L'ENCLAVE AGRICOLE DU MITTELFELD À WITTENHEIM
TISSER UNE ARTICULATION ENTRE FRONT URBAIN ET TERRES CULTIVÉES
L’ école nationale supérieure de la nature et du paysage
Mémoire de fin d’étude Marie Baldenweck Directeur de mémoire : Sylvain Morin Année 2013 // 2014
MEMBRES DU JURY PRÉSIDENT DE JURY
Marc Claramunt, Paysagiste DPLG, Dirige l’atelier PHUSIS, paysagistes Enseignant en projet de paysage à l’ENSNP Directeur de l’ensnp
DIRECTEUR DE MÉMOIRE
Sylvain Morin, Ingénieur-paysagiste et co-fondateur de l’Atelier Altern paysagiste Enseignant en atelier de projet de paysage à l’ENSNP
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PROFESSEUR ENCADRANT
Jean-Christophe Bailly, Docteur en philosophie, écrivain, Enseignant en histoire des villes et de la représentation urbaine à l’ENSNP
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INTRODUCTION
Là où l’histoire occidentale raconte un lien indéniable de co-construction entre la ville et les terres cultivées se posant alors comme une évidence et une nécessité fonctionnelle, la société actuelle présente deux mondes qui se côtoient souvent avec difficulté, voire qui s’opposent entre front urbain et territoire agricole. Cette réalité s’est déployée avec la transformation des énergies fossiles entraînant un développement urbain, industriel et des réseaux, mais également la mise en place d’une agriculture intensive. Ainsi, la ville s’étend au-delà de ses limites et conquiert peu à peu les terres jusque-là dédiées à l’agriculture, obligeant cette dernière à se rétracter. On se trouve alors aujourd’hui dans un contexte de plus en plus urbain qui peine à prendre en compte l’agriculture, activité qui répond à bien d’autres fonctions qu’elles soient nourricières, environnementales ou paysagères.
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Il existe une prise de conscience de plus en plus affirmée de la nécessité de sauvegarder le patrimoine agricole, mais surtout de protéger les terres cultivables en les préservant de l’urbanisation. Ainsi, les communes intègrent davantage la protection de ces espaces dans leurs documents d’urbanisme. Les associations porteuses de projets dans le sens d’une valorisation agricole et d’une agriculture périurbaine se multiplient. Cependant, il semble qu’il n’existe pas de réelle cohésion : difficile de trouver une unité entre ces actions ponctuelles délicates à rassembler dans un projet commun qui légitimerait les espaces agricoles et conforterait la place de l’agriculture ayant du mal à se défendre et à survivre.
Cette constatation soulève un certain nombre de questions. Quel est le devenir de l’espace agricole? Comment penser son évolution pour construire un projet commun entre espaces bâtis et activité agricole? Comment articuler la limite entre front urbain et terres cultivées? Je souhaite, dans ce mémoire, aborder la question d’une démarche fédératrice de projet urbain intégrant la problématique agricole. Je pense qu’il faut aujourd’hui relier la ville à son territoire en dessinant des projets urbains qui engagent le maintien de la qualité des territoires, de leurs activités mais aussi de leurs paysages, en dessinant une agriculture urbaine ne se dissociant plus de la ville. Il s’agit ainsi de développer les liens physiques et paysagers entre la ville et les espaces agricoles, des espaces bâtis aux espaces ouverts. J’ai choisi une enclave agricole en cœur de ville qui peut se présenter comme une opportunité pour placer la question du devenir agricole au centre du développement urbain, comme un «observatoire» reflet d’un territoire dans un tissu bâti. La lisière matérialise physiquement la limite entre ces deux espaces et devient un élément principal de cette réflexion dont l’enjeu est d’aménager une articulation qui permette un équilibre durable. Cet espace intermédiaire a le potentiel de porter un projet rapprochant ces deux entités autour d’un intérêt commun en alliant le fonctionnel au visuel. Il faut alors penser cette imbrication en inventant de nouvelles formes avec les différents acteurs du territoire.
MÉTHODOLOGIE
De la question générale de la relation entre front urbain et terres cultivées aux esquisses de réponse dans un site particulier, il s’agit de dérouler, à travers ce mémoire, le fil d’une pensée et d’une analyse qui amènent les éléments nécessaires à la construction du projet. La réflexion en amont, interrogeant de manière large la relation entre ces deux milieux, permet de poser les fondements, les possibles et les champs d’action qu’elle peut offrir au paysagiste. Une fois cette relation définie, il s’agit de s’intéresser à un site qui peut avoir valeur d’exemple en commençant par comprendre le contexte, à la fois territorial, morphologique et historique. Cela permet de poser une trame qui peut ensuite être découpée en différentes entités, afin de mettre en lumière les pièces qui composent l’ensemble. Enfin, l’analyse des articulations entre ces différentes pièces, à l’échelle fine des coutures et des ruptures permet de proposer une stratégie qui raccommode et pense de nouvelles charnières entre monde urbain et monde agricole.
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La relation front urbain / agriculture
2 Le contexte de Wittenheim
3 Contact entre le cœur agricole et les quartiers environnants
4 Les types de limites
5 Les intentions de projet
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SOMMAIRE INTRODUCTION.......................................................................................................................4
1. LA RELATION ENTRE VILLE ET AGRICULTURE..............................9
1. DE LA CO-CONSTRUCTION AU REJET...........................................................10
2. LES ENJEUX DE L’ESPACE DE CONTACT.......................................................14
3. LE PAYSAGE, LE RÔLE POUR LE PAYSAGISTE..............................................16
4. DE LA THÉMATIQUE À LA PROBLÉMATIQUE D’UN SITE................................18
1. UN TERRITOIRE PORTEUR D’AGRICULTURE..................................................22
2. DES SECTEURS INDUSTRIELS FÉDÉRATEURS..............................................26
3. LA GENÈSE D’UNE ENCLAVE AGRICOLE.......................................................32
4. DES AMBIANCES PARTICULIÈRES PAR QUARTIER........................................48
EN RÉSUMÉ...............................................................................................................62
2. DU CONTEXTE À LA TRAME DE WITTENHEIM.............................21
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1. 1 - la vallée rhénane, un contexte morphologique................................................................................................22 1. 2 - La plaine alsacienne, support d’une agriculture céréalière........................................................................24
2. 1 - le rayonnement de l’agglomération Mulhousienne........................................................................................26 2. 2 - Le bassin potassique et l’industrie minière.........................................................................................................28 2. 3 - Les terrils, vestiges d’une activité révolue............................................................................................................30
3. 1 - Avant le XXème siècle, un village rural......................................................................................................................32 3. 2 - Au début du XXème siècle, la construction des premières mines..............................................................34 3. 3 - Au milieu du XXème siècle, à la Sortie de la seconde guerre mondiale..................................................36 3. 4 - à la fin du XXème siècle, l’émergence de la zone commerciale..................................................................38 3. 5 - Le tissu urbain actuel.....................................................................................................................................................40 3. 6 - Le mittelfeld, une enclave agricole..........................................................................................................................42 3. 7 - Un réseau de terres en culture..................................................................................................................................46
4. 1 - Un tissu urbain séquencé autour des axes de Circulations.......................................................................48 4. 2 - Le centre historique.........................................................................................................................................................50 4. 3 - Le quartier des logements collectifs et sociaux................................................................................................52 4. 4 - La cité Sainte-barbe........................................................................................................................................................54 4. 5 - La cité Fernand-Anna.....................................................................................................................................................56 4. 6 - La cité Jeune-Bois............................................................................................................................................................58 4. 7 - La zone commerciale.....................................................................................................................................................60
3. LE PATCHWORK DU TISSU URBAIN............................................65
1. LE CONTEXTE D’UNE URBANISATION DÉSTRUCTURÉE................................66
2. DES HORIZONS DÉVOILANT DES QUARTIERS DISTINCTS.............................70
3. MITTELFELD: LE CHAMP DU MILIEU, CŒUR DE L’ATTENTION......................96
EN RÉSUMÉ.......................................................................................................................104
1. IDENTIFIER LES TYPES DE LISIÈRES..........................................................108
2. ANALYSER ET QUALIFIER LES LIMITES......................................................110
EN RÉSUMÉ......................................................................................................................118
1. SYNTHÈSE ET DÉFINITION DU PROJET.......................................................122
2. LE SCHÉMA DIRECTEUR............................................................................124
3. LES INTENTIONS DE PROJET......................................................................126
1. 1 - De l’organisation spatiale au découpage par quartiers..............................................................................66
2. 1 - Le quartier Est...................................................................................................................................................................70 2. 2 - Les quartiers Nord..........................................................................................................................................................76 2. 3 - Le quartier Sud.................................................................................................................................................................84 2. 4 - Le quartier Ouest.............................................................................................................................................................90
3. 1 - Un centre de symétrie..................................................................................................................................................96 3. 2 - un noyau cultivé rythmé par les saisons............................................................................................................98 3. 3 - Un espace de convergence pour les usagers..............................................................................................100 3. 4 - Un pivot pour le développement de la commune......................................................................................102
4. LES LISIÈRES, JONCTIONS ENTRE LES PARTIES....................107
2. 1 - Les limites franches, un contact subit...............................................................................................................110 2. 2 - Les voiries et dessertes, espaces juxtaposés................................................................................................112 2. 3 - Les épaisseurs végétales, zones de transitions............................................................................................114 2. 4 - Les parcelles découpées, des portions disjointes.......................................................................................116
5. RECOUDRE LES BORDS............................................................121
3. 1 - Donner de la visibilité à cet espace en cœur de ville................................................................................126 3. 2 - Traiter les limites...........................................................................................................................................................130 3. 3 - Anticiper la mutation des pratiques agricoles...............................................................................................134
CONCLUSION..................................................................................................................................138 BIBLIOGRAPHIE..............................................................................................................................140 REMERCIEMENTS...........................................................................................................................142 7
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. LA RELATION ENTRE VILLE ET AGRICULTURE Du questionnement global à la problématique d’un site
La question du devenir agricole a pris de l’importance ces dernières années et plus particulièrement dans la problématique d’une urbanisation galopante. Cette première partie a pour but de faire l’état des lieux de mes questionnements relatifs à l’évolution de la pratique agricole au contact des zones urbaines, tant en terme de fonctionnement que de paysage. Il s’agit tout d’abord de comprendre le renversement d’une relation d’interdépendance à celle d’ignorance. La compréhension de ce phénomène permet de mettre en avant les enjeux pouvant être portés par la zone de rencontre entre ces deux milieux. Apparaît alors, à travers cette zone de contact, le rôle que peut jouer le paysagiste qui possède la capacité de penser un espace de transition entre urbain et agricole. 9
1. DE LA CO-CONSTRUCTION AU REJET
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Pour comprendre le contexte actuel du rapport entre ville et agriculture, il faut revenir sur son évolution historique. Celle-ci permet de mettre en avant les éléments qui ont généré la rupture aujourd’hui présente entre deux milieux autrefois interdépendants. Avec l’invention de l’agriculture, l’homme parvient à assurer ses besoins alimentaires de manière durable sur un même territoire. Il n’a plus besoin de se déplacer en permanence. Il apparaît alors de manière évidente que l’agriculture est à l’origine de la sédentarisation des sociétés humaines, permettant le développement des premières structures urbaines. Par la suite, l’évolution des techniques liées au milieu urbain a entraîné celle des pratiques agricoles. La ville et l’agriculture sont alors devenues indissociables et nécessaires l’une pour l’autre. Ainsi, elles ont ensemble structuré l’espace associé aux civilisations humaines. Roland Vidal dit : « La ville et l’agriculture sont historiquement issues d’une co-construction lente et progressive, qui a eu aussi pour conséquence une organisation spatiale dictée par les nécessités de l’approvisionnement alimentaire et dont la ceinture horticole en est la plus visible des illustrations. » Au départ, l’homme était contraint en termes d’implantation des cultures (type de terre, zones inondables) et dans le choix des espèces, essentiellement céréalières. Avec le progrès des techniques agricoles et l’appropriation des espèces végétales, il a développé d’autres possibilités en termes de types de cultures. Cela a permis l’intensification des cultures céréalières dans les plaines et autour des villes. Cependant, cette agriculture n’apporte pas tous les éléments nécessaires : la ville a besoin de légumes et de produits frais pour nourrir ses habitants. Pour des raisons de conservation, ce type de culture a donc été implanté à proximité directe de la ville, entraînant l’apparition des ceintures maraîchères. Cet anneau horticole peut être assimilé à l’espace intermédiaire entre la ville et l’agriculture. Il est décrit par Roland Vidal comme « Intermédiaire du point de vue spatial, puisque les dimensions de l’horticulture (du latin hortus = « le jardin ») sont proches de celles de l’espace urbain, [mais aussi] intermédiaire
Fresque représentant la campagne pacifiée en cohérence avec la ville, alimentant une vision luxueuse de celle-ci
The good city-républic source: www.studyblue.com
du point de vue social, puisque le maître jardinier, même s’il utilise le même savoir faire que l’agriculteur, fréquente régulièrement la ville et bénéficie de ce fait d’un statut de citadin. » Par la suite, l’ère industrielle et les progrès technologiques amorcés au XIXe siècle ont bouleversé autant le monde agricole que le monde urbain. En effet, les progrès technologiques ont entraîné des mutations de cette organisation spatiale entre ville et agriculture. Les découvertes en agronomie ont permis de cultiver davantage en diminuant la main d’œuvre attirée alors vers les villes par la croissance industrielle. A cette dynamique s’associe l’évolution des transports opérant des changements majeurs : la proximité des lieux de production et de consommation n’est plus une nécessité. L’exode rural appelle la construction de plus en plus de logements sur la ceinture agricole des villes qui se voit donc disparaître au fil du temps. Cette expansion urbaine se poursuit ensuite largement sur l’ensemble des territoires. L’organisation spatiale entre la ville et l’agriculture a alors été largement modifiée. L’agriculture, dans un 11
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besoin de rendement toujours croissant, a élargi et redécoupé ses parcelles, abandonnant les moins rentables à l’urbanisation galopante. L’urbain a ainsi considéré de plus en plus les parcelles en culture comme des réserves foncières potentielles, affirmant le recul permanent de l’agriculture. Cette nouvelle organisation a perdu dans sa «course au remplissage» une qualité paysagère néanmoins présente dans l’imaginaire des habitants et s’incarnant dans un désir d’espaces «naturels» de proximité. L’agriculture est souvent associée à des images de fermes, de maraîchage, de vergers et de petits élevages qui composaient autrefois les campagnes et qui satisfaisaient l’idée de « nature » aux abords des villes. Cependant, celles-ci ne correspondent pas aux réalités économiques actuelles de l’agriculture, qui suit une politique de rendement dirigée par des structures telles que la Politique Agricole Commune et les coopératives. Ces dernières fixent les règles et les tarifs à l’échelle européenne. Cela a accéléré la mutation des fermes en polyculture avec distribution directe d’une partie des produits de la ferme (lait, légumes, œufs, poulets, lapins...) vers des exploitations en monocultures intensives dépendantes de l’industrie chimique et des circuits de distributions (coopératives, grandes distributions...). Aujourd’hui, le rapport entre ville et agriculture est en quelque sorte stérile. Pourtant, le désir d’une agriculture de proximité procurant des paysages variés et de qualité autour des villes se manifeste de plus en plus. Par ailleurs la crise environnementale a souligné les problèmes de pollution posés par le développement urbain et de ses réseaux, mais aussi par les pratiques agricoles (pollution de l’eau, usages démesurés de produits phytosanitaires…). Au-delà des problèmes de pollution, la disparition des espaces de nature a des conséquences dévastatrices sur la faune et la flore. Mais ce qui a amené la question alimentaire audevant de la scène, c’est la disparition des énergies fossiles. Celle-ci impose de remettre en question les pratiques humaines tant de l’ordre de l’urbain qu’agricole. Comment nourrir les villes de demain dans une démarche d’économie des énergies qui permettent aujourd’hui la
Schématisation de l'évolution ville-agriculture
Première sédentarisation, première agriculture
La ville et l'agriculture aujourd'hui
Urbs Hortus Jardinage Ager Labour Saltus Ecobuage Silva Sauvage
Schéma de la ville concentrique
Urbs
Ager Labour
Silva Sauvage Schéma de la ville après l'ère industrielle et le développement des transports
production, la transformation et le transport de notre alimentation ? La disparition des terres arables au profit de l’étalement urbain pose de réelles questions. Malgré ce constat qui a permis de mettre en place des mesures pour préserver les forêts, les zones naturelles, humides ou encore les paysages remarquables, nous n’avons pas réussi à endiguer le phénomène de disparition des terres. Celui-ci est pourtant largement remarquable autour des grandes agglomérations et des grands axes. Néanmoins, on constate une prise en compte des parcelles agricoles dans les documents d’urbanismes et notamment dans les Plan Locaux d’Urbanisme qui cherchent à classer ces espaces. Ces démarches vont cependant rarement audelà de la protection et n’apportent que des réponses restreintes et ponctuelles. Il apparaît évident qu’on ne peut pas résoudre l’ensemble des problèmes relatifs au devenir agricole et à son système économique, mais il semble nécessaire de s’interroger sur les possibles d’un projet commun entre l’urbain et l’agricole valorisant une pratique culturale au-delà de la simple protection. Dans cette optique, j’ai voulu travailler sur cet espace interstitiel, entre urbain et agricole, une zone de déni et de rejet en péril. 13
2. LES ENJEUX DE L’ESPACE DE CONTACT
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Si on s’intéresse au rapport entre ville et agriculture, il semble évident de se concentrer sur la limite, le moment où s’effectue le basculement de l’un à l’autre. Il ne s’agit pas ici de réfléchir au devenir de l’agriculture à grande échelle, mais bien d’interroger l’agriculture au contact des villes. En se basant sur l’évolution de la construction spatiale entre limite urbaine et terres cultivées, on peut s’interroger sur les enjeux de cette cohabitation. La question de la gouvernance alimentaire est mise en avant dans les enjeux pour le futur. Elle ne peut cependant pas être résolue sur la simple frange urbaine, mais peut être amorcée par la proposition de nouvelles réflexions dans le cadre de cette proximité à la ville. De manière plus évidente, cet espace a le potentiel de stopper la tendance de l’étalement urbain. Le contact entre front bâti et terres cultivées est aujourd’hui souvent de l’ordre de la limite. Ainsi la ville commence là où le champ s’arrête, et vice versa. Mais cette limite peut être aujourd’hui facilement remise en question. En construisant une nouvelle « rangée » de pavillons sur les champs, la limite sera déplacée de quelques mètres mais sera sensiblement similaire. De plus, les grandes cultures, en tant qu’espaces ouverts, peuvent être assimilées à des zones de « vides » et leurs étendues sont souvent tellement grandes qu’il apparaît anodin de les grignoter pour quelques logements supplémentaires. Il semble alors évident que les enjeux entre ville et agriculture se situent dans cette limite qui ne donne de valeur ni à l’une, ni à l’autre. Cette frontière sépare également les acteurs de ces deux milieux, chacun étant de son côté de la démarcation. Il manque alors un lieu de rencontre, un seuil qui puisse permettre de passer de l’un à l’autre. Il faut alors transformer la limite en lisière. Par lisière, je pense à une épaisseur qui permette la liaison et la transition entre ces deux milieux. Cette lisière ne serait alors plus tout à fait agricole et pas encore urbaine. Mais celle-ci doit remplir un certain nombre
«En écologie, la lisière au plein sens
du terme constitue un véritable espace d’interface, qui garantit la transition entre deux milieux. C’est un écotone : espace de transition écologique entre deux écosystèmes, avec ses conditions de milieu propres, avec des espèces végétales et animales également propres. La lisière joue un triple rôle de filtre, de corridor écologique et de zone-tampon. Elle prend naturellement la forme d’un ourlet forestier (le terme d’ourlet en couture évoquant d’ailleurs la couture spécifique d’un bord de vêtement, de tissu, pour éviter qu’il ne s’effile). Ces lisières font de plus en plus l’objet d’une gestion, pour mieux protéger leurs fonctions écotoniales, pour favoriser les échanges entre milieux, facteurs de biodiversité.»
«En urbanisme, la lisière urbaine
est l’espace d’interface entre «ville» et «nature», en charge de gérer la relation entre les deux, relation fondatrice de paysage. Elle constitue la transition entre l’espace urbanisé ou à urbaniser et l’espace agricole ou naturel. Elle concrétise la limite d’urbanisation par son épaisseur. Elle est aménagée spécifiquement pour cela, participant ainsi de l’organisation du territoire. C’est en général un espace planté, accessible et appropriable pour les habitants : manière pour la ville, le village ou le quartier de se tourner vers l’espace agricole ou de nature, de reconnaître tout simplement son existence et sa valeur. Cela se fait pour les bords de l’eau par la création de quais ou de promenades; mais cela ne se fait pas encore pour les bords de champs.» Bertrand Folléa, extrait de la ville archipel, figure du paysage urbain durable?
de fonctions, la première étant de déterminer un seuil qui ne se décalera plus aussi facilement. Cet espace peut également être un lieu d’échanges permettant une articulation entre l’urbain et l’agricole. Celle-ci peut à la fois porter une qualité paysagère et répondre aux désirs de «nature» des habitants. Elle peut également amener une approche environnementale en accueillant une diversité d’espèces végétales et animales. Il apparait alors la volonté d’imaginer des formes de projets dans lesquelles la ville et l’agriculture seraient les composantes d’un même territoire partagé. Il ne faut cependant pas se méprendre sur la matérialisation de cette lisière. Il ne s’agit pas de recréer une ceinture « verte » autour des villes en revenant sur des schémas, mais bien de penser un nouveau projet qui puisse répondre aux attentes d’aujourd’hui. Le principe de lisière en est la clef.
L'étalement urbain, le déplacement de la limite entre urbain et agricole
Fixer la limite, l'aménagement de la lisière entre front urbain et terres cultivées
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3. LE PAYSAGE, LE RÔLE POUR LE PAYSAGISTE
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Le rôle du paysagiste dans le contexte agricole est, aujourd’hui encore, mal défini. Il me semble que celui-ci est plus évident dans l’espace de transition entre ville et terres cultivées. En m’appuyant sur les réflexions de Régis Ambroise, ingénieur agronome et urbaniste, dans son interview pour la revue Openfield (numéro 2, 2013); de Bertrand Folléa, paysagiste, dans l’article « Le paysage comme relation » et d’Armelle Briançon dans son mémoire de diplôme, « Utopie pour un paysage agricole », j’essaie de définir quels sont les champs d’action du paysagiste dans ce contexte particulier. Le travail du paysagiste consiste à satisfaire l’ensemble des besoins des différents acteurs d’un même territoire dans ce même espace, en tenant compte de toutes ses caractéristiques. Il ne s’agit alors pas de poser un décor ou de proposer une réponse technique, mais d’élaborer une réponse qui prend en compte ces deux aspects. Celle-ci est à la fois fonctionnelle et porteuse d’une « beauté territoriale » comme l’exprime Régis Ambroise. Le paysagiste possède les compétences pour analyser un lieu et s’appuyer sur les connaissances de l’histoire et de la géographie pour définir des projets appropriés à chaque territoire. En cela l’agronome était assez proche du paysagiste, mais aujourd’hui les progrès techniques ont poussé les ingénieurs agronomes à se concentrer davantage sur le côté fonctionnel et les rendements. Avec la crise pétrolière, le modèle agricole va certainement être remis en question et il faudra trouver d’autres alternatives pour produire. Dans ce contexte, le paysagiste peut avoir un rôle à jouer et participer à l’émergence de nouvelles formes de projet qui permettront de produire de manière durable. Par ailleurs, il a la capacité de comprendre et de communiquer sur les territoires, pouvant ainsi contribuer à la formulation de nouveaux projets agricoles. En prenant en compte les différents acteurs, le paysagiste peut considérer les intérêts particuliers de chacun et les faire évoluer vers un projet commun et partagé. Ainsi, il se fait médiateur qui détaille « des processus de décisions,
«Sur la base d’une évolution des systèmes de culture valorisant mieux les singularités des territoires, il devient beaucoup plus facile d’apporter alors une attention particulière à la qualité spatiale. Quelques aménagements relativement simples pour mettre en scène certains choix techniques novateurs, ouvrir des chemins au public, traiter les bordures et lisières, rendre visible la réalité d’une agriculture durable et notamment la réintroduction de l’arbre comme une composante à part entière des nouveaux systèmes de cultures, valoriser les richesses patrimoniales, apporter un soin à l’architecture des constructions anciennes et modernes… contribueront à donner aux agriculteurs une légitimité pour se présenter, certains le revendiquent, comme les paysagistes de l’espace rural et bénéficier ainsi de l’appui de tous ceux qui, consommateurs de produits ou de paysages, élus, agences de l’eau, associations environnementales ou de sports de nature, monde du tourisme… bénéficient de cette qualité. Ces soutiens seront les bienvenus dans une période de désengagement de l’Etat et de l’Europe. Les paysagistes qui maîtrisent l’espace et savent utiliser des outils de représentation et de communication ont un rôle important à jouer pour aider les agriculteurs à imaginer leurs projets et à communiquer sur ce qu’ils apportent en termes de paysage.» Régis Ambroise, extrait de Evolution de la pratique paysagiste face à la question agricole, numéro 2 OPENFIELD, 2013
en suggérant des objectifs et des moyens d’actions » comme le précise Armelle Briançon. Si on définit le paysage comme une imbrication entre les éléments d’un site et la relation entre un observateur et un lieu, il apparaît que celui-ci est la résultante d’une relation sensible, culturelle et morphologique entre une société et son territoire. Il n’est alors pas seulement une addition d’éléments distincts mais un point de rencontre qui peut rallier les différents acteurs en les détournant de leurs préoccupations principales. Le paysage, à la croisée des compétences, permet un point commun par lequel peut entrer le dialogue grâce au paysagiste. Ainsi Bertrand Folléa dit : « comme un jeu de puzzle, le paysage comme relation regarde davantage les bordures, les découpages, les correspondances entre les pièces, que les pièces elles-mêmes pour ce qu’elles sont. Par ce travail d’assemblage, par cette construction des articulations, il contribue à donner sens à l’espace qui fait le « cadre de vie » : car ce sont les liens et les relations entre les parties qui rendent le tout intelligible. » La lisière en tant qu’espace intermédiaire peut jouer ce rôle de relation entre espaces bâtis et terres cultivées. Elle dispose ainsi de la possibilité de « faire paysage » en animant le dialogue entre ville et agriculture. C’est alors le lieu d’intervention du paysagiste qui se place à la rencontre des aménageurs que sont l’urbaniste et l’agronome.
«Le paysagiste a le regard, la sensibilité, l’attention, l’intuition ; il a la compétence d’analyse et de compréhension d’un tout-paysage, la capacité à voir et à voir au-delà (par-delà les horizons et les époques), à donner à voir également ; à communiquer par l’interprétation et la représentation du paysage ; il sait entrer dans le paysage pour alors en souligner les traits, les formes, la « couleur locale » ; il a enfin la faculté de se projeter et de projeter sur le paysage un autre devenir, en lui proposant une autre lecture, une autre image peut-être.» Armelle Briançon, Utopie pour un paysage agricole, mémoire de fin d’étude, 2005 « Le paysage, pensé comme relation, est capable d’assumer la complexité de la réalité du territoire, en tant qu’expression qualitative d’un développement urbain durable, selon le modèle de la «villearchipel». En contrant l’attention sur les marges et les lisières, le paysage opère un détournement d’attention salvateur, un décalage du regard roboratif a l’opposé des visions séparatistes qui continuent de défaire le territoire, spatialement et socialement.» Bertrand Folléa, Le paysage comme relation, Les carnets du paysage n°21, 2001
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4. DE LA THÉMATIQUE À LA PROBLÉMATIQUE D’UN SITE
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Dès le début de ma formation à l’école, le rôle du paysagiste dans la question du devenir agricole m’a particulièrement intéressée. J’ai ainsi orienté mes choix de stage dans cette direction. Le stage de troisième année au CAUE de l’Essonne en partenariat avec le Triangle Vert était orienté plus précisément sur la question de la lisière entre front urbain et agriculture. Le travail qui m’était demandé était la mise en place d’une typologie qui permette d’améliorer ces espaces mal définis et souvent pauvres en termes de paysage. Il m’est apparu que la typologie n’était pas nécessairement la démarche la plus pertinente mais que la complexité de cette approche pouvait être intéressante à développer dans un site plus précis dans le cadre du diplôme. J’ai donc cherché un site d’étude qui poserait ce problème de manque de transition entre ville et agriculture. Au fil de mes recherches et rencontres, j’ai découvert par le biais de l’Agence d’Urbanisme Mulhousienne la commune de Wittenheim qui comprend en son cœur un «champ» de 90 hectares. Cet espace de grandes cultures est appelé le «Mittelfeld» ce qui signifie «le champ du milieu ». Cette enclave agricole est le résultat d’une urbanisation peu maîtrisée et était considérée jusque-là comme une réserve foncière pour les constructions futures. Cependant, les regards sur ce site ont changé et le récent PLU indique la préservation des parcelles en zone agricole. Ce champ en cœur de ville est une opportunité pour poser la question du devenir agricole au contact du développement urbain, comme un «observatoire» au centre du tissu urbain qui interroge la limite et les échanges entre agriculture et ville. Cela met en avant la lisière matérialisant physiquement cette limite entre deux milieux. Elle devient alors l’élément principal de cette réflexion dont l’enjeu est d’aménager une articulation qui soit équilibrée et durable entre développement urbain et pratiques agricoles. Cet espace intermédiaire a le potentiel de porter un projet qui rapproche ces deux entités vers un intérêt commun en alliant le fonctionnel au visuel. Il faut alors penser cette imbrication en inventant de nouvelles formes avec les différents acteurs du territoire. Ce qui m’a amené à ma problématique : ENTRE FRONT URBAIN ET TERRES AGRICOLES : COMMENT PENSER UNE ARTICULATION QUI ALLIE DÉVELOPPEMENT URBAIN ET PRATIQUES AGRICOLES DANS UN PROJET COMMUN?
MITTELFELD
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. DU CONTEXTE À LA TRAME DE WITTENHEIM De la morphologie d’un territoire à la genèse d’une enclave agricole
La trame définit le contexte, à la fois géologique, géographique et agricole du territoire régional qui accueille ce site particulier. Cette toile de fond permet de comprendre l’évolution historique de la structure urbaine à l’origine de cette enclave agricole.
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1. UN TERRITOIRE PORTEUR D’AGRICULTURE
1. 1 - LA VALLÉE RHÉNANE, UN CONTEXTE MORPHOLOGIQUE
Wittenheim est une commune de 14000 habitants située au Sud de l’Alsace, dans le département du Haut-Rhin. Elle fait partie de l’agglomération Mulhousienne, à 8km au Nord.
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Cette configuration découle de la formation géologique de la vallée du Rhin. L’Alsace constitue la rive gauche du fleuve qui dessine la frontière entre la France et l’Allemagne. Le Rhin y a façonné de grands paysages de plaine qui s’ouvrent sur de larges horizons, soulignés par le massif vosgien en fond de scène, seul relief remarquable. La plaine rhénane est caractérisée par des zones humides aux abords du Rhin et au Nord de l’Alsace et par une région plus sèche et largement boisée appelée la Hardt au Sud.
La Forêt Noire
Les Vosges
Colmar
Wittenheim Mulhouse
Strasbourg Ill
A l’Ouest de la Hart, entre Cernay et Mulhouse, se trouve un secteur particulier qui comprend le cône de déjection Thur-Doller. Cette portion a connu une histoire distincte liée à la découverte des gisements de potasse. En amont de cette zone, on trouve des secteurs plutôt secs avec les restes d’une lande anciennement plus étendue appelée l’Ochsenfeld (le champ au boeufs). En aval, à l’Est de Wittenheim se trouve un vaste massif boisé, la forêt du Nonnenbruch, qui occupe une zone nettement plus humide. Cette zone est majoritairement sablocaillouteuse. À cet endroit la nappe phréatique se situe entre 50cm et 1,5 m de profondeur.
Vosges
Rhi n
L’Alsace est la région rhénane au Nord Est de la France. Elle comprend quatre grands domaines géologiques : le massif des Vosges, les collines sous-vosgiennes, la plaine rhénane et le Jura alsacien.
Strasbourg
Colmar hu r
T Doller
Wittenheim
ForêtNoire
Mulhouse Bâle Plaine rhénane. Dépôts de l’Oligocène, du Pliocène et du Quaternaire Kaiserstuhl : roches volcaniques de l’ère Tertiaire Collines sous-vosgiennes (dépôts du Secondaire, du Tertiaire et du Quaternaire) Couverture sédimentaire des Vosges et de la Forêt-Noire Socle ancien des Vosges et de la Forêt-Noire
Le Jurassique (de -205 à -135 Ma) : L’envahissement du territoire par la mer entraine le dépôt de calcaires et marnes. Le Crétacé (de -135 à -65 Ma) : Soulèvement et émersion de la portion de territoire de la future plaine rhénane.
Vosges
Forêt-Noire
Le Tertiaire (de -65 à -2 Ma) : La formation du fossé rhénan s’effectue tout d’abord par étirement et amincissement de la plaque continentale provoquant l’apparition de failles par cassement. Ces phénomènes géologiques provoquent l’abaissement de la partie centrale qui forme l’actuel fossé rhénan. Celui-ci se comblera peu à peu de sédiments par le passage du fleuve et les épisodes marins. Vers -15 à -10 Ma, un basculement vers l’Ouest entraîne le fleuve vers la Méditerranée puis à nouveau vers la Mer Noire. Il ne trouvera l’écoulement qui est le sien qu’aux alentours de -2Ma.
Coupes géologiques des Vosges à la Forêt-Noire
Le bassin rhénan se dessine sur environ 350 kilomètres (de Bâle à Mayence) et s’étale en moyenne sur une largeur de 35 à 45 kilomètres. Il est issu d’un affaissement géologique (rift ou graben) qui l’a inséré entre deux chaînes de montagnes: les Vosges (côté français) et la Forêt-Noire (côté Allemand), s’apparentant à un axe de symétrie entre ces deux massifs. Les mouvements géologiques perdurent encore aujourd’hui entre ces deux montagnes qui s’écartent d’environ 1 à 2 mm par an.
(source l’Alsace et les Vosges, Yves Shell)
VOSGES
FORÊT-NOIRE
Granites
Gneiss
Marnes et sels du Keuper
Marnes et Calcaires du Jurassique
Roches sédimentaires de l’ère primaire Roches sédimentaires de l’ère tertiaire
Grès roses du Buntsandstein Roches volcaniques du Kaiserstuhl
Calcaires du Muschelkalk Dépots de l’ère quaternaire
La période Quaternaire est marquée par la poursuite du dépôt d’alluvions ainsi que l’arrivée du Loess, dépôt meuble d’argile et de calcaire offrant des sols très riches.
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1. 2 - LA PLAINE ALSACIENNE, SUPPORT D’UNE AGRICULTURE CÉRÉALIÈRE L’agriculture occupe 40% du territoire alsacien avec 336 640 ha de surfaces agricoles utilisées. Cette région est connue pour ses vignobles et le terroir qui lui est associé. La vigne représente 37% de la valeur de la production agricole régionale mais seulement 5% des surfaces agricoles utilisées. Celle-ci se trouve principalement sur le piémont des Vosges.
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La plaine d’Alsace couvre la moitié de la superficie régionale et porte une agriculture principalement céréalière. Cet ensemble concentre l’essentiel de la population et de l’activité économique de la région. Le maïs y est largement cultivé. Il est particulièrement bien adapté aux conditions régionales et profite des possibilités d’irrigation offerte par la nappe phréatique. On y retrouve également d’autres types de productions emblématiques de l’Alsace (chou à choucroute, tabac, houblon, betteraves …), mais celles-ci se concentrent majoritairement dans le Bas-Rhin. Enfin, le massif vosgien, couvert en grande partie de boisement, abrite partiellement une agriculture orientée vers l’élevage et la mise en valeur des surfaces en herbe.
Cultures annuelles Vignes Forêts Zones urbaines
N
L’occupation du sol en Alsace en 2013, carte simplifiée d’après CIGAL Région Alsace Source : www.cigalsace.org
La plaine avec les Vosges au niveau de Wittenheim
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2. DES SECTEURS INDUSTRIELS FÉDÉRATEURS
2. 1 - LE RAYONNEMENT DE L’AGGLOMÉRATION MULHOUSIENNE
Les Vosges
Wittenheim le Rhin
La commune de Wittenheim a intégré l’Agglomération Mulhousienne depuis 2010. Cette Agglomération comprend 33 communes et 255 000 habitants. Mulhouse et les communes environnantes se sont largement développées au cours du XXe siècle amenant à un tissu urbain continu qui rayonne autour de Mulhouse. Cette expansion résulte de l’emprise de l’ère industrielle, principalement liée au textile dans la région mulhousienne. Ce passé industriel a forgé l’identité de la région. Dans la partie NordOuest, l’industrie c’est développée à travers une autre filière associée à la découverte des gisements de potasse au début du XXème siècle.
Mulhouse
N
Mulhouse Alsace Agglomération
WITTENHEIM
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Wittenheim se situe sur une trame qui compose la vallée de l’Ill. Elle s’insère dans un réseau de voirie qui s’organise parallèlement au Rhin et dessert l’ensemble de la région. Cette commune appartient à la tache urbaine qui s’étend au Sud jusqu’à Mulhouse. Elle est encadrée à l’Ouest par la forêt de Nonnenbruch et à l’Est par les terres agricoles de la vallée de l’Ill.
Le Mittelfeld
KINGERSHEIM
MULHOUSE 0
1km
N
L’implantation urbaine de la rÊgion mulhousienne sur la plaine alsacienne avec en arrière plan les Vosges Extrait de Le Dollerbaechlein, Jean Checinski, 1994
Le Mittelfeld
N
cf p 141
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2. 2 - LE BASSIN POTASSIQUE ET L’INDUSTRIE MINIÈRE
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Les Vosges
WITTENHEIM le Rhin
Le Nord de la région Mulhousienne se situe sur des gisements de potasse (voir carte ci-contre). Cette découverte de la potasse va entrainer le développement d’une industrie qui hissera l’économie de la région. Celleci est découverte en Alsace en 1904 par Joseph Vogt (industriel, fondeur et fabricant de tours de sondages à grande profondeur) qui s’associera à Amélie et Albert Zürcher, propriétaires terriens pour lancer l’extraction. Cependant, la construction des puits est onéreuse et dépassent rapidement leurs capacités financières. Ils se tournent alors vers des capitaux allemands et créent la première société en juin 1906 : la Gewerkschaft Amélie. Le creusement du premier puits débute en 1906 et l’exploitation du gisement commence en février 1910. En 1911, la Gewerkschaft Amélie cède toutes ses concessions qui seront ensuite exploitées par trois groupes à capitaux presque exclusivement allemands. Joseph Vogt, propriétaire à titre personnel de concessions au Nord du Bassin Potassique, crée en 1910 avec des Lorrains, les Mines de Kali Sainte Thérèse (KST), société française de droit allemand, en juillet 1910. À la veille de la guerre, 13 puits ont déjà vu le jour, mais la totalité du gisement sera placée sous autorité allemande pendant la guerre. Après la proclamation de l’armistice et le retour de l’Alsace à la France, KST retrouve ses Mines et son directeur Fernand Vogt. Les autres Gewerkschaften sont placées sous séquestre. Pierre De Retz deviendra Directeur Technique en avril 1919, puis séquestre en 1920 et le premier Directeur Général en 1921. Il transformera ces mines rudimentaires en une grande entreprise d’État très profitable sous le nom des Mines de Potasse d’Alsace et sera le créateur de toutes les œuvres sociales et des cités minières. Il quitte les MDPA (Mines de Potasse d’Alsace) en 1936.
Mulhouse
N Les gisements de potasse et le bassin potassique
Logo des mines de potasse d’Alsace Croquis de tour de sondage Vogt Source : http://www.mdpa.fr
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1. et 2. Les ouvriers travaillant dans la mine 3. La cité minière et le terril Fernand, à Wittenheim 4. Le carreau Anna avec le puits d’extraction, les bâtiments,etc.
cf p 141
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2. 3 - LES TERRILS, VESTIGES D’UNE ACTIVITÉ RÉVOLUE L’extraction de la potasse a eu une influence non négligeable sur les milieux environnants les puits d’extraction et les terrils. Elle a généré de nouveaux milieux avec des terrains particulièrement salés qui ont été qualifiés de «milieux insulaires». Les terrils sont le résultat de l’entassement du chlorure de sodium qui ont engendré des conséquences écologiques rapides. La dissolution par la pluie de ces masses de sel a largement pollué la nappe phréatique. À la surface, les résidus salés sont toujours présents et rendent les terrains hostiles au développement de la végétation. Par ailleurs, les affaissements miniers, conséquence du creusement des galeries souterraines ont désorganisé les réseaux hydrographiques, créant des marais salés temporaires ou permanents. Suite à ces constatations, la MDPA a tenté de gérer l’après-exploitation des mines et la dissolution des terrils. Les terrils qui sont en partie érodés par la pluie et le vent présentent une végétation halophile qui se développe tout autour telle que la Soude (Salsola kali), le Chénopode glauque (Chenopodium glaucum), l’Arroche couchée (Atriplex prostrata), etc. L’arrêt de l’extraction de potasse fera disparaître une partie de ces espèces particulières. Mais dans la plupart des zones, le sel a éliminé la majorité des plantes et ne restent que les espèces tolérantes comme la Massette (Typha latifolia), la Consoude officinale (Symphytum officinale), L’Iris jaune (Iris pseudocorus), le Jonc comprimé (Juncus compressus), les Laîches et les Chénopodes.
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L’Arroche couchée
La Massette
La Soude
La Soude
Le Jonc comprimé
Le Chénopode glauque
La Consoude officinale Le terril Eugène
Traitement du minerai potassique alsacien Schéma simplifié pour un traitement de 100 tonnes de minerai insolubles 6 t
Sels de déneigement 6,5 t
saumures résiduaires 62 t
résidus
Dissolution des résidus
Puits d’extraction de 100 tonnes
minerai
minerai broyé
MOULIN
RHIN
Expédition potassium 25,05 t
TRAITEMENT eaux mères
TERRIL
potassium humide
calcaire
Production de brome 45kg
Production de bicarbonate 175 kg
La gestion des terrils après l’exploitation
D’après les schémas du sites internet des Mines de Potasse d’Alsace : http://www.mdpa.fr
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3. LA GENÈSE D’UNE ENCLAVE AGRICOLE
3. 1 - AVANT LE XXÈME SIÈCLE, UN VILLAGE RURAL
D’après la carte d’État Major
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Le village est mentionné pour la première fois en l’an 829 sous l’appellation de Witanheim, époque à laquelle l’abbaye de Murbach y possédait des terres. Jusqu’en 1632, le village est sous la protection des autrichiens. Sur la motte féodale du Rebberg encore visible, se trouvait un château détruit lors de la guerre de trente ans. Wittenheim est alors un petit village rural qui s’implante le long du Dollerbaechlein . Il deviendra allemand de 1871 à 1918, période durant laquelle il commencera à se développer avec l’arrivée de l’industrie textile et du tramway. La société textile Kullman & Cie s’y implantera avec la construction d’une filature en 1885. La cité ouvrière de cette usine entraine un premier boum de la population avec la venue des travailleurs entre 1890 et 1900.
L’usine Kulmann et sa cité à partir de 1885
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1. Gros plan sur la cité de Wittenheim et l’usine Kullmann. un cadastre du début du XXe siècle 2. La rue Kullmann, la seulle voie entre la cité et l’usine. 3. Maisons de la cité Kullmann 4. Logements de direction sur le carreau de l’usine
5. Ancienne usine 6. Nouvelle usine 7. Représentation fidèle par le côté Est de l’usine Kullmann. cf p 141
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3. 2 - AU DÉBUT DU XXÈME SIÈCLE, LA CONSTRUCTION DES PREMIÈRES MINES
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1. L’Alsace: La géographie de PTOLEMEE 1542
En 1904, Amélie Zürcher (propriétaire foncier) et Joseph Vogt (industriel, fondeur et fabricant de tour de sondage) découvre de la potasse à Wittelsheim, un village voisin. Des gisements seront ensuite découverts à Wittenheim qui participera de l’industrie florissante du Bassin Potassique. La Mine Anna, sera fondée en 1907, avec les puits Anna-Est et Anna-Ouest. La Mine Fernand (Reichsland) en 1913. La Mine Théodore et la Mine Prince Eugène, situées au nord du ban communal. Cette nouvelle industrie marquera le paysage mais surtout, fera de Wittenheim une ville prospère au XX e siècle. Chacune des mines entraînera la construction de cités minières à partir des années 1920. Celles-ci accueilleront les ouvriers, les employés et les ingénieurs. Ainsi, la cité Fernand Anna, s’implantera au Sud de la commune et la cité Sainte-Barbe au Nord-Est.
D’après la photo aérienne de 1934
(BNP - Ge. FF 9150 - cliché C 17445)
2. Le moulin de Wittenheim et le château féodale 3. Topographique du Dollerbaechlein (au temps de Louis XIV) 4. La rue de l’abbé Merklen, centre de Wittenheim. 5. La station d’arrêt du tramwayen face du restaurant «Central» (à partir de 1888) 6. Vue sur Wittenheim depuis le «Breiten», en 1919. Au premier plan la rue de Kingersheim
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Afin de rendre hommage aux découvreurs et pionniers de l’exploitation de la potasse d’Alsace (Amélie Zürcher et Joseph Vogt), les toponymes des puits et cités associées proviennent des prénoms des membres des familles Zürcher, Vogt et de la famille impériale allemande.
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1. et 2. La mine Théodore et la cité Sainte Barbe 3. La mine Anna en 1932 avec en arrière plan les terres agricoles du Mittelfeld 4. La mine Fernand avec au premier plan le champ de Kingersheim.
cf p 141
3. 3 - AU MILIEU DU XXÈME SIÈCLE, À LA SORTIE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
D’après la photo aérienne de 1951
1. Naissance de la mine Fernand en 1911. 2. La mine Fernand; de 6 7 gauche à droite : le puits Ouest, le moulin, le hangar, 8 le puits Est, le local et le magasin de division. 3. Le puits Théodore 4. Le puits du prince Eugène en 1911. 5. La cité Sainte-Barbe. Toute un ensemble de maisons pour mineurs avec écoles, églises, salle des fêtes, cantine, coopérative, foyer des célibataires, etc. 6. La rue des Mines et le terril Fernand, en 1935. 7. Maisons ouvrières de la cité FernandAnna. 8. Dans la cité Sainte-Barbe en 1925. 1 2 3 4
La première guerre mondiale n’aura pas fait de dégâts matériels. Cependant, à la fin de la seconde guerre les bombardements détruiront une grande partie du centre de Wittenheim. Près de quinze années furent nécessaires pour effacer les plaies laissées par la guerre. La reconstruction changea totalement sa physionomie et la commune perdit définitivement son caractère rural. Après la guerre, la MDPA fait construire une nouvelle cité, la cité Jeune-Bois, autour de l’ancienne ferme du monastère qui appartient à la MDPA depuis 1920. Le projet initial était de créer un nouveau site d’extraction mais celui-ci a finalement été abandonné. En attendant la MDPA en fait une «ferme modèle», avec une vingtaine d’ouvriers qui s’occupait des terres et des bovins.
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1. Travaux des champs en 1961 en arrière plan la mine Fernand 2. Vue de la cité Jeune-Bois en 1950 à droite, le Mittelfeld 3. le développement de la cité Kullmann 4. Le terril Fernand en 1931 5. Vue Ouest du terril Fernand en 1939 6. Vue aérienne avec en arrière plan la mine Fernand et à droite le Mittelfeld cf p 141
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3. 4 - À LA FIN DU XXÈME SIÈCLE, L’ÉMERGENCE DE LA ZONE COMMERCIALE
A la fin des années 60, l’industrie minière décroit, entraînant l’arrêt progressif de l’extraction. En 1972, la mine Fernand ferme, puis se sera le tour de la mine Anna en 1973 et celle de Théodore en 1986. Les premiers puits sont remblayés et les chevalements sont abattus. L’ensemble des carreaux miniers occupait une superficie de plusieurs centaines d’hectares qui seront relégués aux communes au fur et à mesure des arrêts. Après le démantèlement surviennent la réhabilitation et la ré-industrialisation. Les anciens carreaux de mine désaffectés sont alors réinvestis en zones commerciales, artisanales ou urbaines.
D’après la photo aérienne de 1973
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La zone commerciale qui s’implante à l’Ouest de la commune vient «assiéger» les terres cultivées qui seront alors cernées, créant ainsi cette enclave agricole du Mittelfeld. 0
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3 1. La cité Jeune-Bois en 1987 avec en arrière plan le terril Eugène 2. Le terril Fernand en 1987, développement de la cité autour du terril. 3.Le pôle 430 et l’hypermarché CORA, vus d’avion en 1987.
cf p 141
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3. 5 - LE TISSU URBAIN ACTUEL A la fin du XXème siècle la commune hérite d’une urbanisation par secteur qui se concentre autour des anciens puits d’extraction. Il n’y a pas de continuité dans la structure urbaine.
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La commune a poursuivi sa croissance. L’évolution du tissu urbain, à la fois à vocation d’habitat et d’activités progresse au gré des opportunités foncières, reliant peu à peu les différentes cités. L’absence de structure directive a abouti à un tissu urbain sans réelle cohérence. Les abords des voies de circulation ont été urbanisés, fermant définitivement l’enveloppe autour du Mittelfeld. La position centrale de cet espace dans la commune le met en péril. En effet, il se présente comme une potentielle réserve foncière conséquente, prête à être urbanisée. Mais la commune a changé de regard sur cet espace qui lui confère un caractère particulier et la volonté des élus s’oriente aujourd’hui vers la préservation de ce champ en terres cultivées. Les terrils, en partie dissous, marquent le paysage de la commune comme les vestiges d’une époque révolue. Ainsi, le terril Fernand apparaît au centre de la zone urbaine au Sud, et le terril Eugène, un peu plus en retrait, est visible depuis de nombreux points de vue.
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1. Terril Eugène et le chevalement Théodore vu du Nord-Ouest 2. Terril Eugène vue du Sud 3. Terril Fernand, vue depuis le Mittelfeld
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3. 6 - LE MITTELFELD, UNE ENCLAVE AGRICOLE Au cœur de Wittenheim apparaît le Mittelfeld qui vient interrompre le tissu urbain. Cet espace de champs de 90 hectares propose une ambiance particulière qui diffère du reste de la commune. Le Mittelfeld est une large étendue de cultures céréalières qui se déploie jusqu’aux fronts bâtis qui l’encerclent. Il peut être perçu comme le vestige d’une activité qui occupait la majorité du territoire avant l’avènement de l’industrie.
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Le Mittelfeld à la pleine saison vue depuis le Nord avec en arrière plan la tour des pompiers et le terril Fernand
Le Mittelfeld après la moisson depuis le Sud en regardant vers l’Est, avec en arrière plan le quartier des logements collectifs et sociaux
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Le Mittelfeld après la moisson depuis le Sud en regardant vers le Nord, avec en arrière plan la tour des pompiers et le terril Eugène.
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Le Mittelfeld point de vue sur l’arrière des bâtiments de la zone commerciales puis la forêt du Nonnenbruch et en fond la silhouette des Vosges.
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3. 7 - UN RÉSEAU DE TERRES EN CULTURE
LE MITTELFELD
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La commune est parsemée de zones en culture dont celle du Mitteldelf qui est la plus importante. Ces espaces se succèdent formant par endroit un fil continu. La représentation ci-dessous met en relief ces poches agricoles et les liens potentiels entre elles.
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La plaine agricole de l’Ill
Ce chemin en limite urbaine de la commune longe le cours du Dollerbaechlein. Il est bordé d’une végétation dense sur différentes strates. Il donne accès à un parcours santé qui se trouve dans le bois. Sur l’autre rive, les champs s’étendent jusqu’à la commune de Ruelisheim. La plaine agricole de l’Ill se dévoile par intermittence depuis l’une des rues principales de la commune. Certains accès dans le tissu urbain ouvrent des fenêtres sur cette étendue cultivée. En arrière plan on peut apercevoir le cours de l’Ill qui est bordée d’une végétation abondante.
Ce passage est à peine perceptible depuis la route. Ce couloir permet un accès direct sur la plaine agricole. De l’autre côté, il fait face à l’espace du Lerschbul.
Le Lerschbul s’ouvre sur l’un des axes principaux de la commune, offrant une sensation de respiration dans le tissu urbain. Cet espace cultivé au Nord Est du Mittelfeld est peu à peu urbanisé. Des bâtiments de logements collectifs ont été construit récemment, créant une coupure entre les champs. Le Lerschbul permet de faire le lien entre le Mittelfeld et la plaine de l’Ill. Mais ces terres cultivées sont menacées par une urbanisation à venir. Celle-ci risque de rompre définitivement le lien entre les poches agricoles dans le tissu urbain et la plaine de l’Ill.
Un projet de parc public a été pensé à l’emplacement de la motte féodale, où se trouvait le château. Celui-ci est en cours de réalisation et crée en quelque sorte un espace de transition reliant la plaine agricole et la limite urbaine à l’Est.
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4. DES AMBIANCES PARTICULIÈRES PAR QUARTIER
4. 1 - UN TISSU URBAIN SÉQUENCÉ AUTOUR DES AXES DE CIRCULATIONS
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Ces poches d’urbanisation distinctes par le passé forment aujourd’hui un tissu urbain continu mais peu cohérent qui suit les axes de circulations. Ceux-ci s’organisent autour du Mittelfeld avec des axes principaux qui se dessinent sur l’axe Nord-Sud, reliant les communes entre elles. L’espace du Mittelfeld est desservi par des voiries qui étaient ouvertes à la circulation automobile par le passé. Ces accès ont été mis en place en prévision d’extensions urbaines mais sont aujourd’hui réservés aux piétons et cycles.
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Route principale à deux chaussées séparées Route principale large Route moyenne secondaire Route étroite Route réservée aux circulations douces
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Après avoir exposé les différentes phases de l’histoire qui rythment la construction de cette commune, il est possible d’identifier les différentes unités qui la composent. Cette analyse générale du parcellaire permet de mettre en avant les caractères prédominants selon les quartiers et l’organisation générale. Wittenheim possède des entités bien marquées qui renferment des ambiances particulières. Au centre de ces tâches urbaines apparaît le Mittelfeld : le champ du milieu.
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Parcelles cultivées
Habitat collectif
Espaces verts (friches, prairies entretenues ...) Boisement
Logement des cités minières Equipements
Centre ancien
Commerces
Habitat individuel
Activités
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4. 2 - LE CENTRE HISTORIQUE Le centre de la commune correspond à ce qui fut jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’emprise du village d’origine. Il s’articule autour de la rue principale, de la place Thiers, de l’église Sainte-Marie et de la mairie. Ce quartier a été dévasté pendant la seconde guerre puis reconstruit. Il se compose essentiellement de maisons sur deux ou trois étages dans un tissu urbain relativement dense. Les typologies, représentatives de différentes époques sont diverses et les façades très colorées. La rue principale comprend également des petits commerces de proximité.
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Ancienne maison près de la rue principale. La rue principale du centre historique. La place Thiers avec l’église Sainte Marie.
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4. 3 - LE QUARTIER DES LOGEMENTS COLLECTIFS ET SOCIAUX Le quartier qui s’est étendu à l’Ouest du centre historique abrite essentiellement des logements collectifs et sociaux appelés le «petit Chicago». Dans cette partie de la commune se dressent des immeubles d’habitations de différentes factures. On remarque plus particulièrement la résidence de la Forêt, un parc de logements qui ne répond pas à l’esthétique de la commune malgré une recherche dans la conception architecturale. Au pied de ces résidences s’intercalent des espaces publics ou collectifs et des parcs de stationnement. Cependant ils ne sont pas aménagés et peu valorisés, participant à l’image négative de ce quartier.
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Un des plus hauts immeubles d’habitation de la commune (R+7) Un des bâtiments de la Résidence de la Forêt. Immeubles en R+2
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4. 4 - LA CITÉ SAINTE-BARBE La cité Sainte-Barbe est la plus grande des cités minières de la commune. Elle s’organise sur un maillage de rues orthogonales. Les voiries sont similaires avec une chaussée large et des trottoirs étroits. La cité est ponctuée de placettes qui constituent l’espace public. On retrouve des typologies représentatives du début du XXème siècle en fonction des classes sociales (ouvriers, ingénieurs…). Le maillage urbain est peu dense et se constitue de maisons individuelles ou bi-familiales. Ce type d’habitat était pensé pour offrir un cadre de vie plaisant aux ouvriers. Chaque logement se trouve sur une petite parcelle de jardin, permettant à chaque famille d’avoir un potager, un petit verger, quelques animaux.
Rue principale de la cité qui rejoint le centre bourg
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Exemple de maison bifamiliale pour ouvriers Placette publique végétalisée Exemple de grande maison accolée de la cité
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4. 5 - LA CITÉ FERNAND-ANNA La cité Fernand-Anna ayant été construite à la même période que la cité SainteBarbe, elle présente un certain nombre de similitudes, notamment dans les typologies d’habitation. Cependant, le quartier qui comprend cette cité a beaucoup changé depuis la création de celle-ci. Les abords du terril Fernand ont été largement urbanisés, confondant ainsi différents types architecturaux relatifs aux époques. La cité est alors moins perceptible que dans les autres quartiers. On remarque néanmoins une prédominance des maisons bifamiliales à toit en croupette. Ce quartier s’étend sur la commune de Kingersheim au Sud.
Vue depuis la limite du Mittelfeld, vers le Sud, avec le terril Fernand en fond.
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Vue depuis la rue des Mines qui longent le terril. Vue depuis l’une des rues perpendiculaire au Mittelfeld. Exemple de maison à toit en croupette
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4. 6 - LA CITÉ JEUNE-BOIS La cité Jeune-Bois a été construite plus tardivement que les deux autres et cela est perceptible dans les typologies. Les maisons sont souvent plus petites ainsi que leurs terrains. Les types architecturaux sont marqués en fonction des rues. L’organisation générale de la cité est moins « quadrillée » que celle de la cité SainteBarbe. Le caractère de la cité minière est encore très présent malgré la réappropriation des façades par les habitants. Ces interventions individuelles viennent « casser » la monotonie conférée par les typologies.
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Exemples de rues de la cité où l’on perçoit la répétition d’une typologie mais l’individualité dans le traitement des façades. L’église Notre-Dame des mineurs
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4. 7 - LA ZONE COMMERCIALE Ce quartier s’articule de part et d’autre de la route de Soultz qui relie Mulhouse et le bassin potassique. C’est une voie qui supporte un trafic important. Sur cet axe s’est développé un chapelet de zones d’activités et de commerces. Les grands bâtiments commerciaux se succèdent, entrecoupés d’immenses parcs de stationnements et rythmés par les enseignes et panneaux publicitaires. Ce quartier est essentiellement dédié aux automobilistes et aux consommateurs et n’offre que de rares ouvertures sur la commune qui l’héberge.
En parcourant la route de Soulz, axe principal
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Vers le Mittelfeld sur la route de Soultz Centre commercial de Cora Arrière du centre commercial
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EN RÉSUMÉ
L’essor de l’industrie des mines de potasse a entraîné l’accélération de l’urbanisation de la commune au XXème siècle pour loger les ingénieurs et ouvriers. Celle-ci s’est dessinée autour des différents puits d’extraction, générant des cités d’habitations déconnectées les unes des autres. Le tissu urbain construit par zones était alors discontinu, déstructurant les espaces agricoles. L’urbanisation de la fin du XXème siècle sur les terrains disponibles,et principalement le long des axes routiers, a relié les quartiers. Mais cette liaison a abouti au cloisonnement des terres cultivées qui constituent le Mittelfeld. Le tissu urbain reflète une organisation hasardeuse qui a morcelé les terres cultivées. Celles-ci subsistent mais n’ont pas une réelle assise dans la structure urbaine.
L’agriculture avant le XXème siècle
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les zones en culture les zones de prairie la forêt
L’agriculture à la fin du XXème siècle
TYPOLOGIE DU BÂTI 1. Centre Le Mittelfeld constitue, en terme de situation spatiale, le centre de la commune de Wittenheim. Cependant il est aujourd’hui peu considéré dans l’organisation du tissu urbain qui l’entoure mais ne l’englobe pas. Cet espace en culture a le potentiel de porter un projet qui lui attribuerait une position centrale et une valeur à la fois en termes d’usage, de pratiques agricoles et de paysage au cœur de cette urbanisation déstructurée. Il pourrait alors devenir le point de convergence des différentes unités, offrant ainsi une nouvelle cohérence au tissu urbain.
2.Logements collectifs
3. Cité Sainte-Barbe et 4. Fernand-Anna 3
EUGÈNE
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5. Cité Jeune-Bois
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FERNAND
ANNA
6. Zone commerciale
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. LE PATCHWORK DU TISSU URBAIN
Une urbanisation décousue qui s’articule autour du Mittelfeld
L’histoire raconte la création hasardeuse de cette enclave agricole qui se situe aujourd’hui au centre du tissu urbain de Wittenheim. On remarque également la particularité de cette commune, qui influencée par l’industrie de la potasse s’est construite par cités, sans planification globale. Ces tâches d’urbanisation sont encore perceptibles malgré les dernières implantations urbaines ayant comblé les espaces vacants qui subsistaient entre elles. Dans cette partie je décris les différents quartiers dans leurs relations avec l’espace central du Mittelfeld. Il s’agit de mettre en avant les différents éléments qui peuvent composer les liaisons entre l’agriculture et l’urbain. 65
1. LE CONTEXTE D’UNE URBANISATION DÉSTRUCTURÉE
1. 1 - DE L’ORGANISATION SPATIALE AU DÉCOUPAGE PAR QUARTIERS
Centre historique Extension urbaine fin du XXème siècle Cités minières
Carte des différents quartiers en rapport avec le Mittelfeld
N
Zone commerciale Emprise du tissu urbain
Simplification d’après la carte de l’occupation du parcellaire (p.43)
Depuis le Mittelfeld, des ambiances par quartiers aux horizons
1 2 3 4 5 66
L’analyse du tissu urbain de la commune de Wittenheim a permis de révéler une organisation par zones qui présente des caractéristiques propres. La carte ci-dessus reprend de manière simplifiée, l’agencement de ces quartiers distincts. Le Mittelfeld étant au centre de ces tâches mais également au centre de la problématique de ce mémoire, il paraît indispensable de mettre en avant les relations qui existent entre cet espace cultivé et les quartiers qui l’encerclent. Le Mittelfeld présente des bords crénelés qui lui confèrent une forme géométrique particulière. Mais lorsque l’on se trouve au centre de cet espace, il apparaît carré. Il se dessine alors quatre horizons distincts selon les points cardinaux. Je me suis appuyée sur ces horizons pour présenter la relation de cette enclave agricole avec les quartiers qui s’organisent tout autour.
Les horizons perรงus depuis le Mittelfeld
67
1. Le quartier Est
2. Les quartiers Nord
2
3
4
3. Le quartier Sud
1 N
4. Le quartier Ouest
Un découpage par quartiers
1 2 3 4 5 68
En considérant le Mittelfeld comme l’espace central de la trame urbanisée de la commune il est possible de mettre en relief les liaisons qui le connectent plus ou moins bien à l’urbain. En associant les horizons perçus depuis le champ et les ambiances urbaines particulières on obtient un découpage qui permet de répertorier les connections mais également les éléments remarquables. Ces derniers correspondent à des espaces ou des points d’attention qui possèdent soit une qualité à mettre en avant soit des espaces à revaloriser ou qui peuvent être pris en compte dans le périmètre de projet. Le découpage s’articule en quatre entités. La première comprend la frange Est qui se déroule vers le centre historique. La seconde et la troisième englobent les cités minières au Nord et au Sud. La quatrième contient la zone commerciale qui s’impose à l’Ouest.
2
1 4
3
0
500 m
N
69
2. DES HORIZONS DÉVOILANT DES QUARTIERS DISTINCTS
2. 1 - LE QUARTIER EST
2 4
Mittelfeld
1
3
Caserne des pompiers
1 2 3 4 5 70
La frange Est est dirigée vers le centre historique. Elle forme une ligne horizontale qui alterne entre immeubles et arbres. La tour des pompiers vient rompre cette linéarité. L’horizon est composé (du Nord au Sud) de la caserne des pompiers, qui avance sur les champs, des terrains et de la salle de sport qui sont légèrement en retrait, et enfin des immeubles d’habitations. Ces derniers s’alignent sur la voirie qui marque la limite entre terres cultivées et front bâti. Ce quartier pénètre l’espace ouvert du Mittelfeld par deux accès carrossables qui sont réservés aux engins agricoles ou aux circulations douces. Ces axes traversent le quartier, en passant près des résidences collectives, puis par le centre historique de la commune avec la place Thiers, pour rejoindre la plaine de l’Ill, vers Ruelisheim.
Salle et terrains de sport
Caserne des pompiers Salle et terreins de sport
immeubles d’habitations
0
500
N
La Forêt Noire Immeubles d’habitations
71
Les accès principaux Le quartier Est et le Mittelfeld sont connectés par deux accès principaux qui s’inscrivent dans la continuité des voiries du centre ville. Ce sont deux routes goudronnées qui étaient encore ouvertes à la circulation automobiles il y a quelques années. Aujourd’hui, en raison de conflits d’usages entre automobilistes et agriculteurs, elles sont bloquées par d’imposants plots en béton. Cette mesure oblige les engins agricoles à contourner les obstacles en passant dans les zones cultivées. De plus il n’existe aucune transition entre la voirie circulable dans le quartier et celle réservée dans l’espace du Mittelfeld.
3 Du champ vers la ville
1 Du champ vers la ville
4 De la ville vers le champ
2 De la ville vers le champ
La route au bord du champ Cette portion de voirie vient souligner la limite entre le champ et habitations puis se fait happer par la zone des équipements sportifs.
1 2 3 4 5 72
5
6
3
4
5 6
Circulations douces principales Circulations douces secondaires
1
2
Voies carrossables Centre ancien Espaces verts Terres cultivées Hangar d’exploitation Équipements Terrains de sport Friches (constructions futures)
0
500 m
N
73
Les éléments particuliers, Points d’attention 2. Ce chemin d’exploitation est l’un des axes secondaires qui file vers le centre de la commune. Il est emprunté ponctuellement par les habitants. La limite entre le champ et la voirie est brutale et peu qualitative. 3. Cet espace en friche est destiné à être «nettoyé» pour accueillir un parc de maisons mittoyennes. Elle révèle cependant une réelle qualité et une végétation intéressante qui pourrait être valorisés. Une réflexion sensible sur cet espace permettrait une meilleure intégration du projet d’urbanisation. 4. Le «petit-Chicago» qui est le nom de cette zone d’immeubles d’habitations, propose des espaces publics peu qualitatifs. Il existe pourtant un réel potentiel sur la limite entre la voirie et les champs. Certains habitants se sont appropriés cet interstice végétal, entre la voirie et le champ par l’installation de petites «terrasses» de fortune.
1 2 3 4 5 74
5. La plaine révèle un paysage très plat, rythmé par la végétation des cours d’eau du Dollerbeachlien et de L’Ill. Le lien entre l’enclave agricole du Mittelfeld et la plaine n’existe plus. Mais il est possible de reconnecter ces espaces par la création d’une voie verte.
2
3
4
5
5
1
4 3
2
0
500 m
N
La caserne des pompiers
1 75
2. 2 - LES QUARTIERS NORD
2 4
Mittelfeld
3
Les Vosges
1 2 3 4 5 76
1
La frange Nord est ponctuée d’habitations individuelles avec jardins. L’horizon est rythmé entre les toits rouges et une végétation parsemée. En arrière-plan, le terril Eugène vient modeler le profil du quartier. Le quartier qui se dessine derrière la frange Nord comprend les deux cités Nord qui sont la cité Sainte-Barbe au Nord-Est et la cité Jeune-Bois en contact direct avec le Mittelfeld. Ces deux cités composent aujourd’hui un tissu urbain continu. A l’Est, il apparaît une deuxième poche agricole, le Lerchbul, moins conséquente que celle du Mittelfeld mais elle aussi intégrée dans la structure urbaine. Cette poche s’intercale entre la limite historique de la cité Sainte-Barbe, l’étalement du centre bourg et le collège.
Poney-club
Terril Eugène
Maisons de la cité ouvrière
école maternelle
0
500
N
Cité Jeune Bois Habitations individuelles
Terril Eugène (Ancienne Mine Théodore)
77
L’ accès principal L’accès principal vient conclure l’axe Nord-Sud qui traverse le Mittelfeld. Il se situe face à l’école maternelle de la cité JeuneBois et vient s’insérer entre deux maisons individuelles, s’apparentant à une desserte privée. Depuis le Mittelfeld cet accès s’engouffre dans une masse végétale qui ne laisse pas deviner la structure urbaine qu’elle abrite.
1
2
Les accès secondaires
1 2 3 4 5 78
Il existe plusieurs autres accès qui offrent une perméabilité entre l’espace du Mittelfeld et différents lieux de la cité minière. Les types d’accès sont diversifiés et présentent des ambiances différentes. 3. Lors de la restauration de la voirie a été prévu un accès en prévision d’une urbanisation future. Cette portion de voirie est utilisée comme espace de stationnement (4.) Il permet néanmoins aux piétons d’accéder au chemin qui longe les habitations. 5. Ce passage entretenu permet de rejoindre le centre commercial. 6. Le chemin d’exploitation aboutit directement sur une rue principale qui amène des usages fréquents par les riverains. 7. et 8. Ces routes amènent directement à une voirie en limite des terres cultivées.
3
4
5
6
7
8
3 7 5
8
4
6
2 1
Circulations douces principales Circulations douces secondaires Voies carrossables Centre ancien Espaces verts Terres cultivées Hangar d’exploitation Équipements Terrains de sport Friches (constructions futures)
0
500 m
N
79
Les éléments particuliers, Points d’attention
1 2 3 4 5 80
1. En parcourant l’une des routes perpendiculaires aux limites du Mittelfeld on découvre un «petit bois». Cette parcelle qui appartient à l’espace public est parsemée d’arbres sur une pelouse entretenue. Cet aménagement simple confère néanmoins une réelle qualité à cette place. 2. Cette espace de prairie entre les habitations et les champs compose un espace public intéressant souligné par le chemin d’exploitation fréquemment utilisé par les riverains. 3. La limite du quartier Nord se découpe entre voirie et front bâti. La transition entre la route et les cultures est inexistante. 4. On remarque un certain nombre de placettes publiques dans le tissu urbain des cités. Elles se limitent souvent à une pelouse entretenue mais dans certains cas elles ont été aménagées. 5. Le cimetière est intégré à la liaison entre les deux cités. Cet espace emmuré constitue un lieu public particulier avec en toile de fond le terril. 6. Le poney club s’est installé aux abords du terril Eugène amenant une activité de loisir qui dynamise ce secteur. 7. La limite du terril présente une zone humide qui est mise en avant par un aménagement en partenariat avec les écoles primaires.
1
2
3
4
5
6
7
4
7 6 5 1 2
3
0
500 m
N
Le terril Eugène
81
Le Lerchbul
1 2 3 4 5 82
Le Lerchbul est l’espace en culture qui se situe au NordEst du Mittelfeld. Il se présente également comme une enclave agricole mais ses limites n’impliquent pas les mêmes perceptions que pour le Mittelfeld. Cette poche intègre des habitations parsemées parmi les parcelles en culture. Ses contours diffus perturbent la compréhension de l’espace. 2. Certains accès surgissent du tissu urbain, entre parcelle privée de fond de jardin, champs et haies peu denses. La voirie urbaine, jalonnée de candélabres et ponctuée de panneaux semble couper cette organisation. 3. Des habitations sont implantées au milieu des terres cultivées, invitant à compléter les «vides» entre celles-ci et le reste de l’urbanisation. 4. Les chemins d’exploitation sont utilisés pour la promenade. 5. Cet espace en culture vient se confronter aux limites urbaines aux abords du parking du cimetière. 6. De la même manière qu’aux abords du Mittelfeld, la voirie vient ponctuellement marquer la limite entre front bâti et champs. 7. Les abords du collège sont en contact avec les champs mais la limite est brutale.
2
3
4
5
6
7
4 2 7 5
3 6 1
0
500 m
N
Les connexions Le Lerchbul est un espace en culture, séparé du Mittelfeld par la route. La limite entre la route et les champs est franche et peu perceptible par les automobilistes.
1
1
De part et d’autre de la rue du Docteur Albert Schweizer
83
2. 3 - LE QUARTIER SUD
2 4
Mittelfeld
3
1
La frange Sud, comme la frange Nord est composée essentiellement d’habitations individuelles avec jardins. Cependant les types architecturaux sont différents. Le quartier en arrière correspond à la cité minière FernandAnna. Ce quartier s’articule avec la limite de la commune de Kingersheim au Sud, formant un tissu urbain continu. Cette frange crantée présente une urbanisation qui vient grignoter les terres cultivées et des parcelles en culture qui pénètrent dans le tissu urbain, brisant la linéarité du front bâti.
Terril Fernand
1 2 3 4 5 84
Habitat individuel
Terril Fernand
Habitat collectif
0 500
N
CitĂŠ Fernand-Anna
85
L’accès principal L’accès principal constitue l’autre extrémité de l’axe NordSud qui relie les deux quartiers miniers de la commune. Celui-ci longe une rangée de maisons avant de pénétrer l’espace du Mittelfeld. Il est marqué par un arbre isolé qui indique l’entrée sur l’espace ouvert.
2
1 De la ville vers le champ
Du champ vers la ville
Les accès secondaires
1 2 3 4 5 86
Dans le cas de la frange Sud, les accès secondaires sont plutôt des voies qui longent les parcelles cultivées et qui permettent une ouverture sur celle-ci. 3. et 4. Le chemin d’exploitation parallèle à l’axe principal qui traverse d’Est en Ouest l’espace du Mittelfeld est emprunté par certains riverains. Sur le côté Ouest il souligne l’arrière des habitations avec une végétation dense. Sur le côté Est, il s’impose entre deux champs. Il n’est pas toujours praticable car également utilisé par les engins agricoles. 5. La route entre les habitations amène à un cul-de-sac qui s’ouvre soudainement sur les terres cultivées. 6. La voirie qui longe le Mittelfeld au Sud vient d’être rénovée et prévoit des accès pour l’urbanisation future.
3
5
4
6
Circulations douces principales Circulations douces secondaires Voies carrossables Centre ancien Espaces verts Terres cultivées Hangar d’exploitation Équipements Terrains de sport Friches (constructions futures)
2 3 4 1
6
5
0
500 m
N
87
Les éléments particuliers, Points d’attention 1. Au croisement entre l’espace du Mittelfeld et le quartier de la cité Jeune-Bois se trouve une dalle béton dénué de tout usage. Cette surface laissée à l’abandon détient une place stratégique mais ne présente aucune qualité particulière. 2. La zone entre le terril Fernand et le Mittelfeld a été urbanisée de manière décousue et peu réfléchie. Il serait intéressant d’y articuler un passage qui relierait les champs au terril. Pour ce faire il faudrait reconnecter certaines voies qui se terminent aujourd’hui en impasse. 3. Le terril est interdit au public et grillagé au plus près de son emprise. L’urbanisation s’est agencée tout autour sans en tenir compte. Le terril apparaît donc de manière subite dans le paysage urbain, s’imposant de toute sa hauteur sans que l’on puisse réellement avoir du recul pour le considérer.
1 2 3 4 5 88
4. Une autre poche agricole est située au Sud de la commune, derrière le terril Fernand. Elle fait partie de la commune de Kingersheim. Elle présente des similitudes avec le Mittelfeld dans des proportions réduites. Elle accueillera bientôt une exploitation maraîchère.
1
2
3
4
1
2
3
4
0
500 m
N
Le terril Fernand
89
2. 4 - LE QUARTIER OUEST
2 4
Mittelfeld
3
1
La frange Ouest comprend la zone commerciale. Les bâtiments blancs de l’hypermarché et des autres commerces viennent cacher l’horizon dessiné par la forêt de Nonnenbruch. Ces rectangles de tôle ondulée s’imposent comme une frontière imperméable entre le Mittelfeld et la forêt. Ce quartier est composé de zones d’activités qui se positionnent de part et d’autre de la route de Soultz. Cet axe principal orienté Nord Sud, rythmé par les enseignes et les panneaux publicitaires, est très fréquenté par les automobilistes. Les zones d’activités se succèdent sur les différentes communes qui se suivent. En arrière-plan, la silhouette des Vosges est plus ou moins présente en fonction de la météorologie.
Zone commerciale
1 2 3 4 5 90
Forêt de Nonnenbruch
Zone commercial de l’hypermarché cora
Route de Soulz
Forêt de Nonnenbruch
0
500
N
Les Vosges
91
L’accès principal L’accès principal rejoint l’axe Est-Ouest qui traverse le Mittelfeld pour rejoindre le quartier du centre historique de Wittenheim. Dans la zone commerciale, il est matérialisée par une route dont les abords sont aménagés avec des parterres végétalisés. Cette voie a pour seule vocation de desservir l’arrière des grands magasins depuis que l’axe traversant a été fermé à la circulation.
1
2
Les accès secondaires 3. et 4. Ce chemin relie le quartier de la cité Jeune-Bois et le centre commercial. Il est uniquement piéton et cyclable. Il traverse le grillage qui ceinture le centre commercial par un portique qui empêche le passage d’autres engins (voiture, moto, etc.). Les usagers de ce chemin sont essentiellement des riverains.
1 2 3 4 5 92
5. Cet espace indéfini présente une voirie de circulation entre les hangars commerciaux et les champs. Il comprend également une zone de stationnement qui n’est pas vraiment utilisée.
3
5
4
4 3
2
Circulations douces principales Circulations douces secondaires
1
Voies carrossables Centre ancien
5
Espaces verts Terres cultivées Hangar d’exploitation Équipements
0
500 m
Terrains de sport N
Friches (constructions futures)
93
Les éléments particuliers, Points d’attention 1. et 2. On peut apercevoir ponctuellement entre deux bâtiments des petites fenêtres sur le Mittelfeld lorsque l’on parcourt les parcs de stationnement de la zone commerciale. Cependant ces percées sont peu perceptibles et passent inaperçues. 3. A cet endroit, le champ avance dans la zone commerciale, comme s’il cherchait à se réintroduire dans l’espace bétonné. Cette parcelle en friche n’a d’ailleurs pas de vocation agricole. L’absence de culture sur cette parcelle la met en danger. En effet elle sera certainement bientôt happée par un parc de stationnement ou un nouveau bâtiment.
1 2 3 4 5 94
4. A l’arrière des bâtiments commerciaux, on découvre plusieurs emplacements dédiés à des bassins de rétention des eaux de ruissellement. Ces espaces sont situés à proximité des terres cultivées.
1
3
4
2
4 1 2 3 0
500 m
N
95
3. MITTELFELD: LE CHAMP DU MILIEU, CŒUR DE L’ATTENTION
3. 1 - UN CENTRE DE SYMÉTRIE En observant les horizons, se forme une impression de symétrie dans leurs compositions. Au Nord et au Sud, les terrils Eugène et Fernand dessinent l’horizon avec au premier plan des maisons datant de l’époque des mines et construites d’après les typologies des cités ouvrières. Les franges Est et Ouest présentent des bâtiments plus élevés qui forment des masses horizontales importantes. De plus, en toile de fond, se dessinent d’une part les Vosges et d’autre part la Forêt-Noire. Les deux coupes schématiques ci-dessous indiquent la place du Mittelfeld dans l’organisation urbaine selon les axes OuestEst et Nord-Sud. Cela permet d’appréhender les échelles et la place du Mittelfeld dans la commune.
Nord
Est
Ouest
Sud
MITTELFELD OUEST
1 2 3 4 5 96
1000 m Terril Eugène
NORD
Au centre du tissu urbain, le Mittelfeld revêt une importance particulière. Cet espace ouvert vient contraster avec l’enveloppe urbaine qui l’abrite. Il possède un caractère particulier dans l’organisation de la commune que ce soit en terme de paysage, de pratique, d’usage ou de structure urbaine. Loin de la ville dense encerclée par le territoire agricole on se trouve ici dans une configuration inversée. L’espace en culture crée alors une coupure dans la structure bâtie de la commune. Celleci peut être perçue comme une pause, un répit face aux dynamiques urbaines. Les colorations et cultures ne correspondent pas aux découpage parcellaire
EST Terril Fernand MITTELFELD
1100 m
SUD
97
3. 2 - UN NOYAU CULTIVÉ RYTHMÉ PAR LES SAISONS
0
1 2 3 4 5 98
500 m
Wittenheim détient un total de 552ha de surfaces agricoles utilisées, soit 29% du territoire communal. Le Mittelfeld, ce champ de près de 90 hectares est occupé exclusivement par des cultures céréalières annuelles. Ce type de culture donne la sensation d’une grande étendue uniforme et presque monotone. Le paysage qui en résulte est ouvert et plat, variant en fonction des saisons. Le maïs est une céréale cultivée pour les produits alimentaires et le fourrage. De la fin de l’été au début du mois d’octobre cette plante présente des tiges qui peuvent atteindre des hauteurs d’homme. Le blé tendre sert à la confection des farines. Il arrive à maturité au début de la période estivale et peut atteindre des hauteurs qui se rapprochent de celles du maïs.
N OCCUPATION DES SOLS d’après Ilots PAC 2009 Blé tendre Maîs grain et ensilage
Été
Automne
Hiver
99
3. 3 - UN ESPACE DE CONVERGENCE POUR LES USAGERS Le Mittelfeld est un espace peu diversifié. Étant le support du travail des agriculteurs, ces derniers sont les principaux acteurs sur cet espace. Les pratiques agricoles sont celles propres aux grandes cultures par le biais des engins agricoles. Les tracteurs empruntent les axes principaux pour accéder aux différentes parcelles. Les plots en béton qui barrent la route et la circulation en zone urbaine compliquent les déplacements de ces engins. Les axes, ouverts aux circulations douces, sont également utilisés par les habitants des quartiers alentours. Ils sont principalement empruntés pour traverser le Mittelfeld et rejoindre le centre commercial ou les différents quartiers. Ils sont aussi un support à la promenade et aux loisirs des enfants (vélo, trotinette, roller...).
1 2 3 4 5 100
Habitants Engins agricoles
Exploitants agricoles
0
500 m
N
Il y a une dizaine d’exploitants sur la commune de Wittenheim. Sept d’entre eux cultivent des parcelles dans l’emprise du Mittelfeld. Dans la plupart des cas, les exploitants louent les terres agricoles qui appartiennent à des propriétaires privés. On remarque cependant sur la carte ci-dessus que certaines parcelles appartiennent à la commune. Les baux agricoles sont par périodes de 10 ans afin d’assurer une certaine stabilité aux agriculteurs. Ces documents particuliers comprennent un certain nombre de règles qui ne permettent pas d’autres usages ni de rupture soudaine du bail.
Propriétaires fonciers
EBERLIN E.A.R.L.
0
500 m
N
FISCHESSER Maurice
COMMUNE
LANTZ Bernard
JUX Marie
ROPP Bernard
WEISBECK Eugène
SETTELEN Nathalie
GUISEPPANTONIO Dominique
STRUB
SODICO SA
WEISBECK Carmen
Autres propriétaires
(petites parcelles)
101
3. 4 - UN PIVOT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA COMMUNE
D’après l’illustration du Projet d’Aménagement et de Développement Durable Préservation du partimoine architectural et urbain des cités minières Développement de l’urbanisation Préservation de la vocation agricole du Mittelfeld Valorisation du carreau Théodore Gestion d’une prairie urbaine Rôle urbain de la route de Soultz Corridor écologique
0
500 m
N
Source : Document du Plan Local d’Urbanisme de Wittenheim
1 2 3 4 5 102
Le Mittelfeld est un élément important dans le Plan Local d’Urbanisme de Wittenheim. Cet espace cultivé était considéré comme la réserve foncière la plus importante de toute l’agglomération mulhousienne. Les projets d’urbanisation visaient à combler cette emprise alors considérée comme vacante. La commune lance, en 2010, une étude spécifique de structuration du territoire communal notamment pour définir les grandes lignes de l’évolution future du Mittelfeld. Cette étude a démontré qu’il n’était pas nécessaire de combler ces terres agricoles en cœur de ville car les prévisions démographiques sont inférieures à la surface « disponible ». L’étude a révélé que ce champ en cœur de ville est un élément particulier à mettre en valeur dans l’identité de la commune. L’équipe municipale a validé les conclusions de cette étude et lancé la révision de son PLU. Dans celui-ci elle s’appuie sur des besoins en foncier revus à la baisse, permettant de préserver la majorité de l’espace du Mittelfeld. L’objectif pour cet espace est alors de conserver sa vocation agricole avec la volonté de muter vers une agriculture de proximité, type maraîchage. Par ailleurs le PLU prévoit de penser un projet qui vise une restructuration des franges et une amélioration de l’accessibilité aux équipements publics en partie par l’urbanisation de certaines zones.
«L’objet est d’organiser une « greffe » urbaine le long et à proximité de voies déjà largement urbanisées par ailleurs. Celle-ci assurera également une limite franche avec l’espace agricole du Mittelfeld. Afin de finaliser la continuité urbaine et l’épaississement des franges du Mittelfeld au sud, la Ville entend développer l’urbanisation au nord de la Rue du Millepertuis. L’objectif est d’assurer la cohérence urbaine sans s’étendre sur l’espace central du Mittelfeld, dont ce site assure la limite sud.» «Préservation de la vocation agricole du Mittelfeld. [...] La préservation de la vocation agricole de la majorité de l’espace actuel est à garantir, en particulier pour favoriser l’agriculture de proximité. Afin de garantir l’usage agricole des terres du Mittelfeld, la commune sera également attentive au maintien et à l’amélioration des conditions de circulation agricole de ce secteur en coeur de ville. En effet, la Ville souhaite le maintien de l’activité agricole et sa valorisation en site d’agriculture périurbaine.» Extraits du PLU de la commune de Wittenheim, concernant l’espace du Mittelfeld.
A A 1AU A 1AU
AM 1AU
0
500 m
N
Extraits du zonage du PLU «Les limites de la zone 1AU s’appuient sur les grands sites d’extension à vocation d’habitation retenus par le PLU approuvé, sous forme de zone IAUh (pour le site des Bosquets du Roy au nord et le secteur sud de la Rue du Millepertuis), ou dans le cadre d’une zone d’urbanisation à long terme IIAU pour le site de la Rue du Docteur Albert Schweitzer. Les limites des zones ont cependant été revues par rapport au PLU approuvé : en effet, la zone d’extension des Bosquets du Roy a été réduite pour permettre la réalisation d’une prairie urbaine. La zone du Millepertuis a été réduite dans ses limites nord, pour s’appuyer sur le chemin rural bordant le site finalement retenu au PLU. Les limites de la zone IIAU, qui recouvraient une très large part de l’espace agricole du Mittelfeld, ont été fortement réduites, pour ne conserver que « l’épaisseur » nécessaire à l’articulation entre les différentes zones urbaines de part et d’autre de la Rue Albert Schweitzer.»
«La zone A (agricole) recouvre la façade est du territoire communal,s’agissant d’espaces cultivés et de prés, inondables pour une large part de leur superficie à l’est de Wittenheim. [...] Le classement en secteur A vise à reconnaître le potentiel agronomique des terres concernées et à les préserver de l’urbanisation. [...] Outre les secteurs A, globalement inconstructibles, le PLU identifie des espaces agricoles spécifiques. Il identifie l’espace agricole central de Wittenheim en secteur AM, c’est-à-dire un espace agricole où la constructibilité est limitée aux serres. En effet, la préservation de cet espace central constitue un enjeu majeur dans le projet communal : c’est pourquoi le PLU encadre très fortement ses évolutions. A l’intérieur du secteur AM, deux sous-secteurs AM1 sont identifiés, dans lesquels sont autorisés les locaux de vente des productions maraîchères du Mittelfeld. Leur localisation en limite des zones urbaines ou d’urbanisation future les rapprochent des réseaux et surtout des voies d’accès, le Mittelfeld devant rester le lieu des circulations douces.»
103
EN RÉSUMÉ Des limites du champ aux limites de projet Dans cette partie où le Mittelfeld est placé au centre de l’analyse, sont détaillés les relations de cet espace avec les quartiers qui s’articulent derrière chaque frange. Les horizons constituent le premier contact entre l’espace agricole et la trame urbaine. Ces horizons sont traversés par des accès qui permettent de connecter le champ aux différents quartiers. Par ailleurs nous avons relevé les éléments et espaces qui peuvent être le support d’une transition entre terres cultivées et zones bâties. Ainsi en prenant en compte des différents aspects nous pouvons délimiter un espace de projet qui s’étend au-delà des limite du Mittelfeld. Cela permet d’affirmer la place du Mittelfeld dans la trame urbaine et de penser à son évolution en terme d’usages et de pratiques tels qu’ils sont esquissés dans le document du PLU.
Analyse des contacts entre l’espace du Mittelfeld et son enveloppe urbaine
Mise en relief des accès qui permettent la connection de cet espace aux différents quartiers
Circulations douces principales Circulations douces secondaires
0
500 m
Centre ancien Espaces verts Hangar d’exploitation Équipements
1 2 3 4 5 104
Terrains de sport
Observation des points d’accroche qui peuvent devenir des espaces de transition
Friches (constructions futures)
0
500 m
N
En s'intéressant au parcellaire, il apparaît que certaines parcelles appartiennent à la commune et pourraient être support de nouveaux usages ou de pratiques agricoles ouvertes aux habitants. Il faut cependant prendre en compte la durée des baux agricoles et des réglementations. Par ailleurs, en portant attention aux agriculteurs, aux départs en retraite, aux éventuelles reprises, il est possible d'anticiper la mise en place de pratiques agricoles plus diversifiées.
Les différentes couleurs reprennent les agriculteurs, exploitant les parcelles parcelles appartenant à la commune
0
500 m
N
105
1 2 3 4 5 106
4
. LES LISIÈRES, JONCTIONS ENTRE LES PARTIES
Des zones de contact à qualifier et à interroger
La partie précédente s’est attachée à analyser l’organisation des quartiers avec le Mittelfeld et leurs liaisons avec ce dernier. J’ai pu mettre en avant des connexions à traiter et des espaces à considérer. Pour autant, je ne me suis pas encore intéressée aux bandes de contact entre front bâti et terres cultivées qu’il s’agit, dans cette partie, de présenter pour qualifier les types de contact. Ce relevé permet de poser la question de ces interstices et des projets qu’ils peuvent porter afin de conférer une qualité à ces lieux afin qu’ils ne soient plus perçus comme des espaces vacants. 107
1. IDENTIFIER LES TYPES DE LISIÈRES
Cette partie destinée à identifier les lisières pour pouvoir les différencier a pour but de mettre en avant les qualités qu’elles possèdent et les problèmes qu’elles soulèvent. Il s’agit ici de questionner les interstices d’un point de vue avant tout paysager pour amener une réflexion qui puisse conduire à de nouveaux usages reliant la ville et l’agriculture à l’endroit même où ils se tournent le dos.
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Les lisières sont les espaces qui s’intercalent entre le bâti et les espaces ouverts (naturels, agricoles…). Elles sont aujourd’hui amenées à être effacées ou déplacées, perdant ainsi leur structure. Cependant, elles ont la possibilité de devenir des lieux vivants en faisant l’objet d’une appropriation par les différents acteurs. En considérant ces espaces comme des lieux de projets, ils peuvent devenir l’amorce du territoire agricole. Ils viendraient alors souligner ces espaces dégagés, invitant à ne plus les considérer comme des zones d’absence et de vides à combler par une urbanisation massive. Le contact entre front urbain et terres agricoles est souvent stérile et conduit à une pauvreté des pratiques et des paysages. En réinterprétant le maillage de ces interstices, on peut requalifier le rapport entre ville et grandes cultures. Ils deviennent alors le support de projets qui rendent attractifs tant l’urbain que les cultures. Certaines lisières présentent une qualité à mettre en avant, d’autres un manque de considération dans leur aménagement. Après avoir distingué différents types, ceux-ci sont décrits, à titre d’exemples ponctuels pour mieux saisir les disparités de traitement et les conséquences sur l’appréhension et l’appropriation de ces zones de contact.
Les limites et types de contact
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500 m
N Voirie - desserte Grillages hauts Clôtures et murets Épaisseur végétale accès / perméabilités
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2. ANALYSER ET QUALIFIER LES LIMITES
2. 1 - LES LIMITES FRANCHES, UN CONTACT SUBIT
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1
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N
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La limite franche indique l’absence de transition entre le front urbain et les terres cultivées. Ce type de contact peut s’apparenter à une ligne à l’endroit où l’urbain se heurte à l’espace ouvert des champs. Celui-ci est soudain et peut être perçu différemment selon les cas. Le front urbain et l’espace agricole se font face ou au contraire se tournent le dos et s’opposent, dans une forme d’indifférence partagée. Plusieurs déclinaisons de ce type de limites sont remarquables. Chacune d’entre elles se compose d’éléments qui lui sont propres, instaurant des relations différentes entre front urbain et espace agricole. Ces limites doivent être des points d’attention. L’absence de qualité dans le traitement de celles-ci ne permet pas d’affirmer leur position et de dissuader l’étalement urbain.
Front urbain
Espace agricole, cultures
Les trois exemples présentés ici sont les plus éloquents pour exprimer ce type de limite.
1 Entre équipements et champs
1. Entre les équipements de la frange Est et les champs, la démarcation est matérialisée par un grillage à mailles soudées qui parcourt toute la longueur de ces espaces. Ce type de limite permet une perméabilité visuelle mais se révèle peu qualitative. Au niveau des équipements sportifs, des ifs ont été plantés pour créer une barrière visuelle mais l’absence d’entretien a desservi cette ambition. 2. Le centre commercial du Cora tourne le dos aux terres agricoles et affirme la séparation par un grillage à simple torsion qui donne la même impression que la frange Est.
2 Entre le centre commercial Cora et les champs
3 Entre les bâtiments commerciaux et les champs
3. La limite n’est pas physiquement présente mais se perçoit dans le traitement du sol qui marque la confrontation entre le minéral de la zone urbaine et le végétal de la production agricole. Cette limite est moins brutale que les deux autres mais ne présente pas de qualité particulière. Ces trois exemples reflètent la complexité de la relation entre ces deux mondes. Il est alors plus facile de délimiter et clôturer l’espace que de chercher une façon de cohabiter en aménageant un espace de qualité. 111
2. 2 - LES VOIRIES ET DESSERTES, ESPACES JUXTAPOSÉS 1
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3 N
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Dans certains cas, la voirie, ou plus largement les espaces de circulations s’intercalent entre le front bâti et les parcelles en culture. Ces éléments peuvent être considérés comme des espaces supplémentaires entre ville et agriculture même s’ils appartiennent plutôt à l’urbain. Ces portions linéaires de circulation sont ouvertes sur les champs et soulignent le bâti: elles pourraient marquer la transition. Au contraire, celles-ci s’interposent entre ces deux entités, mais ne les relient pas. Les circulations se déroulent dans le sens de la limite sans jamais faire face ni aux champs ni au bâti. Ainsi on se trouve face à une juxtaposition d’usages, s’apparentant davantage à un collage qu’à une unité. Néanmoins les perceptions sont différentes en fonction du calibrage des voiries et de leurs fréquentations.
Front urbain
Espace agricole, cultures
Les exemples ici relevés aux abords du Mittelfeld se composent d’une voirie.
Entre les maisons de la cité Jeune-Bois
1 et les champs
1. La voirie au Nord est de l’ordre de la desserte. Elle est empruntée essentiellement par les habitants vivant au contact de l’espace agricole. Elle est donc peu fréquentée. En terme de traitement, elle s’apparente aux voiries présentes en milieu rural, sans hiérarchisation ni bordure. 2. La voirie à l’Est, présente les mêmes caractéristiques. Elle est cependant davantage fréquentée puisqu’elle amène aux équipements sportifs. Elle est par ailleurs plus large et s’ouvre au stationnement informel.
les résidences du quartier Est 2 Entre et les champs
3 et les champs
Entre les logements individuels au Sud
3. La voirie au Sud du Mittelfeld est différente de celles présentées précédemment. C’est l’un des axes d’importance du tissu urbain puisqu’elle permet la liaison entre les routes principales. La fréquentation y est plus importante et les usagers ne prêtent souvent guère attention à cette fenêtre ouverte sur les champs. Le traitement de la voirie est plus travaillé, avec une hiérarchisation des usages. L’aménagement de celle-ci prévoit également la création future d’axes perpendiculaires pour une urbanisation à venir. Une attention particulière doit être portée sur ces espaces dont la mutation la plus aisée serait l’urbanisation. 113
2. 3 - LES ÉPAISSEURS VÉGÉTALES, ZONES DE TRANSITIONS
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2
N
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Cette catégorie traite des limites présentant une certaine épaisseur, c’est-à-dire une zone qui n’appartient ni au front urbain, ni aux terres cultivées. Elle constitue une transition entre ces deux mondes. Celle-ci est souvent végétalisée, proposant une impression de profondeur qui suggère la liaison. Ces espaces sont généralement de l’ordre de l’espace public ou de l’espace privé ouvert au public. Cette emprise accessible et perméable assure la jonction des deux entités. L’intérêt de ces épaisseurs réside dans le dialogue qu’elles instaurent entre les mondes agricole et urbain. Ce type de lisière est plutôt qualitatif en terme d’usage et de paysage.
Front urbain
Espace agricole, cultures
Ces deux exemples présentent cette épaisseur qui permet une transition entre les champs et le front bâti.
les maisons de la cité Jeune-Bois 1 Entre et les champs
2 Entre les maisons au Sud et les champs
1. L’espace qui s’articule entre les fonds de jardin du quartier de la cité Jeune-Bois et les champs propose une transition végétale intéressante. Elle est composée d’une strate essentiellement arbustive proposant des espèces diversifiées. Cela compose des ambiances variées et de qualité. Elle comprend également une zone enherbée qui est entretenue. À la limite de cet espace avec le champ, s’articule un cheminement qui est régulièrement fréquenté par les habitants. 2. L’espace qui se dessine entre le front bâti et les terres au Sud présente des similitudes avec l’exemple précédent. Il possède une diversité végétale qui lui confère une qualité paysagère. Cependant la transition est moins bien aménagée et l’espace est inaccessible. De plus il semble moins entretenu. Cette impression de friche abandonnée le met en péril quant à son devenir. Ces deux espaces présentent des qualités qu’il faut valoriser et étendre. 115
2. 4 - LES PARCELLES DÉCOUPÉES, DES PORTIONS DISJOINTES 1
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3 N
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Les parcelles découpées sont celles qui sont agencées dans des zones étroites ou entre des zones de végétation et le front bâti. Elles se retrouvent essentiellement là où les parcelles agricoles s’intercalent avec les parcelles bâties. La limite est alors crénelée et souvent difficile à percevoir. Ces espaces sont souvent porteurs de différentes ambiances mais peu intéressants pour les pratiques agricoles mécanisées. Ces parcelles sont alors particulièrement en danger, car il est plus intéressant, d’un point de vue économique et pratique de les abandonner à l’urbanisation.
Front urbain
Espace agricole, cultures
Ces trois exemples présentent des cas différents, au sein desquel les parcelles s’intercalent entre urbain et agricole.
habitations, champ et zone 1 Entre commerciale
1. Cette parcelle de champ qui cohabite avec un bassin de rétention des eaux pluviales est encerclée par les habitations et la zone commerciale. Elle est alors peu intéressante pour la grande culture et son devenir est menacé. 2. Cette parcelle s’insère entre les immeubles d’habitation et une haie densément végétalisée. Cette parcelle est suffisamment longue et ouverte à chaque extrémité facilitant le passage des engins. Elle reste cependant moins intéressante que les autres grandes parcelles du Mittelfeld.
2 Entre immeubles, champ et haie
3 Entre habitations, champs et haies
3. Dans ce cas de figure la parcelle d’habitation fait irruption sur l’espace agricole, crénelant les abord de celui-ci. Par ailleurs, les bordures sont végétalisées et une haie vient traverser les champs. On peut alors relever une certaine qualité paysagère. Cependant les espaces sont mal agencés et ne valorisent ni l’urbain, ni l’agricole. Ils sont d’ailleurs voués à être urbanisés. Ces parcelles doivent faire l’objet d’une attention particulière et cela d’autant plus si elles sont dédiées à évoluer vers l’urbain. 117
EN RÉSUMÉ
L’analyse des lisières permet une approche fine du traitement de la limite entre ville et agriculture. Cela révèle, en termes de fonctionnalités et de paysages, les espaces à valoriser et ceux à remanier ou à aménager. Cette analyse décline les limites repérées aux abords du Mittelfeld selon des types. Ces types permettent de les classer pour exprimer des caractères similaires prédominants. Cette classification balaie un premier niveau de lecture mettant en avant des éléments forts à considérer. Il faut cependant opérer un deuxième niveau de lecture, plus sensible pour éviter de basculer dans des réponses systématiques qui appauvrissent la qualité des espaces qu’elles soient d’un point de vue paysager ou pratique. Le classement des lisières sert ici de levier pour mettre en avant la façon dont elles sont traitées afin de les hiérarchiser et de penser leurs évolutions dans le cadre du projet à venir. L’axonométrie ci-contre souligne les espaces de qualité à valoriser, les limites pauvres qu’il faut aménager et les zones à surveiller et à projeter en termes d’évolution.
Les limites franches
Les voiries et dessertes
Les épaisseurs végétales
Les parcelles découpées
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N
Les lisières qui présentent des qualités à valoriser Espaces en culture
Les lisières pauvres en traitement à aménager Les lisières à améliorer Les lisières en danger à penser
Espaces végétalisés
Les parcelles en danger à penser
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. RECOUDRE LES BORDS Vers les intentions de projets
Après avoir analysé le contexte du Mittelfeld et la relation de cet espace cultivé avec le tissu urbain qui l'enveloppe, il est possible d’énoncer les enjeux de cette enclave agricole pour la commune de Wittenheim. Cette dernière partie met en relief les éléments importants de l'analyse qui amènent au schéma directeur puis aux intentions du projet à dessiner.
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1. SYNTHÈSE ET DÉFINITION DU PROJET La démarche d’analyse a mis en avant les éléments utiles au développement du projet à différentes échelles. Le rappel des synthèses de cette étude permet d’orienter les différentes actions qui répondront aux enjeux du Mittelfeld.
LA TRAME
LE PATCHWORK
LES LISIÈRES
• Un tissu urbain déstructuré issu d’une construction par zones • Des parcelles agricoles morcelées se succédant dans le tissu urbain • Des entités singulières convergeant vers le Mittelfeld
• Des horizons abritant des éléments de l’«entre-deux» • Des connexions hiérarchisées mais peu valorisées • Une pratique agricole à préserver et faire évoluer
• Des limites franches accentuant la scission entre agricole et urbain • Des lisières présentant des qualités paysagères et fonctionnelles • Des parcelles agricoles en danger
Le Mittelfeld a une place centrale dans la commune qui ce soit du point de vue du tissu urbain ou de celui des parcelles agricoles enclavées. Il a le potentiel de porter un projet affirmant cette centralité en devenant le point de convergence des entités urbaines et agricoles. En créant des connexions, le Mittelfeld pourrait rayonner dans la trame communale.
RACCOMMODER
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- la structure de la commune pour créer un tissu urbain continu autour et avec le Mittelfeld - les parcelles agricoles pour leur redonner une légitimité dans l’espace bâti.
Les pourtours du Mittelfeld peuvent s’étendre sur l’emprise urbaine, lui permettant d’atteindre une dimension urbaine et de se connecter au tissu bâti. Cette étendue réside également dans les connexions qui peuvent offrir une nouvelle qualité aux articulation entre urbain et agricole. L’étendue du Mittelfeld permet de s’interroger sur le renouvellement de l’agriculture dans cet espace.
TISSER
- les connexions entre le champ et les quartiers environnants pour assurer les échanges. - les espaces aux abord des quartiers avec les franges du Mittelfeld pour changer le regard et les usages. - un nouveau projet agricole cohérent avec ce contexte urbain pour lui garantir une certaine pérénité.
Les limites et lisières entre l’espace cultivé du Mittelfeld et l’enveloppe urbaine sont diversifiées et discontinues. Elles ne valorisent pas toujours le contact entre ces deux entités mais ont le potentiel d’évoluer vers des aménagements paysagers et fonctionnels de qualité.
BRODER
- les limites franches pour leur conférer une qualité paysagère et fonctionnelle. - les zones sensibles avec une urbanisation délicate pour qu’elle articule les échanges entre terres cultivées et parcelles construites.
De la formulation des enjeux... À travers cette analyse, le Mittelfeld révèle les enjeux qu’il peut porter pour Wittenheim. Les thèmes de l’urbain et de l’agricole se rassemblent sur cet espace et son enveloppe bâtie. Ainsi il est à la convergence des enjeux urbains de par sa position centrale dans la commune. Ceux-ci s’expriment dans la restructuration du tissu par la connexions entre les différents quartiers et l’enclave agricole du Mittelfeld mais également par la nécessité de cette poche à faire partie intégrante de la structure urbaine. L’enjeu agricole demeure dans les pratiques culturales et leur cohérence avec le contexte urbain, que ce soit dans l’évolution du type d’agriculture, des pratiques ou des déplacements fonctionnels. Enfin le dernier enjeu réside dans la combinaison de ces deux aspects. Le Mittelfeld a le potentiel d’être à la fois un espace urbain et agricole. L’enjeu majeur est donc dans la conciliation de ces deux mondes qui ont plutôt tendance à s’opposer.
... à la démarche de projet La synthèse de l’analyse permet de repérer les différents éléments à traiter et d’esquisser les actions potentielles. Mais celle-ci propose une hiérarchie des éléments selon les échelles étudiées qui n’est pas la plus pertinente dans la démarche de projet. La démarche de projet considère les éléments de l’analyse et ses conclusions en articulation avec les thèmes évoqués dans les enjeux. Cela permet de formuler les intentions de projet dans une distribution plus adaptée, qui regroupe les actions par thématique.
DONNER DE LA VISIBILITÉ À CET ESPACE EN CŒUR DE VILLE
[RACCOMMODER + TISSER] TRAITER LES LIMITES
[RACCOMMODER + TISSER + BRODER] ANTICIPER LA MUTATION DES PRATIQUES AGRICOLES
- Intégrer cette poche agricole dans le tissu urbain en amenant de nouvelles fonctions, de nouveaux usages. - Faciliter les échanges, les accès, les circulations douces - Fixer et qualifier les limites - Dessiner l’urbanisation à venir dans un échange avec les parcelles cultivées - Étirer les bords - Programmer les possibilités de changement
[TISSER + BRODER] 123
2. LE SCHÉMA DIRECTEUR
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DONNER DE LA VISIBILITÉ À CET ESPACE EN CŒUR DE VILLE
TRAITER LES LIMITES
ANTICIPER LA MUTATION DES PRATIQUES AGRICOLES
Intégrer cet espace agricole dans le tissu urbain en redonnant de l’importance aux parcelles en culture par une mise en réseau de ces espaces jusqu’à la plaine de l’Ill. Une voie verte pourrait créer le lien entre ces différentes poches.
Fixer les limites en retravaillant les contours, à l’endroit du contact entre front urbain et terres cultivées. Ces limites peuvent être transformées en lisière en aménageant une épaisseur végétale sur certaines d’entreelles.
Étirer les bords pour étendre l’espace du Mittelfeld vers les zones urbaines. Insérer de nouvelles pratiques dans le tissu urbain donnerait plus de légitimité à l’espace agricole et permettrait de diversifier les usages.
Requalifier les axes principaux qui traversent l’espace du Mittelfeld et rejoignent les différents quartiers en lui donnant une épaisseur végétalisée. La hiérarchisation de ces voies faciliteraient les différents usages.
Recomposer et permettre le développement urbain à travers la création de zones d’habitations intégrées aux champs et en adéquation avec le tissu existant.
Valoriser les perméabilités au sein du Mittelfeld en accentuant les chemins d’exploitation et en créant de nouveaux accès transversaux.
Programmer le devenir des espaces en grandes cultures afin d’anticiper la mutation des pratiques agricoles sur cet espace. La réflexion en amont permettra la mise en place d’un parc agricole urbain mêlant les usagers et les pratiques agricoles diversifiées dans un projet commun.
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NN
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3. LES INTENTIONS DE PROJET 3. 1 - DONNER DE LA VISIBILITÉ À CET ESPACE EN CŒUR DE VILLE Le Mittelfeld est aujourd’hui déconnecté du tissu urbain. Cette poche agricole se préserve du contexte de son enveloppe. Il est possible de parcourir Wittenheim sans prendre conscience de l’existence de cet espace qui est pourtant au centre de la commune. En lui donnant de la visibilité il pourrait être connecté à la trame urbaine existante. Il ne s’agit pas de changer son identité agricole mais de la confronter aux usages urbains pour qu’il puisse combiner un caractère à la fois urbain et agricole. Cela peut être mis en avant dans un premier temps par un travail sur les connexions qui le relient d’une part aux autres espaces en culture et d’autres part aux accès qui le rattachent à la trame urbaine.
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Sa spécificité agricole doit être affirmée et cela en le reconnectant à la plaine agricole par la mise en réseau des terres cultivées éparpillées dans la commune. Cela peut être matérialisé par la création d’une voie verte qui parcourrait ces différents espaces. Le projet de voie verte est déjà en cours de réflexion à l’échelle de l’agglomération et du projet d’aménagement et de développement durable de la commune. En effet, le PLU prévoit la mise en place d’une «dorsale verte» qui mettrait en relation les espaces de «nature» en ville (comprenant les espaces verts, les espaces agricoles, les haies ponctuelles, etc.). Cette dorsale qui est une voie de circulation douce viendrait souligner le projet d’extension du réseau de tramway de Mulhouse vers les communes alentours. Ce projet au stade de réflexion sera également traité dans le projet de ce travail de fin d’étude.
RUELISHEIM
WITTENHEIM
KINGERSHEIM
ILLZACH
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N
vers Mulhouse D'après les pistes de réflexion émises dans le cadre d’une étude de L’Agence d’Urbanisme Mulhousienne, la voie verte sur une quinzaine de kilomêtres
La connexion de cet espace agricole avec la trame urbaine peut être mise en relief par le traitement des accès qui permettent de pénétrer et de traverser ce lieu. L’aménagement doit prendre en compte les différents usages et notamment l’aspect fonctionnel nécessaire aux manœuvres des engins agricoles. Tout en tenant compte de cette contrainte, il est possible d’aménager des voies de circulation douce s’exprimant dans un compromis entre axes de promenade à l’image des parcs urbains et voies de circulation en milieu rural. Les références montrées ici présentent ces deux types de circulation qui peuvent être combinés pour alimenter cette intention dans le projet.
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Ces deux références présentent des cheminements qui s’intègrent entre terres agricoles et promenades urbaines. Les aménagements proposent une qualité paysagère qui combine identité agricole et parc urbain.
Quartier des maraichers, Colmar
Parc de la Deule, (source: par Stefeo, www.ugo.cn)
Ce quartier s’articule à la limite entre champs et urbanisation. Cette promenade a été aménagée au contact de l’urbanisation, des parcelles maraîchères et des terres en cultures annuelles. Elle combine ainsi caractère urbain et identité agricole.
Ce parc a la vocation de combiner développement des espaces verts récréatifs et protection des champs dans un traitement alliant exploitation agricole et approche paysagère.
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Références de cheminements de parcs publics
JARDIN DES DEUX RIVES, à la frontière franco-allemande, Strasbourg-Kehl
PARC MATISSE, Lille Gilles Clément, Claude Courtecuisse, Cabinet Empreinte
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PARC CLICHY-BATIGNOLLES Jacqueline Osty
Références de cheminements en milieux ruraux
Aux alentours de Rixheim et Habsheim, Sud Ouest de Mulhouse
Vernand, l’exploitation de la famille Janin Fourneaux, Roanne
Au Nord du lac de Guerlédan, Bretagne
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3. 2 - TRAITER LES LIMITES Le Mittelfeld est ceinturé par le tissu urbain. Celui-ci se présente comme un fond de scène sur les horizons de cette poche agricole. En analysant de plus près le rapport entre terres cultivées et front urbain, ce dernier apparait réellement comme un décor, posé sur les champs. En traitant les pourtours de cet espace, il est possible de créer une articulation entre ces deux mondes superposés. Le traitement des limites permettrait de percevoir une toute autre relation et valoriserait à la fois les espaces ouverts et le bâti. Ces limites doivent être travaillées pour donner de la profondeur et dessiner les paysages «péri-urbains» ou «péri-agricoles». Cette nouvelle image donnée aux contours des champs leur conférera une légitimité et une pérennité. Cette intervention doit se faire à deux niveaux. Le premier consiste à prévoir l’urbanisation à venir, à la penser autant en termes d’implantation que d’insertion et d’image. Le second niveau réside dans le traitement des limites existantes, dans l’épaississement et l'aménagement des lisières.
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La commune, à travers son PLU a prévu des zones qui seront reléguées à l’urbanisation. Dans les orientations de projet de ce PLU, sont indiquées non seulement ces zones mais également les espaces verts et les dessertes. Ce schéma est peut-être à remettre en question, mais surtout à affiner pour aboutir à un projet de qualité. En effet, il ne s’agit pas de rajouter des lignes d’habitations, mais de penser l’intégration de ces nouveaux logements sur l’espace agricole. Le dessin de cette future urbanisation permettra son insertion et la valorisation de l’espace en culture. Il faut également anticiper la lisière, l’espace d’articulation entre front bâti et terres cultivées pour poser de nouvelles limites plus perméables.
Les orientations de projet du PLU
Les zones à urbaniser Les dessertes et voiries Les espaces verts (parc) Les trames vertes 0
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Carte de réflexions sur les zones à urbaniser Zonage prévu par le PLU Zones potentielles d’urbanisation à interroger Parcelle à prendre en compte dans le projet d’urbanisation
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Transitions à préserver en espaces ouverts et à valoriser N
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Références
QUARTIER CLAUSE BOIS-BADEAU, Brétigny-sur-Orge, Obras L’enjeu de ce projet portait sur la relation ville/ campagne. Les logements sont construits sur les champs en offrant un nouvel équilibre, en mesurant les zones construites, tout en donnant le caractère d’une sorte de tissage qui allie le bâti et l’agricole. Le projet s’appuie sur le parcellaire des anciennes plantations. Il propose ainsi une relation qui n’est pas frontale mais où les éléments du paysage s’insinuent jusqu’à chaque unité d’habitation. source : www.paysages.net
Plan masse du projet (non-réalisé)
Lisières et usages partagés, Champlan
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Densification et parcelles maraîchères, Saulx-les-Chartreux
FORMES URBAINES, pour le Triangle Vert, Les étudiants en DSA Marne-la-Vallée ont réalisés une analyse sur les communes du Triangle Vert et ont proposé des exemples de relation ville-campagne pour chacune. L’imbrication des parcelles agricoles et parcelles habitées permet une unité mêlant différentes entités. Notamment par la création de chemins en bordure de champs pour des usages partagés et par une densification du bâti dans le respect du parcellaire existant. source : www.trianglevert.org/IMG/pdf/Atelier_ formes_urbaines-DSA
ATLAS METROPOLITAIN Extrait d’un travail d’étudiants de l’école d’Architecture de Marseille sur un projet territorial et métropolitain pour Marseille-Provence 2013. Cet exercice en quatre étapes et sur différents thèmes traitait notamment du rapport ville/nature : les franges et lisières urbaines et sur l’armature des espaces naturels et agricoles. Ci-joint deux exemples de réponse. Franges et lisières urbaines - Habiter en bords de parc / A. Lucas
Densités raisonnées - Articulation à l’existant et typologies / Th. Rassat
source : www.atlas-metropolitain.fr
PARC DU MONT-ÉVRIN, Urbicus Le projet vise à ancrer la ville dans l’épaisseur de son territoire qui propose des paysages «naturels» et ruraux. Le projet de parc se combine avec l’urbanisation, sur les parcelles agricoles en préservant les types propres à la ruralité et aux paysages cultivés. Le parc forme des doigts verts qui s’intercalent entre les quartiers, articulant une lisière partagée avec l’urbanisation. source : Densité, Les cahiers de l’école de Blois n°7, p. 78-85
SAINTE GENEVIÈVE SOUS BOIS Ce quartier présente une typologie d’habitations individuelles intéressante qui s’organise selon des axes de promenade permettant de relier les bois et les espaces publics. QUARTIER VAUBAN Cet écoquartier présente une diversité dans les types de logements collectifs qui s’intègrent dans l’espace public de la voirie, traité par le végétal. Sainte Geneviève sous bois, France
Quartier Vauban, Freibourg
>>> Ces références présentent des projets intégrant urbanisation et parcelles agricoles. Ces exemples évoquent des échelles différentes et expérimentent la création d’espaces partagés qui ont le potentiel de s’ouvrir vers d’autres usages. Ces références sont à réinterpréter dans le cadre du projet pour le Mittelfeld, dans des échelles maîtrisées. Il faut notamment prendre garde aux typologies de logement qui doivent garder une cohérence avec les modèles de la commune. Il faut également être attentif à la répartition entre espaces privés et espaces publics qui varient en fonction des types d’habitation.
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3. 3 - ANTICIPER LA MUTATION DES PRATIQUES AGRICOLES L’espace du Mittelfeld tel qu’il est organisé aujourd’hui présente un caractère monotone qui ne permet pas la mixité des usages. Il est entièrement quadrillé par les parcelles en cultures annuelles dont les limites viennent heurter la frange bâtie. Ce type d’agriculture réduit fortement les possibilités en termes de paysage et de réappropriation urbaine. En posant la question du devenir de cet espace agricole, on peut envisager, sur le long terme, un changement des pratiques et des types culturaux. Ce projet doit être pensé en amont en anticipant sur les départs en retraire des exploitants et les éventuelles reprises. Il serait alors possible de faire évoluer l’espace du Mittelfeld vers un parc agricole urbain qui concilierait usages urbains et pratiques agricoles dans un projet partagé impliquant les différents acteurs. La notion de parc agricole urbain n’est pas encore bien défini mais se développe de plus en plus. Celle-ci comprend une multiplicité de possibles qu’il faut choisir et combiner en fonction du lieu. Le parc agricole urbain est un projet à construire sur le long terme qu’il faut anticiper au fur et à mesure sur les différentes échelles de temps. En amont de ce projet, on peut proposer une réflexion sur les actions et projets possibles sur une échelle de temps plus courte et qui permettrait d’amorcer la mutation. Cette réflexion rejoint l’idée d’étirer les bords. Il s’agit alors d’étendre les pratiques agricoles sur les espaces peu utilisés ou peu valorisés du tissu urbain environnant l’espace du Mittelfeld. Le plan ci-contre révèle ces lieux d’attention qui présentent soit une qualité à mettre en relation avec l’espace central soit des espaces peu qualitatifs à améliorer. Cette intention d’étirer les bords permettrait d’amoindrir les coupures entre front urbain et terres cultivées, et d’élargir cet espace de partage aux usages diversifiés.
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Les parcelles en limite à étirer Les lieux d’attention à réinvestir
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Références sur le partage des lisières et l’interface des bords ASSEMBLAGES, projet urbain IBA Basel 2020 DIENTRE fabrique de territoire Ce projet pour un concours d’idées intègre un corridor, large espace ouvert combinant différents usages entre parcelles agricoles, jardins familiaux et espaces publics. Serré dans le tissu urbain, cet espace s’injecte dans la trame bâti par des allées plantées de vergers.
source : www.dientre.com/projets/2013/01/ assemblages/
55000 HECTARES POUR LA NATURE, Communauté urbaine de Bordeaux, Agence TER Ce projet à très large échelle comprend différentes thématiques traitées par différents acteurs. Parmi celle-ci la question des bords est abordée selon des stratégies d’actions pour développer des zones de transition entre «nature» et espace urbain en les épaississant et en y expérimentant des modes d’aménagement plus perméables. source : 55000 hectares pour la nature, le dialogue, plaquette réalisée par la CUB
PÂTURAGE URBAIN ET PRAIRIE URBAINE, Exemples d’actions, d’interventions sur l’espace urbain qui peuvent être ponctuelles, temporaires ou renouvelées.
Pâturage urbain événementiel, Polyculture, Roanne, 2013
Prairie urbaine, quartier Vauban, Freibourg
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Références de Parcs agricoles urbains
ÉTUDE PROSPECTIVE SUR LE SITE DE LA BOUILLIE, Blois Agence de L’Île Sur la base de l’application du PPRI, la réflexion a mené au dessin d’un parc agricole urbain reliant différents enjeux. Cet espace combine des formes de production diversifiées (jardins familiaux, entreprises agricoles, jardin de cocagne...) dans une démarche à vocation agricole, urbaine, écologique et paysagère sur le thème de la gestion des risques d'inondation. source : www.projetsdepaysage.fr, quartier periurbainde la bouillie blois
PARC AGRICOLE / PROJET BONVERT, Roanne, Fabriques Architectures Payages Ce projet est une réflexion avec l’association «vivre bio en roannais» sur la potentialité du développement de nouveaux projets agricoles productifs dans les espaces périurbains et urbains. Il présente la possibilité d’installation de maraîchage, d’élevage, de cultures, d’arboriculture, d’apiculture, de cultures florales qui aurait en même temps une valeur d’espace public sur des espaces aujourd’hui délaissés ou à développement non agricole. source : www.fabriques-ap.net
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PARC AGRO-URBAIN, Genève, Suisse Fabriques Architectures Paysages Cette étude prévoit une ferme urbaine comprenant un bâtiment et des espaces de production associés à des usages récréatifs. La volonté est de concevoir des espaces agricoles et urbains dans une même dynamique à travers un parc polyvalent autant dans les formes que dans les usages. Par exemple, certaines prairies temporaires, pour la production de fourrage au printemps peuvent ensuite transformées en espaces de jeux. source : www.atlas-metropolitain.fr
Références d’agricultures urbaines AGROPOLIS, Munich C’est un concept développé par une équipe pluridisciplinaire qui tend à repenser les relation entre la ville et l’alimentation. Cette stratégie métropolitaine globale propose un programme à plusieurs facettes. L’idée principale est d’affecter des espaces urbains sous-exploités à la production alimentaire. Celle-ci serait complétée par un «tram alimentaire» qui livrerait les produit en provenance des zones de production. source : www.ryerson.ca, carrotcity
R-URBAN, pratiques et réseaux de résilience urbaine «R-urban propose la création de réseaux locaux, économiques, sociaux et culturels en lien avec une série d’activités urbaines en utilisant des terrains urbains et ruraux de manière réversible.» Un projet pilote a été mené à Colombes sur différents pôle et notamment une unité d’agriculture civique avec une micro-ferme expérimentale, des jardins collectifs, des espaces pédagogiques et culturels et des dispositifs de compostage.... source : r-urban.net
PRINZESSINNEN GARTEN, Mortizplatz, Berlin Cet exemple présente un jardin public qui a été conçu par un petit groupe de personne ayant décidé de réinvestir et de reverdir un espace délaissé depuis près de cinquante ans. Après avoir nettoyé, il ont conçu des bacs pour faire pousser différentes plantes. Une organisation entre les habitants a permis à cet espace de perdurer. Le jardin est ouvert au public, on peut y boire un verre, déjeuner et acheter des légumes produits dans les bacs.
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CONCLUSION
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Enclave agricole au centre de la commune de Wittenheim, le Mittelfeld est une relique d’une activité qui recouvrait autrefois l’ensemble du territoire. Malgré sa position centrale, cet espace ne s’est jamais vraiment intégré au tissu urbain et tente tant bien que mal de subsister. Après avoir échappé aux ambitions de développement urbain, il est aujourd’hui une véritable opportunité pour la commune. Cet espace a le potentiel de redonner une cohérence à la trame urbaine en s’affirmant comme un cœur vert rassemblant usages urbains et pratiques agricoles. Il peut porter un projet de parc agricole urbain, qui légitimerait son caractère agricole au centre de la ville. Cet espace permet de poser la question du rapport entre agriculture et ville et de réfléchir à l’élaboration d’un projet cohérent qui va audelà de la simple protection des terres cultivées dans les documents d’urbanisme. En posant la question des limites et les bases du projet sur la conception et l’aménagement des lisières, il semble que le paysagiste puisse amorcer la mutation de cet espace vers un projet global. Cela permettrait alors de construire petit à petit un projet fédérateur et polyvalent où usages urbains et pratiques agricoles s’allieraient dans une dynamique commune. En développant et en approfondissant les intentions présentées dans la dernière partie, je souhaite dessiner un projet expérimental qui pourrait faire évoluer la réflexion sur le devenir du Mittelfeld.
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BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages • DONADIEU Pierre, Campagnes urbaines, Édition Acte Sud, École Nationale Supérieure du Paysage, 1998 • Actes du colloque d’Amiens 30 septembre - 1er octobre 2010 , Périurbains, Cahiers du patrimoine 102, Édition Lieux Dits, mars 2013 • CAUE 27, LISIERES VIVANTES comment habiter les bourgs de l’Eure? • CAUE fédération nationale, Agricultures et paysages, témoignages et points de vue des CAUE, Édition educagri, 2009 • Clergeau Philippe et Blanc Nathalie, Trames vertes urbaines, de la recherche scientifique au projet urbain, Édition Le Moniteur, mai 2013 • Gorgolewski Mark, Komisar June, and Nasr Joe, Carrot City, creating places for urban agriculture, Editions The Monacelli Press, 2011 • Groupement d’auteurs, Périurbains, Territoires, réseaux et temporalités, Actes du colloque d’Amiens, 30 septembre-1er octobre 2010, Cahiers du patrimoine, Editions Lieux Dits, 2013 • Sell Yves, L’Alsace et les Vosges, géologie, milieux naturels, flore et faune, Editions Delachaux Niestlé, 1998
Revues :
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• Agence d’urbanisme, «Dossier Campagnes urbaines», traits d’agences, Eté 2013, Édition Innovapresse et Communication • Fernandez Agnès, «Agriculture urbaine de l’oxymore à la synergie», traits urbains, n°60, Éditions Innovapresse et Communication, avril/mai 2013, pp. 18-29 • IAU Ile-de-France, «Comment traiter les fronts urbains?», Les Carnets pratiques, Édition IAU îdf, mars 2010 • IAU Ile-de-France, «Comment concevoir des extensions urbaines denses?», Les Carnets pratiques, Édition IAU îdf, décembre 2010 • « Dossier L’agriculture regagne du terrain dans et autour des villes», La revue durable, n°43 aoutseptembre-octobre 2011 • Groupement d’auteurs, «Densité», Les cahiers de l’École de Blois, Éditions de la Villette, n°7 mars 2009 • Groupement d’auteurs, «Terres cultivées», Les cahiers de l’École de Blois, Éditions de la Villette, n°9 mars 2011
Rapports : • Plan Local d’Urbanisme, rapport de présentation, projet d’aménagement et de développement durable, orientation de projet, ville de Wittenheim, arrêté le 11 juillet 2013 • Compte-rendu des réunions de travail pour le Mittelfeld, par la municipalité de Wittenheim, 2012
Mémoires de travail de fin d’étude (ENSNP) : • Besnier Guillaume, Entre urbain et agricole, imaginer des osmoses fertiles, 2013 • Briançon Armelle, Utopie pour un paysage agricole, 2005 • Cattoni Léonard, La plaine de Mont Jean, quand le paysage dessine la ville, 2010 • Fujisaki Masato, Saint-Georges-sur-Arnon, vers une démarche écorégionale, 2008 • Galienne Marie, Entre champs, vergers et villes..., révéler la plaine du Parisis, 2010 • Jacques Mélodie, Aux portes de l’agglomération tourengelle, réconcilier nature, agriculture et ville, 2013 • Janin Rémi, Agriculture, quels paysages pour quels projets? Une ferme en question, 2006 • Maulay Anaël, Agriculture périculture, «de l’urbain au rural», 2006
Sites internet et documents en ligne: • Site internet de la ville de Wittenheim, www.wittenheim.fr • Site internet des mines de potasses d’Alsace, www.mdpa.fr • Site internet de l’agence Fabriques architectures paysages, www.fabriques-ap.net • Revue en ligne Openfield, revue ouverte sur le paysage, www.revue-openfield.net • Folléa Bertrand, La ville-archipel,www.inventaire.culture.gouv.fr, • Vidal Roland, Construire des territoires partagés entre la ville et l’agriculture s360241366.onlinehome.fr/agriurbanisme/Vidal.CRB.pdf,
ICONOGRAPHIE • photos p. 29, 33, 35, 37, 39 : Checinski Jean, Les images du passé de Wittenheim et Kingersheim : un siècle de transformations successives (1896-1996), Kingersheim Société d’histoire de Kingersheim 1996 • photos p. 27, 33, 34 : Checinski Jean, Le Dollerbaechlein : histoire et topographie d’un ruisseau, Kingersheim Société d’histoire de Kingersheim 1994 • photos p. 29, 33, 35, 37, 39 : Winnlen Jean-Charles, Wittenheim, Éditeur Joué-les-Ttours Sutton A, 2000. • Google Earth • Google Map • IGN 141
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier pour leur intérêt, leur soutien, leurs conseils et leur disponibilité : Mes professeurs Sylvain Morin et Jean-Christophe Bailly, Toutes les personnes rencontrées sur le site, Et notamment les personnes qui m'ont accordé de leur temps, Catherine Horodyski, chargée du projet urbain à L'Agence d'Urbanisme Mulhousienne, La mairie de Wittenheim et particulièrement Wassila Fertoul, adjointe au chef de service urbanisme, Marie Balthazar, chargée de Terre de liens Alsace, Jean-Michel Florin, membre du Mouvement de l'Agriculture Biodynamique en Alsace et de PETRARCA Je voudrais aussi remercier les personnes qui m'ont encadré durant mes stages au CAUE de l'Essonne en collaboration avec le Triangle Vert et chez Fabriques architectures paysages, et particulièrement à la famille Janin, pour tout ce que j'y ai appris et qui a fait mûrir ma réflexion. Merci aux personnes qui ont participé et m’ont soutenu dans la réalisation de ce mémoire de fin d’études : Aux copains, en particulier à Arnaud, Lise et Sylvain pour leurs relectures, à mes collocs Irène-Laure, Ninon et à Émilie pour m’avoir supportée et rassurée, et à tous les autres pour leurs attentions et les moments partagés, A Marcus pour ses encouragements et sa patience, A ma famille, en particulier à mes parents pour leur soutien.
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Là où l’histoire occidentale raconte un lien indéniable de co-construction entre la ville et les terres cultivées se posant alors comme une évidence et une nécessité fonctionnelle, la société actuelle présente deux mondes qui se côtoient souvent avec difficulté, voire qui s’opposent entre front urbain et territoire agricole. Cette réalité s’est déployée avec la transformation des énergies fossiles entraînant un développement urbain, industriel et des réseaux, mais également la mise en place d’une agriculture intensive. Ainsi, la ville s’étend au-delà de ses limites et conquiert peu à peu les terres jusque-là dédiées à l’agriculture, obligeant cette dernière à se rétracter. On se trouve alors aujourd’hui dans un contexte de plus en plus urbain qui peine à prendre en compte l’agriculture, activité qui répond à bien d’autres fonctions qu’elles soient nourricières, environnementales ou paysagères. Il existe une prise de conscience de plus en plus affirmée de la nécessité de sauvegarder le patrimoine agricole, mais surtout de protéger les terres cultivables en les préservant de l’urbanisation. Mais les actions sont souvent ponctuelles et délicates à rassembler dans un projet commun et cohérent qui légitimerait les espaces agricoles et conforterait la place de l’agriculture ayant du mal à se défendre et à survivre. Cette constatation soulève un certain nombre de questions. Quel est le devenir de l’espace agricole? Comment penser son évolution pour construire un projet commun entre espaces bâtis et activité agricole? Comment articuler la limite entre front urbain et terres cultivées? Ce mémoire aborde la question d’une démarche de projet urbain intégrant la problématique agricole, en pensant une agriculture urbaine ne se dissociant plus de la ville. Il s’agit ainsi de développer les liens physiques et paysagers entre la ville et les espaces agricoles, des espaces bâtis aux espaces ouverts. Le site est une enclave agricole au cœur de la commune de Wittenheim qui peut se présenter comme une opportunité pour placer la question du devenir agricole au centre du développement urbain, comme un «observatoire» reflet d’un territoire dans un tissu bâti. La lisière matérialise physiquement la limite entre ces deux espaces et devient un élément principal de cette réflexion dont l’enjeu est d’aménager une articulation qui permette un équilibre durable. Cet espace intermédiaire a le potentiel de porter un projet rapprochant ces deux entités autour d’un intérêt commun fonctionnel et paysager. Il faut alors penser cette imbrication en inventant de nouvelles formes avec les différents acteurs du territoire. Ce mémoire déroule le fil d’une pensée et d’une analyse qui amènent les éléments nécessaires à la construction du projet, en interrogeant la relation entre urbain et agricole au centre de Wittenheim.
9 rue de la Chocolaterie - 41000 Blois tèl. : +33(0)2 54 78 37 00 fax : +33(0)2 54 78 40 00 www.ensnp.fr
L’école nationale supérieure de la nature et du paysage