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À MAYOTTE, DES RENFORTS

ATTENDUS FACE À LA SITUATION CRITIQUE DE L'ACCÈS AUX SOINS

Confronté de manière structurelle au manque criant de soignants et notamment d’urgentistes, le centre hospitalier de Mayotte (CHM) a déclenché le 1er juin le niveau 2 du plan blanc. Les directions générales de l’agence régionale de santé (ARS) et du CHM affirment que la continuité des soins est assurée à très court terme, sans cacher leurs craintes pour la suite.

Depuis le 3 juin déjà, c’est le Samu de la Réunion qui assure les transferts sanitaires Mayotte/ Réunion aller et retour ainsi que les évacuations sanitaires (Evasan) entre Mayotte et la métropole. En effet, le Smur mahorais a dû baisser le rideau face aux difficultés de recrutement.

Climat social dégradé

La raison de cette pénurie : un manque criant d'attractivité. L’opération « Wuambushu » (visant à lutter contre la délinquance, l'immigration illégale et l'habitat insalubre) qui se déroule actuellement sur l’île a envenimé un climat social déjà dégradé. Dans ce contexte, les recrutements de blouses blanches à Mayotte s’avèrent encore plus compliqués, comme en témoigne la Dr Nora Oulehri, chef du Samu 976. « Nous devrions être 37 pour assurer le service, nous ne sommes plus que six ! »

Depuis quelques mois, des dizaines de médecins urgentistes ont résilié leur contrat ou annulé leur arrivée sur le territoire. « Ce n’est pas spécifique à Mayotte, a relativisé le directeur général du CHM, Jean-Mathieu Defour, lors d’une conférence de presse à l’ARS, mardi matin. Le recrutement d’urgentistes est compliqué sur tout le territoire, mais dans le cas de Mayotte, c’est d’autant plus problématique (...) Chaque jour, nous mettons en place une cellule de crise pour nous organiser. Nous tournons quotidiennement avec des remplaçants, qui viennent parfois pour de courtes périodes. »

Faire face au jour le jour

L’éloignement géographique de la métropole ne facilite pas les embauches malgré des actions menées sur différents salons – tel SantExpo fin mai à Paris. La médiatisation des barrages et des émeutes sur l’île aux parfums a découragé certaines vocations.

Pour cette semaine, le CHM a néanmoins reçu du renfort : trois médecins urgentistes dont un du service de santé des armées, trois médecins généralistes et dix-huit infirmiers. « Nous faisons face au jour le jour », résume le directeur général de l’ARS Mayotte, Olivier Brahic, précisant que de nouveaux bras ont été demandés à la réserve sanitaire et auprès du service de santé des armées. Le ministère de la Santé a lancé une alerte à l'ensemble des régions françaises.

Régulation efficace

Le 1er juin, les urgences du CHM ont été contraintes de fermer leur unité de courte durée et de répartir les patients nécessitant une hospitalisation dans les services de médecine. La mise en place du niveau 2 du plan blanc a toutefois permis de mieux sensibiliser la population à la nécessité de la régulation par le 15. « Le message est bien passé, nous avons constaté une baisse du recours aux urgences et une augmentation des appels vers le 15 », se réjouit le directeur général du CHM.

Et ce malgré la fermeture de plusieurs dispensaires autour de l’île. Ceux de Koungou, au nord de Mayotte, et de Passamainty, en périphérie de Mamoudzou, ont également fermé leurs portes. Depuis le début de l’opération « Wuambushu » , ces centres de santé ont fait l’objet de blocages et des soignants ont été pris à partie. Le dernier en date s’est produit le 30 mai à Dzoumogné, les manifestants pro-Wuambushu reprochant aux soignants de prendre en charge des clandestins…

La psychiatrie en souffrance aussi

Dans les semaines à venir, le CHM attend donc toujours des renforts sanitaires, sans visibilité. « Le ministère est informé de la situation à Mayotte et sensibilisé à l’urgence de trouver des solutions pérennes », veut croire le directeur général de l’ARS Mayotte. Reste que l’approche des congés estivaux dans les CHU métropolitains et au CHU de La Réunion – premier poste de renfort du CHM – rend encore plus problématique la carence en ressources humaines de l'hôpital mahorais. « La situation est très fragile », reconnaissent de concert les deux directeurs généraux de l’ARS et du CHM.

Dernière préoccupation, la santé mentale. Un seul poste de psychiatre est pourvu à Mayotte sur les douze budgétés alors que l’état psychique des habitants a été fortement mis à l’épreuve depuis 2020. La Réunion a une nouvelle fois été sollicitée mi-mai. Le CHU et l'établissement public de santé mentale de La Réunion (EPSM-R) ont lancé un appel auprès de leurs praticiens hospitaliers. « Nous avons identifié une dizaine de volontaires pour des missions de deux à quatre semaines », confirme le Dr François Appavoupoullé, président de la CME de l’EPSM-R. Du côté du CHU, quelques psychiatres seraient partants pour des missions de deux semaines.

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