Printemps/Été 2006

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LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

Printemps/été 2006, vol. 2 no 2 RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

Convention de la poste-publications no 41122591

Quand la digestion anaérobie s’en mêle, la terminologie s’emmêle Obligation ou volontariat : avons-nous vraiment le choix ? Pourquoi limiter l’usage d’un outil fiable ? TABLE RONDE

Cri du cœur

des centres de tri www.maya.cc



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Printemps/été 2006, vol. 2 no 2

LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

sommaire table ronde

RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

10 « En faisant 200 kilomètres avec une tonne de matière recyclable, je pense que nous passons complètement à côté de la vocation environnementale de la récupération. On n’a qu’à penser aux aberrations du système de Ville St-Laurent ou d’Anjou, dont la matière est traitée à Québec. Si au niveau du bilan environnemental il est démontré qu’il y a une perte à traiter la matière dans certaine région, peut-être devrait-on tout simplement ne pas faire de récupération dans ces endroits éloignés. C’est aussi simple que ça. »

CHRONIQUE En lien avec le ministre Les entreprises d’économie sociale et les enjeux de la gestion des matières résiduelles

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RECYCLAGE DU VERRE

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LE MUNICIPAL

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LE TOUR DU MONDE

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SOLS CONTAMINÉS

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COLLECTE SÉLECTIVE

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COLLECTE SÉLECTIVE

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COMPOSTAGE

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L’INSTITUTIONNEL

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ÉLIMINATION

-Frédérik Potvin

LE JURIDIQUE

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LE S B O N S C O NTA CTS

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L’ E N V E R S D U D É C O R

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La collecte sélective pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration : est-ce pour bientôt ? Bacs roulants : location ou achat ? Des solutions de gestion adaptées aux pays en développement Pourquoi limiter l’usage d’un outil fiable ? Le partenariat : une composante essentielle du succès de la collecte sélective ! La collecte sélective : des résultats convainquants Quand la digestion anaérobie s’en mêle, la terminologie s’emmêle Obligation ou volontariat : avons-nous vraiment le choix ? Les systèmes d’étanchéité : lequel choisir ?

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé grâce à la participation financière de Tricentris.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

Chroniqueurs : Claude Béchard, Jean Halde, André Lapointe, Hélène Lauzon, Éric Maisonneuve, Michel Marcotte, André Martel, Denis Potvin, Mario Quintin, André Simard et Maryse Vermette

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie Photos de la page couverture et de l’entrevue : Studio Point DeVue Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Trans-Graphique

Coordination des ventes : André Dumouchel Tél. : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Qc) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 508-1514 info@maya.cc www.maya.cc

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié 3 fois l’an.



É D I TO R I A L

Quand nos vidanges se transforment en choix de société André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Abordez le sujet de l’environnement avec n’importe qui et vous constaterez que tous affirment « faire attention ». Approfondissez un peu la question avec eux et vous aurez probablement droit à toute la panoplie des clichés bien connus : on ne laisse pas couler l’eau du robinet inutilement, on ne jette pas nos déchets par terre dans les rues et on fait un effort pour recycler. Mais, voyez-vous, c’est qu’on ne peut que difficilement être contre la vertu, et les gens aiment se donner bonne conscience, c’est bien connu. Aussi, à l’approche des élections, qu’elles soient fédérales, provinciales ou même municipales, l’enjeu de l’environnement refait toujours surface et fait toujours partie des deux ou trois plus grandes priorités de nos candidats. C’est naturel, le mot « environnement » est payant ! Cependant, une question se pose : comment expliquer qu’après les élections les différents paliers de gouvernements relèguent invariablement l’environnement à la priorité numéro 47 ? J’entends déjà certains d’entre vous me dire que l’investissement dans le domaine de l’eau ne manque pourtant pas. Vous avez partiellement raison. Il est vrai que des efforts sont faits, mais on n’a qu’à penser au renouvellement des infrastructures dont les coûts ont été établis à 1 milliard de dollars sur une période de 15 ans pour se rendre compte que la tâche est colossale et qu’on est extrêmement loin du compte. Mais vous détenez un point si vous insistez en me disant qu’au moins un effort important est consenti dans ce secteur. Ce qui ne semble pas être le cas au niveau de la gestion des matières résiduelles.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

Dans notre table ronde, Frédéric Potvin de Tricentris fait état des 19 millions de dollars reçus du gouvernement par les municipalités et les centres de tri sur une période de 25 ans en comparaison aux 450 millions prévus pour les papetières dans le dernier budget provincial. Est-ce cela qu’on insinue lorsqu’on dit qu’un puissant lobbying peut faire toute la différence ? Ai-je besoin de soulever l’exemple des écoles privées juives ? Sûrement pas, vous avez compris le principe… Il m’apparaît donc clair que le milieu des matières résiduelles doit trouver le moyen de s’imposer davantage sur l’échiquier politique. Les différentes associations existantes peuvent-elles assumer un leadership efficace chacune de leur côté ? Peuvent-elles s’associer pour ce combat ? Doivent-elles engager des gens d’expérience pour faire le lobbying qui fait si cruellement défaut ? Doit-on créer une association de toute pièce, dont le mandat serait clairement dirigé vers la représentation ? Je l’ignore, mais je sais toutefois que le statu quo ne donne évidemment pas les résultats souhaités. Un sérieux coup de barre doit être donné. La gestion des matières résiduelles doit devenir une priorité nationale; les impacts sur l’environnement et la santé de la population sont trop importants pour qu’il n’en soit pas ainsi. En tant que société, nous devons cesser de compter sur la pensée magique et entreprendre les actions à la hauteur de nos ambitions. L’établissement de la Politique québécoise sur la gestion des matières résiduelles 1998-2008 était une base intéressante, mais il ne s’agissait pas d’une fin en soi. Les objectifs sont là, mais ni les moyens ni les résultats ne sont au rendez-vous.

D’ailleurs, peut-on m’expliquer qu’il n’y ait jamais eu à ce jour de véritable campagne nationale entourant la gestion des matières résiduelles, hormis les publicités de Recyc-Québec vantant les mérites de la consigne ? L’échéance n’est-elle pas dans un an et demi ? Comment peut-on croire que nous atteindrons ces objectifs ambitieux sans en faire la promotion auprès des citoyens et des ICI qui génèrent ces déchets ? Magie, je vous dis… Vous voulez un exemple d’action efficace ? Dans les années 1980, le gouvernement du Québec a décidé qu’il était temps de se doter d’installations pour traiter les eaux usées. Il a alors mis en place un programme d’assainissement des eaux auquel se rattachait un impressionnant budget pour sa réalisation. Résultat : le programme a permis à près de 98 % de la population desservie par un réseau d’égout de voir ses eaux usées traitées. Voilà, c’est réglé, on passe à un autre appel. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi pour les matières résiduelles ? Les centres de tri ont besoin d’être mécanisés afin d’être plus performants ? Allons-y, aidons-les. Les municipalités ont besoin que leurs citoyens soient dotés de bacs roulants afin que la collecte sélective soit plus performante ? Parfait, go ! Une campagne de sensibilisation nationale s’avère indispensable, tout comme l’a été celle sur la vitesse au volant ? Qu’est-ce qu’on attend ? Je le dis et le répète : nos politiciens doivent délaisser les beaux discours utilisant des expressions vides de sens comme « développement durable » s’ils ne comptent pas y ajouter les moyens financiers, sans quoi le mot « durable » sera davantage associé aux répercussions de la mauvaise gestion de nos matières résiduelles sur la vie des générations futures qu’au mot « développement ». ■



En lien avec le ministre Les entreprises d’économie sociale et les enjeux de la gestion des matières résiduelles

M. Claude Béchard, ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs L’application de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 19982008 interpelle tous les acteurs économiques et sollicite la participation active de tous. Qu’il s’agisse du secteur municipal, du secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI) ou du secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition (CRD), chacun doit voir à instaurer des pratiques de gestion responsable des matières résiduelles. Les entreprises d’économie sociale représentent des acteurs incontournables dont la collaboration, à l’égal de celle des récupérateurs et des recycleurs, est indispensable pour la valorisation des matières résiduelles dans une perspective de développement durable. Ces entreprises concourent tout à la fois au développement économique et social en mettant de l’avant des projets porteurs vers l’atteinte des objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008.

D’une importance sans conteste Plus précisément, les entreprises d’économie sociale sont présentes dans plusieurs domaines de la gestion des matières résiduelles, dont celui du réemploi, de la récupération, du recyclage et de la valorisation des matières résiduelles, soutenant ainsi les municipalités dans l’atteinte des objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008. Elles contribuent particulièrement à la récupération et au réemploi de matières qui, autrement, pourraient augmenter le bilan des quantités de matières résiduelles éliminées. Il s’agit, par exemple, des textiles, des électroménagers, des meubles et du matériel informatique dont la valeur de réemploi est sans conteste. En remettant en condition et en marché ces différentes matières, elles créent des emplois durables, offrent un service d’entraide à la communauté et favorisent, entre autres, la réinsertion sociale d’individus, d’où la valeur appréciable de l’action de ces entreprises. Ce sont également de véritables piliers de la redistribution et du réemploi des biens de consommation récupérés au Québec. 8

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Sur la base du rôle important que jouent ces entreprises dans l’atteinte des objectifs de la Politique, notre gouvernement a mis en place le Programme d’aide financière aux entreprises d’économie sociale œuvrant dans le cadre des plans de gestion des matières résiduelles afin de soutenir le développement de leurs projets et d’assurer leur pérennité. Ce programme, administré par RECYC-QUÉBEC et qui totalise 5,7 millions de dollars sur trois ans, a permis la consolidation d’entreprises dont la pertinence de l’action se confirme dans leur milieu d’appartenance. L’aide apportée à ces organismes permet de réduire de façon significative les matières résiduelles envoyées à l’élimination et de leur donner une nouvelle vie. Les services offerts par ces entreprises d’économie sociale répondent aux besoins socioéconomiques d’une clientèle locale et régionale tout en contribuant à la protection de l’environnement.

Un soutien au développement régional Le rayonnement du Programme d’aide financière aux entreprises d’économie sociale œuvrant dans le cadre des plans de

au sein de la communauté qui contribuent à la vitalité des industries axées sur la préservation des ressources. Tout en contribuant à minimiser la quantité de matières résiduelles destinées à l’élimination, ils permettent de maintenir ou de créer des emplois, favorisant ainsi la rétention des jeunes dans leur milieu et le développement d’entreprises dynamiques.

Un partenariat complémentaire et essentiel Dans une société où la consommation est sans cesse grandissante, les entreprises d’économie sociale s’inscrivent dans la gestion des matières résiduelles comme un partenaire naturel de toute industrie ou commerce. Créatives et souvent novatrices, elles se penchent activement sur les débouchés pour les matières destinées à l’élimination. Elles satisfont d’emblée aux aspirations d’une société sensible au développement durable. Outre le fait qu’elles permettent de réduire le recours à l’élimination, de préserver les ressources naturelles et de protéger l’environnement, elles contribuent sur le plan social à la promotion de

Outre le fait qu’elles permettent de réduire le recours à l’élimination, de préserver les ressources naturelles et de protéger l’environnement, elles contribuent sur le plan social à la promotion de valeurs importantes gestion des matières résiduelles se fait sentir dans toutes les régions du Québec. Le soutien financier accordé par l’entremise du Programme permet de régler différentes problématiques régionales. Jusqu’à maintenant, plus de 1,9 millions de dollars sont venus supporter un éventail de projets de développement et de consolidation qui concernent de multiples champs d’activités économiques, qu’ils s’agissent des secteurs du textile, du papier, du bois, des métaux, voire même des matières organiques. De Rouyn-Noranda au Bas-Saint-Laurent en passant par le Saguenay-Lac-SaintJean et la Côte-Nord, sans oublier les grands centres comme Montréal et la CapitaleNationale, les projets retenus dans ces régions s’inscrivent dans un plan de développement qui vise l’enrichissement économique et social de chacune d’elles, au service d’une meilleure gestion des matières résiduelles ciblées et de la protection de l’environnement. Ils sont des exemples de partenariat

valeurs importantes telles l’équité, le respect et la responsabilité à l’endroit des générations à venir. Il nous faut prendre en compte le rôle majeur qu’elles jouent sur le plan purement économique en favorisant la création d’emplois dans toutes les régions du Québec et en stimulant la mise en marché de produits d’occasion ou recyclés à valeur ajoutée, ce qui assure le développement d’une nouvelle économie durable. Je vous encourage donc à considérer dorénavant les entreprises d’économie sociale comme des partenaires économiques de grande valeur et à faire appel à elles pour favoriser la mise en valeur de vos matières résiduelles ainsi que pour vous approvisionner en produits d’occasion, recyclés et à valeur ajoutée. Il en va de notre contribution à l’édification d’une société responsable dans un contexte de véritable développement durable. ■



table ronde

Cri du cœur

des centres de tri Réal Fortin du Groupe Gaudreau

LES CENTRES DE TRI SONT EN QUELQUE SORTE LES PARENTS PAUVRES DE L’INDUSTRIE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES. ILS SONT SOUVENT PRIS ENTRE L’ARBRE ET L’ÉCORCE : D’UN CÔTÉ, ILS DOIVENT MAINTENIR UN TARIF BAS POUR LES MUNICIPALITÉS ET, DE L’AUTRE, ILS SONT TRIBUTAIRES D’UN MARCHÉ QUI ACHÈTE LEURS MATIÈRES PLUTÔT INSTABLES ÉCONOMIQUEMENT. S OUVENT VICTIMES DE DÉSINFORMATION DE LA PART DES MÉDIAS EN MAL DE SENSATIONNALISME, ILS DOIVENT CONSTAMMENT SE BATTRE POUR MAINTENIR LE LIEN DE CONFIANCE NÉCESSAIRE AU BON FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME DE LA COLLECTE SÉLECTIVE TOUT ENTIER. GRANDES PROBLÉMATIQUES

QUELLES SONT LEURS PLUS ? LEURS PLUS GRANDS DÉFIS ? 3RVE A

RENCONTRÉ LES REPRÉSENTANTS DE TROIS DES PLUS IMPORTANTS CENTRES DE TRI DU

QUÉBEC.

Les médias servent-ils la cause de la collecte sélective, dans l’ensemble ? ● Réal : Les médias donnent un coup de pouce lorsqu’ils abordent le bon sujet et lorsqu’ils sont bien renseignés. À titre d’exemple, il y a quelques semaines, la télévision montrait un reportage comportant une entrevue sur le verre jeté aux ordures. Cette entrevue datait de plusieurs années et était basée sur un malentendu. En plus d’être une archive, le reportage n’a jamais fait état de la version du centre de tri. Cette entrevue a nui à la collecte sélective, principalement à la collecte du verre. ● Frédéric : Sans dire qu’ils nuisent, on peut à tout le moins affirmer qu’ils n’aident pas. On a qu’à penser à l’article de François Cardinal, du journal La Presse, pour ne pas le nommer, qui lors d’un article sur la consigne en début d’année, a avancé des choses sans bien vérifier. Ce genre d’article nous fait mal. C’est facile de faire de la démagogie, de rechercher le sensationnalisme, mais la population doit savoir que nous n’avons aucun intérêt à envoyer notre matière à l’enfouissement. C’est illogique, c’est notre gagne-pain. Tout est vendu, 10

les marchés sont en bonne santé. Mais, malheureusement, aucune publicité n’est faite en ce sens. Tout ce que l’on voit, ce sont les publicités de Recyc-Québec vantant la consigne. Ce n’est rien pour nous aider. ● René : On a plutôt tendance à rapporter les éléments négatifs. Je crois toutefois qu’il y a bien des éléments positifs qui pourraient intéresser les journalistes et leurs lecteurs. Quel est le taux de rejet de vos centres ? ● Réal : Notre taux de rejet se situe entre 5 et 8 %, dépendamment de la matière et de la région d’où elle provient. Dans le cas des municipalités ayant un système de sensibilisation efficace, le taux de rejet est d’environ 5 %. ● Frédéric : Il faut faire la distinction entre le taux de matériel commercial homogène et celui de type domestique puisque le matériel dit commercial ne contient pratiquement pas de rejet. Notre taux de type domestique est comme partout ailleurs au Québec, c’est-à-dire de 10 à 15 %. Si l’on combine les 2, c’est plutôt de 5 à 8 %.

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

Frédéric Potvin de Tricentris

● René : Notre taux est autour de 8 à 9 %. Notre plus grande problématique, c’est l’éducation de la population sur les matières récupérables. Il n’est pas rare de recevoir boyau d’arrosoir, tapis, poisson mort ou même des objets inusités comme une peau d’orignal ! Chaque fois que nous faisons un effort de sensibilisation auprès des citoyens, nous notons une amélioration de l’homogénéité de la matière. Comment expliquez-vous des taux de rejet aussi élevés que 30 % dans certains centres de tri ? ● Réal : La manière dont la matière est traitée y est pour beaucoup. Si elle est traitée en positif et qu’il n’y a pas de séparateur, il est certain que les petits papiers ne seront pas triés. ● Frédéric : Je suis d’accord avec Réal. Plus un centre de tri est mécanisé, plus bas sera son taux de rejet. Il faut également préciser que les fragments de verre fin de 3/8 de pouce et moins ne sont pas récupérables pour nous et qu’en bout de ligne, par leur poids, ils comptent pour beaucoup dans notre taux de rejet. ● René : Chaque centre de tri est unique, mais la matière récupérable finit toujours par se ressembler d’un centre à l’autre. La mécanisation fait donc toute la différence. Quelles sont les matières les plus inusitées que vous avez reçues ? ● Réal : Un employé d’une école avait mis au bac des photos de sa conjointe et de lui-même en

René Sylvestre du Groupe EBI

tenues légères, croyant probablement qu’elles seraient automatiquement détruites. Malheureusement, il s’agissait d’un mois d’été et, comme nous embauchons des étudiants durant cette période, il n’en fallait pas plus pour qu’un jeune employé reconnaisse l’homme et raconte à ses amis sa découverte. ● Frédéric : Nous avons reçu une automobile complète en sacs verts toutes les semaines pendant deux mois. Nous avons également reçu une boîte de Quick remplie de cocaïne. Mais le pire a sûrement été les armes confisquées par la SQ. Les armes portaient même les identifications comprenant la date de la confiscation et le nom des individus. ● René : Il y en a tellement, mais je ne m’explique toujours pas pourquoi on reçoit des moufettes ou autres animaux. Mais le pire, c’est lorsqu’ils se retrouvaient dans les dépôts volontaires. Comme ils ne se remplissent pas rapidement, on n’en fait la collecte qu’une fois par mois dans certains cas. Imaginez l’odeur pendant les semaines de canicule. Êtes-vous en faveur de l’élargissement de la consigne ? ● Réal : Je suis plutôt contre son élargissement. Le système de la consigne a été mis de l’avant au début des années 1980 parce qu’il n’y avait pas de collecte sélective, de porte en porte. Les gens jetaient leurs bouteilles et canettes n’importe où. Mais avec la venue de la collecte sélective et ses bacs adéquats, la consigne n’a plus sa raison d’être. ➜



table ronde

● René : C’est vrai et je crois qu’il faudrait même simplifier la gestion des matières recyclables pour la population. Il y a un seul endroit où déposer les bouteilles, canettes et autres objets, et c’est le bac. C’est plus facile, il y a moins de transport et le citoyen économise en bout de ligne. Il faudrait par contre que tous les endroits publics soient également dotés de bacs bien identifiés. De toute façon, plus de 20 millions de contenants consignés passent par les centres de tri. Le système de la consigne, avec son pourcentage de récupération gonflé, n’est donc pas si efficace. ● Frédéric : J’ajouterais que le Québec n’a peut-être pas les moyens de se payer un tel système parallèle puisqu’il est admis que le système de la consigne est extrêmement coûteux comparativement à celui de la collecte sélective. Par ailleurs, les centres de tri ont besoin des revenus rattachés à l’aluminium et au plastique polyéthylène (PET). Ces matières feraient augmenter nos revenus de l’ordre de 30 %. Chez nous, il s’agirait d’une somme additionnelle d’environ 1,2 million $. On peut penser qu’un centre de tri comme celui de Sept-Îles n’aurait pas fermé ses portes avec cet argent-là. Ainsi, au lieu d’envoyer les matières à Québec, elles seraient traitées à Sept-Îles, et l’environnement serait gagnant, ne serait-ce qu’en termes d’émission de gaz carbonique reliée au transport. C’est donc aussi une question de choix de société. La consignation des bouteilles d’eau et des contenants de jus aurait-elle un grand impact sur vos centres de tri ? ● René : Comme Frédéric vient de le mentionner, l’impact monétaire serait important. Pour nous, toute la matière a une valeur. Si on diminue la qualité ou la quantité dans le bac, la répercussion est immédiate. Il s’agit d’une équation simple : plus on vend de matières, moins ça coûte cher aux citoyens.

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● Frédéric : Je me pose certaines quest i o n s . Le s d é p a n n e u r s deviendront-ils des espèces de mini-centres de tri ? Qui ramassera ces contenants de plastique ? Où les enverra-t-on ? Qui en fera la gestion ? Et, surtout, combien cela coûtera-t-il si l’on considère qu’une nouvelle structure coûte toujours plus cher ? Je le répète, a-t-on les moyens de se payer cela ? ● Réal : Nous avons fait un sondage auprès des 37 autres centres de tri québécois, et 95 % y ont répondu. À la question : « Si les bouteilles d’eau étaient retirées du bac, de combien devriez-vous majorer votre facture aux municipalités ? », la moyenne des réponses s’est située à 12 %. Il va donc sans dire que le citoyen n’est pas gagnant en bout de ligne. Les centres de tri privés sont-ils plus performants que les centres publics ? ● Frédéric : Quels sont les indices de performance ? Est-ce le taux de rejet ? Est-ce la quantité ou la variété de matière récupérée ? Difficile de s’entendre. Par contre, certains faits parlent d’eux-mêmes : 20 % des centres de tri québécois sont privés et traitent 80 % de la matière. De l’autre côté, il y a 80 % des centres de tri qui sont publics ou parapublics, comme nous, et qui traitent 20 % de la matière. De ces 20 %, Tricentris en traite 15 %. Il y a donc tout près de 75 % des centres de tri publics qui se partagent 5 % de la matière au Québec. Il faut toutefois prendre soin de dire que les centres publics sont souvent présents là où le privé n’est pas intéressé de se retrouver. ● Réal : Je crois pour ma part qu’il s’agit d’une question de volume. Que les centres de tri soient privés ou publics, s’ils ont un volume de moins de 5 000 tonnes, ils ne pourront être rentables et, par conséquent, investir afin de devenir davantage efficaces.

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

● René : Lorsque nous parlons d’investissement, il s’agit de millions. Alors, comment rentabiliser ces investissements avec un volume inférieur à ce que Réal avance ? Un centre de tri peut-il être rentable avec un tonnage inférieur à 20 000 ? ● René : Autour de 20 000 tonnes, je crois que ça peut l’être. Selon moi, le seuil se situe aux environs de 10 000 tonnes. ● Frédéric : Je crois quant à moi que le seuil de rentabilité est à peu près de l’ordre de 12 000 tonnes. En-deçà de 12 000 tonnes, c’est évident que t’es dans le rouge. Tu dois alors te tourner vers la population et lui faire payer le manque à gagner. ● Réal : Entre 10 000 et 20 000 tonnes, il faut diversifier quelque peu les produits traités et ajouter une déchetterie au centre de tri. La loi 102 aura-t-elle une incidence sur la qualité de la matière ? ● Réal : Je suis d’avis que oui. Par exemple, les entreprises mettant sur le marché des matières non récupérables comme les sacs de croustilles feront des efforts pour changer leurs produits afin de ne pas payer plus cher. ● Frédéric : Je pense qu’il ne faut pas trop idéaliser les effets de la loi 102. Lors du dernier budget provincial, les papetières ont reçu 450 millions. De leur côté, les municipalités et les centres de tri demandent de l’argent depuis 1980 et n’ont reçu que 19 millions. Il est évident que nous sommes les parents pauvres des budgets gouvernementaux. Je pense donc qu’il faudrait injecter beaucoup plus d’argent pour que ça ait un impact significatif. ● René : Toute loi favorisant le recyclage est pour nous un élément de développement important. Il faut toutefois

étudier toutes les subtilités de l’application de ces lois. Devrait-on favoriser l’envoi des matières vers de plus grands centres de tri ? ● René : Non, je ne crois pas. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, notamment les coûts de transport. Le fait d’être en milieu rural ou urbain est vraiment à considérer. Bien sûr, les grands centres de tri feront le travail à moindre coût, mais je ne crois pas que de transporter de la matière sur 100 à 200 kilomètres soit une bonne solution. ● Réal : Je pense que c’est du cas par cas. Par exemple, un centre de tri qui traite de 500 à 600 tonnes à 250 $ la tonne devrait préférablement envoyer sa matière dans les grands centres. Il s’agit donc d’une question de volume et de coût d’opération. ● Frédéric : Que veut-on ? Aider les régions ? Créer de l’emploi ? Si la réponse est oui, arrêtons de prendre cette matière pour l’envoyer vers les grands centres et traitons-la sur place, en région. En faisant 200 kilomètres avec une tonne de matière recyclable, je pense que nous passons complètement à côté de la vocation environnementale de la récupération. On n’a qu’à penser aux aberrations du système de Ville St-Laurent ou d’Anjou, dont la matière est traitée à Québec. Si, au niveau du bilan environnemental, il est démontré qu’il y a une perte à traiter la matière dans certaines régions, peut-être devrait-on tout simplement ne pas faire de récupération dans des endroits éloignés. C’est aussi simple que ça. Devrait-on standardiser les matières acceptées ? ● Réal : Standardiser serait très difficile puisque chaque région a ses particularités. À titre d’exemple, nous acceptons les sacs de plastique, mais je sais que ce ne sont pas tous les centres qui le font. Imaginez : s’il était statué de retirer les


sacs de la collecte sélective partout au Québec, il serait absurde que nous y soyons tenus.

un bel exemple. Il est certain que nous devons faire un effort additionnel, que ce soit au niveau du stockage ou encore de l’addition de personnel. Je crois que c’est ce à quoi s’attend le citoyen.

● Frédéric : Ce serait une question de vertu de standardiser, mais je suis tout de même en désaccord. Si on veut nationaliser le tri, d’accord. Mais on ne doit pas s’immiscer dans ce libre marché auquel participe le privé. En ce qui a trait aux sacs de plastique, pour compléter les dires de Réal, 40 % des centres de tri ne ramassent pas les sacs de plastique actuellement.

● Frédéric : Je ne suis pas tout à fait d’accord avec René sur un point. Si tous, en même temps, récupéraient les sacs de plastique, par exemple, on pourrait saturer le marché qui ne pourrait alors absorber une telle quantité. C’est donc tant mieux s’il y en a qui ne le font pas. Il s’agit de l’équilibre du marché.

● René : Je crois pour ma part, sans utiliser le vocable « standardisé », que toute matière qui a un débouché ou qui est récupérable devrait l’être partout au Québec. Il ne faut pas perdre de vue que le système mis en place a pour but de réduire le volume de déchets enfouis. Les sacs de plastique, tout comme les Tetrapak, en sont

● René : Cette fois, c’est à mon tour d’être en désaccord ! À partir du moment où on identifie des débouchés pour une matière, qu’on est capable de la vendre, de l’acheminer quelque part, même si on doit la donner – le verre mélangé en est un bon exemple –, on doit la traiter. Bien sûr, les marchés locaux sont changeants, mais en ce

table ronde moment, les marchés, ce n’est pas compliqué, c’est la Chine, et je ne crois pas que nos marchés au Québec ont une grande influence.

La mécanisation d’un centre de tri fait-elle une grande différence ? ● Réal : Je crois que nous sommes tous d’accord. Pour ma part, j’opère des centres de tri depuis 1982, et je peux affirmer que l’implantation de la mécanisation en 1999-2000 a fait une énorme différence quant à la vitesse. ● Frédéric : Nous sommes passés de 10 tonnes à l’heure en 1998 à un minimum de 25 tonnes métriques à l’heure aujourd’hui. Il est certains que les trieurs seuls ne pourraient pas arriver à cette vitesse, à moins d’en avoir 400 sur la ligne de tri ! De plus, le travail de trieur s’humanise et tend vers l’inspection, ce qui est beaucoup plus facile.

● René : Il faut mécaniser, c’est la clé. L’impact physique est important chez les trieurs et ça nous permet d’augmenter la productivité et le volume du centre de tri. La collecte pêle-mêle diminue-t-elle la qualité de la matière ? ● René : Pas du tout. Si on prend l’exemple du papier journal, nous avons toujours réussi à faire un papier numéro 8. Nos éléments de mécanisation ont sûrement leur importance dans cet état de fait.

● Frédéric : Ce qui importe, c’est que la matière provienne de bacs roulants, car mes éléments mécaniques sont alors beaucoup plus performants. Grâce au couvercle, la matière reste sèche, même en saison hivernale où la neige, la glace et la pluie sévissent davantage. ➜

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table ronde

● Frédéric : Absolument pas. Le meilleur exemple, c’est qu’on a souvent dit que récupérer fait économiser de l’argent. Ce qui est faux : récupérer, ça coûte de l’argent, c’est un service offert à la population. C’est comme déglacer les trottoirs. Les citoyens le savent-ils ? J’en doute fort.

● Réal : Il n’y a plus aucune raison, avec les nouveaux équipements, qu’il n’en soit pas ainsi. On a d’ailleurs déjà fait la preuve auprès de plusieurs papetières que la qualité était égale ou supérieure au système de bac à deux compartiments. Les centres de tri se sentent-ils bien représentés ? ● Frédéric : À mon avis, nous ne sommes pas représentés du tout. S’il y avait un organisme qui nous représentait, sans doute que nous n’en serions pas là aujourd’hui. On n’aurait jamais parlé de l’élargissement de la consigne tellement c’est ridicule. ● René : J’abonde dans le même sens. Nous gagnerions à être connus, à publiciser nos actions ou à jouir d’une vraie représentation de la part d’une association ou d’un organisme.

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● Frédéric : Il y a eu quelques tentatives de consultation faites avec les défuntes filières mises sur pied par Recyc-Québec. Toutefois, je n’ai personnellement jamais été consulté sur aucune mesure en ce qui a trait à la récupération. ● René : Il en va de même pour nous. Par contre, il faut aussi comprendre que le gouvernement définit ses orientations et que les plans de gestion des matières résiduelles sont élaborés par les MRC. Nous travaillons davantage en lien avec ces dernières. Le service est-il dispendieux pour les municipalités ? ● René : C’est abordable pour les municipalités. Il en coûte moins de 0,50 $ par semaine par porte. Le coût de la collecte sélective, en ce moment, se situe entre 20 et 25 $ par porte par année. Quand on pense qu’un camion de 200 000 $ passe devant chaque résidence, je crois que ce n’est pas cher. Que fait-on de nos jours avec 20 $ ? Pas grand-chose !

● Réal : Les centres de tri du Québec sont très peu représentés. En plus, nous avons toujours été pris entre l’arbre et l’écorce, entre les papetières qui dictent les lois des marchés et les citoyens payeurs de taxes. Depuis l’ouverture des marchés asiatiques, c’est un peu plus équitable.

● Frédéric : Ce n’est pas un service dispendieux et c’est tant mieux. Il faut qu’il reste le plus abordable possible pour les citoyens.

Êtes-vous consultés par des organismes gouvernementaux ou encore par le gouvernement ?

● Réal : Si on compare avec l’Europe et les États-Unis, nos coûts sont dérisoires.

● Réal : Nous sommes mis au courant de ce qui s’en vient, mais nous ne sommes pas vraiment consultés.

La population est-elle consciente des coûts de la collecte sélective ?

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● René : Non, pas du tout. Je ne pense pas que les citoyens soient au courant que c’est si peu dispendieux de faire de la collecte sélective. ● Réal : La population n’est pas consciente. Toutefois, lors de journées portes ouvertes, les citoyens qui visitent les centres de tri se rendent bien compte de la tâche qui nous incombe et du boulot effectué. L’avenir des centres de tri passe-t-il par l’envoi de la matière à l’extérieur ? René : Non, je ne pense pas que les marchés extérieurs comme la Chine ou l’Europe vont accepter la matière en vrac. Ils seront toujours intéressés à notre matière, mais en autant qu’elle soit triée. Les centres de tri devront donc continuer à séparer la matière le mieux possible. ● Réal : L’arrivée de la mécanisation des centres de tri a assuré son avenir. ● Frédéric : Selon moi, il ne restera que cinq centres de tri d’ici une dizaine d’années. Le jour où les Chinois commenceront à acheter la matière mélangée mise en ballots, les petits centres auront l’option d’envoyer la matière pêle-mêle en Chine ou vers les gros centres de tri du Québec. Êtes-vous d’accord avec les gens qui affirment que la collecte n’est pas performante ? ● Réal : La collecte sélective est performante. En raison de sa collecte par bacs roulants sans séparation, je pense même que c’est une des collectes les plus performantes en Amérique.

● Frédéric : Au contraire, elle est même extrêmement performante. Le citoyen, le privé, le public, les centres de tri et les municipalités ont tous mis l’épaule à la roue. ● René : Je suis d’accord avec mes collègues. Il faut aussi dire que le développement a été très rapide. On est passé du sac au bac de 64 litres, pour finalement arriver avec celui de 360 litres. On a enfin donné de vrais outils aux citoyens. Chaque fois qu’une municipalité se dote de tels bacs, on constate un impact se traduisant en une multiplication du volume par trois. Atteindrons-nous les objectifs de 2008 ? ● Frédéric : Non, on ne les atteindra pas, mais la faute n’incombera pas aux centres de tri. Les municipalités ont fait ce qu’elles pouvaient avec les moyens dont elles disposaient. Si le gouvernement a une volonté réelle d’atteindre ces objectifs, ça devrait se traduire par des signes de dollars au bout. Je crois que le gouvernement devrait faire son mea culpa. ● Réal : Je crois qu’on sera près d’y arriver. Victoriaville y est déjà. Mais certaines régions auront besoin de plus de temps. La solution réside dans le poids, donc dans une collecte de compostage. ● René : Le retard est souvent dû à des éléments budgétaires. Par exemple, certaines municipalités de notre région ont opté pour un bac de 240 litres plutôt que de 360 litres. Sachant que le bac durera entre 15 et 20 ans et que les gens auraient fini par remplir leur bac, on se retrouve avec une perte de volume de 30 %. Je trouve cela désolant quand on sait que la différence de prix entre les deux bacs n’était que de 10 $. Que pourraient faire les centres de tri pour augmenter le taux de récupération ? ● René : Faire de la publicité, donner de l’information et utiliser davantage les médias. En


table ronde règle générale, quand on fait de la publicité, on voit une augmentation, puis au bout de 2 à 3 mois, il faut recommencer. Il faut donc persévérer.

reçue et d’avoir des marchés stables pour les débouchés. Mais la mécanisation constante et l’avènement des détecteurs optiques facilitera le travail.

● Frédéric : Mon travail, c’est de trier les matières et… je trie les matières. C’est sûr qu’on donne de l’information, mais je pense que c’est plutôt à ceux qui fixent les objectifs de prendre leurs responsabilités et de faire la promotion de la collecte sélective. Recyc-Québec entre autres.

● Frédéric : Comme le dit Réal, c’est la mécanisation, puisqu’on fera bientôt face à une pénurie de main-d’œuvre. On a qu’à se promener

dans les quartiers industriels pour voir les affiches réclamant des employés. ● René : Mes collègues ont bien résumé ma pensée. Messieurs, merci ! ■

● Réal : Je suis du même avis que Frédéric. Aurait-on besoin d’une campagne nationale et, si oui, qui devrait la faire ? ● Réal : Des réunions ont eu lieu à ce sujet l’an dernier. Je crois que les mieux placés pour faire ce type de campagne seraient les gens du milieu puisqu’ils savent de quoi ils parlent. ● Frédéric : Nous avons certainement besoin d’une campagne nationale. L’information et la sensibilisation des citoyens sont encore nécessaires. De notre côté, en raison de notre volume, nous avons eu les moyens de payer 3 ou 4 super-panneaux aux abords de l’autoroute, mais je ne crois pas que ce soit possible pour tous les centres de tri. Par ailleurs, je ne crois pas que çette tâche devrait être attribuée à Recyc-Québec, puisqu’elle a déjà eu l’occasion et le budget pour le faire, mais ne l’a jamais fait. Je préférerais donc que ce soit un autre organisme. Le citoyen s’essouffle-t-il ? ● Réal : Je crois que le citoyen a encore le goût; encore faut-il que les journalistes ne le découragent pas avec des articles pessimistes. La confiance est fragile. ● Frédéric : Est-ce que les citoyens se plaignent de la collecte d’ordures ? Bien sûr que non, c’est devenu un automatisme. Je crois qu’il en va de même pour la collecte sélective. ● René : Il y a au contraire un engouement depuis environ deux ans. Les jeunes sont de plus en plus actifs et font pression sur leurs parents. Ils sont les prochaines générations. Quels sont les grands défis qui attendent les centres de tri ? ● Réal : D’être capables de gérer toute la matière Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

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L A C O LLE CTE SÉLE CTIV E P O U R LE S E CTE U R D E L’HÔTE LLE R I E E T D E L A R E STA U R ATI O N :

RECYCLAGE DU VERRE

est-ce pour bientôt ? Mario Quintin M.Sc.env. conseiller environnement Société des alcools du Québec m.quintin2@saq.qc.ca

La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 cible deux grands secteurs : le municipal ainsi que les industries, commerces et institutions (ICI). Les ICI, enfants pauvres des efforts consentis au développement de la récupération, doivent tout de même atteindre les objectifs fixés par le gouvernement du Québec. Alors comment venir en aide à ce secteur ? La solution réside-telle dans la prise en charge de la collecte sélective par le monde municipal ? Ou faut-il plutôt laisser les ICI organiser leur gestion des matières résiduelles ? Par ailleurs, comment peut-on expliquer que certaines entreprises disposent d’un système de récupération bien implanté ? Beaucoup de questions et peu de réponses ! Faisons ensemble un survol rapide de certains éléments qui pourront peut-être nourrir notre réflexion ! Disons d’abord que, la notion économique vient jouer un rôle prédominant dans la décision des gestionnaires d’entreprise. Un bon volume d’une même matière,

L’hôtellerie et la restauration constituent un secteur où la récupération cède le pas à l’enfouissement de l’ensemble des matières résiduelles. Le transport semble être l’enjeu pour ce secteur. Eh oui, cela constitue la prémisse de base pour offrir ou implanter une route de collecte. De plus, lorsqu’on ajoute une série d’obstacles – quantité insuffisante de matières, endroits de collecte exigus, manque d’espace pour l’entreposage des matières, faible fréquence de la collecte et manque d’information et d’éducation –, nous avons tous les éléments pour comprendre pourquoi il est si ardu de démarrer un projet durable de récupération. Afin de valider certains de ces éléments, la Société des alcools du Québec (SAQ) a mis en place un projet temporaire de récupération de ses contenants de verre dans 18 commerces de la région de Québec. Le projet est en place et fonctionne depuis plusieurs mois. Nous avons constaté que les commerçants participent très bien au projet tant et aussi longtemps que ce service leur est rendu gratuitement. Nous avons également constaté le manque de discipline puisqu’on y retrouve des assiettes, des tasses et des verres dans les boîtes de carton réservées aux bouteilles de verre. De plus, les gens ne font pas la différence entre ce qui est consigné de ce qui ne l’est pas. Par ailleurs, avec ses nombreuses manipulations, le système de récupération s’avère inefficace. Bref, l’effort de logistique nous amène à revoir le projet !

Un bon volume d’une même matière, lié à des frais de récupération inférieurs à l’enfouissement, et l’affaire est dans le sac ! lié à des frais de récupération inférieurs à l’enfouissement, et l’affaire est dans le sac ! Les gestionnaires d’entreprises n’ont pas besoin d’être des spécialistes dans le domaine pour comprendre que la récupération est une question « d’argent ». La quantité et la qualité influencent le taux de participation de l’industrie. En effet, plus un recycleur diminue ses frais d’opération, plus les ristournes sont intéressantes pour l’entreprise. Mais cette réalité n’est pas la même pour chacune d’elles. Certaines n’atteignent pas la masse critique de volume et leur qualité reste un élément déterminant lors de l’évaluation tarifaire du service de récupération.

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Ce projet nous a incité à en initier un deuxième, cette fois à Montréal. La SAQ s’est associée à Unical (une entreprise de récupération du verre) pour valider de façon qualitative et quantitative la récupération des contenants d’un commerçant qui est à la fois hôtelier et restaurateur. Unical a fourni un contenant de 8 vg3 afin de recueillir les matières résiduelles déposées en vrac. Les matières acceptées sont les plastiques, les métaux et le verre de toute sorte, sauf la céramique et le verre plat. Les informations recueillies sont fort intéressantes. Elles ont permis de tracer un parallèle entre les deux projets, soit un manque de sensibilisation au niveau des

employés qui participent au projet. Nous avons retrouvé 93 % de verre, 3 % de carton, 1 % de plastiques, 1 % de métal, 2 % de céramique et de déchets. Ce projet ne tentait pas de démontrer la rentabilité de la collecte, mais plutôt d’identifier la quantité de matières que l’on retrouve dans le conteneur ainsi que le pourcentage affecté à chacune d’entre elles. Ces deux projets ont permis de mieux comprendre la problématique de la récupération des contenants pour ce type de commerce. La récupération dans ce secteur aura définitivement besoin d’un programme de sensibilisation adapté à ses besoins, alors que la collecte devra être spécifique et flexible. Par contre, quant à savoir qui doit desservir cette clientèle, la question reste entière. Certaines villes offrent le service à tous les commerces sur leur territoire tandis que certaines entreprises désirent gérer ellesmêmes leur service. Cet été, un autre projet permettra de valider certaines hypothèses concernant la mise en place d’une route permanente de collecte sélective pour le plastique, le verre et le métal dans ce secteur d’activité. En effet, plusieurs partenaires se sont associés afin d’unir leurs efforts et de trouver les outils et les moyens pour la réalisation d’un projet durable. La réalisation de ces projets et l’analyse des informations recueillies auprès du secteur de l’hôtellerie et de la restauration seront fort appréciées pour mieux cibler les interventions et mieux orienter nos actions. Par contre, lorsqu’il est temps de répondre à la question : « À quand la collecte sélective pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration ? », je demeure prudent mais optimiste vu les efforts qui sont et qui seront déployés. Il est primordial de bien connaître le dossier afin de l’attaquer sur tous ses fronts. Mais un des éléments importants dans nos prochaines actions sera sans contredit la mise en commun des informations. Cet aspect permettra à tous les intervenants qui œuvrent dans ce dossier d’être sur la même longueur d’onde pour parvenir à offrir un service durable et efficace pour ce secteur d’activité. ■


LE MUNICIPAL

BACS ROU LANTS :

location ou achat ? André Lapointe directeur, Service du génie Ville de Boisbriand; coordonnateur comité technique AGIR MRC Thérèse-de-Blainville alapointe@ville.boisbriand.qc.ca

Nos villes ont entrepris un véritable virage vert, et la collecte des matières résiduelles en est un tournant important. Parmi les outils utilisés, le bac roulant est sans doute le plus apprécié des utilisateurs. Je défie n’importe quel service municipal de communication de réaliser un sondage afin de mesurer le degré de satisfaction des utilisateurs de bacs roulants versus le sac vert classique. De plus, afin de se faire une tête sur le sujet, on n’a qu’à passer dans les rues d’une municipalité utilisant ce mode de collecte pour se rendre compte des avantages de celui-ci. Tout ce qui longe la rue le jour de la collecte, ce sont de gros bacs roulants uniformes qui ne pourront être éventrés pour laisser échapper un liquide malodorant… De plus, les oiseaux et

bestioles de toutes sortes les détestent, car les bacs roulants ne peuvent servir de marché d’alimentation comme le fameux sac vert. Bref, on parle ici d’une amélioration notable de l’hygiène du milieu. Qui n’a jamais vu un sac vert éventré sur la voie publique ? C’est un fait acquis, le sac n’est pas fiable. Il peut se crever pour de multiples raisons. Il n’est pas rare qu’il soit percé par son contenu tranchant ou piquant. Aussi peut-il s’avérer dangereux pour les usagers ou le personnel de collecte. En général, on estime qu’un sac de déchets éventré serait la cause de dix mètres de voie publique souillés... Il est important de prendre note que, lorsqu’une municipalité adopte cet outil de collecte, une mesure de sensibilisation doit être déployée auprès de la population afin de l’informer que tout ce qui traînera dorénavant autour du bac ne sera pas ramassé. C’est alors que l’on parle enfin de la vraie collecte des déchets domestiques; on limite ainsi la quantité de déchets à enfouir. En outre, on retrouvera moins de déchets de toutes sortes qui n’en finissent plus de remplir les sites d’enfouissements que personne ne veut avoir dans sa cour. On

n’a qu’à penser au vieux BBQ ou même au matelas usagés. Cependant le principal obstacle de cet outil de collecte est le coût en immobilisation qu’implique l’achat desdits bacs. Il est facile de comprendre le réflexe de nos élus et gestionnaires municipaux lorsque l’on présente un tel projet. À titre d’exemple, pour l’achat de 7500 bacs roulants à 85 $ l’unité avec des intérêts de 6 % et une période d’amortissement de 10 ans, le coût total de l’immobilisation grimpera à 866 171 $, soit : 637 500 $ en capital et 228 671 $ en intérêts. Il s’agit donc d’un coût net de 115,49 $ par bac au terme des 10 ans. Maintenant, examinons le scénario d’une municipalité ne désirant pas faire l’achat de ces bacs roulants, mais décidant plutôt de l’inclure au contrat de collecte des matières résiduelles pour toutes sortes de raisons telles que : ■ capacité d’emprunt problématique; ■ incertitude quant à l’appréciation de la population de cet outil de collecte; ■ nouvelles technologies à venir; ■ hésitation à vouloir gérer une flotte; ■ etc.

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B A C R O U L A NT : L O C ATI O N O U A C H AT ?

Dans un premier temps, le coût de location qui se retrouverait dans le contrat de collecte d’ordures ménagères serait d’environ 14 $ par bac annuellement. Donc, comparons les scénarios : LOCATION DE 5 ANS

ACHAT – amortissement sur 5 ans à 6 % d’intérêts

7500 bacs

7500 bacs

14 $ / bac

85 $ / bac

Coût sur 5 ans : 525 000 $

Remboursement capital et intérêts : 756 713 $

COÛT = 70 $ / BAC

COÛT = 100,90 $ / BAC

table et n’ampute aucunement la capacité d’emprunt de la ville. Or, si la municipalité achète les bacs, elle est propriétaire de sa flotte de bacs roulants au bout de cinq ans et la différence de coût par rapport à la location s’éliminera avec le temps. Si une municipalité opte pour la location de cinq ans à même le contrat d’ordures ménagères, il est probable que la location annuelle à 14 $ / bac sera réduite lors du renouvellement du contrat, car le fournisseur actuel aura amorti son investissement. On pourrait facilement estimer que le coût annuel de location passerait de 14 à 10 $ par bac.

En comparant les coûts sur cinq ans, il est évident que la location est plus ren-

Dans ces conditions, comparons le coût de location sur une période de 10 ans, location répartie sur deux contrats de 5 ans à 14 $ / bac pour le premier et 10 $ / bac pour le deuxième versus un achat sur une période d’amortissement de 10 ans avec intérêts de 6 %. LOCATION DE 10 ANS

ACHAT – amortissement de 10 ans à 6 % d’intérêts

0-5 ans 7500 bacs

7500 bacs

14 $ / bac

85 $ / bac

Coût sur 5 ans : 525 000 $ Remboursement capital et intérêts : 866 158 $ Coût = 70 $ / bac

COÛT = 115,49 $ / BAC

0-10ans 7500 bacs 10 $ / bac Coût sur 5 ans : 375 000 $ Coût = 50 $ / bac TOTAL SUR 10 ANS = 120 $ / BAC

L’ I N T E L L I G E N C E EN MOUVEMENT

Comme on peut le constater, le coût de location est 4 % plus onéreux sur un horizon de10 ans que le coût d’achat. Encore une fois, on pourrait faire l’exercice comparatif entre location et achat sur 15 ans; la location s’avérerait alors environ 30 % plus dispendieuse que l’achat. Rationnellement, entre la location et l’achat, dans une perspective à long terme, il est évident que l’achat remporte la palme. Cependant, le choix d’une location reste tout de même tentant...

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

La vraie solution pour prendre une décision éclairée est d’explorer toutes les avenues dans le cadre d’un appel d’offres. C’est-à-dire d’inclure trois alternatives au bordereau de soumission, soit : 1 2

3

location de 5 ans de bacs roulants ; achat de bacs roulants reconnus par le ministère des Affaires municipales et des Régions (amortissement sur 5 ou 10 ans) ; location de 5 ans avec achat de la flotte de bacs roulants au terme du contrat.

Bref, une décision doit être prise en tenant compte de tous les éléments et à la lumière de la réalité propre à chaque municipalité ! ■


LE TOUR DU MONDE

D E S S O LUTI O N S D E G E STI O N

adaptées aux pays en développement Michel Marcotte ing., M.Sc.A. président-directeur général Solmers inc. mmarcotte@solmers.ca

Dans les pays en développement, la gestion des déchets, qu’ils soient de nature ménagère, industrielle ou agricole, est pour le moins chaotique lorsqu’elle n’est pas tout simplement négligée. On le conçoit aisément, dans les pays à forte croissance, une multitudes d’aspects doivent être priorisés, de sorte que l’environnement paie souvent le prix d’une gestion des déchets dont les méthodes sont inadaptées et incohérentes. Le rapport Reforming Infrastructure (mars 2004) de la Banque mondiale met en évidence le besoin de régulation et d’intervention des pouvoirs publics ainsi que des collectivités locales dans le domaine de la gestion des déchets en tant qu’instrument d’importance primordiale de la politique environnementale urbaine. L’urbanité concentre les populations et la production de déchets. Elle en facilite du coup la collecte et en réduit le coût de traitement global si la question de distance au lieu d’élimination fait consensus. Dans nos villes, ce débat fait rage chaque fois que l’agrandissement d’un site existant est requis. La peur déraisonnable suscitée par les « activistes de l’environnement » ignore les progrès techniques extraordinaires réalisés au cours des 20 dernières années.

Dans le domaine du déchet domestique Ainsi, dans le domaine du déchet domestique, l’appariement des solutions occidentales et des conditions locales impose aux opérateurs une compétence qui généralement fait défaut dans la pratique. À titre d’exemple, la décharge de Jebel Chekir, à Tunis, où la production massive de lixiviats s’avère trop importante pour la capacité des systèmes de collecte en place, si bien que les lixiviats s’accumulent dans le site sans qu’une solution puisse être mise de l’avant rapidement par le maître d’ouvrage. À défaut de chercher des solutions rationnelles, la Tunisie, constatant les problèmes non résolus du traitement par mise en décharge, cherche plutôt aujourd’hui du côté du compostage des solutions qui se trouvent toujours dans une « mise en décharge » adaptée. L’exemple tunisien peut être étendu à d’autres pays (Chine, Inde, Maroc…) mettant en évidence les mêmes incertitudes techniques et stratégiques. Le choix du compostage est particulièrement adapté aux pays en développement, car une grande part des déchets produits est d’origine organique et que le besoin des sols en matière organique s’avère désormais critique. L’exemple de la ville de San Salvador, toutefois, permet de croire au succès d’une approche pragmatique qui ajuste le coût du service à la production individuelle des déchets ménagers, profitant ainsi au mieux du facteur « développement » quant à la tarification imposée aux citoyens. En effet, il est connu que l’ac-

La peur déraisonnable suscitée par les « activistes de l’environnement » ignore les progrès techniques extraordinaires réalisés au cours des 20 dernières années. Dans le contexte des pays en développement, il s’avère plutôt que la principale difficulté éprouvée sur le terrain concerne l’adaptation des solutions « occidentales » et de leurs modèles de gestion aux contraintes locales. En effet, non seulement les modes de financement sont-ils décalés par rapport à la réalité, mais la technique et la gestion quotidienne qui en découlent sont inadaptées, dans les faits, aux obligations de performance de ces solutions.

croissement de la richesse collective résulte immédiatement en une augmentation de la production individuelle de déchets et, dans ce contexte, ce cas d’Amérique centrale vaut la peine d’être cité en exemple.

tion toute la question des sites contaminés, qui est sans solution actuellement. Dans la mesure où il n’existe pas de solutions simples face à l’ampleur des financements et des compétences à mobiliser, la mise en œuvre des stratégies d’évaluation des sites et de hiérarchisation des actions sont des tâches préalables. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) présente les bases de stratégies (évaluation des sites, hiérarchisation et planification de réhabilitation, principes de responsabilité et financement des programmes) en matière de gestion des sites contaminés ainsi que les niveaux d’expertise et de technique à développer.

Conclusion Chez nous comme ailleurs, l’environnement apparaît aujourd’hui comme un concept de « bien commun », de « maison de l’humanité ». Si on s’en tient à l’étymologie, l’écologie, tirée d’oikos (maison) et de logos (discours, science), est d’abord et avant tout une juste connaissance du lieu où nous vivons et des rapports complexes, ambigus parfois et nécessaires toujours, qui s’établissent entre ce lieu et nous. À l’évidence, la société québécoise se développe toujours. Elle a pourtant dans ses mains aujourd’hui ce qui la différencie des pays en développement : les outils mêmes de ce développement. Si elle reconnaît maintenant que la « bonne » gestion des déchets participe au premier chef à la qualité de son environnement, elle reconnaîtra d’autant plus facilement que cette gestion a un coût et que l’établissement de ce coût à des niveaux trop bas nuit plus qu’il n’aide à sa bonne gestion. Le récent débat sur la hausse nécessaire des tarifs d’Hydro-Québec porte à cet égard un embryon de ces choix qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, faire au Québec à ce sujet. En pratique, ici comme ailleurs, l’établissement d’un juste coût pour l’enfouissement des déchets permettra de mieux valoriser les filières « tri et recyclage » qui contribueront ainsi plus justement à la construction d’un contexte favorable à ce développement durable dont on espère tant de bien. ■

Dans le domaine du déchet industriel Dans le domaine du déchet industriel, il est important de prendre en considéraLe magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

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S O LS C O NTA M I NÉS

P O U R Q U O I L I M I T E R L’ U S A G E

d’un outil fiable ? Jean Halde ing., M. Sc. président DDH Environnement ltée jean.halde@ddh-env.com

Au Québec, depuis un bon nombre d’années, deux approches sont utilisées pour la gestion des terrains contaminés : l’une par critères génériques, l’autre par analyse de risques. Récemment, les nouvelles dispositions de la section IV.2.1 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) sont venues confirmer qu’il est possible de maintenir dans un terrain des contaminants dont les concentrations excèdent les valeurs réglementaires (ou les critères génériques), à condition de le justifier par une analyse des risques toxicologiques et écotoxicologiques ainsi que des impacts sur les eaux souterraines. Aucune restriction quant à l’utilisation de cette approche n’est indiquée dans la LQE.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 2 NO 2 PRINTEMPS/ÉTÉ 2006

Toutefois, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) et celui de la Santé et des Services sociaux (MSSS) continuent d’imposer de nombreuses restrictions relativement à l’utilisation de l’analyse de risques. Les critères B doivent être respectés sur une épaisseur de deux mètres en milieu résidentiel lorsque les utilisateurs ont accès à des parcelles de terrains individuels. Les critères génériques B doivent être respectés sur une épaisseur d’un mètre pour les aménagements paysagers en milieu urbain. Les cas de contamination par des produits pétroliers ou des déversements de tels produits ne peuvent être couverts par cette approche.

Jusqu’à maintenant, les restrictions étaient mentionnées dans un guide administratif, soit la Politique de protection des sols et de réhabilitation des terrains, mais le MDDEP planifie réglementer ces restrictions, ce qui est perçu comme une fermeture définitive à l’usage de l’analyse de risques pour ces cas spécifiques. L’attitude de ces ministères est-elle fondée ? Non, si l’on se fie à la popularité de cet outil de gestion ailleurs au Canada et dans le monde. L’analyse de risques est un outil d’aide à la décision de plus en plus utilisé pour la gestion des terrains contaminés. L’avantage indéniable de l’analyse de risques est que cette approche prend en considération les caractéristiques propres du terrain visé par l’étude, permettant ainsi d’établir un plan de réhabilitation visant la réduction des risques spécifiques au terrain.

L’avantage indéniable de l’analyse de risques est que cette approche prend en considération les caractéristiques propres du terrain visé par l’étude.


P O U R Q U O I L I M I T E R L’ U S A G E D ’ U N O U T I L F I A B L E ?

Au Québec, l’approche la plus courante consiste à utiliser les critères génériques applicables aux sols des terrains à usages résidentiel et industriel. Ces critères sont mieux connus sous l’appellation « critères B et C1 ». L’approche consiste essentiellement à comparer les concentrations mesurées dans les sols à ces critères. Il est aisé de comprendre que cet outil est très facile à gérer par les autorités gouvernementales. Il ne faut cependant pas oublier que la seule façon d’établir des critères génériques consiste à utiliser une approche quantitative d’évaluation des risques basée sur un scénario spécifique. En d’autres termes, un critère générique est un critère spécifique applicable à un scénario dit « générique ». Dans un article récent2, le MDDEP et le MSSS présentaient la méthodologie retenue pour la validation, en termes de santé humaine, de certains des critères B et C, même pour les composés organiques volatils présents dans les hydrocarbures pétroliers. De leur propre aveu, les scénarios retenus étaient très conservateurs. À titre d’exemple, le scénario résidentiel repose sur le fait que la personne exposée vit continuellement à la maison de 0 à 70 ans et que les sols de la propriété sont à nu; aucun aménagement en 70 ans !

Sur la base de ces assertions, le terme « conservateur » paraît faible. Il est en effet assez rare que des individus restent à la maison 24 heures par jour, 7 jours par semaine et jusqu’à 70 ans. À mon humble avis, ce scénario est impossible à envisager si l’on respecte les lois et règlements en vigueur au Québec. Je crois que les jeunes sont obligés de fréquenter l’école au moins jusqu’à 16 ans, ce qui se fait rarement à la maison. De plus, les règlements municipaux obligent les propriétaires de résidences à compléter l’aménagement de leur terrain dans un délai qui excède rarement 12 mois suivant la construction. Le choix d’un scénario « conservateur » pour valider ou établir des critères génériques est certainement défendable puisque les critères doivent être valables pour la variante la plus sensible du type d’usage visé. Cependant, lorsque les critères sont établis sur la base de scénarios extrêmes et irréalistes, ces derniers ne doivent pas être imposés dans la grande majorité des cas spécifiques qui ne correspondent pas aux scénarios retenus. Certains fonctionnaires dénigrent à mots à peine couverts le recours à l’analyse de risques pour la gestion des terrains contaminés et souhaiteraient sa disparition. Pour-

tant, cette approche est incontournable puisque c’est le seul outil disponible pour développer ou valider des critères génériques ou spécifiques. Limiter l’usage de l’analyse de risques n’est certainement pas souhaitable d’un point de vue économique ni justifiable d’un point de vue scientifique. Si le MDDEP et le MSSS désirent augmenter la qualité des analyses réalisées et réduire leur charge de travail reliée à l’étude de ces dossiers, une des solutions que le Québec devrait considérer serait le recours à la revue par les pairs (peer review), notamment utilisée en Ontario. ■ 1

Les valeurs B et C des critères génériques correspondent aux normes du Règlement sur la protection et la réhabilitation des terrains. Selon la situation, les critères ou les normes s’appliquent. Pour fins de simplification, nous référerons uniquement aux critères dans cet article.

2

Beausoleil, M. et Gauthier, R, 2006. « Validation des critères B et C de la Politique de protection des terrains contaminés – Protection de la santé humaine », VECTEUR environnement, volume 39, numéro 3, mai 2006.

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LE PA RTE N A R IAT : U N E C O M P O S A NTE E S S E NTI E LLE D U S U C CÈS

COLLECTE SÉLECTIVE

de la collecte sélective ! Maryse Vermette directrice, communications et relations avec les municipalités Collecte sélective Québec mvermette@coselective.qc.ca

Dans le cadre de sa planification stratégique 2006-2008, ÉEQ a identifié un objectif s’y rattachant ainsi que trois sousobjectifs opérationnels :

2 Viser, à titre de partenaire, un coût net moyen par tonne métrique s’approchant des 150 $ pour le Québec. Comment ?

Établir un partenariat pour assurer l’efficacité et la performance de la collecte sélective, au plus bas coût par tonne.

En février 2006, la première entente sur l’établissement des coûts nets de la collecte sélective sujets à compensation pour les années 2005-2006 a été ratifiée par les deux regroupements municipaux, l’UMQ et la FQM, ainsi qu’Éco Entreprises Québec (ÉEQ). L’entente de deux ans porte sur une estimation des coûts des années 2004 et 2005.

Trois objectifs opérationnels 1 Viser, à titre de partenaire, l’amélioration des rendements des programmes de collecte sélective par une augmentation de 50 % des quantités récupérées dans une perspective de 5 ans. Par quels moyens ?

Les résultats de la première négociation COÛTS NETS ESTIMÉS

Pour l’année 2004, aux fins de la compensation pour la période du 1er mars 2005 au 31 décembre 2005 : 60 800 000 $ Pour l’année 2005, aux fins de la compensation pour la période du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2006 : 74 200 000 $

CATÉGORIES DE MATIÈRES

PARTS

Contenants et emballages Imprimés

60 %

TOTAL DES COÛTS NETS PAR CATÉGORIE 36 480 000 $

20 %

12 160 000 $

Médias écrits

20 %

12 160 000 $

Contenants et emballages Imprimés

60 %

44 520 000 $

20 %

14 840 000 $

Médias écrits

20 %

14 840 000 $

L’entente prévoit également la réalisation d’une étude économique sur l’ensemble des coûts nets des services fournis par les municipalités pour les années subséquentes et la mise en place d’un comité de suivi de l’étude formé de représentants des partenaires. Un principe très important pour les entreprises a été intégré dans l’entente, soit de favoriser l’augmentation des quantités récupérées au moindre coût possible. De plus, il a été convenu que la prochaine négociation porte sur l’identification de coûts nets fixés en fonction de programmes municipaux de collecte sélective efficaces et performants, en tenant compte des différentes réalités municipales.

L’efficacité et la performance de la collecte sélective ÉEQ et les municipalités doivent œuvrer à ce que la collecte sélective soit plus efficace et réalisée selon les normes de qualité les plus élevées. La collecte sélective est loin d’avoir atteint son plein potentiel. Elle peut encore progresser pour devenir le mode de récupération le plus efficace, le plus économique et le plus performant.

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■ Diffuser les indicateurs clés de performance et l’étalonnage issus des études sur les programmes de collecte sélective. L’analyse des études 6 080 000 $ de caractérisation et NIL des coûts nets permettra l’établissement 22 260 000 $ d’indicateurs clés de performance et l’éta7 420 000 $ lonnage des municipaNIL lités sur une multitude de paramètres. Il est important de diffuser ces résultats afin d’outiller adéquatement les municipalités dans leurs prises de décisions en matière de collecte sélective.

COMPENSATION PAYABLE PAR ÉEQ 18 240 000 $

Assurer une veille technologique sur les tendances mondiales.

Participer à l’implantation de la collecte sélective dans les lieux publics. De plus en plus, on consomme hors foyer, et cela pose de nouveaux défis à la collectivité. La clé réside dans l’implantation de la collecte sélective dans les lieux publics.

Soutenir le développement de la collecte sélective dans les industries, commerces et institutions.

Participer à des activités de sensibilisation et de communication sur la collecte sélective en collaboration avec les municipalités, les entreprises et Recyc-Québec. L’amélioration des comportements passe par la promotion de la pratique de la collecte sélective et de sa valorisation. En participant à l’élaboration et à la conception des activités de sensibilisation avec les partenaires impliqués, ÉEQ s’assure de mettre à leur disposition les connaissances acquises par le biais des études et des veilles technologiques.

Déterminer des critères de distribution qui favorisent l’efficacité et la performance des programmes. S’assurer que les critères de distribution récompensent ou pénalisent la municipalité en fonction de l’efficacité relative des programmes. Dans l’identification des coûts nets, ne pas reconnaître les coûts hors barèmes.

ÉEQ et les regroupements municipaux classeront les municipalités par catégories selon des caractéristiques similaires (densité urbaine, étendue du territoire, type de collecte, etc.). Les taux de récupération (kg/porte) et les coûts nets par tonne récupérée ($/t.m.) serviront à évaluer l’efficacité et la performance des programmes. Les meilleurs programmes sont ceux qui obtiennent le plus haut taux de récupération et le plus bas coût net par tonne. Les municipalités surpassant les critères établis se verront bonifiées dans leur financement et, à l’inverse, les municipalités tardant à mettre en place des mesures reconnues comme efficaces et performantes et ayant fait leurs preuves dans d’autres municipalités se verront pénalisées dans leur financement. Un écart acceptable par rapport à la moyenne par catégorie de municipalités sera déterminé. Certains coûts pourront faire l’objet d’un plafonnement et tout excédent pourrait ne pas être reconnu dans le financement. 3 Atteindre l’objectif global (60 %) de récupération de la politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Comment ? ■

Assister, au besoin, les municipalités dans la planification des programmes de collecte sélective.

L’expertise et les contacts développés par ÉEQ dans le cadre de ses études permettront soit d’orienter les municipalités vers les ressources compétentes appropriées, soit d’élaborer des guides simplifiés de paramètres à prendre en compte dans la planification de programmes.

ÉEQ, organisme proactif ÉEQ veut développer un réel partenariat avec les municipalités et les soutenir dans la gestion de leurs programmes de collecte sélective. L’organisme ne veut pas se limiter à verser une compensation, mais désire agir de manière proactive dans le développement de la collecte sélective au Québec. ■


COLLECTE SÉLECTIVE

L A C O LLE CTE SÉLE CTIV E :

des résultats convaincants André Martel président-directeur général Collecte sélective Québec martel@coselective.qc.ca

En 1989, Collecte sélective Québec a mis sur pied un partenariat unique, innovateur et efficace impliquant la participation active de représentants des secteurs gouvernemental, industriel, municipal et environnemental. La collecte sélective a depuis connu une progression fulgurante et est maintenant implantée dans toutes les régions. Presque toutes les municipalités offrent aujourd’hui un programme résidentiel de collecte sélective et plus de 85 % des Québécois sont desservis. Si ce succès doit rejaillir sur les municipalités et leurs citoyens, il ne fait aucun doute que notre organisme a joué un rôle mobilisateur en soutenant financièrement

les municipalités dans l’implantation de leurs programmes. À cet égard, CSQ a versé près de 28 M $ à plus de 900 municipalités en vertu des trois programmes développés en collaboration avec le ministère de l’Environnement et les municipalités. Mentionnons que plus de 400 entreprises ont contribué financièrement sur une base volontaire au cours de toutes ces années. La collecte sélective a notamment favorisé l’émergence de nouvelles valeurs et a incité les citoyens à modifier leurs habitudes de consommation et leur attitude à l’égard de leurs matières résiduelles. Par les gestes quotidiens qu’elle suppose de la part du citoyen, elle suscite une plus grande motivation relativement aux questions écologiques et enclenche une prise de conscience de plus en plus grande envers l’environnement. Il s’agit certes d’un succès populaire.

Du volontariat à la réglementation Notre organisme a réclamé dès 1992

l’adoption d’une loi ou d’une réglementation afin que toutes les entreprises qui mettent sur le marché québécois des contenants, emballages et imprimés contribuent au financement de la collecte sélective. Même si toutes nos revendications n’ont pas été reçues, nous avons appuyé la loi 102, adoptée le 12 décembre 2002, et le règlement publié le 24 novembre 2004. En vigueur depuis le 1er mars 2005, ce nouveau régime de compensation consacre le partenariat entre les municipalités et l’industrie et devrait favoriser l’atteinte des objectifs fixés par le gouvernement.

Des quantités récupérées en constante progression Une des réalisations les plus importantes réside dans l’augmentation des quantités récupérées. Selon les dernières données disponibles, plus de 372 000 t de matières recyclables ont été récupérées grâce à la collecte sélective en 2003, et ont ainsi pris le chemin du recyclage plutôt que celui de l’enfouissement. Tout en favorisant la création de nombreux emplois, la collecte

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L A C O L L E C T E S É L E C T I V E : D E S R É S U LT A T S C O N V A I N Q U A N T S

sélective aura ainsi aidé l’industrie de l’environnement à développer d’importants créneaux. Il est toutefois beaucoup plus difficile d’évaluer la quantité de matières recyclables mises sur le marché québécois pour en déterminer le taux de récupération. Au Québec, nous n’avons pas encore réalisé d’études concluantes sur cet aspect. Dans son bilan 2002, Recyc-Québec a estimé à 26 % le taux de récupération des matières recyclables.

Pourtant, en se basant sur de nombreuses études et l’expérience acquise au cours des dernières années, Stewardship Ontario a estimé en 2003 le potentiel de récupération des matières recyclables à 1 474 000 t. Si on ajustait les données ontariennes au prorata de la population du Québec, ce sont 960 000 t de matières recyclables qui auraient été potentiellement récupérables par la collecte sélective en 2003. Dans un tel cas, le taux de récupération aurait atteint au Québec 39 % plutôt que 26 %, soit 372 000 t récupérées sur un potentiel de 960 000 t.

Puisque l’objectif de récupération est fixé à 60 % pour les matières recyclables, il y a tout lieu de croire que la situation est plus encourageante qu’on peut le croire. De toute manière, il apparaît essentiel que des études sérieuses soient réalisées dans les meilleurs délais si on veut véritablement mesurer les résultats obtenus. La mise en place du nouveau régime de compensation et les données qui seront colligées par Éco Entreprises Québec aideront grandement à présenter un portrait plus juste de la collecte sélective.

La collecte sélective : le moyen priviliégié Nous continuons de croire que la collecte sélective est le moyen privilégié pour récupérer et recycler tous les contenants, emballages et imprimés et pour atteindre les objectifs fixés, et ce, au moindre coût possible. S’il faut continuer d’investir pour augmenter les quantités récupérées, nous devons privilégier les moyens les plus efficaces et les moins coûteux tout en exerçant un contrôle sur la progression des coûts. Il ne faut surtout pas dédoubler les moyens de récupération. Tout élargissement de la consigne à d’autres contenants ou breuvages appauvrit le bac de récupération et prive la collecte sélective de la valeur de revente des contenants consignés. Les entreprises qui contribuent en vertu du régime de compensation ainsi que les municipalités et citoyens verront alors leur fardeau financier augmenter. D’ailleurs, au point de vue environnemental, le bénéfice d’un tel élargissement de la consigne sera minime. Nous croyons plutôt qu’il serait préférable de concentrer à la fois nos efforts financiers et de conscientisation au développement de la collecte sélective, de façon à augmenter le taux de récupération de l’ensemble des matières recyclables. À cet égard, il est urgent que tous les intervenants impliqués se concertent pour présenter un message positif et sensibiliser la population à l’importance de participer à la collecte sélective. Toutes les études l’ont démontré : il s’agit du moyen le plus efficace pour stimuler la participation des citoyens. Le temps est également venu d’envisager l’implantation de bacs de récupération dans les endroits publics et les institutions, commerces et industries pour récupérer les contenants, emballages et imprimés consommés hors foyer. Mais il faut aussi reconnaître qu’il faudra un jour envisager d’implanter des systèmes de tarification à l’acte (User Pay System), comme cela existe dans d’autres provinces et dans plusieurs États américains. ■ 24

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C O M P O STA G E

Q U AN D L A D I G E STI O N A N AÉR O B I E S’E N MÊLE,

la terminologie s’emmêle Denis Potvin agronome, vice-président, Produits et Environnement Conporec inc. d p o t v i n @ c o n p o re c . c o m

Les questions relatives à la gestion des matières résiduelles et les différentes options envisageables pour atteindre les objectifs québécois de mise en valeur sont plus que jamais d’actualité. Diverses filières existent et, parmi celles-ci, on retrouve le compostage, qui fait déjà partie de plusieurs PGMR, et la digestion anaérobie (DA), qui suscite un intérêt grandissant. Le présent article ne vise ni à comparer les deux approches ni à statuer sur la meilleure approche à adopter. L’entrée en scène de la DA comme option de gestion dans les discussions, forums et colloques sur le compostage surprend et justifie, à tout le moins, l’importance de clarifier la terminologie. À défaut de le faire, la confusion qui existe déjà concernant l’emploi du terme « compost » risque ni plus ni moins de s’accroître. Or, il serait dommage de ne pas capitaliser sur les acquis issus d’une longue réflexion déjà réalisée dans le cadre des travaux de la norme nationale sur les composts. Le compostage et la digestion anaérobie (méthanisation) sont deux modes de traitement par voie biologique qui visent essentiellement les mêmes matières résiduelles organiques (fumiers, ordures ménagères, résidus organiques triés à la source, biosolides). Ces deux avenues permettent la mise en valeur notamment de la fraction organique comme amendement pour les sols et/ou fertilisants. Ainsi, dans les deux cas, les procédés génèrent une quantité de matière organique plus ou moins stabilisée que nous n’avons pas le luxe de gaspiller. Là s’arrête cependant l’essentiel de leurs points communs. Bien qu’il existe plusieurs définitions concernant le compostage et la digestion anaérobie, les scientifiques se sont toujours entendus pour associer le compostage aux conditions aérobies (processus qui se déroule en présence d’oxygène) et la digestion anaérobie aux conditions d’anaérobiose (processus qui se déroule en l’absence d’oxygène). Ces processus, qui impliquent l’action de microorganismes forts différents, conditionnent bien sûr la matière organique qui en résulte.

Le compostage D’entrée de jeu, précisons que le compostage réfère au procédé alors que le compost définit le produit ou la matière qui résulte du procédé de compostage. Plus spécifiquement, le compostage se définit comme un procédé de bio-oxydation contrôlé impliquant un substrat organique solide qui évolue en subissant une phase thermophile (To > 45oC); ce procédé génère du CO2, de l’eau, des minéraux et de la matière organique stabilisée que l’on nomme « compost ». Défini comme un procédé aérobie, le compostage n’est pas au sens strict du terme une fermentation, bien que certaines réactions soient de type fermentaire. La notion de phase thermophile est une condition importante qui devrait être indissociable du procédé de compostage si on veut alléguer avec confiance l’innocuité du compost et l’utilisation d’un produit sanitaire (hygiénisé). À ce sujet, l’ensemble du substrat à composter doit subir une température d’au moins 55 oC pendant trois jours consécutifs au sein de la masse pour respecter le caractère « hygiénisant » du compostage et satisfaire aux exigences du PFRP (Process to further reduce pathogens). Ce volet sanitaire qu’offre le compostage grâce aux températures élevées constitue un net avantage et conditionne les caractéristiques du produit final.

milieu sans oxygène (anaérobie). Ce type de processus génère du biogaz, composé essentiellement de méthane et de bioxyde de carbone. En fait, le biogaz est à la digestion anaérobie ce que le compost est au compostage. La dégradation de la matière organique sous des conditions d’anaérobiose génère également un substrat solide odorant et partiellement décomposé que l’on appelle digestat, méthanisat et malheureusement parfois compost, biocompost ou méthacompost ! Or, la matière issue de telles conditions anaérobies ne devrait tout simplement pas être associée au terme compost, car le compostage et son produit sont issus de processus aérobies. Si le terme digestat n’est pas très vendeur, on devra en trouver un autre plutôt que de l’associer aux composts et profiter de l’engouement croissant qu’ils connaissent. Ceci étant dit, il existe toutefois un certain lien entre le compostage et le résidu de la DA. En effet, le résidu solide de la DA constitue, au même titre que plusieurs autres types de matières organiques (résidus ou biomasses), un matériel intéressant pour le compostage. Ceci est d’autant plus vrai que certains procédés de digestion anaérobie permettent d’épurer une matière résiduelle initialement contaminée de plastiques et autres corps étrangers.

En précisant la terminologie associée à deux modes de traitement des matières résiduelles organiques et leurs produits, on s’assure de la bonne compréhension des processus impliqués. Le compost, quant à lui, est le produit du compostage, qui est stabilisé et hygiénisé (absence d’agents pathogènes) et qui s’avère bénéfique à la croissance des plantes. Le compost ainsi défini implique une notion de maturité et, conséquemment, on devrait difficilement reconnaître la structure et les odeurs associées aux matières putrescibles initiales.

La digestion anaérobie La digestion anaérobie, pour sa part, implique l’activité d’une flore microbienne qui dégrade les matières organiques dans un

En précisant la terminologie associée à deux modes de traitement des matières résiduelles organiques et leurs produits, on s’assure de la bonne compréhension des processus impliqués et des caractéristiques des produits qui en sont issus. À la sortie des digesteurs, les résidus de la DA ne sont ni compostés ni composts, mais ils constituent un excellent matériel pour le compostage. En subissant une étape additionnelle de compostage, petit digestat peut devenir grand… compost. En attendant, appelons un chat… un chat ! ■

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L’ I N S T I T U T I O N N E L

OBLIGATION OU VOLONTARIAT :

avons-nous vraiment le choix ? Éric Maisonneuve conseiller en environnement à la vice-présidence du Centre de services partagés d’Hydro-Québec m a i s o n n e u v e . e r i c @ h y d ro . q c . c a

De façon générale au Québec, la récupération des matières résiduelles n’est pas un geste obligatoire. Que ce soit notre journal préféré qu’on dépose dans le bac de recyclage à la maison ou nos vieux rapports qu’on place dans le bac au travail, la récupération constitue un geste volontaire.

Dans le secteur ICI Le premier facteur qui explique la présence d’un service de récupération dans le secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI), c’est l’impact économique positif qui s’y rattache. En effet, c’est en premier lieu lorsque le prix d’un résidu sur le marché de la récupération est appréciable que l’entreprise va faire l’effort de mettre en place le service de récupération approprié. Par conséquent, les revenus directs associés à la récupération de ces résidus représentent un incitatif qui suffit à la mise en place du service correspondant. Pour les résidus n’ayant que peu ou pas de valeur sur le marché, donc en l’absence d’un incitatif économique direct, la mise en place d’un service de récupération repose alors sur le volontariat pur et simple, puisqu’il faut même parfois accepter de débourser pour s’offrir un tel service. Les services de récupération pour ces résidus sont d’ailleurs beaucoup moins fréquents et c’est parfois à la demande des employés qu’une entreprise implantera la récupération de ces matières résiduelles et acceptera de défrayer les coûts qu’elle représente. Il n’y a donc aucune obligation à récupérer les résidus d’origine ICI. Les matières résiduelles récupérées le sont sur la base du volontariat, quoique celui-ci s’accompagne la plupart du temps d’un incitatif économique qui amenuise un peu la portée du terme volontariat.

Dans le secteur résidentiel La collecte sélective des matières recyclables – symbole de la récupération des

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résidus dans le secteur résidentiel – a été implantée progressivement dans les municipalités québécoises, et ce, dès le milieu des années 1980. Là encore, c’est principalement sur une base volontaire qu’a été implanté ce service, que ce soit à l’initiative des élus municipaux les plus soucieux de la protection de l’environnement ou encore en réponse aux pressions de leurs concitoyens désireux d’accéder à ce nouveau service municipal. Même durant les périodes les plus favorables (au milieu des années 1990, par exemple, alors que la valeur des fibres était telle que certaines municipalités se voyaient offrir un service de collecte sélective sans frais), il n’y a jamais vraiment eu d’impact économique positif direct (revenus) pour justifier la mise en place de ces nouveaux services municipaux. Il y avait certes des économies à réaliser en réduisant la quantité de déchets éliminés, mais on peut néanmoins prétendre que les municipalités implantaient – elles aussi – ces services sur une base volontaire et non par obligation.

notion d’obligation s’arrête là, c’est-à-dire qu’aucun palier de gouvernement n’oblige les entreprises ou leurs employés à récupérer, si ce n’est que quelques organismes municipaux ayant créé l’obligation ces dernières années, pour les ICI de leur territoire, de participer au service municipal de collecte sélective. Ces cas demeurent rarissimes. Dans le secteur résidentiel, il y a essentiellement deux façons de créer l’obligation de récupérer pour les citoyens. Les incitatifs réglementaires, d’une part, consistent par exemple à adopter des règlements limitant la quantité de déchets (les résidus voués à l’élimination) qu’on peut déposer en bordure de rue. Les incitatifs économiques, d’autre part, consistent plutôt à appliquer le principe du pollueurpayeur, par lequel les citoyens doivent payer le service de collecte municipale en fonction de la quantité de déchets qu’ils envoient à l’enfouissement. Ces deux types d’incitatifs sont en vigueur dans plusieurs milliers de municipalités américaines et canadiennes, mais demeurent presque inexistants au Québec.

Si les secteurs ICI ont normalement besoin de faire des profits et d’éviter les pertes monétaires pour justifier leur existence, les organismes municipaux ont plutôt le devoir de rendre des services à la population. En parallèle, il faut bien mentionner que le mandat des organismes municipaux est très différent de celui des secteurs ICI en général. Si ces derniers ont normalement besoin de faire des profits et d’éviter les pertes monétaires pour justifier leur existence, les organismes municipaux ont plutôt le devoir de rendre des services à la population. La dynamique économique reliée aux services de récupération est donc complètement différente entre les secteurs résidentiel et ICI.

L’obligation de récupérer L’obligation de récupérer pour les employés des secteurs ICI est pratiquement inexistante. Ainsi, un employeur pourrait obliger son personnel à déposer certains résidus dans l’équipement de récupération approprié parce que cette activité représente une source de revenus non négligeable pour l’entreprise. Mais la

De toute évidence, pour que de tels incitatifs soient mis en place, il faut que les organismes municipaux offrent des services parallèles à celui de collecte des déchets, au-delà du simple service de collecte sélective des matières recyclables, car il serait pernicieux de facturer le citoyen en fonction de la quantité de déchets sans qu’on offre à celui-ci la possibilité de recourir à des services de récupération optionnels. On fait principalement allusion à la collecte des matières organiques, lesquelles représentent un pourcentage important des matières résiduelles générées par une résidence. Tous secteurs confondus, parviendronsnous un jour à atteindre les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles sans s’y obliger ? ■


ÉLI M I N ATI O N

L E S SY S T È M E S D É TA N C H É I T É ;

lequel choisir ? André Simard président et directeur général André Simard et associés a n d re . s i m a rd @ a s i m a rd . c o m

Le système d’étanchéité constitue évidemment le plus important ouvrage de protection environnementale dans un lieu d’enfouissement technique (LET). Celui-ci doit assurer un confinement adéquat des émissions pouvant être générées par les matières résiduelles, soit les lixiviats et les biogaz. L’une des deux techniques de confinement reconnues par le nouveau REIMR est l’argile in situ, en autant que celle-ci ait une épaisseur minimale de 6 m et une perméabilité inférieure à 1 X 10-6 cm/s. La deuxième technique reconnue est un système à double niveau d’imperméabilisation. Dans ce dernier cas, le niveau supérieur doit être constitué d’une géomembrane d’au moins 1,5 mm d’épaisseur, tandis que le niveau inférieur doit également comporter une géomembrane, mais reposant en outre sur une couche de matériaux argileux de 60 cm d’épaisseur ou l’équivalent. Cette dernière configuration est communément appelée « membrane composite ». La membrane composite est de loin l’élément clé dans la réduction des exfiltrations vers la nappe phréatique. Les géomembranes sont très peu perméables, soit de l’ordre de 1 X 10-13 cm/s, c’est-à-dire un million de fois plus étanches que l’argile; toutefois, si elles sont perforées, leur performance s’en trouve grandement réduite. De l’autre côté, l’argile est moins étanche, mais les risques de perforation sont quasi

inexistants. L’approche composite réunit le meilleur des deux mondes : la géomembrane hautement étanche vient réduire en quelque sorte la superficie par laquelle il peut y avoir une fuite (soit les perforations), tandis que l’argile réduit le débit qui peut s’échapper de ces perforations. Il en résulte un système dont le niveau de perte potentielle est entre 1 000 et 10 000 fois plus faible que chaque configuration prise individuellement. C’est pour cette raison que l’Environmental Protection Agency américaine a imposé au minimum une membrane composite sur tous les sites aux États-Unis. L’intégrité de l’argile est toutefois primordiale pour assurer l’efficacité du système. Or, les argiles sont souvent rares et leur mise en place exige des précautions particulières. Même bien construites, les couches sont de qualité variable et peuvent démontrer, à certains endroits, des perméabilités supérieures aux normes. De plus, l’assurance-qualité est difficile à réaliser, tandis que l’argile demeure sensible aux cycles de gel et dégel et aux dessiccations. Pour pallier cette lacune, mais aussi pour des raisons économiques, tous les sites au Québec, à ce jour ont remplacé l’argile par un équivalent, soit la natte bentonitique, communément appelée geosynthetic clay liner en anglais (ou GCL). Il s’agit d’une couche de bentonite contenue entre deux géotextiles. La perméabilité est très faible, soit de l’ordre de 1 X 10-9 cm/s, et sa faible épaisseur (environ 6 mm) permet un gain d’espace pour l’enfouissement. De plus, la bentonite a une propriété hautement intéressante : elle gonfle jusqu’à quatorze fois son volume au contact du liquide. Donc, elle a un pouvoir autocolmatant qui fait en sorte qu’une brèche laissée par une perforation de la géomembrane susjacente serait comblée par la bentonite

hydratée. Il en résulte un système encore plus performant. Malgré la fiabilité de ces matériaux, une conception et une installation conformes aux règles de l’art sont essentielles pour assurer une performance sécuritaire à long terme d’un système d’étanchéité. Au niveau de la conception, deux aspects en particulier doivent absolument être pris en compte, soit le comportement du système en tension et la stabilité dans les pentes. En ce qui concerne le comportement en tension, les géomembranes ne doivent pas dépasser leur limite élastique, car, dans le cas contraire, il y a risque de déchirure. Le concepteur devra donc tenir compte de la géométrie du site et de son comportement à court et à long termes; des mesures de sécurité appropriées doivent aussi être appliquées. De plus, les faibles angles de frottement entre les diverses composantes géosynthétiques doivent être prises en compte, sans quoi il y a risque de glissement dans les pentes; un ancrage conçu selon les forces en cause viendra assurer la stabilité des ouvrages. Au niveau de l’installation, l’application d’un programme d’assurance-qualité rigoureux par des professionnels expérimentés est un gage de réussite (voir notre chronique intitulée « L’assurance-qualité : une étape essentielle » publiée dans l’édition d’automne 2005). Toutefois, il importe de se rappeler que le système d’étanchéité ne peut à lui seul assurer une protection totale : la collecte efficace des lixiviats et des biogaz, la gestion des eaux de surface, le traitement des émissions et le suivi environnemental viennent compléter le système qu’est un lieu d’enfouissement et ensemble assurer une performance environnementale du plus haut niveau. ■

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LA CESSION D’UN SITE D’ENFOUISSEMENT, UN JEU D’ENFANT ?

LE JURIDIQUE

PAS SI SÛR ! Me Hélène Lauzon avocate en droit de l’environnement Lavery, de Billy hlauzon@lavery.qc.ca

La cession d’un site d’enfouissement de matières résiduelles appartenant à une municipalité est assujettie à un régime juridique distinct selon que le site soit cédé à des intérêts publics ou à des intérêts privés. En vertu de l’ancienne Loi sur la vente des services publics municipaux1, abrogée en 2005, une municipalité ne pouvait vendre, céder ou autrement aliéner un service d’utilité publique lui appartenant, comme un site d’enfouissement, à moins que ce ne soit au moyen d’un règlement soumis à l’approbation des personnes habilitées à voter et du gouvernement. Cependant, une telle vente, cession ou aliénation pouvait s’opérer sans que l’approbation des personnes habilitées à voter et du gouvernement ne soit requise, dans la mesure où l’acquéreur était une autre municipalité, une régie intermunicipale ou un organisme supramunicipal. Depuis l’abrogation de la Loi sur la vente des services publics municipaux, cette obligation de s’assujettir à certaines règles d’approbation lorsqu’il s’agit de la vente, de la cession ou de l’aliénation d’un site d’enfouissement de matières résiduelles à des intérêts privés a été reprise dans la Loi sur les compétences municipales à l’article 97. Cette disposition reprend presque mot pour mot la disposition que l’on retrouvait dans l’ancienne Loi sur la vente de services publics municipaux. L’article 97 de la Loi sur les compétences municipales2 se lit comme suit : La résolution par laquelle une municipalité locale aliène un service d’utilité publique doit être approuvée par les personnes habiles à voter et le gouvernement.

Le premier alinéa ne s’applique pas dans le cas où l’acquéreur du service est une autre municipalité, une régie intermunicipale ou un organisme supramunicipal au sens des articles 18 et 19 de la Loi sur le régime de retraite des élus municipaux. Par ailleurs, il est intéressant de lire l’article 97 de la Loi sur les compétences municipales en parallèle avec l’article 145 du Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles3, entré en vigueur le 19 janvier dernier. Le premier alinéa de l’article 145 du Règlement interdit à quiconque d’établir ou d’agrandir un lieu d’enfouissement technique (que l’on nommait autrefois un lieu d’enfouissement sanitaire) ou un lieu d’enfouissement de débris de construction ou de démolition si cette personne n’est pas aussi propriétaire du fonds de terre où ce lieu doit être établi ou agrandi. Cette personne doit aussi être propriétaire du fonds de terre où doit être situé tout système nécessaire à son exploitation si ce fonds n’est pas le même que celui où doivent se trouver les zones de dépôt et les autres équipements ou installations du lieu d’enfouissement.

Pour une meilleure compréhension, nous reprendrons ici le libellé du second alinéa de l’article 145 du Règlement : Après son établissement ou agrandissement, le lieu d’enfouissement et le fonds de terre où se trouve ce lieu ou tout système nécessaire à son exploitation doivent continuer à appartenir à la même personne ou municipalité, notamment en cas de cession de cette installation. Est-ce à dire que désormais les municipalités ne pourront plus vendre, céder ou aliéner un site d’enfouissement en vertu de l’article 97 de la Loi sur les compétences municipales sans procéder par la même occasion à la vente, cession ou aliénation du fonds de terre où est exploité ce site ? Est-ce aussi à dire que les municipalités ne pourront plus confier à une tierce partie la simple gestion de leur site d’enfouissement, mais qu’elles devront ou gérer elles-mêmes leur site ou le vendre, céder ou aliéner à une tierce partie avec le fonds de terre où il se situe ? Ou encore, est-ce à dire qu’une municipalité qui constituerait une servitude en faveur d’une tierce partie pour l’exploitation de son site, tout en conservant la propriété, serait réputée céder la propriété de son site

Est-ce aussi à dire que les municipalités ne pourront plus confier à une tierce partie la simple gestion de leur site d’enfouissement ? C’est donc dire que l’exploitant du site d’enfouissement doit être à la fois propriétaire du terrain où ce site est exploité et propriétaire du terrain où se situent les systèmes nécessaires à son exploitation si ces systèmes ne sont pas situés sur le même terrain que celui où est exploité le site. Par ailleurs, en vertu du second alinéa de l’article 145 du Règlement, le site d’enfouissement, le fonds de terre où est exploité ce site ainsi que les systèmes nécessaires à son exploitation doivent en tout temps appartenir à la même personne ou municipalité.

d’enfouissement contrairement à l’article 145 du Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles ? Voilà autant de questions importantes auxquelles les municipalités devront s’attarder avant de confier la gestion de leur site ou encore avant de vendre, céder ou aliéner leur site d’enfouissement. ■ 1 Articles 1 et 2, L.R.Q. c. V-4, abrogée par L.Q. 2005, c.6, art. 239. 2 L.Q. 2005, c.6, sanctionnée le 24 mai 2005 et entrée en vigueur le 1er janvier 2006. 3 Décret 451-2005 du 11 mai 2005, (2005) 137 G.O. II 1880, entré en vigueur le 19 janvier 2006.

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L’ E N V E R S D U D É C O R

Sources : L’équipe du magazine 3Rve.

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Le centre de tri Tricentris de Lachute a trouvé un moyen original de recycler les immenses toiles ayant servi de panneaux publicitaires aux abords des autoroutes. En effet, l’entreprise les a converties en sac ! Solides, écologiques et colorés, ils ont de quoi faire tourner les têtes.

Les Dalton étaient là Le vendredi 9 juin dernier avait lieu à Roxton Pond la 4e édition de l’omnium Sani Eco, dont les profits ont été remis à La Ressource le Tandem. Cet organisme communautaire vient en aide aux adolescents de la région de Granby. Le tournoi a permis d’amasser une somme de plus de 13 000 $. Toutes nos félicitations à Sylvain Gagné de Sani Eco et à toute son équipe. Sur la photo, on peut voir que les invités ont bien apprécié la journée ! Dans l’ordre, Daniel Nepveu de Nexsolution, Hector Chamberland, directeur du développement des affaires chez BFI, André Dumouchel, éditeur du magazine 3Rve, et Normand Rochon des restaurants Tutti Frutti déjeuners.

Pollutec Du 28 novembre au 1er décembre prochain se tiendra le Salon Pollutec à Lyon en France. On y attend plus de 65 000 visiteurs provenant d’une trentaine de pays. Vous pensez pouvoir faire le tour de tous les exposants ? Prévoyez des chaussures confortables puisque le salon compte 2 400 exposants. Pour plus d’information : canada.montreal@promosalons.com ou 1 800 387-2566.

On perd un joueur ! Le 30 juin prochain marquera le départ à la retraite de monsieur Gérard Chiasson d’Industrie Canada. Véritable gentleman, monsieur Chiasson manquera certainement aux nombreuses entreprises qu’il a aidées au fil des ans. Parions qu’il se fera offrir quelques petits contrats ! Bonne retraite, Gérard, et bon golf !

Redevances à l’élimination des matières résiduelles : le CESE a des réserves Bien que d’accord avec le principe des redevances, le Conseil des entreprises de services environnementaux émet certaines réserves quant à l’application de cette mesure qui entrera en vigueur le 23 juin prochain. Pour connaître sa position, consultez son site Internet au www.cese.ca.

Gérard Chiasson, Mario Quintin, Carita Fortier et André Dumouchel

OUPS…

L’entrée en vigueur des nouvelles dispositions de la Loi sur le tabac, portant sur l’interdiction de fumer dans des lieux publics, a donné lieu à un désolant cafouillage. En effet, plusieurs pages de publicité ont été achetées par le gouvernement pour inviter les propriétaires d’endroits visés par la loi à recycler leurs cendriers. L’image était sans équivoque : on y voyait un beau bac, orné du symbole du recyclage, rempli de cendriers. Or, la majorité de ces cendriers ne peuvent être mis au bac. Qui a échappé le ballon ?

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QUELLE BELLE IDÉE !

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SOYEZ VISIBLE, soyez dans la vitrine Inaugurée en juin 2001, la vitrine technologique du Centre d’expertise sur les matières résiduelles permet aux visiteurs d’ici et de l’étranger de découvrir plusieurs technologies en démonstration. La vitrine offre aujourd’hui une fenêtre sur les entreprises québécoises parmi les plus en vue de l’industrie. Et pourquoi pas la vôtre ? Pour plus d’information : info@cemr.ca.

Un salon couronné de succès Les 1, 2, 3 et 4 juin derniers se tenait le premier Salon national de l’environnement dans le Vieux-Port de Montréal. Les organisateurs de l’événement se disent particulièrement fiers de l’achalandage de plus de 16 000 personnes et de la participation des entreprises à l’événement. Selon un sondage réalisé par la firme Crop, plus de 90 % des participants se sont estimés très satisfaits de leur visite. L’intérêt du public étant au rendez-vous, nous ne pouvons que saluer cette belle initiative annuelle. Toutes nos félicitations à cette belle équipe !




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