Automne 2005, vol. 1 no 3
MUNICIPAL : EN ROUTE VERS UNE PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE QUALIFIÉE !
SANTÉ PUBLIQUE : NAÏVETÉ OU INCONSCIENCE ?
INTERNATIONAL : KATRINA, RITA, ET CETERA
Convention de la poste-publications No 41122591
Entrevue avec le père de la Politique nationale de l’eau du Québec
André Boisclair www.maya.cc
Automne 2005, vol. 1 no 3
tête-à-tête
sommaire
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PETIT À PETIT
Le dernier des drôlicans ? ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ
Professionnels peu responsables...
« J’ai hâte qu’on fasse le point sur des mesures d’économie d’eau et sur les redevances qui, à mon avis, s’imposent pour tous ceux qui utilisent l’eau à des fins industrielles ou commerciales. »
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SANTÉ PUBLIQUE
Naïveté ou inconscience ?
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NOUVELLES TECHNOLOGIES
Le traitement des eaux usées : et c’est pas fini !
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LE MUNICIPAL
E n ro u t e v e rs u n e p é n u r i e d e m a i n - d ’ œ u v re q u a l i f i é e ! aux usées
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EAUX USÉES
P o u rq u o i n e p a s s i m p l e m e n t r é d u i re l a p ro d u c t i o n d e b o u e s ?
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EAU, TOUR DU MONDE
Katrina, Rita, et cetera ASSURANCE
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LE JURIDIQUE
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VOX P0P
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LE S B O N S C O NTA CTS
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L’ E N V E R S D U D É C O R
30 Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : François Bédard, Hélène Lauzon, Janick Lemay, Benoit Payette, Pierre Payment, Martin Petit, Christian Sauvageau, François Séguin et Christian Vézina.
Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie Photos de la page couverture et de l’entrevue : Studio Point DeVue Révision linguistique : Annie Talbot Impression : TransGraphique
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 1 NO 3 AUTOMNE 2005
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É D I TO R I A L
Rien n’est parfait !
Dire que la Politique nationale de l’eau représente un élément majeur au sein des différents programmes environnementaux québécois est un euphémisme. Il s’agit plutôt d’un véritable moteur. En fait, il serait bon de spécifier qu’il pourrait s’agir d’un important moteur puisque le document est disponible, mais que d’importants pans de son contenu ne sont toujours pas appliqués. De toute façon, l’industrie et les citoyens sont bien habitués d’attendre… En effet, il y a bien longtemps que l’industrie réclame une telle politique. Le 29 août 1997, elle voit son souhait s’exaucer quand le premier ministre de l’époque, Lucien Bouchard, annonce, dans le cadre d’un symposium, que le Québec entreprendra une démarche devant conduire à l’adoption d’une politique de gestion de l’eau. Un peu plus d’un an plus tard, le 30 octobre 1998, le ministre de l’Environnement Paul Bégin confie au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) le mandat de tenir une consultation publique sur la gestion de l’eau au Québec. S’ensuit une tournée dans chaque région du Québec durant l’année 1999. La commission y rencontre différents groupes environnementaux, comités de citoyens, associations sectorielles, municipales et industrielles qui y déposent leurs mémoires afin d’exprimer leurs positions et leurs visions quant à la gestion de cette ressource vitale qu’est l’eau.
André Dumouchel
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adumouchel@maya.cc
C’est donc le 3 mai 2000 que le rapport de la commission, mieux connu sous le nom de Rapport Beauchamp, est rendu public. Ce rapport est sans contredit la pièce maîtresse à la base de la Politique nationale de l’eau. Mais ce n’est que deux ans plus tard, à l’automne 2002,
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que le Québec se retrouve enfin avec sa première véritable politique de l’eau. Qu’à cela ne tienne, l’attente en valait la peine puisque la politique a fait l’unanimité chez les différents intervenants, et ce, autant auprès des citoyens, des spécialistes du milieu que des groupes de pression. Ce simple fait relève de l’exploit ! On y réaffirme que l’eau constitue un élément essentiel du patrimoine collectif des Québécoises et des Québécois et qu’elle constitue un bien commun. Bien sûr, cette déclaration est lourde de sens puisqu’elle sous-entend que, dans son état naturel, l’eau ne peut faire l’objet de droits de propriété. Cette affirmation pave donc la voie à une multitude de mesures visant à protéger la ressource face à une exploitation commerciale non encadrée. Mais là où la politique gagne ses lettres de noblesse, c’est dans sa très grande fonctionnalité. Jusque-là, la législation relative à la gestion de l’eau était partagée entre de multiples acteurs ne favorisant que très peu la concertation. Il va sans dire qu’il était bien difficile de travailler globalement lorsque huit ministères du gouvernement du Québec, dont cinq de façon plus importante (M R N F, MAPAQ, M S S S, MAM R et MDDEP), géraient divers usages de la ressource. Sans compter les 1 306 municipalités, les 96 MRC et les trois communautés urbaines, en plus de pas moins de 8 ministères fédéraux. Quand on parle des dédales administratifs… une vraie tour de Babel ! Il faut donc saluer haut et fort cette initiative fort réussie dans l’ensemble. Tous les intervenants ayant contribué à l’élaboration de cette politique méritent d’emblée nos applaudissements et notre reconnaissance. En commençant par l’exministre de l’Environnement André Boisclair qui nous raconte en entrevue avoir tout simplement trouvé les bons outils et les bons moyens pour mettre sur pied cette politique qui stagnait dans les plans du gouvernement depuis déjà quelque temps sans voir le jour. Cependant, croire que tout est maintenant parfait dans l’industrie serait illusoire. Certains petits ajustements tout à fait normaux sont nécessaires ici et là. Des détails qui peuvent paraître anodins à première vue mais qui, sans correctifs, sont susceptibles d’entraîner de graves problèmes. À preuve, le texte de notre
chroniqueur Christian Sauvageau. En tant que directeur du service de l’hygiène du milieu à la Ville de L’Assomption, Christian fera face très bientôt à une problématique qui lui causera des maux de tête et le placera dans une situation pour le moins compliquée. En effet, une disposition du Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) interdira à partir du 1er décembre 2005 à tout producteur d’eau potable de recourir à des candidats n’ayant pas terminé leur formation en traitement de l’eau pour opérer des installations de production d’eau potable. Dans la perspective d’assurer une eau potable de qualité et sans danger pour la santé publique, l’idée est intéressante. Toutefois, plusieurs municipalités québécoises ont l’habitude d’embaucher des étudiants pour la période des vacances estivales puisque le marché fait déjà face à une pénurie de main-d’œuvre. Que feront-ils ? L’une des solutions envisagées et qui est d’ailleurs déjà mise de l’avant est d’offrir des formations intensives de trois semaines. Cette initiative est celle d’Emploi-Québec et elle est décriée haut et fort par les différents acteurs municipaux et les associations impliquées. Selon eux, cette option pourrait mettre en péril la santé publique en raison de la formation beaucoup trop superficielle des opérateurs. Dans les faits, le problème réside tout simplement dans l’incapacité du Cégep Saint-Laurent et de la Commission scolaire des Trois-Lacs de diplômer un nombre suffisant de candidats parce que ne pouvant attirer sous leur toit un nombre plus élevé d’étudiants. Rappelez-vous que la première victime de Walkerton est décédée moins de 20 jours après le dépôt du rapport Beauchamp. La nervosité était palpable et le gouvernement québécois avait tout intérêt à agir rapidement en faisant adopter le RQEP, ce qui a été fait en juin 2001. On a voulu faire en sorte d’éviter une tragédie comme celle de Walkerton en mettant sur pied une disposition qui assurerait la compétence des opérateurs, ce qui est fort louable. Mais aujourd’hui, la même disposition, jumelée à la pénurie d’étudiants inscrits à la formation traditionnelle, fera en sorte que nous aurons des opérateurs ayant une formation moins solide, ce qui pourrait représenter, selon les différents intervenants du milieu, un danger pour la santé publique. Ô douce ironie, quand tu nous tiens…
Petit à petit LE DERNIER DES DRÔLICANS ?
Martin Petit, humoriste.
Je sais que je fais un métier génial qui consiste à livrer du bonheur aux gens. Plus je le fais, plus je vieillis, plus je réalise la chance que j’ai. Mais au moment où je constate la beauté de mon travail, que vois-je autour de moi? Des déserteurs ! Des lâcheux ! Des abandonneux (comme dirait Daniel Boucher) !
Là, je me suis dit : c’est l’exception qui confirme ses règles. Mais j’étais naïf. Peu de temps après, les bras pleins de trophées et la tête couronnée de lauriers, c’est au tour de Pierre Légaré de se retirer sans plus d’explication. Il quitte la chaloupe sans adieu, sans un mot, pas même une note de son notaire.
En regardant Star Académie, quelle n’est pas ma surprise : Marc Dupré quitte le comique pour la musique ! Je l’ai pris dur, celle-là. En fait, Marc a été comme la cerise de trop sur le sundae.
Je connais l’expression qui dit que ce sont les meilleurs qui partent les premiers, mais c’est un peu insultant quand ils le font de leur vivant !
Cela fait des années, il me semble, que les meilleurs quittent le bateau de la blague. Jici Lauzon a été l’un des premiers lorsqu’il est retourné à l’université, puis au secondaire dans Virginie. Cette école semble tellement bonne que même André Ducharme l’a intégrée l’an dernier. Quand Michel Courtemanche, probablement le plus délirant de nous tous, a stoppé le cirque ambulant qu’il était pour devenir producteur de télévision, j’ai commencé à m’inquiéter. Y a-t-il quelque chose de mal à faire rire ? Et ce n’est pas tout. Marie-Lise Pilote a elle aussi délaissé le micro, lui préférant un marteau et l’odeur du bran de scie.
Ken Scott, mon ancien comparse des Bizarroïdes, est devenu un des meilleurs scénaristes du Québec. Jean-Michel Anctil joue maintenant du Shakespeare, pas seulement que du théâtre, du Shakespeare ! Anthony Kavanagh est devenu français et Guy A. Lepage s’est engagé un humoriste pour faire le drôle à sa place dans son émission. Je connais l’expression qui dit que ce sont les meilleurs qui partent les premiers, mais c’est un peu insultant quand ils le font de leur vivant ! Difficile, dans ce contexte-là, de se trouver bon. Mais pourquoi toutes ces défections ? Snif, snif… Néanmoins, je persiste, je continue de croire en mon métier, mais j’avance désormais avec un doute. Est-ce un hasard ? Suis-je paranoïaque ? De nouvelles questions m’habitent. Devrais-je moi aussi quitter l’humour ? Pourquoi ne pas devenir ébéniste ? Marin ? Pirate ? Animer des émissions de toilettage de chien ? Vendre des assurances ? M’acheter un camping ? Inventer des hamacs en téflon ? J’ai un talent certain pour évaluer si les jeans des filles leur font ou non des belles fesses. Est-ce un métier d’avenir ? Combien ça payerait ? Je suis un peu mêlé. Je doute, que je vous dis.
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Les déserteurs de l’humour possèdent-ils des informations privilégiées ? Peut-être que les Québécois s’apprêtent à entrer dans une autre période noire où le rire sera interdit. Une ère nouvelle où l’humour sera socialement mal vu. L’humour sera alors remplacé par des débats. Les gens débattront partout, dans les bars, dans la rue, dans les restaurants, finies les farces, on passe aux choses sérieuses ! On se retrouve entre amis pour boire du vin et débattre de la hausse du prix du pétrole et des pots de vin à Ottawa. Je suis déboussolé. Je me sens comme les violonistes dans Titanic ou comme il y a quatre ans alors que les actions de Nortel baissaient et que je me disais que ça allait remonter. Tout cela, c’est la faute de Marc Dupré. Marc Dupré devient chanteur. C’est trop ! De toute évidence, il y a quelque chose qui se passe et on ne veut pas me le dire. Mais je m’en fous, je résisterai. Je vais tenir le fort. Je resterai brave, je ne broncherai pas, je finirai debout, souriant dans la tempête. Pet et Petit s’en vont en bateau; Pet tombe à l’eau. Qui qui reste ? C’est moi le dernier des idiots ! ■
tête-à-tête
en bois en plus d’être impliqué dans des projets immobiliers à Montréal. Quelle était la situation économique de votre famille ? — Mon père est issu d’un milieu modeste. Il a dû quitter l’école très tôt pour aider sa famille puisque son père est décédé alors qu’il était très jeune. Il a occupé divers petits emplois après la guerre, il a même combattu pendant la Seconde Guerre mondiale sur un démineur dans la marine canadienne. C’est à son retour qu’il s’est lancé en affaires. Mais malgré qu’il ait connu un revers de fortune alors que j’étais jeune, nous n’avons jamais manqué de rien.
André Boisclair
Entrevue réalisée par
André Dumouchel
QUE L’ON SOIT SOUVERAINISTE OU FÉDÉRALISTE, OU ENCORE PÉQUISTE, ADÉQUISTE OU LIBÉRAL, UNE CHOSE DEMEURE: CET HOMME A MARQUÉ LE MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT. DE PAR SON CHARISME INDÉNIABLE, SON LEADERSHIP NATUREL ET LA FOUGUE DE SA JEUNESSE. IL A SU METTRE EN PLACE CE QUE BIEN PEU DE SES PRÉDÉCESSEURS N’AVAIENT EU LE COURAGE, L’AMBITION OU LA VISION D’INITIER. LA POLITIQUE NATIONALE DE L’EAU EST AUJOURD’HUI AU CŒUR DE LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE QUÉBÉCOISE ET ELLE DEVIENDRA UN VÉRITABLE MOTEUR AU FIL DU TEMPS. QUELS ONT ÉTÉ SES MOTIVATIONS ET SON PARCOURS ? POURQUOI A-T-IL MIS SUR PIED UNE TELLE POLITIQUE ? LE MAGAZINE SOURCE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS. M. Boisclair, quelle était l’occupation de vos parents ? — Mon père est un entrepreneur dans l’âme. Il a œuvré dans plusieurs domaines en commençant par l’automobile et la finance pour ensuite s’impliquer dans le développement immobilier. Il dirigeait sa petite entreprise, souvent à partir de la maison. Il est maintenant retraité et âgé de 82 ans. Ma mère, quant à 10
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elle, s’est occupée de la famille de façon fantastique. Aujourd’hui décédée, elle était une femme très engagée dans le bénévolat. De combien d’enfants était composée votre famille ? — Nous sommes deux enfants. J’ai un frère, Philippe, qui est de deux ans et demi mon cadet. Comme mon père, il est entrepreneur. Il est courtier
À quel endroit avez-vous grandi surtout ? — Je suis né à Outremont. Durant les difficultés financières de la famille, nous avons déménagé à Côtedes-Neiges pour ensuite revenir à Outremont où j’ai passé l’essentiel de ma jeunesse. J’ai également eu le privilège d’avoir accès à un chalet les fins de semaine dans les Laurentides puisque mon père y travaillait activement dans le développement immobilier. Plus jeune, quelle était votre ambition profession nelle ? — Je voulais suivre les traces de mon père. Je désirais fonder mon entreprise et contribuer à ma façon à développer le capital économique québécois. Mais, assez jeune, la politique m’a rattrapé ! Vers quel âge ? — J’ai été élu à l’Assemblée nationale, comme vous le savez, à 23 ans, mais j’ai eu le privilège très jeune de m’impliquer politiquement. J’ai été impliqué comme
leader étudiant à peu près toutes les années passées à l’école secondaire et au collégial. J’ai même eu le privilège de diriger une fédération d’étudiants collégiaux, qui regroupait 35 000 étudiants à l’époque. Finalement, j’ai rencontré des gens qui m’ont beaucoup marqué sur mon chemin et qui m’ont poussé à m’engager dans la société dans laquelle j’ai grandi. Qui sont ces gens ? — Deux personnes m’ont beaucoup influencé. D’abord Bernard Landry, qui m’a vendu ma première carte de membre du Parti québécois en 1985, alors qu’il était lui-même candidat à la succession de monsieur Lévesque à la course à la chefferie du Parti. J’ai par la suite eu la chance de travailler au comité jeunesse de Jacques Parizeau. C’est d’ailleurs sous le leadership de ce dernier que j’ai joint les rangs de l’équipe des candidates et candidats en 1989. Ce fut donc fantastique de côtoyer d’aussi grands personnages politiques à un si jeune âge. Et c’est sans compter tous les militants du Parti québécois qui m’ont grandement inspiré par leur passion, leur intelligence, leur créativité et leur persévérance. Quelle était votre percep tion du ministère de l’Environnement au moment d’y être nommé ? — J’étais conscient de l’ampleur du défi parce que bien des gens se sont cassés les dents au ministère de l’Environnement. Il ne peut pas se passer une journée sans que le ministre de l’Environnement se fasse interpeller par un groupe de citoyens qui ont des projets ou qui font face à d’importants problèmes. Il s’agit donc d’un ministère très exigeant. Ce ministère est pourtant souvent perçu comme un ministère pour junior… — C’est à ce ministère que les Québécois m’ont vu à l’oeuvre, qu’ils ont vu
Pourquoi avoir quitté la politique au moment de passer à l’opposition ? — Pour prendre du recul. Je désirais parfaire ma formation depuis longtemps et j’avais l’impression que c’était maintenant ou jamais. Je voulais compléter une formation universitaire en plus d’aller vivre à l’extérieur du Québec. J’ai eu le privilège d’avoir accès à la Kennedy School of Government de l’université Harvard. Les étudiants y venaient de partout à travers le monde. Une espèce de petite réplique des Nations Unies était à ma portée chaque jour. Ce fut donc une expérience formatrice remarquable et un ressourcement fantastique à vivre à 38 ans.
ce que j’avais dans le cœur et dans la tête. Regardez ce que j’ai fait au sujet des aires protégées, l’implantation de la Politique nationale de l’eau, le moratoire que j’avais obtenu sur les minicentrales, l’interdiction de pesticides sur les terres publiques et bien plus. L’avantage qui me fut donné en tant que ministre fut celui de combiner la responsabilité des ministères de l’Environnement, de la Gestion de l’eau et celui des Affaires municipales. Il s’agissait d’un formidable levier puisque j’avais accès à tous les budgets d’infrastructure afin de mettre en œuvre les projets devenus nécessaires en matière de réseaux de distribution d’eau et de réseaux de traitement des eaux.
Et en quoi croyez-vous cette expérience pertinente dans l’éventualité d’un poste de chef d’État ? — Je pourrai mieux mobiliser les Québécois à l’ensemble des défis. De plus, le temps passé à réfléchir sur la question du leadership, à étudier des modèles, des cas de succès et des cas d’échec sont des repères pour moi, qui sont maintenant inestimables. Pourquoi être revenu à la politique alors que vous vous destiniez au privé ? — Des gens m’ont appelé et m’ont dit : « André, il faudrait que tu sois candidat, on va travailler avec toi. » Alors, c’est tout simplement le désir de contribuer à cette course, d’ajouter ma voix, de travailler avec mes idées à renforcer le développement du Parti québécois. Alors que vous étiez ministre, pourquoi être venu à la conclusion qu’il nous fallait une Politique nationale de l’eau ? — Pour une question de cohérence puisque les interventions concernant cette ressource étaient réparties un peu partout au gouvernement du Québec
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entre le ministère de l’Environnement bien sûr, mais également le ministère des Affaires municipales et celui des Ressources naturelles. L’État québécois devait se doter de grands objectifs et c’est ce que la Politique de l’eau nous a permis de faire. On vous qualifie de père de cette politique. Qui étaient vos modèles ? — La Politique de l’eau a été inspirée par un travail d’hommes et de femmes qui, bien avant moi, avaient réfléchi sur une politique de l’eau. Cette politique a donc bien des pères et bien des mères ! En tant que ministre, je l’ai signée et l’ai fait adopter au gouvernement, mais le travail de la commission Beauchamp, je le rappelle, fut sans contredit une pièce maîtresse. Les efforts de mon collègue Paul Bégin, qui avait déjà fait un bon bout de chemin, les citoyens qui sont impliqués dans des comités de bassins versants et plusieurs spécialistes du milieu ont également contribué. Alors j’ai tout simplement trouvé les bons outils et les bons moyens pour faire apparaître la politique et ses objectifs pour le Québec.
Comment comptiez-vous financer les travaux d’infra structure afin de permettre aux municipalités d’at teindre les objectifs de cette politique ? — Essentiellement, à partir de contributions du gouvernement du Québec, incluant cependant une contribution municipale. Mais une demande a aussi été faite au gouvernement fédéral, qui a d’une certaine façon acquiescé récemment à cette demande en signant une nouvelle entente avec les provinces sur le financement des infrastructures. Voyez-vous les résultats concrets de cette politique ? — Oui, plusieurs éléments sont en vigueur. Je pense aux règlements sur la qualité de l’eau, sur le captage et celui sur la réduction des polluants d’origine agricole. D’importants investissements se font au niveau des infrastructures, notamment à l’usine de traitement de Montréal. Je pense également au financement des comités de bassins versants. Un élan a donc été donné, mais il reste encore d’autres objectifs à atteindre. J’ai hâte qu’on fasse le point sur des mesures d’économie d’eau et sur les redevances qui, à mon avis, s’imposent pour
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tous ceux qui utilisent l’eau à des fins industrielles ou commerciales. Donc il y a des choses qui sont encore sur la table à dessin, mais il y a du mouvement. Est-ce que vous croyez que cette politique était trop ambitieuse pour nos moyens ? — Non, je pense que le Québec a les moyens d’établir ce règlement, à condition que le gouvernement du Québec s’en donne aussi les moyens. D’ailleurs, je ne m’explique toujours pas pourquoi monsieur Mulcair et le gouvernement du Parti libéral n’ont pas encore imposé une redevance à celles et ceux qui utilisent l’eau à des fins industrielles et commerciales. C’était convenu dans la Politique et c’était d’ailleurs un outil qui devait nous servir à financer un Fonds de l’eau, pour faire essentiellement deux choses : d’abord, faire plus d’études pour qualifier et quantifier nos aquifères; ensuite, pour financer adéquatement les comités de bassins versants afin qu’ils
s’impliquent au-delà des activités de promotion, de sensibilisation et d’information. Une fois au pouvoir, quels seraient les aspects de cette politique à prioriser ? — La redevance sur l’eau et le financement des comités de bassins versants. L’article 44 du règlement sur la qualité de l’eau potable semble causer des maux de tête à plusieurs municipalités... — L’idée convenue dans la loi est d’avoir une formation qualifiante pour pouvoir travailler dans des usines de traitement d’eau. C’est ce que nous avions voulu corriger en imposant cette disposition. Comment pourrait-on arri ver à financer la réfection des réseaux d’aqueduc ? — Ce sera fait dans la concertation entre les trois paliers de gouvernement. Je suis contre l’implication du secteur privé dans le financement et dans la gestion des infrastructures. Ce sont essentiellement des efforts
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qui doivent être faits par les contribuables du Québec. D’accord, mais par le sousinvestissement actuel, somme-nous en train de filer la note aux générations futures ? — Chaque fois qu’on sousinvestit dans les infrastructures, il y a quelqu’un, un jour, qui en paiera le prix. La question, c’est de savoir quand. C’est pour ça que la Politique nationale de l’eau faisait une large part au financement des infrastructures. Êtes-vous en faveur d’une forme de nationalisation de l’eau au Québec ? — Ce que je souhaite avant tout, c’est une redevance pour les gens qui l’embouteillent et ceux qui la transforment aussi. Je n’aurais sûrement pas l’intention de nationaliser une entreprise de fabrication de jus ou de bière. Croyez-vous que la gestion par bassin versant soit viable et réalisable ? — Je n’ai jamais entendu
personne me dire que l’approche par comités de bassins versants ne constituait pas la bonne approche, au contraire. Je suis convaincu qu’il faut une approche écosystémique nous permettant de pouvoir regarder le réseau dans son ensemble. Encore faut-il que les différents intervenants municipaux et les comités de bassins versants travaillent main dans la main. Les élus doivent également prendre des engagements. L’eau, patrimoine collectif, vous y croyez toujours ? — Je n’ai aucune raison de changer d’idée sur cette question. Tout l’édifice de la Politique nationale repose sur le fait que l’eau est un bien public qui appartient à tous les Québécois. J’ai signé cette politique de ma propre main et je vais continuer à la défendre avec énergie. Monsieur Boisclair, merci beaucoup.
(suite à la page 14)
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On le cuisine pour vous! Êtes-vous pour ou contre l’exportation de notre eau potable ? — Je suis contre l’exportation en vrac. C’est la loi d’ailleurs, une loi d’intérêt public qui interdit l’exportation massive d’eau. Le lobby des embouteilleurs est-il trop puissant ? — Non. Êes-vous en faveur des compteurs d’eau au niveau industriel ? — Oui. Je souhaiterais que l’État québécois soit un modèle dans la gestion de l’eau. Que le gouvernement du Québec ait un comportement exemplaire et qu’il puisse ainsi inspirer le secteur privé. Tous les établissements publics, des hôpitaux jusqu’aux cégeps, devraient avoir des compteurs.
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Et au niveau commercial ? — Également. Au niveau résidentiel ? — Résidentiel, ça, non. À la maison, buvez-vous de l’eau embouteillée ou de l’eau du robinet ? — Je bois de l’eau du robinet, mais filtrée. La population québécoise estelle à l’abri d’une tragédie du type de celle de Walkerton ? — Je crois que oui, toutes les mesures sont en place. Mais malgré de bonnes dispositions administratives, aucun système n’est totalement infaillible. Il suffit d’en parler au juge Gomery ! Regrettez-vous vos positions dans le dossier concernant la production porcine ? — Non, je ne les regrette pas. Je me suis comporté de façon responsable.
Le ministre de l’Environnement a-t-il généralement un poids important au conseil des ministres ? — Oui. Ce n’est pas l’importance du budget qui est derrière le ministère, et ce, en dépit de tous les préjugés qui circulent sur les ministres de l’Environnement. Tout dépend de la façon dont le ministre travaille et de ses alliances avec ses collègues afin de faire inscrire ses préoccupations à l’agenda des ministres. Un ministre de l’Environnement qui sait gagner la confiance des Québécois sera capable de faire avancer le Québec dans la bonne direction. Que pensez-vous de la nouvelle appellation du ministère englobant l’Environnement ? — Je suis content qu’il y ait encore un ministère de l’Environnement. La notion de développement durable fait appel à un réseau de connaissances, à un réseau politique bien plus large que les questions de protection de l’environnement. Ce qui est important pour moi, c’est que le thème de l’environnement soit fort et qu’un ministre de l’environnement puisse rayonner au Québec et dans le conseil des ministres. Qui a été selon vous le plus grand ministre de l’Environnement québécois ? — J’ai toujours été impressionné par le travail que Marcel Léger a fait. Il est celui qui a mis ce ministère sur la carte. Comment qualifi fie ez-vous le travail de monsieur Mulcair jusqu’à présent ? — Je suis déçu de son silence sur la question de la Politique de l’eau et sur sa mise en oeuvre. Je suis excessivement déçu de voir que le Québec a perdu beaucoup de l’énergie qu’il avait dans le dossier des changements climatiques, d’autant plus que Montréal sera la ville-hôte d’une conférence importante des Nations Unies sur cette question. Aucun plan d’action n’a été publié, je le regrette et le dénonce. Lorsque je serai de retour à l’Assemblée nationale, je réclamerai un plan
d’action sur les changements climatiques. Je réclamerai également l’imposition d’une redevance pour celles et ceux qui utilisent l’eau à des fins industrielles ou commerciales. Je suis par contre heureux de constater l’action du ministre dans le cas de la protection des terrains humides à Laval. En matière d’environnement, êtes-vous de nature à privilégier le volontarisme ou le réglementaire ? — L’un ne va pas sans l’autre. La vertu seule ne nous mène nulle part. Auriez-vous voté pour John Kerry ou George Bush ? — John Kerry. La course à la chefferie du parti québécois a-t-elle été valable au point de vue du débat des idées ? — Bien sûr. À chaque débat, les candidats ont expliqué leurs propositions, leurs priorités. Les membres ont été bien servis, c’est donc dire que la démocratie fut bien servie. Est-ce qu’une femme pourrait être première ministre au Québec dans un avenir rapproché ? — Bien sûr. Advenant une défaite à la course à la chefferie, accepteriezvous de vous joindre à votre nouveau chef ? — Bien sûr. Je l’ai dit publiquement à plusieurs reprises. Si je ne gagne pas cette course, j’offrirai mes meilleures énergies et mon talent à la personne qui sera choisie par les membres du Parti québécois. Craignez-vous d’être victime du syndrome Mario Dumont advenant votre élection à la tête du Parti ? — Contrairement à Mario Dumont, je suis constant dans mes opinions. À quel chef votre style de gestion ressemblerait ? — J’aurais mon style bien à moi. Je dirais un heureux mélange de Lucien Bouchard et de Jacques Parizeau avec un soupçon de Pauline Marois.
ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ
P R O F E SS I O N N E LS PE U
responsables... Christian Vézina ingénieur Bioprocess bioprocess@sympatico.ca
Au Québec, l’assainissement autonome résidentiel est encadré par le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (communément appelé Q-2, r. 8). Ce règlement s’applique au traitement et à l’évacuation des eaux usées, des eaux ménagères et des eaux de cabinet d’aisance des résidences isolées – et des bâtiments qui produisent des volumes d’eau équivalents – qui ne sont pas raccordées à des réseaux d’égout municipaux ni à des ouvrages d’assainissement collectifs. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) a récemment apporté une série de modifications au Q-2, r. 8, qui sont entrées en vigueur le 1er janvier 2005. Parmi ces modifications, l’une vise l’évaluation du site et du terrain récepteur en vue d’y implanter une installation septique. En effet, l’article 4.1 du règlement précise la liste des documents à fournir pour faire une demande de permis d’installation septique auprès de sa municipalité. Entre autres éléments, on exige une étude de caractérisation du site et du terrain naturel réalisée par une personne membre d’un ordre professionnel compétent en la matière. Le propriétaire devra donc engager un technologue, un géologue ou un ingénieur afin d’obtenir un rapport présentant plusieurs données précises avant de faire sa demande de permis au bureau municipal. Afin de préciser ce que l’on entend par « professionnel compétent en la matière », une fiche d’information a été émise en avril 2005 par le MDDEP, dans laquelle on peut lire : « Au Québec, le système professionnel est encadré par le Code des professions et par plusieurs lois particulières, dont l’Office des professions du Québec a la responsabilité. Dans ces conditions, nul ne peut exercer une activité professionnelle s’il n’est pas habilité à le faire en vertu de la législation. » Plus loin dans le texte, on peut lire que : « Le MDDEP est d’avis qu’un professionnel, membre d’un ordre professionnel, doit établir lui-même s’il a le
droit d’exécuter l’ensemble ou une partie des travaux pour lesquels il est sollicité, et indiquer à son client les travaux qu’il peut lui-même exécuter selon les circonstances. » Or, ce que nous pouvons constater sur le terrain est que certains « professionnels » s’improvisent compétents en la matière afin de profiter momentanément de l’occasion d’affaires qui se présente par ce changement de réglementation. Ces professionnels sans scrupules n’hésitent pas à réaliser des études de caractérisation de terrain et de sol, à rédiger des rapports techniques, à réaliser les plans et à conseiller leurs clients sans même maîtriser les rudiments de l’assainissement décentralisé (réglementation, nature des sols et perméabilité, caractérisation des eaux usées générées, techniques et technologies disponibles, etc.). Certains poussent même l’audace de faire fi de la réglementation en vigueur en proposant des dispositifs de traitement non compatibles avec l’étude de sol réalisée... Jusqu’où cette pratique irresponsable ira-t-elle ?
■ une atteinte à la réputation de notre industrie en général lors du constat et de la publication de la défaillance d’un dispositif inadéquat découlant d’une expertise douteuse. Autre fait non négligeable pour ceux qui œuvrent de façon professionnelle dans cette industrie : la chute des prix. Pour percer dans ce marché de plus en plus compétitif, les intervenants sans scrupule doivent réduire significativement leurs honoraires pour s’accaparer une part importante du marché. Tout ce qui semble importer à leurs yeux est le volume de dossiers déposés. N’ayant pas les compétences requises pour bien expertiser le terrain ni pour proposer les solutions adaptées au site, certains produisent des rapports de piètre qualité et indignes de notre profession. Alors, que peut-on faire pour assainir notre industrie et maintenir à un niveau de qualité irréprochable les services que nous offrons ? Collectez les renseignements et dénoncez. N’ayez crainte de monter des dossiers contre ces soi-disant professionnels et déposez une plainte au syndic de
Collectez les renseignements et dénoncez. N’ayez crainte de monter des dossiers contre ces soi-disant professionnels et déposez une plainte au syndic de leur ordre professionnel. Malheureusement, ce genre de pratique nuit considérablement à notre industrie et entache inévitablement la réputation des intervenants qui y œuvrent. Parmi les nuisances que nous pouvons constater, nous retrouvons : ■ des défaillances prématurées des dispositifs de traitement proposés tel que le colmatage de la surface d’infiltration, l’apparition de résurgences, le rejet d’eaux usées partiellement traitées; ■ des impacts sur la qualité de l’environnement et des risques sur la santé publique (ceux qui ont des enfants savent comment ceux-ci adorent s’amuser avec l’eau sortant de nulle part); ■ de nouvelles installations septiques non conformes dès leur construction, ce qui occasionnera bien des maux de tête aux propriétaires lors d’une transaction de vente; ■ des débats interminables entre les intervenants sur l’imputabilité de la responsabilité lors d’une défaillance du dispositif (officier municipal, entrepreneur, professionnel et propriétaire);
leur ordre professionnel. À titre de professionnels responsables œuvrant dans l’industrie de l’assainissement autonome, qu’il s’agisse d’un officier municipal analysant la conformité des rapports d’expertise soumis, d’un entrepreneur réalisant les travaux de mise en œuvre ou d’un autre professionnel intervenant dans le projet, nous sommes tous interpellés par ces actes nébuleux et il est de notre devoir d’assurer le contrôle et le maintien de la qualité des services offerts par notre industrie. D’ailleurs, l’article 88 du Q-2, r. 8 précise : « Il est du devoir de toute municipalité visée aux 1er et 3e alinéas de l’article 4 d’exécuter et de faire exécuter le présent règlement et de statuer sur les demandes de permis soumises en vertu de l’article 4. » Enfin, nos associations professionnelles ont aussi un rôle à jouer afin de maintenir la crédibilité des acteurs de l’industrie non seulement sur le plan de l’expertise, mais surtout au plan des valeurs. ■ À suivre...
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SANTÉ PUBLIQUE
NAÏVETÉ OU
inconscience ? Pierre Payment Ph.D., professeur, INRS-Institut Armand-Frappier pierre.payment@ inrs-iaf.uquebec.ca
Sommes-nous vraiment assez naïfs pour croire que tout ce que nous envoyons à l’égout disparaît à jamais ? Les gestes sont si simples. Nous tirons la chasse d’eau et tout est remplacé par une belle eau claire et propre. Nous rinçons la vaisselle à l’eau potable pour la débarrasser de ces affreux résidus de nourriture, puis nous lavons l’évier avec des produits de nettoyage qui le font luire. Ceux qui ont un lave-vaisselle utilisent des produits plus efficaces pour déloger cette saleté qui a séché pendant des heures, puis un petit jet d’antitaches pour rendre plus étincelante leur vaisselle. Quelques chanceux ont un broyeur à déchets qui, avec quelques litres d’eau potable, réduira en bouillie tout ce qu’on y déversera. L’évier du sous-sol accueillera quant à lui le lavage de pinceaux et toutes sortes de produits plus ou moins dangereux dont on veut se débarrasser. Ce qui a été déversé dans l’entrée du garage sera abondamment rincé à l’aide du b oyau d’arrosage. Et combien d’autres.... Tout cela est disparu à l’égout. Ce n’est plus notre problème. Quelle surprise ! Les médias nous apprennent que l’on a découvert dans l’eau souterraine, dans l’eau de nos rivières et dans l’eau du fleuve des substances de toutes sortes qui pourraient affecter notre santé par la voie de notre eau de consommation. Cette fois, on parle de PPSP (les produits pharmaceutiques et produits de soins personnels) : antibiotiques, antidouleurs, hormones, tranquillisants, médicaments, savons, shampoings, produits cosmétiques dans la baignoire, etc. Comment se fait-il que de telles substances se retrouvent dans nos eaux ? Sommes-nous vraiment assez naïfs pour croire que tout ce que nous rejetons à l’égout ne peut plus nous affecter ? Comme chercheur, je sais que 16
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si je cherche, je vais trouver, surtout si je sais que la source est bien identifiée. Nos matières fécales contiennent des milliards de bactéries et des microorganismes pathogènes. Notre urine contient de nombreuses hormones naturelles et les surplus des médicaments que notre corps n’a pas utilisés. Lorsque les chercheurs ont commencé à analyser les eaux de rivière en utilisant des méthodes sophistiquées, oh surprise, ils ont trouvé ! Les effets sur la santé restent à évaluer. Il serait cependant surprenant que les quantités retrouvées dans l’eau représentent un risque important; en effet, tous ces produits sont déjà dans notre environnement domestique à des concentrations des milliers de fois plus élevées. On connaissait bien les microbes, mais eux, on peut les tuer avec le chlore ! Et pourtant, la réalité est toute différente. Le traitement des eaux usées est encore très incomplet et aussi bien les microorganismes que les substances chimiques résistent à ces traitements qui
rivières ou les eaux souterraines elle est faible. Malheureusement, même le fleuve, avec sa capacité très grande, ne peut suffire : le nombre de rivières qui s’y déversent est trop important. Nos températures froides protègent bien les microorganismes pathogènes qui seront peu inactivés dans le milieu naturel lorsque la température est de moins de 15 °C. Mais quelle est la persistance des PPSP dans le milieu ? On ne connaît pas la réponse : les écotoxicologistes se penchent sur cette question et des réponses devraient nous être fournies d’ici quelques années. Naïveté ou inconscience ? Je crois qu’il s’agit plutôt d’inconscience. Pour la protection de la santé publique, il faudra maintenant que nous fassions des choix personnels dans notre vie de tous les jours. On nous propose toutes sortes de produits miracles qui nous facilitent la vie (du moins veut-on nous en convaincre), mais dont nous ne percevons pas les impacts sur l’ensemble de la société à laquelle nous appartenons.
De nombreux microorganismes pathogènes sont relativement résistants aux traitements alors que les produits chimiques sont parfois à peine éliminés sont souvent grossiers. L’objectif du traitement reste généralement l’enlèvement du phosphore, des matières en suspension et d’une partie de la matière organique. Quant au reste, tout passe à la rivière. De nombreux microorganismes pathogènes sont relativement résistants aux traitements alors que les produits chimiques sont parfois à peine éliminés. Vi r u s e t p a r a s i t e s ( G i a r d i a , Cryptosporidium et autres) sont encore présents en grand nombre dans les rejets de nos stations d’épuration et les surverses sont une source d’eaux usées non traitées. Nos travaux à la station d’épuration de Montréal et ceux aux stations sur la rivière des Mille-Îles ont bien mis en évidence la nature des rejets et les risques encourus. Le principal facteur qui joue en notre faveur est la dilution : dans le fleuve, la dilution est importante alors que dans les
L’utilisation à outrance de produits médicamenteux a des effets sournois non seulement sur l’environnement, mais aussi sur nous et nos enfants. Il faudra certainement améliorer le traitement des eaux usées non seulement pour limiter la dispersion dans l’environnement de ces produits, mais aussi pour mieux éliminer les microorganismes pathogènes. Les technologies sont disponibles, mais le coût pourrait être énorme. Les membranes prennent une place de plus en plus grande dans le traitement des effluents. L’ozone pourrait être une alternative intéressante si les PPSP sont oxydés par cet agent. Dans les deux cas, ce seront des solutions coûteuses. La solution réside donc en partie dans une prise de conscience de nos actions et dans la réalisation que l’égout n’est pas une fin, mais plutôt l’origine de ce qui coule de notre robinet. ■
NOUVELLES TECHNOLOGIES
LE TR AITE M E NT D E S E AUX U SÉE S :
et c’est pas fini ! Janick Lemay ingénieur janick.lemay@sympatico.ca
Au début des années 1980, une vague d’assainissement s’amorçait au Québec. Cette vague visait à doter chacune des résidences du Québec d’un système de traitement des eaux usées conforme, soit individuel, soit communautaire. Pour les résidences desservies par un réseau d’égout municipal, le gouvernement du Québec a mis en place le Programme d’assainissement des eaux du Québec pour subventionner, à 85 % en moyenne, les municipalités dans la réalisation de leurs travaux d’assainissement. Pour ce qui est de l’évacuation et du traitement des eaux usées des résidences non raccordées à un réseau d’égout municipal, le gouvernement a adopté en 1981 le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q-2, r. 8), dont l’application relève des municipalités. Ainsi, toute personne qui a l’intention de construire une nouvelle résidence isolée, d’augmenter la capacité d’accueil d’une résidence ou d’entreprendre des travaux sur un dispositif de traitement des eaux doit, avant d’entreprendre les travaux de construction, obtenir un per-
mis de la municipalité responsable du territoire où est situé la résidence ou le bâtiment. Vingt ans plus tard, l’assainissement des eaux des municipalités est complété à plus de 98 % et, avec les récentes annonces de nouveaux programmes d’aide financière des gouvernements fédéral et provincial, le traitement des eaux usées municipales devrait être complété dans les prochaines années. Il restera toutefois des problèmes résiduels auxquels il faudra s’attaquer tels que la réduction des débordements des réseaux unitaires en temps de pluie, la désinfection des effluents de certaines stations d’épuration ainsi que la réduction de la toxicité des effluents de certaines stations d’épuration. Pour régler ces problèmes, de nouveaux investissements importants seront requis.
■ d’installations existantes qui connaissent des problèmes de résurgence; ■ de problèmes de contamination de puits causés par des installations septiques non conformes; ■ des exigences des prêteurs hypothécaires par rapport à la conformité environnementale des installations septiques; ■ de la mise en place de nombreuses résidences secondaires localisées hors réseau. Par ailleurs, plusieurs nouvelles technologies ont fait leur apparition sur le marché depuis la fin des années 1990 et visent à offrir aux propriétaires des alternatives aux solutions conventionnelles puisque souvent les terrains n’ont pas les superficies requises pour reconstruire une installation similaire ou
À compter du 1 er janvier 2006, seuls les systèmes qui auront reçu leur certification du BNQ seront autorisés. Du côté des résidences isolées, il est plus difficile de faire le bilan puisque l’application du Règlement relève des municipalités et qu’il n’existe pas de registre centralisé. Toutefois, il faut constater que, bon an mal an, quelques milliers de systèmes sont mis en place en raison notamment :
sont localisés dans des endroits non propices pour l’installation de solutions conventionnelles. D’ailleurs, des modifications ont été apportées au fil des ans au Règlement afin d’introduire les biofiltres à base de tourbe ainsi que les nouvelles technologies, qui ont dû toutefois être autorisées par le MDDEP.
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LE TRAITEMENT DES EAUX USÉES : ET C’EST PAS FINI !
Depuis janvier 2005, les nouvelles technologies qui ont été classées « standards » par le Comité sur les nouvelles technologies de traitement des eaux usées peuvent maintenant être autorisées par les municipalités. Toutefois, cette procédure est transitoire puisque, à compter du 1er janvier 2006, seuls les systèmes qui auront reçu leur certification du BNQ seront autorisés. Les modifications apportées au Q-2, r. 8 font donc en sorte que ce sont les municipalités qui, en plus d’autoriser les systèmes de traitement décrits dans le Q-2, r. 8, doivent également autoriser les technologies « standards », par la suite certifiées BNQ. Les municipalités doivent également s’assurer qu’il y aura un entretien annuel minimal du système. D’ailleurs, le Règlement oblige les propriétaires à établir un lien contractuel avec le fabricant, son représentant ou un tiers qualifié. Dans le cas d’un système de traitement tertiaire avec désinfection par rayonnement ultraviolet ou avec déphosphatation, la municipalité doit s’assurer que le propriétaire maintienne ce système en fonction en tout temps et fasse analyser l’effluent d’un tel système de traitement au moins deux fois par année. Avant d’autoriser un système de traitement pour une résidence isolée, la municipalité doit exiger que l’étude de caractérisation du site et du terrain naturel soit réalisée par une personne membre d’un ordre professionnel compétent en la matière. Au début des années 2000, il y avait jusqu’à une dizaine de systèmes de traitement classés par le Comité. Toutefois, au cours des dernières années, plusieurs acquisitions et alliances ont fait diminuer le nombre de joueurs sur le marché. D’ici la fin de 2005, nous serons en mesure de connaître le nombre de technologies qui auront obtenu leur certification du BNQ et qui pourront ainsi poursuivre leur commercialisation. Par la suite, tout nouveau promoteur de nouvelles technologies devra passer par le processus de certification du BNQ avant de pouvoir commencer à faire des installations.
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Aujourd’hui, nous pouvons penser que la majorité des résidences du Québec sont desservies par un système de traitement des eaux usées. Il reste bien sûr des problèmes à régler, mais nous pouvons conclure que, globalement, la situation s’est grandement améliorée. Le suivi des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux (SOMAE) est réalisé par le ministère
d e s Af f a i r e s m u n i c i p a l e s e t d e s Régions et un bulletin annuel est réalisé sur chacun des ouvrages municipaux d’assainissement. Du côté des municipalités, il serait intéressant de pouvoir compter sur un répertoire centralisé des installations individuelles afin de pouvoir faire également un bilan. ■
LE MUNICIPAL
E N R O UTE V E R S U N E PÉN U R I E
de main-d’œuvre qualifiée ! Christian Sauvageau directeur, Service de l’hygiène du milieu Ville de L’Assomption u s i n e f i l t ra t i o n @ v i l l e . lassomption.qc.ca
Dans un avenir proche, comme en témoignent diverses recherches, plusieurs professions de haute technologie feront face à une pénurie de main-d’œuvre spécialisée. Le secteur de l’eau non seulement n’y échappera pas, mais l’application de la réglementation actuelle, qui interdit l’embauche d’étudiants et de stagiaires, ne fera qu’accentuer cette pénurie qui se profile à l’horizon et il nous apparaît évident que les producteurs d’eau ne sont pas prêts à faire face à cette nouvelle problématique. INTERDICTION D’EMBAUCHER DES ÉTUDIANTS OU STAGIAIRES Cette réglementation risque d’aggraver la pénurie de main-d’œuvre et devient, par la force des choses, urgente à assouplir…
En effet, un article du Règlement sur la qualité de l’eau potable de juin 2001 interdit à tout producteur d’eau potable de recourir, à compter du 1er décembre 2005, à des étudiants, stagiaires ou autres candidats n’ayant pas terminé leur formation en traitement de l’eau pour opérer des installations de production d’eau potable. Or, cette situation causera éventuellement plusieurs soucis aux employeurs relativement au remplacement du personnel régulier pendant les vacances annuelles. Car il faut bien comprendre que le marché de l’emploi ne regorge pas pour l’instant de personnel qualifié et que la demande estivale, à la fois soudaine et prolongée, s’étalant sur trois mois, soit de juin à août, ne pourra être comblée sans avoir recours, comme cela a toujours été le cas, à l’embauche d’étudiants dans le domaine. De plus — et malheureusement —, cette approche privera les étudiants d’une expérience inestimable avant leur entrée sur le marché du travail. Une réflexion s’impose : n’aurons-nous accès qu’à des diplômés forts en théorie mais n’ayant aucune expérience concrète de la profession à laquelle
ils se destinent si l’on ne peut les embaucher durant l’été ? Soulignons en outre que les étudiants comptent généralement sur leurs revenus de stage en milieu de travail pour pouvoir poursuivre leurs études. Pourquoi les en priver alors qu’un employeur est manifestement prêt à rémunérer quelqu’un qu’il embauche pour travailler ? La perspective de ne pouvoir travailler l’été dans leur domaine dissuadera probablement beaucoup de jeunes que cette carrière pourrait intéresser, aggravant ainsi le manque de main-d’œuvre déjà pressenti.
Des mesures pour réduire les effets de la pénurie Afin de dénouer l’impasse qui se dessine, nous recommandons de modifier l’article 44 du RQEP pour permettre, sous réserve de conditions strictes, l’embauche d’étudiants et de stagiaires lors des vacances annuelles des employés permanents. Les exigences minimales d’un tel encadrement s’élaboreraient comme suit :
6467 Northam Drive, Mississauga, Ontario L4V 1J2 Tel: 905-678-2882 1-800-811-2811 Fax: 905-293-9774 E-mail: Sales@spdsales.com Web: www.spdsales.com
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EN ROUTE VERS UNE PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE QUALIFIÉE ! Le postulant doit avoir terminé au minimum sa première année de formation dans l’un des deux programmes (DEC OU DEP) reconnus par le MEQ et cautionnés par le règlement.
d’une installation de production d’eau potable. Ces candidats de choix seront incidemment beaucoup mieux préparés à affronter le marché du travail une fois leur formation en traitement de l’eau terminée.
Il doit suivre une formation en milieu de travail, formation dont les étapes sont consignées dans un carnet d’apprentissage, à l’exemple de la démarche utilisée pour valider l’atteinte d’objectifs précis menant à la maîtrise du procédé et des équipements connexes (ex. : analyses de laboratoire, lavage d’un filtre, fonctionnement de la génératrice, etc.).
En outre, 40 ans après l’arrivée des premiers diplômés en assainissement des eaux sur le marché du travail, les départs à la retraite génèrent une demande à la hausse de finissants issus des institutions spécialisées. Le ministère de l’Éducation,
Une supervision directe ou, à défaut de celle-ci, une supervision indirecte doit être assurée en tout temps, permettant ainsi au stagiaire d’œuvrer seul sur un quart de travail dans une installation de production d’eau potable. Le permis de travail n’est valable que pour l’installation où l’apprentissage a lieu et uniquement pour la durée du séjour donnant lieu aux remplacements. Le processus devra être reconduit pour une autre installation, section de procédé ou période d’embauche. Cette approche structurée permet aussi à des étudiants d’acquérir une expérience inestimable relativement à l’exploitation
mité elle-même de la réglementation en vigueur, devant promouvoir l’approvisionnement de la population du Québec en eau potable de qualité, qui sera remise en question. En effet, dans les conditions actuelles, le pouvoir d’attraction des grandes municipalités auprès des finissants des institutions d’enseignement pénalise les petites installations qui, souvent situées en région, éprouvent déjà de sérieux problèmes à engager du personnel qualifié, phénomène que l’on retrouve
Le ministère de l’Éducation, avec l’aide du MDDEP, devrait prendre acte de la pénurie de main-d’oeuvre appréhendée et promouvoir lesdites formations avec l’aide du MDDEP, devrait prendre acte de la pénurie de main-d’oeuvre appréhendée et promouvoir lesdites formations puisque, au rythme actuel de 20 à 25 finissants par année, l’offre est nettement insuffisante par rapport à la demande. Par contre, il ne faut pas que cette situation résulte en une formation non complète pour combler un besoin immédiat, comme c’est le cas actuellement avec la formation P5 offerte par Emploi-Québec. Mentionnons en terminant que, si le tir n’est pas corrigé au plus tôt, c’est la légiti-
d’ailleurs dans d’autres domaines comme la santé et l’éducation. ■ Il faut donc agir sans tarder !
Note : Je désire remercier messieurs Antoine Laporte, Robert Bolduc et Yves Lanthier, respectivement des villes de Repentigny, de Saint-Hyacinthe et de Sainte-Thérèse qui, de par leurs commentaires pertinents, ont facilité la rédaction de cet article.
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EAUX USÉES
POURQUOI NE PAS SIMPLEMENT RÉDUIRE
la production de boues ? François Séguin ing., M. Ing. Vice-président, Mabarex fseguin@mabarex.com
Souvent négligés lors de la conception d’ouvrages de traitement des eaux résiduaires, le traitement des boues et leur disposition représentent un véritable défi économique, environnemental et juridique. Tout traitement biologique des eaux usées se traduit par la transformation de la pollution organique en solides biologiques et en gaz (CO2, CH4, N2 et SO2). Pour un traitement conventionnel par boues activées, la production de solides biologiques représente environ 50 %, exprimé en unités de poids sec, de la pollution organique éliminée, appelée DBO5.
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Le traitement et la disposition des boues d’une station d’épuration des eaux usées peuvent représenter de 50 à 60 % du budget annuel d’opération. L’enfouissement des boues dans des sites contrôlés représente la principale voie de disposition au Québec. L’épandage agricole des boues est rarement retenu, car il est limité par les contraintes climatiques locales. Quant à
des lieux d’enfouissement sanitaire existants. De plus, les possibilités d’ouverture de nouveaux sites sont très restreintes, les contraintes environnementales étant de plus en plus nombreuses partout. Cette pression a forcé l’industrie sanitaire à développer des stratégies et des technologies permettant la diminution significative des volumes de boues.
Longtemps la réduction des volumes de boues ne signifiait que la déshydratation de ces dernières par des moyens mécaniques. . . la valorisation énergétique des boues, elle ne se limite qu’à quelques municipalités et industries, la faible quantité de méthane produite et récupérable ne justifiant pas l’investissement dans la plupart des cas.
Longtemps la réduction des volumes de boues ne signifiait que la déshydratation de ces dernières par des moyens mécaniques, les principales méthodes étant les filtres à bandes presseuses, les filtrespresses et les centrifugeuses.
Les hausses constantes des tarifs et des limites inférieures de siccité exigées pour la disposition des boues sont principalement dues aux limites de capacité
Or, depuis plusieurs années, de nombreux chercheurs ont travaillé à développer des techniques visant à faciliter la digestion des boues à tous les niveaux.
POURQUOI NE PAS SIMPLEMENT RÉDUIRE LA PRODUCTION DE BOUES ?
La lyse des boues La lyse des boues est le nom donné au phénomène d’éclatement des cellules biologiques réduisant ces dernières en substrat facilement assimilable. Cette phase peut être introduite à plusieurs étapes d’une filière de traitement. Pour en simplifier l’explication, limitons-nous à l’application de ces technologies au niveau du retour des boues vers le bioréacteur d’un procédé conventionnel par boues activées. Plusieurs travaux ont permis la mise au point de technologies menant à une meilleure biodégradation des boues de façon thermique, chimique ou par prétraitement mécanique. Ce regroupement de technologies est aussi appelé « techniques de désintégration des boues ». Parmi les principales techniques, nous retrouvons les méthodes : ■ mécaniques : • L’homogénéisation à haute pression : la destruction des cellules est produite par la cavitation générée lors de la libération soudaine de pression. • L’homogénéisation par ultrasons : la production d’ultrasons provoque un effet de cavitation qui fait éclater les cellules biologiques. ■ thermique : • L’augmentation de la température dans une plage de 40 à 180 degrés Celsius accélère certaines réactions, changeant ainsi la structure des solides biologiques. ■ chimiques : • L’ozonation : l’ozone ajouté sur le retour des boues provoque un double effet, la solubilisation par désintégration et la minéralisation par oxydation de la matière organique. • Le peroxyde, pouvant être combiné ou non à l’ozones possède aussi un puissant pouvoir d’oxydoréduction.
La désintégration des boues par ultrasons La majorité des techniques énumérées ne sont pas récentes. Elles sont biens connues et ont presque toutes fait l’objet de travaux de laboratoires lors de la formation des ingénieurs et techniciens sanitaires. Par contre, l’application à grande échelle des travaux de laboratoire restait le principal handicap des divers procédés. L’engouement pour les techniques de désintégration des boues est palpable. En avril dernier, plus de 20 fournisseurs de technologies liées au
domaine présentaient leurs différents systèmes à la foire commerciale internationale IFAT à Munich. Dans le domaine de la destruction des boues, nous assistons à une vague de développement de produits pour les méthodes mécaniques et plus précisément par ultrasons. Les deux principaux avantages des technologies par ultrasons sont les coûts abordables et la facilité d’intégration dans une chaîne de traitement existante. La désintégration, associée à la cavitation, se produit par concentration et relâchement de tension sur la matière par ultrasons. Les microbulles formées par ultrasons à très grandes vitesses, quelques millisecondes, provoquent des conditions d’implosion extrêmes, soit des pressions locales de plus de 500 bars et des températures allant jusqu’à 5 500 Kelvin. La lyse des boues par ultrasons permet en plus de réduire significativement le volume des boues. Lorsqu’elle est utilisée sur le retour des boues décantées vers le bioréacteur, elle permet de faciliter la dénitrification en dirigeant une biomasse désintégrée facilement assimilable vers la zone anoxie.
Une combinaison intéressante Parmi les différents scénarios étudiés, la combinaison d’un bioréacteur à membranes (MBR) et d’une désintégration des boues par ultrasons s’avère très intéressante. Le contrôle sur l’âge des boues, pouvant atteindre plus de 50 jours, et la forte concentration en liqueur mixte, de 15 à 20 g/l, qui caractérisent les MBR bonifiés d’un éclatement des cellules biologiques pour en faciliter la digestion, permettent de réduire le taux de production de solides biologiques à moins de 0,20 kg SS / kg DBO5 élim. (20 %) pour le traitement d’un effluent municipal.
Une approche différente L’arrivée de technologies de destruction des boues applicables aux installations municipales et industrielles permet d’examiner la problématique liée aux boues de façon différente. La notion de réduction de volume en devient une de réduction de production. De fait, n’est-il pas beaucoup plus astucieux de réduire la production de boues plutôt que de travailler à déshydrater au maximum d’énormes volumes produits par une même filière de traitement ? Poser la question, c’est y répondre ! ■ Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 1 NO 3 AUTOMNE 2005
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EAU, TOUR DU MONDE
K ATR I N A, R ITA,
et cetera François Bédard ing., M.B.A. président, Fontaine International francois.bedard@ hfont aine.com
Trois semaines seulement après Katrina, l’ouragan Rita s’est amené avec son lot de perturbations. La première économie du monde a été de nouveau la proie de phénomènes climatiques impressionnants par leur ampleur et par leurs conséquences sur les populations, les habitations et les installations industrielles, notamment pétrolières. Bien sûr, nous souhaitons tous que les ouragans à venir – car on ne peut les éviter – produisent le moins de dégâts possible et que les plaies causées par ces tempêtes soient moins profondes que celles laissées par Katrina. L’administration Bush a assuré avoir tout mis en œuvre avec les États concernés pour qu’il n’y ait pas de laisséspour-compte, pour que l’aide fédérale parvienne au plus vite et que la prévention fonctionne mieux qu’à la NouvelleOrléans. C’est effectivement ce que les Américains attendaient de la Maison Blanche après les fautes et les maladresses commises lors du passage de Katrina. Et à une préoccupation d’urgence, George Bush répond naturellement par des mesures d’urgence. Mais ces deux violents ouragans consécutifs soulèvent des questions d’un tout autre type auxquelles l’administration américaine n’a toujours pas apporté de réponses satisfaisantes. Ces questions portent sur son indifférence aux préoccupations sur le réchauffement de la planète, sur son détachement à l’égard des modifications climatiques et plus concrètement sur son indifférence en ce qui a trait au protocole de Kyoto. À Washington, le principal argument consiste à répéter sans cesse qu’il n’y a 24
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pas de lien scientifique entre le hausse des températures que nous subissons et l’accroissement des phénomènes climatiques extrêmes. S’il n’y a pas de lien direct, il y a au moins une corrélation. Sinon, comment expliquer que, au cours des 30 dernières années, le rythme annuel des ouragans de catégorie 4 ou 5, comparables à Katrina ou à Rita, soit passé de 10 à 18 ?
L’intensité et la fréquence des intempéries impliquent des conséquences locales non négligeables. Des pluies diluviennes plus fréquentes et d’intensité supérieure obligent nos dirigeants à faire preuve plus que jamais de prévoyance dans la gestion et dans la conception des infrastructures urbaines. Les autorités locales se doivent maintenant de parer aux pires scénarios dont la nature peut être l’auteure.
Ce n’est pas parce que l’administration Bush a fait preuve d’un désintérêt complet pour toutes ces questions que les Américains, eux, ne s’en soucient pas. Plusieurs États ont pris des initiatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Notre voisin immédiat, l’État du Vermont, en est un exemple louable avec ses études environnementales pour tout nouveau projet industriel. Les investisseurs commencent à s’intéresser aux questions de développement durable. Mais cela ne doit pas priver le premier consommateur d’énergie de la planète d’un vrai débat sur son comportement relativement à l’environnement.
Dans un article publié dans le journal La Tribune de Sherbrooke du 26 septembre dernier, le journaliste Luc Larochelle met en relief les résultats d’une étude commandée par la Direction de l’expertise hydrique et de la gestion des barrages publics, une division relevant du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, sur les impacts d’une crue à récurrence 1/10 000 ans sur la population vivant en bordure de la rivière St-François. Cette étude permet de conclure que les barrages névralgiques retenant les plus importants volumes d’eau, Jules-Allard (au lac Saint-François) et Aylmer (au lac
deux ouvrages en amont de Sherbrooke seraient cependant emportés, celui de Weedon, qui est la propriété d’HydroSherbrooke, et celui d’East-Angus, appartenant à Boralex Il faut souhaiter que c’est ce qui restera du souffle de Katrina et de Rita une fois les tempêtes passées…
Des conséquences locales Le passage de l’ouragan Katrina a révélé à l’ensemble du monde, et plus particulièrement aux résidents du sud des États-Unis, les limites des aménagements humains. Bien avant le passage de l’ouragan, le U.S. Army Corps of Engineers avait caractérisé ses ouvrages et demandé des fonds additionnels pour les consolider, mais la gente politique de Washington n’avait pas cru bon d’affecter les ressources requises pour éviter le pire. Les résultats de cette décision, ou plutôt de cette absence de décision, nous ont malheureusement tous affectés d’une façon ou d’une autre à la vue de la désolation des sinistrés.
Aylmer), résisteraient à une crue d’une telle sévérité. Cependant, deux ouvrages en amont de Sherbrooke seraient emportés, celui de Weedon, qui est la propriété d’Hydro-Sherbrooke, et celui d’EastAngus, appartenant à Boralex. Les effets sur les infrastructures, bâtiments, routes et ponts y sont également évalués. Les leçons à tirer de ces études et des catastrophes de la NouvelleOrléans doivent animer les discussions de nos dirigeants. On ne peut pas toujours s’en sauver. Les événements du Saguenay, il y a quelques années, et les inondations vécues dans la région de Québec en septembre n’en sont que deux exemples pour le leur rappeler. ■
L’ENVIRONNEMENT DU CAUTIONNEMENT
ASSURANCE
Benoit Payette FPAA, Cim Associé MP2B inc., entreprise en gestion de risque bpayette@mp2b.ca
Les entreprises étant invitées à soumissionner sur des projets en appels d’offres publics doivent inévitablement envisager d’avoir recours au cautionnement. Pour la grande majorité des cas, deux types de cautionnements sont simultanément émis au bénéfice des donneurs d’ouvrages. Le premier, le cautionnement d’exécution, vise essentiellement à protéger les fonds publics d’une éventuelle perte financière qu’entraînerait le défaut de l’entrepreneur d’honorer ses engagements contractuels. Quant au deuxième type, soit le cautionnement de gages et matériaux, son but est de protéger les créances des sous-traitants contre le défaut de paiement de l’entrepreneur avec lequel le propriétaire a directement conclu ce contrat. Historiquement, les compagnies de cautionnement ont souscrit à l’émission de ces cautionnements dans le cadre de projets pour lesquels le propriétaire a recours aux services d’ingénieurs responsables de la conception de plan et de devis, et procédait ainsi dans un deuxième temps au lancement d’appels d’offres publics. Dans ce contexte, l’octroi des contrats s’établissait généralement sur un principe élémentaire du plus bas soumissionnaire.
du propriétaire selon des plans et des devis (ingénieurs, architectes); le design-build lie également la caution à une obligation contractuelle de performance au terme des travaux. Ainsi, le souscripteur à une caution doit non seulement prendre en considération les éléments usuels tels que l’aspect financier, la capacité, l’expérience de ce type de projet pour l’entrepreneur, mais en plus déterminer ce à quoi il s’expose advenant l’incapacité de son entrepreneur à atteindre les objectifs techniques fixés par le propriétaire. Cet aspect est donc difficilement quantifiable financièrement, techniquement et temporellement. Dès lors, des questions telles que les garanties d’exécution, les garanties prolongées, les implications législatives environnementales, les conditions de sol, les pénalités de livraison tardive ainsi que les erreurs et omissions dans de tels projets doivent être évaluées. Une telle démarche doit impliquer votre courtier en cautionnement afin de bien comprendre la portée du projet et de trouver des solutions permettant de diminuer les risques pour chacune des parties. Un souscripteur de cautionnement verra ainsi à procéder à une évaluation minutieuse des équipes de conception, analysera la façon dont les équipements spécialisés reliés aux critères d’exécution sont achetés et par qui, déterminera comment le risque d’erreurs dans la conception du projet est couvert par une police d’assurance adéquate. La principale différence entre le cautionnement d’exécution et le cautionnement de gages et matériaux est attribuable à la nature de l’engagement contractuel. La responsabilité ne se
La principale différence entre le cautionnement d’exécution et le cautionnement de gages et matériaux est attribuable à la nature de l’engagement contractuel. Or, depuis les dernières années, les donneurs d’ouvrages cherchent à tirer avantage de l’avancement technologique en lançant des appels d’offres dits design-build. Ce concept est ainsi apparu comme une option avantageuse pour les donneurs d’ouvrages qui obtiennent ainsi différentes alternatives au nom du propriétaire. À la réception des soumissions, on en évaluera les avantages et les inconvénients. Dans ce contexte, le choix de la proposition ne le sera plus sur la seule base du coût le moins élevé. Ainsi, le caractère de performance du projet sera évalué en fonction d’aspects beaucoup plus subjectifs tout en imputant la responsabilité de la conception à un débiteur principal plutôt qu’aux représentants du propriétaire. Les avantages indéniables pour les donneurs d’ouvrages d’utiliser cette approche ne les libèrent pas pour autant de leurs devoirs de gestionnaires de fonds publics. Encore faut-il que ces fonds publics soient protégés par une compagnie de cautionnement… Cette méthode du design-build ne limite plus la portée de l’engagement de la caution à ne veiller qu’à ce que les travaux soient exécutés conformément à une série d’exigences dictées par les représentants
limite désormais plus à terminer l’engagement pris par l’entrepreneur en défaut, là où il a cessé d’honorer ses obligations, tel que nous l’avons vu dans l’introduction. De ce fait, elle s’étend davantage en une opération risquée de devoir reprendre l’ensemble des conditions de ce contrat, indépendamment de l’avancement des travaux. C’est ainsi que, puisqu’il est question d’obligation de résultats, plusieurs compagnies de cautionnement n’ont pu poursuivre les travaux déjà entrepris là ou l’entrepreneur en difficulté les a laissés. Pour des raisons d’erreurs de conception, d’incompatibilité de composantes ou pour tout motif hors de contrôle, la compagnie de cautionnement s’expose à des engagements financiers hasardeux. Puisque les projets de cette nature deviennent de plus en plus fréquents, l’entreprise intéressée à recourir à une caution doit prioritairement planifier l’intervention de son courtiercautionnement. Ce dernier, maîtrisant les subtilités du « marché » du cautionnement, représente votre principal allié puisque son mandat est de conseiller l’entrepreneur sur les stratégies et l’approche à adopter afin que l’imputabilité du projet ne repose plus exclusivement sur vos épaules ainsi que sur votre caution. ■ Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 1 NO 3 AUTOMNE 2005
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EAU TRAVAILLE !
LE JURIDIQUE
Me Hélène Lauzon avocate en droit de l'environnement Lavery, de Billy hlauzon@lavery.qc.ca
La Loi sur la santé et la sécurité au travail1 ainsi que le Règlement sur la santé et la sécurité du travail2 prescrivent des obligations à tout employeur relativement à l’eau potable qu’il doit mettre à la disposition des travailleurs pour consommation humaine. La Loi oblige l’employeur à protéger la santé et à assurer la sécurité et l’intégrité physique du travailleur, notamment en lui fournissant de l’eau potable3. Ainsi, une personne qui travaille dans un bureau ou dans une école est en droit de recevoir une quantité quotidienne de 55 litres d’eau potable (incluant les eaux sanitaires). Il en va de même pour une personne travaillant dans une usine ou une manufacture, à moins que celle-ci ait accès à une douche. Dans un tel cas,
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 1 NO 3 AUTOMNE 2005
cette personne à plutôt droit à une quantité quotidienne de 130 litres. Un travailleur temporaire d’un campement aurait quant à lui droit à une quantité quotidienne de 55 litres d’eau potable et cette quantité est majorée à 190 litres s’il s’agit d’un travailleur permanent. L’eau potable mise à la disposition des travailleurs peut provenir soit d’un réseau d’aqueduc municipal, soit d’un réseau d’aqueduc privé exploité par un titulaire de permis, soit d’un ouvrage de captage souterrain exploité par l’employeur, soit de bouteilles d’eau. Lorsque l’eau potable mise à la disposition des travailleurs provient du réseau d’aqueduc municipal ou d’un réseau d’aqueduc privé exploité par un titulaire de permis, sa qualité est assurée par la municipalité ou par l’exploitant privé, lesquels doivent procéder aux analyses prescrites par le Règlement sur la qualité de l’eau potable4.
Lorsque l’eau distribuée aux employés provient plutôt d’un ouvrage de captage d’eau souterraine exploité par l’employeur, cet ouvrage doit être autorisé avant son établissement, sa reconstruction, son agrandissement ou sa modification. Dans ce cas, l’employeur doit s’assurer lui-même que l’eau potable qu’il met à la disposition de ses employés est conforme aux normes du Règlement sur la qualité de l’eau potable. Ce Règlement prescrit quelles sont les analyses à effectuer, c’est-à-dire les contrôles bactériologiques, les contrôles physico-chimiques incluant les substances organiques, les substances inorganiques, la turbidité ainsi que les contrôles de la désinfection. L’obligation d’effectuer ces contrôles ne s’applique toutefois qu’aux établissements d’enseignement, aux établissements de détention, aux établissements de santé et de services sociaux ainsi qu’aux établissements touristiques. Par contre, le Règlement sur la santé et la sécurité au travail oblige tout établissement, quel qu’il soit, à transmettre
EAU TRAVAILLE ! au ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, une fois par mois, le résultat d’une analyse bactériologique sur un échantillon d’eau mise à la disposition des travailleurs à des fins de consommation. Lorsque l’analyse d’un échantillon démontre que l’eau mise à la disposition de l’employé ne respecte pas l’une des normes de qualité prescrites par le Règlement sur la qualité de l’eau potable ou qu’elle contient des bactéries coliformes totaux, le laboratoire d’analyse doit en aviser immédiatement l’employeur. S’il s’agit d’un cas de contravention à une norme de qualité, le laboratoire doit aussi aviser le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs ainsi que le directeur de la santé publique de la région concernée. Selon qu’il s’agit d’un cas de contravention à une norme de qualité ou de présence de bactéries coliformes fécaux, l’employeur sera assujetti à diverses obligations relativement aux avis à transmettre aux employés et aux autorités publiques, aux mesures à prendre pour corriger la situation et pour reprendre l’exploitation du système.
Lorsqu’un établissement met plutôt à la disposition de ses employés de l’eau embouteillée, cette eau doit être conforme aux exigences prescrites par le Règlement sur les eaux embouteillées 5. Dans le but de respecter ses obligations, l’employeur doit installer des appareils de distribution d’eau potable destinée à la consommation des travailleurs à raison d’un appareil pour chaque groupe de 75 travailleurs et d’un appareil additionnel par fraction de ce nombre au-delà de 75 travailleurs. Notre compréhension est qu’un appareil de distribution additionnel sera requis à chaque tranche de 25 travailleurs au-delà de 75. Pour les établissements qui comptent moins de 75 travailleurs, l’employeur doit installer au moins un appareil de distribution. Des gobelets individuels à usage unique doivent être mis à la disposition des travailleurs, à moins qu’il s’agisse d’appareils qui distribuent de l’eau potable à l’aide d’une fontaine. Ces appareils de distribution doivent être fabriqués de matériaux imper-
méables, être facilement nettoyables et gardés à l’abri de toute source de contamination. Tout système de distribution d’eau potable destinée à la consommation des travailleurs doit être conçu et aménagé de façon à éviter toute possibilité de raccordement ou de contamination à tout système de tuyauterie susceptible de contenir de l’eau non potable. Tout robinet d’eau non potable doit d’ailleurs être identifié. Notons que les douches oculaires ou les douches de secours que l’on retrouve un peu partout sur le site d’une usine ou d’une manufacture, afin de pouvoir rincer les yeux d’un travailleur qui reçoit une substance dans un œil doivent aussi être alimentées par un réseau d’eau potable.. ■
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L.R.Q., c. S-2.1. R.R.Q., c. S-2.1, r. 19.01. Article 51 (4). R.R.Q., c. Q-2, r. 18.1.1. R.R.Q., c. P-29, r. 1.1.
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VOX P0P
question
La population québécoise est-elle à l’abri d’une tragédie du type de celle de Walkerton ? Aucune municipalité n’est à l’abri d’une contamination, qu’elle soit bactériologique ou autre. Ce qui est différent par contre si on se compare à Walkerton, c’est qu’avec la mise en place du nouveau Règlement sur l’eau potable en juin 2001, la falsification des résultats est rendue pratiquement nulle. Tous les résultats des tests de laboratoire sont transmis au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs aussitôt connus et non uniquement à la municipalité. De ce fait, si une contamination du réseau par la bactérie E. coli survient, le MDEP et le ministère de la Santé et des Services sociaux sont avisés. Des mesures sont alors mises en place pour corriger la situation. La Ville avise la population au moyen des différents médias tels que la radio, les journaux, etc. Pour lever un avis d’ébullition, des tests sont effectués pendant deux jours consécutifs; les résultats de l’ensemble des tests de laboratoire doivent être négatifs. On a beau avoir des prises d’échantillonnage et des normes sévères, il y a toujours le fait que des contaminations de réseau peuvent survenir entre deux séries de tests. Et ça, il faut vivre avec (pour l’instant). Yves Lanthier, Ville de Sainte-Thérèse
d’ébullition préventif, car la contamination peut provenir du réseau lors d’une réparation et non de l’usine. Roger Lajoie, Ville de Montréal, arrondissement Lachine Malgré les leçons tirées des épisodes vécus par la municipalité de Walkerton en Ontario, il existe encore présentement au Québec et au Canada la possibilité de vivre une situation semblable. En effet, beaucoup d’installations et de réseaux d’eau potable ne sont toujours pas mis à niveau, ne respectent pas les nouvelles normes ou bien sont mal entretenus. C’est le cas, par exemple, de certaines petites municipalités, d’installations touristiques, de réseaux privés ainsi que de réserves indiennes. La compréhension quant à la gestion du risque et la protection de la ressource n’est toujours pas adéquate, tant dans la population en générale que dans les différents paliers de nos gouvernements. J’aime à comparer un système de traitement d’eau à un avion : on n’attend pas d’en faire la maintenance et la réparation une fois tombé… Yves Basque, Traitements Intel’eau, Jonquière
Malheureusement, nul n’est à l’abri de déversements accidentels et de l’incompétence humaine. Cependant, un contrôle efficace des risques associés à une telle tragédie est possible. En ce sens, le Québec a fait des progrès importants par l’adoption de règlements, notamment ceux sur le captage des eaux souterraines et sur la qualité de l’eau potable. Ces règlements obligent les municipalités à protéger leurs sources d’approvisionnement, à assurer une désinfection efficace, à surveiller en continu la qualité de l’eau et à s’assurer d’une formation adéquate du personnel d’opération. Les travaux de mise aux normes des infrastructures de traitement de l’eau nécessitent des investissements majeurs immédiats. Ceux-ci devraient être prioritaires de la part de gouvernements et d’élus municipaux responsables. La population ne s’attend à rien de moins en cette matière. Jean-François Bergeron, NORDIKeau, Joliette Non, la population du Québec n’est pas à l’abri d’une tragédie du type de celle de Walkerton. Pas nécessairement dans les grandes installations, mais dans celles de plus petite taille, dû au manque de budget pour l’acquisition et/ou l’entretien des équipements (parfois désuets) et au manque de formation du personnel. De plus, certains dirigeants, ne voulant pas déplaire aux élus ou à la population, vont omettre de donner un avis
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Le gouvernement, lorsqu’il a créé le Règlement sur la qualité de l’eau potable, avait pour objectif d’éviter un Walkerton au Québec. Ce règlement devait être en application au mois de juin 2001. Nous sommes en novembre 2005 et je ne crois pas que l’article 44 du règlement ait été mis en application intégralement. Je pense aussi que la façon dont les accréditations de compétences sont accordées diffère beaucoup trop de la première version du règlement qui disait qu’il fallait soit un DEP, soit un DEC pour opérer une usine de traitement d’eau potable. Il en est de même pour la mise aux normes du traitement et de la qualité dans plusieurs de nos petites municipalités. Ma conclusion est donc que nous avons encore un bout de chemin à faire avant de pouvoir dire que les risques d’un Walkerton sont minimisés. Normand Arcouette, Mabarex, Montréal
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L’ E N V E R S D U D É C O R
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Sources : Québec Science et l’équipe du magazine SOURCE.
PLACE À LA FORMATION Le 2 juin dernier, se tenait à Saint-Hyacinthe une journée de formation sur les nouvelles technologies membranaires. Des experts en eau potable et en eau usée ont été invités à venir s’entretenir avec M. Andrew Benedek, Ph.D., président fondateur de Zenon, et avec Mme Diana Mourato, Ph.D., vice-présidente Amérique de Zenon. En tout, plus de 120 personnes ont eu la chance de venir parfaire leurs connaissances t e ch n i q u e s s u r c e s technologies.
FORE ! Le magazine SOURCE était invité à participer au tournoi Bernard St-Jean au profit de l’harmonie musicale et du hockey mineur de Lachenaie. Les participants et les généreux commanditaires ont contribué à amasser une somme de 12 000 $. Parions que les jeunes de Lachenaie en sont très heureux ! Sur la photo, nous retrouvons monsieur Mario Quintin de la SAQ participant au tournoi. Qu’importe le pointage ou l’élégance de l’élan, tous ont profité du magnifique parcours de Joliette et de la température très clémente.
Tournoi de golf annuel du magazine SOURCE Le 8 s e p t e m b r e dernier, le superbe parcours de golf Glendale était l’hôte de la première édition du tournoi de golf annuel de votre magazine SOURCE. Plus d’une centaine d’intervenants du domaine de l’environnement s’y étaient donné rendezvous. Tout était prévu pour que ce tournoi en soit un des plus mémorables, en plus des nombreux concours et prix de présence. Toutefois, Dame Nature est venue compliquer le bon déroulement en laissant couler rien de moins qu’un fleuve sur la tête des joueurs incrédules. Les commentaires étaient unanimes : on n’avait
jamais vu autant d’eau s’abattre sur un terrain de golf ! Les organisateurs n’avaient aucun contrôle sur la température, mais ils pouvaient par contre compter sur une magnifique commandite de la SAQ afin de changer l’eau en vin ! La soirée s’est déroulée rondement et les invités ont pu en profiter pour faire du réseautage extrêmement efficace. Tous se sont dits satisfaits et ont adoré leur expérience. Les places risquent de s’envoler rapidement l’an prochain ! Le magazine SOURCE tient à remercier tous les commanditaires qui ont rendu possible cet événement.
La Classique de l’eau À la vue de ces images, force est de constater que ce tournoi porte bien son nom ! Le tournoi de golf annuel de John Meunier se tenait le 15 juillet dernier au Club de golf métropolitain de Montréal. Les plus longs cogneurs de chaque quatuor devaient s’exécuter sous une mitraille d’eau. Notre chroniqueur Christian « King Kong » Sauvageau aura finalement réussi un coup de départ à faire rêver bien des golfeurs.
H2O inc. L’ a u t e u r e e t ex - p r é s i d e n t e d e Greenpeace, Varda Burstyn, vient tout juste de publier un roman écolo intitulé H2O inc. Ce livre traite d’une réalité qui est déjà à nos portes et qui monopolisera sous peu les plus grandes réflexions des gouvernements canadiens et québécois.
Jean et d’y construire un pipeline et ses usines d’embouteillage afin d’importer cette ressource qui leur fait défaut. Des luttes sans merci s’ensuivent entre les écologistes et les promoteurs une fois leurs stratagèmes découverts. Corruption, pot de vin, manipulation médiatique et piratage informatique sont au menu de ce thriller qui a le mérite de nous tenir en haleine du début à la fin.
Dans cette œuvre, les Américains, par le biais d’un important consortium, décident en catimini de s’installer au Lac-Saint-
Une histoire invraisemblable ? Il pourrait peut-être au contraire s’agir d’une prémonition. Soyons vigilants.
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C’est dans l’temps du jour de l’An… Saviez-vous que l’un de nos mets parmi les plus typiques et populaires du temps des Fêtes était jadis composé de tourte ? En fait, la fameuse tourtière québécoise, fleuron de notre gastronomie du terroir, était faite à base de tourte. Les tourtes étaient évaluées de trois à cinq milliards à l’arrivée des premiers Européens en Amérique du Nord. L’oiseau le plus commun du continent de l’époque a par contre vu sa population subir une baisse dramatique jusqu’en 1914 où est mort le dernier spécimen, complétant ainsi l’extinction de l’espèce. Au rythme où nous polluons et détruisons notre environnement et vu le sort que nous réservons aux espèces qui y habitent, peut-être devrions-nous savourer nos tourtières du temps des Fêtes cette année, car qui sait de quoi elles seront faites dans le futur…