CAGLIARI UNE ENCLAVE INSULAIRE TOME 1
Marion PALMISANO Cedric DANIEL
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Master architecture, villes ressources
ENSAG 2018-2019 Master architecture, villes ressources Marion PALMISANO Cedric DANIEL Imprimé et relié par Daniel’s family
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CAGLIARI UNE ENCLAVE INSULAIRE TOME 1
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SOMMAIRE INTRODUCTION
I/TERRE DE CONVOITISE
p. 7
TERRE DE CONVOITISE
FORTERESSE
La Sardaigne devenue position névralgique en temps de guerre
Sa géolocalisation protégée par ses défenses
CARREFOUR COMMERCIAL D’HIER
p. 10-11
ATTACHE TERRESTRE
Cagliari enrichit par les échanges commerciaux
p. 28-29
Aujourd’hui relégué au rang de port secondaire
TERRE D’ASILE
MISE EN QUARANTAINE
Cagliari, une hospitalité qui ne faiblie pas
Une situation qui accommode le continent
CONCLUSION
p. 63
BIBLIOGRAPHIE
p. 66
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p. 46-47
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INTRODUCTION La Sardaigne et son climat méditerranéen, un paradis touristique digne d’une carte postale, des paysages naturels à perte de vue et des plages de sable chaud tout le long du littoral. L’eau claire, le soleil et la chaleur sont toujours au rendez-vous. Une île à venir visiter pendant les vacances d’été ou lors d’une escale pendant une croisière sur la mer Méditerranée. C’est l’image que renvoie la Sardaigne, l’île de beauté italienne. Cependant il n’y a que le nord de l’île qui propose un tourisme de luxe. Cagliari, la capitale de l’île située au Sud, ne correspond pas réellement à la description que l’on peut nous faire d’une ville sarde. C’est là tout l’avantage que possède Cagliari sur les autres villes : elle possède une identité propre, cousue au fil des siècles par la mer Méditerranée. Cagliari, située idéalement en plein milieu de la mer Méditerranée occidentale, est occupée très tôt par des peuples néolithiques venus d’Orient. Avant d’abriter 150 000 habitants, elle est âprement disputée au cours de l’histoire par différents peuples voulant la contrôler, obligeant sa population à ériger des dispositifs de défense pour protéger la ville. Se trouvant sur le littoral sud de l’île, Cagliari a néanmoins réussi à tirer profit de sa position centrale en Méditerranée. Un commerce très florissant permet à la ville de se développer plus vite que les autres. Ces différentes occupations et le commerce qu’a entrepris la capitale de la Sardaigne a favorisé un système cosmopolite que l’on retrouve encore aujourd’hui et qui fait la principale force de Cagliari. « Si à ce passé, on ajoute les magnifiques paysages offerts par cette île méditerranéenne, on ne peut que mieux comprendre la fierté éprouvée par tous les Sardes ». 1 Les conquêtes, le commerce, le cosmopolitisme qu’a subi, valorisé Cagliari semblent être trois éléments hétérogènes, mais en réalité ils sont tous reliés à la centralité de la ville au sein de la Méditerranée. Cette géo-centralité fut à la fois un vecteur et un frein à la croissance de la ville. Finalement comment la ville est devenue un territoire en transition basculant d’un avant et d’un après. Comment a-t-elle exploité son héritage passé pour se renouveler. L’ensemble des données traitées dans ce mémoire porte sur les trois points de vue cités plus haut en mettant en dualité ces notions en tant que vecteur et frein à la croissance de la ville : Dans quel cadre Cagliari fit-elle l’objet de conquêtes successives et quels sont les moyens mis en place pour sa défense ? Comment Cagliari a joué un rôle majeur dans les échanges commerciaux entre les pays de la mer Méditerranée ? Quelle est sa position face aux enjeux de la migration en Europe ?
1 Thébaut Serge, « Cols bleus, le magazine de la marine et de la mer », numéro 2672, Marine Nationale, 13/09/2003
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NOTICE DE LECTURE : Le caractère insulaire de la ville de Cagliari lui confère un statut très particulier qui nous a poussé à radicaliser notre mode d’analyse et d’écriture. Pour montrer le rapport que la ville entretien avec le continent, chaque questionnement sera abordé selon deux points d’analyses contradictoires : l’autonomie et la dépendance de Cagliari vis-à-vis du continent. Une introduction mettra en confrontation les deux analyses pour introduire les parties détaillées qui se suivront l’une à la suite de l’autre comme un a) et un b).
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II..
TERRE DE CONVOITISE
figure 1, Cagliari, la cible des peuples du bassin méditerranéen
Des siècles avant notre ère jusqu’au XXème siècle, divers peuples se sont disputés les terres sardes. Ce nombre conséquent de conquêtes résulte de la position géographique de l’île. La position géo-centrée de la Sardaigne au sein de la Méditerranée a fait de Cagliari un point stratégique dans l’expansion des territoires entre l’Occident et l’Afrique du nord. La ville devient alors le relais politique et économique du pouvoir en place. 10
FORTERESSE
figure 2, Cagliari, une forteresse naturelle
Au fil des siècles et des conquêtes Cagliari voit, au fur et à mesure des occupations, la construction et la déconstruction de plusieurs dispositifs militaires où les divers peuples réadaptent les dispositifs selon leur temps. Ces architectures militaires ont à la fois aidé à structurer le tissu urbain et à contraindre son expansion urbaine.
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I. TERRE DE CONVOITISE 1. CAGLIARI, POSITION NÉVRALGIQUE DANS LA DEFENSE TERRITORIALE « Tour à tour nuragique, punique, romaine, pisane, génoise, aragonaise et aujourd’hui région autonome italienne, la Sardaigne se distingue par une histoire faite de dominations successives qui lui confèrent une identité forte et riche. »1 (figure 3) Sa position à égale distance de l’Europe et de l’Afrique, en a fait un point géostratégique militaire convoité. La capitale de l’île, Cagliari est considérée comme une ville intermédiaire, « au sens de la ville relais entre métropole et colonie. Elle est le lien entre dominant et dominé, le lieu de pouvoir et de passage des hommes, des produits et des idées. »2 Or, entre l’Afrique et l’Europe, seules les villes de Corse et de Sardaigne sont capables de jouer ce rôle de ville intermédiaire, notamment les villes comme Ajaccio, Bonifacio et Cagliari qui possédaient des infrastructures déjà présentes sur leur territoire. Loin du continent, entourée par la Méditerranée, la Sardaigne n’échappe pas aux guerres établies entre les divers peuples des siècles derniers. De l’Antiquité à la Renaissance, l’île sert d’avant-poste pour bon nombre de civilisations désireuses de la posséder. L’île se trouve au cœur des convoitises de par sa géolocalisation, sa position permettant d’intervenir rapidement à la fois sur le continent européen et sur le continent africain. (figure 4) Longtemps sous domination occidentale et ayant la volonté de se tourner vers le sud pour se rapprocher de l’Afrique, les puissances dominantes se dirigent donc vers Cagliari, qui profite de sa position sur le littoral sud de l’île pour devenir la ville relais. Cette situation à la fois militaire, politique, économique a permis à Cagliari de se développer plus vite que les autres villes comme Ajaccio ou Bonifacio.
1 Thébaut Serge, « Cols bleus, le magazine de la marine et de la mer », numéro 2672, Marine Nationale, 13/09/2003 2 Pomponi Francis, « La ville coloniale comme ville intermédiaire : regards sur la Corse et la Sardaigne aux temps modernes », Persée, 1995
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LES DIFFRENTES OCCUPATIONS DE LA SARDAIGNE AVEC LE TEMPS
Graphique de l’evolution de la population de Cagliari
1 000 000 2017 1945 1939
POPULATION
100 000
1718 10 000 1325
710
1 000
705 534
- 238 - 3000
Peuple Néolithique
- 1000
Phéniciens
100
Romains
Vandales Sarrazins
TEMPS figure 3, Les différentes occupations de la Sardaigne avec le temps 14
Romains
Catalans
Italiens Italiens Allemands
Schéma du rôle de Cagliari dans la mer Méditerranée
Gênes Marseille Rome
1k 55 m
Barcelone 640
2 40
km
Palma de Majorque
km
Cagliari 280 km
Alger
Palerme
Tunis
figure 4, Cagliari, cible des conquêtes de territoire en temps de guerre 15
Schema du röle de Cagliari dans la strategie de guerre du regime nazi
POUVOIR
RESSOURCES
- Ordres - Personnels administratifs - Hauts gradés
- Nourriture - Soldats - Véhicules / Armements - Carburant
LE REGIME NAZI ENVOIE
CAGLIARI
REDISTRIBUTION
FRONT DE L’AFRIQUE DU NORD figure 5, Cagliari, antenne qui permet la connexion entre le front et la base de contrôle 16
I.
2. LE RÔLE STRATÉGIQUE DE CAGLIARI DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE La position stratégique que propose la Sardaigne sur le plan militaire aurait pu, au XXème siècle, ne plus être d’actualité avec l’arrivée des nouveaux moyens d’armement et les tirs longues distances. Or, la Seconde Guerre mondiale nous montre une fois de plus que la Sardaigne reste une cible privilégiée dans les conquêtes de territoire. Cependant, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, la Sardaigne et principalement Cagliari est, non plus convoitée en tant qu’avant-poste pour conquérir des territoires mais comme un centre logistique, une ville intermédiaire. Elle a l’objectif d’être le hangar de stockage des matériaux destinés aux fronts situés en Afrique du Nord, comme les réserves de carburant, ou encore un point relais du pouvoir en place. Sa situation géographique permet de desservir l’ensemble des corps armés situés au nord de l’Afrique. Si Berlin se trouve au centre du 3ème Reich, Cagliari se situe, quant à elle, au centre des opérations sud européennes et nord-africaines. (figure 5) De plus l’acquisition de la Sardaigne d’un point de vue militaire possède un autre intérêt, le déplacement des combats. L’île offre l’avantage pour le pays qui l’occupe de concentrer les combats en dehors de son territoire. La délocalisation des affrontements permet d’éviter une destruction des édifices clé d’une cité ou la perte de sa population. De ce fait, le pays qui contrôle la Sardaigne évite les dégâts collatéraux des affrontements sur ses terres qu’elle peut mener à distance dans le bassin méditerranéen. Le déplacement des combats sur le territoire sarde a obligé les villes comme Cagliari à se défendre et à se protéger.
Comment au fil de l’histoire et de ses conflits, la Sardaigne a-t-elle fait pour se défendre ? C’est bien seul que l’île fait face aux invasions. L’insularité, qui a fait d’elle une cible, l’a finalement, au fil du temps, rendue plus forte. Elle démontre son autonomie dans les conflits auxquels elle est liée. Elle possède des éléments qui lui permettent soit d’éviter les combats soit de résister à l’invasion. Ces éléments sont de deux sortes, naturels qu’elle possède sur son territoire et artificiels que l’homme construit au fur à mesure pour la rendre plus forte.
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I .
FORTERESSE
Nous avons vu que la Sardaigne et notamment Cagliari était en proie à plusieurs attaques à travers les siècles. Le paradoxe ou plutôt l’oxymore de cette ville, c’est que cette situation de « cible », lui a permis de devenir forte et autonome sur le plan défensif. Une cible qui devient grâce à son expérience une forteresse au milieu de la mer Méditerranée.
1. LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE PROTECTEUR DE LA VILLE
La Sardaigne est avant tout une forteresse naturelle. Sa caractéristique insulaire permet d’éviter les batailles terrestres beaucoup plus faciles à opérer et à organiser. En effet, la construction de tout l’arsenal nécessaire à une conquête représente un lourd investissement. Un navire de guerre du XVème siècle se constitue de 2500 chênes centenaires et demande 15 à 18 mois de construction. La ville de Cagliari, quant à elle, possède un atout que l’on retrouve rarement ailleurs, c’est son paysage littoral vallonné. Comme le montre la carte de la figure 7, la ville même abrite quatre monts propices à la construction d’édifices, ainsi qu’un estuaire et une retenue d’eau pour se défendre. Les reliefs induisent en premier lieu la construction de places fortifiées avec l’édification au XIIème siècle d’un château sur la colline di San Michele qui constituait la défense de la ville avant d’être substitué par un nouveau bastion érigé au XIIIème siècle au cœur de la vieille ville pour protéger la population. Cette nouvelle fortification a densifié la ville via des rues étroites et des bâtiments en hauteur. La ville était tellement dense, qu’hormis la place publique de l’église, il n’y avait aucune autre place publique de marché ou patio privé dans les cours, comme on peut le voir sur la figure 8. (page suivante) Cette configuration de la ville citadelle de Cagliari en est même devenue avec le temps un frein pour son développement car « dans la ville coloniale la morphologie urbaine évolue moins vite qu’ailleurs, demeurant quelque peu figée en raison de l’interdiction faite aux habitants de construire en dehors des remparts. De là l’entassement jusqu’aux limites du raisonnable dans des habitations compactes et malsaines, poussant en hauteur et dominant des rues étroites et malodorantes.»1 Il a fallu attendre l’épidémie de choléra de Bastia en 1837 pour que les villes coloniales réagissent et décident de faire tomber leurs remparts et de s’étendre. 1 Pomponi Francis, « La ville coloniale comme ville intermédiaire : regards sur la Corse et la Sardaigne aux temps modernes », Persée, 1995
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Carte des reliefs et des fondations de la ville
ESTUAIRE ETANG DE MONLENTARGIUS
Karalis
MER MEDITERRANEE
PAR
REM T
figure 6 et 7, Cagliari, une ville forteresse grâce à ses reliefs 20
Schema de la composition du quartier castello
BATI
VOIRIE
DEGAGEMENT
3 à 4m de largeur de ruelle
accès
accès
100m
200m
figure 8, Composition du quartier de Castello 21
Carte de l’expension de cagliari a travers les siecles
1200 - 1400 1400 - 1837 1837 - 1900 1900 - 1950 ville actuelle figure 9, Expansions de la ville au delà des remparts à travers le temps 22
I.
2. UN CHANGEMENT DE STRATEGIE MILITAIRE A L’ORIGINE D’UNE EXPENSION URBAINE Au fil des siècles, entre le Moyen-Âge et la Renaissance, et l’époque moderne il y a eu un changement de paradigme sur notre façon de faire la guerre. Avant le XXème siècle les batailles se remportaient en éliminant la force militaire de l’adversaire souvent retranchée derrière des défenses. Ce changement dans la façon de combattre au XXème siècle avec l’arrivée de l’aviation ne permet plus à l’ennemi la possibilité de se cacher derrière des remparts. La force d’un pays ne se limite plus seulement à son armée, il bénéficie du soutien de son peuple qui arrive à faire pression sur son gouvernement. Les nouvelles stratégies militaires poussent à s’attaquer au peuple pour faire abdiquer l’adversaire. À présent, il est inutile de fortifier des bastions ou des châteaux puisque c’est la population qu’il faut protéger, et 100 000 personnes vivant à Cagliari au début du vingtième siècle ne peuvent être protégés par des systèmes de défense devenus obsolètes. La population commence donc à s’étendre sur les parties plates de la ville et de manière beaucoup plus étendu que le quartier du Castello situé dans le bastion. Dès lors, la ville opère à la construction de plusieurs dispositifs de défense comme des casernes ou des bunkers. Là où à la renaissance les constructions correspondent à des places-fortes au sein ou en dehors de la ville pour maintenir une position de défense stable, à l’époque moderne les constructions sont dispersées par petites touches dans Cagliari comme le montre la carte. Ces dispositifs, au XIXème et début XXème, sont encore en dehors de la ville loin de la première habitation. Mais après les bombardements de 1943 la reconstruction de la ville s’opère de façon exponentielle et les immeubles de grands ensembles commencent à englober les dispositifs militaires dans le tissu urbain.
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Zone militaire datant du moyen à la renaissance Zone militaire aménagée entre le XIXème et aujourd’hui Bâtiment construit entre le XIXème et aujourd’hui 24
figure 10, RĂŠpartition des ĂŠquipement militaires sur le territoire 25
I.
3. REAPROPRIATION PAR LA VILLE DES EQUIPEMENTS MILITAIRES ABANDONNES
Certains bunkers comme les bunkers de stockage du quartier de San Elia sont difficiles à intégrer dans le paysage de la ville. Ces deux bunkers ont été volontairement séparés pour minimiser les pertes en cas de bombardement. Aujourd’hui cette séparation a provoqué une singularité dans le quartier. Les constructions se sont bâties tout autour comme si elles évitaient tout contact avec les bunkers, les renvoyant au stade d’objets posés dans le tissu urbain. A l’heure actuelle les bunkers construits à Cagliari sont désaffectés, abandonnés au milieu de la ville ou des salines, certains sont même devenus des parcs. Les casernes sont quant à elles soient réinvesties par les services de l’ordre de la ville comme la police ou les gardes côtes, soient en état de friche laissant ainsi une parcelle délabrée dans le tissu urbain. Les petits éléments militaires comme les casernes ou les bunkers n’ont en réalité que peu modifiée la structure urbaine, ce sont les zones militaires qui ont eu le plus gros effet sur le territoire. Ces espaces situés sur les quatre monts de la ville ont été abandonnés par les services militaires et redonnés à la ville. A l’exception du quartier du Castello entièrement bâti, les autres zones se sont transformées en parc, proposant ainsi des aérations dans la ville et des points de vue à 360° pour les piétons puisque la végétation de l’île est une végétation rasante. Un des dispositifs militaires le plus important dans la construction de la ville est l’aéroport. Construit pendant dans la seconde guerre mondiale, il était à l’origine une base militaire aérienne avant de devenir l’aéroport principal du Sud de la Sardaigne. Un aéroport des plus importants pour la ville car chaque année plus de 80% des touristes séjournant à Cagliari et ses environs, y atterrissent.
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1940
Photos aériennes des bunkers de stokage de Sant’Elia au fil des années
1978
1968
BUNKERS DE STOCKAGE
Figure 11, Le tissu urbain qui se réapproprie les zones militaires, exemple de 2 bunkers 27
III. I.
CARREFOUR COMMERCIAL D’HIER
figure 12, Cagliari, le coeur des échanges commerciaux jusqu’à la révolution industrielle
La capacité de Cagliari à devenir une ville intermédiaire en a fait un point convoité dans les conquêtes territoriales. Ces conquêtes avaient pour but de contrôler le commerce méditerranéen, un commerce où Cagliari était avant l’ère de la mondialisation un point clé dans la transaction des marchandises.
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ATTACHE TERRESTRE
figure 13, Cagliari, aujourd’hui ville délaissée des échanges commerciaux
Le commerce florissant avec les autres pays de la mer Méditerranée a permis à la ville de développer son économie. Les différents peuples qui se sont emparés d’elle ont mis en lumière toute sa richesse et à quel point elle était un intermédiaire de choix dans le commerce maritime. Seulement avec la mondialisation et les avancées technologiques Cagliari a été délaissé dans les échanges commerciaux au profit de nouveaux ports continentaux plus stratégiques. 29
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II . CARREFOUR COMMERCIAL D’HIER 1. CAGLIARI, UN PORT RELAIS STRATEGIQUE DANS LES ECHANGES COMMERCIAUX DE LA MEDITERRANNEE
La ville de Cagliari se construit au fil des siècles par les différents peuples qui l’occupent, conscients de l’atout stratégique que sa position représente dans les échanges commerciaux. Une ville marchande qui sert d’intermédiaire entre l’orient et l’occident, entre métropole et colonies. Elle est le lieu de passage des marchandises, des hommes, le point de rencontre des cultures. Dès le cinquième siècle avant J. C., les rochers calcaires qui lui donnent son nom (Karalis Kar = rocher) se transforment en une cité grâce à l’occupation punique et devient un des ports commerciaux les plus importants du bassin. La ville sert de relais entre les marchandises qui arrivent de l’Orient et sont ensuite redistribuées dans tout le bassin méditerranéen. Conquise par les romains en 238 avant J. C. elle ravitaille principalement Rome et sert de jonction avec l’Est et l’Orient. Cagliari prend de l’importance car elle est dotée de nouvelles fonctions. Il en va de même quand elle est reprise par les espagnols. Siècles après siècles, les peuples font et défont la ville portuaire en créant de nouvelles connexions marchandes. Cagliari devient la ville principale de la Sardaigne la mieux reliée au continent.
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Carte des relations commerciales entre Cagliari et l’Europe
MILAN
ROME
CAGLIARI
ALGER
ATHENES
TUNIS
TRIPOLI
figure 14, Cagliari, le port intermédiaire dans les échanges commerciaux au fil des siècles 32
Suite du 1. Le port est le berceau de l’activité de la ville, lieu d’échanges et de marchandage des produits et de rencontre des marchands venus des quatre coins de la Méditerranée. A l’époque les bateaux devaient faire des escales lors de leurs périples. L’île située en plein milieu de la mer Méditerranée, se trouve à michemin entre les routes commerçantes de l’Italie et de la Catalogne et entre l’empire occidental et oriental. Cagliari est donc l’étape intermédiaire de choix dans tous ces flux de marchandises. Les pays y trouvent plus qu’un simple port, une source d’échanges commerciaux avec la ville, mais aussi avec les autres pays. Elle est ainsi devenue un des ports les plus importants au même titre que Venise. Elle se procure des ressources manquantes pour continuer à se développer et partage ses propres atouts. La construction du port constitue également une porte d’entrée sur un territoire riche en ressources.
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Photos de la production de sel des salines de Cagliari
figure 15, photos des conditions de travail aux salines
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II.
2. LE SEL : UNE RESSOURCE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA VILLE
Cagliari est construite au bord du littoral, sur, puis entre les nombreuses collines calcaires comme celles du Castello au centre de la ville. Les habitants tirent rapidement parti des atouts territoriaux à leur disposition pour le développement de la ville. Celle-ci bénéficie d’un climat chaud l’été et doux l’hiver, peu de pluie et parfois du vent. Un territoire riche en paysages très diversifiés qui se compose d’un très grand étang, de plaines très fertiles, de belles plages et des collines verdoyantes. Toutes les conditions favorables réunies pour l’agriculture. Or la ville se tourne vers une production plus stratégique : le sel. La production de sel commence dès l’apparition des premiers peuples à Cagliari. C’est à partir du XVIII siècle, avec la demande croissante des marchés de l’Europe du Nord que les salines se transforment. Une cité industrielle est construite près des salines pour les nombreux travailleurs qui ramassent et remorquent le sel en bateau. C’est une part si importante de la population sarde qu’elle devient un quartier à part entière et qu’on la surnomme la Città del Sale. Elle abrite entre autre des bureaux, des habitations, une infirmerie, une église et même un théâtre. Puis des travaux de réorganisation hydrauliques sont entrepris pour créer des canaux d’irrigation et de navigation. C’est une production reconnue en Europe pour sa qualité, et elle est une des ressources principales de la ville. Situées principalement au Sud Est de la ville entre la plage et le lac Molentargius, les salines s’étendent sur de grandes surfaces. En effet, aujourd’hui on compte 836 hectares de production dont 700 ha dédiés à l’évaporation de l’eau et 136 ha de surface de salage. Comme les feuilles des arbres ces immenses miroirs d’eau changent de couleur au rythme de la production.
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Carte des salines et acheminement de l’eau au 20e siècle
1ere évaporation
2nd évaporation
3eme évaporation
récolte
figure 16, Les salines de Cagliari et le parcours de l’eau à travers les différents bassins , 20e siècle
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Carte zoomer des salines enocre naturelles au 18e siècle
figure 17, Les salines naturelles de Cagliari au 18e siècle
figure 18, Bâtiment de la ville de sel, collecte et tri du sel 37
Carte de l’acheminement des ressouces sur le territoire
figure 19, RĂŠseaux de transport des marchandises de la province Ă Cagliari
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II.
3. LES MINERAIS, AUTRES RESSOUCES SARDES QUI ONT FAIT LA RENOMMEE DE LA VILLE Il existe une autre ressource très importante pour la ville et déjà présente naturellement dans les sols : les minerais. La Sardaigne est connue pour son sol très riche en minerais rares comme l’argent. On trouve les premières traces d’extraction datant de la préhistoire, les Phéniciens découvrent dans les sols des gisements de charbon. Sous l’empire romain l’activité minière augmente et se concentre surtout sur le plomb et l’argent. A cette époque, l’île était l’un des plus gros fournisseurs de métaux de l’empire. Toute la production de la région sud de l’île est directement acheminée à Cagliari. C’est elle qui vend les minerais et en assure le transport jusqu’à la métropole quand lorsque l’île n’est pas encore indépendante. La région de Cagliari s’équipe peu à peu de chemins de fer pour transporter plus facilement les minerais. Il faut attendre le XX siècle et la naissance de la classe ouvrière pour que le développement économique prenne de l’importance. La ville est avantagée par sa position sur le littoral puisqu’elle est le point naturel de rencontre avec l’intérieur insulaire. Elle est incontournable et devient le pôle d’organisation et de décision entre l’extérieur et l’intérieur de l’île. Les ressources et le commerce florissant ont permis à la ville de développer son économie permettant à la population de croître et de bénéficier d’un emploi. La ville a été un port intermédiaire de choix pendant de nombreuses années ce qui lui a permis de se développer. Les peuples qui se sont succédés sur ce territoire ont sût tirer parti et accroitre les atouts de Cagliari.
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II . ATTACHE TERRESTRE 1. LA MONDIALISATION, UN CHANGEMENT DE COMMERCER QUI FRAGILISE CAGLIARI
Seulement avec le temps les relations commerciales, économiques et politiques entre les états changent et avec la mondialisation, Cagliari change de statut. La ville perd peu à peu son rôle d’intermédiaire entre les pays. D’une part, la Sardaigne est définitivement rattachée à l’Italie, qui à la fin du XIX siècle devient le pays que l’on connaît aujourd’hui. Cagliari reste la capitale de l’île mais elle perd sa place de port stratégique puisque le port de la ville d’Olbia situé au Nord-Est assure désormais un lien plus direct avec l’Italie. De plus le tracé de grands axes entre les villes moyennes et Cagliari opère un rééquilibrage des villes de l’île. D’autre part, les pays commercent désormais de façon plus directe et n’ont plus besoin de port relais. De plus les bateaux, n’ont plus les nécessités techniques à s’arrêter sur l’île comme auparavant car la mondialisation favorise les ports capables de redistribuer les ressources au plus grand nombre. Les axes commerciaux relient les continents et les ports s’agrandissent. La ville façonnée pour répondre seulement à sa fonction d’intermédiaire ne s’est pas développée au même rythme que d’autres. A partir du moment où Cagliari est devenue indépendante, elle est déjà en retard par rapport aux autres et ne dispose pas des mêmes moyens pour son essor économique. Cagliari, ville insulaire et maintenant détachée des principaux axes commerciaux actuels, ne bénéficie pas assez des avancées technologiques produites sur le continent. Bien que certains échanges commerciaux se poursuivent, ils servent principalement à alimenter la ville et le reste de l’île car elle est encore très dépendante des productions du continent. Son développement dépend en grande partie des approvisionnements des autres pays.(figure 20, page suivante)
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Carte des relations commerciales maritimes actuelles en mer Méditerranée
MILAN
ROME
CAGLIARI
ALGER
ATHENES
TUNIS
TRIPOLI
figure 20, Cagliari, port délaissé des échanges commerciaux au sein de la mer Méditerranée 42
II.
2. DES RESSOUCES QUI DISPARAISSENT ET DES EXPORTATIONS QUI DIMINUENT Les particularités de la ville qui attiraient autrefois les marchands disparaissent avec le temps. Certes avec l’unification de l’Italie en 1870 Cagliari connaît de grands changements comme la destruction de ses remparts. Un nouveau plan urbain d’agrandissement est tracé avec de grandes avenues et une ligne de tram qui relie les différentes parties de la ville. Les usines font leurs apparitions et le port s’agrandit pour accueillir de nouveaux types de bateaux tels que les paquebots. D’autres sources de commerce très importantes cessent leur activité. En 1985 c’est une grande partie de la ville qui s’éteint puisque les salines sont fermées. La pollution trop importante de la ville dégrade la production du sel. La « ville de sel » est abandonnée, les grands bassins d’eau et le système d’irrigation sont toujours présents mais le site est déserté. Ils font désormais partie du paysage, devenus avec le temps la source d’un nouvel écosystème rare. Cependant ils ne produisent plus rien pour la ville car ce n’est plus qu’un immense parc où les machines abandonnées font écho à l’activité présente dans le passé. C’est toute une partie de la population qui doit trouver un nouveau toit et un autre travail. La ville, quant à elle, perd son rang dans le classement des ports les plus importants en raison de la cessation de sa principale exportation. Une grande partie des mines ferment à cause du danger qu’elles représentent. Il reste des exploitations creusées par des machines mais les minerais n’ont plus la même valeur qu’avant et ne suscitent plus le même intérêt. De plus, grâce aux nouvelles connexions tracées sur le territoire, les villes de l’île n’ont plus besoin de passer par Cagliari pour vendre et exporter leurs marchandises. Cagliari ne sert plus d’intermédiaire, elle n’est plus la porte d’entrée sur l’île. La ville tente de rivaliser en industrialisant ses productions et en créant de nouveaux secteurs d’activités. Les champs au nord de la ville sont rasés pour implanter une grande zone industrielle en relation avec le nouveau port. L’industrialisation de Cagliari la pousse à s’étendre en créant des zones urbaines en dehors de la ville existante, entraînant un mouvement de la population. Les habitants s’installent en dehors de la ville pour bénéficier du confort de la campagne et de la proximité du lieu de travail. On observe ainsi un déplacement de la population depuis une vingtaine d’années créant de nouvelles villes en périphérie de Cagliari. Seulement le manque de technologie et de main d’œuvre ne permet pas de rivaliser avec le continent. Les dégâts causés par le déclin des échanges commerciaux affaiblissent la ville sur le plan économique allant jusqu’à être reléguer au rang de port secondaire dans la Méditerranée. Ses exports sont encore une de ses ressources principales de financement mais ils se réduisent tout comme l’intérêt porté par les autres pays à marchander avec Cagliari. La ville qui comprend qu’elle ne rivalise plus sur le plan commercial, essaie d’attirer les touristes en réaménageant la ville pour la rendre plus attractive. 43
Carte des types d’activités du littoral de Cagliari au 19e siècle
AGRICULTURE
AGRICULTURE
PORT COMMERCIAL
PORT MILITAIRE AGRICULTURE
figure 21, Une occupation très agricole du littoral, 19e sicle
Carte des types d’activités du littoral de Cagliari actuellement
PORT pour CONTAINER
PORT TOURISTIQUE PORT COMMERCIAL
figure 22, Une occupation du littoral qui tente à se diversifié, aujourd’hui 44
Carte des types d’activités du port à travers les années
1885 activité commerciale et agricole
1930 activité industrielle
1960 port à activités très variées pour se redynamiser
figure 23, Evolution du port commercial au fil des siècles 45
IIII II .
TERRE D’ASILE
figure 24, Cagliari, ville d’accueil pour les réfugiés des conflits politiques
Point central des flux, Cagliari est restée pendant longtemps un haut lieu de rencontres entre les cultures. Conquise à travers les siècles par plusieurs puissances, lieu de refuge pour les exilés, c’est dans son identité d’être hospitalière pour tous et adaptable. Depuis plusieurs années, la ville fait face à un nouveau type de flux, les migrants et les réfugiés. Aujourd’hui encore, Cagliari affirme ses origines puisqu’elle est l’une des villes qui recueille le plus de migrants en Méditerranée contrairement aux autres villes portuaires qui se ferment de plus en plus. 46
MISE EN QUARANTAINE
figure 25, Cagliari, une ville qui isole les réfugiés
L’Italie et sa politique font de plus en plus barrage à ces arrivants en quête d’une nouvelle vie. La loi interdisant le renvoi de force des populations accueillies dans leurs pays d’origine, l’Italie redirige le flux vers la Sardaigne. Les réfugiés se retrouvent ainsi bloqués sur l’île pendant des mois en attendant leurs papiers.
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III. TERRE D’ASILE 1. QUELQUES CHIFFRES SUR L’IMMIGRATION EN EUROPE Dans le monde on compte plus de 244 millions de personnes qui ne vivent pas dans leur pays de naissance soit plus de 5% de la population mondiale. C’est l’Europe qui accueille le plus d’immigrés par rapport aux nombres de résidents. On compte 27 millions de migrants en Europe et leur nombre ne cesse d’augmenter. (figure 26) Ces chiffres ne devraient pas se stabiliser avant 2050 selon l’Organisation internationale pour les migrations. Si on replace Cagliari dans ce contexte, elle n’est qu’un grain de sable dans ce phénomène mais pas si anodin. En Italie les immigrés représentent 8 % des résidents et ces dernières années le pays accueille environ 100 000 migrants par an dont 4 % à Cagliari. Cette ville accueille à elle seule plus de 4000 migrants la où des régions comme la Sicile qui concentre de grandes villes portuaires telles que : Catagne, Reggio di Calabria, Messina, Trapani… n’en réceptionnent seulement que 8 %. Un pourcentage important donc pour une ville située sur une île avec une capacité d’hébergement limitée. Elle se place dans les villes qui accueillent le plus d’arrivants comme Lampedusa. Ces personnes parcourent des milliers de kilomètres, traversent plusieurs pays, risquent leur vie pour espérer vivre mieux. Ils fuient leur pays souvent pour des raisons politiques ou économiques. Les arrivants en Italie sont principalement des tunisiens, des algériens, des irakiens et des sénégalais.
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Statistique de la migration en Europe
figure 26, 1 europĂŠen sur 20 est un migrant
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Carte des flux de migration en Méditerranée
PARIS
MUNICH
VIENNE BUDAPEST
MILAN
ROME SASSARI
ANKARA CAGLIARI
ALGER
ATHENES
CATANE
TUNIS
LAMPEDUSA
figure 27, Flux migratoires de l’orient vers l’Europe
TRIPOLI
Carte des étapes de migration en Europe
PARIS
MUNICH
VIENNE BUDAPEST
MILAN
ROME SASSARI
ANKARA CAGLIARI
ALGER
TUNIS
CATANE LAMPEDUSA
TRIPOLI
figure 28, Etapes de voyage à travers l’Europe pour les migrants 51
ATHENES
Carte des régions italiennes classées par le nombre de migrants accueillis 176 554 migrants accueillit en 2016
Nombre de migrants arrivés en Italie depuis 2016
13 %
119 369 .............................. en 2017
23 370 .............................. en 2018
176 554 migrants accueillit en 2016
13 %
119 369 .............................. en 2017
23 370 .............................. en 2018 5%
8%
figure 29, Répartition des migrants hébergé par région
Représentation des étapes de voyage d’un migrant
fuit son pays à cause des conflits
traverse les pays la mer
arrivée en Italie : demande de papiers
héberger en attendant les procédures administratives
demande d’asile acceptée
emménagement habitat permanent trouve un travail
figure 30, Etapes de parcours d’un migrant de son pays à son nouveau foyer
Représentation des hébergements que trouve un migrant sur place
5% places vacantes dans les immeubles
immeubles abandonnés
figure 31, Les types de logements de secours que l’on peut trouver 52
logements de secours
III.
2. CAGLIARI, UNE DES VILLES QUI ACCUEILLE LE PLUS DE REFUGIES EN ITALIE
Cependant on note une baisse du nombre d’arrivants en Italie depuis 2015 en raison d’une politique répressive menée par le pays. Matteo Salvini, vice-président du conseil des ministres italien depuis 2018, renforce le blocage déjà mis en place contre l’arrivée des migrants dans le pays. De ce fait le nombre de migrants arrivant sur le sol italien est passé de 119 369 en 2017 à 23 370 en 2018.(figure 29) Cette politique n’est pas approuvée par tout le monde et notamment par la ville de Cagliari. En Sardaigne, Cagliari accueille plus de 60 % des immigrés contre 20 % pour Sassari le second port le plus important de d’île. En 2017, ce sont 5 487 migrants qui débarquent sur l’île. Située au Sud de l’île de la Sardaigne, Cagliari qui fait face à la côte africaine entretient un lien étroit avec les pays du Maghreb. Les phéniciens voyageaient déjà jusqu’à Cagliari pour se rapprocher de l’occident, et Cagliari est toujours restée une porte d’entrée sur l’Europe pour ces peuples. Souvent ces personnes font le voyage jusqu’à Tripoli avant d’embarquer sur un bateau de fortune pour rejoindre l’Europe. Cagliari est un port beaucoup plus loin mais certains tentent leur chance en espérant que la situation soit moins compliquée. Détachée du pays qui la gouverne, elle s’apparente à une porte d’entrée plus accessible pour rejoindre l’Europe. Pour les plus chanceux, des bateaux de sauvetage les récupèrent en pleine mer pour les débarquer dans le port, d’autres arrivent clandestinement sur le littoral de l’île. A son arrivée un migrant peut demander l’asile auprès de la police des frontières ou au bureau de l’immigration du poste de police. (figure 30) Seulement pour présenter une demande d’asile il faut indiquer un lieu de résidence. Pour faciliter les procédures, des associations sont là pour leur délivrer une déclaration de domicile. Ils rejoignent ensuite les 4500 personnes déjà présentes sur place réparties dans les 87 centres d’accueil de l’île où vers des habitats privés. Comme le souligne la préfète de la ville, Mme Perrotta : « Il y a une grande collaboration dans l’accueil, malgré les conditions économiques difficiles de la population locale ». De nombreuses associations sont présentes dans la ville, des camps d’accueil d’urgence dans le port et des centres d’hébergements sont mis à leur disposition en attendant leur visa. Certains hôtels comme le Meditur Hôtel Cagliari Santa Maria ou le Magip hôtel, accueillent respectivement 70 et 80 « touristes » pendant une certaine période de l’année. Ces 2 hôtels sont situés en proche périphérie de Cagliari au centre de l’arrondissement de la commune. Cagliari est la ville sarde qui possède le plus de « lits» grâce aux divers organismes solidaires implantés sur le territoire. Sassari et Oristano d’autres villes sardes, disposent d’une trentaine de places contre trois cents et quelques à Cagliari sans compter les habitants qui accueillent des migrants chez eux gratuitement. (figure 31) 53
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III. MISE EN QUARANTAINE 1. CAGLIARI, UNE VILLE QUI SUBIT LA POLITIQUE D’ACCEUIL DE SON PAYS Pourtant pleine de bonne volonté, Cagliari ne se révèle pas toujours être la meilleure destination. A l’inverse de la ville sarde, la politique du pays italien restreint toujours plus l’arrivée de ces milliers de personnes, qu’il ne veut plus accueillir sur son territoire. La Sardaigne est mise dans une situation à part du continent car elle échappe à ces nombreuses restrictions. Par conséquent Cagliari se retrouve dépassée par les évènements, le nombre d’arrivants ne cesse d’augmenter et les structures d’accueil ne s’adaptent pas assez rapidement. Ces dernières années le nombre d’arrivées à Cagliari est passé de 1 030 en 2015 à 3700 en 2017. La métaphore de la mise en quarantaine utilisée dans ce contexte sous-entend que ces voyageurs se retrouvent pris au piège sur l’île de la Sardaigne. En effet, l’Italie redirige cette population indésirable vers Cagliari. La ville trop peu équipée, sans aide appropriée ne peut pas les accueillir dans les meilleures conditions. Les migrants qui arrivés sur l’île sarde se retrouvent dans la même situation que la grande majorité des migrants déjà, ils sont reclus, vivent dans des conditions déplorables.
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Carte de localisation des dispositifs mis à disposition pour les migrants camps d’hébergement associations poste de police ou administratif manque de connexion centre ville
figure 32, répartitions des aides apportées aux migrants à Cagliari 57
Carte des villes italiennes et leur capacitÊ d’accueil
Gorizia Milan Turin
Rome : Trapani : Turin : Palerme : Crotone : Bari : Agrigente : Catanissetta : Foggia : Catane : Gorizia : Cagliari : Syracuse : Milan : ...
4400 3700 3200 1460 1458 940 804 554 540 533 398 300 200 132
Rome
Foggia Bari
Cagliari
Crotone
Palerme
Trapani
Catanissetta Agrigente
figure 33, Nombre de places par ville
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Syracuse
III.
2. UNE VILLE DEPASSÉE PAR L’AUGEMENTATION DU NOMBRE D’ARRIVÉE
Dans les autres villes l’augmentation est beaucoup moins importante. La Sicile qui est une des régions les mieux équipées pour héberger des migrants a vu le nombre d’arrivée augmenter seulement de 8 % soit 83 000 en 2015 à 90 000 en 2017. Une augmentation de la population à héberger qui ne s’accompagne pas de la mise à disposition de nouveaux lieux d’accueil pour ces sans abri. Même si le nombre de places est passé de 30 en 2008 à 350 en 2017. Mais les chiffres ne sont pas assez révélateurs de la situation, car ces hébergements se trouvent souvent en périphérie de la ville. Une fois leur arrivée sur le territoire et les démarches administratives enclenchées, les migrants se retrouvent à l’écart de la ville. Ils ne peuvent pas travailler sans papiers, ils ne peuvent pas apprendre l’italien car ils sont mis à l’écart de la population locale. Un sentiment d’isolement renforcer par la localisation des centres d’accueils et des fermes où séjournent les voyageurs. La ferme S’Erulargiu et l’ex caserne de Monastir qui accueillent les voyageurs sont complétement coupées du monde. Un migrant s’exprime dans le cadre d’une interview « On a l’impression de revivre sans cesse la même journée, ça nous rend fous, Cela fait sept mois que je suis dans ce camp, à plus de 150 kilomètres de la principale ville. Ici, c’est la brousse ! On passe nos jours à attendre quelque chose. L’ennui et l’impression d’être bloqués nous rendent dépressifs. On apprend un peu l’italien dans le camp, grâce à des intervenants, mais on ne rencontre jamais personne et ils ne viennent pas souvent. » En effet, les deux hôtels cités précédemment sont des exceptions car le plus grand nombre de ces centres d’accueil se trouve dans les périphéries des villes voisines et sont complétés par des fermes que les habitants laissent à disposition.
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III.
3. UN TERRITOIRE INSULAIRE QUI EMPRISONNE
De plus, la Sardaigne est un territoire insulaire et ne permet pas vraiment aux voyageurs de continuer leur périple à travers l’Europe. La mer qui leur a permis de traverser et de faire le lien entre leur ancien foyer et leur nouvelle vie devient par la suite le mur qui les retient. Ces personnes ne choisissent pas vraiment leur lieu d’arrivée et souvent ce sentiment d’emprisonnement se ressent avant qu’ils n’arrivent sur l’île : ‘’L’idée de rester sur une île leur fait peur, ils ont l’impression d’être enfermés par la mer», explique à l’AFP la préfète de Cagliari, Giuliana Perrotta. Une situation qui s’éternise car après avoir fait leur demande d’asile les migrants doivent attendre que leur dossier soit examiné. Pendant ce temps ils sont retenus sur l’île jusqu’à ce que leur situation soit régularisée. Il faut attendre en moyenne plus de 15 mois pour que la demande soit acceptée. Cagliari, bien que résistante à la politique migratoire de l’Italie, se heurte aux démarches administratives dissuasives et restrictives. La demande d’asile est un parcours souvent interminable pour la plupart des migrants. En 2017 sur les 81 500 demandeurs seulement 46 900 l’ont obtenue.
L’état italien toujours plus réticent à l’accueil de migrants sur son territoire ferme ses frontières en lien direct avec le continent et redirige les flux vers Cagliari toujours prête à recevoir du monde à n’importe quel prix. Une situation qui l’arrange car devant respecter le droit d’asile, le pays n’a pas le droit de renvoyer des réfugiés dans leur pays d’origine. Ainsi l’Italie prétend encore accepter des réfugiés sur son territoire et transfert ces personnes non-désirées sur l’île.
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CONCLUSION Derrière son image de ville paradisiaque, Cagliari se présente comme un paradoxe au milieu de la mer Méditerranée. Les richesses présentent sur son territoire n’ont pas toujours été un avantage au fil de son histoire. Cagliari a été convoitée pour ses ressources par les puissances de la Méditerranée et mise à l’écart pour son manque d’attaches avec le continent. Sa position géographique a fait d’elle un lieu de convoitise dans la conquête de territoire que se sont livrés les peuples d’Europe. Par conséquent, l’expansion de la ville a été pendant longtemps contrainte à cause des constructions militaires érigées pour défendre la position stratégique des troupes armées. Cagliari au centre du réseau d’échanges commerciaux essaye de tirer parti de sa position pour se développer grâce au commerce. Cependant pour les pays de la Méditerranée elle n’est qu’un port intermédiaire assurant la connexion avec leurs colonies. Elle est spectatrice et avec le temps l’intérêt porté à ce port s’estompe car les ressources comme le sel que produit la ville disparaissent. L’île de la Sardaigne a toujours été une terre d’accueil, de refuge pour les exilés, les personnes en danger dans leur propre pays. Désormais cette réputation est utilisée par l’Italie car elle redirige les flux de migrants non-désirés vers la Sardaigne et principalement à Cagliari. Aujourd’hui, l’île laissée pour compte au milieu de la mer, doit se débrouiller avec le peu d’aide qu’elle reçoit de l’Italie. La ville doit faire face à la situation dont elle a hérité issue des nombreuses transitions qu’elle a vécues. Cependant, ces dernières années ce n’est plus en tant qu’île italienne mais bien en tant que Sardaigne qu’elle se montre au regard du monde. L’île sarde nous a tout de même montré qu’elle était bien plus qu’une île de beauté, mais une île autonome et indépendante vis-à-vis du continent. En tant que tel, elle sait montrer sa différence à travers sa politique d’accueil et de développement selon les régions de l’île. Au Nord de la Sardaigne, le tourisme a été la solution pour relancer l’économie. De nombreuses stations balnéaires ponctuelles et indépendantes ont été construites pour le confort des touristes. Composées de villas et d’hôtels luxueux standards, ces petits villages de vacances types ont émergé tout le long de la côte ces dernières années. On observe ainsi une dénaturation des paysages côtiers sardes qui ne vivent qu’un court moment de l’année. Tandis qu’au Nord, la Sardaigne mise principalement sur le tourisme, Cagliari essaie de se développer par d’autres moyens. La ville a réaménagé son littoral pour diversifier son port et accueillir une activité commerciale, ainsi que des touristes. Si la ville tente à imiter le Nord et commence à s’adapter aux flux des touristes, elle n’a pas encore perdu son identité. Sa politique d’accueil des migrants le prouve. Elle est toujours le point d’entrée sur un nouveau territoire pour bon nombre de nationalités. Elle prend et assume seule ses décisions puisque l’Etat italien de Matteo Salvini prône le contraire. 63
A la suite de nos analyses faites à distance, il nous faut envisager la rencontre avec ce territoire, le concret. Un contact avec le physique qui nous permettra d’affiner notre regard sur cette ville complexe. Le but est de comprendre comment se vit cette ville, comment le paysage dialogue avec la ville, dans la ville comment s’articule la citadelle et le reste des quartiers construits en contrebas. D’un point de vue social, comment les personnes d’horizon différents vivent ensemble ou non, quelle atmosphère il en ressort, quel est l’avis des habitants. Nous voulons entre autre essayer de visiter un lieu où sont hébergés les réfugiés et rencontrer les associations qui leur viennent en aide. Nous devons également nous rendre dans la ville de sel et découvrir le paysage atypique des salines transformées en parc pour comprendre son importance dans la vie des Cagliaritains.
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TABLE DES ILLUSTRATIONS
• figure 1 : p. 10 Cagliari, la cible des peuples du bassin méditerranéen, illustration personnelle • fig. 2 : p. 11 Cagliari, une forteresse naturelle, carte personnelle • fig. 3 : p. 14 Les différentes occupations de la Sardaigne avec le temps , document personnel • fig. 4 : p. 15 Cagliari, cible des conquêtes de territoire en temps de guerre, carte personnelle • fig. 5 : p. 16 Cagliari, antenne qui permet la connexion entre le front et la base de contrôle, schéma personnel • fig. 6 : p. 20 Cagliari, une ville forteresse grâce à ses reliefs, carte personnelle • fig. 7 : p. 20 Cagliari, une ville forteresse grâce à ses reliefs, http://www.sardegnadigitallibrary.it • fig. 8 : p. 21 Composition du quartier de Castello, schéma personnel • fig. 9 : p. 23 Expansions de la ville au delà des remparts à travers le temps, carte personnelle • fig. 10 : p. 24-25 Répartition des équipement militaires sur le territoire, carte personnelle • fig. 11 : p. 26 Le tissu urbain qui se réapproprie les zones militaires, exemple de 2 bunkers, photos aériennes https://www.comune.
cagliari.it/portale/it/at18_ortofoto_1963.page
• fig. 12 : p. 28 Cagliari, le coeur des échanges commerciaux jusqu’à la révolution industrielle, illustration personnelle • fig. 13 : p. 29 Cagliari, aujourd’hui ville délaissée des échanges commerciaux, illustration personnelle • fig. 14 : p. 32 Cagliari, le port intermédiaire dans les échanges commerciaux au fil des siècles, carte personnelle • fig. 15 : p. 35 Photos des conditions de travail aux salines, livre : Piras Silvano, Architetture e paesaggio delle saline • fig. 16 : p. 36 Les salines de Cagliari et le parcours de l’eau à travers les différents bassins , 20e siècle, carte personnelle • fig. 17 : p. 39 Les salines naturelles de Cagliari au 18e siècle, carte personnelle • fig. 18 : p. 37 Bâtiment de la ville de sel, collecte et tri du sel, livre : Piras Silvano, Architetture e paesaggio delle saline • fig. 19 : p. 40 Réseaux de transport des marchandises de la province à Cagliari, carte personnelle
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• fig. 20 : p. 42 Cagliari, port délaissé des échanges commerciauxau sein de la mer Méditerranée, carte personnelle • fig. 21 : p. 44 Une occupation très agricole du littoral, 19e sicle, carte personnelle • fig. 22 : p. 44 Une occupation du littoral qui tente à se diversifié, aujourd’hui, carte personnelle • fig. 23 : p. 45 Evolution du port commercial au fil des siècles, carte personnelle • fig. 24 : p. 46 Cagliari, ville d’accueil pour les réfugiés des conflits politiques, illustration personnelle • fig. 25 : p. 47 Cagliari, une ville qui isole les réfugiés, illustration personnelle • fig. 26 : p. 50 1 européen sur 20 est un migrant, schéma personnel • fig. 27 : p. 51 flux migratoires de l’orient vers l’Europe, carte personnelle • fig. 28 : p. 51 Etapes de voyage à travers l’Europe pour les migrants, carte personnelle • fig. 29 : p. 52 Répartition des migrants hébergé par région, carte personnelle • fig. 30 : p. 52 Etapes de parcours d’un migrant de son pays à son nouveau foyer, schéma personnel • fig. 31 : p. 52 Les types de logements de secours que l’on peut trouver, schéma personnel • fig. 32 : p. 54-55 répartitions des aides apportées aux migrants à Cagliari, carte personnelle • fig. 33 : p. 58 Nombre de places par ville, carte personnelle • 1ère et 4e de couverture, illustration personnelle
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CAGLIARI UNE ENCLAVE INSULAIRE TOME 1 Cagliari, capitale insulaire sarde au cœur de la mer Méditerranée fait partie de ces paysages paradisiaques qui nous font rêver. Néanmoins cette ville possède d’autres atouts qui la rendent unique. Convoitée pour ces ressources commerciales ou sa position géographique stratégique, Cagliari fût la ville intermédiaire entre les peuples. Une situation qui érigea la ville au rang de port commercial le plus important de la Méditerranée, le lieu de rencontre entre toutes les populations. A l’heure actuelle, Cagliari n’est plus que l’ombre de ce qui faisait d’elle une ville stratégique.
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