#41
L’ESPACE ET SON DOUBLE
Revue d’atelier Marc Vaye
Automne 2014
Le nĂŠant / Marc Vaye 2014
Acrylique sur toile 90 x 90 cm
Mu
Le vide
“ On dirait que l’objet déjoue d’une manière à la fois inattendue et réfléchie l’espace dans lequel il est toujours situé. Par exemple : la chambre garde des limites écrites, ce sont les nattes du sol, les fenêtres plates, les parois tendues de baguettes (image pure de la surface), dont on ne distingue pas les portes à glissières ; tout ici est trait, comme si la chambre était écrite d’un seul coup de pinceau. Cependant, par une disposition seconde, cette rigueur est à son tour déjouée : les parois sont fragiles, crevables, les murs glissent, les meubles sont escamotables, en sorte qu’on retrouve dans la pièce japonaise cette fantaisie (d’habillement, notamment), grâce à laquelle tout Japonais déjoue - sans se donner la peine ou le théâtre de le subvertir - le conformisme de son cadre.” L’empire des signes / Les paquets Roland Barthes
“ L’écriture est en somme, à sa manière, un satori ; le satori (l’événement Zen) est un séisme plus ou moins fort qui fait vaciller la connaissance, le sujet : il opère un vide de parole. Et c’est aussi un vide de parole qui constitue l’écriture : c’est de ce vide que partent les traits dont le Zen, dans l’exemption de tout sens, écrit les jardins, les gestes, les maisons, les bouquets, les visages, la violence.” L’empire des signes / Là-bas Roland Barthes
La figure et son double La serre est la première invention d’architecture météorologique, dont la nouveauté tient autant à sa structure qu’au milieu artificiel qu’elle parvient à contrôler en assurant une maîtrise de la lumière, de la température et de l’humidité de l’air, de la ventilation. La serre est à la fois un jardin couvert et l’image du paradis, c’est-à-dire la conjonction magique d’un symbole et d’une fable. Les serres jardins d’hiver, annoncent une vision dynamique et énergétique du milieu.
La serre horticole, est un ready-made, qui permet de construire avec économie un maximum d’espace avec un minimum de matière. Passage du qualitatif au quantitatif. Passage vers plus de surface et de volume à vivre dans la mobilité du nomadisme journalier. Mobilité, action et appropriation des utilisateurs sont stimulées. Espace minimum et espace maximum. D’un coté, un espace strictement pensé et organisé dans la continuité du Projet
Contre figure - le bunker Moderne, de l’autre, son double, un espace supplémentaire, un espace inassignable. D’un coté, l’espace du probable. De l’autre, celui de l’improbable et des possibles. Passage du volume plein au volume vide à travers une logique du supplément. Le paysage est dans le dedans.
Quand le sol se retire la contre figure, le bunker massif et opaque bascule. Le sol s’effondre et l’objet reste, pris par l’attraction terrifiante de ses murs de plus de deux mètres d’épaisseur. Il n’y a plus de hiérarchie entre le haut et le bas. Fondations, sol, murs et toit sont équivalents. Inclinaison et renversement du monolithe massif et inerte.
“ Dans les murs, les ouvertures peuvent être pratiquées n’importe où, conformément aux vues que l’on souhaite avoir depuis l’intérieur. Elles permettent deux types de transformations scéniques en rapport avec le temps : les altérations qui dépendent de l’heure, du jour, du climat et des saisons et celles qui dépendent des mouvements de l’observateur. ” Tadao Ando
“ L’architecture est l’art d’articuler le monde grâce à la géométrie. Néanmoins, le monde ne s’articule pas en espaces isotropes et homogènes. Plutôt qu’en espaces abstraits, il s’articule en des lieux concrets liés à un contexte global, constitué par l’histoire et la culture, le milieu, la topographie et la ville. Un lieu n’est pas l’espace absolu de la physique de Newton, à savoir un espace universel, mais un espace dense et hétérogène porteur de sens, né du corps comme union de l’esprit et de la chair (shintai)... … L’homme est doté d’une structure physique asymétrique avec un dessus et un dessous, une partie droite et gauche, un avant et un arrière, le monde que le corps articule devient inévitablement un espace hétérogène.” Tadao Ando
Les Turbulences / Jakob + MacFarlane 2013
Des subsistances militaires au Frac Centre Au XVIIIe siècle, le site est occupé par une communauté religieuse, au XIXe, après le rachat par la commune, il accueille la Manutention militaire qui s’appellera après 1945 les Subsistances militaires. Les bâtiments présents sur le site sont emblématiques de l’architecture militaire: rigoureuse, austère et fonctionnelle (pierre de taille enduite, hourdée au mortier de chaux + briques). Ce sont des entrepôts de stockage de denrées construits en deux phases. La première, entre 1837 et 1842, voit apparaître l’aile nord et à la seconde en 1890, apparaissent l’aile sud, le bâtiment central et la maison dite du colonel.
Désaffecté dans les années 80, le lieu accueille de 1999 à 2006 la manifestation internationale Archilab dédiée aux recherches les plus avancées en matière de création architecturale. En 2006 le site est choisi pour abriter le Fonds Régionaux d’Art Contemporain de la région Centre (Frac Centre) et est l’objet d’un concours international visant à restructurer les bâtiments existants, à créer un signal architectural jouant le rôle de repère urbain, métaphore de l’ouverture des Frac sur la cité, et à aménager les espaces extérieurs et intérieurs pour les adapter aux futurs usages. Le projet lauréat est “Les Turbulences” de l’équipe Jakob MacFarlane + Electronic Shadow.
Les Turbulences / Jakob + MacFarlane 2013
Le Frac Centre, situé à la limite du centre ancien d’Orléans, entre tissu médiéval et rocade autoroutière, est une plateforme pour l’architecture expérimentale doté d’un fonds de 600 œuvres, 800 maquettes, et 15000 dessins, c’est aussi un laboratoire de recherche. Il associe fonction muséographique et expérimentation artistique, conservation et exposition, médiation et action culturelle. Conserver et diffuser. Exposer et transmettre. Produire et échanger. Collections, laboratoires, centre de ressources et de recherche, lieux d’expérimentation mais aussi lieux pour vivre, tout à la fois flexibles et polyvalents. Réceptacles d’expositions comme d’événements éphémères. En résumé être des dispositifs ouverts à la fois dionisiacs et propre à récupérer le futur. Revenir à l’état de 2006, AVANT. Prolonger la réflexion pour créer un autre APRES.
Scénario / Programme La collection est stockée dans un autre site en périphérie d’Orléans.
Bureaux (2 fermés, les autres mutualisés 100 / 150 m2).
Espace d’accueil, billetterie et librairie (Ensemble 100 m2/ libre).
Salle de réunion (30 /40 m2). Résidences d’artiste (4 unités 200 m2).
Galerie d’expositions temporaires (600 / 800 m2). Galerie d’exposition permanente pour la collection (300 / 400 m2). Atelier des scénographies (125 m2). Réserve (40 m2). Centre de documentation et de recherche (100 m2 / libre). Salle de projection auditorium (50 / 100 m2 capacité 50 places).
Atelier pédagogique ouvert sur la ville (50 / 80 m2). Restaurant (200 / 300 m2 capacité environ 30 couverts). Un bar cafeteria (100 m2) avec terrasse (libre). Serres et Jardins plantes maraichères, fruits et fleurs (“surface libre”). Cour et sur-sol (“surface libre”).
DĂŠsert urbain Rastine Mir
Plis Marcos Philippou
Remparts Arthur Henry
Environmental morphogenesis Calin Segal
Double peau Clara Lhermitte
Ermittage Jiang Biancheng
Passerelle Charly ThĂŠophile
Vitrine urbaine Harold Macdonald
L’espace et son double Houda Lahlou
Plein & vide Pierre Chavalle
Plan libre Arnaud Berland
Transparence Anne-Marie Heydeck
Porte & Place Lisa Denis
Evaporation Sarah Chaouki
Galerie StĂŠphanie Assous
Entre-deux Florian Tassy
Transparence Dahlia Hojeij
Illuminations Marlene Huster
Lumière zénithale Kawtar Sayegrih
Ligament urbain Kamille Claverie
Jury Lucy Hofbauer / FRAC Centre Jean-Pierre Bontoux Marc Vaye Léa Laulhère Théoph
Cycle 1 Semestre 5 Stéphany Assous Arnaud Berland Sarah Chaouki Pierre Chavalle Kamille Claverie Li Biangcheng Jiang Houda Lahlou Clara Lhermitte Harold Macdonald Rastine Mir Ma
ile Chaudieu Karim Azili Olivier Caudal
isa Denis Arthur Henry Anne-Marie Heydeck Dahlia Hojeij Marlène Huster arcos Philippou Kawtar Sayegrih Calin Segal Florian Tassy Charly ThÊophile
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L’espace et son double © Marc Vaye Automne 2014 École Spéciale d’Architecture
Références Eloge de l’ombre, Jun.ichiro Tanizaki, Publications orientalistes de France, 1977. Climats, Conférences de Malaquais, 2012. Architectures météorologiques, Philippe Rahm, Archibook, 2009. L’architecture de l’environnement bien tempéré, Reyner Banham, HYX, 2011. Maison Sugimoto, Kyoto, 1723, Richard Copans, Les films d’ici - ARTE, 2007.