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JEAN-LOUIS ZEIEN
Plus une économie est globalisée, plus elle est soumise au risque que certains secteurs économiques soient impliqués au niveau de violations de droits humains dans leur chaîne de valeur. Face à ce constat, peut-on se permettre, au Luxembourg, de continuer à fermer les yeux et de plaider pour un simple engagement volontaire des entreprises ?
Certaines associations patronales ont milité, en février 2021, lors de la consultation publique par la Commission européenne, pour contrecarrer toute législation en affirmant que des mesures volontaires sont tout à fait suffisantes. Donc pas de législation, ni européenne ni nationale.
Comment peuvent-elles oser revendiquer cela, alors que l’Organisation internationale du travail et l’Unicef ont averti en 2021 que le nombre d’enfants victimes du travail des enfants s’élève à 160 millions dans le monde, soit près d’un enfant sur dix ?
Un exemple révélateur : en 2000, l’industrie du chocolat avait pris l’engagement d’éradiquer le travail des enfants avec des initiatives volontaires jusqu’en 2005 ! Après deux décennies de promesses non tenues et de projets pilotes, c’est évident : le volontaire a échoué. Des rapports récents montrent que plus de 1,5 million d’enfants travaillent dans des conditions dangereuses dans les cacaoyères au Ghana et en Côte d’Ivoire. Aussi longtemps qu’un morceau de chocolat que nous mangeons aura le goût amer de l’exploitation d’enfants ou même de leur esclavage sur des plantations de cacao, nous aurons un problème sur le plan du respect des droits humains. Jean-Louis Zeien
Co-coordinateur de l’Initiative pour un devoir de vigilance
L’exemple actuel du dossier NSO avec l’espionnage de journalistes par le logiciel Pegasus, dans lequel sont citées des entreprises de ce groupe ayant leur siège au Luxembourg, démontre également les limites actuelles de la politique en cas d’activités économiques qui risquent d’entrer en violation avec les droits humains.
Il est donc grand temps d’agir. Introduire une législation d’un devoir de diligence au Luxembourg, c’est précisément mettre le respect des droits humains au centre des activités économiques. Ainsi, le respect des droits humains fera partie de l’ADN des entreprises. Le secteur de la finance connaît, par exemple, le principe de l’obligation d’une diligence raisonnable quant au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Alors, pourquoi le respect des droits humains devrait-il être moins important que ces deux activités illégales ?
Le mois prochain, il y aura des élections. Le Luxembourg se présente pour avoir un siège au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Ne faudrait-il pas être parmi les premiers à garantir une protection des hommes, des femmes et des enfants contre les atteintes aux droits humains dans le cadre d’activités économiques ?
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