.

Avec Nathalie Piolé (Banzzaï, du lundi au vendredi à 19h), on fait un bond dans le temps : le guitariste Bill Frisell (qui a joué le 2 novembre 2017 dans le cadre d’un quartet) est l’heureux élu. « C’était très doux, très délicat, ça se cherchait, ça s’accrochait parfois, avec ce thème de For what it’s worth, un grand classique chanté par les Buffalo Springfield dans les années 60. » Quant à Arnaud Merlin, il cite un concert programmé par André Francis le 18 mars 1991, qui réunissait Paul Bley au piano, Steve Swallow à la basse et Jimmy Giuffre à la clarinette. « Un trio historique, dont les enregistrements ont été repris par Manfred Eicher, le fondateur du label ECM. Tout Paris était là, et même si le concert a duré à peine une heure, nous étions sur un petit nuage. » Aujourd’hui, Arnaud Merlin a pris le relais d’André Francis et programme à son tour les concerts de jazz du Studio 104. Au programme : des têtes d’affiche (cette saison : Michel Portal, Richard Galliano, en attendant Bobo Stenson et quelques autres), des pépites (André Ceccarelli, Mark Turner, Paolo Fresu…) et des jeunes pousses (Stéphane Kerecki, Roberto Negro, le big band pAn-G…).

Bill Evans © DR

?......... ET

LE PIANO

?

LES 6 ET 11 MARS PROCHAINS, L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE FÊTE LES 80 ANS D’UN DES DERNIERS GRANDS TÉMOINS DE L’ÉCOLE RUSSE DE DIRECTION D’ORCHESTRE, YURI TEMIRKANOV.

D

e l’URSS, durant des décennies, nous n’avons reçu que des disques. Le mythique label Melodiya offrait de magnifiques interprétations de Mahler ou Chostakovitch, dans lesquelles on découvrait un art symphonique à nul autre pareil. À des pages souples, rondes et lyriques succédaient des moments tranchants, rugueux, d’une violence parfois insoutenable. Le son des orchestres soviétiques était inimitable : moins dans une recherche du beau son que de l’authenticité, les instruments brillaient de mille couleurs sauvages. Yuri Temirkanov est l’un des derniers grands témoins de cette époque. Son statut de légende russe n’est plus à dire, depuis qu’il a pris la succession du mythique Evgeny Mravinski (1903-1988) à la tête de l’Orchestre philharmonique de Léningrad (Saint-Pétersbourg depuis 1991). Qu’est-ce que l’école russe aujourd’hui  ? Trompettiste du Philhar, Gilles Mercier est un amoureux du répertoire slave : « Temirkanov est l’un des derniers survivants de cette grande école soviétique, comme Kondrachine,

6 I  11

«

En Russie, les enfants apprennent dès le plus jeune âge à user de larges associations, à être toujours imaginatif afin de pouvoir parler en musique. Andrei Korobeinikov ne s’y trompe pas, tout au moins pas dans cet entretien filmé à l’occasion de son passage à l’Auditorium du Louvre en 2012. Dans son pays, le piano n’est pas qu’un instrument, et fait figure (au même titre que la cathédrale SaintBasile, Dostoïevski ou le bœuf Strogonov) d’une culture enracinée. De Rubinstein à Nikolaïeva, de Haskil à Matsuev, de Horowitz à Berezovsky, Kissin et Avdeeva, le piano russe fait figure d’orthodoxie. Andrei Korobeinikov et Yury Favorin sont de ceux-là. Au premier, on pourra coller l’image d’un maître du théâtre, chantre du contraste et du clair-obscur (écoute sa version toute faustienne de la Sonate en si mineur de Liszt sur Youtube !). Korobeinikov avait le choix de la carrière  : un diplôme d’avocat à dix-sept ans, celui de « meilleur musicien de la décennie » au Conservatoire de Moscou deux ans plus tard. C’est avec une immédiate sensualité que Korobeinikov aborde le clavier. On le voit sur son visage, « vivre » chacun des instants de la musique qui coule sous ses doigts.

»

GUILLAUME MEURICE

Quant à Yury Favorin, l’autre représentant de l’école russe du piano invité cette saison à Radio France, on pourrait lui associer les termes « hardiesse », « audace », ou tout autre mot fleurant bon l’aventure et les chemins sinueux. Favorin ne recule devant rien : jouer le tellurique Orion 3 de Boucourechliev lors du Concours Van Cliburn 2017, démontrer sa fougue dans les œuvres rares d'Alkan qu’il adore (à l’image de son aîné Marc-André Hamelin), ou bien, comme le 7 avril prochain à l’Auditorium de la Maison ronde, dans l’intégralité des Années de pèlerinage. Quoi de mieux que ce voyage initiatique de près de trois heures, en forme d’épopée méditative aux confins de l’amour et de la mort, pour faire ressortir le jeu d’un pianiste qui n’a pour seul limite que son goût immodéré de la musique ellemême ? L. V. Philhar’intime avec le pianiste Andrei Korobeinikov le 10 mars à l’Auditorium de Radio France. Récital de Yur y Favorin le 7 avril à l’Auditorium de Radio France.

19 *  I  26

Guillaume Meurice, chroniqueur sur France Inter, est aussi l’un de ceux qui présentent le portail VOX ! ma chorale interactive.

GUILLAUME MEURICE, QU’EST-CE QUE LE CHANT CHORAL ?

Ce n’est pas vraiment mon domaine ! [rires] Mais l’équipe de Radio France a été rassurante : il fallait surtout un narrateur. Évidemment, j’ai pu ajouter deux ou trois plaisanteries et participer à la mise en scène, mais c’est tout. Je suis en revanche un peu musicien : avec un groupe d’amis, nous sommes en train de concevoir un spectacle musical satirique (qui sera présenté au Café de la Danse, j’en profite pour faire la promotion !). Je prends quelques cours de chant avec un ami qui travaille dans les comédies musicales, et je découvre en ce moment l’univers du chant. Je vais être très honnête : j’étais en maternelle pour ma première, seule et dernière expérience de chant choral sur scène…et j’en suis parti en pleurant  !

QUELLES SONT LES QUALITÉS DU PORTAIL VOX ?

Il serait délicat dans un projet comme celui-ci de diffuser des vidéos d’enfants qui chantent faux [rires] ! Il y a une phrase de Renaud que j’aime bien citer : « L’important n’est pas de chanter juste ou faux mais de chanter vrai. » Au-delà du bon mot, il est important que l’enfant s’exprime, que ce soit par le chant, la peinture ou l’écriture. À mon époque (tant pis si ça fait vieux machin !), et pour évoquer un domaine plus proche de moi, je trouvais que le théâtre était très mal enseigné à l’école. Je me souviens de vieux livres illustrés avec des photographies de Gérard Philipe en costume d’époque. À quinze ans, cela ne nous donnait pas du tout envie de faire du théâtre. Bien plus tard, quand j’ai vraiment découvert la discipline, je me suis dit que nous pouvons réellement nous exprimer et inventer des choses : c’est l’école de la liberté. Je suis convaincu que c’est pareil pour le chant choral. Sur le moment, je m’étais fait la réflexion que les professeurs se faisaient peut-être plaisir avant de travailler sur ce qui convenait le mieux pour les enfants. Je reste certain qu’il devait y avoir dans les photographies de Gérard Philipe dans Lorenzaccio une référence rassurante pour les professeurs. Aujourd’hui, une vraie recherche est faite pour trouver ce qui conviendrait le mieux aux enfants, pédagogiquement, à se développer et à s’épanouir.

CELA VOUS A-T-IL DONNÉ ENVIE D’ENSEIGNER ? LE THÉÂTRE, PAR EXEMPLE ?

VIENT DE PARAÎTRE Yury Favorin © Ralph Lauer / The Cliburn

Yuri Temirkanov © DR

6

Rostropovitch ou Mravinski. Chez ce Gergiev, et plus récemment le trublion dernier, il y avait la synthèse idéale entre grec Teodor Currentzis), Ilya Musin une objectivité musicale, un grand sens déclarait : « Un chef d’orchestre doit rythmique et une maîtrise époustouflante rendre la musique visible aux musiciens de l’architecture d’ensemble. Sous sa par ses mains. » Une déclaration dont direction, les symphonies de Tchaïkovski Gilles Mercier a pu savourer l’exactitude : n’ont rien de sirupeux, mais au contraire « Les chefs russes ont souvent un côté très une résonance plus noire, plus tragique et théâtral. Un musicien comme Guennadi Rojdestvenski ne faisait pas de répétitions dramatique ». S’il fallait poser les prémices de l'école mais offrait au concert des mimiques et russe, il faudrait remonter aux tout des grimaces uniques qui faisaient réagir débuts de la musique russe. Après des l’orchestre de façon extraordinaire. De siècles d’interdit orthodoxe, le pays même, il suffisait à Evgeny Svetlanov, renaît artistiquement de ses cendres. En le romantique par excellence, d’un seul musique, le groupe des Cinq et la création geste, se lever de sa chaise par exemple, du Conservatoire de Saint-Pétersbourg en pour donner une amplitude incroyable à l’orchestre. » On ne 1862 construisent un résistera pas au plaisir nouvel univers. Qu’il d’ajouter que Valery s'agisse de Borodine, Gergiev dirige de nos Moussorgski, RimskiANNIVERSAIRE jours avec un… cureKorsakov, ou de noms YURI TEMIRKANOV dents, ce petit bout moins connus chez nous de bois lui permettant comme Glazounov ou de déclencher les Taneïev, tous partagent orages les plus un attachement paroxystiques comme profond au langage MARS les plus impalpables symphonique occidental Orchestre Philharmonique de Radio France pianissimos. mêlé à un amour vibrant À l’image de Mravinski, des traditions populaires Yuri Temirkanov et folkloriques. Le associe le meilleur de résultat est explosif. Chez les chefs d’orchestre, on retrouve la tradition russe. D’un côté, un amour cette même dualité entre personnalités des grandes courbes mélodiques et des au cosmopolitisme racé comme Serge sonorités rondes et mœlleuses ; de l’autre, Koussevitzky (1874-1951) et figures plus une conduite impérieuse capable de la sanguines comme Nikolaï Golovanov plus stupéfiante intensité. En un seul (1891-1953), qui invente le son riche geste (la fameuse sensibilité russe !), et profond des orchestres russes en comme un félin s’élançant vers sa proie, s’appuyant sur dix contrebasses au c’est tout un continent musical qui surgit. moins, et en privilégiant les nuances et Sous une baguette pareille, Chostakovitch les contrastes les plus expressifs. Tous (Symphonie n°10) et Mahler (Symphonie possèdent un point commun : l’amour n°4) vont sans aucun doute révéler leur du théâtre et la dimension physique de côté tranchant aussi bien que leur sens de l’interprétation. Professeur mythique du l’absurde. Conservatoire de Saint-Pétersbourg (il a formé entre autres Barchaï, Bychkov, Laurent Villarem

QUESTIONS À…

17 I  30

Propos recueillis par Ariane Herbay

VOUS AVEZ DIT ÉCOLE RUSSE

Les murs sont moites et la lumière des réverbères éditeur. Depuis lors, le succès des Sonates D traverse douloureusement la chambre. Voilà 958, D 959 et D 960 n’est jamais retombé. plusieurs heures que Gros, Hölz, König et En 1835, Schumann en dressera une critique Dolezalek ont quitté le salon de Ferdinand. élogieuse dans sa Neue Zeitschrift für Musik  : « Aux notes de l’Opus 131 de Beethoven et Elles sont tout à fait singulières… très différentes aux paroles réconfortantes des amis succède des autres, notamment par une plus grande le silence. Schubert simplicité d’invention. (…) ne veut pas relire Le Le flot musical et mélodieux Dernier des Mohicans coule page après page, SCHUBERT de Fenimore Cooper. Il interrompu de place en ferme les yeux, il écoute place par quelque remous les rumeurs du numéro 6 plus violent, vite calmé. » de la Kettenbrückengasse. Plus près de nous, Wilhelm Épuisé par la fièvre Kempff écrit de cette trilogie MARS typhoïde, il repense aux achevée le 26 septembre : Orchestre National de France Chœur de Radio France derniers vers du Voyage « Nous y sentons le souffle d’hiver dont le second de cet autre monde où nous volume devrait être bientôt retournerons un jour quand édité. Dans le dernier notre mission sur cette terre lied, un joueur de vielle « sera remplie. » MAI tourne la roue, et sa vielle Cette année 1828 fut aussi Quatuor Diaotima* jamais ne cesse de chanter celle d’un premier concert Till Fellner, piano ». Pourvu que ce vers de exclusivement consacré à Wilhelm Müller lui porte ses œuvres nouvelles. Il en chance ! Il ne veut pas rêvait depuis longtemps. partir tout de suite. Il n’a que trente et un ans. Le lieu choisi fut la salle de la Société des amis Il s’était même remis à l’étude du contrepoint. de la musique. La date n’avait rien d’anodin puisque le 26 mars correspond à l’anniversaire La Symphonie achevée de la mort de Beethoven. Au programme figuraient, en création, les lieder Die Sterne, L’année 1828 avait tout pour être belle. Elle Der Kreuzzug, Der Wanderer and der Mond avait commencé d’ailleurs de manière assez ou encore Ständchen, mais aussi un nouveau traditionnelle : une fête du Nouvel an arrosée de Trio pour pianoforte, violon et violoncelle malaga donnée chez Franz von Hartmann en D 929 composé en novembre 1827, celuicompagnie de ses amis. Les vœux de bonheur là même qu’utilisera Stanley Kubrick dans se sont accomplis pour deux d’entre eux, Spaun Barry Lyndon, et le « Premier mouvement d’un et Schwind, qui se sont fiancés au printemps, nouveau quatuor à cordes exécuté par Böhm, à quelques jours d’intervalle. Du point de vue Holz Weiss et Linke. D 887 ». Cette œuvre de la composition, ce fut une année féconde achevée en 1826 n’est autre que le Quatuor à en chefs-d’œuvre. Côté musique de chambre cordes n°15 en sol majeur, le dernier écrit par avec le Quintette à deux violoncelles, côté lied Schubert – en dix jours seulement. Si la tonalité avec la composition du Chant du cygne, sans de sol majeur est clairement revendiquée, ces oublier la musique sacrée avec une Messe en pages ne sonnent jamais comme tranquilles et mi bémol majeur. Le printemps 1828 fut aussi lumineuses. Les changements de tonalité sont celui de la réconciliation avec un genre musical abrupts, les thèmes et motifs semblent sans délaissé depuis plusieurs années : composée en trajectoires et sont coupés par un silence qui quelques mois seulement, la brillante Symphonie interrompt le discours de manière imprévisible. n°9 en ut majeur sonne comme une revanche Ce même silence imprévisible que laisse Franz face à l’inachèvement de certaine Symphonie Peter Schubert derrière lui le 19 novembre en si mineur écrite six ans plus tôt. 1828. À ses côtés on retrouvera un exercice de Mais la symphonie et la messe ne sont pas les composition : une petite fugue. seuls genres retrouvés par Schubert lors de cette nouvelle année. Aux côtés de la Fantaisie à quatre Max Dozolme mains en fa mineur, qu’il a créée avec Lachner au début de l’année, et des Trois Klavierstücke D 946, il présente un triptyque pianistique d’une grande ambition. « J’ai composé entre autres trois sonates pour pianoforte seul, que je voudrais dédier à Hummel. (…) J’ai beaucoup joué ces sonates en différents endroits avec beaucoup de succès   », écrit-il à Probst, son

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© Ch. Abramowitz

LA LETTRE N° 7 – PRINTEMPS 2019

L'ORGUE, LE JAZZ ET LE GROOVE

LE CHARLES CROS POUR VILDE FRANG !

« Journey around the Truth », tel est le titre du disque enregistré par Andy Emler (orgue) et Dave Liebman (saxophone), dans la foulée du concert qui eut lieu le 21 février 2018 à l’Auditorium de Radio France. Cet enregistrement paraîtra le 22 mars dans la collection « Radio France/Signature ».

L’enregistrement consacré par Vilde Frang et Mikko Franck, à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, au Premier Concerto pour violon de Bartók et à l’Octuor d’Enescu, a reçu de nombreuses distinctions et très récemment, le Grand Prix de l’Académie Charles Cros.

J’étais l’assistant d’un professeur au cours Florent. Après les trois années de classes, ce cours offre la possibilité de rester pour assister, et vraiment j’ai adoré ça. On peut être mauvais comédien, mauvais metteur en scène et très bon pédagogue. L’inverse est également vrai, évidemment. Au-delà de la transmission, il est passionnant d’apprendre à des êtres humains à devenir ce qu’ils vont être. Propos recueillis par Christophe Dilys


AVRIL

MARS 2 MARS — 20H

AUDITORIUM

Symphonique

MA.

2 AVR. — 20H

AUDITORIUM

Musique chorale

SA.

25 MAI — 14H30 - 17H

STUDIO 104

Jeune public

MOUSSORGSKI / RAVEL Tableaux d’une exposition

D’UNE ÉPOQUE À L’AUTRE

PETIT GUIDE ILLUSTRÉ DE LA GRANDE MUSIQUE

Orchestre Philharmonique de Radio France / K. Urbanski / J. Bell / M. Metzger / H. Viallon / N. Saint-Yves / G. Benlolo

Maîtrise de Radio France / S. Jeannin / T. Ospital

Orchestre National de France / J. Sir vend / S. Quindou / G. Vanson

SA.

2 MARS — 20H30

STUDIO 104

Concert-fiction en coproduction avec France Culture BRADBURY Fahrenheit 451

6 MARS — 20H

AUDITORIUM

Symphonique

Orchestre Philharmonique de Radio France / Y. Temirkanov / A. Korobeinikov / A. Baty

7 MARS — 20H

JE.

AUDITORIUM

Symphonique BRAHMS Symphonie no 2

9 MARS — 20H30

10 MARS — 16H

DI.

AUDITORIUM

Musique de chambre

PHILHARMONIE DE PARIS

Orchestre Philharmonique de Radio France / Y. Temirkanov / G. Shaham / R. Harnisch AUDITORIUM

Symphonique BRAHMS Un requiem allemand

6 — 20H45 DI.7 AVR. — 17H

SA.

LES GÉMEAUX, SCEAUX

Musique chorale

Chœur de Radio France / R. Hayrabédian / B. Vignudelli / L. Dugué / P. Ivorra

7 AVR. — 16H

AUDITORIUM

10 AVR. — 20H

ME.

MIDI TRENTE DU NATIONAL MENDELSSOHN / BRAHMS

12 AVR. — 20H

AUDITORIUM

Symphonique Stanley Kubrick DE SHINING À 2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE

Orchestre Philharmonique de Radio France / Chœur de Radio France / A. Gilbert / Z. Pad / B. Chamayou

17 MARS — 17H

DI.

GRAND REX

Symphonique Stanley Kubrick CINÉ-CONCERT 2001 : L’Odyssée de l’Espace sur écran géant

19 AVR. — 19H30

Symphonique BACH Passion selon saint Matthieu

AUDITORIUM

Symphonique

Orchestre Philharmonique de Radio France / N. Alstaedt / J. Rondeau / V. Cochard / A. Millet / R. Guieu / C. Cournot

ROBERTO NEGRO SOLO / LOUIS SCLAVIS QUARTET « CHARACTERS ON THE WALL » JE.

25 AVR. — 20H

AUDITORIUM

Symphonique

EMMANUEL KRIVINE Concerto pour orchestre

26 AVR. — 20H30

PHILHARMONIE DE PARIS

Symphonique

BONDY

Musique chorale

CONTES ET FABLES D’ICI ET D’AILLEURS Maîtrise de Radio France / M. Jourdain / Y. Hereau / L. Sananes

19 MARS — 20H

27 AVR. — 20H

Tous en scène

ORCHESTRE DES LYCÉES FRANÇAIS DU MONDE Musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Radio France / Orchestre des Lycées français du monde / A. Tanus AUDITORIUM

EDGAR MOREAU Don Quichotte

Orchestre Philharmonique de Radio France / L. Shani / M. Ozone / E. Moreau / J-P. Kuzma / C. De Vençay STUDIO 104

MENDELSSOHN Symphonie italienne Orchestre Philharmonique de Radio France / M. Suzuki / X. de Maistre /A. Madoni / C. Baleton / J. Pasquier / J. Maillard

MAI JE.

2 MAI — 20H

AUDITORIUM

Symphonique BERLIOZ Symphonie fantastique

Orchestre Philharmonique de Radio France/ M. Franck / H. Hahn

12 MAI — 15H

DI.

Symphonique

GRAND THÉÂTRE AIX-EN-PROVENCE

VIVA L'ORCHESTRA Orchestre National de France / Orchestre des grands amateurs de Radio France / J. Sir vend réser vation sur lestheatres.net

INA GRM

Présences électronique STUDIO 104

12 MAI — 16H

DI.

Symphonique

CONTES ET FABLES D'ICI ET D'AILLEURS Maîtrise de Radio France / M. Jourdain / Y. Hereau / L. Sananes AUDITORIUM

Ensemble Correspondances / S. Daucé / S. Karthäuser

15 MAI — 20H

ME.

Brahms / Ligeti / Liszt / Wagner N. Laube AUDITORIUM

17 MAI — 12H30

VE.

BERLIOZ CENT-CINQUANTE ANS APRÈS

Musique de chambre

Boëly / Berlioz / Franck L. Desandre / L. Berthaud / Y. Lafargue

MIDI TRENTE DU NATIONAL BOCCHERINI / MOZART / PROKOFIEV

30 MARS — 20H

AUDITORIUM

L'ART DE LA TRANSCRIPTION

31 MARS — 16H

Symphonique

Tous en scène

AUDITORIUM

BEETHOVEN Triple Concerto Orchestre Philharmonique de Radio France / B. Chamayou / V. Frang / S. Gabetta / H. Devilleneuve / N. Baldeyrou / J. Hardy / A. Dreyfuss

AUDITORIUM

CENT-CINQUANTENAIRE BERLIOZ Orchestre Philharmonique de Radio France / Maîtrise de Radio France / Chœur de collégiens de Paris / Musiciens des Lycées Racine et Brassens de Paris / J. Leroy / M-N. Maerten

18 MAI — 20H30

SA.

Chœur de Radio France / M. Batič / D. Selig / B. Trouchaud / G. Benlolo / J. Bonnaffé DI.

17 MAI — 20H

VE.

Orchestre Philharmonique de Radio France / S. Mälkki / R. Muraro / C. Millar

Musique chorale

STUDIO 104

Musiciens de l'Orchestre National de France / S. de Ville AUDITIORIUM

MESSIAEN Turangalîla

SA.

AUDITORIUM

LISZT, DU PIANO À L'ORGUE

Quatuor Ébène

Symphonique

AUDITORIUM

LEÇONS DE TÉNÈBRES

Orgue

BEETHOVEN / BRAHMS

29 MARS — 20H

MA.

28 MAI — 20H30

Musique chorale ROSSINI Stabat Mater

PHILHARMONIE DE PARIS

Orchestre de chambre de Paris / Chœur de Radio France / D. Hindoyan / M. Batič / S. Yoncheva / C. Amarù / C. Albelo / R. Tagliavini

RESTAURANT RADIŒAT Grande hauteur sous plafond et grandes baies vitrées : le nouveau restaurant de 148 couverts et le bar apportent leur touche de plaisir et de spectacle à ce décor vivant qu’est Radio France. Restaurant panoramique de Radio France. Ouvert midi et soir 7/7, 1er étage Galerie Seine. Bar ouvert le soir, du mardi au samedi de 18h à 2h du matin, 2e étage. Réservations : 01 47 20 00 29 eat@radiœat.com 7 CHAÎNES RADIO, PARTENAIRES DES FORMATIONS MUSICALES DE RADIO FRANCE

INFORMATIONS PRATIQUES BILLETTERIE Sur internet maisondelaradio.fr Par téléphone 01 56 40 15 16 à partir de 10h Au guichet Accès par l’entrée Porte Seine, du lundi au samedi de 11h à 18h. Inscrivez-vous à la newsletter sur maisondelaradio.fr

INFOS VIGIPIRATE Conformément au plan Vigipirate et afin d’assurer la sécurité des visiteurs, Radio France applique les mesures préventives décidées par le Gouvernement. Radio France est ouvert dans les conditions habituelles. Les valises, les sacs de voyage et les sacs à dos de taille supérieure au format A3 sont interdits à Radio France ainsi que tous objets tranchants (canifs, couteaux, cutters…). Les visiteurs sont invités à prendre connaissance de l’ensemble des mesures de sécurité, en consultant le site maisondelaradio.fr. La Délégation Accueil et Sécurité peut être amenée à prendre, sans information préalable, toute disposition qu’elle jugera utile. Radio France remercie par avance ses visiteurs de faire preuve de compréhension quant au ralentissement induit par les contrôles de sécurité aux entrées.

AUDITORIUM

Symphonique

AUDITORIUM

MA.

VE.

Pré-Maîtrise de Radio France /M-N. Maerten / B. Perbost

Orchestre Philharmonique de Radio France / M. Franck / N. Freire SA.

19 MARS — 19H

MA.

27 MARS — 20H

STUDIO 104

CHOPIN NELSON FREIRE

STANLEY KUBRICK Barry Lyndon Tribute

Orgue

20 AVR. — 20H30

Jazz

VE.

17 MARS — 20H

DI.

26 MARS — 20H30

THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES

Orchestre National de France / E. Krivine / P. Pierlot / M. Lebert / P. Messina / P. Hanon / V. Léonard / J. Dugers / M. Bauer / D. Benetti

Orchestre National de France / Chœur de Radio France / P-J. de Bœr / Z. Pad

Musique de chambre

AUDITORIUM

Symphonique

SA.

16 MARS — 20H

Musique chorale

LE PETIT POUCET

HANDICAP Les salles de concert sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Les titulaires d’une carte « mobilité inclusion » et leurs accompagnateurs peuvent bénéficier d’un tarif réduit. Information et réservation uniquement au guichet ou par téléphone au 01 56 40 15 16.

Orchestre National de France / Chœur de Radio France / Maîtrise de Radio France / V. Luks / E. Caswell / S. Jeannin

SA.

26 MARS — 20H

STUDIO 104

T. Ospital / J-C. Gengembre

Musiciens de l'Orchestre National de France / S. de Ville

22 AU DI.24 MARS

28 MAI — 20H

Musique chorale

AUDITORIUM

Orgue

Orchestre Philharmonique de Radio France / M-W. Chung / L. Kavakos

STUDIO 104

Musique de chambre

Création contemporaine

MA.

Y. Favorin

VE.

15 MARS — 12H30

VE.

Symphonique

T. Fellner

LISZT ANNÉES DE PÉLERINAGE

BRUCKNER / MYUNG-WHUN CHUNG

Orchestre National de France / Chœur de Radio France / E. Krivine /M. Batič / R. Mühlemann / R. Rosen

ME.

à partir de 8 ans

VE.

14 MARS — 20H

JE.

21 MARS — 20H

AUDITORIUM

MOZART / STRAVINSKY / GUILLOU / BARTÓK / LACÔTE

ANNIVERSAIRE YURI TEMIRKANOV 2

MA.

AUDITORIUM

Récital de piano

Musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Radio France / A. Korobeinikov

PHILHARMONIE DE PARIS

SCHUBERT

6 AVR. — 17H

SA.

DI.

PHILHAR’ INTIME CHOSTAKOVITCH / GENGEMBRE

26 MAI — 16H

Récital de piano

FAURÉ / DEBUSSY / RAVEL / POULENC / LAURIDSEN

MARK TURNER QUARTET / FRED HERSCH SOLO

MA.

DI.

Orchestre Philharmonique de Radio France / Maîtrise de Radio France / S. Jeannin

Orchestre National de France / F. Mildenberger / N. Stoufflet

STUDIO 104

Jazz

25 MAI — 20H30

Orchestre Philharmonique de Radio France / Chœur de Radio France /Chœur de l'armée française / Maîtrise de Radio France / Chœur d'enfants de l'Orchestre de Paris / Maîtrise Notre-Dame de Paris / K. Yamada / M. Alber / S. Jeannin / E. Fleur y / B. Chamayou / B. Banks / T. Ospital

LE PETIT PRINCE EN CHANSON

CONCERT DU JEU DES 1 000 €

SA.

DU VE.

à partir de 7 ans

Symphonique

Orchestre National de France / E. Krivine / Y. Bronfman

JE.

STUDIO 104

Jeune public

ANNIVERSAIRE YURI TEMIRKANOV 1

11 MARS — 20H30

6 AVR. — 15H

SA.

SA.

Symphonique BERLIOZ Te Deum

Orchestre National de France / M. Alsop / K. Baráti

ME.

Symphonique

AUDITORIUM

Symphonique

GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS BRUCH Concerto pour violon

Quatuor Ellipse / Q. Sirjacq / A. Plank / P. Thimonnier

LU.

4 AVR. — 20H

JE.

ACCÈS AUX SALLES Les portes ouvrent 45 minutes avant le début de chaque concert. Le placement n’est plus garanti après l’heure indiquée sur le billet. L’accès aux salles est interdit aux enfants de moins de trois ans, le personnel de salle se réserve le droit de refuser l’entrée. Le règlement complet d’accès à Radio France est disponible sur maisondelaradio.fr. Spectateurs en retard : les retardataires seront accueillis et placés pendant les pauses ou à l’entracte. Aucun échange ou remboursement ne sera possible. Vestiaires : des vestiaires gratuits sont à votre disposition. Programmes de salle : les programmes de salle sont distribués gratuitement au début de chaque concert (sous réserve de modification). Des brochures d’information sont disponibles dans le hall. Tous les programmes sur maisondelaradio.fr.

Jazz

STUDIO 104

ORBIT - TRIO OLIVA/BOISSEAU/RAINEY PAOLO FRESU DEVIL QUARTET « CARPE DIEM »

19 MAI — 16H

DI.

Musique de chambre

AUDITORIUM

QUATUOR DIOTIMA Bartók / Schubert JE.

23 MAI — 20H

Symphonique

AUDITORIUM

WAGNER / EMMANUEL KRIVINE Orchestre National de France / E. Krivine / A. Petersen

ABONNEZ-VOUS Abonnement libre à partir de 4 concerts : 15% de réduction*. 4 formules thématiques : 15 % de réduction*. Symphonique I, la sélection de Frédéric Lodéon / Symphonique II la sélection de Saskia de Ville / Jeune Public la sélection d’Aurélie Moreau et Audace la sélection de Benjamin François. Pass jeune Moins de 28 ans : 4 billets pour 28 €*. Il peut être acheté sur le site ou au guichet et peut être utilisé tout au long de la saison en une ou plusieurs fois, seul ou entre amis (âgés de moins de 28 ans) et dans la limite des places disponibles au moment de la réservation pour chaque concert. Profitez de nombreux avantages Abonnés à découvrir sur notre site maisondelaradio.fr.

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SAISON 19-20 LANCEMENT LE 11 AVRIL  MAISON DELA RADIO.FR

*Hors productions extérieures Voir détail et conditions sur maisondelaradio.fr TOUTE L’ANNÉE Moins de 28 ans : Chaque début de mois un quota de places limité à 10 €. Disponible sur une liste de concerts sur maisondelaradio.fr. Jusqu’à 50 % de réduction sur les ventes de billets à l’unité, pour les demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, ASPA. Réservations au guichet ou par téléphone, un justificatif vous sera demandé au moment de l’achat ou du retrait des billets. Tarif dernière minute sur place 30 minutes avant le concert : 25 € pour les concerts en tarifs A et B, 10 € pour les concerts en tarifs C et D. Dans la limite des places disponibles. Groupes d’amis, collectivités, comités d’entreprise : Jusqu’à 20 % de réduction (hors productions extérieures). Nous contacter : collectivites@radiofrance.com / 01 56 40 15 16. Associations d’élèves (BDA/BDE) : Un tarif spécifique de 7 € est réservé pour vos adhérents de moins de 28 ans (hors productions extérieures). Nous contacter : collectivites@radiofrance.com / 01 56 40 15 16. CHÈQUES CADEAUX Achetez vos chèques cadeaux d’un montant maximum de 200 €. Le chèque cadeau est valable 1 an à compter de sa date d’achat et peut être utilisé à la billetterie de Radio France ou sur maisondelaradio.fr pour la réservation d’abonnements, concerts, concerts-Fictions, visites guidées, ateliers jeunes public… Le chèque est à usage unique, aucun avoir ni rendu de monnaie ne sera effectué. INFORMATIONS Les billets ne sont ni repris ni échangés. Paiement immédiat pour tout achat effectué dans les 10 jours qui précèdent la représentation. Toute réservation non payée 10 jours avant la date du concert sera systématiquement remise à la vente. Si le concert doit être interrompu au-delà de la moitié de sa durée, les billets ne sont pas remboursés. Les billets peuvent être retirés au guichet une heure avant le début des représentations.

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION : SIBYLE VEIL LA LETTRE EST UNE PUBLICATION DE LA DIRECTION DE LA MUSIQUE ET DE LA CRÉATION DE RADIO FRANCE. DIRECTEUR : MICHEL ORIER DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : DENIS BRETIN COORDINATION ÉDITORIALE : CAMILLE GRABOWSKI RÉDACTEUR EN CHEF : CHRISTIAN WASSELIN COORDINATION DE LA PUBLICATION : SONIA VERDIÈRE DESIGN GRAPHIQUE : HIND MEZIANE-MAVOUNGOU IMPRIMEUR : IMPRIMERIE COURAND & ASSOCIÉS LICENCES N° 1 1077517, 2 1077518, 3 1077519

Programme donné sous réserve de modifications.

Illustration : François Olislaeger

SA.


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