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REPORTAGE « LE LIEN DE CONFIANCE EST LONG À METTRE EN PLACE »
EN SÉCURISANT LES ABORDS DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES, DES ASSOCIATIONS COMME FAHAMOU MAECHA RÉALISENT DES PRISES DE CONTACT AVEC LES JEUNES À LA DÉRIVE ET TENTENT DE LES INTÉGRER DANS LA SOCIÉTÉ.
« NOTRE OBJECTIF EST DE DÉSAMORCER DES SITUATIONS QUI PEUVENT DÉGÉNÉRER »
Elles sont en quelque sorte le « métronome » des violences urbaines sur l’île. En sillonnant les zones jugées criminogène de Mayotte, les associations qui prennent part, depuis 2020, au dispositif des Groupes de médiation citoyenne (GMC), mis en place par l’Etat, vont au contact de la jeunesse mahoraise. Recrutés dans le cadre de contrats aidés « parcours emploi compétences », leurs médiateurs agissent en groupe afin de lutter contre les violences urbaines et de prévenir la délinquance. Si le dispositif a été renouvelé en octobre dernier, les missions ont évolué, dans la continuité des actions déjà entreprises.
« Les médiateurs sont sollicités aux abords des établissements scolaires en journée et à la sortie des élèves. Ils doivent aussi travailler davantage dans les villages, particulièrement au sein des quartiers aux abords des établissements scolaires » , explique Erwan, éducateur spécialisé au sein de l’association Fahamou Maecha, chargée d’une mission de médiation sociale à Acoua et Dzoumogné. « Notre objectif est de désamorcer des situations qui peuvent dégénérer. Mais tout n’est pas simple à Mayotte, beaucoup d’éléments et de facteurs font qu’on ne maîtrise pas tout. » poursuit-il.
ROMPRE AVEC L’ISOLEMENT
Chaque jour, en période scolaire, douze agents sont mobilisés à Dzoumogné, trois à Acoua. De quoi rassurer les esprits des habitants. L’école d’Acoua a été la cible d’une violente intrusion vraisemblablement commise par un groupe extérieur à la rentrée.
Sur le terrain, les médiateurs réalisent des « rondes » en trinôme entre 6 h et 19 h. Un moyen simple pour sécuriser l’arrivée des bus, dissuader les caillassages, voire accompagner certains élèves jusqu’à leur domicile depuis l’école. Cette présence permet également aux agents d’orienter des jeunes vers l’association qui propose également, via une vingtaine d’éducateurs spécialisés, une série d’actions et d’ateliers afin de permettre aux jeunes marginalisés de rompre avec l’isolement ou les effets néfastes des bandes qui font la loi dans leur commune.
« Chez certains jeunes, il faut créer deux, trois, voire une dizaine de contacts afin que ça se passe bien. Le lien de confiance est long à mettre en place » constate Erwan. La plupart des jeunes qui passent par les locaux de l’association à M’tsangamouji sont en rupture avec le système scolaire, ou n’ont simplement pas pu l’intégrer. Fahmou Maecha les oriente alors vers le centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés (CASNAV). Ceux qui n’ont pas la chance d’intégrer un établissement scolaire peuvent toujours prendre part aux accueils de jour des jeunes non-scolarisés, à M’tsangamouji ou encore à Bouéni.
Quelques jours avant l’arrivée de la première ministre Elisabeth Borne à Mayotte, l’auteur et conférencier Salim Mouhoutar a écrit une tribune pour mieux comprendre les causes de la violence juvénile qui sévit dans le département. La voici en intégralité