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Intervention de Françoise Mélonio
Françoise Mélonio
Directrice des études et de la scolarité Sciences Po
Je suis professeur de littérature française à Paris IV. Comme souvent dans ma génération, je n’ai pas fait de FLE et j’ai une incompétence radicale sur l’enseignement du FLE avec sans doute un regard un peu particulier sur la question du français. Je suis depuis six ans en délégation à Sciences Po où, pendant quatre ans, comme doyenne du premier cycle qu’on appelle le Collège universitaire, j’ai passé mon temps à faire l’ensemble des cursus de Sciences Po et puis depuis deux ans – j’achève mon mandat cet été – je suis Directrice des études, c’est-à-dire que je m’occupe de l’ensemble de la scolarité d’un établissement qui maintenant compte treize mille étudiants dont 40% d’étudiants bi- nationaux ou étrangers.
Sciences Po ayant été cité précédemment comme un exemple du passage au tout à l’anglais, je vais essayer de vous montrer que la situation est beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraît ; mais l’exemple était bien choisi parce qu’effectivement c’est un établissement qui est presque un cas d’école, c’est à dire, où se pose de façon extrêmement brutale la question des conséquences de la mobilité des étudiants. On a 40% d’étudiants qu’on appelle d’un terme très impropre, internationaux, à cela s’ajoute le fait que tous nos étudiants de premier cycle partent obligatoirement en 3e année de cursus un an à l’étranger soit en stage, soit en études dans une des quatre cent cinquante universités partenaires. Nous envoyons donc mille cinq cents élèves par an à l’étranger lors de la 3e année, ce qui veut dire que nous recevons en échange en premier cycle, mille étudiants étrangers par semestre, les universités étrangères préférant découper en deux l’année universitaire. C’est une population considérable, qui doit parler soit le français soit l’anglais pour venir, et qu’on va essayer d’intégrer. De plus, on a développé une politique très dynamique de double diplôme avec les universités étrangères, d’abord en 2e cycle avec Colombia, Fudan etc. mais aussi en premier cycle. On recrute maintenant dans le monde entier, à peu près cent trente étudiants de niveau bac qui feront deux ans en France et deux ans dans l’Université partenaire (rien que pour Columbia soixante étudiants par an) ; à cette mobilité s’ajoute celle des enseignants, importante, puisque l’on recrute de plus en plus d’enseignants étrangers, des Italiens notamment, qui peuvent enseigner dans diverses langues dans ce contexte très particulier de Sciences Po qui compte extraordinairement peu d’étudiants permanents. Il y a quinze ans le nombre d’enseignants permanents tenait sur une ou deux mains ; aujourd’hui on en annonce deux cents mais comme l’on compte les cher-
cheurs du CNRS, on doit en être réellement à moins d’une centaine d’enseignants toutes disciplines confondues et très peu en langues.
Je voulais donc introduire mon propos par cette politique d’internationalisation qui s’est accrue chaque année et qui correspond à une réflexion sur les débouchés des étudiants : 30% de nos étudiants commencent leur carrière à l’étranger souvent au sein d’entreprises ou d’administrations françaises. Cette stratégie est née d’une réflexion sur l’internationalisation des disciplines comme les Sciences sociales, cœur de Science Po, l’économie, la sociologie, la Science politique et l’on a découvert progressivement les conséquences de ce que devrait être une politique des langues.
Ainsi, je voudrais insister surtout sur les pistes choisies et les points qui posent problème. Comment préparer les étudiants à cet apprentissage du français, pour ceux qui viennent et à celui des langues étrangères, pour ceux qui partent ? L’idée très originale lancée il y a une quinzaine d’années, a été de créer des campus de centre-ville dans des villes moyennes centrées autour d’une zone géographique que l’étudiant va étudier, en plus du cursus habituel de Sciences Po ; tous nos étudiants ont 80% du cursus en commun sur tous nos campus, et ce ne sont pas des IEP dits de province, mais les mêmes cursus que Sciences Po Paris. Reste 20% d’enseignement ayant trait à la zone, et à la langue particulière échue à cette zone ; par exemple, depuis quinze ans à Nancy, sur un campus où l’enseignement se fait en français, en anglais, en allemand, où les étudiants sont automatiquement trilingues et où les cours se font dans les trois langues, on trouve une vingtaine de nationalités ; autre cas de figure, Menton : les étudiants peuvent entrer soit en parlant français soit en parlant anglais ; ils apprennent automatiquement l’autre langue et en plus l’arabe deux heures par semaine ou bien l’hébreu ; on a la même chose à Reims, campus anglophone, ils vont apprendre le français et diverses autres langues. Le projet a changé en fait pendant que j’étais là et ça n’avait pas été anticipé ; à l’origine le but était de prendre des étudiants étrangers ne parlant pas nécessairement encore très bien français, de les mettre dans une ville moyenne pour qu’il y ait une socialisation autour qui permette un progrès plus grand dans la maîtrise de la langue et aussi dans la connaissance de la culture… et puis ça a bougé. Maintenant, par exemple à Poitiers où l’on accueillait des étudiants venant plutôt d’Amérique latine, on trouve des étudiants francophones, pas nécessairement français, intéressés aussi par les rapports Amérique latine ou Péninsule ibérique et France ; du coup sur chacun de ces campus nous avons une vingtaine de nationalités et on a même réussi à convaincre, non sans de grosses difficultés, des étudiants français entrés par examen. On leur a montré l’intérêt qu’ils pourraient tirer d’aller dans un campus où ils seraient avec une vingtaine de nationalités parce qu’ils auraient une initiation au plurilinguisme et à une dimension pluriculturelle tout en restant en France les deux premières années. Et la 3e année ils partent dans le pays dont ils ont étudié la langue ; ceux qui viennent de l’étranger qui ne parlent pas très bien français, on essaye de les
envoyer dans un pays francophone ; ainsi nous sommes à plus de la moitié de nos étudiants depuis un an, qui ne sont plus à Paris pour le 1er cycle mais sur ces campus et on pense d’ici trois ans, sur la base du volontariat, avoir les 2/3 des gens sur ces campus en région, dans une atmosphère tout de suite internationale. L’idée est de fabriquer des francophiles et francophones et d’initier tout de suite nos étudiants au travail dans d’autres langues. En Master on essaye aussi d’avoir ce mélange, de créer des groupes d’étudiants qui travaillent ensemble.
Alors comment jouer maintenant la complémentarité, français/anglais ? On a énormément de cours ; le FLE est la 3e langue enseignée – après l’anglais (2045 étudiants) et l’espagnol(1065) ; rien qu’à Paris on a 1015 étudiants en FLE et on en a beaucoup sur les campus en petits groupes de 15 maximum et parfois beaucoup moins. Comment faire pour pousser tout le monde à apprendre le français (je ne parle pas de l’anglais, il est obligatoire et on exige une certification à la fin, niveau C1) ? Cela varie en fonction du public ; en 1er cycle, pour les étudiants de campus-villes moyennes, le français est obligatoire donc ils en font. Pour les étudiants en échange, c’est plus difficile, parce qu’ils viennent juste pour un semestre et certains ne parlent pas français ; on a créé un Certificat d’Etudes en Sciences sociales pour les motiver, dans lequel les cours de FLE et de civilisation sont obligatoires ; l’idée d’avoir un parchemin en plus étant très alléchante, la quasi totalité s’est mise à suivre ces cours. En Master le français n’est pas nécessairement obligatoire et aucun niveau de français n’est exigé pour diplômer les élèves. C’est un objet de débat : faut-il passer à l’obligation ou pas ? Je dois dire que le service des relations internationales est très méfiant, craint que nous ne perdions notre attractivité en rendant l’étude du français obligatoire en 2e cycle. Pratiquement ils en font quasiment tous mais la question se pose de savoir si on fait un pas de plus.
Comment fait-on une fois qu’on a rendu les choses obligatoires ou quasiment pour que cette obligation soit productive ? Nous avons à titre d’exemple deux programmes, à faire avancer sur d’autres campus. A Reims, cas le plus difficile, il s’agit de faire apprendre le français à des asiatiques, qui sont tous volontaires, avec comme résultat au bout d’un an : les chinois ne parlent pas un mot de français mais arrivent à suivre quelques cours en français. Avec les Américains ce n’est pas non plus gagné car ils se demandent si c’est bien utile d’apprendre le français. Alors nous faisons un programme de formation élémentaire d’abord, couplé avec des visites dans la ville etc., avec des opérations de sociabilité, dans le but de développer le français comme langue de socialisation à l’intérieur de la ville de Reims. Nous sommes épaulés par les facultés américaines qui nous envoient leurs étudiants et considèrent qu’un étudiant qui aurait passé deux ans en France sans apprendre le français donnerait une image de fermeture d’esprit, catastrophique vis à vis des futurs employeurs. C’est un premier degré. Mais on a aussi un programme plus élaboré intégrant les étudiants
un peu plus avancés B1/B2 dans des cours de nos disciplines : droit, économie, histoire etc., conçus spécialement pour eux en tant que débutants, de façon à ce qu’ils puissent suivre avec un niveau de langue plus restreint. L’idée est de les intégrer dans les groupes habituels en cours de scolarité dès qu’ils atteignent C1.
Autre expérience, j’ai lancé un programme Europe-Afrique : on prend une soixantaine d’étudiants du monde entier niveau bac et atteignant un B2 plus ou moins fort à la fois en français et en anglais. L’idée est que pour travailler en Afrique subsaharienne il est nécessaire de pouvoir circuler dans le continent et que le bilinguisme rend la formation infiniment plus alléchante que celles strictement anglophones existant aux USA ou en Grande Bretagne, (d’ailleurs on leur prend leurs étudiants !). Quel en est le principe ? Pendant un semestre on va pousser à fond, à coup de tutorat, la spécialisation de la langue où ils sont le moins bons, tout en commençant à leur donner les cours dans les deux langues ; au bout du semestre, on bascule tout le monde en bilingue, avec certains cours en français, d’autres en anglais et ils doivent apprendre en plus une langue pratiquée sur le continent africain, c’est-à-dire l’arabe, le swahili ou le portugais. Pour le moment, on n’a ouvert que trois langues parce que sur soixante étudiants on ne peut pas les multiplier. En 2e cycle, l’endroit où il y a le plus d’étrangers est notre école des Affaires internationales qui inscrit six cents étudiants par an ; le programme peut être suivi intégralement en anglais, mais les étudiants suivent des cours de français avec stage de survie à l’arrivée pour leur donner déjà de quoi se débrouiller dans la ville ; on leur fait visiter certains monuments avec des commentaires ; il y a des propositions de cours de FLE et on y ajoute la possibilité de suivre des cours en français dans les disciplines enseignées ; la réussite est inégale car la situation des différentes disciplines n’est pas la même s’il s’agit du français ou de l’anglais. Les économistes enseignent massivement en anglais et mon problème réside en ce qu’ils enseignent seulement parfois en français. On va lancer une plateforme de l’enseignement de l’économie avec des textes, des exemples en français, des exemples, des serious games (comment dit-on ? jeux sérieux ?) en français. Cela va être une des premières plateformes pas exclusivement « orthodoxe » en français, pour l’ensemble du monde francophone concernant l’étude de l’économie. En revanche en histoire et en droit, l’idée que l’on n’enseigne pas la même chose selon les langues est une idée beaucoup plus facile à faire partager par l’ensemble des enseignants. Une vraie réflexion est nécessaire pour savoir quel est le bénéfice intellectuel tiré de l’enseignement dans les deux langues, quelle est la perte que l’on subit si on se met à enseigner massivement dans une seule langue.
Dernier aspect, la question du multilinguisme, j’y suis très attachée et je pense qu’il ne faut pas en rester au face à face français/anglais. Néanmoins cela pose un certain nombre de difficultés ; j’ai expliqué que sur les campus, systématiquement, ils apprennent tous, autre chose en plus du français et de l’anglais : s’ils sont à Poitiers et s’intéressent à l’Amérique latine, obligatoirement à l’entrée, ils doivent connaître
soit l’espagnol soit le portugais et ensuite c’est quatre langues dans le cursus et quand ils sortent, au niveau licence, ils connaissent forcément toutes ces langues ; on joue la politique du plurilinguisme très fortement. Néanmoins, ce qui est compliqué c’est de savoir quelle langue il faut enseigner dans chaque programme ; la tendance des étudiants est plutôt au tourisme linguistique ; j’ai eu un affrontement assez net avec un syndicat étudiant qui voulait que chaque semestre on puisse étudier trois langues étrangères en même temps, à raison de deux heures par semaine par langue ; l’efficacité de la chose me paraissant très faible, nous avons eu une bataille et j’ai fini par obtenir qu’ils puissent changer de langue en cours de scolarité mais qu’on ne fasse pas trois langues à la fois ; on butte sur cette idée d’une sorte de supermarché des langues où l’on ferait un peu de tout. Nous essayons de tenir bon sur l’idée qu’on pratique plusieurs langues et qu’on part à l’étranger en pouvant les utiliser.
Autre problème financier et logistique : à Paris j’ai deux élèves de tchèque et cinq de polonais pour peu que l’un soit débutant et l’autre pas, vous imaginez les dégâts en terme de budget ; se pose la question de savoir quelle est la politique des langues la plus cohérente ; comment privilégier certaines langues et pas d’autres en fonction des programmes ? Parfois ce ne sont pas seulement des questions de finances mais d’existence des professeurs de langue. On tient beaucoup à ce qu’il y ait du swahili dans le programme Europe/Afrique ; on compte dix élèves en swahili par niveau chaque année ; l’ennui c’est qu’en France il y a peu d’enseignants de swahili ; il n’y a que l’Inalco qui puisse nous en proposer ; comme notre campus est à Reims, il faut donc convaincre l’Inalco de travailler avec nous à Reims ; une solution a été trouvée : ils ont fait un extraordinaire programme innovant, partiellement en présentiel et partiellement à distance. On s’aperçoit de la nécessité de méthodes innovantes pour garder du plurilinguisme.
Autre difficulté politique : avant de partir à la retraite j’ai monté un Comité scientifique piloté par un historien allemand qui enseigne aussi en anglais, a appris le français tout seul et, travaillant sur les politiques comparées, est sensible à la question du multilinguisme ; l’une des difficultés du plurilinguisme est d’en tenir compte tout en conservant le caractère démocratique de notre établissement ; dans notre filière d’entrée, disons pour simplifier, « discrimination positive », l’une des difficultés réside en ce que les élèves français venant de cette filière ont beaucoup plus de difficultés d’accès à l’anglais et à d’autres langues, comme l’espagnol et le portugais ; on se rend compte alors que la politique des langues que nous prônons peut avoir des conséquences sociales non désirées et aboutir à créer des espèces de ghettos de programmes, moins ouverts linguistiquement, dans lesquels les élèves n’auront pas été en contact plurilingue dans leurs études.
Nous avons une autre difficulté non complètement résolue : beaucoup de nos élèves y compris français, ont une trajectoire familiale pluriculturelle dont le contenu est d’un niveau très inégal ; on peut aller d’un vague souvenir familial d’une autre
langue jusqu’à une pratique familiale assidue d’une langue ; nous avons du mal à nous appuyer sur des revendications disons identitaires et sur des connaissances d’un niveau extrêmement inégal pour en tirer, pour ces étudiants, bénéfice pour la suite de leur parcours. Ça suppose toute une attention au parcours des étudiants, à la façon d’enseigner les langues, sur lesquels on commence à réfléchir mais que l’on n’a pas encore complètement tranché.
Nous avons un autre chantier, celui de la question d’une compétence spécialisée selon les disciplines et selon les profils. Sciences Po possède un département de langues pour donner des cours de langue et en langues et particulièrement en anglais ; pourtant l’on n’a pas réussi à bien développer les groupes, la logistique est assez difficile quoique que nous ayons les enseignants en espagnol ou en italien par exemple. Mais la question se pose, dès lors qu’on a une école de droit, une école de finances etc., de savoir s’il ne faut pas que nous ayons aussi des cours beaucoup plus spécialisés non pas simplement en langue mais de langue pour l’anglais juridique, financier, académique. Pour l’instant, nous avons du tutorat mais on peut peut-être aller plus loin. Cela implique une réflexion sur la nature même de ce que l’on enseigne et sur les compétences. Par exemple, certains chercheurs m’ont fait observer qu’ils avaient besoin de lire en certaines langues (moi on m’a donné des cours d’allemand accéléré pour que je puisse lire quatre-vingts livres en allemand donc je comprends très bien leur demande) mais pas forcément pour maîtriser les quatre compétences au même degré. Je prends un exemple : nous enseignons l’arabe littéraire mais pour un ethnologue qui va sur le terrain, l’arabe dialectal c’est évidemment très important ; on a sans doute la même chose pour le français ; le niveau de français nécessaire pour un étudiant étranger, suivant le secteur où il va travailler, peut être un français de compétence spécifique, spécialisé sur une discipline ou un champ ; il n’a pas besoin non plus des quatre compétences au même niveau.
Alors il va de soi qu’on ne va pas former des bilingues comme des natifs en français et anglais même si on demande un niveau C1 élevé ; il est clair que ce que l’on doit faire maintenant est travailler davantage sur ce qui va vraiment être nécessaire pour un usage ponctuel mais aussi intellectuel ; quel est le type de richesse intellectuelle que l’on cherche véritablement pour nos étudiants ? On peut introduire une pratique artistique, on a d’ailleurs des ateliers artistiques, des ateliers d’écriture en français…Quel est exactement l’objectif que nous visons ?
Est-ce qu’il faut aller dans des certifications systématiques non seulement pour le français mais pour d’autres langues ; vu le prix des certifications je dois dire que le débat est assez vif en ce moment sur ce point.
Si je conclus, au moment où je vais prendre ma retraite d’ici quelques mois, la difficulté que montre Sciences Po, tout à fait symptomatique aujourd’hui, est qu’il y a évidemment le risque de glisser vers un global english et si je passe dans les couloirs ce que j’entends comme global english c’est celui parlé par les professeurs, pour les
étudiants c’est mieux ; je me demande si, en réalité, le besoin déjà maintenant n’est pas celui d’un plurilinguisme, que ce soit avec des langues asiatiques, l’espagnol ou des quantités de langues. C’est pour cela, que l’on va rentrer dans un processus de labellisation FLE qui n’est qu’une façon de pousser l’ensemble de nos langues pour arriver à quelque chose de plus professionnel. L’enjeu est clairement une meilleure insertion des étudiants. Le fait de parler très bien anglais et français et si possible d’écrire un français correct n’est pas gagné mais c’est indiscutablement un énorme atout professionnel, et également un atout en matière de formation ; la valeur de tolérance et le respect de soi et des autres qu’il doit y avoir entre les étudiants sur des campus internationaux, passe d’abord et avant tout par une conscience de la pluralité linguistique.
Je voudrais finir sur une citation d’Édouard Glissant : « Aujourd’hui, même quand un écrivain ne connaît aucune autre langue il tient compte, qu’il le sache ou non, de l’existence de ces langues autour de lui, dans son processus d’écriture. On ne peut plus écrire une langue de manière monolingue, on est obligé de tenir compte des imaginaires des langues ». Et je crois que c’est un peu cette dimension là, qui est une dimension de désir d’imaginaire aussi qui est en jeu, bien au-delà de la question d’un service des langues.