#29 STUDIO ALCHIMIA
Formes
Revue d’atelier Marc Vaye
Hiver 2014
Projet pour un robot sentimental
Je voudrais parler de l’homme qui est ou serait le centre de notre problème : j’explique quelques idées sur l’homme, évidemment en relation avec le projet et le design.
Que fut le paradis terrestre par rapport à la réalité ultérieure du monde ?
N’importe quelle activité humaine a aujourd’hui atteint des degrés de spécialisation très élevés. Chaque discipline est enfermée à l’intérieur de ses problématiques de manière abstraite et oublie son objectif, son mobile, qui est l’homme.
Il fut ce lieu exceptionnel de tous les points de vue, où ni le projet ni l’organisation n’étaient nécessaires, c’est-àdire où l’homme ne devais ni se protéger, ni se vêtir, parce que le climat était approprié, parce qu’on ne devait pas chercher de quoi manger, ni de l’argent. Que tout était soft, que le nécessaire était abondant.
Je m’adresse alors à l’homme primordial, à l’époque où, sur cette écorce terrestre, se trouvaient les premiers groupes d’individus qui devaient commencer à s’organiser : voici la caverne, qui est la première architecture, voici quelques ustensiles qui sont les premiers objets.
Evidemment le destin ne nous l’a pas donné : l’homme sauvage a connu les situations de violence. Voilà pourquoi la caverne, les vêtements et les armes. Bien qu’étant doté d’un système exceptionnel, il a eu besoin d’autres instruments : des prothèses pour de meilleurs résultats.
Auparavant, au moins en terme mythiques, l ‘habitat humain a été le paradis terrestre.
Les attentes de la vie conduisent au concept d’habitat, et tout le monde a un habitat.
Un habitat comme organisation des habitudes des individus et des groupes, de même l’animal. Le pas suivant est la décoration qui fait de l’habitat un phénomène de culture décidé mentalement. C’est ainsi que la vie passe de l’élémentaire au sophistiqué. Depuis des siècles en Orient comme en Occident le mode de vie est “subtil” car il nécessite des milliers d’objets. Mais où commence la décoration, l’architecture commence-t-elle dehors ou dedans ? D’un point de vue anthropologique la décoration commence avec le vêtement. Quel rapport ai-je avec ma veste et ma chambre. Il y a uniquement une question de distance au corps, les deux sont des habitacles. La chambre est un vêtement dilaté. Le spatial est
propre à la chambre. La diversité de l’usage n’est pas substantielle, d’un point de vue conceptuel c’est la même chose. Donc le vêtement est le premier mobilier. L’un est mou, l’autre est dur. L’architecture gagnerait à être molle, instable, moins durable. C’est un paradoxe car l’architecture doit durer. L’homme a besoin de protection physique mais aussi de protection mentale, espace concave à l’image du ventre maternel : couleurs délicates, éléments raréfiés ou liquides, sensations, ombres, lumière, son. Et ainsi la ville, le territoire … Je connais une jeune femme qui vivait sans objet, passer une journée avec elle était très difficile. Une maison nue est hostile. Le scaphandre de l’astronaute démontre que le vêtement est une maison. “La nature de l’homme consiste dans son artificialité toujours croissante”. Notre nature est d’être artificiel. La nature de-
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Studio Alchimia
© Studio Alchimia Revue d’atelier Marc Vaye École Spéciale d’Architecture Hiver 2014
vient une projection artificielle. Comme notre vie devient le négatif de celle qui se déroule sur l’écran de télévision. Nous sommes les protagonistes robotisé d’un monde de métal. Il ne reste que la mort, la douleur, la peur, la violence. D’un coté la ligne claire de la rationalisation et de l’autre la sentimentale, celle qui répond aux attentes existentielles.
et archaïques. Que devient le designer ? La maison privée comme scène personnelle, comme espace hermétique et anarchique, comme accumulation d’objets, comme enchevêtrement d’aventures. Dans le passé le projet reposait sur des certitudes atemporelles, aujourd’hui il est caduc avant d’avoir été utilisé.
A l’avenir les objets seront adaptés à la diversité des hommes. Après l’expérience nucléaire et spatiale, informatique et électronique mènent aux néo objets philosophiques du design.
Le nouveau design comme système minimalisme d’objets virtuoses reliés au corps, construits autour de la personne.
Si je tente d’imaginer ces objets, je les vois légers, discrets, psychiques, polymatériels, polychromes, anti mécaniques, évanescents, informes, virtuels pour des robots sentimentaux, à la fois hightech
L’ornement l’emporte sur le projet.
La vie l’emporte sur le projet.
Alessandro Guerriero / Studio Alchimia Mars 1984.