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Eglise : famille de Dieu

Que l’Eglise soit selon la tradition la plus ancienne, « le corps du Christ », « le Temple de l’Esprit Saint », « la demeure de Dieu », nul n’en doute. Cependant rendu à la fin de l’année dédiée à la famille et en corrélation avec le synode, il nous a paru important de parler de l’Eglise. Que dire de l’Eglise famille de Dieu ?

De l’origine de l’Eglise dans le dessin de Dieu et sa réalisation progressive

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Le projet de Dieu c’est de faire de nous tous l’unique famille de ses enfants dans laquelle chacun le sent proche et se sent aimé par lui, et ressente la chaleur d’être de la famille de Dieu. Cet idéal est fon-

damental pour notre fondateur au point où il fera de cela son leitmotiv « Faire du monde une famille à l’image de la Sainte Famille de Nazareth ». L’Eglise a ses racines en Dieu ; elle n’est donc pas une organisation née d’accord entre quelques personnes mais elle reste et demeure l’œuvre de Dieu voilà pourquoi elle perdure jusqu’aujourd’hui en dépit des nombreuses persécutions du passé. L’Eglise naît donc du désir de Dieu d’appeler tous les hommes à la communion avec Lui, à l’amour d’amitié avec Lui, et même à participer de sa vie divine comme ses propres enfants. En effet, le terme « Eglise » vient du grec Ekklesia, qui signifie « convocation ». Dieu nous convoque, c’est dire qu’il fait toujours le premier pas et nous pousse à sortir de notre individualisme, de notre zone de réconfort ou de notre barrière, et nous appelle à faire partie de sa famille. Et cet appel trouve nous semble-t-il son origine à la création. Dieu nous a donc créés pour que nous vivions dans une relation de profonde amitié avec Lui. En dépit du fait que le péché nous éloigne de lui, Dieu ne nous abandonne pas. Toute l’histoire du salut comme nous pouvons le constater avec le peuple juif est l’histoire de Dieu qui ne se lasse jamais de chercher l’homme pour lui offrir son amour. Et cela se voit à travers le choix d’Abraham (Gn12,2 ; 15,5-6) ; le choix d’un peuple (Israël) pour sceller une alliance qui embrasse tous les peuples. (Is2,2-5 ; Mi 4, 1-4). Par la suite Il envoya son propre Fils pour que son dessein d’amour et de salut se réalise dans une nouvelle alliance et éternelle avec l’humanité toute entière. La venue du Christ fait en sorte nous disent les évangélistes que les foules étaient à ses côtes pour suivre ses enseignements. Cette petite communauté qui se forme au jour le jour devient la famille de Jésus et avec laquelle (Mt12,49 ;) il prépare et construit l’Eglise « Familia Dei » (Ep 2,1922). A la suite de ce que souligne l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, le pape Emerite Benoît XVI dans Africae Munus, considère la famille comme le « sanctuaire de la vie » la « cellule vitale de la société et de l’Eglise », « le lieu propice pour l’apprentissage et la pratique de la culture du pardon, de la paix et de la réconciliation »

D’où naît alors l’Eglise ?

« L’Eglise est née principalement du don total du Christ pour notre salut anticipé dans l’institution de l’Eucharistie et réalisé sur la

croix. » (CEC 766) Ceci revient à dire que le Christ Jésus est le fondement de l’Eglise en ce sens où elle repose sur Lui. L’Eglise naît du geste d’amour suprême de la croix, du côté ouvert de Jésus d’où sortent l’eau et le sang, symboles des sacrements de l’Eucharistie et du baptême. Ainsi, dans la famille de Dieu qui est l’Eglise, la sève vitale est l’amour de Dieu, lequel amour est identique entre toutes ses créatures car il est l’unique et vrai père que nous avons. C’est dans le même ordre d’idée que le Christ nous invite nous en tant que fils de Dieu de nous comporter entre nous comme des frères, car nous ne formons qu’une seule famille en Eglise. L’Eglise est de ce fait une famille où on aime et on est aimé. Dans le cours de l’histoire, cette Eglise s’est manifesté quand le don de l’Esprit Saint a rempli le cœur des apôtres et a poussé ces derniers à sortir et à se mettre en marche pour annoncer l’Evangile et répandre l’amour de Dieu.

Cependant, l’Eglise famille de Dieu est en quelque sorte en perte de repère dans la société d’aujourd’hui ; que faire face à ce chalenge énorme ?

L’Eglise, famille de Dieu : un défi pastoral

Dans la société où nous vivons actuellement nous avons l’habitude de suivre ces propos : « le Christ, oui, l’Eglise non ». Mais ignorent que c’est l’Eglise qui nous donne le Christ et qui nous amène à Dieu à travers son Eglise. C’est dans le même ordre d’idée que Schillebeeckx affirme dans son ouvrage LE CHRIST Sacrement de la rencontre de Dieu que : « l’essence plénière du sacrement ne se réalise que si à la volonté de rencontre sacramentelle du Christ dans et par l’Eglise, le chrétien y adjoint une réponse religieuse positive qui n’est rien d’autre que le fruit de sa volonté. » C’est dans ce sens que nous ne devons pas nous lasser de croire jusqu’à la venue du Seigneur. Au moment où de nombreuses voix s’élèvent pour annoncer ou prédire la mort de « la famille de Dieu », nous sommes invités à prendre chacun à son rang ses responsabilités, à apporter notre pierre à l’édification de cet œuvre. Est-ce que j’aime mon Eglise ? Est-ce-que je prie pour elle ? Est-ce-que je me sens membre de cette grande famille qu’est l’Eglise ? Qu’est-ce-que je fais pour qu’elle soit une communauté dans laquelle chacun se sente accueilli, aimé et compris ? Face à tout cela nous ne devons pas perdre de vue que Dieu nous appelle à vivre notre foi en famille au travers de la prière car une famille qui prie est une famille qui vit. Dans le domaine de la catéchèse par exemple, il nous faut passer d’une catéchèse par les parents à une catéchèse avec les parents. C’est donc un devoir pour chaque chrétien de travailler à l’édification du peuple choisi. La famille reste à ce niveau le premier lieu de la transmission de la foi et des valeurs religieuses.

La transmission de la foi aux enfants et autres personnes est le commandement de base de l’Eglise. « ces paroles… vous les enseignerez à vos fils… » (Dt 6, 4-5). Nous devons apprendre à faire l’expérience de certaines composantes de la paix : la justice, l’amour entre frères et sœurs, le service affectueux envers les membres les plus faibles, la disponibilité à accueillir l’autre à lui pardonner. De la même manière que nous crions vers Dieu en l’appelant affectueusement « notre père », il nous faut passer d’une fraternité de sang à une fraternité universelle dans le Christ. Il s’agit de donner en famille toute la place à la prière, à l’écoute assidue et la lecture attentive de la Bible. Et dans nos communautés ecclésiales et base ainsi que dans nos Eglises, soient de plus en plus de vraies famille, « berceau de vie et d’amour » qui vivent et portent la chaleur de Dieu.

Fr. Eric TCHUENTE

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