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« Un microcrédit reste un crédit qu’il faut rembourser »

Microlux a publié son rapport annuel 2022. Malgré les impacts de la hausse des taux d’intérêt et des incertitudes liées à la conjoncture économique, l’institution de microfinance entend poursuivre sa mission sociale. Présentation avec Samuel Paulus.

Vous venez de publier votre rapport annuel 2022. Comment qualifieriez-vous l’exercice achevé ?

Cela n’a été ni une année simple, ni une année favorable pour lancer son activité. Malgré cela, nous avons reçu beaucoup de demandes. Et nous constatons que notre clientèle se diversifie. En dehors de celles en situation de vulnérabilité, de plus en plus de personnes qui peuvent se prévaloir d’une situation stable sont venues nous voir parce que les banques ne prêtent plus.

En 2022, vous avez accordé 43 microcrédits d’un montant total de 609.000 euros. Soit moins qu’en 2021 – 52 microcrédits pour un montant de 829.600 euros. Pourquoi ce recul ?

2021 avait été une année extraordinaire, marquée par un fort rattrapage par rapport à 2020. Nous sommes au-dessus des chiffres de 2018 et de 2019. La conjoncture entre aussi en ligne de compte. Conjoncture qui a compliqué le traitement des dossiers.

Quelles sont les complications rencontrées ?

Nous avons une mission d’inclusion sociale et de développement économique, et nous nous adressons à une population vulnérable. Nous devons faire attention à ne pas les mettre plus en difficulté qu’ils ne le sont déjà. Un microcrédit reste un crédit qu’il faut rembourser. Face au danger de surendettement, nous nous sommes assurés qu’ils avaient bien conscience des risques. Si nos critères d’octroi n’ont pas changé, certains points d’attention s’y sont ajoutés. Notamment le fait de savoir si le client a déjà un crédit en cours, à taux variable ou à taux fixe. Avant, cela importait peu. Nous avons été plus prudents.

La hausse des taux d’intérêt vous a-t-elle posé des problèmes ?

Face au Covid, nous avions baissé nos taux au maximum. La hausse des taux et son impact sur notre coût de financement nous ont amenés à les réaugmenter. Nous prêtons désormais à 6,25 %, un niveau inférieur à celui d’avant-Covid, soit 8 %. Si nous ne l’avions pas fait, nous fonctionnerions à perte. Notre marge est calculée uniquement pour couvrir notre défaut.

La hausse des taux met-elle votre modèle en péril ?

Étant donné que nos frais de structures sont financés par nos partenaires, il nous reste de la marge. Et heureusement, car la question se pose ailleurs. En Belgique, les institutions de microfinance proposent des taux à 10 %. En France, elles y arrivent… Cela devient trop élevé pour une mission sociale.

Constatez-vous ou craignez-vous une augmentation des défauts ?

MICROLUX

On est, sur ce point, agréablement surpris. Pendant le Covid, on craignait déjà le pire, et ce n’est pas arrivé. Nous observons les taux de défaut de très près et, pour l’instant, cela reste stable. Pourquoi ? Je pense que les micro-entrepreneurs ont par nature une capacité de débrouillardise assez grande.

Samuel Paulus est manager chez Microlux. Avec 224 microcrédits déboursés en six ans au profit de 200 entrepreneurs, contribuant à la création de 280 emplois, il se dit très fier de ces résultats encourageants.

Quel est le taux de défaut actuel ?

16 %. Cela peut paraître beaucoup, mais ce taux est stable. Et si l’on considère que le taux de survie de nos entreprises est similaire à celui de toutes les entreprises luxembourgeoises, vu la population que nous servons, nous sommes satisfaits.

1 INQUIET

La difficulté réelle que rencontrent les entreprises pour ouvrir un simple compte en banque, pourtant indispensable pour amorcer leur activité, inquiète Laurent Mosar (CSV), dans une question parlementaire reprise par Paperjam.

2 OPTIMISTE

Les répercussions du rachat de Credit Suisse auraient plutôt un impact en termes d’emploi. Les deux banques, UBS et Credit Suisse, vont se mettre ensemble et voir où des synergies sont possibles. Elles verront quels centres de compétences elles doivent renforcer ou supprimer. Cela ne se fait pas en un jour, ça prendra quelques mois, voire des années. Il n’y aura pas d’impact immédiat », estime l’ABBL dans les colonnes de Virgule.

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3 ENGAGÉS

4 RASSURANTE

À l’occasion du sommet de la zone euro, le 24 mars dernier, Christine Lagarde a tenté de rassurer sur la solidité du système financier européen. Et essayé de relancer le dossier bien enlisé de l’union bancaire.

5 LUCIDE

Une mise en garde signée Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, et publiée dans une tribune libre pour le quotidien français Les Échos, le 22 mars.

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