LES MÉTIERS D’ART Les ateliers de Cartier sont renommés dans le monde pour la qualité de leur haute joaillerie et de leur haute horlogerie. On sait moins que la Maison est aussi un conservatoire vivant de certains métiers d’art, d’autant plus précieux qu’ils requièrent des savoir-faire de haut niveau menacés de disparition. Ainsi la collection Étourdissant Cartier présente-t-elle quelques chefs-d’œuvre d’artisans d’art, véritables « trésors vivants » de tradition française, travaillant au sein même de la Maison.
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HAUTE JOAILLERIE ET OBJETS PRÉCIEUX PAR CARTIER
PAGE DE DROITE, À DROITE Portrait de Jagatjit Singh de Kapurthala portant son ornement de tête Cartier. Peinture de Marcel Baschet, 1927.
Éblouissante féerie des Indes
À cette époque, aigrettes et autres joyaux de Cartier franchissent allègrement les frontières. Ils illuminent les bals des cours de Russie, d’Angleterre et d’Espagne, dont la Maison est le fournisseur officiel. Quelques années plus tard, Cartier devient également le joaillier des maharajahs et de leurs épouses, ces princes et princesses d’un Orient fabuleux dont les coffres de palissandre incrustés d’ivoire et d’or regorgent de milliers de joyaux, de pierres précieuses et de perles fines. Chez les hommes, les gemmes sont plus qu’un ornement, elles sont une protection des dieux et le symbole de leur pouvoir. Jacques Cartier, le frère cadet de Louis et directeur de la succursale londonienne, est l’interlocuteur privilégié des maharajahs. En 1911, dès son premier voyage en Inde – à l’occasion du Durbar de Delhi lors duquel le roi George V et la reine Mary sont proclamés empereur et impératrice des Indes –, il prend contact avec les plus grands princes indiens, dont le maharajah Jagatjit Singh de Kapurthala qui deviendra bientôt un très fidèle client. Nulle autre aristocratie que celle des maharajahs n’a porté autant d’extraordinaires joyaux, éblouissant les voyageurs, tel Francis de Croisset, écrivain célèbre de l’époque. En 1927, il est invité au Jubilé d’or du maharajah de Kapurthala et assiste, avant le grand dîner de cérémonie, aux entrées successives des plus puissants princes indiens, entrées qu’il compare à l’apothéose d’une « féerie des Mille et Une Nuits » : le maharajah de Kashmir entièrement couvert de perles fines, le maharajah Jam Nagar, coiffé d’une couronne lunaire et s’appuyant sur une canne de rubis, le maharajah de Patiala se perdant parmi toutes les rivières qui ruissellent de ses larges épaules, le maharajah d’Alwar, coiffé d’une toque bleue « cloutée d’étoiles » et vêtu d’une robe « semée d’astres »… Ce que Francis de Croisset ignore peut-être, c’est qu’une partie des joyaux qui l’impressionnent ce soir-là sont l’œuvre de Cartier Londres et de Cartier Paris !
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