Mémoire Master 1 : Smart Cities, Utopies 2.0 _ Quelle place pour le citadin?

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Smart Cities, Utopies 2.0 Quelle place pour le citadin? MARGAUX DONZÉ

Sous

la direction de

Magali Paris / Sébastien Bourbonnais P h i l i pp e L i v e n e a u / A m a l A b u D a y a

Master1 I aa&cn EN S A G r e n o b l e M a i 2 0 1 5




REMERCIEMENTS


REMERCIEMENTS

Je voudrais particulièrement remercier Sébastien Bourbonnais et Magali Paris pour leur écoute et leurs conseils. Leur l’investissement est formidable et c’est un plaisir de travailler avec eux. Je souhaite également remercier Philippe Liveneau et Amal Abu Daya pour leur soutient et leur disponibilité.


SOMMAIRE


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SOMMAIRE

SMART CITY, VILLE 2.0 INTRODUCTION

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LES VILLES À L’ÉRE DIGITALE PARTIE I

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VILLE NUMÉRIQUE, VILLE FONCTIONNELLE PARTIE II

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UNE VILLE POUR QUI? PARTIE IV

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Smart City, une ville machine optimisée L’homme devient aussi une donnée

CITADINS SOUS CONTRÔLE PARTIE III

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Smart city, ville reconfigurée Digital Natives

Public / privé, les limites se brouillent Pistage, surveillance et contrôle intrusif Smart City, Ville produit Le citadin a-t-il le choix ?

RECADRAGE DU CONCEPT DE SMART CITY CONCLUSION

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ANNEXE SOURCES

Principaux auteur, ville & numérique Bibliographie Sites internet Filmographie Iconographie


SMART CITY, VILLE 2.0 INTRODUCTION


INTRODUCTION

Le concept de Smart City se développe depuis plus d’une dizaine d’années. Dans un contexte d’écologie et de bien être des habitants, ces nouvelles villes s’appuient, entre autres, sur les technologies numériques (comme les capteurs, les réseaux, le partage de données, etc.) dans une visée d’optimisation des systèmes de gestion. Comme l’exprime le rédacteur en chef du magazine Usbek & Rica, Blaise Mao, « La smart city est évidement liée à la technologie. Il s’agit de rendre la ville plus confortable, plus intelligente. [...] On se rend compte que l’analyse des données via les outils du numérique permet d’améliorer les solutions de transport, non pas en augmentant l’offre mais en étudiant les pratiques des gens et en s’y adaptant. » Ces villes sont conçues selon le principe de la collecte de données, ainsi elles peuvent analyser les besoins de la ville et des citadins en temps réel et y répondre avec plus de justesse dans un temps très court. Les systèmes

The concept of Smart City has developed for over a decade. In a context of ecology and well being of citizens, these new cities are based, among others, on digital technologies (such as sensors, networks, data sharing, etc.) in a goal of optimization of management systems. As expressed by the chief editor of the magazine Usbek & Rica, Blaise Mao, « The smart city is obviously linked to technology. It is about making the city more comfortable, more intelligent. […] We realize that the analysis of data using digital tools can improve transport solution, not by increasing the supply but by studying the practices of people and adapting to it. » These cities are designed on the principle of data collection, so that they can analyze the needs of the city and city dwellers in real-time and respond to it more accurately and swiftly. Digital systems overlap the city and take the pulse of it. This is transcribed in particular by data gathering and monitoring devices such as sensors, cameras and

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I n t e rv i e w d e B l a i se M a o i n E t a p e s n ° 2 1 5 , S ma r t C i ti e s , P. 2 0 5


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INTRODUCTION

numériques se superposent à la ville et prennent le pouls de celleci. Cela se retranscrit notamment par plus de dispositifs de récolte de données et de surveillance comme les capteurs, les caméras et les puces GPS. En plus des systèmes bien connus que sont les caméras de surveillance citées plus haut, nous sommes totalement pistés au travers de nos téléphones, de nos mails, de nos cartes de transports et de nos mouvements sur internet. Avec les systèmes de récolte d’information en temps réel et l’assurance d’une meilleure sécurité par une surveillance continue, les Smart City seraientelles une nouvelle évolution d’un système de contrôle venant d’en haut : une dynamique top-down ? La question de l’intimité est également une véritable problématique actuelle. Avec la puissance des réseaux et l’importance de la visibilité publique, l’exposition sociale expérimentée avec les blogs des années 2000 se

GPS chips. In addition to the well known systems that are the surveillance cameras, as mentioned above, we are fully tracked through our phones, our emails, our transport cards and our movements on the internet. With the real-time information collection systems and the assurance of better security by continuous tracking, would the Smart City be a new evolution of a system of control from above : a top-down dynamic ? The issue of privacy is also a real current question. With the power of networks and the importance of public visibility, the social exposure experienced with blogs in the year 2000 is truly amplified, particularly with today’s social networks such as Facebook or Twitter. The boundary between public and private is increasingly blurred and therefore allows ways of doing that are beginning to be really intrusive in the lives of citizens. Are these new cities built for the wellbeing of city dwellers or are they


INTRODUCTION

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« Alors on pense à copier l’insecte social. [...] Les phéromones qui inondent la fourmilière d’une information globale, c’est la télévision planétaire d’aujourd’hui. L’homme croit qu’en offrant à tous ce qu’il estime le meilleur, il débouchera un jour sur une humanité parfaite. » « So we think to copy the social insect. [...] The pheromones that are flooding the anthill with a global information, is the actual planetary television. The man believes that by offering all what it considers the best, it will lead one day to a perfect humanity. »

L e s f o u rmi s, B e r n a r d We r b e r, P. 1 5 7

« À force d’intégrer des technologies, la ville pourrait finir par ressembler à une sorte d’immense écosystème global où l’on saurait tout en temps réel. Une ville un peu comme celle de 1984, avec son Big Brother. De toute façon, nous y sommes déjà un peu, avec toutes les personnes qui se géolocalisent à longueur de journée via leur Smartphones... » « By dint of integrating technologies, the city could end up looking like a kind of immense global ecosystem where we can all live. A city much like the one of 1984, with its Big Brother. Anyway, here we are already a bit with all the people who geotagging day long with their smartphones ... »

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INTRODUCTION

trouve considérablement amplifiée, notamment avec les réseaux sociaux d’aujourd’hui comme Facebook ou Twitter. La limite entre public et privé devient donc de plus en plus floue et autorise alors des manières de faire qui commencent à être véritablement intrusives dans la vie des citoyens. Cela nous amène à nous questionner sur l’équilibre entre surveillance et vie privée. Ces nouvelles villes, bardées de dispositifs de récolte de données, servent-elles le bien être du citadin ou ne sont elles que de nouveaux «terrains de jeux» instrumentés dans les mains des politiques et des grandes entreprises? Alors, prenons du recul sur ce récent concept qu’est la Smart City. Considérant l’essor digital de notre époque, regardons comment la Smart City s’empare des technologies 2.0 et comment la fusion des approches numériques et des enjeux urbains mènent à re-questionner les limites et les véritables enjeux de ces villes de demain.

new «playgrounds» instrumented in the hands of politicians and big businesses ? So, let’s take a critical point of view on this recent concept that is the Smart City. Keeping in mind the growth of our digital era, let’s look at how the Smart City seizes 2.0 technologies and how the fusion of digital approaches and urban issues leads to re-question the limits and the real issues of the cities of tomorrow.



LES VILLES À L’ÈRE DIGITALE PARTIE I


PARTIE I

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Smart city, ville reconfigurée Depuis les années 70 l’homme à pris conscience de son impact sur la planète. Les questions environnementales et écologiques se placent au cœur des préoccupations internationales. Plus les années passent, plus l’impact de notre -mauvais- usage de la planète se fait sentir. C’est dans ce contexte là que se développe l’idée de la “Smart City“. Mais pas uniquement, car elle prend également en compte les dimensions sociale et économique des villes. Souvent traduit par “ville intelligente“, il s’agit là d’un concept regroupant plusieurs thématiques de recherches et d’actions pour modifier la ville que l’on connait en un système communautaire régit par la collecte et le partage de données dans un but d’optimisation d’un système complet. « Smart City convie architectes-urbanistes, artistes, chercheurs, collectivités territoriales, acteurs économiques, usagers et société civile à imaginer des modes inédits pour lire, s’approprier et transformer la ville. Le projet repose sur une méthodologie d’expertise urbaine, d’analyse sensible du territoire et des usages. » Le caractère multidimensionnel du concept le rend également assez flou. Les politiques et les grandes industries s’emparent de cette nouvelle dynamique et parfois prennent la liberté de ne valoriser que quelques domaines ciblés dans la création d’une Smart City. Dans cette rédaction, nous nous focaliserons donc sur ce que l’on pourrait appeler des « villes 2.0 » : des Smart Cities dont toute l’organisation est basée sur la notion de réseau et où les dispositifs numériques prennent toute leur importance. « Aussi connues comme des « communautés intelligentes », les villes intelligentes sont des centres urbains technologiquement avancés où l’on voit une interaction optimisée entre les personnes, les organisations, les processus et les données. En termes simples, nous parlons de communautés qui ont de fortes capacités en technologie numérique de même que les compétences en communication nécessaires pour tirer profit de toute cette connaissance. Le savoir-faire en commun est utilisé pour résoudre des problèmes dans des domaines clés — tels

S ma rt C i t y. Vi l l e cr é a t iv e e t d u ra b l e . L a b o ra t o ir e Eur o p é e n d ’ i n n o v a t i o n ur ba ine

M o n t ré a l a c c u e i l le la pr e mi è re é d i t i o n N or d- A m é r i c a i n e d e S ma rt C it y Ex po P u b l i é l e 5 m a r s 2 01 5


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PARTIE I

Smar t Ci t y T hĂŠma tiqu es de rec her c he reco uverte s p ar ce c onc ept


PARTIE I

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que les transports, l’énergie, les soins de santé, la gestion de l’eau et des déchets — en s’appuyant sur l’innovation, la technologie et l’Internet de tout. » Plus concrètement, ce sont des lampadaires capables de calculer la qualité de l’air, des puces et des caméras qui informent de la densité du trafic en temps réel, des abris bus qui nous donnent le temps d’attente... Cela veut dire qu’en tant que citadin on devient plus souple sur la manière de vivre dans la ville. Grâce aux technologies digitales et la multiplicité des services on peut moduler le programme de sa journée en permanence, notamment avec internet et le téléphone portable. Fabien Girardin le remarque bien, « Voyez la manière dont on se donne aujourd’hui RDV. On fixe à peine l’heure. Le choix se fait dynamiquement, au cours de ses déplacements respectifs, en fonction du temps, d’un retard éventuel, ... » Il souligne également ce résultat paradoxal : « Le succès d’Internet devait nous libérer des contraintes spatiales. Il faut bien constater que l’espace physique n’a jamais été aussi présent dans nos existences. » Il faut également noter que ces technologies déployées dans la ville, permettant de réduire son emprunte énergétique, ne se cantonnent pas uniquement aux infrastructures publiques, elles entrent aussi dans les immeubles et les appartements. Dans le reportage Les villes du futur, tous les nouveaux appartements d’Incheon en Corée sont équipés de compteurs intelligents. Dans ce même reportage d’Arte, Jeon Haeng-Ja nous montre l’écran dans le hall d’entrée sur lequel elle peut voir la consommation énergétique de l’immeuble. « En rouge c’est la consommation de notre foyer, en vert c’est la consommation moyenne des autres foyers de la résidence. Par exemple, en novembre, les autres n’ont consommés que ça. Mais nous, nous avons trop consommé. Donc, comme on a trop consommé, on se dit qu’il faut réduire. C’est grâce à ces fonctions que j’ai pu faire des économies en électricité, en eau, en

F a b i e n G i r a r d i n i n La r e c h e rc h e u rb a i n e à l’he ur e de la ville 2.0 Thierry Marcou P. 4

L e s v i l l e s d u f ut ur e 1 /3 E m i s s i o n d i ff u s é e su r Ar te , ( E x t r a i t à 2 5 : 1 0 m in )


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PARTIE I

chauffage. Par rapport à mon ancien appartement je peux économiser environ entre 30 à 40 %. Il ya même un concours d’idée pour réduire la consommation. Et celui qui à moins consommé reçoit un prix du syndic. Le prix c’est un mois d’utilisation gratuite du centre de fitness au sous sol. Il y a même ça! » Ce genre d’organisation, entre public et privé, motive les résidents à être plus attentif aux dépenses énergétiques. La ville est un lieu pratique et efficace. Les citadins sont des utilisateurs permanents et réguliers de ces réseaux - physiques et de communication -, des consommateurs d’informations rapides et disponibles à tout instant. C’est dans cette logique là que la ville se transforme. Les technologies digitales s’imbriquent dans notre monde physique, comme une carte changeante superposée à nos rues et à nos usages au travers de laquelle une nouvelle lecture de notre quotidien serait apportée. Ce territoire cyborg permet une optimisation et une fluidité de la ville, tant pour les citadins qui y vivent que pour les entreprises, les services et les organisations qui s’y développent. Le réseau digital aboli les frontière de l’espace et du temps et permettant ainsi une plus grande réactivité.


PARTIE I

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Digital Natives Depuis les années 80, les technologies numériques ont pris tellement d’importance que cela fait parti de notre quotidien et de notre culture. D’ailleurs, en 2000 apparait le terme de Digital Natives (en françaisI: les natifs du numérique). Il s’agit d’une génération d’adolescent et de jeunes adultes (entre 15 et 25 ans) qui, ayant grandit dans ce contexte numérique, savent naturellement se servir de toutes les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un Digital Native utilise son environnement numérique avec un naturel qui se traduit tant dans ses réflexes que dans son langage, ce qui le différencie nettement de ce que l’on appelle un Digital Immigrant (ou Digital Migrant). Par exemple, lorsque le premier parle d’appareil photo le second utilise le terme d’appareil photo numérique. Nés dans les années 1960-70, les Digital Immigrants s’adaptent aux innovations technologiques avec toujours quelques réflexes analogiques, comme celui d’imprimer un e-mail pour pouvoir le lire sur papier. Cette génération connectée est emblématique de notre siècle et de notre manière de vivre au quotidien. Une étude de Common Sense Media montre d’ailleurs que 38 % des enfants aux États-Unis ont déjà utilisé une tablette ou un téléphone. De nombreux enfants de moins de 14 ans empruntent déjà les tablettes et les téléphones de leurs parents, cherchent des solutions sur internet et savent mieux se servir de tous les paramètres de la télévision qu’eux. Dans la chronique « Ce qui nous arrive » sur France Culture, Xavier de la Porte s’empare du thème des Digital Natives car sa question du jour est « Comment savoir quels pays sont les plus aptes à retirer les meilleurs bénéfices en terme économique mais aussi politique et culturel du développement de l’internet et des nouvelles technologies ». Il faut déjà noter que Xavier de la Porte parle de pays pouvant « tirer profit de la révolution numérique ». C’est un positionnement qui

Étude de Common Sense Media i n N a t i f n u mé ri q u e S o u r c e Wi k i p é d i a

La france et les digital natives Chronique «Ce qui nous a r r i v e » X a v i e r d e l a Po r te , su r France Culture


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PARTIE I

D i g i tal nativ es in th e w or l d


PARTIE I

« Mon fils a six ans. Il sait à peine lire, mais sais déjà se servir de Safari, Google ou Firefox. Entre la tablette, les ordinateurs et les smart phones, les enfants ont accès à 5 écrans à la maison. » « Anna, ma femme est aussi journaliste, elle voyage beaucoup. Le téléphone c’est bien, mais Skype c‘est mieux. Ne plus y avoir accès me fait un peu flipper, heureusement les enfants savent déjà s’en servir sans moi » Pierre-Olivier Labbé

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Digital Detox F i l m d e P i e r r e - O l i vi e r L a b b é e t P i e r r e - L o u i s L a co m b e D i ff u s é s u r C a n a l + Extraits à 2:54 min


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PARTIE I

La france et les digital natives Chro niq ue « Ce qui nous arrive » Xa vie r de la Por t e, sur Fran ce Cult ur e

I bid.

explique tout à fait les récents essors des Smart Cities et l’engouement des technologies numériques en ville. Mais revenons sur les Digital Natives. Dans son reportage, le chroniqueur s’appuie sur une étude publiée par le Georgia Institute of Technology et l’Union Internationale des Télécommunications qui observe la part des Digital Natives dans la population du pays. « Les chercheurs considèrent que la part de ces jeunes dans la population d’un pays est un facteur déterminant dans la capacité d’un pays à profiter de la révolution numérique ». On remarque alors deux points principaux. Premièrement, tous les jeunes du monde ne sont pas des « natifs du numérique ». Les chiffres sont ici révélateurs du fossé numérique entre pays riches et pays pauvre : 99,6 % en Corée du Sud contre 0,6% au Timor Oriental. Et deuxièmement, le taux de Digital Natives peut être élevé sans être véritablement révélateur de la population d’un pays. « On peut avoir un fort taux de « digital natives » parmi ses jeunes, mais à quoi cela sert quand la population d’ensemble est vieillissante ? C’est le cas du Japon, 99,5% de ses jeunes sont des natifs numériques, mais ils ne représentent que 9,6 % de la population ». Concernant notre étude il faudra alors garder en tête le lien évident entre le pays, sa population et le développement de ses villes. La Corée du Sud notamment à une population de Digital Natives très élevée. Nous ne sommes donc pas étonnés de voir s’y développer de profondes dynamiques numériques, notamment avec la construction de Song-Do, un quartier ‘‘smart’’ d’Incheon.



VILLE NUMÉRIQUE, VILLE FONCTIONNELLE PARTIE II


PARTIE II

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Smart City, une ville machine optimisée La Smart City se positionne dans un contexte écologique où nous devons mieux gérer nos consommations et notre manière de vivre la ville. Ces concentrations urbaines s’organisent selon des schémas d’optimisation. Optimisation du traitement des déchets, des consommations énergétiques, des circulations urbaines... Les dirigeants politiques, les grandes industries et les citoyens partagent ces mêmes objectifs d’écologie, d’économie et de facilité d’usage mais chacun les aborde de différentes manières. Les communes tendent vers une meilleure gestion des déchets, les entreprises améliorent leur réactivité pour gérer au mieux les systèmes de maintenances et éviter un maximum de perte et les citoyens regardent de plus près leur consommation énergétique (eau, gaz, électricité) tout en triant plus leurs ordures ménagères. Ces schémas d’optimisation des démarches sont permis à la faveur de l’utilisation des technologies numériques. Prenons les exemples diffusés par Arte dans l’émission Les villes du future : grâce à l’omniprésence des capteurs sur les réseaux de la ville de Song-Do, en Corée, la municipalité peut gérer au mieux les dépenses économiques de la ville. « Grâce à ces compteurs intelligents […] les agents de la municipalité, eux, peuvent optimiser la gestion des ressources. Ils peuvent connaitre en temps réel la consommation de chaque immeuble, adapter la production à la consommation, rediriger l’énergie entre les bâtiments. Et cette gestion intelligente des ressources concerne aussi le réseau d’eau de la ville. ‘‘En cas de fuite d’eau c’est important de réagir vite. Donc, chaque tuyau est équipé d’un capteur qui contrôle la pression du débit. Et lorsque le débit est très faible, on soupçonne un risque de fuite. Donc on envoie un message à la direction de la gestion technique ou à l’organisme compétent pour qu’il puisse intervenir au plus vite.’’ [Kim Jong Won, Centre de contrôle de Song-Do] »

L e s v i l l e s d u f ut ur e 1 /3 E m i s s i o n d i ff u s é e su r Ar te ( E x t r a i t à 2 6 : 1 0 m i n)


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PARTIE II

Nice ina ug ur e son «boule va r d c on nect é» Le F ig a ro, Article de Fabr ic e Nod é-L an glois et d ’Emman ue l Elgoff

Une pr oposi t i on… A rticle d e Pie rre B ellanger

Ainsi se développent de nombreuses interactions entre la ville et les technologies digitales, caractéristiques de la Smart City, comme l’illustre bien le boulevard connecté de Nice. En partenariat avec Cisco, la ville utilise 200 capteurs pour collecter en temps réel des données sur la fluidité du trafic, l’éclairage public, la propreté et même la qualité environnementale. « L’expérimentation privilégie la mutualisation des infrastructures techniques pour éviter la multiplication de réseaux de capteurs et d’émissions d’ondes sur le domaine public. L’approche convergée va optimiser les coûts en travaux publics et contribuer à la fluidité urbaine. Les données transiteront par différents réseaux notamment la fibre optique déjà déployée à Nice, des antennes ZigBee et des hotspots WiFi.j» Mais il ne s’agit pas seulement de dispositifs numériques éparpillés sur le territoire, ils sont mis en réseau et permettent une communication directe entre la ville physique et sa gérance. Ces technologies digitales reliées à la ville sont identifiées sous l’appellation « Résogiciel ». Pierre Bellanger s’intéresse de près aux médias interactifs, c’est donc sur son blog que nous trouvons une définition de cette notion dans l’article Une proposition… « Le résogiciel est un système coordonné de services informatiques (sites et applications) accessible par Internet à tous les appareils (mobile, tablettes, ordinateurs, ...). Il développe un système d’exploitation associé à ses services et destiné à piloter le fonctionnement des machines et appareils les plus divers qui se connectent au réseau (terminaux informatiques et de télécommunications, télévision, automobile, maison, robots, ...) Il s’associe aux infrastructures physiques des réseaux de télécommunications. Il est également à l’origine d’une gamme propre de terminaux. » Avec ces dispositifs, la ville peut faire fusionner rapidité


PARTIE II

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N i c e i n a u g u re s on « boulev a rd c o n n e c t é »


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PARTIE II

L a so uv er a ine té numér i que Pierre Bellanger P. 50

L’in vention du quotidi en, I : Ar ts de f ai r e Miche l De C er t eau, Préfa ce de Lu c e G iar d

digitale et dispositifs urbains et ainsi acquérir une grande réactivité, quasi instantanée. Dans son ouvrage La souveraineté numérique il démontre l’utilité de ces résogiciels dans les villes : « Qui contrôle le véhicule connaît sa position à chaque instant, qui connaît le conducteur peut facilement prédire sa destination : la plupart de nos trajets sont réguliers. De cette manière, le résogiciel peut guider le trafic par anticipation, véhicule par véhicule, contribuant à mettre un terme à un siècle d’embouteillages. C’est ce que va mettre en place IBM pour le département des transports de Californie. » Ces nouvelles villes optimisées contrôlent énormément de paramètres pour pouvoir être le plus efficace. Mais ‘‘efficacité’’ est un terme qui n’est pas tout à fait adapté aux être humains, jouissant de désirs personnels et de libertés d’actions. En s’appuyant sur la pensée du philosophe Michel De Certeau, Luce Giard pointe du doigt le gouffre entre l’homme et la machine : « La Raison technicienne croit savoir comment organiser au mieux les choses et les gens, assignant à chacun une place, un rôle, des produits à consommer. Mais l’homme ordinaire se soustrait en silence à cette conformation. Il invente le quotidien grâce aux arts de faire, ruses subtiles, tactiques de résistance par lesquelles il détourne les objets et les codes, se réapproprie l’espace et l’usage à sa façon. Tours et traverses, manières de faire des coups, astuces de chasseurs, mobilités, mises en récit et trouvailles de mots, mille pratiques inventives prouvent, à qui sait les voir, que la foule sans qualité n’est pas obéissante et passive, mais pratique l’écart dans l’usage des produits imposés, dans une liberté buissonnière par laquelle chacun tâche de vivre au mieux l’ordre social et la violence des choses. » Chacun est différent, vie à son rythme et avec ses envies propres. La rapidité optimale et asseptisée de la ville ne paraît pas pouvoir être en phase avec la richesse des citadins qui sont bien des individus uniques. Alors, comment la Smart City intègre-t-elle le flux humain dans ses données réglées comme du papier à musique ?


PARTIE II

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L’homme devient aussi une donnée

Nous venons de le voir, la ville s’organise, s’optimise et devient une ‘‘ville-machine’’ bien huilée. La gestion des flux urbain est réglée mais qu’en est-il du flux humain ? Ces données sont toute aussi importantes mais très délicates à gérer. En effet, le flux humain demande plus d’hypothèses pour pouvoir être évalué, calculé et prévu. D’ailleurs est-il possible de le réduire à des éléments mathématiques numérisables? Il s’agit là d’une donnée sensible qui peut remettre en cause le système de la ville, car le citadin n’est il pas au cœur de la ville? D’ailleurs, comme le note David Bevilacqua, avec la montée du processus d’urbanisation on nous prédit que 70% de la population mondiale vivra dans des villes d’ici 2050. Tout au long de l’histoire, la ville a toujours été le lieu du pouvoir. Comme l’exprime Stéphane Rosière « Dans l’espace politique, la ville joue un rôle central en tant que siège traditionnel du pouvoir, sinon lieu où le pouvoir se prend et se perd. » Ainsi les pouvoirs politiques en place, se méfiant des révoltes, organisent l’espace urbain pour mieux contrôler les populations. Comme nous avons pu le voir dans un précédent travail « Un exemple, très parlant pour les français que nous sommes sont les grands travaux d’assainissement de Paris par Haussmann. Plus qu’une démonstration de pouvoir, le percement de ces grands boulevards a été un acte préventif contre d’éventuels soulèvements. En effet, sous prétexte d’assainir la ville en lui apportant ventilation et soleil (ce qui fut effectivement bénéfique) l’élargissement des voies ne permit plus les violentes révoltes aidées de barricades. Les politiques transforment la ville pour garder les citadins sous contrôle. » La Smart City ne déroge pas à la règle et met à jour ses dispositifs de surveillance et de contrôle des citadins. De nombreux films de science fiction se sont emparés de la question du contrôle dans la ville. Bien qu’elles soient souvent représentées sous

D a v i d B e v i l a c q u a i n Ville s I n t e l l i g e n t e s S ma rt C it ie s A r c Vi s i o n n ° 2 8 , Av r i l 2 0 1 3 P. 1 2

D i c t i o n n a i re d e l ’ e s pa c e politique Stéphane Rosière

D i c h o t o mi e s o u s le s pa v é s : L a v i l l e a p p a rt i e n t - e lle a ux c i t o y e n s o u n ’ e s t e lle qu’un s u p p o rt p o l i t i q u e ? Margaux Donzé P. 1 7


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PARTIE II

la forme de dictatures on trouve tout de même quelques similitudes entre ces fictions et nos dispositifs urbains actuels. Jugés futuristes lors de la sortie de ces films, les dispositifs de reconnaissance faciale et de scan rétinien sont beaucoup plus concrets aujourd’hui. À Londres, en 2012 l’association caritative Plan lançait la publicité Because I Am A Girl qui s’activait seulement lorsqu’une femme passait à coté. Grâce à des caméras et des logiciels de reconnaissance faciale, le panneau publicitaire pouvait alors identifier une cible, ici d’apparence féminine, et s’activer lorsque celle-ci s’en approchait. Le parallèle avec Minority Report est flagrant car il s’agit dans les deux cas d’une reconnaissance faciale qui donne suite à une activation d’écran. Dans le cas de Minority Report il s’agit plus que de cela, dans le film le scan identifie la personne et a donc accès à toutes ses données : âge, sexe, profession mais aussi niveau d’autorisation d’entrée. Il s’agit là d’une déformation vers un véritable contrôle inquiétant. Cependant, de mon point de vue, nos nouvelles villes 2.0 n’en sont pas si éloignées et pourraient tendre vers ce type de pistage. En couplant l’identité numérique de chacun à des pass ou des cartes bancaires par exemple.

L es ville s du futur e 1/ 3 E missio n diffu sé e su r Ar t e, (Extra it à 4 9: 05m in)

De plus en plus de dispositifs digitaux, similaire à ceux des fictions, viendrons rendre la ville ‘‘ plus efficiente et plus sûre ’’. Le contrôle du flux humain permettant également plus d’efficacité au niveau de ces ‘’villesmachines’’. L’homme, alors devenu donnée, perd ce qui fait de lui un être humain. Ses envies et ses besoins sont calculés, anonymisés et redistribués au travers du tamis digital de la ville. Devenus une donnée complexe de plus, les citoyens de la Smart City sont des pions bien rangés devant s’adapter à une ville aux règles très strictes. Dans l’émission les villes du futur, Daniel Kaplan pointe du doigt ces fonctionnements utopistes trop hermétiques : « Ce sont des villes, pour personnes aisées, qui n’ont pas de problèmes économiques. C’est extrêmement homogène


PARTIE II

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B e c a u s e I ’ m a g i rl Publicité par l ’ a sso ci a ti o n caritative Plan

M i n o ri t y R e p o rt F i l m d e S t e v e n S p ie l b e r g


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PARTIE II

et la conséquence de l’homogénéité c’est que, il faudra fermer ! Il faudra les protéger du reste. Pas seulement parce qu’ils seraient dangereux, méchants, etc. Mais parce que forcément, les autres, ceux qui sont dehors, ne sont pas venus dans cet endroit là avec la même logique, la même volonté, la même culture, et donc vont déranger le bel agencement ; ils vont venir avec des grosses voitures alors qu’on a dit qu’on était tous en hybride… La plupart de ces villes ce sont à peu près toutes des enclaves. » Cultur e num é r i que et

archite c t ure , u ne in t ro d u c ti o n

Anto ine Pic on P. 28

Le citadin se fond dans ce système mécanique et devient cyborg. Selon Antoine Picon « Une telle hypothèse permet d’établir une analogie entre le cerveau et l’ordinateur, les neurones et les bit élémentaires d’information, une analogie qui est au cœur de la cybernétique de Norbert Wiener. Cette épistémologie réductionniste conduit à voir dans l’homme un genre de machine qui pourrait fonctionner plus efficacement au moyen d’une meilleure interface avec son environnement informatisé. » La Smart City est une utopie d’efficacité, et sous ce terme là se dissimule la notion de contrôle. De plus en plus réglée, avec de moins en moins de place pour l’imprévu, le citadin risque de s’y sentir rapidement à l’étroit et d’étouffer.



CITADINS SOUS CONTRÔLE PARTIE III


PARTIE III

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Public / privé, les limites se brouillent Dans ce siècle du numérique nos habitudes et nos manières de faire ont changé. De ces nouveaux comportements ressort une forte exposition de la vie privée dans le domaine public, notamment avec les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. On peut même parler ‘‘d’extimité’’, car ce terme issu de la psychanalyse désigne la tendance inhérente à l’être humain à s’exposer soi-même. Chacun se montre, et avec internet chacun peut être potentiellement regardé. C’est ce qu’explique Antoine Picon : « Outre le fait de connaitre qui et où sont les gens […] Une telle surveillance prend deux formes. Dans les zones bien plus étendues que les abords immédiats des administrations et des banques, les personnes physiques sont suivies par des caméras vidéo en nombre croissant. […] La surveillance n’est pas une condition passive. Intériorisée et transformée en une incitation à agir, elle donne naissance à des comportements spécifiques qui vont de forme relativement inoffensive d’exhibitionnisme sur les réseaux sociaux, comme ces albums photos pleins de détails compromettants que l’on trouve sur Facebook, à des actions violents comme le « happy slapping » ou vidéolynchage consistant à agresser sans motif une victime tandis qu’un complice enregistre la scène au moyen de l’appareil photo d’un téléphone portable. Ce que toutes ces conduites ont en commun, c’est l’importance d’être potentiellement regardé. » Cette ‘‘exhibition digitale’’ rend normale et acceptable toute surveillance continue programmée par les villes. C’est pourquoi Blaise Mao, rédacteur en chef du magazine «Usbek & Rica», tient ce discours : « Je ne pense pas qu’il y aura une grande résistance citoyenne à l’utilisation des données (en tout cas dans le cadre urbain, sur internet, c’est autre chose). Nous sommes déjà captés par la technologie, que ce soit par des capteurs de feux ou des caméras aux coins des rues. » La ville contient à la fois des espaces publics et des espaces privés. Leurs frontières sont clairement délimitées par des barrières, des

C u l t u re n u mé ri q u e e t

ar chitectur e, une introduction

Antoine Picon P. 1 7 9 - 1 8 0

I n t e rv i e w d e B l a i se M a o i n E t a p e s n ° 2 1 5 , S m a r t C i ti e s P. 2 0 6


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PARTIE III

L es ville s du futur e 1/ 3 E mission diffu sé e sur Ar t e, le (Extrait à 43 : 29 m in)

Citiz en Four F ilm d ocume nta ir e, 2014

portails, des seuils… Le problème dans la Smart City, et comme on peut le voir avec les modèles Coréens, c’est que les dispositifs digitaux de maintenance et de surveillance de la ville dépassent ces frontières là. On assiste alors à une intrusion des services publics dans les sphères privées. On s’en rend particulièrement compte dans le reportage d’Arte, les villes du futur. Jeon Haeng-Ja, une citadine d’Incheon en Corée, nous montre un écran dans son hall d’entrée, à partir de celui-ci elle à accès à toutes les caméras de surveillance des terrains de jeux de la résidence. « L’inconvénient évidemment, est que je suis tout le temps filmée. Mais comme j’ai des enfants, leur vie privée n’est pas très… Bien sûr, leur vie privée est importante. Mais leur sécurité est plus importante que leur vie privée je trouve. Je trouve que la sensation d’être protégé est plus forte que celle d’être observée. » Mais il n’y pas que le fait d’être filmé mais aussi le fait qu’avec les systèmes numériques on peut enregistrer et stocker une quantité phénoménale de données. Il faut savoir que le réseau a un pouvoir exponentiel et presque sans aucune limite. Dans le film documentaire Citizen Four, un intervenant explique la notion de ‘’reliabilité’’, qui est que quand on nous vend un système, soit disant plus pratique, une carte de métro qui fait CB par exemple, à ce moment là, les données récoltées permettront de déterminer où vous allez et ce que vous achetez. Quand on ajoute à cela des données de géo-localisation du téléphone on obtient un profil de ‘’métadonnées’’ qui est une forme de définition de notre identité digitale. Ce qui est important de comprendre avec la Smart City c’est qu’en faisant fusionner le monde du numérique avec l’espace urbain on se retrouve avec des confusions qui brouillent les limites public/privée et qui, actuellement, ne sont pas encadrées par la loi, ce qui engendre des désaccords voir des débordements.


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Pistage, surveillance et contrôle intrusif Comme nous l’avons vu plus haut, ville et pouvoir ont toujours été étroitement liés. Comme le dit Catherine Fournet-Guérin, « La relation ville-pouvoir peut être abordée comme une relation de réciprocité plus ou moins parfaite. Le pouvoir crée la ville tout comme la ville crée les pouvoirs. » Et bien que la ville soit faite, entre autre, pour le citadin elle est surtout le lieu d’application des pouvoirs, comme le pouvoir politique mais aussi le pouvoir économique. Surtout le pouvoir est dépendant du comportement de ceux qui le subissent, ce qui, nécessairement amène à des formes de contrôle. Les notions de surveillance et de pouvoir dans la ville font rapidement penser au système de Panoptique développé par Jeremy et Samuel Bentam à la fin du XVIIIe siècle. Ce système d’architecture carcérale est une optimisation de la surveillance. La forme concentrique du bâtiment permet à un seul surveillant d’observer tout l’étage à partir d‘un point central. De plus, comme le surveillant voit les prisonniers mais que ceux-ci ne le voient pas, cela influe leur comportement et produit une autorégulation. Ne sachant si quelqu’un les regarde ou pas, chacun est potentiellement surveillé. Alors, même sans surveillants, les prisonniers on un comportement correct. De la même manière, certaines places urbaines sont des reconfigurations du Panoptique à l’échelle de la ville. Les caméras Londoniennes par exemple sont une évolution de ce système là. Peu importe si ces caméras fonctionnent ou pas, chacun est potentiellement surveillé et doit faire attention à son comportement. « Le GPS Portable, la grille telle qu’elle apparait à l’individu. Les cartes personnalisables des assistants numériques et des téléphones intelligents sont de complémentaires des dispositifs panoptiques en temps réel. » La Smart City peut donc être comparée à un immense panoptique digital. Comme nous l’avons vu au travers de la ville d’Incheon dans le reportage d’Arte,

L e s p o u v o i rs d a n s la v ille, F o u r n e t - G u é r i n C a th e r i n e e t Va c c h i a n i - M a r c u z z o C é l i n e

C u l t u re n u mé ri q u e e t

ar chitectur e, une introduction

Antoine Picon P. 1 9 3


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PARTIE III

« Quand on utilise ce pass, toutes les données sont enregistrées. Ce que j’ai fait, le service que j’ai utilisé. Tout est enregistré ! Et on peut voir tout ça d’ici. » « Ça, c’est un écran de caméra de surveillance. Même le soir comme il y a des éclairages, on voit bien les enfants lorsqu’ils sont entrain de jouer. Et on peut voir toutes les aires de jeux de la résidence. » Jeon Haeng-Ja, citadine d’Incheon en Corée

« A Sond-Do, la sécurité est une véritable obsession. Les habitants observent et ils sont observés. En permanence. Des caméras surveillent 24h/24 la ville, les citadins. » Voix off

le s v illes du fut ur e 1/ 3 E mis sio n d iffusée s ur Ar t e, (Ex t r ait s )


PARTIE III

CICC de Rio

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PARTIE III

Cultur e Num é r i que et Ar chi t ect ur e I bid.

D an s l’œil high-te ch de Ri o art icle d u jo urn al L ibér at ion Mar ie Aut in

Infor m atique , l i ber t és, id ent i t és Dan iel Kaplan P. 12

O p. Cit . P. 36

Les villes du futur, avec un seul pass pour plusieurs utilisations tout est tracé, enregistré et visible sur l’écran du hall d’entrée du logement. Tout y est visible, qui a fait quoi, où, quand… Il n’y a plus de vie privée, ni même d’intimité au sein d’une même famille. Antoine Picon explique qu’« avec cette forme radicale d’enfermement, le nouveau dispositif panoptique fondé sur l’information qui était apparut au début du XXe siècle atteint sa maturité. » Certaines villes, qui ne sont pourtant pas particulièrement étiquetées Smart Cities, disposent de systèmes digitaux de surveillance qui font froid dans le dos. Rio par exemple, qui, pour renforcer la sécurité de la ville, a investi dans des centres de surveillance aux murs recouverts d’écrans et dont la dénomination ‘‘salle de contrôle’’ annonce clairement la couleur. Fin 2010, la ville a développé le Centre des Opérations de la ville de Rio (COR) en partenariat avec IBM, et le Centre Intégré de Commandement et de Contrôle (CICC) voit le jour fin mai 2013. « Le bâtiment flambant neuf du Centre intégré de commandement et de contrôle (CICC) - inauguré en toute hâte, fin mai, de justesse pour la Coupe des confédérations - a été construit sur le même modèle : une salle de contrôle dominée par un gigantesque «œil», un mur d’écrans de dix-sept mètres de large sur cinq de haut, connectés à toutes les caméras de surveillance de la métropole. C’est ici que sont gérés les incidents liés à la sécurité. » Comme le dit Daniel Kaplan, « Les capacités de surveillance et de traçage des individus, par les autorités comme par les entreprises, n’ont jamais été aussi développées, omniprésentes, puissantes et discrètes. Les individus n’ont pas plus de contrôle sur ce que les organisations savent d’eux qu’hier, et même probablement moins » Daniel Kaplan, dans Informatique, libertés, identités, énonce des changements qui mettent en avant une évolution des mentalités collectivesj:j « Des initiatives qui n’auraient vraisemblablement pas été


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acceptées auparavant voient aujourd’hui le jour : équiper de bracelets électroniques des malades d’Alzheimer ou des enfants circulant seuls, multiplier les caméras dans les lieux publics, ficher toutes sortes de gens dans le but de prévenir des actes possibles (le fichier ADN sans cesse étendu à de nouvelles personnes, le projet de dépistage précoce des prédispositions asociales chez les enfants)… Ces tendances sont renforcées par l’amélioration et la maturation des technologies sécuritaires : biométrie, identification sans contact (RFID notamment), reconnaissance de formes (associée par exemple, à la vidéosurveillance), data mining [ou son équivalence, « fouille de données », qui correspond à l’extraction d’un savoir ou d’une connaissance à partir de grandes quantités de données hétérogènes, par des méthodes automatiques ou semi-automatiques] » Clairement, les technologies digitale n’ont presque aucune frontière et investissent nos vies privées. Le plus gros problème c’est que ces villes qui utilisent des technologies numériques fonctionnent de la même manière et imposent à leur citadin le basculement de certaines données privée dans le domaine public. Jeon Haeng-Ja déplore le fait d’être tout le temps filmée. « Tout est enregistré, qui est sorti, quand on est sorti. Donc c’est impossible d’être infidèle [Rires] » Même si elle en parle sur un ton léger il est évident que cette mise à nu de sa vie privée gène cette citadine. Il faut cependant prendre en compte le coté culturel de chaque pays qui fait que chaque Smart City, se développant dans des endroits différents dans le monde, ne développe pas les même caractéristiques et n’applique pas ces systèmes digitaux vis à vis de la vie urbaine de la même façon. D’ailleurs, le modèle Européens semble plus prendre en compte la question de l’individu que les pays asiatiques qui eux privilégient la notion de communauté.

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L e s v i l l e s d u f u t u re 1 /3 E m i s s i o n d i ff u s é e su r Ar te ( E x t r a i t s 4 3 : 5 5 m i n)


UNE VILLE POUR QUI? PARTIE IV


PARTIE IV

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Smart City, Ville produit Le concept de Smart City charrie naturellement des enjeux politiques. En effet, les municipalités vantent leurs avancées numériques et forment des partenariats avec des grandes entreprise comme Cisco pour «redynamiser» leur ville, leur apporter plus de confort et de sécurité mais aussi plus d’attractivité. On distingue donc deux acteurs principaux qui parient sur la Smart City : D’un coté les grandes villes comme Lyon, Nice, Montréal et Milan et de l’autre les grandes entreprises comme Schneider Electric, IBM et Orange. Ses dernières s’emparent du marché et ouvrent de nouveaux secteurs. Adaptant leurs slogans et leurs phrases d’accroche, Ces entreprises nous vendent le concept de Smart City comme un dernier produit à la mode qu’il faut absolument avoir. « Des villes plus intelligentes. Des quartiers plus sûrs. Des écoles de qualité. Des logements abordables. Un trafic fluide. Tout cela est possible. » Clame IBM. Elles s’adressent directement à ceux qui gèrent ces agglomérations : « Dirigeants des villes : Bousculez les conventions. Allez au-delà des décisions politiques pour restructurer les villes grâce aux informations obtenues à partir des données.» Clairement, les grandes entreprises spéculent sur ce nouveau concept et basent leur communication dessus. Même Orange à ouvert un secteur Smart City : « Nos clients témoignent “Nous avons fait le bon choix. Aujourd’hui, tout le monde est satisfait, que ce soit les usagers comme les fonctionnaires. de la mairie. La solution Fleet Performance nous offre une réelle optimisation de notre temps de travail. “ Guy Giraud, 1er adjoint au Maire, délégué aux finances à la mairie de Vallauris Golfe-Juan. » On nous vend du rêve et les images colorées des panneaux d’information des Smart Cities font grandement penser à des annonces publicitaires ‘‘ pour un monde meilleur ’’. Chacun y vas de sa belle image et de son beau slogan, c’est à qui sera le plus populaire. Par exemple, la

IBM Des intelligentes

v i lle s

plus

O ra n g e - S ma rt C it ie s . La v i l l e p l u s f l u i d e e t m ie ux o rg a n i s é e


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PARTIE IV

Smart Cities, Orange business

Nice boule va r d c onnect é

Addicte d t o Lyon


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ville de Lyon met beaucoup d’énergie dans la communication et fait tout pour véhiculer l’image d’une ville ‘‘in’’ et dans l’air du temps. La ville est un terrain de jeu pour les publicitaires et les entreprises, un objet commercial où le citadin n’est qu’un consommateur. La récolte de données dans le cadre de la Smart City vas encore dans se sens là. C’est -à-dire que certaines données son utilisées afin d’analyser les usages dans la ville et ainsi améliorer les services mais aussi pour améliorer leur efficacité vis à vis des consommateurs que nous sommes. D’ailleurs, comme le rappelle David Touzain, « D’après l’émission télévisée Envoyé Spécial, sur le thème ‘‘Internet : la trace laissée par l’internaute’’, en se connectant à Internet, 85 % des internautes français sont géolocalisés et subissent une transparence non souhaitée quant à leurs données de navigation, qui peuvent être transmises à des revendeurs. »

I n t i mi t é 2 . 0 D a v i d To u z a i n P. 3 8

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Le citadin a-t-il le choix ? Certains diront que nous nous sommes bien accommodés aux caméras postées à tous les angles de rue et que cela n’a pas altéré notre manière de vivre la ville. Ils diront également que ceux qui n’acceptent pas ces systèmes de « digitalisation » du réseau urbain peuvent tout simplement ne pas venir dans ces villes. Mais en vérité c’est plus compliqué que ça. Premièrement parce que ces technologies numériques urbaines vont s’étendre et s’implanter dans d’autres villes, sans que celles-ci soient estampillées Smart Cities. Et deuxièmement, parce que les dispositifs numériques facilitent la vie. C’est avec cet argument là que nous laissons à la baisse nos exigences d’anonymat et de protection de la vie privée.

le s v illes du fut ur e 1/ 3 E mis sio n d iffusée s ur Ar t e, (Extraits à 4 2: 10 m in)

S éc ur ité : culpa bil i sat i on ou a utonom isat i on ? in tern et ACTU. net ,

Jeon Haeng-Ja, citadine d’Incheon en Corée, est exactement dans ce type de problématique. « Je me dis parfois qu’on est trop dépendant des machines. Mais la vie est devenue un peu plus simple. Tout ces petits détails, utiliser un seul pass pour sortir du garage, pour rentrer chez sois, pour utiliser les équipements en bas : Le centre de fitness, le golf, le sauna, la bibliothèque. Tout. » En utilisant le terme «mais», cette citadine justifie l’usage de ces technologies. Et si l’on doit se justifier c’est que ça ne parait pas évident ou naturel. Elle admet qu’elle est face à un faux choix : entre facilité d’utilisation et protection de la vie privée. D’autant que par la suite elle précisera que ce badge unique enregistre toutes ses utilisations. On perçoit également cette ambivalence quand, lorsqu’elle parle des caméras de surveillance dans les parcs pour enfants, elle dit qu’elle pense que « leur sécurité est plus importante que leur vie privéet». On sent tout à fait que cette notion de sécurité justifie des intrusions dans la sphère privée. Mais comme le dit Hubert Guillaud dans son article Sécurité : culpabilisation ou autonomisation ? « Devoir choisir entre l’effort de la sécurité et la facilité d’utilisation n’est pas un choix. » Comme nous l’avons vu au cours de cet écrit, le problème vient


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réellement de la confusion des limites et de l’absence d’une véritable réglementation vis-à-vis de l’usage des données informatiques. En discutant avec un étudiant en communication visuelle, il est apparut que les publicités pourraient tout à fait s’engouffrer dans la brèche et utiliser ces données à des fins uniquement commerciales. Admettons qu’un publicitaire travaille pour Coca-Cola ®, il pourrait, en quelques clics, analyser quelle tranche d’age bois du Coca-Cola, à quelle heure, à quel endroit et y poser ses publicités ainsi que des distributeurs. Ou bien il pourrait passer une pub Orangina et analyser le lendemain le nombre de nouveaux buveurs d’Orangina. L’outil informatique est un très bon outil d’analyse, mais dans ce contexte là celà il peu devenir de la manipulation et bride notre libre arbitre. Etant donné que les technologies sont des outils, c’est alors le rôle de la réglementation de sécuriser ses formes d’utilisations. Dans son mémoire, Intimité 2.0, David Touzain met le doigt sur ce manque de cadre légal dans certaines démarches numériques. « L’emploi de ces technologies reçoit un accueil positif de la population, qui les considère comme bénéfiques. Malheureusement, il ne s’agit pas des seuls milieux dans lesquels la recherche et l’exploitation d’informations ou de données des internautes sont effectuées sans leur accord. Dans le domaine commercial, un traçage numérique encore visible aujourd’hui, concerne le choix que l’internaute possède lors d’une inscription en ligne, à savoir s’il souhaite, ou non, recevoir de la publicité. Dans La vie privée en péril, A. Türk soulève un questionnement intéressant quant à la non-présence de ce choix dans d’autres contextes : ‘‘ Le consommateur dispose-t-il de l’un ou de l’autre lorsqu’il est confronté à l’exercice d’une option vis-à-vis de “cookies” (Cookie est le code qu’un serveur HTTP enregistre, souvent temporairement, sur votre disque dur pour vous identifier sur son service.)? Ou lorsque son domicile fait l’objet d’une localisation sur Google Street View ? ’’ »

Intimité 2.0 D a v i d To u z a i n , 2 0 13 p. 37-38

La vie privée en péril Alex Türk, 2011 p. 26

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L’obligation d’accepter des règles, parfois un peu gênante, pour utiliser un service nous apparait très concrètement lorsqu’une distribution numérique comme Google+ ne donne accès à ses applications que lorsque leurs conditions sont acceptées. Il faut alors leur donner le droit d’accès à des données personnelles sans rapports direct avec l’application concernée comme notre localisation, notre âge, nos photos, et tant d’autres informations. Bien sûr, on a le droit de refuser, mais cela empêche tout simplement l’utilisation du système. Pourtant, refuser de transmettre des données personnelles ne devrait pas empêcher le fonctionnement d’un logiciel d’écoute de musique ou de télécharger un jeu vidéo.

T él écha r ge m ent de Shaz am av ec Googl e pl ay


PARTIE IV

Le numérique se joue des frontières et passe outre de nombreuse loi, quand elles existent. C’est pourquoi il est important de faire attention de voir dans quel cadre et comment ces technologies sont utilisées. Au travers de la FING et de conférences relayées par la plateforme TED, le sujet fait débat. Lors d’une conférence traitant de surveillance gouvernementale aux États-Unis, Christopher Soghoian termine sur ces mots : « Aucune loi n’as été passée pour autoriser clairement ces techniques, et en raison de leur pouvoir et de leur potentiel d’abus, il est essentiel qu’un débat public éclairé ait lieu. » D’ailleurs, certaines organisations comme le CNIL luttent déja contre les traçages numériques et notamment contre Google.

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FING F o n d a t i o n I n t e rn et N ouv e lle G é n é ra t i o n Surveillance gouvernementale:

ce n’est q u ’un Christopher Soghoian

dé but

CNIL C ommission N ati onal e de l’Infor matique et des Li bertés


RECADRAGE DU CONCEPT DE SMART CITY CONCLUSION


CONCLUSION

Bien que la ville soit le lieu d’affaire par excellence, je suis convaincue que celle-ci reste destinée aux citadins, c’est à dire, à ceux qui la vivent quotidiennement. Car ils sont le moteur de la ville, l’anime et font sa richesse tout en lui donnant du sens. C’est dans l’oubli du citadin, en tant qu’individu, que l’utilisation des technologies digitales devient néfaste. Arnaud Belleil et Daniel Kaplan, chercheurs à la FING, développent également ce point de vue au travers de leur étude: Confiance et sécurité sur les réseaux. C’est pourquoi certaines villes connectées, comme Song-Do en Corée, semblent être des utopies a court terme puisque le citadin, essence même de la ville, est négligé et relégué à la simple fonction de donné dans les grands systèmes autorégulateurs que sont ces Smart Cities. Dans les trois visages de la ville 2.0, Fabien Girardin partage l’opinion de Daniel Kaplan vis à vis de Song-Do dans le sens où elle manque cruellement de mixité : « Une ville qui oublie la ville ? Car la question se pose : s’agit-il encore d’une ville ? Le simple fait qu’elle ait été édifiée sur une île suggère qu’il pourrait ne s’agir que d’un ghetto technologique. Olivier Mongin, dans La Condition urbaine (Seuil, 2005), rappelle que ce qui fait la ville, ce ne sont pas seulement des fonctionnalités techniques mais aussi une réunion problématique et féconde de populations différentes, qui donnent à la ville son dynamisme et lui permettent de se renouveler. L’expérience urbaine naît des tensions et possibilités de rencontres associées à ces différences. A l’inverse, le modèle New Songdo s’apparente par certains aspects aux gated cities, ces espaces sociologiquement, urbanistiquement et économiquement homogènes qui contribuent à une pétrification des destins sociaux et ôtent ainsi à la ville une part de son énergie. » Si les Smart Cities actuelles ne représentent pas la majorité des villes, ce sont cependant des laboratoires d’idée d’où émergent des

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C o n f i a n c e e t s é c ur it é s ur l e s ré s e a u x A r n a u d B e l l e i l e t D a n i e l Ka plan, (FING)

F a b i e n G i ra d i n , c o- fo n d a te u r d e l ’ a g e n c e L i f t . I n L e s tr o i s v i s a g e s d e l a v i l l e 2 .0


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CONCLUSION

N um ér ique et te r r i t oi r e, nouv ea ux enj eux, Sop hie M ahéo

manières différentes de gérer les zones urbaines. C’est pourquoi d’autres villes pourront s’en inspirer et utiliser certaines de ces technologies sans pour autant se voir étiqueter ‘‘Smart City’’. Cela aura pour effet de généraliser les types d’approches développée par ces nouvelles villes. Il faut donc être véritablement attentif aux typologies qu’elles expérimentent, car tout le monde les observes. Au cours de cet écrit, nous avons mit en lumière un point important de ces cités laboratoires qui est, dans la dynamique actuelle, la superposition des technologies digitales à l’urbain et ses usages. En accord avec l’évolution des préoccupations actuelle et des façons de vivre la ville, ces nouvelles manières de penser l’urbain sont la base d’un véritable changement de paradigme. L’approche numérique de la ville est en accord avec les besoins de notre société d’aujourd’hui. Tant sur la praticité d’utilisation que sur le contexte écologique. C’est pourquoi il ne faut pas condamner ces Smart Cities trop vite. Mais il faut en outre garder une distance critique, s’assurer des enjeux et des buts recherchés et analyser concrètement les objectifs de chacun. Au terme de ce mémoire, nous sommes conscients que ces villes connectées, aux désirs utopiques, ne sont pas parfaites. Mais il faut surtout se demander quels sont leurs objectifs. Car les technologies digitales sont bien des outils, pour en tirer le meilleur il suffit de définir clairement leurs destinations. C’est donc la manière de gérer ces villes qui engendre des manières d’utiliser ces nouvelles technologies. Comme l’exprime Sophie Mahéo, chaque approche peut avoir des répercussions positives ou négatives : « La consommation collaborative peut s’articuler avec l’offre de transports publics ou s’opposer à elle. Les services publics en ligne peuvent renforcer la proximité avec les usagers comme accroître les difficultés et les inégalités. Le numérique peut faciliter la prise en compte des enjeux environnementaux ou favoriser la surconsommation de biens et d’énergie. L’économie locale peut se trouver menacée ou


CONCLUSION

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renforcée par les dispositifs numériques. Il est donc important de renforcer notre compréhension collective des transformations territoriales, d’en avoir une lecture systémique et de renouveler l’outillage stratégique des acteurs du développement et de l’égalité des territoires. » Il faut donc garder à l’esprit que le numérique est un outil formidable. Son usage dans les villes et la conception de celles-ci est une grande avancée urbaine. Il permet d’optimiser les réponses face aux demandes en les analysants avec plus de détail et d’efficacité et tout cela avec une grande facilité d’usage. Cela permet également de prendre plus de paramètres en comptes, et également de donner plus de voix et de levier d’action aux citadins. Car là où les Smart Cities peuvent proposer une meilleure gestion de la ville c’est, entre autre, en mettant ces technologiques numériques à la porté des citadins et leur donner la possibilité d’agir en tant que citoyens et acteurs de la ville, notamment avec des cartes interactives comme Open Street Maps ou des sites de concertation habitante tel que Unlimited Cities DIY. Fabien Girardin met en avant le fait que les technologies numérique permettent une concertation entre usagers et concepteurs plus aisée et efficace : « A Barcelone par exemple, des handicapés moteurs ont été équipés en appareils photo pour qu’ils rendent compte des obstacles rencontrés dans la rue. Pourquoi ne pas reconnaître à l’ensemble des habitants cette fonction de capteur que jusqu’ici seuls les professionnels de l’urbanisme étaient censés exerceri?a» Pour le concours Réinventer Paris, l’agence d’architecture HOST, le promoteur REI France et la Start-Up UFO se sont regroupés autour d’un projets d’innovation collaborative : Wikibuilding. Dans l’article de Ludovic Clerima, Wikibuilding : l’urbanisme participatif de demain ?, ils expliquent ce nouveau concept architectural : « C’est surtout de l’open data. Nous voulons exposer nos plans de constructions sur une plateforme Internet.

O p e n s t re e t ma p s h t t p : / / o p e n s t r e e t m ap .fr / U n l i mi t e d C i t i e s D IY h t t p : / / w w w. u n l i - d i y.o r g / F a b i e n G i ra d i n , c o - fo n d a te u r d e l ’ a g e n c e L i f t . I n L e s tr o i s v i s a g e s d e l a v i l l e 2 .0

Wi k i b u i l d i n g h t t p : / / w w w. w i k i b u i l d i n g .p a r i s/


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CONCLUSION

À Par i s on i nv ente le wikib ui l di ng, Je an -Pierre G onguet

Le public serait libre de les discuter, de soumettre des propositions voire de réaliser lui-même des ajouts par le biais de logiciels informatiques ludiques. Nous souhaitons construire un immeuble modulaire. Cela signifie qu’il sera possible d’y faire des ‘‘mises à jour permanentes’’ sur le plan architectural en insérant ou en supprimant des éléments. » En effet, sur le principe de l’open source, l’architecte et designer urbain Alain Renk et le promoteur Paul Jarquin, proposent un bâtiment en open architecture où les futurs occupants vont pouvoir intervenir et adapter l’immeuble aux usages, aux besoins ou même aux expériences. « Le wikibuilding, c’est réussir l’hybridation de toutes les opportunités méthodologiques du numérique (méthodes agiles, conception itérative et réflexive, réversibilité, pivots…) avec un passage à l’échelle architecturale et urbaine. [...] Projet totalement innovant dont les habitants vont pouvoir suivre la préfabrication en usine et modifier la fabrication au fur et à mesure s’ils le souhaitent. [...] Le bâtiment sera construit en mode wiki, tous les plans et expérimentations étant en open source, chacun pourra y puiser et exploiter, améliorer ou expérimenter. » Il paraît alors évident ne faut pas négliger le pouvoir des citadins et qu’il s’agit même d’une des clés du dynamisme et du développement des villes de demain. Avec ces générations grandissantes de digital natives, les citadins seront aptes à gérer les leviers numériques de ces nouvelles villes et par leurs connaissances des réseaux digitaux et des démarches numérique pourront porter plus loin leur voix de citoyens. Mais restons attentifs car cette typologie de ville, tournée vers le citoyen pose alors de nombreuses questions. Nous pouvons nous demander quelle marge de manœuvre sera réellement donnée aux citadins? Est-ce que ce sera seulement pour donner l’impression d’une implication et justifier ainsi de grands changements urbains ou le citoyen peut-il être véritablement engagé dans l’organisation de la ville ? Et nous


CONCLUSION

pouvons également questionner les misent en forme de ces démarches là. La concertation est-elle un bon moyen d’intégrer les usagers aux questions urbaines ? Sur quelle décisions est-il nécessaire de donner de la voix au citadins et lesquelles doivent rester du seul domaine de l’architecte ? Les objectifs et les manières de faires sont actuellement en développement. Nous pourrions donc poursuivre se mémoire regarder de plus près ces nouvelles dynamiques citoyennes.

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ANNEXE


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Principaux auteurs - ville & numérique Pour écrire ce mémoire je me suis grandement appuyée sur des écrits contemporains traitants de la smart city et des technologies digitales en architecture. Voici donc quelques lignes sur des auteurs actuels, très influents concernant ces thématiques. BELLANGER Pierre Né en 1958 à Paris, il est le fondateur et PDG de Skyrock. Pionnier des radios libres, il s’est intéressé aux médias interactifs. Il a publié quelques articles de réflexion sur les médias électroniques et les réseaux dans des revues spécialisées. DE LA PORTE Xavier Né en 1973, il est un journaliste, producteur de radio et essayiste français. Bientôt rédacteur en chef de Rue89 (site d’opinion appartenant au groupe du Nouvel Observateur), il est plus connu pour ses émissions sur France Culture. Il tient notamment une chronique quotidienne dans l’émission « Les Matins » ainsi que la chronique « ce qui nous arrive sur la toile » et il produit et anime l’émission « Place de la Toile » (consacrée aux conséquences des technologies numériques sur la société). KAPLAN Daniel Né en 1962 en France, il est le cofondateur et le délégué général de la Fondation pour l’Internet Nouvelle Génération (FING), un projet collectif et ouvert qui se consacre à repérer, stimuler et valoriser l’innovation dans les services et les usages du numérique et des réseaux. Depuis les années 1990, il est profondément impliqué dans le développement de l’internet en France et dans le monde. Au niveau mondial, il a été responsable des adhérents de l’Internet Society et a contribué à la création de l’Icann. Il a également fait partie de la Chambre d’experts du programme e-Europe. En France, il a pris part pendant 6

F I N G - F o n d a t i o n Int e r ne t N o u v e l l e G é n é ra t ion. http://fing.org/?Presentationdu-programme

ICANN I n t e rn e t C o rp o ra t ion f or A s s i g n e d N a me s and N u mb e rs https://www.icann.org/fr


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ans au Conseil stratégique des technologies de l’information (CSTI), rattaché au premier ministre. Et depuis janvier 2013, il participe au Conseil National du Numérique (CNN). Il a écrit et dirigé près de 20 ouvrages et rapports publics sur le thème de l’internet, de la mobilité et des technologies «omniprésentes», entre autres. PICON Antoine Né en 1957 à St Etienne, en France, il est ingénieur, architecte et docteur en histoire. Chercheur à l’école nationale des ponts et chaussées de Paris et professeur à la Graduate School of Design de Harvard à Cambridge il travail sur les rapports entre les changements scientifiques et techniques et les transformations de l’architecture et de la ville. Parmi ses principaux ouvrages, on peut citer La Ville territoire des cyborgs (1998), Culture numérique et architecture : Une Introduction (2010) et Smart Cities, théorie et critique d’un idéal auto-réalisateur (2013).



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RÉSUMÉ / ABSTRACT

A l’heure du souci écologique et du développement exponentiel des technologies digitales, les Smart Cities s’imposent comme des villes idéales, pour le bien de tous. Mais sous couvert de bienêtre et de sécurité, les citadins sont de plus en plus tracés, observés et contrôlés. Ces nouveaux dispositifs numériques qui collectent et connectent les données en temps réel semblent être des intrusions dans la liberté des citadins et dans leur vie privée. Alors prenons du recul sur cet enthousiasme technologique et demandons nousi: ces villes connectées ne sont-elles pas un nouvel urbanisme du contrôle ?

At a time of ecological concern and the exponential development of digital technologies, the Smart Cities emerge as ideal cities for the benefit of all. But under the guise of well-being and safety, urban dwellers are increasingly tracked, observed and monitored. These new digital devices that collect and log data in real time seem to be intrusions into citizens’ freedom and privacy. So let’s take a critical point of view on this technological enthusiasm and ask ourselvesi: are these connected cities a new urbanism of control?


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