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PORTRAIT D'ARTISTE

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RECETTE

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Texte et photos : corinetellier.re

EKO ET SES BBOYS

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La rue comme source d'inspiration

Eko est à l'aise aussi bien sur une toile à peindre que devant un mur à graffer. Avec ses Bboys colorés, il investit l'espace urbain qu'il veut ouvert à toutes les expressions et sensibilités qu'il encourage à travers le festival Réunion Graffiti notamment.

C'est lors d’un vernissage à la Galerie Australe de Saint-Denis que nous avons croisé Bruno Prianon que le grand public connaît mieux sous le nom d'artiste Eko. Trois lettres bien pratiques pour le tag et qui lui ont été inspirées par la mythologie : « Je suis un grand fan des récits mythologiques, depuis que j'ai découvert le manga des Chevaliers du Zodiaque enfant. Il existe un personnage qui s'appelle Echo dans la mythologie grecque, une nymphe. La sonorité me plaisait bien. J'ai donc réadapté à ma façon ». Pour l'exposition à la Galerie, l'artiste a fourni 16 tableaux, dont 3 performances réalisées de nuit : « un véritable challenge car je n’avais aucune toile prête à un mois de l’échéance et que je ne pensais réaliser qu'une seule toile au tout début ! ». Pari gagnant quand on sait l'engouement que ses peintures ont suscité ; plusieurs toiles ayant déjà été réservées bien avant la fin de l'exposition. « J’aime travailler dans l’urgence ; ça me rappelle les conditions du graff dans la rue ». Malgré ce passage en galerie, Eko reste en effet avant tout un artiste de rue, un graffeur. « La rue, c'est la source d’inspiration, la liberté, la scène accessible à tous, le plus bel espace d’exposition Ce Dionysien titulaire d'un bac en génie civil et d'un BEP en dessin technique a certes suivi les cours des Beaux-Arts du Port, mais a su très vite que c'est par le graff qu'il respire.

« J'ai même tenté le concours d’entrée des Beaux-Arts de Toulouse, en vain, et tant mieux : je n’avais pas l’esprit académique ; je suis et reste un graffeur. Ce qui ne m'a pas empêché de me passionner pour l’histoire de l’art et l’archéologie, disciplines dans lesquelles j'ai eu une licence. » Il passe en tout 15 ans en métropole, où il a commencé à travailler dans l'industrie musicale. Revenu en 2013 à La Réunion, il est content de retrouver sa famille, ses amis, et de constater que l’on ne l’avait pas oublié, ni ses graffs. Avant de se consacrer entièrement au graff, il est un temps vidéaste et s'essaie à la production audiovisuelle et ouvre même sa boîte Pixnov, mais toujours avec le dessin et la musique en fond sonore de sa fibre artistique. Dessin et musique, une affinité de toujours pour celui dont le père était musicien de bal, à l'époque où les boîtes de nuit n'existaient pas encore. D'ailleurs, il dessine en musique, surtout sur de la musique classique. Des mélodies qui l'accompagnent pour créer ses Bboys, ses personnages de prédilection qui signent l'identité d’Eko… « Des sortes de mini-portraits de moi, qui traduisent mon état d'esprit, des personnages à la fois dessinés et écrits ». Dans leur bouche, un « e » que l'on pourrait prendre pour un sourire mais figure une bouche cousue. « Une lettre qui représente une onde sonore mais en même temps le peuple bâillonné. C’est volontairement que je ne dessine pas de personnage souriant, même si les couleurs des Bboys apportent de la joie ! ».

Eko se définit lui-même comme complexe, en dualité : « L'expression d'Eko, c'est de l’instantané, de l’impulsion, de la couleur (chaudes et froides en alternance) ... ». Sa technique : profondeur et superposition. Il part toujours du tag, de son nom, puis réalise un dessin, un graff qu'il remplit. Il crée une composition avant d’aller vers de l’abstraction. « Je trouve que la suggestion est plus forte que l’hyper-réalisme. Je laisse le cerveau du spectateur recomposer les formes ». Artiste reconnu, Eko souhaite aussi mettre en avant les artistes locaux. C'est l'un des objectifs du festival Réunion Graffiti qu'il a lancé et dont la dernière édition a eu lieu en octobre dernier. Un rêve de gosse et une bonne dynamique pour faire connaître des talents d'ici et d’ailleurs comme Lady Pink, la New-Yorkaise « première femme du graffiti », venue dans l’île en 2019 ».

je ne dessine pas de personnage souriant, même si les couleurs des Bboys apportent de la joie

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