Habiter la réquisition Le mobilier comme vecteur d’habitabilité Toulouseded’ArchitectureSupérieureNationaleÉcole/ZarcosFrancineetEstevezDanieldedirectionlaSous/d’étudesfindeProjetÉtudiantes Alexandra DANILOVA Margaux HUMBERT PFE Extrême contemporain
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Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué au succès de ce PFE, à commencer par Daniel Estevez et Francine Zarcos, pour leur dis ponibilité et leurs judicieux conseils, qui ont permis de nous guider et d’alimenter notre réflexion tout au long de ce semestre.Nosremerciements
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Remerciements
vont également à l’École Nationale Supérieure de Toulouse, pour sa participation financière, et plus généralement, pour les enseignements que nous avons eu la chance d’avoir au cours de notre cursus.Nousremercions les membres du DAL31 pour leur accueil, et pour leur engagement dans la lutte pour un monde plus juste. Merci à Pablo Gubitsch pour son intérêt, et qui, à travers son regard de photographe, a su capté et docu menté notre travail, et l’enrichir. Enfin, toute notre reconnaissance va à Yassin pour son enthousiasme, et l’association Arch’Crowd, sans qui la réalisation de notre atelier n’aurait pu voir le jour.
Sans oublier les différentes personnes qui ont pris le temps de relire notre travail, merci à vous !
4 I.IntroductionUnesituation contemporaine : le mal-logement Le mal-logement en France Le mal-logement à Toulouse L’occupation d’espaces vacants Politique de lutte contre les exclusions Le droit au L’associationlogementDroitAu Logement Le DAL31 II. Un lieu : le 36 rue Roquelaine Un bâtiment réquisitionné LesPremierLesRez-de-chausséeDescriptionRelevéLeLocalisationquartierdubâtimentdubâtimentespacescommunsétagehabitants40302014162426324244464850545860 Sommaire
5 III. Expérimentions : de la participation à la lutte à la création d’une action Participation aux actions et évènements du DAL Commissions et permanences Journée du 26 mars Soirées de soutien au 36 L’atelierArch’Crowd comme partenaire La ConstruireScierMesurerDéconstruireLeL’espaceressourcematériel-trois jardinières Construire - deux étagères Construire - une jardinière Un autre regard Retour critique BibliographieNotesConclusion104806870727884868890929498108110113121123
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7 Introduction
8 espaces urbains vacants. Mon intérêt pour ces deux phénomènes m’a ainsi me née à faire une recherche sur le potentiel d’hospitalité des espaces vacants dans le cadre de mon mémoire de master.Àl’approche de la fin de mes études, me questionnant sur mon futur rôle en tant qu’architecte, et me demandant comment mettre mes compétences au service de mes valeurs, j’ai commencé par rechercher un site de travail pour mon PFE, qui puisse être intéressant du point de vue pédagogique, mais sur le quel je pourrais également me rendre utile concrète ment. J’avais pour objectif de retourner en Grèce et de réaliser une enquête sur un lieu « refuge », mais j’ai dû revoir ce plan, et ai choisi de travailler sur un site proche de Toulouse. INTRODUCTION
La question cen trale que je voulais explorer était celle de l’accueil des personnes en situation de précarité et d’exclusion, et plus largement, le thème de la ville accueillante, hospitalière, incluante. Cet intérêt pour la question s’est fortement développé lors de mon année de mobilité à Athènes, lorsque j’ai été plus violemment confrontée à cette problématique, et que j’ai commencé à faire du bénévolat dans des squats accueillant des migrant·e·s. Depuis, c’est un sujet qui me tient à cœur, et qui me semble particu lièrement pertinent dans le contexte d’augmenta tion des déplacements de populations actuels et à venir, qu’ils soient dus à des conflits ou à des phé nomènes climatiques. En parallèle, depuis la licence, je me suis intéressées aux Margaux
Avant-propos Motivations et intérêts Naissancecollaborationd’une
Nous nous sommes alors rencontrées et avons choisi de réaliser un projet commun. Alexandra avait pour projet d’expéri menter pragmatiquement par la construction d’une micro-architecture, tan dis que Margaux avait une approche plus “théorique” d’observation, d’enquête. Nous avons donc pensé que nos approches pou vaient être complémentaires. Nous avons donc cherché des partenaires, et avons finalement choisi de collaborer avec le DAL31, sans avoir une idée très précise de ce que l’on allait pouvoir mettre en place.
À l’origine, plu sieurs pistes de projet m’intéressaient : le dôme géodésique, les études sur la forme des briques, le confort et l’ergonomie dans la conception des espaces publics, et le logement d’urgence. Je me suis concentrée sur les logements d’urgence avec la possibilité de lier cette thématique avec le dôme géodésique, l’hébergementsaitsonneapprispouréchelle,l’architecturenotammentdepetitemodulaire,pliablelessans-abris.J’aiqu’uneautreperdel’ateliers’intéresàlaproblématiqueded’urgence et c’est ainsi que j’ai contacté Margaux. Alexandra
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11 Une contemporainesituation : le mal-logement Partie 1
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“Cities have the capability of providing something for everybody, only because, and only when, they are created by everybody.”
Jacobs
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Jane
I. SITUATION
Le mal-logement en France
mal logé·e·s 1 068 000 Conditions de logement très difficiles Personnes en situation de fragilité12 138 000 14 793 000 4 800 000 4 126 000 -Personnes sans domicile, - résidences principales en chambres d’hôtel, - habitantion de fortune, - hébergement contraint chez des tiers - privation de confort : 2 090 000 - surpeuplement accentué : 934 000 + «gens du voyage» dans de mauvaises conditions d’habitat + résidents de foyers de travailleurs migrants non traités Sans logement perso. Propriétaire occupant un logement dans une coproprié té en difficulté 1 123 000 1 210 000 4 299 000 3 558 000 5 732 000 Personnes en situation d’effort financierPersonneexcessif modeste ayant eu froid pour des raisons liées à la précarité Locatairesénergétiqueenimpayés de loyers ou de charges Personnes modestes en situation de surpeuplement modéré
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Selon la fondation Abbé Pierre, le mal-loge ment touche quatre Millions de français1. Le mal-loge ment englobe une diversité de situations : l’absence de domicile personnel, les difficultés d’accès au logement, les mauvaises condi tions d’habitat (dépourvu des éléments de confort basiques, et/ ou surpeuplé, et/ou insalubre), les dif ficultés pour se maintenir dans son logement (loyer et charges trop élevés, au dessus des moyens de la personne...), les blocages des parcours résidentiels et les inégalités territoriales... Aujourd’hui, les personnes seules sont les plus tou chées par la précarité (35% contre 12% des familles avec enfants).2 Cela s’explique entre-autre par un change ment des dynamiques dé mographiques, notamment l’allongement de la durée de vie et la mise en couple plus
tardive. Non seulement vivre seul implique un isolement plus favorable à la précarité, mais surtout, le parc social, composé de seulement un tiers de petits logements, s’avère inadapté. De plus, la production de logements pour les classes populaires croit difficilement, le prix du foncier augmentant tandis que les aides publiques à la construction ou à la loca tion ont tendance à baisser.3 en difficulté face au logement (total sans double-compte)
personnes
15 300 000 personnes SDF X2 depuis augmentation2012
Les chiffres-clés de l’évolution de la crise du logement (Source : Fondation Abbé Pierre, Rapport sur l’état du mal-logement en France, 2022)
En 11 ans, multiplica tion du nombre de nuitéesX5hôtelières 1/2 demandeur d’asile n’est pas hébergé dans le dispositif national sous-dimensionnéstructurellementd’accueil,
Le 6 décembre 2021, près de 4 000 personnes n’ont pas pu être hébergées après avoir appelé le 115 en raison de l’absence de places d’urgenced’hébergementdisponibles.Cechiffreesten hausse de plus de 30 % par rapport à l’été 2021. À la mi-no vembre, Seine-Saint-Denis,en 60 enfants de moins de 3 ans et à la rue n’ont pas pu être mis à l’abri
Le nombre d’expulsions des lieux de vie informels (bidonvilles, squats...) enre gistre un record : entre le 1er novembre 2020 et le 31 octobre 2021, 1 330 expul sions ont été recensées en France métropolitaine (472 personnes expulsées chaque jour), dont 64 % pendant la trêve hivernale ; 91 % de ces expulsions sont sans solution apportée aux personnes concernées En mai 2021, 22 189 personnes vivent dans 439 lieux de vie informels, soit une augmentation de 2 810 personnes par rapport à décembre 2018, dont 5 965 mineurs. En sept ans, la demande de logement social progresse cinq fois plus vite que le nombre de ménages et deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux, pour atteindre 2,2 millions de ménages. La production de logements sociaux est en baisse constante depuis le début du quinquennat, à un niveau qui n’a jamais été aussi bas depuis 15 ans (87 000 agréments en 2020). Le prix des logements n’a fait que croître depuis 20 ans pour atteindre une hausse de plus de de français sou rent mal-logementde 154 %
4 000 000
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16 I. SITUATION
4 163 personnes dites SDF dans la “ville rose”. Toulouse est également à la deuxième place du triste classement des villes qui comptent le plus de morts de la rue, après Paris. D’après le recen sement de « Goutte de vie - collectif des morts de la rue de Haute-Ga ronne », 29 décès ont été signalés en 2020 à Toulouse, concernant des personnes à la rue ou avec un parcours de rue.5 Face à ce constat, quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics afin de lutter contre les exclusionsMalgré? les 54 200 logements sociaux de la métropole toulousaine, le parc ne suffit pas à répondre à la demande croissante. En effet, le nombre de demandes de logement HLM a deaugmenté30%entre 2016 et 2019, atteignant les 38 000 en 2019.6 Cette forte croissance crée un déca lage de plus en plus im portant entre le nombre de demandeurs et les attributions, engendrant un délai d’attente qui peut être long et décourageant. De plus, il existe un décalage entre le type de logement demandé et ceux disponibles, à la défaveurs des personnes aux plus bas revenus. En effet, il existe trois grands types de logements so ciaux selon les ressources : PLAI, PLUS, PLS. Les trois quarts des toulousainsdemandeursentrentdans
Toulouse, comme de nombreuses villes, n’échappe pas au phénomène global de mé tropolisation. Comme le dénonce François PIQUEMAL dans « Les oubliées. Chroniques du mal-logement à Tou louse », le mariage de l’industrie immobilière et de la finance, sans véritable févrierexcluesLelel’industrielesfragmenté”etvillemoyennes.pauvressescentreduprovoqueréglementation,uneexplosionprixdufoncier,etlevillesevidedehabitant·e·s,desplusjusqu’auxclassesDèslors,lan’estplushabitée,devientun“espaceorganiséparacteursfinanciers,immobilièreetmanagementpublic.4nombredepersonnesaugmente.En2020,onrecensait
Le mal-logement à Toulouse
Selon Bruno Bachoffer, vice président du tribunal administratif de Toulouse en charge du Dalo, « les contentieux portés par les bénéficiaires de la loi Dalo débouchent dans deux affaires sur trois sur une condamnation de la préfecture. Quant au tiers restant, il est souvent ré solu le jour ou l’affaire est ilpuisqueconséquentOccitanieexpliqueacteursdenaleCombes,désormaislabergementtif.l’insuffisanceassociationsenplacesd’urgence,Quantjugée.»10àl’hébergementmalgréles149crééesen2020Haute-Garonne,lesdénoncentdudisposi-Pourtrouverunhéenurgence,listed’attenteestlongue.LisedéléguéerégioadjointeOccitanielaFAS(fédérationdesdelasolidarité),quelarégionaunretardàrattraper,historiquement,existe«unimportant
Le taux de décisions favorables qui était de 50,1 % lorsque le dispositif a été mis en place en 2008, n’était plus que de 19,2 % en 2014, soit 13 % de moins que la moyenne nationale. Non seulement le nombre de décisions favorables est en baisse, mais la préfecture ne tient pas toujours son engagement de relogement. Par exemple, en 2014, 43 foyers haut-garonnais dont le dossier de logement avait été validé par la commission ont attaqué le préfet devant le tribunal admi nistratif pour non-respect des délais d’attribution d’un logement.
17 les plafonds de ressource PLAI, soit du logement très social. Pourtant la construction de loge ments sociaux dans la ville n’est pas adaptée à cette demande. En 2017, seulement un tiers des 4 397 logements sociaux sortis de terre sont du PLAI... C’est à dire à 33 % du total des logements sociaux construits, alors que cela correspond à 75 % de la demande.7 On peut également noter que, comme ailleurs en France, la loi Dalo est peu respectée.8 La préfecture de la Haute-Ga ronne, qui est classée parmi les départements les plus sollicités par l’application de la loi Dalo sur le logement opposable, avec 2 539 recours Dalo déposés en 2014, peine à remplir ses obligations.9
déficit de places dans la région Occitanie et plus précisément dans les départements de personnesnombrevertes,d’urgenceplacesBienLanguedoc-Roussillon».l’ex11quedenombreusesd’hébergementsaientétéou-ilresteencoreunconséquentdeàlarue.
En 2018, les services du 115 n’arrivaient pas à répondre à plus de 10% des demandes gence.bergementd’hé-d’ur12 De plus, la question de la qualité de ces hébergements se pose.
En effet, les places supplémentaires créées sont « dans des mobil-homes où dans des centres qui ne sont pas ouverts 24h/ 24, ce qui signifie que les SDF doivent quitter l’hébergement le ma tin».13 Mais un toit pour la nuit ne suffit pas, et sans accompagnement, les personnes auront plus de difficulté à améliorer leur situation. Pour cela, il est nécessaire d’offrir des solutions d’hébergement durables et investir ainsi dans des projets sur la durée. En raison de la crise sanitaire, une ouverture en journée avait été rendue possible, comme au CHUS Junod.
I. SITUATION
Ce centre qui accueille 121 hommes en situation de précarité, initialement ouvert pour une mise à l’abri en soirée-nuit (17h/9h) avec une remise à la rue en journée, a vu ses horaires élargis depuis 2020. Cette ou verture a permis la diminution de l’errance, un milieu de vie adapté au repos, la création d’emplois et une amélioration significative de l’accueil et de l’accompagnement.
Le mal-logement à Toulouse
Ce dispositif est au jourd’hui menacé et sa fermeture le 1er juin 2022 n’a fait l’objet d’aucune proposition de solutions alternatives de maintien de suivi des bénéficiaires, c’est pourquoi le collectif CHUS Junod, soutenu par le DAL31 notamment, lutte pour une péren nisation de ce service De24/24h.plus, bien que l’État se vante régulièrement d’ouvrir de nouvelles places actuellement,également.d’urgence,d’hébergementilensupprimeC’estlecasavec 440 places d’hébergement du 115
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letrèsdénonced’autresvernale.pendantd’urgence,d’hébergementnotammentlapériodehiLeDAL31commeassociations,cettepratiquecoûteuse.EnFrance,recoursauxnuits d’hôtel affectées à des personnes sans domicile n’a cessé
Enintermédiationeurosrosenunetéesatteignantd’augmenter,41000nuienjuin2016.16Or,placeenhôtelcoûtemoyenne6000euparan,contre2400pouruneplaceenlocative.2015,
Un autre phénomène est l’utilisation des nui tées d’hôtel comme solution
19 qui vont fermer pour des «projets de rénovation urbaine» et dont aucune place ne sera Commeremplacée.14lesouligne la présidente de l’Ardesi (Agence Régionale pour le Développement de la Société de l’Information) en Occitanie, « le pro blème vient surtout de l’explosion de la précarité et de l’exclusion sociale ». Pour elle, il faut com mencer par «traiter le problème à la racine».15
le coût de millionslierbergementl’hé-hôte-aatteint234d’euros .17 “À Toulouse, lors du recensement effectué le 15 février 2019 par des associations et la mairie, on comptait 1 505 per sonnes en nuitées d’hôtel18 . L’hôtel est donc devenu un gestiondansgenced’hébergementdispositifd’urcommeunautre,unepolitiquededusans-abrisme à court terme, ne faisant pas preuve d’anticipa tion. « On gère à court terme et au thermomètre, sans prévoir la rénovation ou la construction de logements qui permet traient de mettre les gens à l’abri. L’État préfère dé bloquer ponctuellement des nuitées d’hôtel, dans les périodes de grand froid ou de pression mé diatique. Une solution de dernière minute pourtant très onéreuse. »19
Ce sont des espaces d’incertitude, des espaces d’entre-deux, des complexes.auxlimitesspatio-temporelles,“failles”auxparfoisflouesetdéfinitionsstatistiquesI.SITUATION
Selon l’INSEE, sur le secteur de Toulouse Métropole, 37 181 logements privés sont vacants, soit près de 10 % (9,96 % pour être tout à fait précis). Mais ce chiffre englobe des réalités très différentes. À Toulouse et sa Métro pole, 4 738 logements privés sont vacants depuis plus de deux ans, ce qui représente 1,27 % de la totalité du parc immobilier privé. Cela s’explique en partie par la lassitude des propriétaires, qui ne veulent plus gérer la location de leurs biens, mais qui ne veulent pas non plus s’en séparer :« La pierre est une valeur refuge.
L’occupation d’espaces vacants
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cantsdedemaintenantpolitaine,métro-ilyaplustroismillionslogementsva. C’est un million de plus qu’en 1998.21 Si l’on prend en compte les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, cela signifie que pour videsenment,pourvuepersonnechaquedé-deloge-notrepayscomptetrois
Ces délaissés sont aussi variés que les causes de leur vacance. Cette dernière touche tous types d’espaces : espaces commerciaux, d’activité, équipements etc… Il peut s’agir de friches, terrains vagues, interstices, bâti ments inutilisés abandonnés ou en attente de projet, de locataire ou d’acheteur...
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En France, d’après l’ORIE (Office Régional de l’Immobilier d’Entreprise), 5 Millions de mètre carrés de bureaux seraient inoccupés. À l’échelle de la France
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 6,7 6,9 7,2 7,2 7,6 7,8 7,9 8,1 8,3 8,3 8,4 8,4 8,4 8,2 Taux de vacance en France Source : Insee, France Métropolitaine
Les plientvacantsespacessemultiet sont sympto matiques de la production de la ville actuelle. En effet, les espaces urbains sont en recomposition continue et les espaces vacants cor respondent à des moments d’indécision dans la production urbaine et architecturale, à des périodes de crise économique (désin dustrialisation, délocali sations...), à des héritages insolubles, ou encore à des terrains condamnés par la pollution des sols ou de trop longues négociations foncières.20
Pour faire simple, si demain les banques s’effondrent, les murs seront toujours là. Certains propriétaires souhaitent aussi garder leur patrimoine pour le trans mettre à leurs enfants ou petits-enfants ».22 De nom breux logements auraient également besoin de rénovation, et les pro priétaires n’en ont pas les moyens financiers. Certains préfèrent donc payer les différentes taxes (foncier et logement vacant) plutôt que de le louer ou de se séparer de leur bien. Or, les pouvoirs peuventpublicsinciter à faire revenir ces logements sur le marché. Un repérage avait même été réalisé, impulsé par Cécile Duflot, mais il n’a jamais été uti lisé dans un quelconque projet de la préfecture ou de la mairie de Toulouse.23 Des aides financières plus importantes pourraient être versées aux petits propriétaires pour qu’ils remettent les logements aux normes, puis sur le marché.24 Des taxes plus importantes pourraient viser les grands propriétaires qui ne re mettent pas leur logement sur le marché, préférant le laisser vacant au fil de la spéculation immobilière. Il existe également la inscriteréquisition,dansla loi. Issue de l’après Seconde Guerre mondiale, quand les bombardements ont détruit nombre de loge ments de nos anciens, pour que tous puissent avoir un toit sur la tête. Depuis, elle a été mise en application par différents chefs d’État et de gouvernement. Mais depuis les années 2000, cette loi n’a pas été utilisée, alors même que le nombre de logements vacants et de personnes sans-abri n’a jamais été aussi élevé. La réquisition met en opposi tion deux droits : le droit à la propriété, inscrit dans la Constitution, et le droit au logement, reconnu comme fondamental et “à valeur constitutionnelle” par le Conseil Constitutionnel en 1995. Aujourd’hui il paraît difficilement concevable d’obliger un propriétaire, a fortiori un particulier, à utili ser voire louer son bien. De plus, tous les logements vacants ne sont évidem ment pas réquisitionnables. Le recensement de février 2020 indiquait 4 163 personnes SDF à Toulouse.25 Bien que ce chiffre soit à relativiser, et le nombre réel probable ment plus important (il est compliqué de comptabiliser celles et ceux qui sont en dehors des radars institutionnels et associatifs), il est intéressant d’accoler ce chiffre à un autre : 4 344. C’est le nombre de logements tionnablescommerecensésréquisipar la préfecture de Haute-Garonne en Chaque2013.26année, les asso ciations telles que le DAL demandent au préfet et au maire, qui ont tous les deux le pouvoir de réquisition, de s’en emparer, en vain. C’est donc les associations et collectifs eux-mêmes, qui tentent de trouver
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L’occupation d’espaces vacants
Mais «si le pouvoir de réquisition était appliqué sur les logements des collectivités publiques et des grandes sociétés financières, le nombre de squats diminuera automati quement. Par leur inaction, ce sont bien ces institutions qui incitent les gens au squat.»28Le squat (de l’anglais « s’accroupir, se blottir ») est l’action de s’installer illégalement dans un lieu inoccupé ; par extension, on utilise ce mot pour parler d’un lieu investi.29 D’après Cécile Péchu les squats sont nés dans les années 1830. Des déménagements à la cloche de bois, phénomène de résistance clandestine individes solutions, en jouant à la frontière de la légalité.
Comme l’explique Thomas Couderette, qui dirige le collectif Cedis, « la réquisi tion concerne uniquement les personnes morales (bâ timents publics, entreprises etc.) Et dans de très rares cas, les personnes décédées » précise-t-il.27 C’est ce qu’il s’est passé au 36 rue Roquelaine en 2020 par exemple, où cinq familles à la rue, soutenues par la campagne Un Toit Pour Apprendre (DAL31, RESF31, LDH31, FCPE31, CG Teduc, SudEduc, collectifs d’écoles...), occupent les anciens locaux des Finances Publiques. Plusieurs squats sont régulièrement ouverts de cette façon, sous l’im pulsion des associations et collectifs, afin d’alerter et de mettre la pression sur la préfecture pour un relo gement.
22 pour lutter contre l’exclusion, les squats eux, d’offrirpermettentuntoit aux personnes qui en ont besoin (même si cela n’est pas pérenne).
Dans son bilan “5 ans de progrès”, Jean Luc Moudenc déclare qu’il faut “maintenir la pression sur les squats”. Tandis que la préfecture ainsi que la municipalité, qui ne proposent pas de solutions suffisantes duelle, il deunprogressivementdevientmodecollectifcontestation et va prendre une dimension «revendicatrice.Laforcedesmodes d’ac tions comme le squat tient à leur capacité à mettre en scène la révolte et à sym boliser un renoncement à la “contestation ouverte, collective et discontinue” au profit de “formes de résistances”, à symboliser un engagement total dans l’action au détriment de la distanciation que suppose l’expression de revendi cations.»30 Les revendica tion vont évoluer au fil du Autemps.début des années 1970, les Secours Rouges, occupent des immeubles, appartements et pavillons va cants à Paris. Ils dénoncent le scandale des logements vacants mais font aussi une critique plus qualitative de la restructuration urbaine : scandale immobilier, réno vation urbaine. À partir des années 1980, les squats s’élargissent à un
I. SITUATION
unetjeuxd’espacesDepermettent.ouquepérimenter“normés”,socialepiesousblic,fonctionsquigénérateurpublicunedesdededesdéveloppeurbainepotentieltransitoireEnterritoires.32effet,l’occupationestunvecteurd’unevalorisationetsociale.Ils’ygénéralementsystèmesd’entraide,solidaritéetdepartageressources.Cesontlieuxderencontre,extensiondel’espaceappropriéethabité,delienssociaux,permetderetrouverlesdel’espacepu-voiredelesdépasser,uneformed’hétéroto-33.Ilsontaussiunevaleurcarceslieuxmoinspermettentd’exd’autresusagescequel’espacepublicleséquipementspublicsplus,lesoccupationsvacants,auxen-àlafoiséconomiquessociaux,ontégalementimpactenvironnemental faible, et entrent ainsi dans une démarche durable. (cf. les trois piliers de Rio). En effet, les moyens financiers précaires et les contraintes amènent les occupants à aménager les lieux par des constructions légères, démontables, recyclables et réversibles, rapides à installer pour profiter au plus vite de l’espace vacant. Ils privilégient les maté riaux de récupération et des fonctionnements peu énergivores. C’est égale ment une philosophie, celle de faire mieux avec moins. De plus, réinvestir des dents creuses et reconvertir d’an ciennes friches urbaines semble pertinent dans un contexte de renouvellement urbain, favorisant la préser vation des terres naturelles et agricoles.D’abord solution de logement pour les plus démunis et exclus, le squat a également apporté une importante contribution à l’élaboration du droit au logement
.
23 public plus large, et articulent des revendications à vivre autrement. On y observe autant de motifs d’occupation — squat de nécessité, squat politique, squat alternatif ... —31 que de types de squatteurs : contestataires, destins,piers,anarkolibertaires,libertaires,sans-pa-anarchistes,clandes-demandeursd’asile...Aufildutemps, formes de tolérance voire de coopération vont se développer autour de ces occupations. Certains squats sont régularisés, et d’autres occupations sont autorisées et planifiées. Les conditions d’installa tion sont négociées avec les collectivités territoriales et les propriétaires. Grâce à cet « urbanisme transitoire » il ne s’agit plus de « gouverner les illéga lismes » mais de tirer parti d’occupations temporaires légales. Les pouvoirs pu blics reconnaissent donc ces occupations comme alternatives aux défaillances du système en place en terme de réponses sociales, ou encore comme valori santes pour les sites et les
lutte contre les exclu sions, au XXème siècle en France, était principalement la responsabilité de l’État. En effet, à cette époque l’État providence assurait de compétencesnombreusessociales.
Depuis les années 1980 et les lois de décentra lisation, de nombreuses compétences ont été transférées aux collectivités territoriales, notamment le département, qui est deve nu un acteur majeur en ma tière d’action sociale. En ce qui concerne le logement, les formes d’exclusion sont multiples.Face aux difficultés d’accès au logement en France, des politiques d’offre de logements abordables ont en effet été développées, avec notamment la loi SRU (loi relative à la Solida rité et au Renouvellement Urbain) en 2000 et la loi ALUR (loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) en 2014, qui fixent un objectif d’intégration de 25% de logements sociaux dans les communes de plus de 3500 habitants faisant partie d’une aire urbaine comportant au moins une commune de plus de 15000 habitants.35
Les communes et leurs groupements (communau tés d’agglomération, mé tropoles...), sous le contrôle du préfet, ont pour mission d’œuvrer à la mise en place de ces objectifs. Mais la construction de logements neufs ne suffisant pas à répondre à la totalité égalementpouvoirexistantbesoins,desleparcdoitêtremobilisé pour favoriser l’accès au logement des ménages pauvres et modestes (mo bilisation des logements vacants, conventionnement du parc locatif privé, inter médiation locative...). Pour inciter les propriétaires privés à remettre leurs logements sur le marché, une taxe sur les logements vacants (TLV) a été instau-
Politiques de lutte contre les exclusions
Le droit au logement
La lutte contre les exclusions repose sur l’accès aux droits et l’insertion. L’accès aux droits (économiques, civiques, et sociaux) im plique une mise en appli cation du statut de citoyen, qui peut revendiquer ses droits. L’insertion elle, vise à apporter une aide, qui se traduit dans plu sieurs domaines majeurs : les aides et actions sociales (assurer des ressources minimums), le logement (de l’hébergement d’urgence à un logement pérenne), la ville (égalité d’accès à la centralité, aux services...), l’insertion économique (contrats adaptés, accompagnement...) ou encore la Cettesanté.
24 I. SITUATION
25 rée en 1998, permettant de réduire la vacance dans les agglomérations concer Ennées.février 2020, le gou vernement a annoncé un grand plan national de mobilisation des logements vacants, afin de lutter contre les habitations vides pour permettre aux Français de mieux se loger. En Occi tanie, près de 5000 loge ments sont concernés en zone dite tendue (où la demande est importante), mais les mesures concrètes se font encore attendre.36 Créé en 2010, la Dihal ( InterministérielleDélégation à l’Hébergement et à l’Accès au Logement) est chargée de la mise en œuvre de la politique publique en matière d’hébergement, d’accès au logement et de main tien dans le logement des personnes sans abri ou mal logées, avec l’objectif de diminuer de manière significative le nombre de per sonnes sans domicile.37
La stratégie déployée vise à s’appuyer d’urgencel’hébergementsurmais de permettre un accès le plus rapide possible à un socialaccompagnementaveclogement,un adapté aux besoins des personnes en accord avec les principes du modèle « logement d’abord ». Le plan quin quennal pour le Logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme (2018-2022) « propose une réforme structurelle de l’accès au logement pour les personnesetde-sursans-domicile,personnesquis’appuie5axesd’action:Produireetmobiliserpluslogementsabordablesadaptésauxbesoinsdessans-abrietmal -logéesPromouvoir et accélérer l’accès au logement et faci liter la mobilité résidentielle des personnes défavorisées - Mieux accompagner les personnes sans domicile et favoriser le maintien dans le -logementPrévenir les ruptures dans les parcours résidentiels et recentrer l’hébergement sur ses missions de réponse im médiate et inconditionnelle - Mobiliser les acteurs et les territoires pour mettre en œuvre le principe du Loge ment Commed’abord.»38l’amontré la Dihal dans son guide “Le pou voir des maires : brochure pratique à l’usage des élus: connaître, repérer, agir.”, publié en 2014, les maires et les élus ont un essentielrôleà jouer dans la résorption des situations d’habitat indigne, et dans l’habitat en général.
Dans la loi Avec notre regard d’étudiantes en architec ture non-initiées, nous nous sommes penchées sur des textes de loi, et avons essayé de trouvé les textes en rapport avec le droit au logement. Nous avons découvert que ce dernier est un droit fondamental, qu’il soit mentionné de façon explicite ou indirecte. Dans le cas de notre Constitution il est présent à travers la notion de dignité ou en core dans la référence à des « moyens convenables d’existence ». En effet, le préambule de la Constitution de 1946, porte sur le droit au logement et à l’hébergement d’urgence : « al. 10. La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. al. 11. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapa cité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens d’existence.»convenablesDansune décision du 19 janvier 1995, le Conseil Constitutionnel a qualifié le droit au loge ment d’« objectif à valeur constitutionnelle ». Le droit au logement est également reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, 1948, Article 25 « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bienêtre et ceux de sa famille, notamment pour l’alimenta tion, l’habillement, le loge ment, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépen dantes de sa volonté.»
26 I. SITUATION
Les droits de l’Homme constituent la base de toute démocratie. Les droits de l’Homme comprennent aussi des droits dits « droits créances » qui confèrent à l’Etat le devoir d’organiser les solidarités nécessaires. Ils font l’objet d’engagements internatio naux tels que le Pacte de l’ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1966. L’Article 11 fait référence au droit à un niveau de vie suffisant ou décent :
« Les États parties au pré sent Pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence. Les États par ties prendront des mesures appropriées pour assurer la réalisation de ce droit et ils reconnaissent à cet effet l’importance essentielle d’une coopération internationale librement consen tie». La EuropéenneConventionDesdroits de l’Homme 1950 article 8 dé clare que «Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance.»Dans la Charte sociale européenne révisée, article 30 et 31 : « Toute personne a droit à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Toute personne a droit au logement.»Dans la Charte eu ropéenne des droits fondamentaux 2000, article 34.3. il est écrit : «Afin de lutter
Le droit au logement
27 contre l’exclusion sociale et la pauvreté, l’Union reconnaît et respecte le droit à une aide sociale et à une aide au logement destinées à assurer une existence digne à tous ceux qui ne disposent pas de ressources suffisantes, selon les modalités établies par le droit communautaire et les législations et pra tiques nationales.»EtlePrincipe 15 des Principes de Jogjakarta, affirme que « toute personne a droit à un logement convenable, y compris à une protection légale contre l’expulsion, sans discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ».
Loi n°2007-290 du 5 mars 2007 institue le droit au logement opposable et portant diverses mesures en faveur de la cohésion sociale : procédures administratives et juridictionnelles facilitant l’accès à un logement pour les personnes àcialmédicale,en«toutefamillesdecontrele2009n°2009_323Dansdéfavorisées.LaLoidu25marsdemobilisationpourlogementetlaluttel’exclusion,lecodel’actionsocialeetdesreconnaitquepersonnesansabri,situationdedétressepsychiqueetso-aaccès,àtoutmoment,un dispositif d’hébergement d’urgence » (CASF article L345-2-2).Commele montre ces différents textes, il existe aujourd’hui de nombreuses législations fondamentales qui mentionnent ou garantissent un droit au logement, ou droit à un logement convenable. Il revient à l’État de mettre en œuvre le droit au logement ou à l’hébergement d’urgence. Cependant, ce droit reste aujourd’hui en core souvent bafoué. Cela peut faire apparaître une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale, mais l’obligation pesant sur l’administration s’apprécie selon les moyens dont elles dispose (structures d’hébergement d’urgence, nombre de lo gements sociaux insuffisant Deet/inadéquat...).plus,lanature précise et l’étendue d’un tel droit restent sujets à interprétation et variation. En particulier, se pose la question de qui (tout le monde ? seulement les plus nécessi
Dans le code de la construction et de l’habitation article L300-1, le droit à un logement décent et indépendant est garanti par l’État à toute personne qui, résidant sur le territoire français de manière régu lière n’est pas en mesure d’y accéder par ses propres moyens ou de s’y mainte nir. Ce droit s’exerce par un recours amiable puis le cas échéant par un recours contentieux.Laloi du 22 juin 1982 (n°82-526) affirme que le droit à l’habitat est un droit fondamental : «Le droit à l’habitat est un droit fondamental ; il s’exerce dans le cadre des lois qui le régissent. L’exercice de ce droit implique la liberté de choix pour toute personne de son mode d’habitation et de sa localisation grâce au maintien et au dévelop pement d’un secteur locatif et d’un secteur d’accession à la propriété ouverts à toutes les catégories sociales.»La Loi 31 mai 1990 (n°90-449) vise à la mise en œuvre du droit au loge ment et proclame que «Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation. Toute personne ou famille éprouvant des difficultés particulières, en raison notamment de l’ina daptation de ses ressources ou de ses conditions d’exis tence, a droit à une aide de la collectivité, dans les conditions fixées par la présente loi, pour accéder à un logement décent et indépendant ou s’y maintenir et pour y disposer de la fourniture d’eau, d’énergie et de services télépho niques.» Elle définit l’habitat indigne comme étant « les locaux ou les installations utilisés aux fins d’habitation et impropres par nature à cet usage, ainsi que les logements dont l’état, ou celui du bâtiment dans lequel ils sont situés, expose les occupants à des risques manifestes pouvant porter atteinte à leur sécurité phy sique ou à leur santé.»
Le DALO (Droit au Logement Opposable) permet aux personnes mal logées d’être reconnues prioritaires afin de faire valoir leur droit à un loge ment ou un hébergement digne.40 Tout citoyen français ou ayant un titre de séjour valable, n’étant « pas en mesure d’accéder à un logement décent ou de s’y maintenir »41 peut saisir le tribunal administratif si la préfecture ne propose pas de solution dans un délai de trois mois à partir de la no tification de la décision de la commission de médiation reconnaissant votre demande comme prioritaire.
Une obligation de résultat « incombe à l’État pour reloger ou héberger dans les délais réglementaires les ménages dont la situation a été reconnue prioritaire et urgente par la commis sion de médiation : dans un délai de 6 mois pour les demandes de logement ou un délai de 6 semaines pour les demandes d’hé bergement.»42 En Haute Garonne, le secrétariat de la commission de médiation est assuré par la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale). Cette dernière pilote le dispositif d’accueil d’héber gement et de réinsertion via la plate-forme du 115. Les hébergements d’urgence s’adressent eux, à un public plus large, en particulier les migrants qui ne sont pas encore reconnus comme demandeurs d’asile. Il existe le droit d’hospitalité : «Le droit d’hospitalité est le droit, pour tout homme, d’entrer sur le territoire d’un État étranger (autre ment dit, le droit de cir culer librement sur toute la surface de la terre) et pour les réfugiés, le droit d’asile.»43 De nombreux droits peuvent donc être revendiquer par les exclus, en fonction de leur statut, afin d’assurer leurs besoins fondamentaux.
Procédures d’accès à l’hébergement et au logement teux ?) peut réclamer quoi (un permis de construire ? un logement, mais de quelle nature ? où, dans quel délai... ?) à qui (l’État ? un échelon territorial géogra phique ? un organisme ? ...), par quelle voie (administra tive ? Judiciaire ?).
28 I. SITUATION
Le droit au logement
Il est un levier pour des politiques du logement prenant en compte l’ensemble de la population, qu’il s’agisse de corriger les effets d’exclusion des marchés, d’organiser la cohérence entre offre et demande sur les territoires, de prendre en compte la réalité des moyens de la population, de mettre en place des mécanismes de Maissolidarité.39pourcela, il faut que le droit au logement ne soit pas uniquement affirmé comme un principe, mais que sa mise en œuvre soit effectivement garantie : c’est pour cette raison qu’il a été rendu opposable par la loi du 5 mars 2007.
Certains accusent le droit au logement et les droitscréances en général, d’être déresponsabilisants. En réalité le droit au logement n’a jamais dispensé un lo cataire de payer son loyer, mais il fait obligation à la société de s’organiser pour qu’une offre de logements d’un coût compatible avec les ressources des plus pauvres soit disponible. Tout comme les droits du citoyen s’accompagnent de devoirs, il en va de même pour ceux de la collectivité. Le droit au logement ne concerne pas uniquement les personnes défavorisées.
29 SI-SIAO solidaritésMaisonMDSdes 1 DAHODALO DAL31 2 Demande d’hébergement d’urgence Demande d’hébergement ou logement stable Personne•ssanslogis 115 10 jours Si situation vulnérabilitéde Référé Hébergementliberté 4 jours 115 délais d’attente qui peuvent être très longs Personne· hébergée•ss Juge/décisionAvocat juridique Préfecture Décision3 6 semaines RecoursRecourscontentieuxgracieux 6 mois à 1 an 2 mois Recours injonctionen4 6 semaines La préfecture n’applique pas décisions, engagements, délais 2 mois 1 mois La préfecture n’applique pas décisions, engagements, délais Recours indemnitaireinjonctionenRéféréprovisionRecours 2àmois1an 4 5 Légende
30
Des actions, plus spectaculaires et médiatisées (comme l’occupation de la rue du Dragon, dans le quartier de Saint-Germaindes-Prés à Paris, en 1994), contribuent de façon visible à nourrir le débat politique, à susciter la mise en
I. SITUATION
L’association Droit Au Logement
L’Association Droit Au Logement (DAL) a été créée en 1990, par des familles mal-logées ou sans-logis et des militants associatifs de quartier, dans le 20ème arrondissement de Paris 44 Elle est née à la suite du campement durant quatre mois de 48 ménages, essentiellement des familles avec enfants, expulsées en mai 1990 de deux immeubles squattés. L’action des expulsés et le campement avaient alors entraîné un large soutien de la part de la population du quartier, des associations, des syndicats et des partis politiques de gauche et d’extrême gauche. Après quelques jours de forte mobilisation médiatique, le gouvernement avait nommé un médiateur afin de ré soudre ce conflit autrement que par la force. Après quatre mois de campement et de manifestations, les familles ont été relogées.
A cette action fon datrice ont succédé des centaines d’autres actions collectives de mal-logés et sans-logis (manifestations, campements, occupations, auto-réquisitions de logements vides…) à Paris, en banlieue puis en province, organisées au sein de l’Association Droit Au Logement, et des cen taines d’actions en justice pour défendre les droits des exclus du logement. Une trentaine de comités sont nés ailleurs en France. Regroupés en coordination, ils se sont fédérés en 1998, autour d’une charte, au sein de la Fédération des comi tés Droit Au Logement.
place de dispositifs d’urgence et de projets de loi. De nombreuses personna lités comme l’Abbé Pierre, des artistes, des intellectuels, des associations du mouvement social telles que Médecins du Monde, Emmaüs, la Ligue des Droits de l’Homme soutiennent et favorisent également la réussite et l’essor de l’Asso ciation.Depuis 1990, le DAL a permis de reloger des milliers de familles en situation d’exclusion, et a participé à des améliorations législatives, ainsi qu’à une meilleure prise en compte de l’exclusion par le loge ment dans les politiques publiques et de la crise du logement dans l’opinion.
31 1990mai expulsion de 48 familles de bâtiments squattés dans le 20ème ar. de campementParis et manifestations médiatisationmois4 desrelogementfamilles
Soutiens : Emmaüs, Médecins du Monde, la Ligue des Droits de l’Homme, les syndicats SUD, l’Abbé Pierre, Monseigneur Gaillot, le Professeur Schwartzenberg, le Professeur Jacquard…, des artistes, des intellectuels, des associations du mouvement social... des comités DAL Jean-Baptiste Eyraud 1990-2022 : 30 ans de lutte 1994 décembre 1994 Quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris Occupation de la rue du Dragon 1997 Prise du Château de Versailles lors des Marches européennes contre le chômage automneEtc. 2007 & hiver 2008-2009 Campement à Paris pour obtenir le relogement de 374 familles vivant dans des hôtels depuis des années
Création l’associationdeDALptumlilicationdescomités 1998Charte Fédération
Moyens : Manifestations, campements, occupations, auto-réquisitions de logements vides… Objectifs : - Unir et organiser les familles et les individus, mal-logés ou concernés par le problème du logement, pour la défense du droit au logement décent pour tous. - Exiger l’arrêt des expulsions sans relogement. Exiger le relogement décent et adapté de toute famille et personne mal-logée ou sans-logis. - Exiger l’application de la loi de réquisition sur les immeubles et logements vacants appartenant aux collectivités locales, à des administrations, à l’état, à des banques, à des compagnies d’assurance, à de gros propriétaires, à des professionnels de l’immobilier.
- Plus généralement initier et organiser le soutien, l’information, la promotion d’action ayant pour but de remédier au problème des mal-logés et sans-logis, notamment par des propositions visant à améliorer la législation sur le logement.
DAL 75 Paris environset DAL -MarneSeine-et77-PenilVaux-leDAL DAL Yvelines78 DAL Saint-OuenDALEnsembleEst CommunePlaineDAL DAL 06 Nice DAL Charentes16 DAL environsNîmes30et DAL Toulouse31 DAL Bordeaux33 DAL SèteDALMontpellier3434 DAL Rennes35 DAL Grenoble38 DAL 40DALDax Angers49 DAL Nancy54DAL63Clermont-Ferrand DAL Haut68Rhin DAL Rouen76 DAL Amiens80 DAL GuyaneDALToulon83973 DAL 97 La Réunion DAL lantiqueLoire-At-44
32 I. SITUATION Le DAL31 Comité Toulouse et alentours Paris Comité National SecrétariatnationalTrésorerienationaleToulouseDAL31DALetalentours Militant•e•sbénévoles Les salarié•e•s 4 personnes La collégiale (Conseil d’Administration) 15 personnes actives environ Le (secrétariat)bureau 8-10 membres manifestant•e•sPermanencier•ère•s,etc...+Servicecivique
33
Au sein de l’associa tion, le fonctionnement est plutôt linéaire, et les statuts des différents membres ont peu de sens, ils sont davantage des obligations administratives par rapport à l’association. Par exemple, le conseil d’administration n’est pas obligatoire dans une association, sauf dans le cas où celle-ci veut être reconnue d’utilité publique, ce qui est le cas du DAL. Ce que le DAL appelle collégiale, correspond légalement au Conseil d’Administration. La collé giale est composée d’en viron 15 personnes actives qui ont un minimum d’ex périence au DAL. Ce sont généralement les membres déjà présents dans la collégiale qui proposent à des bénévoles très investis de rejoindre la collégiale, avec accord du reste des membres. La collégiale se rencontre tous les 15 jours lors d’une réunion qui sert à discuter et échanger au sujet des luttes à mener afin d’organiser le travail et les actions à mener.
Le secrétariat lui, est composé d’environ 8-10 membres de la collégiale dont lesLorssalarié·e·s.desCommis sions et réunions chacun peut prendre la parole, s’il le souhaite. Certaines personnes coordonnent la réunion, afin de donner une certaine structure, mais ce ne sont pas toujours les mêmes personnes, en fonc tion des réunions. Lors des évènements, les porte-paroles se proposent, mais il ne s’agit pas forcé ment des salarié·e·s du DAL. La structure est très fluide.
Le DAL s’entoure aussi de nombreux partenaires, essentiels afin de mener à bien les luttes : les locataires de Toulouse Mé tropole Habitat, Les Chalets, Patrimoine SA, Promologis, CDC Habitat, etc...
I. SITUATION Le DAL31 Portraits de quelques membres
4. Pas du tout manuelle.
Jacky Michel
2. « Parce que moi même, j’ai eu du mal à trouver un logement, j’étais sensibilisé par rapport à cette question. A l’époque, j’oc cupais le poste à CAF. De jour en jour, je voyais les gens en galère. Après, en sortant du boulot je voyais les gens dans les tentes dans la rue. Cela m’a marqué » 3. Aide soignant, chorus à l’opéra, travail sur le marché, aide à domi cile, CAF, porte parole, etc.
Léna
3. Retraité. Un peu de tout. 4. Pas terrible.
34
2. « Je suis au DAL afin de faire pour les autres ce que le DAL a fait pour moi il y a longtemps. Tu vois ( sort ces clefs de la poche), j’ai un appart, il est petit, mais c’est quelque chose »
1. Au DAL depuis 2007.
4. Pas du tout bricoleur.
1. Au DAL depuis 3 ans. 2. Quand je suis arrivée à Tou louse, presque de suite j’ai enten du parler du DAL. La question du logement, surtout l’absence de logement de certains, me touche beaucoup. J’ai envie de me battre pour ça. J’ habite dans le quartier Saint Cyprien et j’ob serve pas mal de changements qui se font pour rentabiliser les choses, pour faire de l’argent, pour ceux qui ont de l’argent. Alors que je crois que les grosses âmes de quartier se construisent dû au fait d’avoir la mixité de gens de différents classes »
3. Sociologie, psychologie.
1. Au DAL depuis novembre 2010. Un des membres le plus anciens.
3. Master en écologie. 4. Pas manuelle.
35
1. Au DAL depuis 1 an. 2. « J’ai participé à la journée européenne d’action pour le logement et le droit à la ville en 2021, le 27 mars. Je crois que la lutte pour le logement est la base de toutes les autres luttes. Sans logement on ne peut pas se reposer, cela influence la santé et on ne peut pas mener les autres combats. »
4. Je n’ai pas du tout de capa cités en bricolage,mais ça serait chouette de faire quelque chose ensemble.
DAL depuis 3 ans.
LouisMarie Benoît
2. « Je considère que le droit au logement est un droit universel. Je m’y tient énormément à cette conviction. Après, c’est la façon de fonctionner du DAL qui me plaît beaucoup. »
1. Au DAL depuis 2-3 ans. 2. « Par conviction politique. La stratégie de DAL me plaît, je la trouve pertinente et juste.» 3. En école de cinéma à Toulouse. 4. Pas du tout manuel.
Au début de notre enquête, nous avons tenté de rencontrer un maximum de membres du DAL et d’en savoir plus sur eux. Lors de la journée du 26 mars notamment, Alexandra a dressé le portrait de certains d’entre-eux, tout en leur posant les questions suivantes : 1. Depuis combien de temps êtes-vous au DAL? 2. Pourquoi ? 3. Quelle est votre formation/domaine d’activité ? 4. Seriez vous d’accord pour participer à la construction d’une micro architecture qui servira ensuite au DAL? Avez-vous des compétences en bricolage?1.Au
Brayan I. SITUATION Le DAL31 Portraits de quelques membres
1. Au DAL depuis décembre. 2. « Une amie m’a emmené au DAL et j’y suis actuellement en service civique. L’ambiance m’a plu et je continue de le faire. Puis, je pense que le droit au logement est quelque chose de normal». 3. En 4.hôtellerie/restauration.Jesaisbricoler.
1. Au DAL depuis décembre 2021. 2. « C’est important le droit au logement. » 3. Architecte 4. Sait percer, scier, peindre.
36 Bahia Mélusine 2. « Depuis que je suis petite, je ne comprends pas pourquoi on ne peux pas héberger quelqu’un de la rue? » 3. Fac de philosophie/physiologie 4. Pas de compétences par ticulières, mais d’accord pour participer.
2. Pourquoi ? 3. Quelle est votre formation/domaine d’activité ? 4. Seriez vous d’accord pour participer à la construction d’une micro architecture qui servira ensuite au DAL? Avez-vous des compétences en bricolage?
1. Vient d’arriver au DAL 2. « Je trouve cela important » 3. Thèse en physique
1. Au DAL depuis janvier 2022
1. Au DAL depuis janvier 2022 2. « J’ai pu faire mon stage de janvier jusqu’à mars à DAL à ça m’a plu. » 3. En écolespécialisé·ed’éducateur·rice 4. Pas de compétences par ticulières, mais d’accord pour participer.
1. Depuis combien de temps êtes-vous au DAL?
37
AgatheHugo Alix
4. Pas de compétences par ticulières, mais d’accord pour participer.
2. « Par le service civique. J’aime le principe de DAL qui est plutôt d’enseigner que faire à la place. Je trouve que ça peut être lié à mon métier où on accompagne les gens à trouver leur lecture. J’aime qu’au DAL, il n’y ait pas de hiérarchie. » 3. Bibliothécaire
Au début de notre enquête, nous avons tenté de rencontrer au maximum les membres du DAL et d’en savoir plus sur eux. Lors de la journée du 26 mars notamment, Alexandra a dressé le portrait de certains d’entre-eux, tout en leur posant les questions suivantes :
4. Pas de compétences par ticulières, mais d’accord pour participer.
38
39 Partie 2 Un lieu : le 36 Roquelainerue
40
Mona Chollet. Chez-soi, Une odyssée de l’espace domestique. La Décou verte, 2015, p.117-118
«
41
Car il n’est pas seulement un abri : il est aussi un tremplin. L’écrivain Alain de Botton (dans L’architecture du bonheur, 2006) formule ainsi ce qu’il considère comme la principale tâche de l’architecture, bien que l’on parle ra rement de la discipline en ces termes : “Rendre plus clair à nos yeux ce que nous pourrions idéa lement être.” Un bâtiment joue le rôle de “moule psychologique”.
Un logement digne de ce nom ne devrait pas représenter un but, une finalité, mais un point de départ – vers des destinations inconnues et imprévisibles.
Beaux et accueillants, les lieux où nous vivons ont le pouvoir d’aimanter ce qu’il y a de meilleur en nous. »
La juge a estimé que « l’urgence » de l’évacuation, raison invoquée par l’Etat, n’est que d’ordre bud gétaire. En revanche, elle estime que l’hébergement et le relogement des habi tant.e.s de la réquisition est prioritaire. Au delà, la juge condamne l’Etat à verser 1500€ aux habitant·e·s. Cette décision a été une première pour les squats de Toulouse, puisqu’en effet, jamais des délais aussi longs (un an puis 9 mois) ont été accordés pour un bâtiment public occupé illégalement.
L’État, mécontent, a fait appel de cette décision au début de l’année 2021.
enfants, qui ont toutes un DAHO (Droit À l’Héberge ment Opposable) favorable.
Un bâtiment réquisitionné
L’échéance du 30 juin approchant, le DAL continue de militer pour que la Préfecture de la Haute-Garonne respecte la loi et reloge ces familles, qui demeurent pour certaines dans l’incertitude.
II. LE LIEU
42
Depuis sa création, l’association Droit Au Lo gement a fait des « réquisi tions » de bâtiments publics sa marque de fabrique. En effet, le DAL revendique l’application du droit de réquisition. Ce droit permet au préfet de réquisitionner des « locaux vacants, inoc cupés ou insuffisamment occupés, au bénéfice des personnes dépourvues de logement, logées dans des conditions quatreoccupépriétédes2020,Roquelaine.financesunlouse,leetdu1945,(ordonnancejusticeparinsuffisantesmanifestementouexpulséessuited’unedécisiondedevenuedéfinitive.»du11octobrearticlesL.641-1etsuiv.CodedelaConstructiondel’Habitat).AprèsavoiroccupésitedelaGraveàTouleDAL31ainvestiancienbâtimentdespublicsau36rueDepuisdébutcetanciencentreimpôtsinutilisé,pro-del’EtatestdoncparleDAL31etfamilles,dontcinq
Le 20 septembre 2021 a eu lieu l’audience devant la cour d’appel. La cour d’appel a mis l’État devant sa responsabilité de relogement des habitant·e·s, l’a débouté de sa demande de suppression des délais, et a accordé aux familles le droit de rester dans les lieux jusqu’au 30 juin 2022.
C’est-à-dire que la loi leur donne droit à un hébergement adapté, mais ce droit est bafoué et elles ne sont toujours pas relogées. Sans le 36 réquisitionné par le DAL, ces familles seraient actuellement à la rue, mal gré une décision de justice en leur faveur. En décembre 2020 le juge a rendu une ordonnance octroyant aux familles des délais renouvelables tant que l’État ne les avait pas relogées dans des conditions normales.
43
II. LE LIEU Localisation
43°61’12.419’’N1°44’63.795’’E
46 St
Le quartier Plan de situation 1/60 000
On distingue le logement, de l’habitat et de l’habité. Le premier correspond à la «cellule d’habitation», tandis que le second «dé borde» de l’appartement, de la maison. L’habitat ne se résume pas seulement au logement, il englobe les abords de celui-ci, les espaces communs, les rues du quotidien, le quartier...45 À l’aide d’une carte affi chée au 36, nous avons tenté de demander aux habitants quels étaient leur lieux favoris, les lieux qu’ils fréquentent souvent, ceux dont ils ont le plus besoin ou encore ceux qu’ils évitent, dans le but de montrer leur attachement (ou leur détachement) au quartier. Nous n’avons pas reçu assez de réponses pour avoir une carte colla borative qui soit cohérente et consistante.II.LELIEU
CENTREBoulevardSernind’ArcoleVILLE
47 Sernind’ArcoleCapitole Canaldumidi AlléesJeanJaurès Gare Matabiau
48 II. LE LIEU
Un autre regard Série de photos par Pablo Gubitsch Étudiant en première année à l’ETPA, Pablo Gubitsch, 23 ans, s’intéresse depuis peu à la photographie documen taire. Ce médium lui permet d’aller à la rencontre des gens et ainsi de mieux comprendre la société, ses enjeux et ses acteurs. La question de l’accueil des migrants est un sujet qu’il a déjà abordé, lors d’un reportage réalisé à Calais il y a quelques mois. Il s’est confronté aux conditions de vie révoltantes des mi grants, avec pour objectif de « Montrer l’ampleur de la crise migratoire à travers un œil intime ». À Toulouse, il cherche à capturer différentes formes d’injustices sociales mais aussi les instants de luttes. C’est dans cette perspective qu’il a rejoint le DAL31, et a souhaité nous suivre lors de notre travail. Il nous a accom pagnées lorsque nous avons réalisé le relevé du bâtiment 36 rue Roquelaine ainsi que lorsque nous avons organisé un atelier avec les habitants. Avant de photographier les habitants et leur lieu de vie, nous avions demandé leur autorisation, et malgré leur accord, nous avions senti une certaine réserve, une méfiance teintée d’incompréhension.
Une des habitantes a notam ment évoqué le fait d’être lassée de se faire prendre en photo, de participer aux ac tions, et de voir que sa situa tion ne s’améliore pas, après sept années de vie en squats.
Relevé du bâtiment
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Michel AGIER, Sara PRESTIANNI, “Je me suis réfugié là !” Bords de routes en exil. Paris. Éditions Donner lieu. 2011. p.16.
La photographie est une façon différente de décrire les lieux de vie et, au-delà, la dignité qui ressort des ces lieux, expressifs. Elle a accompagné l’enquête, parfois en permettant un regard autre sur les lieux visités, parfois aussi en créant une barrière entre nous et les migrants, hostiles par crainte, honte ou pudeur, aux images qui évoquent leur précarité. »
«
Cet édifice datant de la deuxième moitié du 20e siècle se développe sur deux étages. Sa structure est en béton. Les baies, séparées par des piliers plaqués de briquettes, sont inscrites dans un bandeau au rez-de-chaussée et à l’étage. La façade est recouverte de plaques de Axonométrie gravier lavé. Sa toiture à longs pans est recouverte de tuiles.Ce bâtiment qui accueillait un centre des impôts n’avait donc pas vocation à servir de loge ment. Dès lors, comment occuper le bâtiment et y incorporer de nouveaux usages ? Comment les familles habitent ce refuge, se l’approprie, le transforme ? Quelles peuvent être les alternatives aux modifica tions de gros-œuvre ? C’est ce que nous avons tenté de déterminer en faisant un relevé habité du bâtiment, mettant en avant les différents usages et aménagements de l’espace.
50 II. LE LIEU
Description du bâtiment
1067.69.75.100
51 GSPublisherVersion 1010.71.77.100 bati mitoyen bati mitoyen AxonométrieFaçade éclatée / RDC & R+1 01 2 CUISINE/LAVERIE COUR INTERIEUR LOCAL TECHNIQUE PIECE COMMUNE ENTREE PIECE FERMEE BATI MITOYEN BATI MITOYEN GARAGE CHAMBRE 1 SANITAIRES CHAMBRE 3 CHAMBRE 2 CHAMBRESANITAIRES 4 SANITAIRES CHAMBRE 5 GSEducationalVersion 01 2
52 7654321 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 mm191xH17 mm240xF16 II. LE LIEU Rez-de-chaussée Espace commun, sanitaires et garage 01 2
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54 II. LE LIEU Rez-de-chaussée Cuisine, cellier et cour intérieure 7654321 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 mm191xH17 mm240xF16 01 2
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56 II. LE LIEU Les espaces communs Situation quotidienne / événementielle 7654321 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 mm191xH17 mm240xF16 01 2
La grande salle du rez-de-chaussée permet d’accueillir plusieurs usages. Au quotidien, elle est à la fois l’espace commun, le salon des habitant·e·s, ainsi que le lieu de travail des salarié·e·s du DAL. Le lieu accueille également les commission du DAL31, réunions qui ont lieu un lundi sur deux avec les bénévoles du DAL31. Des soirées de soutien au 36 s’y sont aussi déroulées. En déplaçant le mobilier, en le détournant parfois, le lieu peut avoir de multiples fonctions.
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7654321 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 mm191xH17 mm240xF16 01 2
II. LE LIEU Les espaces communs L’affichage comme outil de communication
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Nous avons repéré dans le bâtiment de nombreux affichages de différents types. Avant même d’entrer dans le bâtiment, on peut voir des slogans sur des banderoles ou pancartes en façade pour alerter le public, les passants. À l’intérieur, on en retrouve encore, souvenirs de manifs devenus décors à part entière du lieu. On trouve également de plus petites affiches un peu partout, feuilles A4 imprimées ou mots écrits à la main, pour communiquer, donner des indications, ou informer sur les interdits ou autorisations dans le cadre de la vie collective... Ainsi que quelques dessins et autres éléments plus personnels.
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60 II. LE LIEU Premier étage Couloir et sanitaires 7654321 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 ? 01 2
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Alexandra parlant le russe comme plusieurs des habitant·e·s de la réquisition (Leïla, Diana...), cela a permis de créer un lien supplémentaire et de gagner un peu plus leur confiance. habitants
Rencontre
Suite aux diverses réunions et actions avec le DAL31, nous avions pu rencontrer les membres de l’association, mais avions plus de difficultés à rentrer en contact avec les habitants du 36 rue Roquelaine. Grâce à Orlane, qui est la référente/respon sable des familles de la réquisition, nous avons donc organisé une réunion afin de nous présenter, et proposer de réaliser quelque chose avec et pour les habitant·e·s. Malgré quelques difficultés de communication, il·elle·s ont été partant·e·s et nous ont autorisées à faire le relevé de leur habitat, ainsi que d’organiser un atelier sur place, au 36. Nous les avons rencon tré·e·s à un moment particulier pour la réquisition, à un mo ment de transition et d’incertitude, et avons eu du mal à créer du lien avec eux.elles. Certain·e·s paraissaient plutôt découra gé·e·s, pris dans le tourbillon de leur quotidien, ou déjà en train de se projeter dans « l’après 36 ». Il·elle·s semblaient avoir la tête ailleurs, à penser à ce qu’il feraient après l’expulsion. Au moins une famille était en train d’avoir accès à un logement, d’autres restaient dans l’incertitude, se demandant s’il fallait résister et rester au 36, ou bien commencer à chercher un autre bâtiment à réquisitionner avec le DAL31. Il était donc dif ficile d’imaginer ce qu’on pouvait leur apporter concrètement.
II. LE LIEU Les
63 II. LE LIEU Les habitants Chambre 1 Originaires de Géorgie, Leïla et son fils Nicolosi sont arrivés en France il y a quelques mois, le papa étant en Ukraine actuellement. La maman a encore du mal à comprendre et parler le français, mais parlait russe avec Alexandra. Nicolosi, qui parle très bien le français, est en sixième. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 17Hx191mm16Fx240mm 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 17Hx191mm16Fx240mm 01 2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 17Hx191mm16Fx240mm 0 1
ménage
64 II. LE LIEU Les habitants
0 5 6 7 8 9 10 11 12 ? GSPublisherVersion 1073.69.74.100 GSEducationalVersion 01 2 5 6 7 8 9 10 11 12 ? 5 6 7 8 9 10 11 12 ?
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Chambre Originaires d’Albanie, Astrit et Anila sont les parents d’Ornel. Avec eux il y a également Samuel, le cousin d’Ornel, qui comme lui est en quatrième au Collège Les Chalets. Anila est femme de tandis qu’Astrit cherche du travail. Les parents ont un peu de mal avec le français, tandis que les enfants comprennent et parlent très bien. Ornel voudrait devenir mécanicien.
65 II. LE LIEU Les habitants Chambre 3 Originaires d’Albanie, Anila et Idajet ont plusieurs enfants, dont une grande fille d’une trentaine d’années qui elle a un logement au centre ville. Il·elle·s vivent depuis 7 ans en squats, depuis 2 ans à la réquisition. Bien qu’ils n’aient toujours pas de logement stable, être hébergés au 36 a notam ment permis à Anila de trouver un travail à temps plein et d’améliorer leurs conditions de vie. GSPublisherVersion 1073.69.74.100 GSEducationalVersion GSPublisherVersion 1073.69.74.100 GSEducationalVersion 01 2
66 II. LE LIEU Les habitants Chambre 4 Originaire de Nouvelle-Guinée, Alpha (ou Diallo) a été contraint de quitter son pays pour causes de persécutions. Il est étudiant en licence de cinéma la journée et travaille la nuit. Il a vécu au 36 depuis l’ouverture du lieu et vient d’emménager avec des amis dans une colocation proche du Pont-Neuf. ? ? GSPublisherVersion 1073.69.74.100 GSEducationalVersion 01 2 ?
67 II. LE LIEU
Les habitants
3 4 5 6 7 8 9 10 ? 3 4 5 6 7 8 9 10 ? 1073.69.74.100 01 2 3 4 5 6 7 8 9 10 ?
Chambre 5 Originaire de Tchétchénie, Diana a quitté le pays avec ses enfants pour fuir un mari violent. Professeure d’histoire à l’origine, elle ne peut avoir le même poste en France sans passer d’équivalence, et travaille donc pour l’instant comme esthéticienne. Il·elle·s devraient accéder à un logement très prochainement.
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69 Partie 2 Expérimentations : de la participation à la lutte à la création d’une action
Un lundi sur deux ont lieu les commissions du DAL31 au 36 rue Roquelaine. Les commissions sont des réunions ouvertes à toutes et tous. Elles permettent d’échanger, débattre et d’organiser les actions en cours et à venir. Des groupes se forment autour de différentes thématiques, par exemple : les élections du DAL HLM, l’avenir des habitant·e·s de la réquisition, ou encore l’organisa tion d’une manifestation ou d’une soirée de soutien. Nous avons également assisté aux permanences d’accès au droit en ma tière de logement au CASC (Centre Autogéré Social et Culturel), situé au 10 bis rue du Colonel Driant. Il s’agit d’un des quatre lieux de permanence du DAL. Ces permanences hebdo madaires sont destinées à des personnes sans-logis et mal-logées, à des per sonnes en grande précarité et à des personnes qui ne parviennent pas à faire valoir leur droit en matière de Illogement.yadeux salles, l’une pour EXPÉRIMENTATIONS
Participation aux actions Commissions et permanences
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III.
71 les personnes en situation de sans-abrisme, et l’autre pour les mal-logé·e·s. La permanence commence par une réunion collective, afin de présenter succinc tement le DAL. Une fois les profils et difficultés des personnes repérées, cellesci peuvent prendre un ren dez-vous individuel afin de rechercher une solution et/ ou l’appui juridique approCesprié.permanences ont plu sieurs objectifs. Elles consti tuent un espace d’écoute, de déculpabilisation, de solidarité et de « redignifi cation », confiance en soi, défense de sa dignité de réappropriation de sa situation et de mise en action individuelle et collective, d’information et d’orientation, d’accompagnement et de suivi dans des dé marches administratives et Nousjuridiques.participions surtout en tant qu’observatrices, le but était surtout de com prendre le fonctionnement et d’avoir des notions sur les différentes démarches juridiques d’accès au logement. DAL31dumembred’un·ePhoto
III. EXPÉRIMENTATIONS
Il s’agissait de militer pour l’accès à un logement stable, décent, abordable, accessible et respectueux de l’environnement, pour tou·te·s, l’arrêt des expul sions et la baisse des loyers.
Le 26 mars avait lieu la jour née internationale du droit à la ville et au logement. Une manifestation était organisée à Toulouse suivie d’un forum au quai Viguerie, avec débats, stands associatifs, concerts avec buvette et restauration.
Participation aux actions Journée du 26 mars
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Nous avons aidé en amont à la confection de pancartes, et le jour J en prenant des photos des actions et en faisant des «Live» de l’évé nement sur les réseaux sociaux, afin de visibiliser la lutte.
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Deux soirées de soutien au 36 rue Roquelaine en vue de l’ex pulsion prévue pour le 30 juin 2022, ont été organisées, les 21 avril et 19 mai. Ces soirées ont eu pour but de récolter de l’argent pour l’association mais aussi de visibiliser la lutte, autour d’un moment festif.
Les habitant·e·s de la Réquisition et les militant·e·s du DAL ont préparé le repas. Des prises de paroles des habitant·e·s et des militant·e·s ont eu lieu avant et après les Nousconcerts.avons pu aider à la préparation de la soirée ou en core à l’accueil du public.
DALdumembresdePhotos
Participation aux actions Soirées de soutien
III. EXPÉRIMENTATIONS
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76 Photos de Mélusine III. EXPÉRIMENTATIONS Participation aux actions Soirées de soutien
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L’atelier Arch’Crowd comme partenaire Principe de l’A(rch)telier Yassin Hajji, cofondateur et président de l’Association Arch’Crowd de chauffage, d’hygiène, de cuisson … Un condensé de solutions alternatives et durables afin d’équiper les plus démuni·e·s. Le projet est né du constat que de plus en plus de gens souffrent de situations extrêmement précaires, et que peu de moyens sont mis en œuvre ou avec peu d’efficacité pour les aider concrètement. Ainsi a grandi l’envie profonde de changer le quotidien de ces personnes. Ingénieurs bois, techniciens en électronique instrumentale et en informatique, basés es sentiellement sur Toulouse et Epinal se sont alors regroupés autour d’un challenge : conce voir, fabriquer et tester une structure minimaliste simple à
III. EXPÉRIMENTATIONS
Nous avions pour idée de construire avec les habi tant·e·s, mais ne savions pas exactement quoi ni com ment faire. C’est alors que nous avons rencontré Yassin, cofondateur de l’association Arch’CrowdArch’Crowd. est né avec le projet des «arches», solutions optimisées d’habitat alternatif sous licence libre adaptés à des mesures d’urgence. Ce projet collaboratif à vocation sociale, s’est transformé en un projet global visant à propo ser des solutions adaptées aux mesures d’urgence ; du logement prioritairement, mais également de tout ce que le logement implique : moyens
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Lorsqu’on l’a contacté, Yas sin a directement été partant pour monter un projet avec le DAL31 et nous, étudiantes à l’ENSAT. Après avoir tenté de cerner les besoins du DAL et des habitant·e·s du 36 rue Roquelaine, nous avons décidé d’organiser un atelier de construction de mobilier en bois de palettes recyclées.
79 ENSA Toulouse AlexandraMargaux DAL31 Habitant•e•s du 36 Membres de l’asso Arch Crowd YassinLucas ETPA Toulouse Pablo+ ConstructionLogementHébergementd’urgence ACTION assianaleDnced’unecollaborationomuantaged’unprojetviable participatifAtelier constructiondedemobilier rencontrepédagogiques,etpartagedesavoirs-faire,améliorationdesconditionsdevie PROJET Deux9h-19hjournées36rueRoquelaineConventionParticipationdel’ENSAToulousepartenariatdanslecadreduPFE DURÉESITEFINANCEMENT CONTEXTE ENSATÉtudiant•e•s+ETPA,Arch’Crowd,DAL31ethabitant•e•sdu36ACTEURS INTÉRÊTS Arch’Crowdrecyclées,PalettesoutilsMATÉRIEL fabriquer, rapide et intuitive à (dé)monter, légère et isolée afin d’offrir le meilleur confort possible avec un budget limité et un investissement temps minimum. Depuis, Arch’Crowd a permis d’offrir un abri à une vingtaine de personnes et a également diversifié ses pra tiques, en faisant notamment des chantiers de découverte et d’insertion avec des jeunes.
L’association nous a fourni le matériel, les outils mais aussi des palettes. Yassin a également apporté ses connais sances et son expérience en étant présent lors des deux ateliers, les 22 mai et 5 juin, accompagné par Lucas, un autre membre d’Arch’Crowd, lors de la première session. Pablo, étudiant en école de photographie à Toulouse, a également participé à docu menter le premier atelier.
L’atelier de l’association, une arche de 40m2 environ, est actuellement implanté à la Maison du peuple, un squat autogéré à Ramonville.
Il y a environ 300 millions de palettes bois en circulation en France, soit presque 5 par habitant·e.46 70 millions d’entre elles y sont fabriquées, représentant chaque année, près d’1.5 million de m3 de bois utilisé pour la fabrication de palettes neuves et 65 000 m3 pour les palettes reconditionnées (Etude structurelle 2019, menée par le cabinet Gallileo, sur le marché de l’emballage bois). Les essences utilisées sont le peuplier, l’épicéa, le pin douglas, sylvestre ou maritime (ces trois types de pin étant
L’atelier
consignées.consignéesdeimputrescibles).naturellementOndistingue2typespalettes:lespalettesetlesnonLes palettes consignées sont généralement des palettes marquées EUR EPAL. Issues de bois de qualité (principalement du pin maritime ou en peuplier), elles sont robustes avec une capaci té de charge importante (1 500 kg). Elles mesurent 80 x 120 cm. Elles sont traitées pour éviter la propagation d’insectes et de champi gnons. Leur prix onéreux leur permet d’être revendues, réutilisées ou réparées par des entreprises spécialisées. La durée de vie de ces palettes est de l’ordre de 4 à 10 ans, après réparation et recondition nement (jusqu’à 28 rota tions en général). D’autres palettes ne sont pas consignées, on les appelle aussi palettes perdues. Ces dernières sont issues de bois de moins bonne qualité, elles sont fines et légères. Elles puisêtrerésistantes.sontde(ced’économiserpermettentdupoidsquidiminuelescoûtstransport)maisellesaussibeaucoupmoinsEllespeuventabîméesenunvoyage,sont
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jetées, incinérées et revalorisées en énergie thermique notamment.
EXPÉRIMENTATIONS
III.
La ressource
81 retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins. Le recyclage est donc une opération de valorisation des déchets pour leur redonner une fonction. Grâce à des opérations de transforma tion supplémentaires, on peut ainsi transformer un déchet de chantier en une ressource, qui peut égale ment apporter du travail et un gain financier. Si le bois ne peut être ni réemployé ni recyclé, alors il peut être valorisé, sous forme de panneaux de particules ou encore de vient combustible pour les réseaux de Danschaleur.lecasde notre atelier, nous avons choisi de recycler le bois de palettes de différents types, dans une démarche d’économie de moyen et de valorisation des déchets. Mais le bois de palette est une ressource renouvelable, qui mériterait d’être encore mieux valorisée. Le réemploi est une des meilleures options pour prendre soin de notre environnement ; bien avant le recyclage et la valorisa tion, qui sont des solutions complémentaires ver Letueuses.réemploi décrit toute opération par laquelle des produits, qui ne sont pas des déchets, sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour le quel ils avaient été conçus. Mais une palette en fin de vie, si elle ne peut être réparée et réemployée peut avoir de multiples usages secondaires. En effet, on peut également recycler le bois, en démontant les éléments de la palette, afin de donner une seconde vie au bois. Le recyclage, en effet, décrit toute opé ration de valorisation par laquelle les déchets sont
82 III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier La ressource x4 Planche 120x10cm Ep. 2,2cm x4 Planche 120x14,5cm Ep. 2,2cm x3 Planche 80x14,5cm Ep. 2,2cm x3 Pavé 14,5x14,5cm10x x6 Pavé 10x14,5cm10x Palette européenne EPAL
83 x3 Planche 100x9,5cm Ep. 2,2cm x13 Planche 120x7,5cm Ep. 2,2cm Palette américaine
84 III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier L’espace Plan du RDC pendant l’atelier Pendant l’atelier, nous avons aménagé la salle commune afin de créer un espace visible et accueillant, tout en fai sant en sorte que cela gêne le moins possible les activités quotidiennes des habitant·e·s. Nous nous sommes donc installés au rez-de-chaussée, dans la grande salle commune, qui fait à la fois office de salon pour les habitants, de bureaux et de salle de ré union pour les membres du DAL ou encore de salle de spectacle lors des concerts et soirées de soutien. 7654321 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 cm19xH17 cm24xF16 01 2
85 Photos : préparation de la salle et outils 1073.69.74.100 Axonométrie du bâtiment lors de l’atelier
86 ScieSerre-jointIII.EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Le matériel Scie radiale La trousse à pharmacie Compresseur et décloueuse Tenaille Marteaux, ciseau, lime, clé, pied de biche... Les protections
87 Perceuses / visseuses Forets et fraises Défonceuse Peintures Trépied appareil photo Vis Les exemples pour s’inspirer
88 III. EXPÉRIMENTATIONS
L’atelier Déconstruire
À l’aide de quelques élé ments métalliques, tubes et plaques, et d’un poste à souder, on peut facilement fabriquer un outil permet tant de démonter les pa lettes, en faisant bras de levier. On peut également s’aider d’un pied de biche par exemple. Une palette se démonte ainsi en une quinzaine de minutes.
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Il faut ensuite débarrasser le bois de ses clous. Pour cela, on utilise un marteau afin de faire sortir le clou. Ensuite, on peut le retirer à l’aide d’une tenaille, ou bien pour aller plus vite, avec un arrache-clou pneumatique ou décloueuse (fonction nant avec un compresseur).
Lors de la seconde session d’atelier, le bois était mouil lé, et le matériau était très différent à travailler ; il était plus facile de démonter les palettes et enlever les clous car le bois était plus tendre, mais il était aussi plus fragile et Unecassant.foisdébarrassées des clous, les planches sont prêtes à l’emploi. En fonc tion de ce pour quoi elles vont être employées, on peut les raboter (ici avec un rabot à main) et les poncer, afin d’enlever les échardes et rendre le bois agréable au toucher.
90 III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Mesurer
Ensuite, nous avons laissé les participants choisir les meubles qu’ils voulaient réaliser. Pour leur donner une idée de ce qu’ils pouvaient faire, nous avions imprimé une sélection d’images. Ensuite nous avons réfléchi ensemble aux dimensions et détails d’assemblage. Nous avons alors pu prépa rer le bois à la découpe en prenant les mesures.
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L’atelier Scier
Pour découper les planches, nous avons uti lisé principalement la scie radiale, plus rapide que la scie Pourmanuelle.lesdécoupes les plus précises, nous avons tenté plusieurs techniques, car nous n’avions pas les outils les plus adéquats. Nous avons par exemple utilisé la défonceuse pour créer une encoche, puis le ci seau pour faire des bords et des angles droits, puis la lime pour avoir l’épaisseur parfaite.
92 III. EXPÉRIMENTATIONS
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L’atelier Construire - trois jardinières
Nicolosi a construit trois jardinières en bois.
L’assemblage avec des vis a consisté en plusieurs étapes : préperçage, fraisage, Ilvissage.aensuite insisté pour peindre les jardinières, ce qui n’était pas prévu mais qui lui a fait très plaisir.
94 III. EXPÉRIMENTATIONS
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96 x4 Planche 34,5cm x8 Planche 15cm x4 Tasseau 15cm x48 Vis 30x60mm III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Construire - trois jardinières
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Ornel et Samuel ont choisi de construire deux étagères : une étagère à chaussures et une étagère murale. Ils se sont entraidés, et Idajet a également participé à l’assemblage. Ils n’ont pas raboté ni poncé le bois avant assemblage, au vu de l’usage de ces étagères, et ont juste passé un peu de papier ponce à la main à la fin, avant de laisser parler leur imagination avec la peinture.
L’atelier Construire - deux étagères
98 III. EXPÉRIMENTATIONS
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100 III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Construire - une étagère x16 Cube 7,5cm x128 Vis 30x60mm x8 Planche 30cm x2 Planche 120cm
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102 III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Construire - une étagère murale x2x17 x20 x1x14 x2
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104 III. EXPÉRIMENTATIONS
L’atelier Construire - une jardinière
Lors de la deuxième session d’atelier, Ornel a souhaité faire une jardinière. Pour innover et ne pas faire la même chose que Nicolosi, nous avons proposé de réfléchir à une technique d’assemblage qui permettrait d’économiser des vis. Les côtés de la jardinière, tiennent ainsi sans vis, uni quement grâce à un sys tème d’encoches. Le pro cédé est très simple mais il fallait être beaucoup plus précis dans la réalisation, ce qui a pris plus de temps.
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106 III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Construire - Une jardinière x4 Planche 60cm x6 Planche 35cm x5 Planche 20cm x20 Vis 3x60mm
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108 Photos de Pablo Gubitsch III. EXPÉRIMENTATIONS L’atelier Un autre regard
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110 III. EXPÉRIMENTATIONS
Le premier défi de cette expérience était de s’intégrer au sein d’une association. Nous avons rejoins le DAL31 au début du semestre. Bien que nous suivions leurs actions de puis plus longtemps, nous n’y avions encore jamais pris part. Nous avions donc un temps limité pour nous y investir et créer du lien. Le peu de hiérarchie au sein de l’association nous a paru perturbant au début. Nous ne savions pas vers qui nous tourner, qui étaient les personnes référentes, qui était responsable de quoi. Heureusement, chacun·e est très avenant, toujours prêt à répondre et aider, même s’il·elle n’a pas toutes les réponses. On nous a souvent renvoyées vers un·e autre membre, supposément plus informé·e, qui ensuite nous renvoyait vers quelqu’un·e d’autre, et ainsi de suite. Il était donc compliqué de mettre en place un évène ment, nous nous sentions assez seules avec nos pro positions, sans quelqu’un·e à qui se référer au sein du DAL, que ce soit pour avoir des conseils ou tout simplement un soutien interne. Il nous fallait aussi comprendre les enjeux, besoins et envies de l’association et des habitant·e·s de la réquisition rapidement, afin de leur proposer un projet qui soit en accord avec eux·elles, qui émerge Peut-êtred’eux·elles.avons nous parfois été timides ou maladroites également... Mais comme Jo Freeman47 l’ex plique en prenant l’exemple de groupes de luttes fé ministes, même dans un groupe sans structure, il existe une forme d’élitisme, qui repose sur deux choses importantes : la notoriété et l’amitié. Il nous a paru compliqué de gagner l’amitié et la confiance des autres membres sans avoir été introduites par quelqu’un ap partenant au groupe. Mais nous avons pu remarquer que le caractère détendu et informel, était propice à la discussion, à la participa tion, et que cela créait un climat de soutien
quéDetissentpeuHLM...)nences,plusieurssurplus,vellesenquelquetypesmettreansDALactivitésvailviepuisquebénévolescipalementciationTravaillerunetenaires,unfutlenousdeauraitqu’avoirProbablementmutuel.plusdetempspunouspermettrerenforcercesliensquiontmanqué.Eneffet,tempsd’unsemestretrèscourtpourtrouversujetdePFE,desparpuisdévelopperactioncollaborative.avecuneassofonctionnantpringrâceàdesestcompliqué,chacun·easapersonnelle,untrarémunéréoud’autresendehors.Leexistantdepuis30etayantl’habitudedeenplacelesmêmesd’actions,proposerchosedenouveauétantnousmêmenou-étaitcompliqué.Del’associationestdéjàdenombreuxfronts,suractions(permamanifestations,DALetfinalementassezdemembress’invesassidûment.plus,nousavonsmandetempsd’obser
L’atelier Retour critique
111 vation, d’enquête, pour proposer quelque chose qui aurait peut-être pu être plus adapté. Mais on ne pouvait par exemple pas se rendre sur site quand on le voulait pour rencontrer les habitant·e·s. Le 36 est un lieu ambiguë, à la fois ouvert à tous mais fermé à clé, la grande salle étant à la fois espace commun, espace de travail et espace de détente et de repos. Après avoir réalisé les ateliers, qui ont eu assez peu de succès auprès des ha bitant·e·s ou des membres du DAL, nous pensons que nous aurions pu faire quelque chose de plus approprié à leurs besoins et envies. Peut-être aussi avons nous mal choisi les dates et horaires des ateliers. Nous avons réalisé ces ateliers le dimanche, car les habitant·e·s nous avaient dit que c’était le jour où il·elle·s étaient les plus disponibles. Lors de la deuxième session, nous avons fait beaucoup plus de communication. Nous avons proposé non-seule ment aux habitant·e·s du 36 mais aussi aux membres du DAL de participer, on espérait donc de pouvaitavantlaboratifchacun·e.sientredifférencesprendreriencegenre.demandel’époquedébutvitéachosesbitant·e·smeilleurdement,decelabeau,endendeuxièmeteurtionparticipant·e·s.nombreux·sesLadécepadoncétéàlahaudenosattentes.Cettesessionavaitlieupleinmilieud’unweek-detroisjours,ilfaisaitetnouspensonsqueajouéenladéfaveurl’atelier.Plusgénérale-cettepériodedefinréquisitionn’étaitpaslecontexte.Leshaavaientd’autresentête.Onnousditquecegenred’actiauraitétégénialeenderéquisition,qu’àleDALétaitend’activitésdeceEnfin,cetteexpé-nousapermisdeconsciencedesetdécalageslesenviesmaisauslestempéramentsdeCetravailcolaaussimisenlarichessequecelacréer,dansune forme de complémentarité et d’équilibre. Par exemple, Yassin, ingénieur de formation, rêveur et bricoleur dans l’âme, a pu apporter des connaissances et sa voir-faire que nous n’avions pas. Nous de notre côté, étions moins bricoleuses mais peut-être plus rigou reuses. Nous étions aussi beaucoup plus angoissées par les responsabilités et le risque de blessure, surtout avec les plus jeunes participants, tandis que Yassin semblait très détendu. Il y avait aussi l’imprévu, l’indé terminé, qui n’est pas facile à gérer lorsqu’on nous apprends à tout contrô ler. De plus, ce projet de groupe, entre étudiantes qui n’avions jamais travail lé ensemble auparavant, a été l’occasion d’améliorer notre capacité de travail de groupe, notamment en développant des moyens de communication efficaces, tel que le journal de bord (document annexe).
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113 Conclusion
Comment pourrions-nous mettre nos compétences au service de nos valeurs ? Ce sont ces interrogations qui nous ont amenées à nous rapprocher de l’association Droit Au Logement (DAL31), dont la mission principale est milleségalementjuridique,l’accompagnementmaisquihébergeplusieursfadansunbâtiment
Nous nous sommes également rendues comptes que de nombreuses personnes en situations de sans-abrisme ou de cesFrance,énormesdeCesétaientmal-logementd’origineétrangère.individuschoisissentprendredesrisquespourvenirvivreenquitteàvivredansconditionsindignes,
plutôt que de rester dans le pays qu’ils ont quitté. Un logement décent est pour tant un élément clé pour sortir de la précarité et mener une vie digne.
Ces questions nous paraissent particulière ment pertinentes dans le contexte actuel, lorsque l’«on estime que, dans vingt ans, un habitant de la planète sur trois vivra dans un bidonville ou un camp de réfugiés. La réalité, c’est que le monde de demain ne ressemblera pas à Du baï, il ressemblera plutôt à Lagos, Nigeria. Malgré cela, on continue de former la grande majorité des étu diants en architecture de façon à ce qu’ils sachent construire de ces horribles édifices au milieu du désert, alors qu’on devrait leur apprendre à concevoir des logements adéquats et
L’objectif de l’atelier de PFE était de répondre à une certaine urgence, c’est-à-dire à une ques tion actuelle du monde qui nous entoure. Sensibles aux questions du sans-abrisme et du mal-logement, nous nous sommes tout d’abord demandées comment en France aujourd’hui, dans ce pays développé, pays des Droits de l’Homme, il pouvait y avoir encore tant de personnes à la rue ? Pour comprendre le sansabrisme, nous avons trouvé des explications dans la bureaucratie française, ou encore dans des destins et choix personnels et/ ou revendicateurs.
En parallèle, nous avons remarqué que de nombreux bâtiments étaient inutili sés, ce qui nous a menées à nous interroger sur le potentiel d’hospitalité des bâtiments vacants. Le parc bâti ayant la capacité, en terme de volume, d’accueil lir ces personnes, quelles solutions techniques et légales pourraient permettre un logement digne pour tous ? Quel peut y être le rôle de l’architecte ?
Conclusion 1/2
qu’il·elle·s ont réquisitionné. Nous nous sommes alors confrontées à la question suivante : quel peut être le rôle de l’architecte dans une association telle que le DAL31 ? Et plus largement, comment habiter un bâtiment en le détournant de son usage initial, notam ment grâce au mobilier ?
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115 abordables pour 90% des habitants de cette pla nète.»48 En effet, bien que nos études d’architecture aient été extrêmement enrichissantes, nous percevons un manque, une incohérence, un décalage entre les études, le métier d’ar chitecte actuel, et l’avenir de la profession en général. Considérant le projet comme une expérience, qui suppose une expérimen tation, nous nous sommes tout d’abord impliquées au sein du DAL31, et avons participé aux activités. Cela nous a permis d’enrichir nos savoirs théoriques, et d’avoir une meilleure com préhension du Droit au Logement et de ses enjeux. À travers nos recherches, nous nous commeconfrontéessommesaudroitnousn’avions pas l’habitude de le faire. Pourtant, en tant qu’architectes, nous allons devoir sans cesse composer avec la loi et la réglementation. De plus, nous avons pu mesu rer l’importance des luttes et du militantisme, afin de gagner, garantir et faire appliquer certains droits. L’architecture, qui comme le droit, est façonnée autant qu’elle façonne la société, est également un terrain propice à l’activisme. Il existe des formes de luttes variées, de la présence à une manifestation à l’action concrète d’occupation d’un bâtiment, en passant par de la communication sur les réseaux ou de l’accompagnement juridique, chaque geste a son importance et son utilité. En parallèle, nous avons fait un travail d’enquête, avec la réalisation de relevés de l’espace habité notamment, afin de comprendre com ment les familles s’étaient appropriées ce bâtiment, qui n’a pas vocation de logement à l’origine.
Nous nous sommes efforcées de prendre le contexte d’intervention comme point de départ, et non comme un programme a priori.
En partenariat avec l’as sociation Arch’Crowd, les meubles ont été réalisés en bois de palette, dans une démarche durable de réemploi et d’économie de moyens. L’objectif, plus que d’améliorer les condi tions de vie des personnes, était surtout de créer la rencontre, un échange autour d’une activité, tout en transmettant des sa voirs-faire.
Partant de l’hypothèse qu’habiter convenablement un lieu passe notamment par son appropriation et par l’ajout de mobilier, nous avons organisé des ateliers de menuiserie sur place, avec les habitant·e·s.
Bien que nous considérions que le projet doivent naître des habitant·e·s, et que le bâtiment du 36 est un espace capable49 dans lequel nous n’avons rien à imposer, nous n’avons pas pu nous empêcher de commencer à imaginer ce bâtiment se transformer. Nous avions d’ailleurs commencé à étudier les faisabilités, po tentialités du bâtiment, afin d’en faire un centre d’hébergement d’urgence pérenne. Cette transformation pourrait se faire par phases, avec des aménagements mobiliers très simples, tels que des cloisons amovibles fabriquées avec des pa lettes recyclées. Nous avons aussi imaginé multiplier et développer la construction de jardinières afin de créer un jardin vertical dans la cour intérieure, ou encore construire un support pour la projection de film dans
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Nous avons ressen ti une certaine frustration à la suite de ses ateliers, qui ont suscité un intérêt moyen, mais qui ont visiblement plu aux quelques participants. Nous avions beaucoup d’attentes, nous espérions pouvoir aller plus loin dans les ateliers participatifs. Nous souhai tions que le projet émerge des habitant·e·s et/ou des membres du DAL31. Mais tous avaient peu de disponibilités, qu’elles soient physiques ou mentales. Peut-être n’avons-nous pas su déterminer les envies et besoins des personnes. Cependant, nous pensons qu’il s’agissait surtout d’une mauvaise période pour réaliser ce projet, et que la collaboration entre des étudiant·e·s de l’ENSA et le DAL31, en partenariat avec une association telle que Arch’Crowd a beaucoup de sens.
Conclusion 2/2
117 la grande salle. Nous avons également évoqué avec Arch’Crowd de développer des meubles de rangement «spécial squats», légers, facilement démontables et reproductibles. Mais ces hypothèses ne sont que le fruit de nos propres vi sions, et ne prennent pas en compte la grande part d’imprévu induite par la participation. Si nous pour suivions notre travail avec le DAL31, il ne fait aucun doute que le résultat final serait très urbainstectureBiendifférent.quel’archietlesdispositifsnesuffisentpas à eux seuls à résoudre les exclusions dans la société urbaine, ils sont une condi tion nécessaire à l’inclusion. Notre démarche de construction de mobilier en bois de palettes recyclé, dans l’objectif d’investir un bâtiment réquisitionné pour héberger des per sonnes sans solution de logement, s’inscrit non seulement dans une dynamique d’inclusion, mais également dans une dynamique de développement durable, puisqu’il s’agit de faire le plus avec le moins, en utilisant des ressources existantes, et dont la trans formation nécessite peu Ced’énergie.projetnous conforte dans notre souhait de travailler à la fois sur les enjeux sociaux et politiques, économiques mais aussi environnementaux, dans notre pratique future de l’architecture.
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«
La question qui nous est posée est donc de savoir si nous allons enfin nous donner effectivement les moyens d’y parvenir. »
Nous le savons, il est possible de construire un monde plus solidaire et plus respectueux de notre planète. Possible et surtout indispensable. Mais à l’évidence le compte n’y est pas, mal gré les alertes répétées et les souffrances que cela génère pour un nombre croissant de nos concitoyens.
DESMARD, Laurent. L’état du mal-logement en France, Rapport annuel n°26, 2020, Fondation Abbé Pierre.
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121 Notes 1 Fondation Abbé Pierre, Rapport sur l’état du mal-logement en France, Rapport annuel n°26, 2021 2 HANAPPE, Cyrille, AL NEIMI, Élise. Ville accueillante, ville ouverte, Paris : Éditions Charles Léopold Mayer, 2020, p.12 3 HANAPPE, Cyrille, AL NEIMI, Élise. Ville accueillante, ville ouverte, p.13 4 PIQUEMAL, François. Les oubliées. Chroniques du mal logement à Toulouse, Auto-édition, 2019, p.8 5 RACLET, June. « Avec 29 morts en 2020, Toulouse est la deuxième ville de France comptant le plus de sdf décédés dans la rue après Paris », [en ligne] 30/03/2021. france3regions.francetvinfo.fr 6 La demande de mutation à Toulouse Métropole, Atlas 2019, sur les démarches actives au 31 mars 2019 7 PIQUEMAL, François. Les oubliées. p.57 8 Fondation Abbé Pierre, Rapport sur l’état du mal-logement en France, n°26, 2021, p.250 9 « Toulouse. La Haute-Garonne applique la loi Dalo à minima», La Dépêche, [en ligne], 12/11/2016, 10 « Toulouse. La Haute-Garonne applique la loi Dalo à minima», La Dépêche 11 NOWAK, Camile. « Occitanie : 902 places d’hébergement d’urgence créées, un chiffre insuffisant selon les asso ciations, France 3 Occitanie», France 3 Régions, en ligne, 11/12/2020. 12 MARGUET Vanessa. « Toulouse : les associations qui gèrent l’hébergement d’urgence tirent la sonnette d’alarme », France Bleu Occitanie, [en ligne] 28 /06/18 13 NOWAK, Camile. « Occitanie : 902 places d’hébergement d’urgence créées». 14 Page Facebook du DAL31, publication du 08/06/2022 15 MARGUET Vanessa. « Toulouse : les associations qui gèrent l’hébergement d’urgence tirent la sonnette d’alarme », France Bleu Occitanie 16 PIQUEMAL, François. Les oubliées, p.20. 17 Question écrite n° 00874 de M. Rachel Mazuir publiée dans le JO Sénat du 03/08/2017 - page 2479 18 ASSEMA, Anthony, « 4 163 SDF à Toulouse : les vrais chiffres de la misère dans la Ville rose », Actu Toulouse, 1910/04/2019PIQUEMAL, François. Les oubliées. , p.21 20 « Urbanisme transitoire », Baseland.fr, juin 2019, [en ligne] consulté en septembre 2021. 21 KNAEBEL, Rachel, « Pour chaque personne à la rue, la France compte trois logements vacants », Bastamag, [en ligne] 10/10/18, 22 MERLE, Étienne. « Squats : pourquoi y a-t-il autant de logements inoccupés à Toulouse ?», La dépêche.fr, [en ligne] 08/10/21 23 PIQUEMAL, François. Les oubliées. p.24. 24 « Entretien avec Franck Biasotto », Boudu Magazine, Avril 2019 25 PIQUEMAL, François. PIQUEMAL, François. Les oubliées, p.24 26 Réquisition des logements vacants, Bilan d’Étape, Préfecture de Haute- Garonne, 05/06/2013 27 MERLE, Étienne. « Squats : pourquoi y a-t-il autant de logements inoccupés à Toulouse ?», La dépêche.fr, [en ligne] 08/10/21 28 PIQUEMAL, François. Les oubliées. Chroniques du mal logement à Toulouse, p.28-29 29 DAUTREY, Jehanne, BEAUCÉ, Patrick. Identités du transitoire. Dijon : Les Presses du réel, ENSAD Nancy, 2021, p.14 30 PÉCHU, Cécile. Les squats, entre contestation et résistance. p.45 31 BOUILLON Florence, Un monde de squats, p. 19 32 DUMONT, Manon, VIVANT, Elsa, “Du squat au marché public. Trajectoire de professionnalisation des opérateurs de lieux artistiques off”, Réseaux, 2016, p.185 33 FOUCAULT, Michel. « Des espaces autres. », conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967, Archi tecture, Mouvement, Continuité, n°5, 1984, p.46-49. 34 HANAPPE, Cyrille, AL NEIMI, Élise. Villes accueillantes, ville ouvertes, p.13 35 Site internet de l’Administration française 36 NOWAK, Camile. « Occitanie : 902 places d’hébergement d’urgence créées », France 3 Régions 37 Site du gouvernement français 38 Site du gouvernement français 39 Site de l’association DALO : https://droitaulogementopposable.org/Logement-et-droits-de-l-Homme 40 MORIN, Isis. L’occupation transitoire : un potentiel d’hospitalité pour la métropole bordelaise, Mémoire de mas ter ENSAP Bordeaux, 2020, p.26 41 DAMON Julien, L’exclusion, Paris, Presses Universitaires de France, 2008, p.55 42 Site de la préfecture de Haute-Garonne 43 MORIN, Isis. L’occupation transitoire : un potentiel d’hospitalité pour la métropole bordelaise, p.26 44 Site de l’association Droit Au Logement 45 PAQUOT, Thierry, LUSSAULT Michel, YOUNÈS Chris, Habiter, le propre de l’humain : villes, territoires et philoso phie, Paris Éditions La Découverte, p.14 46 https://lecho-circulaire.com/comment-capter-toutes-les-palettes-en-fin-de-vie/ 47 FREEMAN, Jo, La tyrannie de l’absence de structure, (1972), indice.site.fr 48 WAINWRIGHT DOUGLAS Sam, Citizen Architect, in Chez-soi : Une odyssée de l’espace domestique, Mona Chollet, p. 339 49 BOUCHAIN Patrick, « Jouir d’habiter, pour une propriété sociale du logement » Criticat n°4.
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123 Bibliographie
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125 CATSAROS Christophe, « Construire l’architecture politique contre la norme, Ou comment la dimension éthique en architecture peut naître d’une volonté de renégocier son rapport à la règle», Espazium : https://www.espazium.ch/fr/actualites/construire-larchitecture-poli
Duperrextique-contre-la-normeMathieu,Le capitalisme contre le droit à la ville. Néolibéralisme, urbanisation, résis FOUCAULT,tances
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©
Site
Autres Vidéo
MERLE, Étienne. « Squats : pourquoi y a-t-il autant de logements inoccupés à Toulouse ?», La dépêche.fr, [en ligne] 08/10/21
Site
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Aujourd’hui en France, plus de 300 000 personnes sont pri vées de domicile, et au total, pas moins de quatre Millions souffrent de mal-logement. Face à l’augmentation des migrations actuelles et à venir, qu’elles soient dues aux conflits mais aussi au changement cli matique, il semble nécessaire de repenser l’hébergement d’urgence mais aussi, plus largement, les modes de production de la ville. Le parc bâti ayant la capacité, en terme de volume, d’accueillir ces personnes, quelles solutions techniques et légales pourraient permettre un logement digne pour tous ? C’est ce que nous avons exploré à travers notre travail auprès de l’association Droit Au Logement. L’association a réquisitionné un ancien bâtiment des finances publiques inutilisé, au 36 rue Roque laine, afin d’héberger quatre familles dont cinq enfants. En parallèle de notre participation aux activités du DAL, nous avons fait un tra vail d’enquête afin de comprendre comment les familles habitent ce bâtiment qui n’a pas vocation de logement à l’origine. Partant du l’hypothèse qu’habiter convenablement un lieu passe notamment par son appropriation et par l’ajout de mobilier, nous avons organisé des ateliers de menuiserie sur place, avec les habitant·e·s. En partenariat avec l’association Arch’Crowd, les meubles ont été réalisés en bois de palette, dans une démarche durable de réemploi et d’économie de moyens. L’objectif, plus que d’améliorer les conditions de vie des personnes, était surtout de créer la rencontre, un échange autour d’une activité, tout en transmettant des savoirs-faire.
2021-2022
Alexandra DANILOVA & HUMBERT Dir. Daniel ESTEVEZ & Francine ZARCOS PFE Extrême contemporain / ENSA Toulouse, Université Fédérale de Toulouse
Margaux
Habiter la réquisition
Le mobilier comme vecteur d’habitabilité