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... Mes enfants entreront dans le monde professionnel

Guerre, tensions géopolitiques, crise climatique… S’il rêve d’un avenir prospère pour ses enfants, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, sait aussi que cela demandera de nombreuses remises en question et des actes forts.

Mes enfants entameront leur vie professionnelle dans quelques années. Le monde qui s’offrira à eux est en train d’être formé par les événements que nous vivons actuellement. L’envolée des prix de l’énergie nous touche tous – certains plus que d’autres, certes. Mais bien plus touchées que nous sont les victimes de la guerre d’agression que Poutine mène en Ukraine grâce, largement, aux recettes que continuent de générer pour lui nos besoins énergétiques. La solution ne passe pas par le fait de payer davantage pour nous chauffer ou pour rouler en voiture, car cet argent continue d’alimenter la machine de guerre. Elle passe par de réelles économies d’énergie, un changement de nos habitudes et une réorientation de nos sources d’énergie.

La hausse des prix de l’énergie, et du coût de la vie en général, ne manquera pas de provoquer une montée en force des démagogues et populistes qui exploitent les craintes et les frustrations des gens sans proposer autre chose que des solutions simplistes, et dont le prix sera payé par les générations à venir. Je reste convaincu, et la pandémie l’a démontré, qu’il vaut mieux, en temps de crise – et en dehors aussi d’ailleurs –, être gouverné par des gens compétents qui sont prêts à prendre des décisions difficiles plutôt que par des girouettes qui tournent au gré des sondages. Un repli sur soi, un cloisonnement des marchés, une volonté de déglobaliser en rapatriant des activités économiques seraient de très mauvaises réponses aux crises que nous vivons. De toute évidence, il n’est pas sage de dépendre d’un seul pays pour des biens essentiels en temps de pandémie, tout comme il est encore moins sage de dépendre à 90 % d’une seule entreprise pour produire des biens aussi importants que des semi-conducteurs. La réponse est alors plutôt dans la diversification des partenaires que dans le rapatriement de ces activités. La globalisation de nos économies n’était certes pas parfaite, mais elle reste de loin préférable à un monde fragmenté. Ce qui vaut pour le commerce vaut aussi pour les investissements. Le monde de la finance a besoin que des flux financiers soient possibles entre les parts du monde où du capital est disponible vers des pays dans lesquels des projets économiques sont en attente de financement. Mais surtout, pour croître, nos économies ont besoin de pouvoir bénéficier de ces flux de capitaux. Nous y gagnons tous. Au-delà de la crise actuelle se dessine déjà une crise encore plus grande, qui est celle vers laquelle les États-Unis et la Chine semblent avoir engagé une marche inexorable. Ayant vécu dans ces deux magnifiques pays, je ne veux même pas imaginer une telle conflagration. Je crains les conséquences du découplage entre les deux principales économies mondiales, et encore davantage une véritable fragmentation entre différents blocs comme celle que le monde a connue lors de la seconde moitié du siècle passé. Nous y perdrions tous.

Enfin, le changement climatique devient chaque jour une réalité plus évidente. Malgré l’accord de Paris de 2015, nos efforts pour atteindre les objectifs sont insuffisants et, en restant sur la trajectoire actuelle, nous allons droit vers une catastrophe climatique. Nous devons non seulement faire preuve de créativité pour développer de nouvelles solutions et de nouveaux produits financiers qui ont pour objet d’aider à réaliser les objectifs de la transition énergétique, mais nous devons aussi faire preuve de détermination pour accélérer cette transition et élargir nos efforts aux objectifs d’une durabilité au sens plus large. Même si je peux parfois me sentir dépassé par tous les événements que nous vivons, je ne veux pas me résoudre à les subir. Je veux aider à façonner un monde dans lequel nos enfants peuvent vivre et être heureux, un monde dans lequel ils peuvent réaliser leurs rêves. Le jour où mes enfants et toute leur génération entreront dans le monde professionnel, j’espère qu’ils trouveront un monde qui offre autant d’opportunités que j’ai eu la chance d’en trouver quand j’ai commencé ma vie professionnelle.

Pour Nicolas Mackel, la globalisation de nos économies n’était certes pas parfaite, mais elle reste de loin préférable à un monde fragmenté et déchiré.

Jan Hanrion (archives) Photo

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