ED EPSTEIN

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Edward Epstein

‘‘À NEW YORK, DSK ÉTAIT SOUS SURVEILLANCE’’ LE JOURNALISTE AMÉRICAIN, QUI A RELANCÉ L’ENQUÊTE SUR DSK ET L’IDÉE DU COMPLOT, NOUS DÉVOILE QUELQUES DÉTAILS SUPPLÉMENTAIRES. PAR MAXIME ROBIN, À NEW YORK

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N° 1788

D. R.

C

laude Guéant et l’UMP aboient, Ed Epstein passe. Mis sur le gril par VSD, le journaliste new-yorkais révèle des faits inédits, supprimés de son enquête – le magazine New York Review Of Books craignait un procès. Des faits qui renforcent sa théorie d’un DSK surveillé, avec la complicité d’Accor. Epstein révèle pourquoi la justice ne s’est pas aperçue, après plusieurs mois d’enquête, de la disparition du BlackBerry de DSK. Il l’avoue aussi à demi-mot : ce sont les avocats de DSK qui lui ont donné accès aux fameuses vidéos. Enfin, dans ses déclarations, rien n’indique que la surveillance dont aurait fait l’objet DSK ne soit incompatible avec une tentative de viol. VSD. Avez-vous déjà rencontré DSK ? Passionné de mystère Réputé pour son Edward Epstein. Je n’ai eu aucun contact avec DSK, sérieux, Epstein a écrit sur les grands scandales, ni avant ni après mon enquête. Je ne lui ai jamais notamment sur la mort de Kennedy. parlé. Je lui ai envoyé un e-mail, mais il ne m’a pas répondu. Quant à Michel Taubmann (biographe était parti de l’hôtel avec et qu’il ne pouvait l’avoir et farouche soutien de DSK, qui a déclaré être ami perdu que dans un taxi ou au restaurant. C’était avec Epstein, NDLR), nous nous sommes rencon- faux : l’appel de Camille est entré dans un second trés à New York en juillet, à sa demande. Ensuite, BlackBerry, un appareil d’appoint. La justice a simil est parti voir DSK, quelque part en Amérique. À plement confondu ces deux portables. son retour, je crois que c’était fin août, nous avons VSD. Et Nafissatou Diallo ? Utilisée, selon vous ? discuté une heure. C’est tout. Je ne suis pas son ami. E. E. À mon avis, cette femme est un pion sur un VSD. Vous pensez donc que quelqu’un pistait échiquier, victime plutôt que coupable. Je crois DSK pour lui nuire. Vous citez l’UMP. qu’elle avait pour tâche de distraire (sic) DSK, mais E. E. Ce que je pense, c’est que DSK était sous elle ne savait pas pourquoi on lui a demandé surveillance le 14 mai. Quelqu’un épiait ses mou- d’entrer dans la chambre. vements et attendait qu’il fasse une erreur, pro- VSD. Comment expliquer la relation sexuelle ? bablement depuis longtemps. Mais son Black- E. E. (Il coupe.) Sous serment, Nafissatou Diallo a Berry du FMI, qui aurait contenu des preuves de menti aux procureurs. Elle a caché ses visites dans cette surveillance, a disparu. Je ne peux donc rien la chambre 2820. Si elle avait dit la vérité, le bureau prouver. Personne ne m’a dit : « Oui, c’est exact, du procureur aurait eu un dossier solide. La nous le surveillions. » C’est une hypothèse sur laquelle j’ai tra- ‘‘NAFISSATOU DIALLO EST UN PION SUR L’ÉCHIQUIER, vaillé, en essayant d’expliquer VICTIME PLUTÔT QUE COUPABLE’’ pourquoi le portable de DSK s’est volatisé, pourquoi ça l’a rendu soucieux, pour- chambre 2820 serait devenue une scène de crime : quoi il a appelé l’hôtel pour demander qu’on le son ou ses occupants auraient fait partie de l’enrapporte. Mais je n’ai aucune preuve impliquant quête. Ses mensonges forment une entrave à la l’UMP dans cette surveillance. justice. En revanche, après le rapport avec DSK, les VSD. Pourquoi la justice ne s’est-elle pas enregistrements des caméras de surveillance la interrogée sur la disparition du BlackBerry ? montrent assise en bas de l’escalier de l’hôtel, E. E. Le procureur Vance a fait une erreur. Il a listé devant le bureau de la sécurité, pendant soixantetous les messages entrants et sortants de DSK, sur dix minutes. Au vu des images – que j’ai visionnées tous ses portables. On y trouve un message de sa sans le son –, elle n’avait pas l’air d’une conspirafille Camille à 12 h 31, l’informant de bouchons sur trice. Les agents de sécurité l’ignoraient plus ou la Sixième Avenue. DSK était alors dans un taxi. moins. Elle leur a ensuite décrit ce qui s’est passé : Le procureur a cru que ce message était reçu sur elle montre du doigt sa poitrine, probablement son BlackBerry du FMI, donc que Strauss-Kahn pour expliquer que DSK a voulu la lui agripper.

Elle raconte son histoire. Peut-être lui ont-ils demandé d’arranger certains détails : par exemple, ne pas évoquer la chambre 2820, en lui expliquant que ça ferait du tort à l’hôtel. VSD. Vous avez confié au « Journal du dimanche » que deux hauts responsables d’Accor se sont échangé vingt-six textos en quatre minutes, entre 12 h 21 et 12 h 25. Alors que DSK n’est même pas sorti du Sofitel et que Diallo n’a prévenu personne. C’est un apport fracassant à la théorie du complot, et vous n’en faites pas mention dans l’enquête ? E. E. Mes propos ont été faussement retranscrits. Si j’avais découvert ça, ç’aurait été dans l’article. La connexion n’était pas bonne, la journaliste ne parlait pas un très bon anglais. (Elle est mariée à un Américain et a vécu plus de dix ans aux États-Unis, NDLR). Enfin, j’ai la chronologie devant moi. Ce qui s’est vraiment passé, c’est que, entre 10 h 21 et 10 h 35, Brian Yearwood, chef des services techniques de l’hôtel, et John Sheehan, directeur de la sécurité, se sont échangé treize textos, et ce, sept minutes après que DSK a appellé sa femme Anne Sinclair. Pendant ce temps, Nafissatou Diallo a utilisé deux fois sa carte magnétique pour entrer dans la chambre 2820. Des coïncidences troublantes. VSD. Ces textos, envoyés le matin, renforcent l’idée sinon d’un coup monté, au moins d’une surveillance. Pourquoi ne pas en parler dans votre article ? Pourquoi dire à la place que M. Sheehan a été prévenu « par téléphone à 13 h 03 » ? E. E. Les avocats de la New York Review Of Books ont relu mon texte attentivement. Le paragraphe sur la coïncidence temporelle tombait pour eux sous le coup d’une loi américaine, l’« implied libel ». Même si je ne faisais que mentionner des faits troublants sans les lier, j’étais coupable d’« insinuations ». Le paragraphe a donc été retiré. VSD. Accor jure que la danse entre Yearwood et un inconnu n’a duré que huit secondes. E. E. Accor a menti en disant que ces vidéos n’existaient pas. Maintenant, on prétend que la danse victorieuse ne dure que huit secondes. Je maintiens qu’elle a duré entre deux et quatre minutes. Et puis, une minute ou une heure, quelle importance ? VSD. Pour certains, ça en a beaucoup. Ils auraient pu fêter la victoire d’une équipe de football… E. E. Accor n’a qu’à montrer l’enregistrement aux JT français. VSD. Avez-vous une copie de cette vidéo ? E. E. Non. VSD. Comment vous l’êtes-vous procurée ? E. E. Ces images sont des documents de justice. Elles ne sont pas secrètes mais sont protégées. Une des parties de cette affaire m’a montré la vidéo, je ne peux vous en dire plus. VSD. Pourquoi la justice n’a-t-elle pas fait mention de cette danse durant l’enquête ? E. E. Je n’ai pas la réponse. Plusieurs personnes en ont connaissance dans le milieu de la justice, dont celles qui m’ont montré la vidéo. VSD. Accor affirme aussi que le client de la chambre 2820, dont l’identité n’a pas été révélée, est parti à 11 h 36. E. E. Quelqu’un est sorti de la chambre à 11 h 36, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y avait plus personne à l’intérieur…쐍


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