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Ces talents venus d’Ukraine
from Paperjam mars 2023
Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Pour survivre, et souvent pour sauver leur famille, des centaines de milliers d’Ukrainiens ont fui. Ils sont
4.902 à avoir introduit une demande de protection temporaire en 2022 au Luxembourg. Ils ont ensuite été nombreux à mettre leurs compétences, leur expérience, leur formation et leur talent au service d’entreprises luxembourgeoises. Ces 10 portraits le démontrent.
Margo Turelyk, 36 ans Arrivée au Luxembourg le 3 mars 2022 avec son mari et leurs trois jeunes enfants, Margo Turelyk habitait auparavant à Kiev. Docteur en chimie, elle a travaillé en Ukraine en tant que scientifique, puis a évolué vers l’informatique. Au Luxembourg, elle a pu assister à des cours de développeurs full-stack organisés par l’Adem, et travaille désormais comme tel chez Space Time. Elle vit avec sa famille à Differdange, dans l’ancien hôtel Gulliver Tower, où se trouvent d’autres réfugiés ukrainiens.
Son message aux lecteurs de Paperjam : « Les Ukrainiens sont très reconnaissants envers le Luxembourg, qui aide constamment l’Ukraine à stopper le terrorisme russe. Les Ukrainiens sont forts et prêts à se battre contre l’occupant pour chaque mètre carré de terre ukrainienne. »
Michael Levchenko, 47 ans Artiste, sculpteur monumental et chercheur, candidat au doctorat dans le domaine de l’étude de la culture, Michael Levchenko, originaire de Kiev, est arrivé au Luxembourg le 8 mars 2022. Il a été envoyé à l’hôpital le jour même, car il avait un pied blessé. Il a dû laisser derrière lui ses deux studios d’art et n’a pas pu défendre sa thèse de doctorat, mais espère pouvoir le faire à terme à l’Uni. Il travaille actuellement dans un atelier d’art dans un garage, est régulièrement accueilli à l’atelier de l’artiste russe
Alina Fadeeva (sur la photo) et vit dans un dortoir avec des réfugiés de Syrie et d’Ukraine.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« La guerre nous a pris très soudainement et nous n’étions pas prêts, incapables de nous défendre.
J’ai créé environ 20 œuvres en un an, et j’espère apporter une plus grande contribution personnelle ou en collaboration avec des artistes ou des institutions locales à l’espace culturel luxembourgeois. »
Tetiana Lebedynets, 53 ans
Diplômée notamment d’une maîtrise en économie, comptabilité et audit, Tetiana Lebedynets a travaillé dans de grandes banques nationales et internationales. Présidente du comité d’audit de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), c’est par ce biais qu’elle a pu, début mars, intégrer un convoi d’évacuation de l’ONU à Kiev avec son fils Dmytro. Et c’est finalement au Luxembourg qu’ils ont rejoint une connaissance. Dmytro poursuit à distance sa 2e année d’étude à l’université nationale d’économie de Kiev, et Tetiana a de son côté trouvé un poste de deux ans à la Cour des comptes européenne.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« Le Luxembourg est un beau pays, où nous avons retrouvé une vie un peu normale, mais nous nous souvenons que, chaque jour, des gens meurent et subissent la torture en prison, comme trois de nos collègues de l’OSCE, dont le seul crime est d’être employé de l’OSCE. Ça pourrait être moi… »
Volodymyr Yukhymenko, 40 ans
Ayant des amis au Luxembourg, Volodymyr Yukhymenko, sa femme et leurs trois enfants sont arrivés ici le 8 mars. Spécialisé en marketing, Volodymyr était, avant la guerre, responsable du département Marketing de la start-up informatique ukrainienne Vymex, et il continue à travailler à distance bénévolement. Il travaille également en free-lance sur d’autres projets. Grâce à l’asbl LUkraine et au bourgmestre de la commune, sa famille habite dans un logement social à Bissen.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« L’exemple de notre famille est une promenade insouciante comparée aux horreurs vécues par d’autres Ukrainiens. Nous sommes incroyablement reconnaissants pour tout votre amour, votre soutien et votre protection. Nous nous en souviendrons toujours. Car c’est grâce à cela que nous gagnons cette guerre. »
Kateryna Tsybulska, 34 ans
Lorsque la guerre a éclaté, Kateryna Tsybulska a quitté le pays avec sa fille de sept ans, pendant que son mari est resté combattre en Ukraine. Arrivées à Luxembourg le 14 mars 2022, elles ont rejoint une amie d’université, Tanya Zymogliad, qui leur a fourni un logement pendant les premiers mois. Diplômée d’une maîtrise en contrôle financier, Kateryna travaillait avant la guerre dans le secteur de la télévision.
Après son arrivée au Luxembourg, elle a continué à travailler à distance, et a décroché un CDI de contrôleur financier senior au sein de la société du groupe M7. Elle loue un appartement depuis juillet au Limpertsberg.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« J’avais l’espoir que cette horreur se termine en un mois, mais le temps a passé, et la situation n’a fait qu’empirer. Les gens du monde entier devraient se le rappeler : si l’Ukraine tombe, ils pourraient être les prochains ! »
Iurii Skobel, 47 ans
Le premier jour de la guerre, Iurii Skobel a quitté Ivano-Frankivsk avec sa femme et leurs trois enfants pour la Pologne, où des amis les ont hébergés pour une courte période. Il est arrivé au Luxembourg le 6 mars 2022, avec sa femme et deux de ses enfants, le troisième étant resté étudier en Pologne.
« Chaleureusement » accueillis par la commune de Strassen, ils ont d’abord vécu dans une famille d’accueil, et ils ont ensuite eu l’opportunité de s’établir dans un logement social. Professeur de danse à l’université pendant plus de 20 ans, il occupe désormais le poste de gérant de l’Ukrainescht Haus de Strassen.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« En m’adressant aux Ukrainiens du Luxembourg, je voudrais nous souhaiter à tous la paix et la tranquillité dans notre terre natale, l’Ukraine. »
Anastasiia Kharlan, 41 ans
Anastasiia Kharlan est arrivée à Luxembourg le 5 mars 2022 au siège de son employeur, la Banque européenne d’investissement, qui avait proposé à ses salariés ukrainiens de venir avec leurs familles dans les jours qui ont suivi l’invasion russe. Réfugiée avec son fils de 13 ans, sa fille de 9 ans et sa mère, Anastasiia travaille maintenant en tant que senior loan officer, couvrant les opérations et les projets que la BEI met en œuvre en Ukraine. Hébergée plusieurs mois par un collègue luxembourgeois, la famille a ensuite réussi à louer un appartement à Belair.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« Le peuple ukrainien appelle le monde civilisé à faire tout ce qui est possible pour arrêter de nouvelles agressions militaires et ramener la paix. Et ici, au Luxembourg et dans d’autres pays de l’UE, votre soutien aux Ukrainiens n’a pas de prix. Je suis reconnaissante envers le Luxembourg et la BEI. »
Yana Sviatkovska, 21 ans Diplômée d’un bachelor en diagnostic de laboratoire obtenu à l’Université de Kiev, Yana Sviatkovska est arrivée au Luxembourg le 17 mars 2022, « un choix absolument aléatoire », car avant le début de la guerre, elle n’y était jamais venue. La guerre l’a forcée à terminer ses études à distance, mais elle a pu faire valider son diplôme au Luxembourg, l’a soumis à l’Adem, et le jour même, l’agence lui a envoyé une offre d’emploi. Elle travaille désormais au sein du service de phytopathologie du ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural et suit des cours de français. Elle vit dans un centre de réfugiés mis à disposition par Caritas.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« Je suis très heureuse d’avoir l’opportunité de vivre au Luxembourg et je suis très reconnaissante à Caritas pour cela ! »
Oleksii Potiomkin, 34 ans Lorsque la guerre a éclaté, Oleksii Potiomkin, premier danseur de l’Opéra national d’Ukraine, a troqué ses collants pour des treillis militaires. Il a intégré le bataillon paramédical volontaire panukrainien « Hospitaliers », et était proche du front. Il a ensuite rejoint, au mois de juin, sa femme et son fils de 5 ans qui s’étaient réfugiés en Italie. Depuis, il participe à des ballets à travers l’Europe pour récolter des fonds, et a donc posé ses valises au Luxembourg en tant que danseur invité du Luxembourg Ballet.
Son message aux lecteurs de Paperjam :
« Les Européens ont grandi avec la culture, une civilisation normale, et ils pensent que la Russie est un pays civilisé, mais ce sont des barbares ; ils pensent seulement en termes de pouvoir militaire. Pour Vladimir Poutine, l’Ukraine n’est pas un vrai pays. »