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FRANK ENGEL

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La liste

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« Il y a une façon de faire de la politique autrement »

Après une année 2021 difficile, Frank Engel se concentre désormais sur son nouveau parti, Fokus, qui veut briser le « plafond de verre » luxembourgeois.

Après votre départ du CSV dans des circonstances difficiles et un acquittement judiciaire fin 2021, Frank Engel reste-t-il un homme en colère ? Je reste stupéfait devant la méchanceté des instigateurs de cette dénonciation à mon égard. J’étais très en colère à l’époque. Je le suis beaucoup moins maintenant. Je me focalise sur ce qu’il y a à faire, qui n’a plus rien à voir avec le CSV.

Vous pensez à votre nouveau parti, Fokus, qui a tenu son premier congrès le 14 mai. Pourquoi en êtes-vous le simple porte-parole, alors que vous l’incarnez ? Ce parti doit avoir une vie qui ne dépende pas de moi. Je me suis associé avec des personnes qui ont leurs propres idées. Il s’agit d’une jonction de perspectives, plutôt que d’un ralliement à une personne.

Vous avez malgré tout été désigné tête de liste pour les prochaines législatives... Mais ce parti n’est pas que le réceptacle de mes idées. Ce ne serait pas intéressant. Il faut se mesurer, avec ses convictions et ses expériences, à ce que d’autres pensent, croient, afin de concocter un message politique qui soit susceptible de résoudre ce qui n’a pas pu être résolu par les personnes qui sont là depuis très longtemps.

Fokus se veut pragmatique, sans idéologie. Ce que le CSV a aussi affirmé lors de son congrès en mars. Qu’est-ce qui vous distingue ? Eux vont continuer à se perdre dans des lieux communs, comme ils le font avec le succès que nous leur connaissons depuis des décennies. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce n’est pas de l’idéologie, qui n’a jamais rien résolu, mais une volonté politique de briser ce plafond de verre, très présent au Luxembourg, qui empêche que les discussions soient menées jusqu’à leur terme.

D’où vient ce « plafond de verre » ? On réussit, dans le pays, à poser les problèmes, mais quand il s’agit de les résoudre, il n’y a plus le courage, car on ne veut pas froisser certaines catégories socioprofessionnelles. Mais veuton satisfaire 80 % des électeurs ? On ne pourra jamais contenter tout le monde. C’est une notion amplement entamée. Nous allons formuler nos propositions de façon à rallier une frange des électeurs, que ce soit 5, 10 ou 15 %, je ne sais pas. Et avec l’ambition de dire : il y a une façon de faire de la politique autrement, sans se retrancher derrière des lieux communs dès que je crains qu’il y ait un électeur sur deux qui ne soit pas d’accord.

Comment cela se manifeste-t-il ?

Par exemple, nous avons proposé le service national obligatoire. Selon une enquête du Tageblatt, 42 % sont en sa faveur, 50 % plutôt contre, et 8 % sans opinion. Donc une personne sur deux est potentiellement d’accord. Personne n’oserait le faire…

Où se situe Fokus dans le spectre politique ?

Nous sommes une force politique qui représente le mainstream de la société. Et qui n’a aucune relation avec les extrêmes politiques, de gauche ou de droite.

Vous êtes donc centriste ?

Avec, donc, du social…

Par exemple, il n’y a pas, au Luxembourg, de discussion fondamentale sur l’adéquation entre le coût de la vie et le revenu. Or, trop de gens dans la société luxembourgeoise ne s’y retrouvent plus. Il faudrait réaliser un bilan de ce qu’il faut faire pour avoir droit à une vie et à un logement décents, ce qui doit être acquis à partir du moment où on se lève le matin pour travailler.

Et vous avez des aspects programmatiques plus « libéraux »… Nous sommes des adeptes de l’économie de marché et opposés à des mesures contraignantes outrancières concernant la propriété privée ou la liberté d’entreprendre. Finalement, nous sommes très comparables à ce qu’a fait M. Macron en France.

Fokus est très comparable à ce qu’a fait M. Macron en France, selon Frank Engel.

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