16 minute read
FACE-À-FACE CORINNE LAMESCH ET TANGUY VAN DE WERVE
« L’industrie des fonds face à un défi de transition majeur »
L’industrie des fonds d’investissement doit composer avec un contexte macroéconomique plus incertain que jamais. Analyse des enjeux avec Corinne Lamesch, présidente de l’ALFI, et Tanguy van de Werve, directeur général de l’Efama.
Après une année 2021 exceptionnelle pour les marchés financiers, 2022 est marquée par une grande incertitude. Quel état des lieux des derniers mois écoulés peut-on dresser ?
TANGUY VAN DE WERVE (T. V. D. W.) Effectivement, 2021 aura été une année exceptionnelle pour la gestion d’actifs, avec une hausse significative des encours et des revenus. Le point de départ pour cette année 2022 se situait, dès lors, à un niveau élevé. Les premiers mois de cette année ont été marqués par des rachats qui ont concerné de nombreuses classes d’actifs, avec des dégagements relativement importants sur les segments obligataire et monétaire dès le mois de janvier. Cette tendance s’est propagée aux actions à la suite de la guerre en Ukraine et aux conséquences et incertitudes qu’elle engendre. À contre-courant, les fonds mixtes et les ETF ont enregistré des souscriptions nettes. À ce jour, on assiste à une forte baisse des actifs sous gestion, essentiellement due au recul important des marchés. CORINNE LAMESCH (C. L.) Les indicateurs de l’industrie, au niveau du Luxembourg, font écho à ces tendances européennes évoquées par Tanguy. En 2021, le volume d’actifs sous gestion a connu une croissance de 18 %, atteignant un pic à 5.859,5 milliards d’euros. Si toutes les classes d’actifs ont profité de cette hausse, elle a été principalement portée par les fonds
« L’éducation financière est de nature à contribuer à la réduction des inégalités. »
ESG ainsi que par les fonds alternatifs. Depuis l’invasion russe en Ukraine et le bouleversement de l’ordre mondial qui en découle, tant sur le plan humanitaire qu’économique, les marchés sont en proie à une forte incertitude. On constate une tendance inflationniste forte, notamment due à une pénurie des matières premières énergétiques et alimentaires, que les banques centrales tentent de contrer avec une hausse des taux d’intérêt. Au Luxembourg, on a assisté à une baisse de l’encours sous gestion de 700 milliards d’euros (-15 %). Celle-ci est due principalement, pour 85 %, à l’impact des marchés financiers et, dans une moindre mesure, pour 15 %, à des opérations de rachats par les investisseurs.
Quel est l’impact de l’accroissement de la volatilité sur le comportement des investisseurs ? C. L. Les événements actuels engendrent une crainte des investisseurs plus importante que celle créée par la pandémie en 2020. À ce moment-là, la baisse de l’encours avait été importante, mais de courte durée. Les marchés ont rapidement repris vigueur. Ici, l’incertitude semble plus grande. Les ménages sont plus impactés par cette crise, qui entraîne une baisse du pouvoir d’achat, une hausse importante des coûts pour les entreprises et la société dans son ensemble. Toutefois, nous restons confiants. Notre industrie est construite sur des bases solides, avec une forte diversification des actifs gérés et de leur provenance. T. V. D. W. Il est important de souligner que les gestionnaires n’ont eu aucune difficulté à répondre aux demandes de rachats des investisseurs, preuve supplémentaire de leur capacité à bien gérer le risque de liquidité. On notera également que, dans certains cas, les souscriptions l’ont emporté sur les rachats. C’est notamment le cas des fonds durables Article 9 selon la catégorisation SFDR (des fonds qui contribuent à des objectifs durables clairement identifiés, ndlr). C. L. Selon les derniers chiffres de Morningstar dont nous disposons, les produits durables ont en effet continué à attirer des investisseurs. Quand les sorties nettes pour les fonds traditionnels s’élèvent à 100 milliards de dollars, les souscriptions nouvelles pour des fonds durables s’élèvent à 31 milliards.
Anthony Dehez Photo
Romain Gamba Photo Comment voyez-vous évoluer la situation dans les mois à venir ? C. L. C’est évidemment difficile à dire. Cependant, malgré une volatilité importante, il est important de considérer qu’en Europe, la population détient un volume d’épargne sur des comptes bancaires. Dans un environnement inflationniste, rester assis sur du cash, alors que les taux d’intérêt sur les dépôts bancaires restent proches de zéro, n’est pas la manière la plus prudente de gérer ses finances. Considérant les incertitudes actuelles, les investisseurs sont dans une position d’attente et cherchent des perspectives plus claires avant de revenir sur le marché. T. V. D. W. Le potentiel de croissance de l’industrie des fonds en Europe reste important. Aujourd’hui, l’épargne qui se trouve sur les comptes bancaires ne rapporte quasi rien. Au vu des taux d’inflation élevés, rester en cash revient donc immanquablement à perdre du pouvoir d’achat. L’attrait des fonds comme alternative de placement n’en devient que plus grand. Au-delà de la période actuelle d’incertitude, l’enjeu est de répondre aux besoins de financement des entreprises, dans un contexte de transition digitale et environnementale. L’investissement public et le crédit bancaire ne suffiront pas à financer ces transitions. L’industrie des fonds, jouant son rôle de courroie de transmission, doit permettre de mobiliser l’épargne nécessaire pour répondre aux besoins de financement des acteurs économiques. C. L. Notre industrie s’appuie sur des fondations solides, avec une large diversification des investisseurs et actifs sous gestion. Ce n’est pas la première crise que nous avons à traverser. Nous pouvons être confiants pour l’avenir. T. V. D. W. Un autre grand enjeu est celui des pensions. On sait qu’à moyen terme, le premier pilier du système des pensions (géré par le secteur public) ne suffira plus, dans la plupart des États membres, à subvenir aux besoins essentiels des personnes à la retraite. Il s’agit là d’un autre vecteur de croissance pour notre industrie, laquelle est à même d’offrir des solutions d’investissement à long terme devant permettre à chacun de maintenir un certain niveau de vie une fois à la retraite.
Quels sont les principaux vecteurs de croissance de l’industrie des fonds d’investissement en Europe et au Luxembourg ? C. L. Si l’on évoque le Luxembourg, les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM, aussi appelés Ucits) constituent le socle le plus important des actifs sous gestion. Ce succès est notamment dû aux possibilités de distribution internationale associée à ce véhicule. Au départ de Luxembourg, un fonds Ucits peut être distribué dans 70 pays à travers le monde. Sur cette base, la croissance s’opère désormais sur deux principaux segments : d’une part, les fonds durables ; d’autre part, les véhicules d’investissement alternatif.
« Avec la finance durable, on assiste à un changement de paradigme. »
Selon une étude menée par Morningstar, ZEB et l’ALFI, l’Europe représente 83 % du marché mondial des fonds durables, avec un encours total de près de 2.000 milliards d’euros fin 2021, en augmentation de 71 % par rapport à 2020. Le Luxembourg maintient sa position de leader sur ce segment, un tiers des encours des fonds durables en Europe étant domiciliés au Grand-Duché. On constate, dans les chiffres, que l’investissement durable a mieux résisté à la crise.
Les fonds alternatifs, d’autre part, répondent à un besoin de diversification des investisseurs. Ces investissements se caractérisent par une moins grande volatilité que les actifs qui s’échangent sur les marchés. On a constaté une croissance considérable de ces classes d’actifs. Au Luxembourg, le private equity a connu une augmentation de 29,9 %, l’immobilier de 14,8 % et la dette privée de 40,6 %. Si l’investissement alternatif séduit tout d’abord les investisseurs institutionnels, les investisseurs de détail s’y intéressent de plus en plus. Cette classe d’actifs constitue un levier de croissance important, renforcé par la démocratisation de ces produits à travers la mise en œuvre de l’Eltif. T. V. D. W. Nous fondons de bons espoirs sur les Eltif, les fonds européens d’investissement à long terme. Ce véhicule d’investissement existe depuis quelques années et a connu un succès très mitigé jusqu’à présent. Heureusement, son cadre réglementaire est actuellement soumis à révision pour en renforcer l’attrait et l’accès pour les investisseurs de détail. Il doit ainsi permettre à une catégorie plus large d’investisseurs d’accéder à une gamme étendue d’actifs moins liquides, et ce, dans une perspective d’investissement à long terme. Les gestionnaires de fonds y trouveraient, en outre, un moyen supplémentaire pour participer au financement de la transition énergétique, laquelle requiert souvent des investissements et une approche à long terme.
Un autre vecteur de croissance réside dans la consolidation de l’Union des marchés des
CORINNE LAMESCH, présidente de l’ALFI.
capitaux (UMC). Cette initiative européenne vise la création d’un marché unique des capitaux. Le projet part du constat qu’au sein de l’UE, le financement des entreprises repose essentiellement sur le crédit bancaire, du fait notamment d’un manque d’intégration et de développement des marchés des capitaux européens. Or, ce modèle de financement a révélé ses limites, s’agissant entre autres du financement de l’innovation, lequel passe avant tout par les marchés. L’UMC est une opportunité majeure pour l’industrie des fonds, étant donné le rôle d’intermédiation qu’elle joue dans les marchés.
De manière générale, quels grands défis doivent relever les industries des fonds européenne et luxembourgeoise ? T. V. D. W. Le principal défi est lié à la réglementation, et plus particulièrement à la mise en œuvre des nombreuses nouvelles obligations en matière d’ESG. Elles concernent l’ensemble de la chaîne de valeur, qu’il s’agisse de l’émetteur, du gestionnaire d’actifs ou encore du distributeur. L’Union européenne a fait du développement de la finance durable une priorité. Les attentes des investisseurs en la matière sont, elles aussi, élevées. Si, en tant qu’association professionnelle, nous soutenons pleinement la démarche et les objectifs qu’elle poursuit, au service d’une économie et d’une société durables, le défi pour les acteurs n’en est pas moins conséquent. Ils doivent s’adapter rapidement, considérant des délais d’implémentation parfois très courts, et doivent composer avec de nombreuses incertitudes. On peut notamment évoquer un manque de données fiables permettant d’évaluer le caractère durable d’un investissement, pouvant exposer les gestionnaires d’actifs malgré eux à un risque d’accusation de greenwashing. Ces évolutions relèvent d’une transformation majeure, une lame de fond qui va impacter en profondeur l’industrie des services financiers, et plus généralement l’ensemble de notre modèle économique. Nous n’en sommes qu’au début. D’autre part, les acteurs sont aussi appelés à se remettre en question, notamment en termes de value for money. C’est vrai en tout temps, mais ça l’est plus encore dans un marché baissier, comme celui que nous connaissons actuellement. Il est plus important que jamais de placer l’investisseur, autrement dit le client, au centre des préoccupations, afin de répondre au mieux à ses attentes. Pour les gestionnaires d’actifs, la démarche peut impliquer notamment une adaptation de leur offre, par exemple à travers le développement de produits offrant une protection efficace contre l’inflation ou encore permettant de générer des revenus réguliers. C. L. Je rejoins Tanguy sur l’ensemble de ces défis. L’évolution de la réglementation ESG est l’un des plus grands chantiers que nous ayons à mener depuis les Ucits. Cela implique d’appréhender une réelle complexité. En la matière, je pense qu’il est important d’éviter des distorsions entre États membres dans la manière de transposer les directives en droit national, autrement dit de réglementer au-delà du cadre européen (une pratique appelée gold plating, ndlr). J’ajouterais un autre défi essentiel qui est celui de la guerre des talents et le besoin en compétences. Avancer sur les sujets de durabilité, de la transformation numérique de nos métiers, du développement de nouveaux produits ou de la démocratisation des classes d’actifs alternatifs implique d’innover et de disposer de nouvelles compétences. Bien que Luxembourg reste une économie très ouverte, qui parvient encore à attirer des talents de l’étranger, l’évolution des compétences est un enjeu-clé. Il faut renforcer notre attractivité, d’une part, et d’autre part, investir dans les compétences en place, en collaboration avec l’Université et les centres de formation continue, pour les faire évoluer.
Pouvez-vous nous rappeler le rôle de l’industrie des fonds d’investissement au service de la transition durable ? Quels sont les enjeux et défis à relever en la matière ? T. V. D. W. Nous sommes face à des défis de transition majeurs. Dans la lutte contre le réchauffement climatique, tous les acteurs doivent être mobilisés. En la matière, l’Union européenne est on ne peut plus déterminée. Cette transformation de l’économie, et de nos sociétés dans leur ensemble, implique des besoins de financement conséquents. L’industrie des fonds joue un rôle de courroie de transmission. Elle doit permettre de mobiliser les fonds privés pour soutenir les investissements nécessaires. Cela passe par la mise en place d’un cadre réglementaire adéquat. En tant qu’association, nous participons à son élaboration en veillant autant que possible à ce qu’il soit propice au développement effectif de la finance durable. L’investissement durable est essentiel pour l’avenir. Aussi, s’il souffre encore d’imperfections, il faut pouvoir le soutenir, l’améliorer. Les acteurs font de leur mieux dans un contexte compliqué, où beaucoup d’éléments doivent encore se mettre en place, et où les compétences restent à forger. Cela prend du temps, mais cela va dans la bonne direction. En cela, nous nous démarquons résolument de ceux qui participent au récent ESG bashing. C. L. Avec la finance durable, on assiste à un changement de paradigme. Comme évoqué, Luxembourg est à la pointe dans ce domaine. Les défis, au-delà des investissements nécessaires pour adapter les systèmes et mettre en œuvre de nouveaux traitements opérationnels, tiennent particulièrement à l’indisponibilité de données liées à la performance durable des investissements. D’autre part, les textes sont seulement en cours d’adoption, avec encore des arbitrages à effectuer, des INVESTIR EN 2022 : QUELS SONT LES ENJEUX ? Si l’année 2021 était exceptionnelle, 2022 a été marquée par d’importantes corrections sur les marchés. À quels enjeux les investisseurs doivent-ils être attentifs dans un contexte particulièrement incertain ?
1 Inflation Les prix à la consommation ont connu une forte hausse ces derniers mois. L’inflation annuelle dans les 19 pays de la zone euro a connu une nouvelle hausse au mois d’août, s’établissant à 9,1 %. Conséquence : l’argent conservé en cash perd de sa valeur. Cela devrait pousser les épargnants à prendre des risques et à investir.
2 Hausse des taux d’intérêt Cependant, les hausses de taux directeurs décidées par les banques centrales, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, pour justement juguler l’inflation pèsent sur les performances futures des acteurs, à tel point que les marchés peinent à rebondir durablement.
3 Récession / stagflation La crainte d’une entrée en récession de l’économie est bien réelle, mettant les investisseurs dans une position difficile. Malgré d’importantes corrections, le meilleur moment pour opérer un retour sur les marchés reste difficile à déterminer.
4 Transition La crise énergétique, notamment, va devoir pousser les États à accélérer la nécessaire transition. Son financement ne pourra se faire sans une mobilisation des capitaux privés. L’évolution de nos sociétés vers de nouveaux modes de production et de consommation de l’énergie peut constituer une opportunité d’investissement, à condition d’opter pour une approche prudente avec des perspectives à long terme.
précisions techniques à apporter. Tout n’est pas parfait. Cependant, au regard des enjeux, il faut agir maintenant. L’industrie ne doit pas attendre pour s’engager dans cette voie, mais avancer dès à présent en ayant conscience des imperfections et des risques. Nous devons être en première ligne d’une transition qui, forcément, impliquera des ajustements. T. V. D. W. En la matière, on assiste à une demande croissante des investisseurs. Et elle devrait encore s’accentuer à la suite de l’obligation qu’ont, depuis le mois d’août, les conseillers en investissement d’interroger les investisseurs sur leurs préférences ESG. Il est important, pour notre industrie, de pouvoir répondre à cette demande. Il s’agit, en outre, d’une belle opportunité pour redéfinir notre proposition de valeur autour de la gestion de la performance environnementale, sociale ou de bonne gouvernance, et ce faisant, attirer une clientèle nouvelle, plus soucieuse des enjeux sociaux et environnementaux.
Si l’industrie des fonds a un rôle sociétal à jouer, les produits d’investissement répondent aussi à des enjeux individuels, en matière de prévoyance-pension, par exemple. Or, ils sont souvent mal compris ou pas facilement accessibles pour une partie importante de la population… C. L. D’importants efforts doivent encore être consentis en matière d’éducation financière, pour permettre à chacun de mieux comprendre le fonctionnement de l’argent et pouvoir prendre des décisions informées en matière de gestion de ses finances. L’ALFI ne cesse d’attirer l’attention sur ces enjeux depuis 2014. De son côté aussi, l’Efama a mis en place un groupe de travail sur cette thématique. L’effet de l’inflation sur son épargne, l’impact de l’évolution des taux d’intérêt sur ses revenus… Tous ces sujets, au cœur de l’actualité, concernent tout le monde, avec des impacts conséquents sur les finances de chacun. T. V. D. W. La démarche est importante et est de nature à contribuer à la réduction des inégalités dès lors qu’investir, c’est aussi participer à la croissance et en récolter les fruits. Sans davantage d’éducation financière, nous ne parviendrons pas à augmenter significativement le nombre d’investisseurs particuliers, ce qui est un objectif majeur de la Commission européenne auquel nous souscrivons pleinement. Le déficit d’épargne retraite est inquiétant et doit nous inciter à redoubler d’efforts. Cela passe par une plus grande conscientisation des enjeux et de la situation financière précaire dans laquelle nombre de nos concitoyens se retrouveront une fois retraités. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de l’European Retirement Week, créée à l’instigation de l’Efama. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT (SUR LA BASE DES ACTIFS) DES FONDS LUXEMBOURGEOIS
LES 10 PLUS GRANDS DOMICILES DE FONDS D’INVESTISSEMENT EN EUROPE
Source Efama
5.000.000
4.000.000
3.000.000
2.000.000
1.000.000
Total AuM (in bn)
Luxembourg Irlande Allemagne France Royaume-Uni Pays-Bas Suisse Suède Danemark Italie Autres
Ucits, UCI, SIF et sicar, au 30 décembre 2021
Sources CSSF et ALFI
1,89 %
2,34 % 1,63 %
7,57 %
6,05 % 25,17 %
19,49 % 35,86 %
Bond Equity Balanced Funds of funds MMF & cash PE/Venture capital Real estate Autres
VENTES NETTES TOTALES PAR CLASSES D’ACTIFS EN 2021 EN TERMES RELATIFS PAR RAPPORT AUX AUM
Au 31 décembre 2021
Source CSSF / ALFI
13,3 % 2,9 %
11,4 %
11,4 %
8,6 %
2 % 15,1 %
Bond Equity Balanced Funds of funds Money market & cash PE/Venture capital Real estate est-elle de nature à nuire à l’industrie ou, au contraire, à la faire avancer ? C. L. Luxembourg a toujours évolué dans un marché international et vit avec cette concurrence des marchés depuis 30 ans. Si elle s’est renforcée ces dernières années, notamment suite au Brexit, ou encore avec de nouvelles ambitions au niveau des marchés asiatiques, nous ne la voyons pas d’un mauvais œil. Au contraire, elle nous permet d’avancer, nous oblige à constamment améliorer notre boîte à outils pour répondre aux besoins des gestionnaires de fonds de toutes les nationalités. Il nous appartient de leur apporter un éventail de solutions le plus complet. T. V. D. W. En tant qu’association paneuropéenne, nous veillons à promouvoir le développement du marché unique européen ainsi que l’attractivité internationale de ses différents véhicules d’investissement. La concurrence entre des Places comme Luxembourg et Dublin participe à une saine émulation et permet à l’Union européenne de rester à la pointe des développements. Luxembourg est parvenu à se positionner comme un centre d’excellence pour la domiciliation, l’administration et la distribution transfrontalière des fonds d’investissement. Cela a été rendu possible notamment par le système du passeport européen, lequel profite à l’ensemble de l’industrie.
Quels sont les grands défis en matière de distribution des fonds ? C. L. Un premier concerne les gestionnaires, qui doivent soutenir une offre adaptée aux grands enjeux rencontrés par les investisseurs. Il y a une demande croissante, non pas uniquement pour des produits, mais pour des solutions associées à des problématiques ou besoins particuliers. D’autre part, il faut aussi repenser la distribution, en recourant notamment aux possibilités offertes par le numérique, pour faciliter l’accès aux solutions d’investissement, alléger le recours aux procédures s’appuyant encore énormément sur du papier. Il s’agit aussi de parvenir à s’adresser à un public plus jeune, qui a l’habitude de gérer tout au départ d’un smartphone. T. V. D. W. Je rajouterais le défi, pour les conseillers en investissement, de répondre aux attentes des investisseurs en matière d’ESG. Cela les obligera à entrer en dialogue avec eux pour s’assurer de bien comprendre leurs motivations et éviter tout malentendu quant à l’impact ESG de leurs investissements. À défaut, ils pourraient s’exposer à des accusations de misselling. Il y a lieu, à cet égard, de faire évoluer les compétences sur l’ensemble de la chaîne de distribution. Et il en ira de même avec les nouvelles obligations en matière de protection des investisseurs qui ne manqueront pas de découler de la Retail Investment Strategy de la Commission européenne, laquelle est attendue pour début 2023.