Extrait - Tout sur le design

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Impression sur calicot (toile de coton) dans l’atelier Morris and Co à Merton Abbey Mills, Londres, en 1931.

Première édition publiée au Royaume-Uni en 2016 par Thames & Hudson Ltd, 181A High Holborn – London WC1V 7QX © 2016 Quintessence Editions Ltd. Ce livre a été conçu et réalisé par Quintessence The Old Brewery 6 Blundell Street – London N7 9BH Édition originale Directrice de la rédaction Elspeth Beidas Rédacteurs Rebecca Gee, Carol King, Frank Ritter Conception graphique Isabel Eeles Graphistes assistants Tom Howey, Thomas Keenes Iconographe Sarah Bell Contrôleur de production Anna Pauletti Directrice éditoriale Ruth Patrick Éditeur Philip Cooper Édition française Julie Debiton, Marion Doublet, David Longuein, Colette Malandain, Nolwenn Turlin, Fanny Bisiaux

© Flammarion, Paris, 2016 ISBN : 9782081398436 No d’édition : L.01EBUN000594 Dépôt légal : mars 2017 Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne pourra être reproduite ni diffusée sous aucune forme ni par aucun moyen électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement ou tout autre système de stockage ou d’extraction d’information, sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur. En couverture : Illustration originale Studio de Création Flammarion d’après XXX, XXX, XXX et XXX. © XXX © XXX Titre original : DESIGN the whole story ISBN 978-0-500-29228-0 www.thamesandhudson.com Photogravure par Bright Arts, Hong Kong Imprimé en Chine par C&C Offset Printing Co., Ltd.


SOMMAIRE

AVANT-PROPOS par Jonathan Glancey 6 INTRODUCTION

8

1 |  l’émergence du design  1700-1905 16 2 |  l’ère des machines  1905-1945 108 3 |  identité et conformité  1945-1960 222 4 |  design et qualité de vie  1960-1980 326 5 |  contradiction et complexité  1980-1995 414 6 |  l’ère numérique de 1995 à nos jours 474

GLOSSAIRE 552 CONTRIBUTIONS

555

INDEX

556

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

574


LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

2

1

3

1  Isambard Kingdom Brunel a révolutionné l’ingénierie en créant des structures comme le pont suspendu de Clifton (1864) à Bristol, en Angleterre. 2  Le train à vapeur de Richard Trevithick fit son premier trajet en 1801 à Cornwall, en Angleterre. 3  Le métier à tisser de Harrison (1851) fut présenté à l’Exposition universelle de Londres et permit de développer les usines textiles modernes.

L

e siècle des Lumières est marqué par de profondes mutations philosophiques, sociales, politiques et économiques qui surviennent avec le développement des techniques, des sciences et de la culture. On donne aujourd’hui le nom de révolution industrielle à cette période. Les productions agricole et industrielle augmentent grâce aux progrès scientifiques et aux innovations technologiques, modifiant les conditions de vie et de travail de beaucoup de gens. Cette croissance économique, qui débute en Angleterre, contribue à l’accroissement de la richesse nationale et de la prospérité de certains, tandis que l’augmentation de la population génère une consommation croissante. Bien qu’on ne puisse noter de transformation soudaine, on situe généralement la révolution industrielle entre 1760 et 1840. Les progrès de l’agriculture, de l’industrie et de la navigation font augmenter la consommation, et le dynamisme économique qui en découle transite de l’agriculture vers l’industrie et le commerce. L’industrialisation marque le passage d’une production individuelle et artisanale à l’utilisation de machines puissantes et spécialisées, et à l’apparition des usines et de la production en série. Cette dynamique est rendue possible par de nombreuses inventions. Richard Arkwright (1732-1792), l’un des entrepreneurs majeurs de l’époque, crée la première machine à filer à énergie hydraulique. Son usine réunit les trois ingrédients

du système industriel : des compétences, des machines et une matière première. Entre autres inventions décisives, le métier à tisser (image 3), développé dans les années 1780 par Edmund Cartwright (1743-1823), permet de mécaniser le tissage. De grand progrès sont aussi réalisés dans le domaine des moteurs. La consommation de combustibles fossiles augmente et l’extraction minière se développe. Les mines, qui deviennent très profondes, sont souvent inondées et les pompes manuelles ne sont plus assez puissantes. En 1769, James Watt (1736-1819, voir p. 20) améliore le moteur conçu par Thomas Newcomen (1664-1729) pour pomper l’eau des mines, en remplaçant la force hydraulique par celle de la vapeur. Au début du xixe siècle, l’ingénieur Richard Trevithick (1771-1833, image 2) construit le premier train à vapeur. Le fer et l’acier deviennent les matériaux essentiels des outils, des machines, des bateaux et des charpentes. Isambard Kingdom Brunel (1806-1859) conçoit des arsenaux, des voies ferrées, des bateaux à vapeur, des tunnels et des ponts. Devenu ingénieur en chef de la Great Western Railway, il augmente l’écartement des rails pour donner plus de stabilité aux trains. Le pont suspendu de Clifton (image 1), qui traverse une vallée à Bristol, dans le sud-ouest de l’Angleterre, est achevé cinq ans après sa mort, en 1864. C’est un véritable chef-d’œuvre, qui témoigne de l’ingéniosité de son créateur et des avancées technologiques de l’époque. La croissance industrielle se poursuit jusqu’à la fin du xixe siècle, avec inventions et découvertes. Alors que l’industrialisation s’étend en Europe et aux États-Unis, le design industriel doit relever de plus en plus de défis. S. H.

repères 1709

Abraham Darby (1678-1717) remplace le charbon de bois par du coke pour la fusion du minerai de fer, ce qui rend possible la production industrielle de la fonte.

1712

Thomas Newcomen construit et commercialise le premier moteur à vapeur pour pomper l’eau des mines.

18  l’émergence du design  1700-1905

1733

John Kay (1704-1779) invente la navette volante qui révolutionne l’industrie du tissage et la production textile.

1740

L’horloger anglais Benjamin Huntsman (1704-1776) découvre la technique de l’acier au creuset.

1751

Le paysagiste anglais Lancelot « Capability » Brown (1716-1783) travaille à l’amélioration des sols.

1759

Le premier Canal Act est voté par le parlement britannique. Il conduit à la construction d’un réseau de canaux pour le transport et l’approvisionnement industriel.

1764

Le tisserand anglais James Hargreaves (v. 1720-1778) invente la spinning jenny, une machine à filer le coton qui produit plusieurs bobines à la fois.

1769

James Watt fait breveter ses améliorations de la machine à vapeur qui devient une source d’énergie pour l’industrie.

1779

L’inventeur anglais Samuel Crompton (1753-1827) améliore la machine à filer qui peut désormais produire un fil très fin.

1793

L’inventeur américain Eli Whitney (1765-1825, voir p. 22) invente le cotton gin, qui résout les problèmes d’approvisionnement de l’industrie textile en fil de coton.

1802

1856

Le chimiste anglais William Cruickshank (décédé v. 1810) crée la première batterie électrique à usage industriel.

L’Anglais Henry Bessemer (1813-1898) fait breveter le premier procédé économique de production industrielle de l’acier.

la révolution industrielle  19


LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

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1  Isambard Kingdom Brunel a révolutionné l’ingénierie en créant des structures comme le pont suspendu de Clifton (1864) à Bristol, en Angleterre. 2  Le train à vapeur de Richard Trevithick fit son premier trajet en 1801 à Cornwall, en Angleterre. 3  Le métier à tisser de Harrison (1851) fut présenté à l’Exposition universelle de Londres et permit de développer les usines textiles modernes.

L

e siècle des Lumières est marqué par de profondes mutations philosophiques, sociales, politiques et économiques qui surviennent avec le développement des techniques, des sciences et de la culture. On donne aujourd’hui le nom de révolution industrielle à cette période. Les productions agricole et industrielle augmentent grâce aux progrès scientifiques et aux innovations technologiques, modifiant les conditions de vie et de travail de beaucoup de gens. Cette croissance économique, qui débute en Angleterre, contribue à l’accroissement de la richesse nationale et de la prospérité de certains, tandis que l’augmentation de la population génère une consommation croissante. Bien qu’on ne puisse noter de transformation soudaine, on situe généralement la révolution industrielle entre 1760 et 1840. Les progrès de l’agriculture, de l’industrie et de la navigation font augmenter la consommation, et le dynamisme économique qui en découle transite de l’agriculture vers l’industrie et le commerce. L’industrialisation marque le passage d’une production individuelle et artisanale à l’utilisation de machines puissantes et spécialisées, et à l’apparition des usines et de la production en série. Cette dynamique est rendue possible par de nombreuses inventions. Richard Arkwright (1732-1792), l’un des entrepreneurs majeurs de l’époque, crée la première machine à filer à énergie hydraulique. Son usine réunit les trois ingrédients

du système industriel : des compétences, des machines et une matière première. Entre autres inventions décisives, le métier à tisser (image 3), développé dans les années 1780 par Edmund Cartwright (1743-1823), permet de mécaniser le tissage. De grand progrès sont aussi réalisés dans le domaine des moteurs. La consommation de combustibles fossiles augmente et l’extraction minière se développe. Les mines, qui deviennent très profondes, sont souvent inondées et les pompes manuelles ne sont plus assez puissantes. En 1769, James Watt (1736-1819, voir p. 20) améliore le moteur conçu par Thomas Newcomen (1664-1729) pour pomper l’eau des mines, en remplaçant la force hydraulique par celle de la vapeur. Au début du xixe siècle, l’ingénieur Richard Trevithick (1771-1833, image 2) construit le premier train à vapeur. Le fer et l’acier deviennent les matériaux essentiels des outils, des machines, des bateaux et des charpentes. Isambard Kingdom Brunel (1806-1859) conçoit des arsenaux, des voies ferrées, des bateaux à vapeur, des tunnels et des ponts. Devenu ingénieur en chef de la Great Western Railway, il augmente l’écartement des rails pour donner plus de stabilité aux trains. Le pont suspendu de Clifton (image 1), qui traverse une vallée à Bristol, dans le sud-ouest de l’Angleterre, est achevé cinq ans après sa mort, en 1864. C’est un véritable chef-d’œuvre, qui témoigne de l’ingéniosité de son créateur et des avancées technologiques de l’époque. La croissance industrielle se poursuit jusqu’à la fin du xixe siècle, avec inventions et découvertes. Alors que l’industrialisation s’étend en Europe et aux États-Unis, le design industriel doit relever de plus en plus de défis. S. H.

repères 1709

Abraham Darby (1678-1717) remplace le charbon de bois par du coke pour la fusion du minerai de fer, ce qui rend possible la production industrielle de la fonte.

1712

Thomas Newcomen construit et commercialise le premier moteur à vapeur pour pomper l’eau des mines.

18  l’émergence du design  1700-1905

1733

John Kay (1704-1779) invente la navette volante qui révolutionne l’industrie du tissage et la production textile.

1740

L’horloger anglais Benjamin Huntsman (1704-1776) découvre la technique de l’acier au creuset.

1751

Le paysagiste anglais Lancelot « Capability » Brown (1716-1783) travaille à l’amélioration des sols.

1759

Le premier Canal Act est voté par le parlement britannique. Il conduit à la construction d’un réseau de canaux pour le transport et l’approvisionnement industriel.

1764

Le tisserand anglais James Hargreaves (v. 1720-1778) invente la spinning jenny, une machine à filer le coton qui produit plusieurs bobines à la fois.

1769

James Watt fait breveter ses améliorations de la machine à vapeur qui devient une source d’énergie pour l’industrie.

1779

L’inventeur anglais Samuel Crompton (1753-1827) améliore la machine à filer qui peut désormais produire un fil très fin.

1793

L’inventeur américain Eli Whitney (1765-1825, voir p. 22) invente le cotton gin, qui résout les problèmes d’approvisionnement de l’industrie textile en fil de coton.

1802

1856

Le chimiste anglais William Cruickshank (décédé v. 1810) crée la première batterie électrique à usage industriel.

L’Anglais Henry Bessemer (1813-1898) fait breveter le premier procédé économique de production industrielle de l’acier.

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LE RETOUR DU CLASSICISME

1

2

3

1  Le cabinet de Kimbolton (1771-1776) a été dessiné par Robert Adam pour le château de Kimbolton dans le Cambridgeshire, en Angleterre. Acajou et chêne, marqueteries en bois de satin et palissandre. 2  Thomas Chippendale a créé ce fauteuil en hêtre doré et noyer en 1765 pour Robert Adam, afin d’honorer la commande d’une grande maison londonienne. 3  L’inspiration classique est évidente dans ce vase de Wedgwood en jasperware et en forme d’amphore, fabriqué v. 1790 à l’Etruria Pottery, dans le Staffordshire, en Angleterre. Sur le pourtour, Apollon et les neuf Muses.

L

a révolution industrielle ouvre une période importante de l’histoire du design. La production et la consommation de masse sont rendues possibles par le développement de technologies nouvelles, l’apparition de grandes usines et des changements dans le mode de vie urbain. De nouvelles gammes de biens deviennent accessibles à des couches plus variées de la population. La mécanisation et la massification de la production impliquent que les objets et leur praticité soient pensés en amont. C’est à partir de ce moment que change le rôle des designers : le travail conceptuel devient un aspect essentiel du design des objets manufacturés. Les jeunes gens des classes aisées d’Europe et d’Amérique du Nord ont pris l’habitude de faire le Grand Tour d’Europe. À la fin du xviiie siècle, ces voyages ont une grande influence sur le design et les goûts. Le Grand Tour, qui fait de Rome le centre culturel de l’Europe occidentale, explique l’attrait pour le classicisme. Parmi les figures centrales de ce retour du classicisme, on trouve trois architectes écossais, les frères Adam : John (1721-1792),

Robert (1728-1792) et James (1732-1794). Après avoir séjourné à Rome de 1755 à 1757, Robert imagine des extérieurs et des intérieurs en se fondant sur les styles classiques, et développe ce qu’on appelle aujourd’hui le « style Adam ». Fenêtres, meubles, peintures, cheminées : les frères Adam conçoivent absolument tout dans leurs intérieurs. Mêlant l’ornementation néoclassique à du mobilier de qualité (image 2) et à de grandes pièces comme le cabinet de Kimbolton (image 1), Robert, en particulier, introduit le retour du classicisme en Grande-Bretagne, qui s’étend par la suite à l’Europe et à l’Amérique du Nord. L’ébéniste et designer de meubles Thomas Chippendale (1718-1779) s’inspire aussi du néoclassicisme. Également influencé par les styles chinois, gothique et le rococo français, il crée des compositions harmonieuses à partir de ces différentes références, misant sur la classe moyenne grandissante en quête de produits de luxe. En 1754, Chippendale est le premier ébéniste qui publie un livre sur son design : The Gentleman and Cabinet-Maker’s Director (voir p. 26), qui a un impact international immédiat et durable. Chippendale, Thomas Sheraton (1751-1806) et George Hepplewhite (1727-1786) sont souvent considérés comme les trois plus importants designers de meubles anglais du xviiie siècle. Les meubles de Sheraton sont caractérisés par l’élégance féminine du style georgien tardif. Cette atmosphère de croissance, d’expérimentation intellectuelle et commerciale, de progrès industriel est particulièrement vivante en Grande-Bretagne. Elle encourage des designers, des ingénieurs et des inventeurs comme James Hargreaves (v. 1720-1778), Matthew Boulton (1728-1809), Josiah Wedgwood (1730-1795, voir p. 32) et Richard Arkwright (1732-1792) à chercher de nouvelles idées et méthodes. En 1769, Wedgwood fonde l’Etruria Pottery Factory, où il produit des céramiques inspirées des poteries grecques et romaines (image 3). Visant la classe moyenne tout autant que l’aristocratie, il devient un pionnier du marché de masse. Il est l’un des premiers à faire sa publicité dans les journaux et à développer la vente au détail. En expérimentation constante, qu’il s’agisse de ses créations ou des méthodes de fabrication, il décide de diviser la production en activités séparées, ce qui lui permet d’augmenter son rendement global. C’est le début d’une méthode de production qui conduira aux lignes d’assemblage d’automobiles au début du xxe siècle. L’Etruria Pottery Factory produit deux catégories de céramiques, l’une décorative, l’autre à usage quotidien, toutes deux en faïence, mais avec un design et des finitions différents. Pour les décorations, Wedgwood engage les meilleurs artistes de son époque, notamment John Flaxman (1755-1826), George Stubbs (1724-1806) et Joseph Wright of Derby (1734-1797). S. H.

repères 1755

Le spécialiste allemand Johann Winckelmann (1717-1768) publie ses Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques dans la peinture et la sculpture.

1757

Robert Adam rentre en Grande-Bretagne après trois ans passés à Rome ; il intègre les thèmes classiques à ses propres concepts pour former son style néoclassique.

24  l’émergence du design  1700-1905

1762

En Grande-Bretagne, Josiah Wedgwood devient le fournisseur de vaisselle officiel de la famille royale.

1764

Le tisserand et menuisier anglais James Hargreaves invente la spinning jenny, qui permet à l’artisan de manipuler plus de huit bobines en même temps.

1768

La Royal Academy est créée à Londres. Joshua Reynolds (1723-1792) est son premier président.

1769

L’inventeur et ingénieur en mécanique anglais James Watt (1736-1819) fait breveter sa machine à vapeur à condenseur séparé.

1771

L’entrepreneur anglais Richard Arkwright fonde la première filature alimentée par l’énergie hydraulique à Cromford, en Angleterre.

1774

La première communauté de Shakers s’installe aux États-Unis. Elle est connue pour le design de son mobilier.

1775

L’horloger écossais Alexander Cumming (1731-1814) dépose un brevet pour les toilettes avec chasse d’eau.

1790

Le congrès crée un office des brevets aux États-Unis, afin de protéger les inventeurs et de les inciter à développer de nouvelles machines et méthodes.

1795

1802

Premiers crayons à mine de graphite standardisés. Utilisés pour les dessins techniques, ils jouent un rôle central dans la transition vers la culture industrielle.

Le chimiste anglais Humphry Davy (1778-1829) crée la première lampe à incandescence, en faisant passer un courant électrique dans un fin ruban de platine.

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LE RETOUR DU CLASSICISME

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1  Le cabinet de Kimbolton (1771-1776) a été dessiné par Robert Adam pour le château de Kimbolton dans le Cambridgeshire, en Angleterre. Acajou et chêne, marqueteries en bois de satin et palissandre. 2  Thomas Chippendale a créé ce fauteuil en hêtre doré et noyer en 1765 pour Robert Adam, afin d’honorer la commande d’une grande maison londonienne. 3  L’inspiration classique est évidente dans ce vase de Wedgwood en jasperware et en forme d’amphore, fabriqué v. 1790 à l’Etruria Pottery, dans le Staffordshire, en Angleterre. Sur le pourtour, Apollon et les neuf Muses.

L

a révolution industrielle ouvre une période importante de l’histoire du design. La production et la consommation de masse sont rendues possibles par le développement de technologies nouvelles, l’apparition de grandes usines et des changements dans le mode de vie urbain. De nouvelles gammes de biens deviennent accessibles à des couches plus variées de la population. La mécanisation et la massification de la production impliquent que les objets et leur praticité soient pensés en amont. C’est à partir de ce moment que change le rôle des designers : le travail conceptuel devient un aspect essentiel du design des objets manufacturés. Les jeunes gens des classes aisées d’Europe et d’Amérique du Nord ont pris l’habitude de faire le Grand Tour d’Europe. À la fin du xviiie siècle, ces voyages ont une grande influence sur le design et les goûts. Le Grand Tour, qui fait de Rome le centre culturel de l’Europe occidentale, explique l’attrait pour le classicisme. Parmi les figures centrales de ce retour du classicisme, on trouve trois architectes écossais, les frères Adam : John (1721-1792),

Robert (1728-1792) et James (1732-1794). Après avoir séjourné à Rome de 1755 à 1757, Robert imagine des extérieurs et des intérieurs en se fondant sur les styles classiques, et développe ce qu’on appelle aujourd’hui le « style Adam ». Fenêtres, meubles, peintures, cheminées : les frères Adam conçoivent absolument tout dans leurs intérieurs. Mêlant l’ornementation néoclassique à du mobilier de qualité (image 2) et à de grandes pièces comme le cabinet de Kimbolton (image 1), Robert, en particulier, introduit le retour du classicisme en Grande-Bretagne, qui s’étend par la suite à l’Europe et à l’Amérique du Nord. L’ébéniste et designer de meubles Thomas Chippendale (1718-1779) s’inspire aussi du néoclassicisme. Également influencé par les styles chinois, gothique et le rococo français, il crée des compositions harmonieuses à partir de ces différentes références, misant sur la classe moyenne grandissante en quête de produits de luxe. En 1754, Chippendale est le premier ébéniste qui publie un livre sur son design : The Gentleman and Cabinet-Maker’s Director (voir p. 26), qui a un impact international immédiat et durable. Chippendale, Thomas Sheraton (1751-1806) et George Hepplewhite (1727-1786) sont souvent considérés comme les trois plus importants designers de meubles anglais du xviiie siècle. Les meubles de Sheraton sont caractérisés par l’élégance féminine du style georgien tardif. Cette atmosphère de croissance, d’expérimentation intellectuelle et commerciale, de progrès industriel est particulièrement vivante en Grande-Bretagne. Elle encourage des designers, des ingénieurs et des inventeurs comme James Hargreaves (v. 1720-1778), Matthew Boulton (1728-1809), Josiah Wedgwood (1730-1795, voir p. 32) et Richard Arkwright (1732-1792) à chercher de nouvelles idées et méthodes. En 1769, Wedgwood fonde l’Etruria Pottery Factory, où il produit des céramiques inspirées des poteries grecques et romaines (image 3). Visant la classe moyenne tout autant que l’aristocratie, il devient un pionnier du marché de masse. Il est l’un des premiers à faire sa publicité dans les journaux et à développer la vente au détail. En expérimentation constante, qu’il s’agisse de ses créations ou des méthodes de fabrication, il décide de diviser la production en activités séparées, ce qui lui permet d’augmenter son rendement global. C’est le début d’une méthode de production qui conduira aux lignes d’assemblage d’automobiles au début du xxe siècle. L’Etruria Pottery Factory produit deux catégories de céramiques, l’une décorative, l’autre à usage quotidien, toutes deux en faïence, mais avec un design et des finitions différents. Pour les décorations, Wedgwood engage les meilleurs artistes de son époque, notamment John Flaxman (1755-1826), George Stubbs (1724-1806) et Joseph Wright of Derby (1734-1797). S. H.

repères 1755

Le spécialiste allemand Johann Winckelmann (1717-1768) publie ses Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques dans la peinture et la sculpture.

1757

Robert Adam rentre en Grande-Bretagne après trois ans passés à Rome ; il intègre les thèmes classiques à ses propres concepts pour former son style néoclassique.

24  l’émergence du design  1700-1905

1762

En Grande-Bretagne, Josiah Wedgwood devient le fournisseur de vaisselle officiel de la famille royale.

1764

Le tisserand et menuisier anglais James Hargreaves invente la spinning jenny, qui permet à l’artisan de manipuler plus de huit bobines en même temps.

1768

La Royal Academy est créée à Londres. Joshua Reynolds (1723-1792) est son premier président.

1769

L’inventeur et ingénieur en mécanique anglais James Watt (1736-1819) fait breveter sa machine à vapeur à condenseur séparé.

1771

L’entrepreneur anglais Richard Arkwright fonde la première filature alimentée par l’énergie hydraulique à Cromford, en Angleterre.

1774

La première communauté de Shakers s’installe aux États-Unis. Elle est connue pour le design de son mobilier.

1775

L’horloger écossais Alexander Cumming (1731-1814) dépose un brevet pour les toilettes avec chasse d’eau.

1790

Le congrès crée un office des brevets aux États-Unis, afin de protéger les inventeurs et de les inciter à développer de nouvelles machines et méthodes.

1795

1802

Premiers crayons à mine de graphite standardisés. Utilisés pour les dessins techniques, ils jouent un rôle central dans la transition vers la culture industrielle.

Le chimiste anglais Humphry Davy (1778-1829) crée la première lampe à incandescence, en faisant passer un courant électrique dans un fin ruban de platine.

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Les papiers peints de la Chambre des lords  1848 augustus pugin  1812-1852

navigateur

A

ffirmant, dans son manifeste de 1836, Contrasts, que le design doit être sauvé de ce « naufrage actuel du goût », Augustus Pugin se concentre sur la pureté et la clarté, et introduit les idées d’honnêteté et de bienséance dans le design et l’ornementation. Il soutient que seuls des motifs plats doivent orner des surfaces planes, afin de les mettre en valeur plutôt que de les travestir, et que les illusions de profondeur, de matière, et de tridimensionnalité sont malhonnêtes et artificielles. Cette idée devient un principe essentiel du mouvement réformateur du design. Pugin affirme que le « good design » possède une intégrité morale, tandis que le mauvais design est insincère et déloyal. La renaissance gothique qu’il revendique se veut innocente et chrétienne. Bien qu’il ait été élevé dans la stricte observance de l’Église presbytérienne écossaise, il s’est converti au catholicisme romain. Il pense que les grandes flèches s’érigeant vers le ciel, les papiers peints, les tapis, les meubles dessinés avec sincérité sont conformes à la doctrine catholique et qu’ils auront un effet positif sur la société. En 1847, il visite l’Italie et incorpore à ses propres compositions celles des grands maîtres. Pour l’Exposition universelle de 1851 (voir p. 38), il crée une gamme complète de mobilier de style néogothique, disponible sur commande à des prix relativement modestes. Avec leur facture médiévale, ses tables simples et ses assiettes colorées paraissent neuves et rafraîchissantes aux yeux de ses contemporains, et attirent les visiteurs au Crystal Palace.

2

1

2

Pigments secs sur papier rouge 58,5 × 53,5 cm

le designer 1812-1826

1836-1843

Augustus Welby Northmore Pugin est né à Londres. Il fréquente la Christ’s Hospital School à Londres et son père, architecte, lui enseigne le dessin.

Il publie Contrasts, son premier manifeste architectural, et dessine des églises, des cathédrales, des monastères et des maisons.

1826-1835

1844-1852

Pugin est employé au château de Windsor pour créer le mobilier de George IV. Il ouvre un commerce de meubles anciens et travaille comme décorateur au King’s Theater. Il fait un court séjour en prison pour dettes quand son affaire fait faillite. Il se convertit au catholicisme en 1835.

Il publie son troisième livre, The Glossary of Ecclesiastical Ornament and Costume. Il décore l’intérieur de la Chambre des lords, de la cour médiévale pour l’Exposition universelle, et de la tour de l’Horloge au palais de Westminster. Épuisé, il est interné à Bedlam et meurt peu de temps après.

le palais de westminster

en détail 1 les feuilles Les papiers peints de Pugin ont des motifs plats, contrairement aux motifs populaires à l’époque. Ces motifs sont composés de formes simples et répétitives qui expriment la planéité du mur plutôt qu’ils ne la brisent. Les couleurs sont inspirées des pigments médiévaux. 36  l’émergence du design  1700-1905

2 la herse Le motif incorpore le symbole du palais de Westminster, la herse couronnée, et la rose des Tudor, un emblème royal. Les lettres V et R signifient « Victoria Regina », la reine au pouvoir. Ce motif symbolise l’autorité de la Couronne et du Parlement.

Après l’énorme incendie de 1834, un concours est organisé pour trouver l’architecte qui reconstruira le palais de Westminster. Pugin fait les dessins pour deux des 97 candidats : Charles Barry (1795-1860) et James Gillepsie Graham (1776-1855). Puisqu’il a contribué à son succès, Barry demande à Pugin de travailler avec lui. La construction du palais de Westminster commence en 1840 et dure trente ans. La contribution de Pugin se manifeste dans les détails gothiques, telles les girouettes et les flèches. Il conçoit la quasi-totalité des intérieurs de style néogothique, qui comprennent plus d’une centaine de papiers peints, sculptures, vitraux, carrelages, ferronneries, et meubles – et la tour de l’horloge qui abrite Big Ben. Les idées de Pugin eurent une large influence sur la réforme du design. Sa conviction que « le plus petit détail doit avoir une signification ou servir un but », et ses principes d’authenticité historique et de sobriété eurent un effet puissant sur les designers et le public.

la réforme du design  37


Les papiers peints de la Chambre des lords  1848 augustus pugin  1812-1852

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A

ffirmant, dans son manifeste de 1836, Contrasts, que le design doit être sauvé de ce « naufrage actuel du goût », Augustus Pugin se concentre sur la pureté et la clarté, et introduit les idées d’honnêteté et de bienséance dans le design et l’ornementation. Il soutient que seuls des motifs plats doivent orner des surfaces planes, afin de les mettre en valeur plutôt que de les travestir, et que les illusions de profondeur, de matière, et de tridimensionnalité sont malhonnêtes et artificielles. Cette idée devient un principe essentiel du mouvement réformateur du design. Pugin affirme que le « good design » possède une intégrité morale, tandis que le mauvais design est insincère et déloyal. La renaissance gothique qu’il revendique se veut innocente et chrétienne. Bien qu’il ait été élevé dans la stricte observance de l’Église presbytérienne écossaise, il s’est converti au catholicisme romain. Il pense que les grandes flèches s’érigeant vers le ciel, les papiers peints, les tapis, les meubles dessinés avec sincérité sont conformes à la doctrine catholique et qu’ils auront un effet positif sur la société. En 1847, il visite l’Italie et incorpore à ses propres compositions celles des grands maîtres. Pour l’Exposition universelle de 1851 (voir p. 38), il crée une gamme complète de mobilier de style néogothique, disponible sur commande à des prix relativement modestes. Avec leur facture médiévale, ses tables simples et ses assiettes colorées paraissent neuves et rafraîchissantes aux yeux de ses contemporains, et attirent les visiteurs au Crystal Palace.

2

1

2

Pigments secs sur papier rouge 58,5 × 53,5 cm

le designer 1812-1826

1836-1843

Augustus Welby Northmore Pugin est né à Londres. Il fréquente la Christ’s Hospital School à Londres et son père, architecte, lui enseigne le dessin.

Il publie Contrasts, son premier manifeste architectural, et dessine des églises, des cathédrales, des monastères et des maisons.

1826-1835

1844-1852

Pugin est employé au château de Windsor pour créer le mobilier de George IV. Il ouvre un commerce de meubles anciens et travaille comme décorateur au King’s Theater. Il fait un court séjour en prison pour dettes quand son affaire fait faillite. Il se convertit au catholicisme en 1835.

Il publie son troisième livre, The Glossary of Ecclesiastical Ornament and Costume. Il décore l’intérieur de la Chambre des lords, de la cour médiévale pour l’Exposition universelle, et de la tour de l’Horloge au palais de Westminster. Épuisé, il est interné à Bedlam et meurt peu de temps après.

le palais de westminster

en détail 1 les feuilles Les papiers peints de Pugin ont des motifs plats, contrairement aux motifs populaires à l’époque. Ces motifs sont composés de formes simples et répétitives qui expriment la planéité du mur plutôt qu’ils ne la brisent. Les couleurs sont inspirées des pigments médiévaux. 36  l’émergence du design  1700-1905

2 la herse Le motif incorpore le symbole du palais de Westminster, la herse couronnée, et la rose des Tudor, un emblème royal. Les lettres V et R signifient « Victoria Regina », la reine au pouvoir. Ce motif symbolise l’autorité de la Couronne et du Parlement.

Après l’énorme incendie de 1834, un concours est organisé pour trouver l’architecte qui reconstruira le palais de Westminster. Pugin fait les dessins pour deux des 97 candidats : Charles Barry (1795-1860) et James Gillepsie Graham (1776-1855). Puisqu’il a contribué à son succès, Barry demande à Pugin de travailler avec lui. La construction du palais de Westminster commence en 1840 et dure trente ans. La contribution de Pugin se manifeste dans les détails gothiques, telles les girouettes et les flèches. Il conçoit la quasi-totalité des intérieurs de style néogothique, qui comprennent plus d’une centaine de papiers peints, sculptures, vitraux, carrelages, ferronneries, et meubles – et la tour de l’horloge qui abrite Big Ben. Les idées de Pugin eurent une large influence sur la réforme du design. Sa conviction que « le plus petit détail doit avoir une signification ou servir un but », et ses principes d’authenticité historique et de sobriété eurent un effet puissant sur les designers et le public.

la réforme du design  37


L’ART DÉCO

1 2

3

1  Cette paire de fauteuils Ducharne (1926) créés par Émile-Jacques Ruhlmann illustre le glamour du style Art déco. 2  L’affiche publicitaire pour les croisières entre la Hollande et l’Amérique (v. 1932) reprend le langage visuel du cubisme. 3  Le Chrysler Building à New York, dessiné par l’architecte William Van Alen, était le plus grand du monde quand il fut achevé en 1930.

L

a première évocation des termes « Art déco » est parfois attribuée à l’architecte Le Corbusier (1887-1965) qui, dans la revue L’Esprit nouveau, a rassemblé une série d’articles sous le titre « 1925 Expo : Arts déco », en référence à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris. Cependant, l’expression n’entre pas dans l’usage courant avant 1966, lorsqu’une exposition intitulée « Les Années 1925 – Art déco/Bauhaus/Stijl/Esprit nouveau » est montée en France. Elle confronte les arts décoratifs français des années 1920 à d’autres styles contemporains comme ceux du Bauhaus (voir p. 126) et du mouvement De Stijl (voir p. 114). Deux ans plus tard, l’historien du design britannique Bevis Hillier (né en 1940) publie Art Deco of the 20s and 30s, où il définit l’Art déco comme un « style résolument moderne qui s’est développé dans les années 1920 et qui a atteint son apogée dans les années 1930 […] un style classique qui […] cherche la symétrie plutôt que l’asymétrie, et les lignes droites plutôt que les lignes courbes ». L’Art déco se développe entre les deux guerres mondiales, au moment des années folles et de la Grande Dépression, affectant toutes les disciplines : les beaux-arts, les arts décoratifs, la mode, la photographie, le design industriel et l’architecture. Expression du glamour (image 1), ce style s’affirme contre la dépression économique et l’angoisse d’une seconde guerre imminente et inévitable. Tandis que le mouvement modernisme contemporain célèbre le fonctionnalisme et le design épuré, l’Art déco exprime l’exubérance

et l’excitation d’une période délurée, le glamour de Hollywood et l’optimisme de la Renaissance de Harlem. À la fin de la Première Guerre mondiale, le désir d’un monde sans guerre s’accompagne de la volonté de construire un environnement esthétique neuf et meilleur. Malgré les conditions politiques et économiques défavorables, la période est aussi une époque d’optimisme : les femmes obtiennent le droit de vote dans plusieurs pays ; le développement de la production de masse donne accès à de nombreux appareils domestiques comme les téléphones et les fers à repasser électriques ; les classes les plus riches achètent des voitures et partent en vacances sur des bateaux de croisière ; les trains, les bateaux et les gratte-ciel illustrent la grande expansion du progrès. L’Art déco émerge comme un style éclectique qui s’inspire à la fois des traditions et du monde moderne mécanisé. Comme l’Art nouveau (voir p. 92), il touche à la fois l’artisanat et la production industrielle, et ses idées se répandent rapidement. L’Art déco devient un phénomène international dans les années 1930, mais son lieu d’origine est Paris. Dans les années 1910 et 1920, des architectes et des designers qui travaillent avec des fabricants spécialisés créent une grande variété d’objets décoratifs : meubles, verreries, ferronneries, lampes, textiles et papiers peints. De 1910 à 1913, l’architecte Auguste Perret (1874-1954) crée le Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Avec ses lignes droites, ses formes géométriques et ses bas-reliefs, la façade est l’un des premiers exemples de l’Art déco. Le mouvement prend toute son ampleur avec l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes à Paris, en 1925, qui accueille plus de 16 millions de visiteurs. Les intérieurs Art déco y côtoient des pièces de l’avant-garde moderniste. Les deux expositions les plus importantes se trouvent dans le pavillon du Collectionneur, créé par Émile-Jacques Ruhlmann (1879-1933) et construit par Pierre Patout (1879-1965), et le pavillon de l’Esprit nouveau dessiné par Le Corbusier. Avant le krach de Wall Street en 1929, beaucoup de gens peuvent s’offrir de luxueux et coûteux articles pour leur maison, et l’Art déco séduit grâce à ses sources d’inspiration variées, comme l’art tribal africain, l’art précolombien ou l’art de l’Égypte ancienne. Le style est aussi influencé par le développement de courants artistiques comme le cubisme (image 2) et le futurisme, les couleurs riches et les thèmes exotiques des Ballets russes, et les matériaux brillants et fuselés des machines. Les idées de l’Art déco se répandent loin et rapidement. Le style imprègne le design des moyens de transport, des bâtiments publics et privés, des intérieurs, des biens ménagers, mais aussi la typographie, les bijoux et la mode. Aux États-Unis, où les formes douces de l’Art déco sont perçues comme moins extravagantes que celles de styles plus récents, et où le développement de l’industrie rend moins coûteux certains procédés de fabrication, le style Art déco marque la période de la Grande Dépression. On le retrouve notamment dans les nouveaux buildings de New York (image 3). S. H.

repères 1917

De Stijl prend d’abord la forme d’un magazine créé par un groupe d’artistes incluant Theo Van Doesburg (1883‑1931) et Piet Mondrian (1872-1944).

1919

Ouverture du Bauhaus à Weimar, qui associe les beaux‑arts et le design, à l’instigation de Walter Gropius (1883-1969).

156  l’ère des machines  1905 - 1945

1920

Début de la Renaissance de Harlem, un mouvement culturel, social et artistique basé à New York.

1923

Lásló Moholy-Nagy (1895-1946) dirige l’atelier de métallurgie au Bauhaus. Il y défend un design simple et sobre.

1923

Le designer industriel Wilhelm Wagenfeld (1900-1990) crée la lampe en acier chromé et verre MT8.

1924

L’artiste céramiste Clarice Cliff (1899‑1972) crée sa gamme de céramiques Art déco  Fantasque  (voir p. 160).

1925

La célèbre chaise bistrot de l’ébéniste autrichien Michael Thonet (1796-1871) est exposée à Paris par Le Corbusier.

1926

Le designer de meubles Paul T. Frankl (1886‑1958) lance sa gamme de meubles Art déco Skyscraper (voir p. 158) à New York.

1930

Début de la construction du Rockfeller Center – à New York – 14 buildings de style Art déco, supervisée par l’architecte Raymond Hood

1931

Les publicités pour les cigarettes affirment que fumer est distingué et bon pour la santé.

1932-1934

Le designer hollandais Gerrit Rietveld (18881964) crée la chaise Zig-Zag au design sobre et anguleux, composée de 4 panneaux de bois agencés en Z.

1937

Hobart Manufacturing Company produit le robot mixeur Kitchen Aid modèle K, du designer Egmont Arens (1888-1966).

l’art déco  157


L’ART DÉCO

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1  Cette paire de fauteuils Ducharne (1926) créés par Émile-Jacques Ruhlmann illustre le glamour du style Art déco. 2  L’affiche publicitaire pour les croisières entre la Hollande et l’Amérique (v. 1932) reprend le langage visuel du cubisme. 3  Le Chrysler Building à New York, dessiné par l’architecte William Van Alen, était le plus grand du monde quand il fut achevé en 1930.

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a première évocation des termes « Art déco » est parfois attribuée à l’architecte Le Corbusier (1887-1965) qui, dans la revue L’Esprit nouveau, a rassemblé une série d’articles sous le titre « 1925 Expo : Arts déco », en référence à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris. Cependant, l’expression n’entre pas dans l’usage courant avant 1966, lorsqu’une exposition intitulée « Les Années 1925 – Art déco/Bauhaus/Stijl/Esprit nouveau » est montée en France. Elle confronte les arts décoratifs français des années 1920 à d’autres styles contemporains comme ceux du Bauhaus (voir p. 126) et du mouvement De Stijl (voir p. 114). Deux ans plus tard, l’historien du design britannique Bevis Hillier (né en 1940) publie Art Deco of the 20s and 30s, où il définit l’Art déco comme un « style résolument moderne qui s’est développé dans les années 1920 et qui a atteint son apogée dans les années 1930 […] un style classique qui […] cherche la symétrie plutôt que l’asymétrie, et les lignes droites plutôt que les lignes courbes ». L’Art déco se développe entre les deux guerres mondiales, au moment des années folles et de la Grande Dépression, affectant toutes les disciplines : les beaux-arts, les arts décoratifs, la mode, la photographie, le design industriel et l’architecture. Expression du glamour (image 1), ce style s’affirme contre la dépression économique et l’angoisse d’une seconde guerre imminente et inévitable. Tandis que le mouvement modernisme contemporain célèbre le fonctionnalisme et le design épuré, l’Art déco exprime l’exubérance

et l’excitation d’une période délurée, le glamour de Hollywood et l’optimisme de la Renaissance de Harlem. À la fin de la Première Guerre mondiale, le désir d’un monde sans guerre s’accompagne de la volonté de construire un environnement esthétique neuf et meilleur. Malgré les conditions politiques et économiques défavorables, la période est aussi une époque d’optimisme : les femmes obtiennent le droit de vote dans plusieurs pays ; le développement de la production de masse donne accès à de nombreux appareils domestiques comme les téléphones et les fers à repasser électriques ; les classes les plus riches achètent des voitures et partent en vacances sur des bateaux de croisière ; les trains, les bateaux et les gratte-ciel illustrent la grande expansion du progrès. L’Art déco émerge comme un style éclectique qui s’inspire à la fois des traditions et du monde moderne mécanisé. Comme l’Art nouveau (voir p. 92), il touche à la fois l’artisanat et la production industrielle, et ses idées se répandent rapidement. L’Art déco devient un phénomène international dans les années 1930, mais son lieu d’origine est Paris. Dans les années 1910 et 1920, des architectes et des designers qui travaillent avec des fabricants spécialisés créent une grande variété d’objets décoratifs : meubles, verreries, ferronneries, lampes, textiles et papiers peints. De 1910 à 1913, l’architecte Auguste Perret (1874-1954) crée le Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Avec ses lignes droites, ses formes géométriques et ses bas-reliefs, la façade est l’un des premiers exemples de l’Art déco. Le mouvement prend toute son ampleur avec l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes à Paris, en 1925, qui accueille plus de 16 millions de visiteurs. Les intérieurs Art déco y côtoient des pièces de l’avant-garde moderniste. Les deux expositions les plus importantes se trouvent dans le pavillon du Collectionneur, créé par Émile-Jacques Ruhlmann (1879-1933) et construit par Pierre Patout (1879-1965), et le pavillon de l’Esprit nouveau dessiné par Le Corbusier. Avant le krach de Wall Street en 1929, beaucoup de gens peuvent s’offrir de luxueux et coûteux articles pour leur maison, et l’Art déco séduit grâce à ses sources d’inspiration variées, comme l’art tribal africain, l’art précolombien ou l’art de l’Égypte ancienne. Le style est aussi influencé par le développement de courants artistiques comme le cubisme (image 2) et le futurisme, les couleurs riches et les thèmes exotiques des Ballets russes, et les matériaux brillants et fuselés des machines. Les idées de l’Art déco se répandent loin et rapidement. Le style imprègne le design des moyens de transport, des bâtiments publics et privés, des intérieurs, des biens ménagers, mais aussi la typographie, les bijoux et la mode. Aux États-Unis, où les formes douces de l’Art déco sont perçues comme moins extravagantes que celles de styles plus récents, et où le développement de l’industrie rend moins coûteux certains procédés de fabrication, le style Art déco marque la période de la Grande Dépression. On le retrouve notamment dans les nouveaux buildings de New York (image 3). S. H.

repères 1917

De Stijl prend d’abord la forme d’un magazine créé par un groupe d’artistes incluant Theo Van Doesburg (1883‑1931) et Piet Mondrian (1872-1944).

1919

Ouverture du Bauhaus à Weimar, qui associe les beaux‑arts et le design, à l’instigation de Walter Gropius (1883-1969).

156  l’ère des machines  1905 - 1945

1920

Début de la Renaissance de Harlem, un mouvement culturel, social et artistique basé à New York.

1923

Lásló Moholy-Nagy (1895-1946) dirige l’atelier de métallurgie au Bauhaus. Il y défend un design simple et sobre.

1923

Le designer industriel Wilhelm Wagenfeld (1900-1990) crée la lampe en acier chromé et verre MT8.

1924

L’artiste céramiste Clarice Cliff (1899‑1972) crée sa gamme de céramiques Art déco  Fantasque  (voir p. 160).

1925

La célèbre chaise bistrot de l’ébéniste autrichien Michael Thonet (1796-1871) est exposée à Paris par Le Corbusier.

1926

Le designer de meubles Paul T. Frankl (1886‑1958) lance sa gamme de meubles Art déco Skyscraper (voir p. 158) à New York.

1930

Début de la construction du Rockfeller Center – à New York – 14 buildings de style Art déco, supervisée par l’architecte Raymond Hood

1931

Les publicités pour les cigarettes affirment que fumer est distingué et bon pour la santé.

1932-1934

Le designer hollandais Gerrit Rietveld (18881964) crée la chaise Zig-Zag au design sobre et anguleux, composée de 4 panneaux de bois agencés en Z.

1937

Hobart Manufacturing Company produit le robot mixeur Kitchen Aid modèle K, du designer Egmont Arens (1888-1966).

l’art déco  157


Penguin Donkey  1939 egon riss  1901 - 1964

en détail 1 donkey (âne) Le nom « Donkey » (âne) vient de la forme en panier du meuble, qui est conçu pour supporter un maximum de poids. Les panneaux latéraux en forme de fer à cheval et les petits pieds ronds accentuent l’exubérance de ce joyeux petit meuble. 2 le contreplaqué moulé La bibliothèque est une combinaison de fin contreplaqué et de bois lamellé-collé plus épais. Le contreplaqué se replie sur lui-même pour former une poche centrale. Les panneaux plats latéraux, les étagères et les pieds sont de simples feuilles de bois lamellé-collé. 3 penguin (pingouin) Le mot « penguin » ne vient pas de la forme de la bibliothèque mais du fait que le meuble a été conçu pour accueillir spécialement les livres de poche des éditions Penguin, avec leur tranche orange distinctive. Les proportions des étagères sont adaptées à celles des livres.

Bois de bouleau contreplaqué et lamellé-collé 43 × 60 × 42 cm

navigateur 2

3 1

pocket bottleship Dessiné par Riss et produit par Isokon, le Pocket Bottleship (1939, ci-dessus) est un charmant accessoire domestique conçu pour porter jusqu’à deux bouteilles de vin et six verres, avec un creux en son centre pour y glisser un magazine roulé. Assez petit pour être posé sur une table, il peut aussi se fixer sur un mur. Avec ses lignes fluides et sa forme aérodynamique, il est plaisant à regarder, et témoigne du potentiel sculptural du contreplaqué moulé.

L

a compagnie Isokon, qui a produit ce meuble original – moitié bibliothèque, moitié porte-revues – fut créée par Jack Pritchard, un personnage idéaliste et marginal passionné par l’architecture et le design moderne. À partir des années 1920, les panneaux de contreplaqué sont fréquemment utilisés pour remplacer le bois massif des penderies et des tiroirs, mais Pritchard comprend que ce matériau a un plus grand potentiel. Plus léger, plus solide et plus malléable que le bois massif, il permet de créer de nouvelles formes de meubles, radicalement différents de ceux fabriqués jusqu’alors. Les maisons des années 1930 ont des proportions plus modestes que celles des périodes victorienne et édouardienne, et la classe moyenne de Londres tend de plus en plus à vivre dans des appartements équipés. L’espace devenant un enjeu majeur, on voit apparaître des meubles à usage mixte. En 1937, Pritchard passe plusieurs commandes à Egon Riss, un architecte émigré viennois : l’étrange Penguin Donkey (littéralement : âne pingouin) est l’un des quatre meubles très pratiques que ce dernier a créés pour Isokon. Les autres sont le porte-livres Gull et deux meubles pour le rangement des verres et des bouteilles : Bottleship et Pocket Bottleship. Plus ludique que les autres, le Penguin Donkey est ingénieux, amusant, visuellement dynamiques, et multifonction : le creux entre les deux étagères peut accueillir des journaux et des magazines. Le design du meuble, extrêmement organique, fait écho au travail des sculpteurs de l’époque, comme Barbara Hepworth (1903-1975) et Henry Moore (1898-1986). L. J.

178  l’ère des machines  1905 - 1945

Dans les années 1970, Pritchard se repose sur une chaise longue Isokon (1935‑1936) dessinée par Marcel Breuer, avec à ses côtés un Penguin Donkey Mark 2 (1963) conçu par Ernest Race (1913‑1964). Pritchard avait demandé à Race de redessiner le modèle original de Riss avec une surface plane afin qu’il puisse aussi servir de table d’appoint. le contreplaqué et le lamellé-collé  179


Penguin Donkey  1939 egon riss  1901 - 1964

en détail 1 donkey (âne) Le nom « Donkey » (âne) vient de la forme en panier du meuble, qui est conçu pour supporter un maximum de poids. Les panneaux latéraux en forme de fer à cheval et les petits pieds ronds accentuent l’exubérance de ce joyeux petit meuble. 2 le contreplaqué moulé La bibliothèque est une combinaison de fin contreplaqué et de bois lamellé-collé plus épais. Le contreplaqué se replie sur lui-même pour former une poche centrale. Les panneaux plats latéraux, les étagères et les pieds sont de simples feuilles de bois lamellé-collé. 3 penguin (pingouin) Le mot « penguin » ne vient pas de la forme de la bibliothèque mais du fait que le meuble a été conçu pour accueillir spécialement les livres de poche des éditions Penguin, avec leur tranche orange distinctive. Les proportions des étagères sont adaptées à celles des livres.

Bois de bouleau contreplaqué et lamellé-collé 43 × 60 × 42 cm

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pocket bottleship Dessiné par Riss et produit par Isokon, le Pocket Bottleship (1939, ci-dessus) est un charmant accessoire domestique conçu pour porter jusqu’à deux bouteilles de vin et six verres, avec un creux en son centre pour y glisser un magazine roulé. Assez petit pour être posé sur une table, il peut aussi se fixer sur un mur. Avec ses lignes fluides et sa forme aérodynamique, il est plaisant à regarder, et témoigne du potentiel sculptural du contreplaqué moulé.

L

a compagnie Isokon, qui a produit ce meuble original – moitié bibliothèque, moitié porte-revues – fut créée par Jack Pritchard, un personnage idéaliste et marginal passionné par l’architecture et le design moderne. À partir des années 1920, les panneaux de contreplaqué sont fréquemment utilisés pour remplacer le bois massif des penderies et des tiroirs, mais Pritchard comprend que ce matériau a un plus grand potentiel. Plus léger, plus solide et plus malléable que le bois massif, il permet de créer de nouvelles formes de meubles, radicalement différents de ceux fabriqués jusqu’alors. Les maisons des années 1930 ont des proportions plus modestes que celles des périodes victorienne et édouardienne, et la classe moyenne de Londres tend de plus en plus à vivre dans des appartements équipés. L’espace devenant un enjeu majeur, on voit apparaître des meubles à usage mixte. En 1937, Pritchard passe plusieurs commandes à Egon Riss, un architecte émigré viennois : l’étrange Penguin Donkey (littéralement : âne pingouin) est l’un des quatre meubles très pratiques que ce dernier a créés pour Isokon. Les autres sont le porte-livres Gull et deux meubles pour le rangement des verres et des bouteilles : Bottleship et Pocket Bottleship. Plus ludique que les autres, le Penguin Donkey est ingénieux, amusant, visuellement dynamiques, et multifonction : le creux entre les deux étagères peut accueillir des journaux et des magazines. Le design du meuble, extrêmement organique, fait écho au travail des sculpteurs de l’époque, comme Barbara Hepworth (1903-1975) et Henry Moore (1898-1986). L. J.

178  l’ère des machines  1905 - 1945

Dans les années 1970, Pritchard se repose sur une chaise longue Isokon (1935‑1936) dessinée par Marcel Breuer, avec à ses côtés un Penguin Donkey Mark 2 (1963) conçu par Ernest Race (1913‑1964). Pritchard avait demandé à Race de redessiner le modèle original de Riss avec une surface plane afin qu’il puisse aussi servir de table d’appoint. le contreplaqué et le lamellé-collé  179


Verdana  1996

matthew carter  né en 1937

le designer

en détail 1 les contreformes Pour améliorer la lisibilité de sa police, Carter a augmenté la taille de tous les éléments des lettres : celle de la hauteur d’x, ce qui donne moins d’impact aux majuscules, et celle des contreformes – l’espace intérieur blanc des lettres.

1937-1957

Matthew Carter est né à Londres. Il fait un stage à l’imprimerie Enschedé de Haarlem, en Hollande, où il apprend à fabriquer des poinçons. 1958-1979

Carter travaille en indépendant à Londres, où il crée en 1962 le logo du magazine satirique Private Eye qui est toujours en usage. En 1965 il rejoint Linotype à New York, où il reste 15 ans. Il y crée la police de caractère Bell Centennial (1978) pour AT&T. 1980-1990

2 l’absence d’empattement Les anciens moniteurs utilisaient un tube cathodique pour générer les images, si bien que les détails fins, comme les empattements, disparaissaient dans les tailles plus petites. Carter les retira lorsque c’était possible, mais les laissa sur le j minuscule et le i majuscule.

La police Verdana fut créée spécifiquement pour l’affichage sur écran.

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2

En 1980, Carter est nommé conseiller typographe du Her Majesty’s Stationery Office ; il occupe ce poste pendant 4 ans. En 1981 il cofonde la fonderie de caractères digitaux Bitstream qui est finalement rachetée par Monotype. 1991-aujourd’hui

En 1991, Carter cofonde la fonderie Carter and Cone, où il produit Verdana, Georgia et Tahoma. Il a également créé des polices pour Time, The Washington Post, Wired et Newsweek. En 2015 il redessine le logo du New York Times Magazine. Il continue à créer des polices de caractères.

A

u moment de la sortie du navigateur web Internet Explorer 3.0 en 1996, Microsoft a besoin de nouvelles polices de caractères adaptées au web. Les polices d’ordinateur existantes sont plus fonctionnelles qu’attractives, à cause de la faible résolution des écrans, et ne supportent pas très bien l’agrandissement, tandis que les polices antérieures adaptées de modèles d’imprimerie ne se réduisent pas bien. Les deux polices du typographe anglais Matthew Carter pour Microsoft, Georgia et Verdana, sont créées pour la lecture sur écran. Verdana a longtemps été considérée comme la police la plus lisible, idéale pour une utilisation en ligne. C’est une police sans empattement, afin d’éviter les problèmes que rencontrent les écrans basse résolution avec les petits détails des empattements horizontaux. En dépit de l’absence d’empattements, Carter a conservé la beauté calligraphique de la police tout en s’assurant de sa lisibilité. Elle a été optimisée par l’ingénieur américain Tom Rickner (né en 1966), pour garantir la netteté des lettres à n’importe quelle taille. Elle possède aussi une grande hauteur d’x (taille des minuscules), de grandes contreformes et un interlettrage large pour plus de clarté. À partir de 1996, Verdana est associée à chaque version de Windows, ainsi qu’à Microsoft Office et Internet Explorer, et elle est sur Mac OS depuis 2011. Carter a exprimé sa surprise devant l’omniprésence de Georgia et Verdana, car il s’attendait à ce que de nombreuses nouvelles polices web viennent les remplacer. Or c’est le contraire qui a eu lieu : les polices sont souvent passées du web à l’imprimé afin de préserver la cohérence de certaines identités de marques. D. G.

478  l’ère du numérique  1995 à aujourd’hui

la police du catalogue ikea

Depuis la création de Carter and Cone, Carter se concentre sur des projets plus personnels comme Sophia (1993, ci-dessus). Cette police s’inspire des alphabets hybrides qui apparurent à la fin de l’Empire byzantin. C’est un mélange de lettres grecques, de capitales romaines antiques et d’onciale.

Parce qu’elle a été créée pour le web, la police Verdana a parfois attiré les critiques quand elle fut utilisée sur des imprimés. En 2009, Ikea décide d’uniformiser sa marque et modifie la police de ses visuels imprimés pour la rendre semblable à celle de ses contenus web. La compagnie remplace la police créée spécialement pour elle – une variante de Futura (voir p. 146), Ikea Sans Futura, qu’elle a utilisée pendant 50 ans – par Verdana (ci-dessus). C’est un tel outrage aux yeux des spécialistes qu’une pétition en ligne est créée pour qu’Ikea « se débarrasse de Verdana ».

la révolution internet  479


Verdana  1996

matthew carter  né en 1937

le designer

en détail 1 les contreformes Pour améliorer la lisibilité de sa police, Carter a augmenté la taille de tous les éléments des lettres : celle de la hauteur d’x, ce qui donne moins d’impact aux majuscules, et celle des contreformes – l’espace intérieur blanc des lettres.

1937-1957

Matthew Carter est né à Londres. Il fait un stage à l’imprimerie Enschedé de Haarlem, en Hollande, où il apprend à fabriquer des poinçons. 1958-1979

Carter travaille en indépendant à Londres, où il crée en 1962 le logo du magazine satirique Private Eye qui est toujours en usage. En 1965 il rejoint Linotype à New York, où il reste 15 ans. Il y crée la police de caractère Bell Centennial (1978) pour AT&T. 1980-1990

2 l’absence d’empattement Les anciens moniteurs utilisaient un tube cathodique pour générer les images, si bien que les détails fins, comme les empattements, disparaissaient dans les tailles plus petites. Carter les retira lorsque c’était possible, mais les laissa sur le j minuscule et le i majuscule.

La police Verdana fut créée spécifiquement pour l’affichage sur écran.

navigateur 1

2

En 1980, Carter est nommé conseiller typographe du Her Majesty’s Stationery Office ; il occupe ce poste pendant 4 ans. En 1981 il cofonde la fonderie de caractères digitaux Bitstream qui est finalement rachetée par Monotype. 1991-aujourd’hui

En 1991, Carter cofonde la fonderie Carter and Cone, où il produit Verdana, Georgia et Tahoma. Il a également créé des polices pour Time, The Washington Post, Wired et Newsweek. En 2015 il redessine le logo du New York Times Magazine. Il continue à créer des polices de caractères.

A

u moment de la sortie du navigateur web Internet Explorer 3.0 en 1996, Microsoft a besoin de nouvelles polices de caractères adaptées au web. Les polices d’ordinateur existantes sont plus fonctionnelles qu’attractives, à cause de la faible résolution des écrans, et ne supportent pas très bien l’agrandissement, tandis que les polices antérieures adaptées de modèles d’imprimerie ne se réduisent pas bien. Les deux polices du typographe anglais Matthew Carter pour Microsoft, Georgia et Verdana, sont créées pour la lecture sur écran. Verdana a longtemps été considérée comme la police la plus lisible, idéale pour une utilisation en ligne. C’est une police sans empattement, afin d’éviter les problèmes que rencontrent les écrans basse résolution avec les petits détails des empattements horizontaux. En dépit de l’absence d’empattements, Carter a conservé la beauté calligraphique de la police tout en s’assurant de sa lisibilité. Elle a été optimisée par l’ingénieur américain Tom Rickner (né en 1966), pour garantir la netteté des lettres à n’importe quelle taille. Elle possède aussi une grande hauteur d’x (taille des minuscules), de grandes contreformes et un interlettrage large pour plus de clarté. À partir de 1996, Verdana est associée à chaque version de Windows, ainsi qu’à Microsoft Office et Internet Explorer, et elle est sur Mac OS depuis 2011. Carter a exprimé sa surprise devant l’omniprésence de Georgia et Verdana, car il s’attendait à ce que de nombreuses nouvelles polices web viennent les remplacer. Or c’est le contraire qui a eu lieu : les polices sont souvent passées du web à l’imprimé afin de préserver la cohérence de certaines identités de marques. D. G.

478  l’ère du numérique  1995 à aujourd’hui

la police du catalogue ikea

Depuis la création de Carter and Cone, Carter se concentre sur des projets plus personnels comme Sophia (1993, ci-dessus). Cette police s’inspire des alphabets hybrides qui apparurent à la fin de l’Empire byzantin. C’est un mélange de lettres grecques, de capitales romaines antiques et d’onciale.

Parce qu’elle a été créée pour le web, la police Verdana a parfois attiré les critiques quand elle fut utilisée sur des imprimés. En 2009, Ikea décide d’uniformiser sa marque et modifie la police de ses visuels imprimés pour la rendre semblable à celle de ses contenus web. La compagnie remplace la police créée spécialement pour elle – une variante de Futura (voir p. 146), Ikea Sans Futura, qu’elle a utilisée pendant 50 ans – par Verdana (ci-dessus). C’est un tel outrage aux yeux des spécialistes qu’une pétition en ligne est créée pour qu’Ikea « se débarrasse de Verdana ».

la révolution internet  479


l’impression 3d

1 2

3

1  Les chaussures Molécule (2014) du designer Francis Bitonti furent imprimées en 3D à l’aide d’un logiciel Adobe. 2  La chaise Sketch Materialized (2006) de Front fut fabriquée par dépôt de couches successives d’une résine de type ABS et durcie au moyen d’un enduit de céramique. 3  La lampe Lily MGX de Janne Kyttanen a remporté le Red Dot Design Award en 2005.

L

’arrivée des plastiques a libéré les designers de certaines contraintes matérielles en autorisant de nouvelles formes. L’invention de l’impression 3D les emmène encore plus loin. Des objets complexes, qu’il était impossible de mouler ou d’usiner, peuvent désormais exister par la pression d’un simple bouton, parfaitement formés, après avoir été manipulés sur un écran d’ordinateur. L’impression 3D a très vite été considérée comme une révolution pour la production et le design. La possibilité de produire rapidement des objets uniques touche une grande variété de disciplines. Le procédé n’est pas seulement utilisé dans les interventions médicales pointues ou dans les studios des artisans-designers, il soulève aussi des questions sur le droit d’auteur et sur le contrôle des formes faciles à reproduire, notamment celle des armes. En outre, l’impression 3D offre la possibilité de réformer de manière plus écologique la production et la distribution industrielles. L’expression « impression 3D » est employée pour désigner la méthode générale de production d’un objet en trois dimensions par couches successives (image 1). Également appelée fabrication additive, elle comprend différents procédés utilisant différents matériaux. Par exemple, la stéréolithographie (SLA) permet de durcir un photopolymère liquide en l’exposant à la lumière ultraviolette, tandis que le frittage sélectif par laser (SLS) utilise des lasers

pour fondre du métal ou du thermoplastique sous forme de poudre. Le dépôt de fil fondu (FDM) dépose du plastique, du métal ou de l’argile fondus qui durcissent en refroidissant. Chaque procédé a une application particulière, certains servant surtout pour les détails fins, d’autres pour créer des objets plus solides, mais tous produisent des formes à partir de quelque chose qui n’en a aucune. La première méthode d’impression 3D fut la stéréolithographie, inventée en 1983 par Chuck Hull (né en 1939) pour créer rapidement les prototypes de petits éléments. Le premier objet qu’il fabrique est une coupe de lavage oculaire. En 1986 il fonde 3D Systems – première compagnie basée sur la technologie de l’impression 3D –, et sa nouvelle méthode de production est d’abord utilisée par la grande industrie comme un outil de fabrication traditionnelle, par exemple pour le prototypage rapide de pièces d’équipements médicaux, de voitures et d’avions. Avant l’impression 3D, toute nouvelle pièce de plastique ou de métal nécessitait un moule qui pouvait être onéreux et dont la production prenait du temps. L’impression 3D permet de créer sans effort des objets sur mesure dont le design n’exige qu’un logiciel de dessin 3D. Le procédé a de très larges applications. Des chercheurs en médecine ont rapidement découvert qu’il pouvait être utilisé pour créer des objets très complexes, tels des implants et des prothèses parfaitement adaptés au corps du patient (voir p. 550). Les possibilités de l’impression 3D attirent également les architectes et les designers de meubles et de produits. Certains designers apprécient particulièrement les qualités matérielles des objets imprimés en 3D. Janne Kyttanen (née en 1974), par exemple, a exploité la nature texturée, diaphane et souvent fragile du SLS, avec ses lampes Lily (image 3), Lotus et Twister (2002), produites par Materialise, un spécialiste de l’impression 3D. Ailleurs, le groupe de designers suédois Front a formé le projet de meubles Sketch (image 2), qui utilise un logiciel capable de traduire en données imprimables les mouvements des designers lorsqu’ils « dessinent » le meuble dans l’air. Les médias ont compris l’importance de l’impression 3D, soulignant les remarquables avancées médicales qu’elle permet, tout en exprimant des inquiétudes sur certains projets comme le Liberator (2013), un pistolet imprimé. Cependant l’excitation que ce dernier a soulevée a négligé le fait que l’arme fonctionne à peine, son matériau ayant tendance à casser, que l’impression et le séchage prennent des heures, et que les objets ont aussi généralement besoin d’être laminés et polis. En outre, la promesse d’une démocratisation de la méthode est retardée par le haut niveau de connaissances qu’elle exige. La technologie de l’impression 3D est en amélioration constante concernant la vitesse d’impression et la qualité des matériaux utilisés, mais elle en est encore à ses débuts et son impact n’a pas encore été complètement mesuré et compris. Dans un monde où les réalités physique et numérique s’entremêlent de plus en plus, le plein potentiel de l’impression 3D reste à découvrir. A. W.

REPÈRES 2000

Le projet de fin d’études de Janne Kyttanen conduit à la fondation de Freedom of Creation, une compagnie d’impression 3D.

2005

L’ingénieur anglais Adrian Bowyer (né en 1952) lance le projet RepRap afin de créer une machine 3D open-source capable de reproduire ses propres éléments.

544  l’ère du numérique  1995 à aujourd’hui

2006

Sjors Bergmans et Marc Van der Zander créent Head Over Heels, la première chaussure portable imprimée en 3D.

2007

Shapeways est lancé à New York. Il permet aux utilisateurs de proposer leur propre modèle 3D et de le faire imprimer.

2009

La firme américaine MakerBot commercialise l’imprimante 3D Cupcake CNC. La demande est si forte que les acheteurs doivent d’imprimer des pièces pour en construire d’autres.

2010

Materialise crée une réplique précise et grandeur nature de la momie de Toutankhamon pour une exposition du National Geographic.

2011

Le service en ligne d’impression 3D i.materialise propose l’or et l’argent comme choix de matériau.

2012

Michael Eden (né en 1955) crée le vase PrtInd (voir p. 546), qu’il enrobe d’une pellicule douce au toucher.

2012

Un hôpital hollandais implante à une patiente de 83 ans la première prothèse de mâchoire imprimée en 3D, en poudre de titane fondue au laser.

2013

Olaf Diegel (né en 1964) ajoute la guitare Steampunk (voir p. 548) à la série de guitares imprimées en 3D proposées par sa compagnie ODD.

2013

Cody Wilson, fondateur de Defense Distributed, crée le modèle du Liberator, un pistolet 3D.

2015

Foster and Partners propose que des robots impriment en 3D des structures habitables sur Mars en utilisant le régolithe comme matériau.

l’impression 3d  545


l’impression 3d

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1  Les chaussures Molécule (2014) du designer Francis Bitonti furent imprimées en 3D à l’aide d’un logiciel Adobe. 2  La chaise Sketch Materialized (2006) de Front fut fabriquée par dépôt de couches successives d’une résine de type ABS et durcie au moyen d’un enduit de céramique. 3  La lampe Lily MGX de Janne Kyttanen a remporté le Red Dot Design Award en 2005.

L

’arrivée des plastiques a libéré les designers de certaines contraintes matérielles en autorisant de nouvelles formes. L’invention de l’impression 3D les emmène encore plus loin. Des objets complexes, qu’il était impossible de mouler ou d’usiner, peuvent désormais exister par la pression d’un simple bouton, parfaitement formés, après avoir été manipulés sur un écran d’ordinateur. L’impression 3D a très vite été considérée comme une révolution pour la production et le design. La possibilité de produire rapidement des objets uniques touche une grande variété de disciplines. Le procédé n’est pas seulement utilisé dans les interventions médicales pointues ou dans les studios des artisans-designers, il soulève aussi des questions sur le droit d’auteur et sur le contrôle des formes faciles à reproduire, notamment celle des armes. En outre, l’impression 3D offre la possibilité de réformer de manière plus écologique la production et la distribution industrielles. L’expression « impression 3D » est employée pour désigner la méthode générale de production d’un objet en trois dimensions par couches successives (image 1). Également appelée fabrication additive, elle comprend différents procédés utilisant différents matériaux. Par exemple, la stéréolithographie (SLA) permet de durcir un photopolymère liquide en l’exposant à la lumière ultraviolette, tandis que le frittage sélectif par laser (SLS) utilise des lasers

pour fondre du métal ou du thermoplastique sous forme de poudre. Le dépôt de fil fondu (FDM) dépose du plastique, du métal ou de l’argile fondus qui durcissent en refroidissant. Chaque procédé a une application particulière, certains servant surtout pour les détails fins, d’autres pour créer des objets plus solides, mais tous produisent des formes à partir de quelque chose qui n’en a aucune. La première méthode d’impression 3D fut la stéréolithographie, inventée en 1983 par Chuck Hull (né en 1939) pour créer rapidement les prototypes de petits éléments. Le premier objet qu’il fabrique est une coupe de lavage oculaire. En 1986 il fonde 3D Systems – première compagnie basée sur la technologie de l’impression 3D –, et sa nouvelle méthode de production est d’abord utilisée par la grande industrie comme un outil de fabrication traditionnelle, par exemple pour le prototypage rapide de pièces d’équipements médicaux, de voitures et d’avions. Avant l’impression 3D, toute nouvelle pièce de plastique ou de métal nécessitait un moule qui pouvait être onéreux et dont la production prenait du temps. L’impression 3D permet de créer sans effort des objets sur mesure dont le design n’exige qu’un logiciel de dessin 3D. Le procédé a de très larges applications. Des chercheurs en médecine ont rapidement découvert qu’il pouvait être utilisé pour créer des objets très complexes, tels des implants et des prothèses parfaitement adaptés au corps du patient (voir p. 550). Les possibilités de l’impression 3D attirent également les architectes et les designers de meubles et de produits. Certains designers apprécient particulièrement les qualités matérielles des objets imprimés en 3D. Janne Kyttanen (née en 1974), par exemple, a exploité la nature texturée, diaphane et souvent fragile du SLS, avec ses lampes Lily (image 3), Lotus et Twister (2002), produites par Materialise, un spécialiste de l’impression 3D. Ailleurs, le groupe de designers suédois Front a formé le projet de meubles Sketch (image 2), qui utilise un logiciel capable de traduire en données imprimables les mouvements des designers lorsqu’ils « dessinent » le meuble dans l’air. Les médias ont compris l’importance de l’impression 3D, soulignant les remarquables avancées médicales qu’elle permet, tout en exprimant des inquiétudes sur certains projets comme le Liberator (2013), un pistolet imprimé. Cependant l’excitation que ce dernier a soulevée a négligé le fait que l’arme fonctionne à peine, son matériau ayant tendance à casser, que l’impression et le séchage prennent des heures, et que les objets ont aussi généralement besoin d’être laminés et polis. En outre, la promesse d’une démocratisation de la méthode est retardée par le haut niveau de connaissances qu’elle exige. La technologie de l’impression 3D est en amélioration constante concernant la vitesse d’impression et la qualité des matériaux utilisés, mais elle en est encore à ses débuts et son impact n’a pas encore été complètement mesuré et compris. Dans un monde où les réalités physique et numérique s’entremêlent de plus en plus, le plein potentiel de l’impression 3D reste à découvrir. A. W.

REPÈRES 2000

Le projet de fin d’études de Janne Kyttanen conduit à la fondation de Freedom of Creation, une compagnie d’impression 3D.

2005

L’ingénieur anglais Adrian Bowyer (né en 1952) lance le projet RepRap afin de créer une machine 3D open-source capable de reproduire ses propres éléments.

544  l’ère du numérique  1995 à aujourd’hui

2006

Sjors Bergmans et Marc Van der Zander créent Head Over Heels, la première chaussure portable imprimée en 3D.

2007

Shapeways est lancé à New York. Il permet aux utilisateurs de proposer leur propre modèle 3D et de le faire imprimer.

2009

La firme américaine MakerBot commercialise l’imprimante 3D Cupcake CNC. La demande est si forte que les acheteurs doivent d’imprimer des pièces pour en construire d’autres.

2010

Materialise crée une réplique précise et grandeur nature de la momie de Toutankhamon pour une exposition du National Geographic.

2011

Le service en ligne d’impression 3D i.materialise propose l’or et l’argent comme choix de matériau.

2012

Michael Eden (né en 1955) crée le vase PrtInd (voir p. 546), qu’il enrobe d’une pellicule douce au toucher.

2012

Un hôpital hollandais implante à une patiente de 83 ans la première prothèse de mâchoire imprimée en 3D, en poudre de titane fondue au laser.

2013

Olaf Diegel (né en 1964) ajoute la guitare Steampunk (voir p. 548) à la série de guitares imprimées en 3D proposées par sa compagnie ODD.

2013

Cody Wilson, fondateur de Defense Distributed, crée le modèle du Liberator, un pistolet 3D.

2015

Foster and Partners propose que des robots impriment en 3D des structures habitables sur Mars en utilisant le régolithe comme matériau.

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