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« L’IA est une aide pour nos avocats »
from Paperjam mai 2023
Depuis novembre 2022, les avocats d’Allen & Overy sont assistés dans leurs tâches quotidiennes par un outil d’intelligence artificielle, le chatbot Harvey. Patrick Mischo, office senior partner d’Allen & Overy au Luxembourg, évoque comment cet outil s’inscrit dans le développement de la legaltech au sein du cabinet.
Si l’IA et la legaltech dans son ensemble n’en sont encore qu’à leurs débuts, Patrick Mischo s’attend à ce qu’elles renforcent, à terme, le rôle des avocats dans leurs tâches de négociation et de conduite de transactions internationales.
Quelle est la place de la legaltech au sein d’Allen & Overy ?
Nous sommes investis depuis longtemps dans le domaine de la legaltech. Nous avons un incubateur à Londres, appelé Fuse, qui invite régulièrement, depuis 2017, des start-up travaillant sur des outils intéressants pour l’industrie juridique. Notre objectif est de devenir plus efficaces et de gérer au mieux les produits standardisés et administratifs. Par exemple, nous utilisons des plateformes où les différentes parties d’une transaction peuvent intervenir en même temps sur un contrat pour en faire avancer la négociation.
Et ensuite est arrivée l’intelligence artificielle (IA) avec un partenariat avec Harvey, une solution juridique affiliée à OpenAI…
Harvey est un nouveau projet qui a été piloté à partir de Londres par un de nos associés spécialisés dans les produits d’IA. Harvey est un outil qui va aider notre firme à fournir du conseil et à produire des documents, tels que des contrats ou des présentations. Nous avons pu commencer à l’utiliser dès novembre 2022. Ainsi, nos équipes ont déjà pu se familiariser avec un outil qui, à moyen terme, deviendra probablement largement démocratisé dans le monde juridique.
Comment s’intègrent les fonctionnalités d’Harvey dans le quotidien de vos avocats ?
Actuellement, cet outil nous permet d’effectuer des recherches et des analyses, et de produire des documents. Cependant, nous savons qu’il n’est pas parfait et qu’il peut commettre des erreurs. Parfois, il va même inventer des éléments pour donner une réponse (le phénomène d’hallucination, ndlr). Cela signifie que cet outil sert principalement d’aide, car il permet d’accélérer le travail initial, mais tout ce qu’il produit doit être vérifié par les avocats pour s’assurer qu’il utilise les bonnes sources et qu’il n’a pas commis d’erreurs d’analyse. Ainsi, les avocats doivent corriger les éventuelles erreurs et ajuster le texte en conséquence avant de l’utiliser pour donner un avis.
Quels changements cet outil génèretil pour vos équipes d’avocats ?
Nous constatons une tendance à l’utilisation croissante du droit luxembourgeois dans les transactions internationales. Cela a entraîné un changement dans le rôle des avocats luxembourgeois, qui occupent désormais une position de leader dans la coordination et la gestion de projets internationaux. Cela contraste avec la situation d’il y a une dizaine d’années, où les avocats luxembourgeois jouaient plutôt un rôle de soutien. Les gains de temps générés par l’IA leur permettront alors de se concentrer encore davantage sur les tâches de lead counsel
Au niveau opérationnel, quels gains percevezvous depuis l’implémentation d’Harvey ?
L’outil peut déjà améliorer l’efficacité en faisant gagner du temps aux avocats, à hauteur de deux heures par semaine. Il n’y a pas de vision selon laquelle l’avocat est entièrement remplacé, et tout est automatisé. L’intelligence artificielle a l’avantage d’apprendre et d’évoluer, devenant ainsi de plus en plus efficace. À moyen terme, sur certains types de services standardisés, cet outil pourrait nous permettre d’améliorer notre efficacité.
Seraitce aussi un moyen, à terme, de compenser partiellement les pénuries de talents dans le secteur juridique ?
Si nous parvenons à utiliser la legaltech et l’IA pour devenir plus efficaces sur des activités process-driven, nous allons utiliser tout ce temps-là pour continuer à implémenter notre stratégie, qui est d’être vraiment en lead counsel sur les grandes transactions internationales. Notons cependant que, si Harvey peut être une aide lors de la rédaction d’un contrat, il ne remplace pas l’avocat dans la négociation, qui nécessite des judgement calls, en collaboration avec le client et dans une dynamique compliquée, avec deux voire trois parties impliquées.
Comment vos équipes ontelles été formées à l’utilisation d’Harvey ?
Les formations étaient légères dans le sens où, avant de commencer à utiliser