2 minute read

« L’un des atouts des forensic technologies : la traçabilité »

Les investigations relatives à la criminalité financière couvrent souvent plusieurs juridictions et impliquent de nombreuses parties prenantes. De la collecte jusqu’à la présentation des éléments de preuve, Stéphanie Lhomme, head of forensic investigations & litigation support chez Arendt, évoque comment la technologie appuie les investigations complexes.

Dans le cas d’investigations digitales, Stéphanie Lhomme insiste sur l’importance d’opérer de sorte que les preuves ne puissent pas être contestées. L’intégrité des données doit être préservée.

Chez Arendt, quel est votre positionnement sur les services d’investigation forensique ?

Au Luxembourg, quand on parle de services forensiques, les gens pensent souvent à l’AML et à la remédiation KYC. Mais en réalité, ce n’est pas du forensique. Ces expertises sont limitées au Luxembourg et souvent confondues avec le réglementaire AML. Mon parcours et celui des membres de mon équipe cumulent des investigations sur des cas souvent internationaux et touchant à des sujets variés (corruption, fraude fiscale, scandales comptables ou boursiers, blanchiment…) pour lesquels de multiples expertises sont nécessaires (technologies, corporate intelligence…). Nous intervenons aussi sur des affaires internes, comme les soupçons de fraude, de corruption, de harcèlement moral ou physique. Avec la nouvelle loi sur le harcèlement et la directive sur les lanceurs d’alerte qui devra être transposée, les entreprises auront besoin de mesures d’investigation suffisantes.

N’est-ce pas justement unique de collaborer au sein d’un groupe qui compte un cabinet d’avocats ?

Travailler au sein d’un groupe avec un cabinet d’avocats est un modèle courant aux États-Unis et de plus en plus au Royaume-Uni, mais c’est assez unique en Europe. Ce qui m’a attirée chez Arendt, c’est cette vision stratégique, en intégrant des expertises complémentaires au travail des avocats. Dans mon métier, je travaille souvent avec des avocats pour les aider dans la stratégie de défense, pour décider d’aller ou non en justice, et même pour évaluer si ça vaut le coup d’aller en arbitrage. Par ailleurs, mon équipe est logée au sein d’une entité juridique différente, ce qui nous permet aussi d’assister des avocats d’autres cabinets, et ce partout dans le monde.

Comment ce modèle bénéficie-t-il aux clients ?

Notre positionnement leur permet d’être accompagnés de A à Z, y compris pour les investigations complexes, comme celles initiées par les régulateurs. Les clients préfèrent souvent avoir un point de contact unique pour gérer ces situations difficiles, surtout quand il y a plusieurs autorités impliquées, comme une investigation qui commence en Allemagne avec des ramifications au Luxembourg et une collaboration avec la Cellule de renseignement financier (CRF) et le Parquet financier français, dans lesquels il y a déjà plusieurs cabinets d’avocats nécessaires. Avoir les équipes d’investigation en interne dans l’un d’eux facilite la gestion de ces affaires.

Selon quelle structuration avez-vous composé votre équipe ? Mon équipe se compose de trois piliers d’expertise. Tout d’abord, nous avons un expert en forensic accounting, possédant un profil financier et capable de mener des investigations impliquant l’analyse de flux financiers et de comptabilité. Ensuite, nous avons un spécialiste en corporate intelligence, responsable de la recherche d’informations en exploitant des sources telles que les données en sources ouvertes, les renseignements humains et les médias sociaux. Enfin, notre troisième pilier concerne la technologie forensique. Dans ce domaine, nous utilisons des outils d’e-discovery (la recherche de données électroniques dans le cadre d’un litige ou d’une investigation, ndlr) pour gérer d’importantes quantités de données.

Outre la capacité des outils de forensic technologies à traiter des millions de documents, quels en sont les avantages ?

L’un des atouts majeurs de ces outils réside dans la traçabilité des documents et de leur revue et la possibilité que différentes parties, basées à différents endroits, y travaillent simultanément. De plus, quand des millions de documents ou dizaines de térabytes doivent être revus, sans outil, cela devient bien évidemment une tâche insurmontable. Ils permettent en effet de suivre et d’organiser de manière optimale l’ensemble des documents examinés. Ainsi, des avocats du monde entier peuvent accéder à une même plateforme et consulter les travaux de leurs collègues, partageant ainsi leurs analyses et commentaires.

This article is from: