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MAX HAHN
« L’heure n’est pas à une politique d’austérité »
Vice-président du DP et premier échevin de la commune de Dippach, Max Hahn sera le rapporteur du projet de budget 2023, la loi dont on dit qu’elle est la plus importante de l’année.
Qu’est-ce qui caractérisera le budget 2023 ? Cela coule de source. Il sera marqué par les différentes crises qui nous touchent : sanitaire et énergétique.
Et la crise environnementale ? Au même titre que la digitalisation, cela reste une thématique essentielle. Ce sont nos défis pour le futur. Mais lorsque l’on échange avec la population, avec les entreprises, on se rend compte que le plus important à leurs yeux, à l’heure actuelle, est lié à leur portefeuille, au pouvoir d’achat. Ou, pour les sociétés, à la compétitivité.
L’environnement passe, si l’on vous suit, au second plan ? Non. L’actuelle crise énergétique montre bien à quel point nous devons encore renforcer nos efforts environnementaux, réussir à devenir plus indépendants. Je suis pour aider la population afin de compenser la hausse des prix de l’énergie, mais le faire au détriment des investissements environnementaux serait la pire des choses !
Comment finance-t-on une politique aussi ambitieuse quand on sort d’une crise du Covid qui a laissé un vide de 3,2 milliards et que chaque tripartite débouche sur un paquet de mesures se chiffrant en centaines de millions ? Comme je viens de le dire, nous vivons une période de multiples crises importantes. L’heure n’est pas à une politique d’austérité et de réduction des investissements dans des secteurs comme l’environnement, l’énergie, mais aussi le logement. Quitte, peut-être, à nous endetter un peu. Investir aujourd’hui sera dans l’intérêt des prochaines générations.
Le pays va donc continuer à s’endetter. Or, on prédit souvent que si le ratio dette publique / PIB venait à dépasser les 30 %, le AAA, dont on sait qu’il est essentiel au Luxembourg, pourrait être remis en question. Comment le conserver à terme ? Il faut rappeler qu’il n’y a pas de lien absolu entre ces 30 % et l’obtention du AAA. Ces 30 % sont plutôt un engagement du gouvernement envers lui-même. Je note aussi que le Programme de stabilité et de croissance 2022, présenté en avril par la ministre des Finances, Yuriko Backes, évoque un ratio qui resterait aux environs des 26 %. Et les prévisions pour les prochaines années se situent toujours en dessous des 30 %… Le modèle luxembourgeois des pensions est-il tenable alors qu’il y a un risque de récession en 2023 ? Dans l’un de ses derniers rapports, l’Inspection générale de la sécurité sociale a fixé à l’horizon 2027 la période où notre système des pensions dépensera, sur une année, davantage que les cotisations engrangées. Mais elle a aussi précisé que le système actuel pourra fonctionner jusqu’en 2048, grâce aux réserves.
Le Conseil économique et social a été mandaté pour analyser la situation. Ce sera un dossier à tenir à l’œil pour le prochain gouvernement.
Ce dernier devra plancher sur la réforme de ce système des retraites qu’on nous annonce depuis des années ?
Comme je le disais, à court terme, ce dernier ne posera pas de souci. Et compte tenu des crises qui nous touchent, l’important sera sans doute ailleurs.
Mais tout le monde doit rester conscient qu’il faudra bien le réformer à un moment donné.
Être rapporteur du budget est souvent l’apanage de personnalités ambitieuses. En vous rasant le matin, vous vous rêvez un jour à la place de Premier ministre ? [Il rigole.] Non, je n’y ai encore jamais songé. Chaque matin, je suis content d’être premier échevin de la commune de Dippach et député. Ma tâche n’est pas encore terminée à ce niveau-là. On verra ce que l’avenir me réserve…
Imaginez-vous le DP gouverner avec une autre majorité gouvernementale que celle en place depuis deux législatures ? Si les électeurs nous renouvellent leur confiance, il faudra voir ce que nous pourrons construire sans avoir à renier nos idées. On a bien vu, lors des derniers scrutins, qu’instaurer une coalition était de plus en plus compliqué… Après, il y a des formations avec lesquelles il serait très improbable qu’un parti démocratique se mette à table. Je pense à l’ADR ou à déi Lénk…
Malgré les multiples crises, il faut continuer à investir. Quitte à s’endetter, selon Max Hahn.