MARGAUX DONZÉ
RAPPORT D’ÉTUDE SOUS LA DIRECTION DE JULIETTE POMMIER
DE LA RÉFLEXION PROJECTUELLE À LA RÉALISATION : LE CORPS ET L’ARCHITECTURE
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE GRENOBLE - LICENCE 3 - 12 JUIN 2014
Je voudrais particulièrement remercier Magalis Paris et Juliette Pommier qui m’ont soutenu tout au long de ce travail. Leur l’investissement n’a d’égal que leur passion et c’est un plaisir de travailler avec elles. Elles m’ont transmit beaucoup et cela me motive encore d’avantage. Merci.
SOMMAIRE 8
INTRODUCTION// PORTER UNE ATTENTION PARTICULIÈRE AU RÉEL DANS TOUTES SES FACETTES
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A// LE RÉEL SENSIBLE, « EXPÉRIENCER » L’ARCHITECTURE
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1// “EXPÉRIENCER” L’ARCHITECTURE STEEN EILER RASMUSSEN- EXPERIENCING ARCHITECTURE
2// LE PARCOURS ARCHITECTURAL : L’EXPÉRIENCE PAR LE MOUVEMENT REFLEXION PERSONNELLE
3// LE CARRÉ D’ART DE NÎMES – NORMAN FOSTER ANALYSE D’ATMOSPHÈRE EN STUDIO (L6A)
B// LE RÉEL, APPROCHE PAR L’EXPÉRIENCE DE LA MATÉRIALITÉ
1// LA LUMIÈRE COMME MATÉRIAUX TADAO ANDO
2// MATÉRIALISATION PAR LA MAQUETTE EXPRESSION PLASTIQUE EN BTS DESIGN D’ESPACE
3// PROTOTYPE ÉCHELLE 1, SE RENDRE COMPTE DE LA RÉALITÉ : L’EXPÉRIENCE DE LA CONSTRUCTION EXPÉRIMENTATIONS AUX GRANDS ATELIERS DE L’ISLE D’ABEAU
C// LE RÉEL, VERSUS L’UTOPIE
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1// UTOPIES BIENTÔT RÉALISÉES GRÂCE AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES « LA VILLE INTELLIGENTE » DU 21E SIÈCLE - COLLOQUE MC 2014 - MATÉRIALITÉS CONTEMPORAINES
2// DE LA RÉALITÉ À L’UTOPIE, USAGE CONCRET D’UNE PENSÉE FICTIVE VLS, VERY LARGE STRUCTURE - MOBILE TEST – GRID PLATEFORME
3// UTOPIE ET CRITIQUE L’UTOPIE VUE DANS LE COURS «INTRODUCTION AUX CULTURES CONTEMPORAINES» DE SOPHIE PAVIOL (L6 H2)
CONCLUSION// PROTOTYPE, SENSIBILITÉ ET TECHNIQUE
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BIBLIOGRAPHIE//
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ICONOGRAPHIE//
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CV//
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INTRODUCTION// PORTER UNE ATTENTION PARTICULIÈRE AU RÉEL DANS TOUTES SES FACETTES Devenir architecte est aujourd’hui pour moi une évidence qui n’a pas toujours été aussi limpide. C’est un choix qui s’est imposé à moi l’année du concours d’entrée pour les écoles d’architecture. En vérité, dès le départ je savais que je voulais faire un métier dans le domaine artistique. C’est pourquoi après le collège je me suis orientée vers un bac Arts Appliqués. Pendant ces trois années de lycée je me suis forgée un début de culture artistique et familiarisée avec le processus d’étude et de création dans des domaines très variés mais avec une forte présence du design d’objet. C’est à la fin de ce cursus que je remarquais avoir pris d’avantage de plaisir dans des projets à plus grande échelle, des projets d’aménagement spatiaux. Je m’orientais donc vers un BTS design d’espace qui fut tout à fait révélateur de mon envie de voir plus grand mais également de mon besoin de mettre cette passion au service d’autrui. Je terminais ma deuxième année de BTS de Design d’Espace par un stage d’un mois chez l’architecte Didier Lachaize. Son travail s’axe sur la conception de maisons neuves et la réhabilitation d’immeubles et appartements privés, il intègre dans sa démarche l’ensemble des problématiques liées à l’habitat bioclimatique ainsi que les systèmes d’ossaturebois. Il intervient également sur des chantiers de réhabilitation de bâtiments publics et dans la création d’objets pour l’univers de la maison. Cette expérience chez cet artiste pluridisciplinaire me confirmait mon attrait pour l’architecture. J’y ai retrouvé des choses que j’avais pu connaitre par le biais des Arts Appliqués et du Design d’Espace mais ce stage me confirmait l’insuffisance de mon BTS vis-à-vis de mes espérances. La décoration d’intérieur ne suffisait pas, je voulais pouvoir faire un projet complet sans limite de surface et je rêvais d’accompagner des clients dans le fantastique processus que peut être la réalisation de sa propre maison. J’aime ce côté humain, la discussion, et donner corps aux envies des clients. Je ne voulais pas être « limitée » par mon diplôme, j’ai donc continué les études. Le domaine de l’architecture est pluridisciplinaire, il mêle, entre autres, la construction, la sociologie et l’esthétique pure. Ce brassage de thématiques a toujours fait partie de mes apprentissages au lycée et en BTS. À la manière d’un cubiste j’aime avoir toutes les visions d’un même objet en même temps, et j’aime pouvoir insérer des connaissances et des références de domaines différents comme les courants de peinture (cubisme, impressionnisme…) ou bien des designers (Ron Arad, Matalie Crasset…) ou même des metteurs en scène (Denis Plassard , Aurélien Bory avec sa manière poétique de détourner les objets et de provoquer l’imaginaire…). À ceci j’ajoute le besoin de comprendre ce que je fais, une vision un peu mathématique et scientifique, qui m’a fortement manqué pendant mon BTS. Avoir un apport technique sur l’architecture faisait partie de mes attentes lorsque j’entrais à l’ENSAG. Je trouve cet apport encore faible en licence, j’aimerais que ce soit une part plus forte dans les projets que nous faisons. Je cherche l’équilibre entre technique et poésie, une matérialité esthétisant le projet, une structure donnant naissance à une forme particulière. Nos années de licence ont veillé à l’épanouissement de notre réflexion artistique mais je pense que la technique n’est pas une entrave à celle-ci, au contraire, elle peut être un réel catalyseur donnant plus de force et de présence à nos projets tout en les inscrivant dans notre réalité physique.
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La réalité, voila un terme particulier en architecture. Le dictionnaire Le Larousse définit la réalité comme l’ensemble des phénomènes considérés comme existant effectivement par un sujet conscient. Ce concept désigne donc ce qui est perçu comme concret, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé ou fictif. Un architecte imagine énormément, il fait des projets qui sont d’abord des projections fictives sur papier ou en maquette, mais vient un instant où tout ceci bascule dans la réalité pour être construit. En tant que finalité, la réalité guide et structure le projet. C’est là qu’est l’angoisse et l’excitation de tout étudiant dans cette discipline. À quoi ressemble la réalité de ce métier? Quand pourrons nous donner une consistance physique à nos esquisses? Quel est le poids d’une erreur? ...
À travers ce rapport nous porterons une attention particulière au réel dans son rapport avec le projet et l’architecture. Dans un premier temps nous parlerons de l’importance de l’expérience : le lien manifeste entre le corps et l’architecture. Puis nous nous pencherons sur la réalité au travers des matériaux, ce qu’ils apportent comme effets particuliers. Et finalement nous parlerons d’utopie et de son rôle dans la société.
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A// LE RÉEL SENSIBLE, « EXPÉRIENCER » L’ARCHITECTURE
EXPÉRIENCE Fait de faire quelque chose une fois, de vivre un événement, considéré du point de vue de son aspect formateur. Mise à l’épreuve de quelque chose, essai tenté sur quelque chose pour en vérifier les propriétés ; expérimentation.
Définitions du dictionnaire Le Larousse
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-IRÉFÉRENCE
1// “Expériencer” l’architecture Steen Eiler Rasmussen- Experiencing architecture
Edgar Morin Sociologue et philosophe français
La réalité peut être considérée comme une expérience inévitablement relative à celui qui l’appréhende. C’est le principe du constructivisme qui s’oppose donc partiellement au réalisme. La connaissance ne permet pas, dans cette logique, d’accéder a une vision “plus vraie” des choses, mais c’est une donnée, une réalité en soi, celle de l’expérience de ce qui est. Dans le constructivisme la réalité est donc une construction de l’esprit, et elle reste toujours relative à celui qui la perçoit comme une réalité. Il s’agit donc d’une « collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité ».
Définition du dictionnaire Le Larousse
Steen Eiler Rasmussen, Découvrir l’architecture Remarques fondamentales p.25 et p. 25/26
Renée Gailhoustet, in La politesse des maisons, Renée Gailhoustet, architecte, Bénédicte Chaljub (p.16)
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Il est véritablement important de se souvenir pour qui l’on construit : pour l’homme. Des êtres dotés d’intelligence et de sentiments dont l’expérience fait partit de leurs schémas d’apprentissage. En effet, je pense que l’on apprend par l’expérimentation : des sensations, des sentiments, des dangers, de ce qui fonctionne, ou pas… on peut rapprocher le terme d’expérience de sa définition de physique : Épreuve qui a pour objet, par l’étude d’un phénomène naturel ou provoqué, de vérifier une hypothèse ou de l’induire de cette observation. On peut d’ailleurs préférer le terme d’ ”expériencer” et non pas de “faire une expérience” qui met une distance comme l’explique Anne Coste, professeur à l’Ensag (qui exerce entre autre dans l’unité de recherche “Architecture, Environnement & Cultures constructives”.
« […] Dans son impuissance, le bébé commence par goûter les choses, les touchers, les prendre, ramper dessus, les piétiner, découvrir amicales ou hostiles. Mais il apprend vite à utiliser toute sorte de combinaisons et il évite ainsi quelques-unes des expériences les plus désagréables. » « L’architecture est produite par des gens ordinaires pour des gens ordinaires ; elle doit être facilement compréhensible par tous. Elle est fondée sur un certain nombre d’instincts humains, sur des découvertes communes à tous, dès un stade précoce de notre vie, et surtout sur notre relation aux choses inanimées. » Comme on peut le déceler dans le titre anglophone “Experiencing architecture”, pour Steen Eiler Rasmussen l’expérience est un point fort de l’architecture mais aussi de l’être humain. A travers cet ouvrage, il met en exergue le lien entre nos réflexes humains et l’architecture. Comme celle-ci est faite pour nous il faut qu’elle soit lisible par chacun d’entre nous. Pour cela il faut remonter à notre plus tendre enfance, là où tous, malgrès nos différences, nous agissons selon un même schéma d’apprentissage. Et comme le dit Renée Gailhoustet « Une ville est faite pour être pratiquée, elle n’as pas besoin d’être lisible comme un mail commercial. »
Mais l’expérience c’est aussi être là avec son corps et ressentir l’instant présent. Avec ce schéma, Alain Findeli identifie un intérêt récent porté aux destinataires des projets, il parle d’expérience. «Attitude selon laquelle l’acte de design ne serait plus seulement l’acte de conception d’un produit, mais celui d’une expérience (par exemple on ne conçoit plus une machine expresso, mais l’expérience de prendre un bon café). »
Séminaire doctoral: Matière, Société, Alain Findeli P36/37
Espace,
Modèle typologique Alain Findeli,
De même en architecture, on ne propose plus des bâtiments mais des expériences architecturales, des supports à des modes de vie. On conçoit un cadre propice à l’épanouissement, à l’esthétique, à une expérience habitante… Cependant, “expériencer” s’applique tant à celui qui y entre qu’à celui qui la conçoit. On décèle donc des nuances dans le terme d’expérience: l’apprentissage, le vécu, la sensation instantanée, le test face à la réalité... Elles ont toutes leur importance en architecture.
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-II-
PERSONNELLEMENT
2// Le parcours architectural : L’expérience par le mouvement Reflexion personnelle En ce qui me concerne, une des expériences architecturale qui à le plus d’importance à mes yeux c’est le parcours. L’architecture est particulière dans le sens où il s’agit d’un art qui se doit d’être fonctionnel. En entrant à l’intérieur nous devons savoir où aller et ce qu’on y fait. L’architecture enveloppe celui qui la pénètre et l’emmène dans un parcours. Elle le guide et fait de ces moments des temps particuliers où l’on entre dans un dialogue, un échange avec celle-ci. Le parcours peut servir les usagers et les logiques fonctionelles d’un espace dans l’organisation des flux, mais il peut aussi être plus poétique, proposer des surprises, des vues, des sensations particulières. Par exemple dans les Termes de Vals de Peter Zumthor l’enchainement des différents bains sont de multiples surprises dans une seule et même architecture. La cohésion du langage formel et des textures est le fil conducteur qui permet la lecture d’une unité mais chaque salle propose une expérience différente et leur enchainement est soigneusement réfléchit. Le parcours est comme un sens de lecture, c’est l’organisation de l’ordre d’apparition des éléments qui se dévoilent au fur et à mesure du trajet et qui modifient peu à peu notre façon de voir les choses. Le parcours nous prend et nous porte du début à la fin en préparant soigneusement chaque enchaînement. Prennons le pavillon de Tadao Ando au Château Lacoste. Un pavillon n’a pas de « pression fonctionnelle », il se focalise sur un message qui passe par les matériaux l’ambiance et le parcours. Ici le parcours nous raconte une histoire. Le pavillon vient chercher le visiteur et le mène jusqu’en son centre où se trouve l’information principale (quatre cubes qui questionnent l’avenir de notre planète) puis on ressort progressivement en continuant le parcours. Celons sa forme (marches, fenêtre zones, d’arrêt ou de passage le pavillon suggère un rythme particulier qui guide le visiteur. Cependant il serait une erreur de considérer qu’il ne peut y avoir qu’un unique parcours. Il y a des trajets pensés par les architectes, qui sont dans la logique du programme et de la fonctionnalité des espaces, et il y a ce que les usagers en font. Le projet n’est jamais figé même après sa réalisation, il faut prendre en compte la temporalité de celui-ci car les usagers vont se l’approprier, les usages peuvent changer, tout comme le contexte, ou les contraintes. Tout autant d’éléments auxquels l’architecture devra s’adapter car elle doit vivre au rythme de la ville. L’architecture est plus qu’une boîte à fonctions, c’est un art qui apporte des sensations et qui touche ceux qui la regarde et la pénètre. Si elle touche autant c’est parce qu’elle raconte des histoires, elle se lit tant avec les yeux qu’avec le corps. C’est pourquoi le parcours est important. L’architecture nous emporte et nous surprend au détour d’un mur, d’une fenêtre… Dans la théorie de Camillo Sitte, les places, les axes ne sont pas continus mais toujours cisaillés de façon à découvrir l’espace à partir d’un angle et non pas d’un axe qui le traverserait sauvagement.
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Le Guggenheim de New York de Frank Lloyd Wright est un exemple frappant du parcours et de l’expérience. En effet, il est constitué d’une seule rampe qui monte en spirale. Dans un mouvement continu très doux et esthétique il amène le visiteur devant chaque œuvre. Cette dynamique est également visible de l’extérieur, ce qui, les premières années, lui a d’ailleurs valu le surnom de “Washing machine” *. Le parcours est donc structurant de son esthétique générale mais également de la sensation d’élévation corporelle en miroir de l’élévation spirituelle que l’on peut ressentir dans un musée. A une toute autre échelle, la Villa Savoye de Le Corbusier est conçue de manière à guider l’habitant de son entrée dans le garage avec la voiture jusqu’à la terrasse [Fig. 1]. Comme on peut également le voir dans la villa du lac Léman, les fenêtres en longueur ont une dynamique horizontale où la vue guide le corps à travers les espaces [Fig. 2].
* machine à laver
Plus simplement, on se souvient tous d’une fenêtre ou d’une lumière qui nous attire vers une autre pièce, du contact rassurant de la main courante de l’escalier… Au travers de ces parcours plusieurs sens sont mis en jeux, l’ouïe, la vue, le toucher, parfois même l’odorat. En passant de pièce en pièce l’architecture nous faire vivre des moment particulier dans nous racontant des histoire par les atmosphères qu’elle génére.
Fig. 1
Fig. 2
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-III-
ENSEIGNEMENT
Carré d’art par Norman Foster à Nimes En 1993
3// Le carré d’art de Nîmes – Norman Foster Analyse d’atmosphère en cours de Studio (L6A) Peter Zumthor est un grand maître en matière d’ambiance. Son ouvrage Atmosphère m’a fortement inspirée. Selon lui, un bâtiment doit faire ressentir quelque chose à son visiteur, l’architecte doit trouver un équilibre entre apaisement et séduction : dans quelle mesure peut-on amener le visiteur à suivre un parcours, à ressentir telle ou telle sensation? Il parle de “Magic of the Real”. C’est lors d’un voyage d’étude que j’ai pu faire l’expérience du Carré d’Art de Nîmes. Dans le cadre de l’enseignement de projet L6A j’ai analysé une des salles de ce musée sur la thématique de l’ambiance. En déambulant j’ai pu ressentir puis analyser chaque élément qui fait de ces espace une bonne architecture. J’ai donc dégagé trois points de l’ouvrage de Peter Zumthor: Lumière des choses, Cohérence, Entre composition et séduction.
LUMIÈRE DES CHOSES La lumière est particulièrement réfléchie dans les salles d’exposition. La lumière artificielle est complétée par la lumière naturelle. L’une est tout à fait fonctionnelle quand l’autre est plus poétique, changeante, offrant une interaction entre les œuvres et le monde extérieur. On remarque d’ailleurs que les lumières artificielles sont disposées discrètement au niveau du plafond tandis que la lumière naturelle provient de grandes ouvertures en lien avec l’extérieur de la pièce.
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FENTRE LUMINEUSE
APPERÇU
COHÉRENCE En lien avec le chapitre Cohérence de Peter Zumthor j’ai prêté attention aux relations entre les espaces. Comment l’interpénétration de ceux-ci les connecte et permet de former un tout. Comment les formes se répercutent et créent des schémas géométriques, des “patterns” qui découpent l’espace, et rendent compte de ses dimensions. Ce redécoupage permet de retrouver une échelle humaine. Un peu comme les briquettes des thermes de vals qui resituent une échelle connue de l’homme entre ces murs gigantesques.
ENTRE COMPOSITION ET SÉDUCTION Pour le troisième point nous retrouvons la notion de parcours. Dans son chapitre composition et séduction, Peter Zumthor explique en quoi chaque élément guide le visiteur. La séduction est le fait d’attirer le visiteur vers un point particulier pour lui suggérer un parcours tout en lui laissant le choix de le suivre où non. Ici les proportion des espacements et la position des séparations entre chaque salle laisse passer le regard et attire le visiteur vers les allées suivantes.
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B// LE RÉEL, APPROCHE PAR L’EXPÉRIENCE DE LA MATÉRIALITÉ
MATÉRIALITÉ Caractère, nature de ce qui est matériel. Qui est formé de matière, par opposition à l’esprit, à l’âme : L’univers matériel. Les êtres matériels.
Définitions du dictionnaire Le Larousse
Le choix d’un matériau n’est jamais anodin, il est le bois chaleureux dont l’odeur rappel des souvenirs d’enfance, le béton lisse et doux sur lequel claquent les semelles de chaque visiteur, c’est une façade vitrée reflétant le coucher de soleil, démultipliant la réalité en un rêve onirique…
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-IRÉFÉRENCE
1// La lumière comme matériaux Tadao Ando La matérialité d’un bâtiment est génératrice de sensations. Chaque matériau offre tout un panel d’ambiance selon sa mise en oeuvre et dans sa manière d’intéragir avec le contexte. Mais il y a un médium en particulier qui donne vie à ces éléments, qui peut les souligner ou les faire disparaitre: il s’agit de la lumière. En effet, sans elle plus rien n’est visible, frappant selon tel ou tel angle elle peut mettre en valeur ou déformer un élément. Son importance prise en compte elle est aujourd’hui pensée comme un matériau à part entière. Au travers du prisme de la lumière, chaque matériau, chaque mise en œuvre spécifique, évoque un univers particulier. Prenons par exemple Tadao Ando qui joue sur les motifs créés par la lumière, les reflets sur l’eau, la douceur veloutée du béton qu’elle révelle... Elle met en valeur le choix du matériau, sa texture.
Tadao Ando in Annual of Light and Architecture, 1993
Tadao Ando in Light, Shadow and Form: the Koshino House, 1990 p.11
Église de la lumière Tadao Ando, Japon, 1989
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« La lumière est l’origine de tout être. » « Les rayons de lumière, lesquels rentrent par les interstices entre les murs extérieurs et la structure, créent des variations de lumière et d’humeurs basées sur les saisons et l’heure de la journée. »
Prenons l’église de la lumière de Tadao Ando, La lumière porte tout une symbolique en accord avec la “mystique” du lieu et lui donne de la force. Lorsque nous regardons le mur du fond ce ne sont pas quatre angles de béton gris que nous percevons en premier mais une croix de lumière. Elle donne forme et présence à ce symbole tandis que le béton s’efface respectueusement.
Sur le site du Château Lacoste Tadao Ando créé une petite construction nommée “Chapel”. Ce petit edifice joue énormément sur les textures contraires de matériaux. Mais surtout, Ando manie avec habilité la lumière naturelle. Elle filtre entre les lames de métal, révelle le calpinage de pierre, se reflète dans les paroies de verre et illumine un espace intérieur.
Verre qui se transforme en miroir et retourne le regard sur le mur de pierre malgrès la transparence vers le paysage.
Lumière naturelle qui forme une aura sur le haut des murs et attire notre attention sur le toit manquant de la ruine.
Dessin des ombres en dialogue avec les pierres.
contraste clair/obscur.
Chapel Tadao Ando, Château Lacoste, France, 2011
Mobilier qui diffuse une lumière quasi mystique.
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-II-
PERSONNELLEMENT
2// Matérialisation par la maquette Expression plastique en BTS Design d’Espace Les matériaux trouvent une résonnance dans notre imaginaire, ils appellent des références et nous immergent dans des ambiances particulières. On ne peut qu’imaginer ce que tel ou tel matériau mis en œuvre de telle ou telle façon peut donner tant qu’on ne l’a pas vu dans ses vraies dimensions. C’est pourquoi il faut se déplacer, créer, expérimenter dans le réel pour pouvoir ressentir le résultat et pouvoir l’intégrer dans une recherche. En projet, la première approche expérimentale ce fait par la maquette. On peut rapidement avoir un premier aperçu du volume, de l’ambiance générée et de l’esthétique des matériaux: leur transparence, leur rugosité, les reflet lumineux, ... En première année de BTS la construction d’un pôle pour la WWF sur l’île Seguin à Paris à été un prétexte pour tester des ambiances d’enveloppe extérieure. L’esthétique rendant visible la nature de l’édifice serait comme un phare, une publicité en trois dimensions. La peau du bâtiment devait révéler son appartenance à la WWF et la symboliser. Avec ma binôme nous avons choisit le symbole du bambou qui rappel le panda fort connu du logo et la nature en prolifération. Cet élément, simplifié sous forme de grandes tiges vertes, transparait en ombre chinoises et vient rythmer la façade nocturne. De jour, les tiges disparaissent en quasi totalité faissant apparaitre un cube blanc et doux, symbole d’une organisation stable et juste. Sans contrainte de réalisation autre que ceux inhérents à la maquette le projet n’a aucune réalité et les dimensionnements sont inéxacts cependant cet exercice nous à permis d’appréhender des effets esthétique et de comprendre le language de la lumière, des texture et de la mesure.
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Lumière & Bambous – WWF Expression plastique - Maquette
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-III-
ENSEIGNEMENT
3// Prototype échelle 1, se rendre compte de la réalité : L’expérience de la construction Expérimentions aux Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau Le prototype échelle 1 permet de se rendre compte de la réalité des textures, de la mise en œuvre (en temps et en faisabilité) et de la résistance de la structure.
Coulé sur de l’aluminium
Coulé sur de l’OSB
Coulé sur du papier bulle
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Lors de mon stage ouvrier en L1 j’ai aidé a tester les dalles de béton pour le projet Canopéa (Solar Décathlon 2012). À partir d’une recette de base, plusieurs bétons avec des dosages différents on été coulés. Nous avons donc pu évaluer sa facilité de mise en oeuvre et tester la résistance de chacune des dalles en fonction de leur composition. Entre temps nous avons remarqué la longueur du temp de prise. Comme l’air était humide les dalles n’ont été complètement prise qu’au bout du 3ème jour, et elles étaient encore fragile. Ce qui signifie un ralentissement du chantier si ce temps à été sous estimé et une perte de place au sol tant que les coffrage sont utilisés. Lors de ces tests nous avons également pu faire des expérimentations esthétique comme de la sériegraphie ou des empreintes.
Toujours aux grand ateliers de l’isle d’Abeau, en L2 nous avons passé une semaine intensive pour expérimenter un élément sous toutes ses coutures: le carton. Cette semaine nous a poussé à expérimenter des ambiances en fonction des assemblage et surtout de se rendre compte que l’échelle 1 implique du temps et de l’énergie pour sa mise en œuvre. Nous avons exploré la boite de carton dans sa texture, sa mise en forme, son assemblage et ses qualités techniques. Dans un premier temps chaque équipe à du mettre en forme ses 1200 cartons: dès le début on se rend compte de l’aspect chronophage de se genre d’exercice, du volume que l’objet engendre et de l’organisation nécéssaire à la fois dans une équipe et dans l’espace pour allier stockage et efficacité. Par la suite plusieurs exercices on mise à l’épreuve notre ingéniosité et notre esprit d’équipe en réalisant des poutres, des tours et un espace labyrinthique d’un peu plus de 35m2. Au cours de cette semaine nous avons appréhendé un nouveau matériau mais surtout nous avons pris conscience de l’importance d’une technique appropriée à celui-ci et d’un dialogue efficace au sein d’une l’équipe.
L’expérience est un mode d’apprentissage et de vérification des données qui reste important même après les études. L’agence INCA fondée par Gilles Marty n’a pas hésiter au fabriquer plusieurs prototypes échelle 1 pour tester la résistance de la structure. Ce fut effectivement une phase non négligeable car le module fut cassé deux fois. Au final, que l’on soit étudiant ou architecte, il est toujours intéressant de tester les nouveaux éléments, une nouvelle matière, une nouvelle structure. Il y a les calculs, le projet et pas si loin que ça il y a la réalité de la construction.
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C// LE RÉEL, VERSUS L’UTOPIE
L’UTOPIE De Utopia, mot créé par Thomas More, du grec ou, non, et topos, lieu. Construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal. Projet dont la réalisation est impossible, conception imaginaire : Une utopie pédagogique.
Définitions du dictionnaire Le Larousse
L’Utopie n’est pas une image de papier glacée, un rêve qui dégringole de son piédestal lors qu’il est confronté à une réalité soit disant trop abrupte. Au contraire, elle questionne notre époque et pousse le projet plus loin en libérant notre poésie d’architecte et l’essence même de nos concepts. Pour être positif il est intéressant d’être utopiste, de se permettre des digressions pour mieux questionner nos problématiques.
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-IRÉFÉRENCE
1// Utopies bientôt réalisées grâce aux nouvelles technologies « La ville intelligente » du 21e siècle - Colloque MC 2014 - Matérialités Contemporaines Ce qui il y a un siècle nous paraissait totalement ficif est aujourd’hui entrain de devenir réalité. En effet, depuis une trentaine d’année, le monde numérique s’accroit et surtout se démocratise. Devenu social et planétaire, nous somme face à une révolution numérique qui bouleverse nos vies au quotidien. La ville du XXIe siècle est une ville bien réelle et physique mais optimisée par un tout numérique. La “Ville intelligente” s’adapte en temps réel et permet de nouveaux usages.
Matérialité contemporaines. Architecture et numérique: de la ville à la matière, l’usage contemporain des technologies de liaisons Carlos Moreno p.74
Ibid Nicolas Nova p.41
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Dans le colloque Matérialité contemporaines. Architecture et numérique: de la ville à la matière, l’usage contemporain des technologies de liaisons un des thèmes s’intitule Villes connectées et infrastructures intelligentes. La ville y est décrite comme composée de quatre éléments clés: le Civis (le citoyen), la Spatia (les espaces de vie), l’Urbis (l’espace urbain) et la Res Publica (politique à la recherche du bien public). À cela s’ajoute un cinquième élément qui qualifie la ville du XXIe siècle: l’Ubiquitous, l’ubiquité. Cet élément nouveau est apporté par le numérique, grâce aux téléphones et aux ordinateurs ainsi qu’aux réseaux sociaux, en étant connecté à tout moment et en tout lieu. De plus tout objet, quelque soit la façon dont il est connecté, à un usage social. La ville peut ainsi bénéficier en temps réel de l’intelligence collective. En hybridant certains objets urbains qui nous sont familiers avec le monde virtuel on peut en tirer des usages nouveaux. Ces interfaces numériques vont permettre de reconcevoir les services et les fonctionnalités de la vie quotidienne. « Si l’on applique ces considérations à la ville, on voit en effet que les potentialités de la ville ubiquitaire sont extrêmement riches [...] La ville étant un territoire de vie et de rencontres, les objets connectés sont un outil pour faire émerger de nouvelles expériences de vie qui donnent naissance à des usages et des services inédits, administratifs, de loisir, de santé, de sociabilité, etc. » On trouve des prémisses de cette vision dans les textes de Colin Rowe et notamment dans Collage City. Il explique qu’il faut laisser place à l’imprévu et que l’espace publique permet l’expression de la démocratie. La ville devient alors intelligente et participative. Robert Venturi s’exprime dans un discours similaire car il parle d’approche sociale, d’usages et de désirs. Pour lui, la ville intelligente s’adapte en temps réel aux désirs des gens. C’est en mêlant le virtuel et le physique que nous abordons ces notions aujourd’hui. À l’heure où Christian de Portzamparc parle ville éclaté, les nouvelles technologies permettent de reconnecter la ville et de favoriser les échanges là où se croisent toute les dimensions de l’activité humaine et urbaine. Actuellement nous en somme encore au stade de l’expérimentation mais il serait question de micro-architectures adaptables par rapports aux besoins. « Du fait de leur déploiement limité, il n’est pas aujourd’hui possible de donner des réponses définitives quant à leur évolution. Ils [les prototypes] fournissent néamoins des pistes prospectives qu’il convient de surveiller. Ces initiatives [...] me semblent aussi remarquables comme manière de dépasser une vision stéréotypée de la ville intelligente. Chacune de ses expérimentations est pertinente à suivre pour comprendre le façon dont les usagers vont s’approprier ou non ces services, et éventuellement les détourner pour répondre aux enjeux croissants de la vie urbaine. »
Le monde numérique offre de nombreuses possibilités qui nous font rêver. Une part de cette utopie s’est trouvée projetée dans le monde du cinéma avec entre autre Tron, Le cinquième élément et Matrix. Nous rêvions de voitures volantes et de communication interplanétaire ultra rapide nous confrontant au monde des machines. Aujourd’hui nous ouvrons la porte des possibles en progressant toujours plus vite. Cette année l’entreprise chinoise WinSun à réussit l’exploit de réaliser une dizaine de maisons en moins de 24h grâce à une gigantesque imprimante 3D. « [...] il n’y a plus d’opposition entre le monde physique réel et le monde virtuel: au contraire, le monde physique est traversé par le monde numérique et sa dimension sociale, qui permettent de transformer puissament, en retour, le monde physique. » L’utopie est un moteur pour chercher toujours plus loin. Rapidement les phantasmes deviennent réalité et c’est ainsi que le monde évolue.
Ibid Carlos Moreno p.72
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-II-
PERSONNELLEMENT
BNF - Définiion de “Utopie” http://expositions.bnf.fr/utopie/arret/d0/
VLS : Very Large Structure. Mobile Test – grid plateforme L’arca international n°116 Jan/ Fev 2014 Page 80
2// De la réalité à l’utopie, Usage concret d’une pensée fictive VLS, Very Large Structure - Mobile Test – grid plateforme Pour moi un projet se dessine par des problématiques réelles et des enjeux concrets ; puis il est assoupli par l’utopie. C’est comme une phase poétique qui viendrait adoucir les contours du projet tout en lui donnant du sens. L’utopie à un rôle important dans le projet, elle est en parallèle de la réalité ; ni vraiment fictive, ni vraiment réelle. D’ailleurs, tant qu’il n’est pas réalisé le projet reste une forme de préfiguration. Sur son site la BNF précise le terme d’utopie en se sens là: « Imaginaire ou fictif ne veut pas dire impossible : tout rêve n’est pas chimère. [...] Le recours à la fiction est un procédé qui permet de prendre ses distances par rapport au présent pour mieux le relativiser et de décrire, d’une manière aussi concrète que possible, ce qui pourrait être. » On peut faire la comparaison avec le projet VLS. Nous somme bien face à un projet utopique puisqu’il s’agit d’un concept sans finalité de réalisation mais où tout réside dans les questionnements qu’il soulève. Manuel Dominguez propose une ville nomade qui peut être déplacée sur des chenilles vers des lieux offrant du travail et des ressources en abondance. « En fait, même si je suis très attiré par la science-fiction, par l’architecture utopique et dystopique dans l’urbanisme, le cinéma, la littérature, les mangas, etc., pour le projet de la VLS je me suis intéressé d’avantage à la technologie de la vie réelle (au lieu d’en inventer une qui n’existe pas), déjà testée, qui fonctionne et qui est disponible depuis les années 60 […] Tout cela parce qu’avec la VLS mon objectif était de construire de la façon la plus plausible et le plus réaliste possible même si je savais que j’avais à faire une étude théorique. » Le projet VLS reste une utopie puisque son but n’est pas d’être fabriqué cependant il est techniquement réalisable, et c’est là que sa force de questionnement se trouve amplifiée. Les bases techniques réelles lui permettent « d’exister » et sont la force de ce projet. Mais c’est également là que se trouve toute l’ambigüité de l’utopie. La différence ce n’est pas qu’elle ce soit ou non réalisable car sa finalité réside dans le fait d’être un outil d’apprentissage qui stimule les réflexions personnelles. « Je pense qu’il [le projet] est réalisable car il se base sur des technologies existantes, mais ceci dit je ne suis pas certains que ce soit souhaitable. » « La VLS est seulement un exercice pour comprendre que les architectes peuvent tirer des enseignements d’une multitude de choses, des choses qu’ils peuvent utiliser et dont ils peuvent tenir compte pour faire leur travail. » Une utopie est réellement un outil de réflexion, ce n’est pas un projet constructible. C’est une pensée dessinée avec détail qui n’a pas pour but d’être réalisée mais seulement de questionner. Elle permet de remettre en question ce que l’on prenait pour acquis dans un language quasi politique qui interroge notre monde actuel.
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-III-
ENSEIGNEMENT
3// Utopie et remise en question L’utopie vue dans le cours «Introduction aux cultures contemporaines» de Sophie Paviol (L6 H2) Le terme d’utopie existe depuis le début du XVIe siècle. Topos signifiant lieu, le lien avec l’architecture est évident. Des consrtuctions et des villes imaginaire virent le jour sous cette appellation. En architecture l’utopie est un argument. Elle nous libère des contraintes terrestres pour mieux questionner les problématiques contemporaines. L’exemple parfait pour illustrer ceci est le groupe Archigram. Ce collectif de jeunes architectes s’empare des médias dans les années 60 pour exporter leurs pensées nouvelles. Par des croquis, des poèmes, des bandes dessinées et des affiches ils s’opposent à leurs prédécesseurs en qualifiant l’habitat et la ville de ludique, jetable, consommable, éphémère, préfabriquée et évolutive. Dans une dynamique parallèe au Pop Art, on retrouve dans leur revue une ironie désarmante et des couleurs acidulées. Dans le contexte d’une société de consommation on sent à travers les projets d’Archigram une réelle industrialisation et mécanisation de la ville notamment avec Walking city, on peut même parler de nouvelles technologies et de futurisme. Leur influence à été, et reste encore, très forte. Le Centre Pompidou de Renzo Piano et Richard Rogers (1977), issu du mouvement high-tech, réutilise ce vocabulaire de l’industrie et de couleurs pop et ludiques. Zaha Hadid et d’autres architectes de ce mouvement high-tech ont plaisir à renverser l’idée que l’on se fait de l’architecture et bousculent les règles de la pesanteur en proposant des volumes de plus en plus fou grâce aux nouvelles technologies. En parallèle d’archigram, Peter Eisenman n’hésite pas à prendre une grande liberté avec la réalité pour proposer des collages improbables. À Montréal, une rétrospective nomée Cité des archéologies fictives exposera le travail de Peter Eisenman de 1978 à 1988. C’est un travail narratif de maquette où il joue sur des temporalités et des trames différentes. Il insert son projet dans la maquette de Venise et joue sur un décalage entre la ville historique et la volonté moderne indépendante de la réalité du sol. Le projet oscille perpétuellement entre fiction et réalité jusqu’à sa construction. Parfois ce que l’on pensais irréalisable devient concret parce qu’il y a des gens assez fou pour penser des projets pareils et assez fou pour les pousser jusqu’au bout. L’utopie nous permet d’évoluer et d’être en perpétuelle remise en question, en accord avec notre monde changeant. Elle devient alors la préfiguration du projet.
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Walking city Archigram 1965
Zaha Hadid Contemporary Art Museum 2006
Centre Pomidou Par R. Piano et R. Rogers 1977
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CONCLUSION// PROTOTYPE, SENSIBILITÉ ET TECHNIQUE Tout au long de mes études, la fonctionnalité des espaces et leur rapport aux usages s’est dessinée comme le fil conducteur de mes projets. En m’inspirant du duo Rogers et Piano ou de penseurs tels que Patrick Bouchain, j’aime projeter du fonctionnel agréable qui se nourrit de la sensibilité des matériaux et se déleste de tout superflu. Une “boîte à habiter”, qui ne serait pas pour un homme idéal comme le pense Le Corbusier, mais dans le sens d’une portion spatiale en attente d’une peau révélatrice de sa fonction et de son usage. Je pense qu’il est important de prendre le temps de découvrir le projet avec tout les indices que le site nous murmure.
Juhani Pallasmaa, La main qui pense
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Je souhaiterais acquérir des connaissances techniques et structurelles et ainsi proposer une architecture efficace et épurée qui serait poétique par le choix des matériaux et leurs mises en œuvre particulière. C’est pourquoi j’aspire à entrer en Master Architecture, Ambiances et Cultures Numériques. On y trouve cette importance de la matière et de l’ambiance à travers l’expérimentation et la réalisation d’un prototype à échelle humaine. Ce type de production est un prisme à travers lequel on visualise le projet dans son entier et l’on teste sa faisabilité. Ce master m’intéresse tout d’abord par son intérêt porté aux prototypes. En effet, je pense que revenir à l’échelle humaine et tester réellement des idées permet de remettre le projet dans sa finalité, c’est-à-dire dans sa réalisation. Cette pratique expérimentale permet de lier les différentes échelles de conception. C’est un va-et-vient d’autant plus important que les cultures numériques sont une partie importante de ce master et l’échelle humaine peut vite se faire oublier. L’outil numérique est n’entré que tout récement dans mon travail; bien que sachant me servir de certains logiciels j’ai presque toujours travaillé à la main. Il me semble intéressant et important de mêler le numérique et la main. L’outil informatique est un moyen de tester et d’expérimenter, la main et le corps le sont aussi. « Une projection puissante prend place dans l’acte créatif ; la constitution mentale et le corps entier du créateur deviennent le lieu de travail. » Je suis également intéressée par le Master Architecture et Cultures Constructives. La thématique structurante de ce master est de répondre de manière innovante à des thématiques d’aujourd’hui comme l’habitat durable : un habitat confortable, écologique et économique. Le plaisir d’habiter sera alors au cœur des réflexions et c’est un point important que je souhaite approfondir grâce aux diverses approches proposées par ce master. En effet, lors de la première année l’approche expérimentale sera un vecteur fort d’apprentissage de différentes techniques de mise en œuvre et permettra une étude sensible des matériaux. Et lors de la deuxième année, l’application des outils découverts précédemment trouveront leur place dans des projets de bâtiments éco-responsables. Car les thématiques entourant l’habitat durable sont inévitables de nos jours. On parle même de “sustainable architecture“ comme l’explique Jean-Marc Huygen à travers son ouvrage La poubelle de l’architecte, vers le réemploi des matériaux. La science et la technique permettent de développer une démarche particulière autour de la construction, des ambiances et des sciences humaines.
Dans les premières lignes de ce rapport d’études, j’ai évoqué un stage d’un mois chez l’architecte Didier Lachaize. Il fut décisif pour mon choix d’études et par les thématiques que cet architecte explore et le contact humain qu’il entretient avec ces clients il reste encore pour moi un modèle. Ces constructions sont simples et fonctionnelles tout en étant poétiques et elles répondent aux problématiques actuelles comme l’éco-architecture. C’est un architecte complet chez qui j’apprécierais de travailler car il a un sens délicat du tact et de l’adaptation. Bien que j’ai peu parlé des usagers dans ce rapport, ils sont ceux pour qui l’on construit, pour moi, l’architecture a une grande part de sensibilité humaine, c’est un métier social. Dans la continuité de Renée Gailhoustet et d’autres je me refuserais à faire des “cages à poules” dans la répétition d’un module créé pour un humain normé qui n’existe pas. « […] C’est pourquoi il nous paraît vital de ne pas assimiler le logement à une cellule, de prévoir des relations entre les pièces, les volumes, les espaces extérieurs, aussi variés que possible, où chaque individu puisse trouver la coquille qui lui convient. Madame X, irréductiblement, est un individu. »
La politesse des maisons, Renée Gailhoustet, architecte par Bénédicte Chaljub
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BIBLIOGRAPHIE// CHALJUB Bénédicte
COSTE Anne et CREPS Marie-Astrid
LA POLITESSE DES MAISONS, RENÉE GAILHOUSTE, ARCHITECTE L’impensé, Actes sud, 2009 SÉMINAIRE DOCTORAL ESPACE, MATIÈRE, SOCIÉTÉ - MODÈLES, RÉFÉRENCES ET ANALOGIES DANS LES CONDUITES À PROJET. Interventions et débats publiés sous la direction d’Anne Coste et Marie-Astrid Creps. École Nationale Supérieure d’ Architecture de Grenoble - Février 2008
DOMINGUEZ Manuel
VLS : VERY LARGE STRUCTURE. MOBILE TEST – GRID PLATEFORME L’arca international n°116 Jan/Fev 2014 Page 80
HUYGEN Jean-Marc
LA POUBELLE DE L’ARCHITECTE, VERS LE RÉEMPLOI DES MATÉRIAUX L’impensé, Actes sud, 2008
LIVENEAU Philippe et MARIN Philippe
PALLASMAA Juhani RASMUSSEN Steen Eiler
ROW Colin ZUMTHOR Peter
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MATÉRIALITÉ CONTEMPORAINES. ARCHITECTURE ET NUMÉRIQUE: DE LA VILLE À LA MATIÈRE, L’USAGE CONTEMPORAIN DES TECHNOLOGIES DE LIAISONS. Actes du colloque MC2014 qui s’est tenu sur le campus Minatec à Grenoble le 28 Février 2014 Sous la direction de Philippe Livenau et de Philippe Marin http://mc2014.research-unit.net LA MAIN QUI PENSE L’impensé, Actes sud, 2013 DÉCOUVRIR L’ARCHITECTURE Troisième édition: Ed. Le linteau, Paris, 2002 (Om at opleve arkitektur, 1957; Experiencing architecture, The MIT Press, 1962) COLLAGE CITY Folio, Collection Archigraphy, 1978 ATMOSPHÈRE Birkhäuser, 2006
ICONOGRAPHIE// ÉGLISE DE LA LUMIÈRE Ibaraki, Osaka, Japon, 1989
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WALKING CITY
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http://www.laurentmarre.com/31-artistes-contemporains-reconnus/tadao-ando-architecte/
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VLS - VERY LARGE STRUTURE
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INTERPRÉTATION PHILOSOPHIQUE DU MODÈLE ALain Findeli, 2005
DOMINGUEZ Manuel
FINDELI Alain
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CONTEMPORARY ART MUSEUM Cagliari, Italy, 2006
HADID Zaha
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#LIVINGCITY : URBIS – CIVIS – SPATIUM – RES PUBLICA – UBIQUITOUS
http://www.moreno-web.net/ubiquite-societe-de-la-connaissance-et-nouveaux-paradigmes-collaboratifs/
CENTRE POMPIDOU Paris, France, 1977
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MORENO Carlos
PIANO Renzo et ROGERS Richard
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DONZÉ MARGAUX LOGICIELS
Suite Adobe 3DS Sketchup AutoCad
LANGUES
FORMATIONS 2011-14: 2011: 2009: 2008:
EXPERIENCES PROFESSIONNELLES 2013:
2010:
Anglais (niveau B2) Italien (bases) Japonais (notions)
CENTRES D’INTERETS
L’art (exposition et personnel) L’origami tessellaire La danse de couple Les cultures étrangères
CONTACT
53 rue Ampère 38 000 GRENOBLE 06 12 01 48 81 margaux.donze@hotmail.fr
Licence en école d’architecture (ENSAG - GRENOBLE) Obtention du diplôme de BTS Design d’Espace (Lycée Rive Gauche - TOULOUSE) 1 an en licence Anglais-japonais (Faculté Stendhal - GRENOBLE) Obtention du Baccalauréat Arts Appliqués (Lycée La Martinière-Diderot - LYON)
2007:
- Bénévole sur la Japan Touch (scène et conférences) - Stage aux Grands Ateliers de l’isle d’abeau, préfabrication du projet canopéa dans le cadre du Solar Décathlon 2012. (2 semaines) - Modèle vivant (ponctuellement) - Stage chez l’architecte DPLG Didier LACHAIZE (6 semaines) - Exposition Photographique “regards croisés” sur la péniche Zambézi, en partenariat avec le CAUE de Toulouse (1 mois) - Installation “les chaises bavardes” au quartier de la Reynerie, en collaboration avec le CAUE de Toulouse (5 jours) - Stage chez le graphiste Patrick LARME (4 semaines)
Ce rapport d’étude traite de la réalité. Celle qui nous fait peur et nous excite à la fois. Celle qui est visible et palpable. Celle qui est la finalité du projet. Être architecte c’est avoir les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, c’est avoir assez de folie pour tout imaginer et assez de raison pour pouvoir tout réaliser. Le projet oscille entre fiction et tangibilité, être architecte c’est trouver le bon équilibre. Ce thème me passionne et l’écriture est une belle façon de porter ses réflexions. Même si je suis loin d’avoir fait le tour de la question, avoir rédigé ce rapport m’a beaucoup plus. C’est une introspection sur nos désirs et sur notre personnalité en tant qu’architecte en devenir. Grâce à cela je sais où je vais.