PORTFOLIO #3
Le Mur rouge
Luis Barragan Architecte du silence
Sombra y sol L'idée “Barragan” n'est pas innocente. Le caractère complexe de son œuvre, reposant à la fois sur des fondements traditionnels et des procès novateurs, suscitait émotion, curiosité et entreprise. La notion de “fragment” s'accorde de façon efficiente à la lecture partielle et cinétique d'une promenade dans l'œuvre permettant de renvoyer aux fondements d'une démarche. En latin, détourner, conduire le regard ailleurs, se dit "seducere". Il s'agit bien là de séduction. Si la neutralité suffisante de ces fragments paraissait indubitable, il s'avérait nécessaire d'en éviter la couleur. L'axiome de Monsieur Matisse : Lumière = Espace = Couleur aura sans nul doute été pensé et repris par Barragan lui-même. La couleur, pour Barragan, ne fonctionne-t-elle pas comme un exutoire ? L'ancrage des traditions, la mémoire d'un peuple, les frasques d'une civilisation profonde, sousjacents dans toute son œuvre, ne passeraient-ils pas par la tauromachie ? Cette séduction, vis-à -vis d'un monde âpre, opaque, dense et hostile, n'endosseraitelle pas ces teintes frivoles dont se parent les toréros ? Barragan, aurait-il habillé ses œuvres de lumière ? Ces fragments, si dépouillés soient - ils, s'exercent, sans trahir le maître, à se vêtir de lumière : autant dire de rien ! Philippe Guillemet
Éditorial
Biographie Luis Barragan in Encyclopédia Universalis
Luis Barragan Morfin est né à Guadalajara le 9 mars 1902 et décèdé à Mexico-City le 22 novembre 1988. Sa vie traverse le siècle sans l'épouser, pour nous enchanter. Fils de propriétaire terrien, il passe de longues périodes de son enfance dans un ranch de la région montagneuse de Mazamitla, état de Jalisco. Austérité des paysages, grands espaces, forte lumière, omniprésence de l'eau et naissance de sa vocation de cavalier. Ici réside l'influence majeure d'un architecte autodidacte dont l'œuvre sera qualifiée en 1976 par Emilio Ambasz d'autobiographique et animée par la nostalgie, la constante recherche Proustienne du temps perdu. Profondément catholique, cet aristocrate déclassé par la révolution mexicaine associe tradition locale et culture universelle. Il suit une formation d'ingénieur civil à Guadalajara (1920-25) et, en parallèle, travaille avec des constructeurs. Cette période consacrée à apprendre à bien bâtir est aussi marquée par la naissance d'une complicité intellectuelle avec Rafaël Urzua et Ignacio Diaz Morales.
chantés de Ferdinand Bac. À son retour s'initie une période (1927-36), où il réalise, dans un style éclectique hispano-mauresque, la Casa Luna (1929), la Casa Cristo (1929). Elle sera suspendue en 1930 par le décès de son père et en 1932 par un voyage au cours duquel il rencontre Ferdinand Bac, assiste à des conférences de Le Corbusier et découvre l'architecture vernaculaire méditérranéenne. Après avoir vendu les affaires familiales il s'installe en 1936 à Mexico où sous l'influence des écrits de Le Corbusier il réalise immeubles de rapport et maisons de ville dans le style International, puis décide en 1941 de n'avoir d'autres clients que lui-même, oriente son activité vers le paysagisme, l'aménagement urbain et initie une relation avec le peintre naif Jesus "Chucho" Reyes Ferreira et le photographe de paysages Armando Salas Portugal avec lesquels il entretiendra une collaboration exemplaire.
En association avec le financier José Bustamante il acquiert en 1945 à San Angel, au pied du volcan Xitle, plusieurs hectares de terrain volcanique inhospitalié qui deAu cours d'un voyage en Europe (1925- viendront Los jardines del Pedregal de San 27) il visite San Geminiano, l'Alhambra Angel. Métamorphoser un site vierge en de Grenade et découvre Les jardins en- jardin pour méditer et jouir de la nature.
Portrait de Luis Barragan ŠAlberto Gomez Barbosa1980
Une mission sacrée, une vision proche de la conception des Perses anciens où le jardin est l'esprit de la maison. Il dicte les règles urbaines : tracé des routes suivant les formations de lave, places, fontaines, lot minimum de 500 m2, coefficient d'occupation du sol de 10%, enceintes hautes de lave extraite du site percées par des clôtures de fer phosphorescent, lignes droites, surfaces planes, volumes primaires. Il y construira la Casa Prieto (1948), la Casa Galvez (1955), approuvera la conception de quelques autres, puis se retire de l'opération en 1952 et entreprend un voyage au Maroc. La réalisation de sa propre maison-atelier à Tacubaya en 1947 peut être considérée comme le début de la période de maturité. Ici, maison et jardin ne font qu'un et le jardin est dédoublé. Le premier, en pleine terre, accueille les arbres et les oiseaux, le second, en terrasse, le vent et les nuages. Un patio ouvert sur le ciel, pour méditer. Mathias Goeritz, le sculpteur exilé en 1949 d'origine allemande exerce alors une profonde influence philosophique sur Luis Barragan qui se traduit par une étroite collaboration lors de la rénovation de la chapelle du Couvent des capucines à Tlalpan (1952-55) où il réalise le vitrail et l'autel, un triptyque doré à la feuille, c'est-à-dire les éléments essentiels du dis-
positif de traitement de la lumière, et une double paternité pour les Tours Satellite (1957), monument de la porte nord de Mexico sur l'autoroute de Queretaro. La Fontaine de l'abreuvoir (1958) exprime la rencontre des Perses et des Surréalistes. À l'extrêmité d'une longue avenue d'eucalyptus, un bassin, miroir d'eau, prolongé d'un écran blanc où frémissent les ombres mouvantes des arbres. Le Mur Rouge (1958) objet poétique à deux faces, celle des yeux et l'autre, voilée, qui suggère les présences du passé. Le Club San Cristobal (1968) à la fois écurie et maison pour la famille Folke Egerstrom, où le vide d'une place est peuplé d'un arbre solitaire et d'une fontaine de couleur éclatante. Scénographie mise en tension par le passage d'un homme à cheval. La Casa Gilardi (1976) à Tacubaya où se découvre, à l'extrémité d'un corridor baigné de lumière jaune, la magie d'un monolithe rouge incandescent qui émerge d'une piscine domestique. Quand Luis Barragan reçoit le Prix Pritzker à Washington le 3 Juin 1980 son discours prend allure de Manifeste : quand, marchant le long d'un obscur couloir de l'Alhambra, j'entrai dans le patio des Myrthes, serein, silencieux, solitaire, j'eu la sensation qu'il contenait ce qu'un jardin parfait doit contenir : rien moins que l'univers entier. Marc Vaye 1999
FRAGMENTS 12 maquettes Médium massif avec finitions vernis polyuréthane type bureau, plâtre, verre sablé, résine polyesther, bronze tirage unique à cire perdue, patine noire.
Couvent des Capucines La nef
Couvent des Capucines Le tryptique
Couvent des Capucines Le claustra
Casa Barragan L'escalier
Casa Barragan La terrasse
Club San Cristobal Le portail
Club San Cristobal La fontaine
6 toiles canevas montÊes sur chassis 70 x 100 cm "Les Colombières" Ferdinand Bac
12 Plans Encadrements sous-verre 70 x 100 cm. Papier acquarelle "arches" grain satiné à l'encre de Chine et crayon à papier. Échelle 1/100 Fontaine des Amants Couvent des Capucines Maison Barragan Rdc/1er étage/Terrasse Maison Galvez Rdc/1er étage/Terrasse Maison Gilardi Rdc/1er étage Échelle 1/250 Fontaine de l'Abreuvoir Club San Cristobal
9 ĂŠpreuves argentiques Encadrements sous-verre 50 x 70 cm
Tournée & scénographies
1992 1993 1994 1997 1997 2003 2004
Salon International de l'Architecture Grande Halle de la Villette Paris Galerie de l'École Spéciale d'Architecture Paris Galerie de l'École Polytechnique Fédérale Lausanne Suisse Espace Elec CNIT Paris la Défense 3ème Biennale Internationale d'Architecture Sao Paulo Brésil Les bâtisseurs de lumière Espace Electra Paris Forum d'Urbanisme et d'Architecture Nice
Sombra y sol Vidéogramme 15’ Témoignages Ignacio Diaz Morales Carlos Gonzalez Lobo Pierre Vago
Livret & DVD non édités
PORTFOLIO
#3
Exposition
Luis Barragan Architecte du silence
Commissaires Philippe Guillemet & Marc Vaye Avec la collaboration de Bérenger Carron Gabriel Estapa Benjamin Gonord Scénographe Marc Vaye Avec le concours de Institut National des Beaux-Arts Université de Guadalajara Université Nationale Autonome Mexico Bernard Menuiserie Laboratoires Dupon Grégoire d’Amiens Didier Hubert Ihab Kalaoun Bertrand Poirier Première présentation 1992 Grandes Expositions du SIA Grande Halle de la Villette Paris Sous le Haut Patronnage de l'Ambassade du Mexique Avec le soutien du Ministère de la Culture Label du Comité National “Cinquième centenaire pour la rencontre des deux mondes“ Colloque Médiateur Paul Virilio Jorge Garcia Juarez Guillermo Garcia Oropeza Jorge Gonzalez Claveran Fernando Gonzalez Gortazar Hector Zapata Galvez ©1992/2004/2007
Remerciements à Jorge Gonzalez Claveran Ignacio Diaz Morales Pierre Vago Folke Egerstrom Antonio & Christina Galvez Francisco Gilardi Eucaristia Gonzalez Iturbe Efrain Gonzales Luna Edouardo Prieto Lopez Enrique de Anda Alanis Alfonso de Maria y Campos Louise Noëlle Mereles Julio de la Pena Carlos Flores Marini Carlos Gonzalez Lobo Alberto Gonzalez Pozo Maria Teresa Ocejo Casares Laura Olarte Jose Reygadas Valdez Humberto Ricalde Armando Salas Portugal Mario Schjetnan Catalina Corcuera/Casa Museo Juan Palomar Fatlb Victor Jimenez Munoz/Inba Enrique Toussaint/Fatlb Juan Urquiaga/Inba