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Pénurie des matières premières
La pénurie de matières premières entraîne une hausse significative des prix des matériaux de construction et engendre de nombreux retards de chantiers. Geoffrey Castagna, Head of Technical and Project Management, nous explique les raisons de ce phénomène et ses conséquences sur le marché. ▶
Fortement impacté par la crise du Coronavirus, le secteur de la construction espérait profiter de la reprise économique attendue en 2021 pour relancer pleinement ses activités et tirer un trait définitif sur une année 2020 morose. C’était sans compter sur une pénurie de matériaux de construction venue frapper de manière aussi soudaine que brutale le secteur en début d’année. «Le bois, le verre, l’aluminium, les matériaux isolants… De nombreux matériaux sont concernés par cette pénurie mondiale, confirme Geoffrey Castagna, Head of Technical and Project Management. Cette pénurie entraîne de graves conséquences, parmi lesquelles notamment une envolée des prix et des délais d’approvisionnement rallongés. Pour certains équipements comme les moteurs électriques, les portes ou les cloisons amovibles, le temps d’approvisionnement a été multiplié par deux. Tout cela implique, par effet boule de neige, de nombreux retards dans la réalisation des travaux et donc dans la livraison des chantiers.»
Les raisons de cette envolée
Cette pénurie de matériaux, qui ne frappe pas seulement le Luxembourg, est la conséquence de plusieurs phénomènes. Les différentes mesures de confinement liées à la crise, tout d’abord, ont nécessité l’arrêt total des usines fabriquant ces matériaux. «Le fait qu’elles n’aient ensuite redémarré que partiellement a fortement ralenti la production, explique Geoffrey Castagna. L’autre raison à cette pénurie et à cette envolée des prix, c’est la forte reprise économique sur les marchés chinois et américain, provoquant une explosion de la demande de leur côté.» Concernant le bois, la taxe sur les importations canadiennes mise en place en 2017 par Donald Trump a dégradé les relations entre les deux pays. Si bien que les USA, grands consommateurs de bois, se sont tournés vers le marché européen pour s’approvisionner, en n’hésitant pas à payer le triple du prix. Cela a eu pour effet de réduire considérablement les stocks de bois européen et surtout de faire exploser les prix. «Enfin, la récente envolée du coût de l’énergie, conséquence elle aussi de la reprise, engendre un surcoût pour l’ensemble de ces matériaux, devenus plus chers à fabriquer», souligne Geoffrey Castagna.
Les chiffres donnent le tournis. Depuis le début de l’année, on estime que le prix du bois a augmenté d’environ 30%, l’acier et les matières isolantes de 30 à 35%. Une hausse brutale des prix qui se répercute naturellement sur le prix final des bâtiments. «Nous estimons qu’il faut aujourd’hui compter entre 15 et 20% d’augmentation sur des travaux de rénovation et d’aménagement de bureaux. À titre d’exemple, pour la remise en pristin état d’une surface de bureaux de plus ou moins 850m2, nous avions tablé sur un budget de +/- 200000€, au premier trimestre 2021. Au moment de la réception de l’ensemble des offres des différents prestataires (parachèvement, électricité, peinture, revêtement de sol, sanitaires…), on arrivait à un montant de… 240000 euros, ce qui est évidemment loin d’être négligeable.»
Selon le Statec, l’indice des prix de la construction a augmenté de 4,3% entre octobre 2020 et avril 2021. Il s’agit de la plus forte évolution semestrielle observée depuis… avril 1992! Au-delà de l’inquiétude générée par cette flambée des prix, de nombreux observateurs craignent de voir les faillites se multiplier dans le secteur de la construction si la situation venait à persister.
À quand un retour à la normale?
Une question est donc sur toutes les lèvres: quand les prix retrouveront-ils leur niveau d’avant-crise? «Comme il était impossible de prévoir cette hausse soudaine des prix, il est compliqué de se prononcer sur une éventuelle baisse dans les prochains mois, avoue Geoffrey Castagna. À ce jour, il n’y a en tout cas aucun signe d’amélioration pour le début de l’année 2022.
Au contraire: au début du mois de novembre, plusieurs sociétés de la place nous ont avertis de nouvelles augmentations tarifaires, allant parfois au-delà de 20% pour certains matériaux de parachèvement. Dans un contexte actuel aussi changeant, il est difficile de savoir quand la situation retrouvera une certaine normalité.» Dans un scénario plus inquiétant encore, on pourrait également se questionner sur le caractère définitif, ou non, de cette hausse des prix. «Si cette hausse n’était pas ponctuelle mais bien définitive, cela aurait forcément un impact considérable sur le pouvoir d’achat des gens, explique Geoffrey Castagna. Toutefois, à l’heure actuelle, on constate que la demande est toujours bien supérieure par rapport à l’offre.»
Des carnets de commande pleins
Face à cette pénurie exceptionnelle, de nombreuses sociétés de construction ont été contraintes d’avoir recours au chômage partiel, faute de matériaux disponibles. Une situation rageante pour les entreprises luxembourgeoises, dont les carnets de commande sont pleins à craquer depuis la deuxième partie de l’année. «Si le début de 2021 a été plutôt calme, on constate une énorme demande depuis le deuxième semestre de l’année, ce qui est un peu paradoxal au regard des prix élevés des matériaux. Les autres années, nous ressentions une réelle pression à partir du mois de novembre. Cette année, nous travaillons vraiment à flux tendu depuis la reprise des congés collectifs, fin août, explique Geoffrey Castagna. Sans oublier que les inondations de juillet dernier et les nombreux dégâts qu’elles ont provoqués ont accentué encore cette charge de travail pour le secteur du bâtiment.»
Au-delà de la pénurie de matériaux qu’elle engendre, cette relance fait resurgir le spectre du manque de main-d’œuvre qualifiée au Luxembourg. Selon une étude menée par la Chambre des métiers, au 2e trimestre 2021, un quart des entreprises indiquait que le manque de main-d’œuvre qualifiée entravait leur activité. «Cette tension forte que l’on ressent aujourd’hui pourrait être soulagée si, en effet, nous pouvions compter sur davantage de main-d’œuvre qualifiée. Pour nous, le véritable challenge Geoffrey Castagna
Head of tecHnical and Project ManageMent
aujourd’hui se situe au niveau des compétences et donc par la formation. Et cela concerne vraiment tous les corps de métier», confirme Geoffrey Castagna.
Le rôle d’INOWAI
Deux ans après le début de la crise sanitaire, celle-ci continue d’impacter les entreprises sur les plans économique et financier. Face à cette nouvelle crise inédite, le rôle premier d’INOWAI, en tant que leader de l’immobilier au Luxembourg, est de fournir à ses clients toutes les clés de compréhension. «Tout le monde n’est pas forcément au fait de l’actualité. En premier lieu, il est donc de notre devoir d’informer nos clients sur les raisons de cette pénurie et les conséquences que cela implique sur leur projet, tant au niveau financier qu’en termes de planification et de délais. En agissant de manière totalement transparente, nous leur permettons d’avoir toutes les cartes en main pour prendre les meilleures décisions et leur éviter les mauvaises surprises, explique Geoffrey Castagna. Une fois notre client parfaitement informé de la situation, notre rôle est de lui proposer un certain nombre de solutions techniques et financières pour lui permettre de voir son projet aboutir le plus rapidement possible, sans faire exploser sa facture. De manière générale, et nous les en remercions, nos clients sont très compréhensifs vis-à-vis de cette situation exceptionnelle.»