INTRODUCTION Boisson la plus bue au monde, le thé est aujourd’hui universel. Partout, riche ou pauvre, citadin ou paysan, seul ou accompagné, l’homme boit du thé. Même si, d’un pays à l’autre, chacun le consomme à sa façon. Finalement, l’Est et l’Ouest se sont retrouvés AUTOUR D’UN THÉ.
LA CHINE
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UN PEU D’HISTOIRE La Chine est sans conteste le « berceau » du thé ! Aujourd’hui comme hier, elle reste le seul pays au monde à produire et fabriquer toutes les « couleurs » de thés : on en référence plus de 10 000, et une vie entière ne suffirait pas pour les découvrir tous ! Le théier chinois, dont le nom scientifique est le Camelia sinensis, fut découvert en Chine il y a des millénaires. Selon la légende, l’empereur Cheng Nung, le Divin Moissonneur, s’était mis en tête de parcourir toute la Chine pour en répertorier les plantes médicinales. Un jour, après une longue marche à travers la campagne, il s’assoupit sous un arbre. Toujours très soucieux de sa santé, il avait pris soin de mettre son eau à bouillir avant de la boire. Un léger zéphyr se leva, quelques feuilles de l’arbre tombèrent dans son chaudron. Il se réveilla et trouva ces feuilles infusées dans son eau. Il but l’eau, qu’il trouva délicieuse : il s’était endormi sous un théier… Il faudra néanmoins attendre la dynastie des Tang (618-907) pour voir apparaître le nom cha (« thé »). Auparavant, on utilisait les mots tu (« plante amère ») puis mieng (« bourgeon »). En fait, très vite, les Chinois s’étaient rendu compte que le meilleur du théier se trouvait être le bourgeon et les deux jeunes premières feuilles. Dès la fin du
VIII e
siècle, Lu Yu, célèbre moine bouddhiste (733-804), rédigeait le fameux
traité du thé, auquel il consacra une grande partie de sa vie. Il y décrivait de manière très précise comment produire, fabriquer (étuvage, broyage, moulage en galette et séchage) et enfin déguster le fameux breuvage. À cette époque, en Chine, on consommait le plus souvent le thé en décoction, les Chinois mangeant également les feuilles de cette « soupe » de thé vert. Les galettes appelées « lune de thé » permettaient, tout comme les briques de thé, une meilleure conservation et un transport plus facile. Dès cette époque, les moines bouddhistes avaient remarqué que le cha, consommé tout au long de la journée, les tenait éveillés durant leurs longues heures de méditation. Les populations nomades et les moines voyageurs venus de contrées lointaines adoptèrent très vite cette boisson dans leur consommation courante. Le troc pouvait commencer à s’organiser autour du thé. Sous la dynastie Song (960-1279) apparut la technique de broyage des feuilles de
LA CHINE
thé entre des meules de pierre. La poudre de thé obtenue était jetée dans une eau frémissante et battue ensuite avec un « fouet » en bambou. Cette tradition perdure encore de nos jours au Japon, notamment lors de la traditionnelle et magnifique cérémonie du thé, le Cha No Yu.
LE JAPON
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UN PEU D’HISTOIRE Les premiers témoignages écrits sur le thé au Japon remontent à l’an 912. Des moines bouddhistes japonais avaient en effet pris l’habitude d’aller rendre visite à leurs homologues chinois ; ils furent intrigués par cette boisson qu’on leur servait lors des longues méditations afin de leur permettre de rester éveillés. Les moines chinois leur livrèrent le secret du thé et ils revinrent au Japon avec quelques pieds de théiers qu’ils plantèrent dans la région de Uji, tout près de Kyoto, alors capitale impériale. Au
XII e
siècle, un de ces moines, Eisai, rapporta de Chine du thé en poudre, le
matcha. En effet, sous la dynastie des Song, en Chine, on avait pris l’habitude de broyer le thé entre deux meules de pierre et de le réduire en poudre. Pour consommer ce type de thé, il fallait bien sûr le « délayer » dans de l’eau chaude – c’est de là que vient l’origine de la cérémonie du thé au Japon, le fameux Cha No Yu (ou « eau chaude pour le thé »). La première école du thé, chargée d’enseigner tous les rituels du Cha No Yu, fut créée par Murata Shuko à la fin du
XV e
siècle.
Mais le maître de thé le plus connu est sans conteste Sen No Rykiu (1522-1591), le premier à avoir imposé des codes très précis et un rituel très spirituel. Des écoles portent aujourd’hui encore son nom et enseignent tous ses rites. Il faut plusieurs années d’apprentissage avant de devenir « maître de thé ». Au Japon, personne n’aurait dérogé au rituel du thé, et même les samourais déposaient leurs armes avant de pénétrer dans une maison de thé… Dès le début du
XVIII e
siècle, un fermier de la région de Uji, Nagatani Soen, améliora la
qualité de la fabrication du thé vert. Il mit au point un nouveau principe de roulage de la feuille, travaillée cette fois dans le sens de la longueur et aplatie : le sencha. Cette nouvelle façon de déguster le thé fut immédiatement un véritable succès. Le thé ainsi infusé développait toute sa saveur ! Au cours du
XIX e
siècle, grâce à la signature du traité de commerce et de navigation
avec les États-Unis, entre autres, le port de Yokohama développa d’une manière significative les exportations en tout genre et principalement celle du thé. Depuis le
XX e
siècle, les techniques de fabrication du thé vert au Japon sont les plus
performantes au monde.
LE JAPON