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Conversation Patrick Mischo
from Paperjam mai 2023
Harvey, il fallait d’abord en connaître les risques. C’est ce que nos formations visaient à enseigner, afin que tout le monde sache qu’il est important de tout vérifier, que l’outil n’est pas infaillible. En soi, l’utilisation d’Harvey est assez intuitive et ne nécessite pas un training de 10 heures.
Vu l’ampleur du phénomène, le Barreau s’intéresse-t-il aux enjeux de l’IA ? Actuellement, nous n’avons pas connaissance d’échanges spécifiques au sein du Barreau ou d’autres organisations professionnelles concernant l’IA. En outre, le sujet de l’IA et de son utilisation dans le domaine juridique est délicat pour nous, notamment en raison de notre partenariat avec Harvey et des obligations contractuelles de confidentialité qui y sont associées. Par conséquent, il peut être difficile de discuter ouvertement de ce sujet, même avec des confrères, sans risquer d’enfreindre ces obligations.
La raison de tels échanges au niveau sectoriel serait l’éventualité d’une réglementation de l’IA pour les métiers juridiques. Qu’en pensez-vous ?
En ce qui concerne la réglementation des outils d’IA dans les métiers juridiques, il est important de noter que notre profession est déjà soumise à des règles déontologiques. Cela inclut, par exemple, le secret professionnel, qui doit être respecté quelle que soit la technologie utilisée. L’utilisation d’outils tels que ceux fournis par Harvey doit donc être conforme à ces règles, notamment en ce qui concerne la confidentialité des données clients. À première vue, il ne semble pas nécessaire d’introduire une réglementation spécifique pour ces outils, car ils servent principalement à faciliter notre travail et à améliorer l’efficacité de nos services.
Qu’en est-il des aspects de propriété intellectuelle et de responsabilité professionnelle associés à l’IA ?
Il est vrai que des questions se posent concernant la propriété intellectuelle et la responsabilité liées à l’utilisation de ces outils d’IA. Par exemple, lorsque l’IA génère une partie d’un avis juridique,
UN FINANCEMENT D’OPENAI
Derrière une page discrète et épurée de toute information, ne présentant que la possibilité de rejoindre une liste d’attente, Harvey pèse 5 millions de dollars. Une somme reçue d’OpenAI Startup Fund, le bras financier à travers lequel OpenAI investit dans des start-up actives dans l’IA en phase de démarrage. À noter que l’investissement dans Harvey représente 5 % des fonds d’OpenAI Startup Fund, qui s’élèvent à 100 millions de dollars. Basé à San Francisco, Harvey a été cofondé par Winston Weinberg, un ancien avocat d’O’Melveny & Myers, et par Gabriel Pereyra, auparavant chercheur dans des sociétés technologiques telles que Meta et DeepMind.
des questions peuvent se poser quant à la propriété intellectuelle de ce contenu et à la responsabilité en cas d’erreurs ou d’informations erronées. À ce titre, il est important de souligner que ces outils ne remplacent pas complètement l’intervention humaine. Les avocats continuent de jouer un rôle essentiel dans la vérification, la personnalisation et la validation des conseils et des documents produits par ces outils.
Comment voyez-vous évoluer l’usage de l’IA dans les métiers juridiques ?
Nous assistons à une nouvelle révolution industrielle qui a le potentiel d’impacter tout le monde, sans exception. Pour nous, le principal défi réside dans l’utilisation efficace des outils technologiques à notre disposition, car chaque équipe au sein de notre organisation se concentre sur des tâches différentes. C’est pourquoi nous avons développé Harvey en first movers pour permettre aux équipes de l’utiliser par rapport à leurs besoins spécifiques et de réfléchir à la meilleure façon de l’intégrer dans leurs activités quotidiennes.
Les compétences exigées à l’embauche des avocats de demain s’en trouveront-elles changées ?
La question de savoir si les avocats devront se former davantage à la technologie est un sujet récurrent depuis quelques années déjà. Pour les générations futures d’avocats, il pourrait s’avérer avantageux d’acquérir des compétences en programmation et en technologie.
Bien que ces compétences ne soient pas indispensables aujourd’hui, il est possible que la situation évolue au cours des 10 prochaines années, rendant ces compétences de plus en plus précieuses.
Même si on ne devient pas un professionnel du codage, il est important de se doter d’une solide compréhension des outils technologiques disponibles et de savoir les utiliser de manière efficace. Pour ceux qui choisissent d’acquérir des compétences en programmation, cela pourrait représenter un avantage compétitif sur le marché du travail.