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Préam"bulles" Sémaphore : 8ème édition ! Cette sélection* concerne des titres parus entre septembre 2010 et septembre 2011. Elle ne se veut ni exhaustive, ni objective, ne cible aucun public particulier (en sont cependant exclues les bandes dessinées spécifiquement réservées à la jeunesse par leurs auteurs ou leur éditeur). Ce n’est pas une sélection d’achat, ce sont avant tout des propositions de lecture pour vous faire partager notre goût pour le neuvième art. Notre souhait est de la rendre la plus variée possible, de proposer des thèmes, des genres, des approches différentes, des œuvres fortes, d’autres, plus légères, … Vous faire découvrir ou redécouvrir des auteurs, des petites maisons d’édition, … Cette année, le dossier vous présentera l’Histoire dans la Bande Dessinée : ce genre qui a connu son heure de gloire dans les années 80 au sein de la BD francophone revient en force ces dernières années avec de nouvelles propositions ; et en liaison avec ce sujet, nous avons choisi de vous présenter l’incontournable Jacques Tardi. L’éditeur qui a retenu notre attention est La Boîte à Bulles. * Les titres sélectionnés sont tous présents dans le fonds de la Médiathèque départementale.
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SOMMAIRE : Autobiographie/Biographie p.4 Tranche de vie p.8 Humour p. 16
LE DOSSIER :
Roman graphique p.18 L’Histoire dans la BD p.48
Société p.20 Policier p.22
L’AUTEUR :
Aventure p.27 Conte p.34
Jacques Tardi p.58
Fantastique p.36 Héroïc Fantasy p.40
L’EDITEUR :
Science Fiction p.42 Zombies p.47
La Boîte à Bulles p.60
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Jeanine
BIOGRAPHIE/AUTOBIOGRAPHIE
Matthias Picard.- L'Association, 2011. 152 p. : illustrations en noir et blanc ; 25 cm.- (Ciboulette). De la rencontre d’un jeune homme, étudiant aux beaux-arts, avec Jeanine sa voisine, nait une amitié et l’idée de réaliser un roman graphique autour du destin incroyable de cette femme. Jeanine se raconte avec naïveté et sincérité. Son récit dessine un portrait de femme forte et singulière. Elle se souvient de son enfance en Algérie, heureuse, jusqu’aux « évènements de 1962». Championne de natation puis employée, elle devient la prostituée Isa la Suédoise un peu par hasard et par dépit amoureux. Le dessin au feutre noir donne vie et humanité, loin des clichés, aux étonnantes aventures et aux rencontres parfois imaginaires de Jeanine. © L’ASSOCIATION-Picart
Trop n’est pas assez textes et dessins Ulli Lust.- Cà et là, 2010. 463 p. : illustrations en noir et blanc ; 23 cm. C’est le parcours de deux jeunes punks autrichiennes en 1984, Ulli et Edi qui décident de partir quelques semaines en Italie. Très vite, leur parcours va être semé d’embûches et va se transformer en cauchemar. Sans argent et sans affaires personnelles, elles vont devoir faire la manche et supporter la pression de « macs » italiens. Ulli Lust raconte ce trip initiatique avec beaucoup d’humour et de retenue pour certaines scènes assez violentes. Cette expérience lui aura permis de mûrir mais lui laissera des traces irréversibles.
© CA ET LA-Lust
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Le chanteur sans nom scénario Arnaud Le Gouëfflec, dessin Olivier Balez.- Glénat, 2011. 116 p. : illustrations en couleur ; 28 cm.- (1.000 feuilles).
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BIOGRAPHIE
Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez signent un bel hommage à un artiste méconnu du grand public, et pour cause : le chanteur sans nom. Tombé dans l’oubli qui se souvient encore de Roland Avellis, alias le chanteur sans nom ? Ce grand artiste de la chanson a pourtant côtoyé les plus grands : Charles Aznavour, la môme Piaf, Marcel Cerdan … Mais, il est toujours resté un artiste de l’ombre, cherchant à s’effacer jusqu’à s’en oublier lui-même. C’est sous la forme d’un fantôme qu’Arnaud Le Gouëfflec a décidé de faire « revivre » Le chanteur sans nom. L’auteur se met en scène dans cette BD, scénariste et protagoniste muet qui mène l’enquête sur cet artiste oublié. A ses côtés, le fantôme de Roland Avellis le suit à la trace lui murmurant © GLENAT-Le Gouëffec/Balez sa vie à l’oreille sans que le scénariste ne l’entende jamais. Cette bande dessinée historique et biographique, dessinée avec brio par Olivier Balez, réhabilite ce chanteur sans nom et nous donne bien vite l’envie d’en connaître davantage et surtout de l’entendre chanter ! Un espace My Space permet d’ailleurs de découvrir quelques chansons et cette voix étonnante venue du passé (www.myspace.com/lechanteursansnom). Le parcours de cet artiste hors norme est insolite et drôle : bien qu’un peu roublard, il a laissé dans le cœur de ceux qui l’ont connu le souvenir d’un homme généreux.
Bourbon Street : 1.Les fantômes de Cornélius
BIOGRAPHIE
Philippe Charlot ; Alexis Chabert - Bamboo, 2011 (Grand angle) 48 p. : illustrations en couleur ; 28 cm 1997, à la Nouvelle Orléans, le succès international d’un groupe de musiciens octogénaires fait rêver Alvin, un vieux jazzman adepte de la guitare swing. Avec deux autres musiciens, il part à la recherche de son ami Cornélius, un incroyable trompettiste, qui a disparu depuis une cinquantaine d’années pour former un quartet et connaître enfin la gloire. Mais convaincre Cornélius ne sera pas chose aisée car celui-ci a abandonné la musique suite à un drame sentimental. C’est le fantôme de Louis Armstrong, la figure légendaire du jazz, qui va l’encourager à rejouer mais cela suffira t-il à le faire changer d’avis ? Bourbon Street est une plongée magnifique dans l’univers du jazz de la Nouvelle Orléans. Les illustrations détaillées sont © BAMBOO-Charlot/Chabert d’un réalisme à couper le souffle, la colorisation est également parfaite avec l’utilisation de la couleur sépia. Un cahier graphique de huit pages avec croquis et textes explicatifs sur l’étude des personnages et la composition des planches termine l’album. Ce premier tome de Bourbon Street est une belle et agréable surprise : un régal pour les yeux et les oreilles comme si les pages formaient une partition de musique faisant ressortir une mélodie à la fois dramatique, chaleureuse et pleine d’émotion.
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Jimi Hendrix en bandes dessinées Oliv',.- Petit à petit, 2010.-256 p. : illustrations en couleur ; 24 cm Sur texte d’Olivier Petit, 32 jeunes dessinateurs retracent, 40 ans après sa disparition, la vie de Jimi Hendrix. Une vie fulgurante pour ce surdoué autodidacte qui a joué avec les plus grands guitaristes avant de créer son propre groupe « The Jimi Hendrix Expérience ». Véritable travail biographique, cette BD est truffée d’anecdotes, de citations sur la vie, l’œuvre et la mort de cet artiste guitariste révolutionnaire de l’Amérique des Sixties et constitue un bon moment de lecture.
© PETIT A PETIT-Oliv’
Frantz Duchazeau.- Dargaud, 2011.-118 p. : illustrations en noir et blanc ; 29 cm. 1933, sud des Etats-Unis. John Lomax travaille pour la Bibliothèque du Congrès et est chargé de recueillir un maximum de chansons traditionnelles, dans le but de conserver le patrimoine oral du pays. Equipé d’un matériel d’enregistrement très sophistiqué pour l’époque, John Lomax entraine son fils Alan dans un périple à travers l’Amérique profonde afin de le former au métier. Ensemble, ils vont à la rencontre des fermiers afroaméricains, héritiers de cette musique noire autrefois chantée par les esclaves. Cette bande dessinée nous livre différentes facettes aussi justes les unes que les autres : Lomax est avant tout une plongée dans la culture américaine post-crise économique, mais aussi un magnifique homma© DARGAUD-Duchazeau ge à la musique, au blues qui connaitra par la suite le succès que l’on connaît. Duchazeau traite avec beaucoup de retenue, de sensibilité et de talent des thèmes comme la ségrégation et l’intolérance issues de l’esclavage, tout en ce concentrant sur la relation père-fils qui fait écho au besoin de transmission du patrimoine culturel.
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BIOGRAPHIE
Lomax
Far away
TRANCHE DE VIE
scénario : Maryse et Jean-François Charles, Dessin : Gabriele Gamberini.- Paris : Glénat, 2011. 142 p. : illustrations en couleur ; 26 cm. Au Québec, un poids lourd est immobilisé par la neige. Le chauffeur est secouru et recueilli par Esmé qui lui demande de l’emmener en Arizona. Au cours de leur périple, ils traversent l’Amérique et Esmé en profite pour lui faire visiter les chutes du Niagara, le grand Canyon…etc. Ce voyage va changer leur vie et créer une relation forte entre le jeune routier et cette femme d’âge mûre. Elle finira par lui dévoiler ses secrets. C’est une belle histoire douce et romantique. Les dessins, très réalistes, sont exécutés à la gouache avec des couleurs vives. Les paysages sont particulièrement somptueux. A conseiller aux lecteurs ayant un côté fleur bleue. © GLENAT-Charles/Gamberini
Portugal Cyril Pedrosa ; couleurs : Ruby.- Paris : Dupuis, 2011. 261 p. : illustrations en couleur ; 31 cm.- (Aire libre).
© DUPUIS-Pedrosa/Ruby
Simon enfant passe ses vacances chez ses grands-parents au Portugal. Simon adulte ne va pas bien. Dessinateur en panne d’inspiration, sa relation avec sa compagne Claire est tiède. Un voyage de travail au Portugal, puis un mariage en famille lui donne envie de s’y installer pour dessiner. Un cousin lui prête sa maison. Il retrouve les odeurs et les sons de son enfance. Enfin, il se sent bien. Il a trouvé sa place. Aux frontières de l’autofiction, avec humour et vivacité, Cyril Pedrosa signe un récit essentiel sur la quête d’identité. C’est un bijou d’art graphique, grâce en particulier à la technique de l’aquarelle avec effets de transparence, mise en valeur par des couleurs distinctes selon les lieux et les évènements (brun-gris pour la rupture, jaune pour la balade à vélo sous le soleil …).Une réussite magnifique.
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Ca ne coûte rien scénario, dessins & couleurs Saulne.- Paris : KSTR , 2011.-190 p. : illustrations en couleur ; 28 cm.
Ismahane scénario Sasha, dessins Christophe Girard.- les Enfants rouges, 2011 95 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.- (Isturiale).
© LES ENFANTS ROUGES-Sasha/Girard
Ismahane, une petite fille de 5 ans, vit au Nord du Liban dans la vallée de Békaa. Sa mère est morte à sa naissance et elle grandit avec ses frères et son cousin Malek. La guerre civile éclate et, peu à peu, le poids des traditions et celui de l’histoire alourdissent sa vie et s’opposent à son envie d’émancipation. Amoureuse de son cousin, elle profite de ses études à Paris pour vivre librement son histoire d’amour, loin des pressions culturelles et familiales. Les évènements politiques du Liban sont évoqués au début de chaque chapitre et permettent au lecteur de comprendre et de ressentir leur influence sur le destin des hommes et des femmes de ce Pays. C’est un récit émouvant et plein d’humanité.
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TRANCHE DE VIE
Pierre décide de partir à Shangaï rejoindre une amie, histoire de voir « comment ça se passe là-bas ». Rien de la grande aventure puisqu’il vient d’hériter d’une grosse somme. Il peut se laisser vivre et profiter de tous les plaisirs que lui offre cette vie de notable. Mais l’héritage tarde à venir et l’argent commence à manquer. Au lieu de rentrer en France ou d’emprunter à ses amis, Pierre voit là une occasion d’expérimenter : quand la vie est dictée par les contractions de l’estomac, que se passe-t-il ? Pierre transforme son manque d’argent en quête de soi et découvre les conditions de vie des chinois à l’opposé de la vision néo-colonialiste des bobos occidentaux expatriés : Voici le Shangaï de la débrouille, du calcul et © KSTR-Saulne des nouilles en sachet. Une BD marquée par un propos original mais jamais indécent et une belle réussite graphique où Saulne fait évoluer les couleurs au gré des privations, tantôt lumineuses, tantôt fades et floues au fur et à mesure que la faim se fait tenace, que la perception du personnage s’altère.
Face cachée (2 tomes)
TRANCHE DE VIE
Sylvain Runberg, illustrations Olivier Martin.- Futuropolis, 2010. 152 p. : illustrations en noir et blanc ; 27 cm. Monsieur Okada travaille à Tokyo la semaine et rejoint sa femme et sa fille à 50 km de là le week-end. Il a une maîtresse très éprise, Mayumi, la secrétaire, ainsi qu’un collègue jaloux de lui et un patron qui s’agenouille devant lui ! Tout lui réussit, un peu trop, et il traverse son existence compliquée sans états d’âme. Les parents de Mayumi divorcent et en fille sensible, elle se fait du souci pour eux. Ce chassé-croisé amoureux au Japon décrit la vie quotidienne dans la capitale, les capsules-hôtels où l’on dort, les love-hôtels, les soirées obligatoires organisées par le patron, l’ambiance de travail dans les entreprises nippones. Ce manga psychologique est réalisé au crayon par des européens. © FUTUROPOLIS-Runberg/Martin
Le Monstre Joseph Safieddine, illustrations Tom.- Manolosanctis, 2010. 142 p. : illustrations en couleur ; 28 cm.- (Karma; 2).
© MANOLOSANCTIS-Safieddine/Tom
Le monstre, c’est Antoine Craven. Il se considère et se comporte comme tel depuis ce terrible accident de voiture dont il a été victime. Défiguré, il rompt toute relation avec le monde extérieur et vit reclus. Cet album est un huis-clos dans l’obscurité de l’appartement d’Antoine. Le lecteur, immergé dans la noirceur de son quotidien, l’observe dans son intimité tantôt dérangeante, tantôt touchante. Antoine oscille entre désespoir et frénésie, monstruosité et humanité. Saura-t-il saisir la main qui le ramènera vers la lumière ?… Les deux jeunes auteurs : Joseph Safieddine et Tom Viguier (http://tombd.blogspot.com) ont su traiter un thème psychologique dur, avec beaucoup de réalisme et de sensibilité. Un album très bien mené.
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La Chair de l’araignée scénario Hubert, illustrations Marie Caillou.- Glénat, 2010. 80 p. : illustrations en couleur ; 28 cm.- (1.000 feuilles).
Une Vie sans Barjot un récit de Appollo, dessins et couleurs Oiry.- Futuropolis, 2011. 63 p. : illustrations en couleur ; 30 x 21 cm. « Je suis en équilibre sur le monde. A ma gauche, c’est le jardin de mon enfance et à ma droite, l’obscurité encore, mon futur. Ce soir, je n’ai pas encore franchis le pas, je reste en équilibre sur les murs ». Matthieu part à Paris demain pour poursuivre des études après le BAC. Ce soir est sa dernière nuit dans sa ville natale et « merde », une dernière nuit ; il faut marquer l’évènement. Il s’embarque avec Barjot, son pote de toujours dans un Road movie nocturne, emprunt de poésie urbaine et de nostalgie, une soirée d’adieux jusqu’au crépuscule entre bière et pétard, entre vagabondage et fiesta en fin de course, un parcours initiatique du bar « le bateau ivre » au quartier rouge. Appollo et Oiry signent une BD d’atmosphère marquée par les couleurs © FUTUROPOLIS-Appollo/Oiry bleu nuit des extérieurs et les couleurs chaudes des intérieurs. Un album qui retrace avec justesse un de ces moments charnières de l’existence où la vie et tout l’univers s’offre à vous.
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TRANCHE DE VIE
© GLENAT-Hubert/Caillou
Une jeune femme et un jeune homme sont minces. Trop minces pour leurs proches qui s’en inquiètent. Eux, par contre, ne voient pas leur maigreur et ne se considèrent pas malades. Ils ne s’alimentent plus suffisamment et mettent leur santé en danger. Allant consulter un psy, ils vont se rencontrer sur le palier, se découvrir, se comprendre et finiront par s’installer ensemble. Cet ouvrage traite de l’anorexie mentale en se gardant d’ébaucher les causes supposées de la maladie. Centré sur les troubles alimentaires, nous assistons au quotidien de deux êtres qui cherchent à contrôler leur corps pour le rendre supportable à leurs yeux. Sans tomber dans le voyeurisme cette BD qui traite d’un sujet grave, nous permet d’adopter un regard compréhensif soutenue par un dessin tout en sensibilité.
Polina Bastien Vivès.- KSTR, 2011.-206 p. : illustrations en noir et blanc ; 28 cm.
TRANCHE DE VIE
Dans ce nouvel album, Bastien Vivès nous invite à découvrir la vie d’une danseuse classique de sa plus tendre enfance à sa vie d’adulte. Inspiré de la vie de Polina Semionova, il nous fait pénétrer dans ce monde d’exigence, de rigueur et surtout de grâce. Polina rentre au conservatoire très jeune et l’on suit son parcours, de l’exigence de ses professeurs, notamment le professeur Bonjinsky, aux rencontres amicales et amoureuses de son âge. A force de travail et de ténacité, elle finira par réaliser son rêve : devenir danseuse professionnelle ! L’album est tout simplement magnifique, tout en bichromie le dessin de © KSTR-Vivès
Bastien Vivès nous entraine dans le mouvement des chorégraphies, son trait qui peut paraître imprécis pour certains, se révèle au fil de l’album très souple, audacieux et surtout gracieux ce qui colle parfaitement à l’univers décrit dans cet album… En bref, un récit de toute beauté !
Accords sensibles scénario Régis Hautière, ; dessin Antonio Lapone.- Glénat, 2011. 128 p. : illustrations en couleur ; 25cm.
© GLENAT-Hautière/Lapone
Simon tombe amoureux d’Audrey qui aime Gordon, le talentueux musicien de jazz, dont la chanson succès a été inspirée par son coup de foudre pour Anna. Anna, qui vient de se séparer de Lester, coureur invétéré dont rêve Gabrielle, la compagne du sage Simon. Cette valse amoureuse, sur fond de jazz, dans les années 50, est traitée avec beaucoup de délicatesse. Six personnages se rencontrent, s’aiment et se ratent en cinq courts chapitres, plus un carnet de croquis et un épilogue situé beaucoup plus tard dans le temps. Trois hommes et trois femmes graphiquement très distincts, avec des choix chromatiques différents pour chaque histoire et un trait élégant qui sert parfaitement ce chassé-croisé mélancolique et musical.
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Au nom du fils (Ciudad perdida). 1 un récit de Serge Perrotin, dessin et couleur de Clément Belin.- Futuropolis, 2011 47 p. : illustrations en couleur ; 30 cm.
Le Droit Chemin : 1.Les Enfants terribles Wilfrid Lupano, dessins Morgann. – Delcourt.-48 pages : illustrations en couleur ; 31 cm.
© DELCOURT-Lupano/Morgann
Centre de la France, 1929. Après s’être fait exclure de plusieurs établissements, Jules arrive dans un lycée agricole à la discipline très stricte. Tout d’abord méprisé par ses camarades, il se lie finalement d’amitié avec Marcel, un doux rêveur romantique, et deux frères, Camille et Félix, toujours partants pour faire ce qui est interdit. L’atterrissage en catastrophe de Violette Noris, sportive à la forte personnalité, va amener du piquant dans leur vie. On suit avec plaisir le quotidien de ces quatre adolescents dont l’envie d’apprendre un métier n’est pas vraiment primordiale. Les dessins retranscrivent parfaitement l’ambiance des années 20. Un album plein d’humour et d’aventures.
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TRANCHE DE VIE
© FUTUROPOLIS-Perrotin/Belin
Parti pour un an, Etienne est enlevé en Colombie par l’armée de libération nationale. Son père, ouvrier métallurgiste, part à sa recherche. Il rencontre un routard qui a voyagé avec Etienne et refait le périple que son fils a suivi jusqu’à la montagne où s’est déroulé l’enlèvement. Au fur et à mesure de ses recherches, le père découvre certaines facettes de son fils et prend goût à ce voyage. On suit avec sympathie ce père naïf qui part à l’aventure. Il tient un carnet de route pour sa femme qui nous permet de comprendre les divers sentiments qui l’agitent et sa surprise face à ce fils décrit par d’autres et qu’il ne connaît pas. Le dessin est clair et réalisé dans des harmonies de verts et de bruns. On attend avec impatience la fin de cette quête prévue en deux parties.
Les autres gens
TRANCHE DE VIE
Thomas Cadène ; prologue de Boulet - Dupuis, 2011. 220 p. : illustrations en noir et en couleur ; 25 cm Lorsque Mathilde Islematy est abordée par un inconnu – Hyppolite Offman – qui lui demande des chiffres pour compléter une grille de loto, elle est loin de se douter qu’elle va toucher le gros lot. Car le lendemain, Hyppolite la rappelle pour lui annoncer qu’ils ont gagné et qu’il souhaite partager sa nouvelle fortune avec elle. C’est le point de départ du récit des « Autres Gens ». Mathilde, jeune étudiante nouvellement fortunée, cache à sa famille et à ses amis ce qui lui arrive : ses copains de fac, Camille, Emmanuel et Arnaud ont fort à faire avec leurs vies amoureuses et leurs études ; quant à ses parents, ils sont en pleine crise de couple. Hyppolite Offman, quant à lui, est issu d’une famille d’industriels fortunés. De l’argent, il en a déjà plein les poches. Sa femme Faustine et lui décident d’utiliser ce nouvel apport pour s’éloigner de cette riche famille et vivre une vie de couple loin des mondanités de la jet-set. Mais c’est sans compter sur le destin qui les rattrapera … Vous l’aurez compris, l’une des particularités, des « Autres Gens », c’est sa galerie de personnages foisonnante et très diversifiée. Le scénario s’attache à décrire la vie de chacun de ces héros du quotidien. Thomas Cadène, le scénariste, aborde à travers eux une multitude de thématiques : problèmes de famille, amitié, chômage, homosexualité, rapport à l’argent, Facebook, amour, sexe, politique, sexe… bref la vie en somme ! A l’origine, les épisodes qui composent cette bande dessinée sont publiés sur un site Internet : www.lesautresgens.com sous forme de feuilleton auquel il faut s’abonner (plusieurs formules d’abonnement au mois, à l’année ou pour les archives sont proposés sur le site). L’idée de Thomas Cadène est de confier chaque épisode quotidien à un dessinateur différent. Les Autres Gens offre donc un panorama riche et varié de la nouvelle génération d’auteurs de bande dessinée : Bastien Vivès, Nicolas Wild, Boulet, Sébastien Vassant, Vincent Sorel, Clotka ou encore Chloé Cruchaudet font partie de l’aventure.
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Chaque épisode en ligne, repris sous format papier, offre donc un univers graphique différent et fait avancer l’intrigue. La série papier risque d’être composée de nombreux tomes puisque les trois premiers sortis en librairie au moment de la rédaction de cette chronique reprennent les 66 premiers épisodes de la saison 1 qui en compte plus de 200 ! Et la saison 2 vient de commencer… Mais pas de panique, les personnages sont tellement attachants que vous n’aurez qu’une envie une fois plongé dans le premier tome : découvrir les nouveaux épisodes ! C’est bien simple : il y avait la cigarette, le chocolat, la série Lost, les pauses Facebook, les paris sportifs, les anti-dépresseurs, les jeux-vidéo, un bon verre de vin, le shopping… Désormais il y aura les Autres Gens. Thomas Cadène a réussi le tour de force de créer une nouvelle addiction !
Le chien gardien d'étoiles / Takashi Murakami.- Sarbacane, 2011. 128 p. : illustrations en noir et blanc ; 22 cm. La police japonaise découvre dans un champ un véhicule abandonné. Dans ce véhicule se trouve le cadavre d'un homme dont la mort remonte à un peu plus d'un an. Au dehors, ils trouvent également le cadavre d'un chien qui est mort plus récemment. Un flashback nous ramène quelques années plus tôt lorsqu'un employé au chômage offre un chien à sa fille. Celle-ci s'en occupe les premiers jours mais l'homme doit prendre la relève très rapidement comme souvent lorsqu’on offre un animal à un enfant. Puis sa femme le quitte, emmenant la fille avec elle. Il ne lui reste plus rien sinon le chien. Il part alors sur la route au volant de sa voiture avec l'animal. Il se fait voler ses papiers et devient alors sdf. Il finit par vivre dans un champ dans sa voiture, toujours accompagné par son chien qui restera avec lui jusqu'au bout du voyage. C'est une histoire très poignante qui nous est racontée dans ce manga. On en connait l'issue dès le début mais l'auteur fait en sorte que l'on soit intéressé par le déroulement des événements qui ont poussé cet homme sur les routes. On est très touché par le dévouement du chien qui restera le seul et unique compagnon jusqu'à la fin.
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TRANCHE DE VIE
Le Chien Gardien d’étoiles
Omni-Visibilis Matthieu Bonhomme, Lewis Trondheim.- Dupuis, 2010. 158 p. : illustrations en couleur ; 25cm. Un matin, Hervé Boileau, employé de bureau d'une trentaine d'années, découvre avec horreur que le monde entier est capable de voir ce qu’il voit, d’entendre ce qu’il entend, de sentir ce qu’il sent, y compris sa mère qui est à des kilomètres de là ! Ce don est vite mis à profit par un entourage malveillant. La vie devient infernale et deux de ses amis essaient de le mettre à l’abri. Une bonne idée de scénario qui fourmille de gags et amène à des situations drôles et loufoques. Le dessin en bichromie blanc-bleu est dynamique. On finit par s’attacher à ce héros aux manières peu sympathiques, un peu looser, qui nous concocte la pirouette finale. Réjouissant.
HUMOUR
© DUPUIS-Bonhomme/Trondheim
Old Skull B-Gnet.- 6 pieds sous terre, 2010.-56 p. : illustrations en noir et blanc ; 28 cm.- (Monotrème).
© 6 PIEDS SOUS TERRE-B-Gnet
Il est impossible de résumer ce one-shot, pour cause d’absurde, de loufoque, d’humour décalé et d’un bon paquet de trajectoires croisées. Au mieux peut-on interpeller le lecteur sur cet album sorti en 2010 chez six pieds sous terre, et qui a l’avantage de surprendre et d’emmener vers les territoires délicieux de l’humour noir. A l’ensemble de ces histoires toutes plus hallucinantes les unes que les autres, est attribué un dénominateur commun : l’Ouest sauvage et américain. La couverture ne dément pas, qui affiche d’emblée un crâne de bison blanchi. Et nécessairement, des flingues, des indiens, des chasseurs, de l’amour aussi (enfin, si l’on peut appeler ça de l’amour), caractéristiques qui semblent présentes dans le but unique de pouvoir être détournées de leur fonction stéréotypique par un auteur à malice. Un bonbon acidulé offert par B-Gnet dans un noir et blanc simple, efficace et avant tout… Drôle.
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Bludzee Lewis Trondheim.- Delcourt, 2010. 384 p. : illustrations en couleur ; 13 x 18 cm.- (Shampooing). Bludzee est un chat d'appartement, jeune, de couleur noire, avec de grands yeux bleus. Son propriétaire est parti, le laissant seul. Il doit apprendre à se débrouiller seul et à se nourrir. Il pense beaucoup à jouer et de nombreux visiteurs vont se présenter à la porte. Parmi eux de méchants extra-terrestres dont il lui faudra repousser les attaques. Ecrit sous forme de strips de six cases, on suit les aventures de ce petit chat attachant avec beaucoup de plaisir. Trondheim excelle encore une fois dans cet exercice.
West Terne Michel Galvin.- Sarbacane, 2011.-75 p. : illustrations en noir et blanc ; 30 cm.
© SARBACANE-Galvin
Nous sommes dans le grand Ouest américain à l'époque de la conquête des terres par les soldats. Le 69ème de cavalerie, basée dans son fort, voit ses femmes disparaitre sur les terres indiennes. Un détachement est envoyé pour poursuivre les ravisseurs. Les tuniques bleues sont confrontées à un problème qui a tout l'air de leur échapper. Michel Galvin n'est pas un inconnu. Il avait déjà sévi avec "Fin de chaine", une BD complètement déjantée avec un humour très particulier faisant appel au non sens et à l'absurde. On retrouve ici ces mêmes ingrédients. Mais alors que des animaux étaient mis en scène dans l'opus précédent, cette fois-ci, ce sont des humains qui sont victimes de la moquerie de l'auteur. C'est savoureux ! Le graphisme utilise la trame très peu utilisée actuellement dans le monde de la bande dessinée, avec de nombreuses nuances de gris. Un auteur qui sort des sentiers battus et qui est donc à surveiller de très près.
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HUMOUR
© DELCOURT-Trondheim
Asterios Polyp
ROMAN GRAPHIQUE
David Mazzucchelli.- Casterman, 2010. non paginé : illustrations en couleur ; 27 cm.
© CASTERMAN-Mazzucchelli
Asterios Polyp, c’est l’histoire d’un changement de vie radical ! Astérios Polyp est un architecte brillant, universitaire reconnu et admiré qui se retrouve le soir de ses 50 ans seul chez lui. Et là, tout bascule : la foudre, l’orage renverse l’équilibre de son univers froid et rigide et il se retrouve d’un seul coup, à la rue et va se laisser porter vers un avenir sans ses repères habituels. Il sera accompagné de flash back sur son passé : sa rencontre avec la belle Hana , leur séparation … Déambulation hasardeuse, fuite assumée, Astérios Polyp nous entraîne dans une histoire très originalement construite et brillamment menée. Le style graphique de David Mazzucchelli suit impeccablement le récit : du choix des couleurs à la police des caractères, différente pour chaque personnage, tout cet ensemble confère à l’album une véritable sensibilité ! A découvrir absolument… Prix Spécial du jury, Angoulême 2011.
Local scénario Brian Wood, dessin Ryan Kelly.- Delcourt, 2010. 323 p. : illustrations en noir et blanc ; 26 cm.- (Contrebande).
© DELCOURT-Wood/Kelly
Local ou les mille et une vies de Megan Mc Keenan : en effet, cet album nous raconte douze morceaux épars de la vie d'une jeune américaine à travers douze villes des Etats-Unis. Ces quelques bribes de vie nous racontent l'évolution d'une jeune femme qui se cherche à travers la fuite. Incapable de se faire des amis, incapable de rester en place, elle trouvera pourtant au long de son parcours la force de grandir, d'évoluer et de trouver sa place dans la société. Chacune de ces scénettes peut se lire indépendamment l'une de l'autre, et pourtant, c'est ensemble qu'elles font sens. Les paysages, les décors urbains ont une large place dans l'album et c'est à un voyage à travers les Etats-Unis que nous invitent Brian Wood et Ryan Kelly. Un voyage existentiel qui appor-
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Etat de veille Davide Reviati.- Casterman, 2011.-348 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.
L’Origine de la Vie : autobiologie de molécule originelle Tande, Leif.- La Pastèque, 2010.- non paginé : illustration en couleur ; 22 cm. Tout commence par une cellule. Mais pas n'importe laquelle ! La première apparue sur Terre... Bon, il faut bien l'avouer les premières pages de cet album sont quelque peu déconcertantes. Un rond rouge qui baigne dans de l'eau, peu de texte et une cellule qui prend vie. C'est ce que l'on appelle de la bande dessinée minimaliste. Mettez-vous quelques secondes à la place de cette cellule microscopique. Vous auriez fait quoi ? Vous vous seriez mis à parler comme elle. Toute seule. Et puis petit à petit, elle grandit, se pose des questions. Qui estelle ? Que fait-elle là ? Est-elle un homme ou une femme ? Et à force de persévérance, elle finit par se mitoser. A évoluer, à se faire pousser des yeux, des flagelles, un pénis... Et à donner naissance à une famille un peu particulière : un fils qui évolue plus vite qu'elle et qui lui ©LA PASTEQUE-Tande apprend la reproduction sexuée, deux filles qui le détestent, un petit-fils carnivore... Vous l'aurez compris, cette BD est très déjantée : c'est la marque de fabrique de l'auteur ! On se paye une bonne tranche de rigolade avec cette « autobiologie » de cellule. Tande, qui a développé cette histoire sur son blog, aborde sur un mode très cynique des sujets divers : sexualité, religion, famille, drogue, société, complexe d’œdipe... rien ne résiste à la moulinette de l'humour acerbe et au regard décalé de ces petites cellules. Passer à côté de cette BD pour raisons graphiques serait du gâchis. Accrochez-vous, laissez une chance à cette histoire, vous ne regretterez pas votre voyage dans l'infiniment petit. 19
ROMAN GRAPHIQUE
Dans ce roman graphique, David Reviati a sans doute puisé dans ses souvenirs d’enfance des années 1970 pour raconter l’histoire d’une bande d’adolescents vivant à proximité d’une usine pétrochimique, dans un village construit que pour l’usine. Dans ce décor, l’équipe de foot fait partie intégrante du décorum mis en place par les dirigeants de l’usine. Les parties de foot s’éternisent au pied des immeubles, dans une odeur nauséabonde des cheminées fumantes gorgées de gaz nocif. Le temps passant achemine ses jeunes vers l’âge adulte, et vers un horizon inexorablement bouché pour ceux qui resteront, résignés à subir le même sort que leurs parents. © CASTERMAN-Reviati Etat de veille en Italien signifie « Le sommeil des gens dont la vie s’écoule entre inconscience et conscience, indifférence et lucidité ». Le dessin en noir et blanc tracé à la mine fait apparaitre dans des scènes décomposées le mouvement, la lenteur et aussi l’urgence du temps qui passe. Prix du meilleur album, Naples 2011.
Les Larmes de l’assassin
SOCIETE
Thierry Murat ; librement adapté du roman de Anne-Laure Bondoux.- Futuropolis, 2011. 125 p. : illustrations en couleur ; 28 cm. Paolo, jeune garçon livré à lui-même, vit avec ses parents dans une ferme isolée sur les terres désertiques de la Patagonie. Un jour arrive Angel, assassin en cavale. Pour s’emparer de la maison, il tue les parents de Paolo mais épargne celui-ci car il n’a jamais tué d’enfant. Ces deux êtres en perdition vont donc cohabiter, puis s’apprivoiser au fil des jours jusqu’à s’aimer comme un père et son fils ; cet amour improbable va être contrarié par l’arrivée de Luis Secunda, jeune homme idéaliste et un peu poète… C’est un formidable pari que réussit Thierry Murat de traduire en images ce roman où se mêlent, mort et amour, solitude et résilience. La taille des cases, souvent larges et silencieuses ; le trait charbonneux et les jeux d’ombres ; les couleurs : une palette de tons ocres, sable, marrons, © FUTUROPOLIS-Murat/Bondoux bleus sombres et gris traduisent parfaitement les différents sentiments exprimés dans ce récit ainsi que les paysages désolés et l’alternance des saisons.
Immigrants : 13 témoignages, 13 auteurs de bande dessinée et 6 historiens récits de Christophe Dabitch ; dessins de Etienne Davodeau, Christian Durieux, Manuele Fior et al. ; textes de Marianne Amar, Marie-Claude Blanc-Chaléard, Liêm-Khê Luguern et al.- Futuropolis, 2010. 118 p. : illustrations en noir et en couleur ; 30 cm. Christophe Dabitch a rassemblé 12 dessinateurs de BD et 6 historiens qui ont sélectionné plusieurs témoignages de personnes venues en France pour différentes raisons : politiques, médicales, familiales … Et d’origines complètement différentes : Maroc, Angola, Roumanie, Portugal, Urugay … Chaque témoignage est traité de manière différente par un illustrateur, ce qui fait la force du livre et permet de découvrir de nouveaux univers graphiques. Nous retrouvons également entre chaque témoignage, des textes d’historiens qui apportent un éclairage différent, plus théorique à l’ouvrage. Une BD-documentaire très bien réussie et qui ne nous laisse pas insensible. © FUTUROPOLIS-Dabitch
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Fête des morts un récit de Stéphane Piatzszek, dessin de Olivier Cinna.- Futuropolis , 2011. 101 p. : illustrations en noir et blanc ; 30 cm. Serge est un inspecteur dépêché par les autorités françaises au Cambodge pour lutter, en collaboration avec la police locale, contre le tourisme sexuel. Initialement simple observateur, une fois confronté aux déviants en tout genre et à son impuissance face aux trop jeunes victimes, ce personnage bourru et franchouillard décide de sortir de son rôle et d'aller bien trop loin. Mais qu'importe, plus rien ne le retient en France Cet album est marqué par un très beau travail du noir et blanc, et un trait vivant et dynamique. Le scénario est bien mené et la lecture agréable malgré un thème pas vraiment glamour. Sans jamais tomber dans le pathos ou l'insoutenable, cet album reste terriblement pertinent. © FUTUROPOLIS-Piatzszek/Cinna
Lucie Lomová.- Actes Sud, 2011.-151 p. : illustrations en noir et en couleur ; 27 cm.- (L'an 2). Alberto Vojtech Fric est un botaniste Tchèque. Lors d'un voyage au Paraguay il découvre une tribu victime d'un mal inconnu. Il part en direction de la civilisation avec Tcherwuis, un indien. Le voyage les emmenera jusqu'à Prague. Sur place, l'indien va guérir et apprendre à vivre comme un occidental. Parallèlement, Fric est en difficulté, ses travaux ne sont pas reconnus et il a toutes les peines du monde à obtenir l'argent qui pourrait ramené Tcherwuis chez lui. Lorsqu’enfin c'est possible, Tcherwuis de retour dans sa tribu, est considéré comme un étranger. Personne ne croit à ses récits sur le monde moderne. Fric est un personnage qui a réellement existé. Il était aussi ethnographe. Grand spécialiste des cactus, il sera aussi l'ami de cet indien qu'il ramène © ACTES SUD-Lomová du Paraguay. La force de cette BD est de bien mettre l'accent sur cette relation amicale en construction, avec ses hauts et ses bas. Elle est aussi le témoignage de ce qui s'est passé à une époque où des populations autochtones étaient exhibées devant la bourgeoisie des grandes capitales.
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SOCIETE
Les Sauvages
Special Branch : 1.L'agonie du Léviathan scénario Roger Seiter, dessin Hamo.- Glénat, 2011
POLICIER
48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica). Fin XIXème, près de Liverppol. Un paquebot échoué est en démantèlement lorsqu’un cadavre momifié y est découvert. Dans la redingote du mort se trouve la photo d’un haut gradé de la Navy . Parallèlement, un rôdeur assassine un à un les veilleurs qui l'ont surpris sur le bateau. L'enquête est confiée à Charlotte et Robin, frère et sœur et éminents membres de la Special Branch, une ramification secrète des services de police anglais. L’auteur Roger Seiter, historien de formation, utilise avec habileté les personnages afin de nous placer dans l’intrigue. Nous suivons dans ce premier tome les prémices de l’enquête et découvrons aussi les origines de la police scientifique. Dans son dessin, Hamo, jeune auteur et © GLENAT-Seiter/Hamo complice de Roger Seiter ne s’encombre pas beaucoup de détails ; mais grâce à son style nerveux et élégant, il rend ses personnages sympathiques et expressifs. Vivement le second tome car cet album est vraiment réussi bien qu’il faille attendre la fin pour que notre curiosité soit vraiment attisée.
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L’Assassin qu’elle mérite : 1.Art nouveau scénario Wilfrid Lupano, illustrations Yannick Corboz.- Vents d'ouest, 2010. 56 p. : illustrations en couleur ; 33 cm. Vienne, 1900. Alec, jeune homme riche et provocateur, las des artistes en vogue décide d’imaginer une véritable œuvre d’art moderne qui sera, selon lui, représentative de cette odieuse société : transformer un jeune homme pauvre et honnête en un assassin. Il parie avec un ami que cette idée est réalisable et arrête son choix sur Victor, un jeune homme en fugue après une énième querelle avec son père. Alec lui ouvre les portes d’une maison de plaisirs et un crédit illimité. Pendant plusieurs jours, Victor va vivre comme dans un rêve jusqu’à ce qu’Alec lui coupe les vivres. Le graphisme permet au lecteur de se plonger dans l’ambiance de © VENTS D’OUEST-Lupano/Corboz
Vienne
De briques et de sang scénario Régis Hautière, dessins & couleurs David François.- KSTR, 2010. 146 p. : illustrations en couleur ; 28 cm
© KSTR-Hautière/François
L'action se situe au Familistère de Guise. Cet édifice picard à réellement existé. Erigé au XIXème siècle par Godin, le fabricant de poêles en fonte, ce projet pharaonique avait pour but de construire un ensemble de bâtiments regroupant les usines mais aussi les habitations ainsi que des bâtiments pour le bien être des ouvriers (piscine, magasins, école, …). Cette expérience durera jusqu'en 1968. Aujourd'hui les bâtiments sont classés et sont ouverts à la visite. Nous sommes en janvier 1914 et un meurtre est commis au familistère. L'enquête, menée par la police mais aussi par Ada, jeune fille du familistère et Victor Leblanc, journaliste à L'Humanité, nous plonge dans l'histoire du familistère, tandis que d'autres meurtres surviennent … L'élément essentiel de cette histoire reste le familistère véritable personnage à lui seul, le tout dans une ambiance de commérages et de communauté « secrète ». Une enquête historique. 23
POLICIER
en ce début de XXème siècle, et nous montre la lutte des classes. Le scénario s’accorde harmonieusement au dessin réaliste et aux couleurs chatoyantes. Une intrigue prenante et parfaitement menée.
Sherman 1.New York, La Promesse, 2.Wall Street, l’Ascension, 3.Lana, la Passion Stephen Desberg, illustrations Griffo ; couleurs Roberto Burgazzoli.- Lombard, 2011. 48 p. : illustrations en couleur ; 30 cm.- (Troisième vague).
POLICIER
Sherman ou l’american dream qui vire au cauchemar : Jay Sherman semble avoir plus que réussi sa vie. Fils de clochard, il a vécu une ascension sociale fulgurante : réussite professionnelle, financière et familiale . Son fils ne s’apprête –t-il pas à briguer la présidence des Etats Unis ? Bref, tout semble parfait quand soudain l’équilibre bascule : son fils se fait assassiner… La success story des Sherman s’arrête brusquement, et Jay Sherman est bien décidé à comprendre la machination qui le touche et cela ne se fera pas sans aller remuer son passé trouble et mystérieux… Album dans la continuité de la collection 3ème Vague (espionnage, polar) Sherman s’annonce d’emblée comme un thriller ultra efficace. Tous les ingrédients sont là (vengeance, jalousie, meurtre, séduction, histoire dans l’Histoire…) et nous promettent de passer de bons moments en compagnie de cette série brillamment menée par Desberg et Griffo !
© LOMBA
RD-Desbe
rg/Griffo
/Burgazz oli
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Le Frisson scénario Jason Starr, dessin Mick Bertilorenzi.- Delcourt, 2011. 187 p. : illustrations en noir et blanc ; 26 cm.- (Contrebande. Dark night).
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POLICIER
Dans les années 60, en Irlande, un couple s’apprête à faire l’amour sur les falaises pour la première fois. Au moment de l’orgasme du jeune homme, celui-ci se retrouve gelé sur place. Martin Cleary a reçu le Frisson de la part d’Arlana. Effrayée, elle abandonne Cleary à son sort et se réfugie auprès de son père qui voit là l’occasion de profiter du pouvoir naissant de sa fille : grâce au Frisson et au sacrifice rituel des victimes, Arlana et lui pourront conserver leur jeunesse éternelle. De nos jours à New York, un serial killer tue des jeunes hommes et les découpent ensuite en morceaux. La police n’arrive pas à localiser le tueur d’autant que les témoins se contredisent : s’ils s’accordent à déclarer que les victimes ont été vue en compagnie d’une femme très séduisante, au© DELCOURT-Starr/Bertilorenzi cun ne la décrit de la même manière… Le Frisson inaugure la nouvelle collection de polars en bandes dessinées Dark Night, lancée par la maison d’édition Delcourt. Teinté de fantastique, ce premier récit de la collection nous plonge dans un univers de meurtres, rituels celtiques, de sexe et de sang. Incroyablement efficace, le scénario du romancier Jason Starr est aussi extrêmement bien ficelé. Il est impossible de lâcher cet album sans l’avoir lu d’un trait. Le dessin en noir et blanc de Mick Bertilorenzi est simple mais accrocheur et dynamique, tout au service de ce thriller sanglant. Rien à dire, ce polar sexy et captivant fait froid dans le dos !
Lisier dans les yeux
POLICIER
Franck Resplandy, illustrations Fritz.- 6 pieds sous terre, 2010. 104 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.- (Céphalopode) (Le poulpe ; 21).
© 6 PIEDS SOUS TERRE-Resplandy/Fritz
Un jeune éleveur des Côtes d'Armor se noie mystérieusement dans sa fosse à lisier. Il était à la tête d'une exploitation d'élevage de porcs en passe d'adopter des méthodes plus respectueuses de la nature. Gabriel Lecouvreur, « Le poulpe » qui lit l'article de journal décide d'aller mener l'enquête. Sur place il découvre un monde à part, celui de l'agriculture conventionnelle peut regardante sur l'impact qu'elle peut avoir sur les nappes phréatiques. Véritable dénonciation du monde agricole tel qu'il est aujourd'hui avec ces élevages intensifs, ce dernier « Poulpe » est aussi une enquête qui plonge dans les milieux bourgeois, les banques et les syndicats agricoles prêts à toutes les exactions pour arriver à leur fin : celle du profit rapide.
Dernière station avant l’autoroute adapté du roman de Hugues Pagan ; Mako, Didier Daeninckx, Domnok.- Casterman, 2010. 98 p. : illustrations en couleur ; 26 cm.- (Rivages-Casterman-noir). Dernière station avant autoroute, raconte le quotidien d’un flic usé par un lourd passé, envoyé sur le lieu d’un suicide. Il s’avère que ce cadavre est un sénateur qui a côtoyé le pouvoir de près, voir de trop près, et qui est impliqué dans plusieurs enquêtes parlementaires. Une disquette contenant des informations importantes a disparu, et on soupçonne le flic de l’avoir dérobée. Alors une descente aux enfers commence, lente et inexorable. Dans cette histoire glauque à souhait, on suit la lente dérive d’un flic revenu de tout. Cette adaptation du roman d’Hugues Pagan a su garder l’ambiance digne des meilleures séries noires des années 60, très bien restituée par le dessin de Mako. © CASTERMAN-Pagan/Mako/ Daeninckx/Domnok
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Ella Mahé 1.La fille aux yeux vairons, 2.Princesse des sables, 3.Celle qui n’a pas de nom, 4.La couleur des Dieux Maryse et Jean-François Charles, illustrations André Taymans, Jean-François Charles.- Glénat, 2010. 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Caractère).
© GLENAT-Charles/Taymans
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AVENTURE
En Egypte, de nos jours. Ella Mahé, restauratrice de manuscrits anciens se retrouve malgré elle liée à une mystérieuse princesse de la 18ème dynastie avec qui elle partage la singularité d'avoir deux yeux vairons. Sa rencontre avec le séduisant Thomas Reilly va être à l'origine d’une enquête à travers tout le pays, afin de percer le secret de cette fameuse princesse sans nom. Le hasard lui fera découvrir plusieurs témoignages de personnages ayant mis à jour une part du mystère, à différentes époques de l'Histoire d'Egypte: celle de la découverte de la tombe de Toutankhamon, de la construction du canal de Suez, et ainsi de suite jusqu'à l'Antiquité … A la quête de l'héroïne, va donc se superposer la rétrospective des témoignages, grâce à l'enchainement d'illustrations de différents auteurs tel que : Jean-François Charles, André Taymans et Francis Carin. Cette mise en scène originale permet d'alterner différents moments clés de l'Histoires ainsi que différents vécus qui nous rapproches au fil des albums, de la vérité. Cette saga archéologique, prévue en quatre tomes, mêle Histoire et intrigues contemporaines, suspens et sentiments : tous les ingrédients d'une divertissante BD d'aventure.
Le Testament du capitaine Crown : 1.Cinq enfants de putain
AVENTURE
Tristan Roulot, illustrations Patrick Hénaff.- Soleil, 2011. 48 p. : illustrations en couleur ; 33 cm. Célèbre pour sa sauvagerie et sa maladie, la lèpre, Crown a été torturé dans le but de lui soutirer l’emplacement de son trésor, puis laissé agonisant et délirant. Pour exécuter le testament de son capitaine le second du navire, « Red », doit réunir les cinq rejetons du pirate. Entre le prêtre, l’esclavagiste, le naufrageur, le mousse et l’aventurière, la réunion risque d’être mouvementée. Ce d’autant plus que l’un de ces enfants de putain est complice voir commanditaire du meurtre du Capitaine Crown. De l’aventure, du suspense, du vent dans les voiles et de la trahison : tout ce qu’il faut pour passer un excellent moment. Le tout est servi par un très beau dessin, classique mais dynamique et lumineux. Les personnages principaux promettent une suite pleine de rebondisse© SOLEIL-Roulot/Hénaff ments tant leur association est improbable. Pendaisons, malédictions et pirates crasseux : voici une bonne, très bonne bande dessinée d’aventure.
Les Gardiens des enfers scénario Alcante, illustrations Matteo.- Glénat, 2010.-64 p. : illustrations en couleur ; 32 cm. Et si l’enfer des gardiens de phare n’était pas celui que l’on croit, en pleine mer par jour de tempête… Suite à un accident qui lui a coûté l’avant bras, un jeune gardien gagne sa place au « purgatoire », un phare sur une île. Il y rencontre Maître Bowen, homme sympathique qui a la manie de perdre ses seconds dans d’horribles et tragiques circonstances. Paradis, enfer, purgatoire, les dieux et les diables ne sont pas loin. Peut-être même verront nous pointer la queue de certains. Une très belle réussite et beaucoup d’originalité pour cette BD en un seul volume. Deux époques, quatre drames, des centaines de sacrifiés pour une éternité, n’est ce pas cher payé ? Mention particulière pour Mattéo dont le style coloré et soigné sublime les paysages marins et littoraux. © GLENAT-Alcante/Matteo
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Barracuda : 1.Esclaves Jean Dufaux, Jérémy.- Dargaud, 2010.-51 p.-8 pl. : illustrations en couleur ; 32 cm.
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AVENTURE
A bord du Barracuda , les hommes de Blagkdog affûtent leurs lames en vue d’un abordage. Le vaisseau du capitaine de La Loya navigue paisiblement lorsqu’il est pris d’assaut par l'équipage du redouté Barracuda. De riches passagers sont faits prisonniers : une noble dame, Dona Del Scuebo, sa fille Maria, et Emilio, un garçon déguisé en jeune femme (le narrateur de l’histoire). Le vieux capitaine, d’un cynisme à toute épreuve, prend immédiatement conscience du profit qu'il peut tirer des détenus qui se font en outre dérober la carte qui mène au diamant du Kashar… Embarqué par le terrible capitaine Blackdog et son fils Raffy, aussi cruel, le trio est vendu aux enchères sur l’île de Puerto Blanco. Bientôt, Dona Del Scuebo succombe . Blackdog part alors à la recherche du diamant © DARGAUD-Dufaux/Jérémy mythique laissant les trois jeunes gens aux caractères bien trempés Raffy, Mario et Emilio- sur l’île, chacun aux prises avec son destin et ses envies de revanche… Jean Dufaux et Jérémy ont trouvé dans ce monde de bruit, de fureur et de machinations le contexte idéal pour cette nouvelle série, fresque sanglante articulée autour des destins croisés de ces trois adolescents. Jean Dufaux affectionne cet univers de la piraterie, où règne passion et sang. C’est la première oeuvre graphique complète de Jérémy, le coloriste de Murena .Il réussit des planches au réalisme soigné. Résultat, on embarque volontiers pour cette aventure de piraterie ingénieusement menée. « Pas de pitié ! Pour personne... jamais ! »
Janet Burroughs
AVENTURE
Françoise-Sylvie Pauly, illustrations Pascal Croci, Sandrine Py.- EP Emmanuel Proust, 2011. 112 p. : illustrations en couleur ; 34 cm.- (Atmosphères). Au XIXe siècle, Janet Burroughs, nièce de Sir Edgar Burroughs, écrivain créateur de Tarzan, découvre le continent africain. Elle est accompagnée de Sir Caldwin et du professeur Henry, venus explorer une partie de l'Afrique. Sa rencontre avec une tribu matriarcale dirigée par Aboudalé va la bouleverser et remettre en question son éducation. Dans cette bande dessinée, Janet raconte son expédition sous forme d'un carnet de voyage peint : beaucoup de dessins d'animaux, de visages, certains sur toute une page, quelques cartes. Jane est conquise par ce pays aux richesses multiples. Un magnifique récit où douceur, violence et amour se rencontrent. Rapporté en voix « off » sous la forme d’un journal de voyage et d’une let© EP-Pauly/Croci/Py tre posthume, le récit est surtout magnifié par les superbes illustrations très colorées de Croci et les croquis de Sandrine Py. Le grand format permet de rendre les portraits fascinants ; les dessins sont de petits chefs d’œuvres . Les couleurs chaudes et éclatantes nous font pénétrer en plein cœur d’étonnants paysages. Un fabuleux voyage !
Love : 1.Le Tigre Scénario de Frédéric Brrémaud, illustrations de Federico Bertolucci.– Ankama, 2011. 80 p. : Illustrations en couleurs ; 28 cm. Il est des albums qui vous fascinent et vous déroutent, tant par leur beauté que par leur excentricité. C’est le cas de Love (Prix spécial du jury au festival italien de BD LUCCA 2011). Comme une ode à la nature, sans texte, Love nous emporte dans les profondeurs de la jungle où l’on côtoient les merveilles animales et végétales. Dans cet album, nous observons le quotidien d’un majestueux tigre dans un décor exotique et paradisiaque, admirablement illustré. Proche du reportage animalier, l’album révèle une réalité aussi belle que cruelle... Comment ne pas être séduit par la beauté de ce monde sauvage ! Un premier tome somptueux … à suivre. © ANKAMA-Brrémaud
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Milady de Winter.1 Agnès Maupré.- Ankama, 2010.-134 p. : illustrations en noir et blanc ; 28 cm.- (Araignée).
© ANKAMA-Maupré
Curiosity Shop : 1914 : Le Réveil Teresa Valero, dessin Montse Martin.- Glénat, 2011. 56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica). 1914, une jeune fille des plus énergiques, Maxima Prado élevée en pensionnat en Belgique, rentre en Espagne à Barcelone pour les funérailles de son père, riche industriel du textile découvert mort dans des circonstances des plus mystérieuses … Soucieuse d’en savoir un peu plus, Maxima fuit sa ville natale pour Madrid afin d’essayer de découvrir la vérité sur la disparition de son père . Fan de Dickens, l’héroïne nous entraine dans une folle course à l’aventure dans la capitale espagnole entre ses ruelles sombres et crasseuses et ses beaux quartiers où l’art nouveau semble omniprésent. Un album à fond la caisse !!! © GLENAT-Valero/Martin
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AVENTURE
Tout le monde connait les quatre mousquetaires, l'histoire de d'Artagnan et celle des ferrets de la Reine. C'est un des personnages secondaires, mais tout aussi important, que l'on va découvrir en détail dans cette série. Il s'agit de Milady de Winter. On la découvre pendue à un arbre dès les premières pages. Son mari ayant essayé de s'en débarrasser. Elle se vengera et deviendra veuve. Elle vivra alors une vie trépidante. Maîtresse de d'Artagnan, elle sera aussi agent de Richelieu et tentera de compromettre la Reine avec l'affaire des ferrets. C'est une femme très moderne que l'on découvre avec cette BD. Milady de Winter est en avance sur son temps et vit à toute allure. Le dessin de Maupré rend tout à fait cette impression de mouvement incessant et d'aventure. Une très belle découverte.
Ida 1. Grandeur et humiliation, 2. Candeur et abomination Chloé Cruchaudet.- Delcourt, 2009. 55 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
AVENTURE
Une femme, chignons flanqués aux tempes et robe à crinoline. C’est l’image sur laquelle s’ouvre Ida. Une image qui pourrait hurler de classicisme fin XIXème si ladite femme n’était suspendue à un arbre par ladite robe à crinoline. C’est la première rencontre du lecteur avec Ida, 30 ans et vieille fille qui délaisse ses penchants hypocondriaques et la Suisse, catalogue de l’exposition universelle en main, afin de rallier le continent africain. Deux tomes d’un récit qui prend pour toile de fond l’histoire coloniale sans se départir d’une forme de légèreté apportée par la vivacité de l’héroïne, ses contradictions permanentes et la transformation qu’engendre chez elle un voyage initiatique. Cette métamorphose se traduit également dans le traitement graphique : les aquarelles de Cruchaudet, maîtrisées et belles, atténuent leur tonicité s’orientant progressivement vers des couleurs plus neutres à mesure qu’Ida épaissit et gagne en expérience. Prévue en trois tomes, cette série de qualité laisse une fois le second tome refermé un sourire et un sentiment d’affection pour ce personnage atypique qu’on vient de côtoyer et qu’on attend de retrouver. © DELC
OURT-C
det ruchau
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L’Appel des origines : 1.Harlem Callède, Séjourné, Verney.- Vents d'ouest, 2011.-56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm. Dans le Harlem des années 20 vit Anna, jeune métisse. Le jour, elle travaille dans le restaurant familial, la nuit venue, elle s’éclipse pour aller danser dans les clubs de jazz. Tourmentée par ses origines, elle apprend que son père, issu d’une riche famille blanche et qu’elle croyait mort, est vivant et qu’il a mystérieusement disparu dans une expédition en Afrique. Avec l’aide de Simon qu’elle a rencontré au Muséum d’Histoire Naturelle, elle est prête à tout quitter pour se lancer à la recherche de ce père inconnu disparu sur sa terre d’origine. Le duo Callède/Séjourné nous offre une plongée dans un Harlem en
pleine prohibition, au cœur des tensions raciales. Un récit où le © VENTS D’OUEST-Callède/Séjourné/Verney
Rani : 1.Batarde, 2.Brigande scénario Jean Van Hamme et Alcante, dessins Francis Vallès ; couleur Christian Favrelle. Lombard, 2009.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32cm. Cette série est une fresque romantique et épique. L’histoire met en scène la belle Jolanne de Valcourt au XVIIIème siècle. Cette jeune femme perd son père et l’héritage qu’il lui destinait au profit d’un demi-frère violent et cupide. Pour sauver sa vie, Jolanne devra s’exiler jusqu’en Inde. Ces albums de facture classique fourmillent de passions et de complots qui emporteront à coup sûr les lecteurs.
© LOMBARD-Van Hamme/Alcante/Vallès/Favrelle
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AVENTURE
drame côtoie l’amour. Le dessin réaliste restitue à merveille l’ambiance des années folles. Une grande aventure romantique.
Beauté : 1.Désirs exaucés Hubert, Kerascoët.- Dupuis, 2011.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
CONTE
Morue est la risée du village. Sa laideur est sujet des moqueries de tous. Lorsqu’elle rencontre un crapaud qui lui offre un vœu, Morue ne laisse pas passer l’occasion et demande la beauté qu’elle pense être la clé du bonheur. Mais bien sûr, les choses ne se passeront pas comme elle le souhaite. Sous des airs de conte pour enfants, cette BD nous offre une héroïne superficielle et ambitieuse, qui ne se préoccupe que de son propre bonheur, quitte à faire souffrir ceux qui l’aiment. Mais Morue n’est pas le seul personnage qui a ses failles. Les hommes n’ont pas vraiment de personnalité. Ils sont hypnotisés par la beauté de la jeune fille et restent © DUPUIS-Kerascoët/Hubert aveugles devant l’insensibilité de ses actes. Quant aux femmes, elles ne valent guère mieux ; cruelles envers une Morue laide, elles le sont tout autant lorsque celle-ci devient la plus belle fille du village. On laisse donc la morale de côté dans ce conte nous entraine facilement dans ses multiples rebondissements.
atypique
qui
Celle qui réchauffe l'hiver Pierre Place.- Paris : Delcourt , 2011. 212 p. : illustrations en couleur ; 27 cm.- ( Mirages ).
© DELCOURT-Place
Alors que le peuple inuit est une nouvelle fois confronté à la famine hivernale, Tagak et Anki, deux jeunes hommes encore plein de fougue, décident d’aller trouver la déesse sous la mer pour libérer les animaux retenus prisonniers dans sa chevelure et ainsi sauver leur tribu. Mais les esprits sont facétieux et susceptibles … Pierre Place nous offre un superbe album tant dans le graphisme que dans l’originalité du scénario. Il nous invite à partager une nouvelle perception de la nature, une perception animiste, mystique, dure et cruelle mais toujours aussi chaleureuse et pleine de l’humanité du peuple inuit. Avec un talent graphique indéniable l’auteur nous fait ressentir l’imbrication constante du réel et du mystique grâce à un dessin stylisé qui magnifie les dieux vents, les animaux totems les esprits de la mer et les hommes. Une bande dessinée qui donne un beau visage.
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Cœur de Glace
Marie Pommepuy & Patrick Pion.- Dargaud, 2011. 70 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Long courrier).
Le chien dans la vallée de Chambara récit et dessins Hugues Micol.- Futuropolis, 2011. 61 p. : illustrations en couleur ; 33 cm. Nous sommes dans le Japon moyenâgeux, une jeune fille, Maraki Zatu est à la chasse avec trois de ses voisins, Ishi, Ni et San, qui veillent sur elle suite au décès de son père. Durant la chasse, ils tuent un chien Mais celui-ci appartenait en fait à quelqu'un qui demande réparation. Bien trop lâches les trois voisins préfèrent le tuer. Voyant cela Makari s'enfuit en coupant par le lac gelé qui cède sous le poids du cheval. Les trois voisins choisissent de la laisser mourir, chacun voyant l'avantage qu'il pourrait tirer de la disparition de la jeune fille. La mère de Maraki, Kajin, n'ayant plus de protecteur est obligée de se remarier avec Ishi qui donne la fortu© FUTUROPOLIS-Micol ne de la veuve à Ni tandis que San devient général du clan. Graphiquement splendide avec des pages qui débordent de couleurs. Les dessins sortent souvent des cases. On pense évidement aux estampes japonaises. Les éditions Futuropolis ont bien fait de sortir cet album en grand format rendant révérence au travail de l'auteur. 35
CONTE
Deux enfants, Kay et Gerda, sont amis depuis leur plus jeune âge. Un jour, la reine des Glaces enlève Kay. Gerda décide de partir à sa recherche et pendant son périple va affronter divers dangers… Elle trouve refuge chez une vieille dame qui est en réalité une sorcière, rencontre un corbeau qui parle, est faite prisonnière par des ogres et ce n’est que grâce à l’amitié d’une jeune ogresse qu’elle parvient à s’enfuir. Après de nombreuses péripéties Gerda retrouve enfin son ami Kay. Cœur de glace est un one-shot librement inspiré du conte fantastique La Reine des neiges d’Andersen. Marie Pommepuy nous propose un scénario découpé en « sketchs » représentant les diverses aventures vécues par Gerda. L’ambiance du récit est plutôt lugubre, les per© DARGAUD-Pommepuy/Pion sonnages sont inquiétants voire effrayants. Le dessin de Patrick Pion très lisible et les couleurs façon aquarelle donne à l’album une atmosphère plutôt sombre, ténébreuse mais parfois merveilleuse.
Aslak : 1. L’œil du monde
FANTASTIQUE
Hub & Fred Weytens, dessins Emmanuel Michalak.- Delcourt, 2011. 55 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Terres de légendes).
© DELCOURT-Weytens/Michalak
Un roi viking écoute une histoire contée par son conteur personnel. Cette histoire il l’a déjà entendue maintes et maintes fois. Il demande au conteur une nouvelle histoire. Celui-ci ne lui donnant pas satisfaction, il lui tranche la tête et charge deux de ses fils de partir en quête d'une nouvelle histoire. Plutôt que de faire équipe les deux frères qui ne s'entendent pas, partent chacun de leur côté. Skeggi fait équipe avec un guerrier cruel, tandis que Sligand rattrapé par son plus jeune frère embarque à bord de l'Aslak, un drakkar en ruine. Pour une fois la fantasy se mélange à l'humour et cela fait du bien aux zygomatiques. Le dessin très travaillé dans les détails colle parfaitement à ce mélange d'aventure et d'absurde. Comme quoi, l'héroïc fantasy peut encore surprendre et proposer d'autres choses.
Fraternity (2 tomes) Juan Diaz Canalez ; José-Luis Munuera.-Dargaud.-56 p. : illustrations en couleur ; 32cm.
© DARGAUD-Canalez/Munuera
1863, La guerre de Sécession fait des ravages. Une petite communauté vit en autarcie et essaye de vivre en respectant les valeurs de Robert McCorman, un visionnaire. Emile, un jeune garçon sauvage recueilli quelques années plus tôt, est le témoin de différents évènements tragiques qui risquent de chambouler le monde idéaliste de la New Fraternity. Pendant ce temps, une créature inquiétante rôde autour du village et semble étrangement liée à Emile… Les deux auteurs espagnols nous offrent un magnifique premier tome qui mêle suspense, histoire et fantastique. Le dessin de Munuera fait passer beaucoup d’émotions ; impression renforcée par un jeu de couleur sépia. L’intrigue est bien menée et nous avons hâte de lire le deuxième et dernier tome.
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Kraa : 1. La vallée perdue Benoît Sokal.- Casterman, 2010.- 94 p. : illustrations en couleur ; 31 cm.
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FANTASTIQUE
© CASTERMAN-Sokal
Dans une vallée perdue du continent américain fin XIXème, un peuple indien voit son quotidien perturbé par l’arrivée d’hommes toujours plus nombreux, attirés par l’or et le pétrole. Deux mondes se côtoient, l’un en effervescence autour de l’émergence d’une nouvelle ville et l’autre celui d’indiens chamans, peuple de la nature, respectueux des éléments. Kraa, un aigle, héros de l’histoire, témoin silencieux et puissant, règne en maître sur la vallée. Il va être pris en amitié par un jeune indien, Yuma, dont la famille sera massacrée. La voix off de l’aigle sert le fil de l’histoire. Ensemble, Kraa et Yuma, aux dons particuliers lui aussi, vont s’associer pour lutter contre ces hommes sans foi ni loi. Dans ce tome d’installation, Sokal débute une série aux accents écolo où il est question de vengeance et de survie d’un territoire menacé.
La Chronique des Immortels
FANTASTIQUE
Benjamin von Eckartsberg, Thomas von Kummant ; adapt. du roman de Wolfgang Hohlbein. Paquet, 2011 ; Paris.- 54 p. : illustrations en couleur ; 32 cm. Andrej Delany, fils maudit des Delany, exilé pour sorcellerie par l’inquisition, revient dans son village natal pour y retrouver son fil, Marius, confié quelques années auparavant à des prêtres. A son arrivée tout n’est que massacre. Il retrouve son fils torturé, agonisant au point de devoir achever ses souffrances. Seul un jeune garçon, Frédéric, dont la douleur n’a d’égale que la soif de vengeance, a échappé au carnage. Un long périple commence alors à travers les âges pour les deux hommes, tantôt chasseurs, tantôt proies. Voici une bande dessinée qui bénéficie d’un scénario efficace, d’une mise en place rapide ainsi que de beaux décors et d’un trait dynamique. Les planches restent lumineuses malgré la noirceur de l’atmosphère. Les personnages, notamment Andrej, sont attachants tant ils luttent entre vengeance et reconstruction, haine et incompréhension. On s’immerge avec plaisir dans cet univers médiéval oscillant entre mythe et réalité, saupoudré de fantastique.
© PAQUET-Von Eckartberg/Von Kummant/Hohlbein
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La Confrérie du crabe (3 tomes) Mathieu Gallié, Jean-Baptiste Andreae.- Delcourt, 2009. 56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Terres de légendes).
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FANTASTIQUE
Dans une chambre d’hôpital cinq enfants attendent le moment où les médecins viendront les emporter vers l’opération qui les délivrera du crabe qui les ronge. Mais Bernardino en est sûr, l’ambition des chirurgiens est tout autre : récupérer le maximum de crabes et créer le monstre ultime. A leur réveil, les enfants se retrouvent dans une étrange bâtisse peuplée de créatures effrayantes. Voici un conte pour enfants malades, une parabole pour apprendre à se battre et à trouver la force au plus profond de soi. Pour comprendre cela nos jeunes héros devront faire face à toutes les créatures qui peuplent leur imaginaire. Unis dans cette quête ils n’en seront pas moins seuls au moment final. Il est toujours difficile d’aborder la maladie et la mort, à fortiori celle des enfants, c’est ce qui donne à cette BD une résonnance toute particulière. Mais l’originalité de son approche et son graphisme attrayant dépasse la pesanteur du thème pour en faire un triptyque débordant de force et d’espoir.
Wollodrïn : cycle 1, Le Matin des Cendres
HEROIC FANTASY
scénario David Chauvel, dessin Jérôme Lereculey ; couleur Christophe Araldi & Xavier Basset. Delcourt, 2010.- 55 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Terres de légendes). Un groupe de six personnages est emprisonné. Ils n'ont guère d'espoir d'en réchapper quand quelqu'un s'introduit dans la cellule. Il prévoit de les aider à s'échapper à une seule condition : aller délivrer une jeune fille sur le territoire des orcs. N'ayant aucune chance d'en réchapper, ces aventuriers acceptent la mission. La quête sera longue et périlleuse pour tous. Les orcs sont en guerre et il ne sera pas facile de se frayer un chemin sur les champs de bataille. Chauvel et Lereculey nous proposent de retourner dans un univers typiquement fantasy qu'ils avaient développé avec la série "7" sur le titre "Les sept voleurs". Les codes sont bien là et on ne s'ennuie pas un instant. L'histoire est plaisante et présente différemment le caractère des © DELCOURT-Chauvel/Lereculey orcs. Les dessins sont tout simplement splendides et Jérôme Lereculey nous propose des doubles planches toutes plus belles les unes que les autres. Les couleurs sont sombres et collent bien à l'ambiance de guerre qui règne sur cette terre hostile.
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Les Légendes de la Garde 1.Automne 1152, 2.Hiver 1152 David Petersen.- Gallimard, 2011. 161 p. : illustrations en couleur ; 23 x 23 cm.
© GALLIMART-Petersen
Il aura fallu attendre trois ans pour voir arriver le tome 2 de cette série. Une série très attachante à l'image de ces petites souris qui doivent se battre pour survivre et surmonter aux dangers de la nature et aux traîtres qui ourdissent des complots. Petersen, est très doué pour rendre les ambiances automnales et hivernales du monde des souris. Des petites souris très équipées en armes blanches (épées, lances, hâches...) mais qui n'en reste pas moins très attachantes. Vivement le tome 3.
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HEROIC FANTASY
Automne 1152, les souris sortent d'une guerre contre les furets. La garde est chargée de veiller au grain. Trois jeunes souris guerrières, Liam, Saxon et Kenzie sont envoyées à la recherche d'un marchand disparu mystérieusement. Ils découvrent qu'un complot met en danger leur cité, Lockhaven. Liam est fait prisonnier et les deux autres souris sont laissées pour mortes. L'hiver arrive et le clan doit absolument survivre.
Le Réseau Bombyce 1. Papillons de nuit, 2. Monsieur lune, 3. Stigmates Eric Corbeyran, Cécil.- Humanoïdes associés, 1999.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
SCIENCE FICTION
Eustache l’échalat et Mouche le nain sont deux « monte en l’air » qui officient grâce à un réseau tentaculaire de câbles tendus sur les toits. Alors qu’ils cambriolent un notable de la ville, nos deux écorchés, l’un de corps, l’autre d’âme, découvrent des films mettant en scène des séances de torture et des meurtres de femmes. Oubliant leur talent naturel les voleurs se lancent dans l’art du chantage pour d’obscures raisons. Un petit jeu qui pourrait bien briser leur fragile équilibre et les précipiter six pieds sous terre. L’alternance d’atmosphères colorées très XIXème et la luminosité de chaque planche font de ses trois tomes un bel objet graphique à l’esthétique très « Art Nouveau ». La psychologie des personnages est fouillée et l’on découvre petit à petit le drame inoubliable caché au plus profond des uns et des autres qui les poussent jusqu’à l’autodestruction et à l’irréparable. Ajouté à cela un suspense bien mené et une chute inattendue et voici un cocktail efficace pour un bon moment d’évasion.
OC ES ASS ANOID © HUM
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Metronom 1.Tolérance Zéro, 2.Station Orbitale scénario Corbeyran, illustrations Grun.- Glénat, 2011. 56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica).
Une nouvelle série du très prolifique scénariste Corbeyran qui sera une tétralogie. L'histoire est très intéressante et le monde totalitaire créé est tout à fait crédible. Cela fait un peu froid dans le dos d'ailleurs. On est happé par le récit qui se déroule sous nos yeux. On pense tout de suite à d'autres livres ou films comme Brazil, Blade Runner. Enki Bilal, lui même très inspiré par la science fiction, signe la préface. Les dessins de Grun sont tout simplement splendides et les couleurs adoucissent le propos. Une très bonne nouvelle série de SF à suivre.
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SCIENCE FICTION
© GLENAT-Corbeyran/Grun
Nous sommes dans une société future contrôlée par un gouvernement totalitaire qui vient de faire passer une énième loi liberticide qui interdit de se suicider. Lynn, une jeune femme, cherche à savoir ce qu'il est advenu de son mari qui travaille pour une entreprise de transport de déchets dans l'espace. Il semblerait qu'il y ait eu un accident impliquant un organisme extra-terrestre. Les hommes sont placés sous quarantaine et meurent. Un journaliste essai d'aider Lynn à retrouver son mari.
Elmer
SCIENCE FICTION
Gerry Alanguilan.- Carhaix-Plouguer : Cà et là, 2010. 141 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.- (Longues distances).
© CA ET LA-Alanguilan
Un beau jour les poules prennent conscience et en même temps la parole. Le monde ne peut plus être comme auparavant. Les humains ne peuvent plus continuer à manger des poules. Mais les habitudes sont prises et il est difficile pour les humains de devoir considérer les poules comme leur égal. C'est l'histoire de Elmer, un des premiers coqs doué de la parole que nous allons suivre par l'intermédiaire de Jake Gallo, son fils, jeune poulet dont la vie n'est pas si facile entre son frère, star de cinéma et sa sœur qui veut épouser un humain ... Une histoire surprenante, drôle, mais surtout poignante car on y parle de différence et d'acceptation de l'autre, tout cela avec des poulets ! Il fallait y penser et c'est un philippin qui nous narre cette étonnante histoire. Prix Quai des Bulles, St Malo 2011.
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Ikigami (8 tomes parus) Motorô Mase.- Asuka, 2009.- 224 p. : illustrations en noir et blanc ; 19 x 13 cm.- (Seinen).
-Asuka © MASE
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SCIENCE FICTION
Les enfants japonais se font tous vacciner à l'école mais certaines seringues contiennent une microcapsule qui déclenchera la mort de la personne entre ses 18 et 24 ans. Et cela de manière aléatoire à raison d'une seringue sur mille. Tout cela pour la "prospérité nationale", pour faire comprendre à la population, la valeur de la vie et faire augmenter la productivité. Nous suivons le jeune Fujimoto qui ayant passé l'âge fatidique des 24 ans se voit proposer un poste de fonctionnaire chargé de remettre l'Ikigami (préavis de mort) aux personnes désignées par le sort et ceci 24 heures avant le déclenchement de la capsule. On pourrait penser à la lecture des deux premiers tomes que l'on va tourner en rond. Le manga étant une succession de remises d'ikigami mais il devient vite intéressant et prenant car Fujimoto se pose pas mal de questions sur son drôle de métier ... Ce questionnement pourrait bien lui apporter des problèmes …
Walking Dead (14 tomes parus) scénario Robert Kirkman, illustrations Tony Moore & Charlie Adlard.- Delcourt, 2010. 142 p. : illustrations en noir et blanc ; 26 cm.- (Contrebande).
ZOMBIES
© DELCOURT-Kirkman/Moore
Une épidémie a touché le monde. Rick Grimes se réveille d'un coma à l'hôpital. Au dehors il n'y a plus que des zombies. Il est flic et après un passage à son commissariat pour récupérer des armes, il part à la recherche de sa femme et de son fils. L'épidémie semble très importante. Il finira malgré tout par retrouver ses proches dans un petit camp de survivants à la périphérie d'une grande ville. Il faut survivre et le sens d'organisation de Rick va faire de lui le chef de la petite troupe. Il leur faut trouver au plus vite un abris car les attaques de zombies se succèdent, décimant le petit groupe... Une série dont on ne peut pas se décrocher une fois la lecture entamée. A la différence des films du genre ici on s'attache aux personnages, on les suit dans la durée et on s'attache à eux même s'il ne faudrait pas, l'espérance de vie étant très courte.
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L’histoire de Sayo Giovanni Masi, Yoshiko Watanabe.- Dargaud, 2011.- 334 p. : illustrations en noir et blanc ; 25 cm.
l‘occasion pour évoquer le sort de milliers de Japonais persécutés par les Chinois après
la capi-
tulation du Japon. Les conditions de vie de Sayo, privée de nourriture alors qu’elle est enceinte, obligée de se défaire du peu de biens qu’il lui reste pour survivre, sont proches de celles évoquées dans un autre manga de Keiji Nakazawa Gen d’Hiroshima. Le trait de Yoshiko Watanabe n’est quant à lui pas sans rappeler celui du grand Osamu Tezuka , pour lequel elle travailla d’ailleurs à Mushi Production. Le ton humoristique du dessin sert donc à minimiser l’impact tragique de ce portrait de femme poignant, une femme prête à tout pour sauver sa famille du malheur. Et si vous n’êtes toujours pas convaincu par cette chronique, vous ne pourrez sûrement pas résister à la bouille adorable de la petite Miyako, petit rayon de soleil de Sayo au milieu d’un déluge de tristesse …
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L’HISTOIRE DANS LA BD
Mandchourie. 1945. Cette région de la Chine a été annexée par le Japon dans les années 30. Des colonies y ont vu le jour et de nombreux japonais s’y sont installés dans l’espoir d’une nouvelle vie. C’est le cas de Sayo, de son mari et de leur fille Miyako qui habitent la ville de Tsing Tao. Mais la Seconde Guerre mondiale va mettre à mal leurs espoirs, le mari de Miyako est mobilisé par l’armée japonaise et part sur le front. Sayo, enceinte, se réfugie alors chez sa sœur à Dairen. Mais le Japon perd la guerre et la communauté japonaise installée en Chine doit alors subir l’humiliation de la défaite, les insultes et la vengeance des Chinois, la pression de l’armée russe qui s’installe en Chine. Sayo, Miyako, sa sœur et ses enfants perdent toute leur vie et se réfugie dans un quartier pau© DARGAUD-Masi/Watanabe vre de Dairen où les Japonais se réunissent pour tenter de survivre en attendant des nouvelles de leurs proches ou un éventuel retour au Japon. Giovanni Masi, scénariste italien et Yoshiko Watanabe, dessinatrice japonaise évoquent à travers cet album un épisode peu connue de l’histoire mondiale. Le portrait de Sayo et de sa famille est
L'Année du lièvre : 1. Au revoir Phnom Penh
L’HISTOIRE DANS LA BD
Tian.- Gallimard, 2011.- 120 p. : illustrations en couleur ; 25 cm.- (Bayou).
© GALLIMARD-Tian
Cambodge, 1975, arrivée des khmers rouges à Pnom Penh. Ils vident la ville de ses habitants, assassinent les intellectuels et les fonctionnaires de l’état. Un médecin et sa famille, dont un fils qui vient de naître, sont démunis de tout. Ils traversent le pays et fuient en direction de la Thaïlande. Le fils qui vient de naître est Tian, l’auteur, arrivé en France en 1980 avec ses parents. Le récit de ce que sa famille a vécu sous le régime sanguinaire des khmers rouges est prévu en trois tomes. Réalisé à partir de nombreux témoignages recueillis dans son pays natal et auprès de ses proches, il raconte la folie meurtrière, l’incertitude, la confusion, mais aussi les actes de solidarité, de courage, d’humanité qui ont permis cette fuite et qui nous touchent par leur côté universel. Récit passionnant et émouvant.
Le Recul du fusil : 1. Les Chambres J.S. Bordas.- Paris : Quadrants, 2010.-55 p. : illustrations en couleur ; 20 cm.- (Boussole).
© QUADRANTS-Bordas
1936. Fernand monte à Paris poursuivre ses études de médecine. Logé par des amis riches, il découvre les filles, la fête, les copains et un Paris en proie à la crise économique ainsi qu’à la montée du fascisme. Il rencontre des activistes politiques pétris d’idéaux et tentés de rejoindre les brigades internationales. Fernand tombe amoureux d’une femme mariée et tue, d’abord un fasciste pour se défendre, puis le mari par accident. C’est la catastrophe. Il doit s’enfuir et part pour l’Espagne. C’est une riche chronique de la vie parisienne à travers les yeux d’un jeune de 20 ans ne cherchant qu’à croquer la vie à pleines dents et rattrapé par l’Histoire. Le scénario est très bien servi par un dessin aux angles de vue originaux. Suite des aventures au tome 2, quoique le tome 1 se suffise.
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Les innocents coupables : 1.La fuite Laurent Galandon ; Anlor – Bamboo, 2011.-47 p. : illustrations en couleur. – (Grand angle).
© BAMBOO-Galando
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L’HISTOIRE DANS LA BD
Janvier 1912. Quatre jeunes parisiens, condamnés à diverses peines, rejoignent la colonie pénitentiaire agricole « Les Marronniers », qui fit partie de ce qu’on appellera plus tard les « bagnes d’enfants ». Très beau récit où Galandon nous fait partager la vie quotidienne de ces quatre enfants battus, meurtris qui tentent, malgré les coups, de survivre. Une très belle amitié va naître au fil des pages ce qui laisse un peu d’humanité à ce récit. Ce thème très rarement abordé en bande dessinée est très bien traité dans le premier tome de cette trilogie.
L’HISTOIRE DANS LA BD
Si le récit historique est finalement un genre récent en bande dessinée, on peut dire que l’on assiste depuis quelques années à un essor flagrant de celui-ci dans la production actuelle. On ne compte plus les séries à caractère historique qui mettent en scène l’histoire contemporaine, la Première et la Seconde Guerre Mondiale et le XXe siècle en général. Par contre, certaines périodes historiques, sont peu ou moins exploitées par la bande dessinée ; notamment la Révolution française ou la période de l’Empire napoléonien, même si les séries qui ont pour cadre ces évènements sont de très bonne facture. On peut citer : Les fils de l’aigle de Michel Faure et Daniel Vaxelaire qui narre les aventures de Morvan d’Avigny et Capucine pendant la période révolutionnaire et napoléonienne ou bien encore Dampierre d’Yves Swolfs, une fresque historique en 10 tomes qui a pour cadre la Vendée à l’époque révolutionnaire. Dans ce fourmillement de séries et d’albums de bande dessinée, il se dégage pourtant quelques grandes tendances. Si l’on essaye d’établir une typologie de la bande dessinée historique, trois grandes catégories se dessinent, et ce quelle que soit l’origine géographique des œuvres. Une grande partie des BD du genre n’ont d’historique que le décor. Les personnages évoluent dans une période historique sans pour autant que les évènements les touchent de près ou de loin. Pour autant, le travail de recherche et de documentation pour reconstituer ce fond historique est rarement négligé par le scénariste ou le dessinateur. Il peut être au contraire très détaillé, seul le récit attache peu d’importance à la grande Histoire. D’ailleurs, la plupart du temps, c’est un autre genre qui prédomine dans ce récit : l’aventure, le polar, le fantastique, l’humour, l’ésotérisme ou même les super-héros… Ainsi la mini-série Marvel 1602 fait évoluer les grands personnages de la galaxie Marvel à la cour d’Angleterre de la Reine Elisabeth Ière au XVIIe siècle. Plus récemment, plusieurs personnages ont eu le droit à une version « noire » de leurs aventures : Spiderman, les X-men ou Daredevil évoluent dans une ambiance polar des années 30 aux Etats-Unis.
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Les mangakas japonais nous ont aussi donné quelques bandes dessinées mêlant habilement l’histoire et différents genres : nombreuses sont les séries se passant à l’époque d’Edo (1600-1868), mettant en scène des samouraïs, des archers ou des lutteurs de sumo. Prenons l’exemple des mangas d’Hiroshi Hirata, spécialiste du genre : L’âme du Kyudo raconte le destin de Kanza qui entre au service de son seigneur pour devenir archer ; La force des humbles dresse le portrait de onze personnages, qui ont prouvé sous le règne des Tokugawa qu'ils avaient une âme de samouraï, en faisant perdre à un daimyo son goût pour le luxe, en sauvant de la misère des fonctionnaires de basse classe ruinés par des dignitaires cupides… Kazuo Koike a lui aussi dessiné de nombreux mangas se déroulant à cette période ou sous l’ère Meiji : Kajô, la corde fleurie raconte comment un ancien lutteur de sumo, tombé dans l’oubli, tente de se faire passer pour l’assassin d’un homme qui a tenté de violer sa voisine. Lady Snowblood, qui a inspiré Kill Bill à Quentin Tarantino est un chef d’œuvre dessiné par Kazuo Kamimura dont le personnage principal, Yuki, cherche à venger les assassins de sa mère dans le Tokyo de l’ère Meiji, à la fin du XVIIIe siècle.
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L’HISTOIRE DANS LA BD
Les séries de cette première catégorie sont finalement légion : Adèle Blanc-Sec de Tardi raconte les aventures fantastico-policières d’une jeune romancière dans le Paris du début du siècle ; Stephen Desberg et Enrico Marini font évoluer leur Scorpion dans des aventures de cape et d’épée dans l’Italie du XVIIIe siècle ; Thierry Gloris et Jean-François Bergeron ont donné naissance au Babillard, un monte-en-l’air, adepte d’alchimie, derrière lequel se cache le personnage de Saint-Germain appelé à porter secours au Maréchal de Saxe. Ingmar d’Hervé Bourhis est quant à lui un viking frêle, peureux et lâche, à l’opposé de l’image du guerrier blond et musclé que l’on attend d’un Viking. Le jour où son père reçoit un mauvais coup sur la tête, il est en compétition avec son frère pour prendre sa succession. Sur les terres d’Horus, enfin, a pour cadre, l’Egypte ancienne : le prince Khaemouaset et sa secrétaire Mérésankh sont mandatés par Ramsès II pour résoudre plusieurs meurtres ou déjouer de nombreux complots.
L’HISTOIRE DANS LA BD
Avec la deuxième catégorie de bandes dessinées historiques, nous entrons à proprement parler dans le récit historique. La période historique est plus définie, les personnages sont pris dans la trame de l’Histoire. C’est leur destin qui éclaire l’époque dans laquelle ils vivent. On entrevoit clairement la grande Histoire à travers la petite histoire.
Jean-Pierre Gibrat est incontestablement un maître de ce genre de récits historiques. Que ce soit Le Vol du corbeau, Le sursis ou plus récemment Mattéo, Gibrat propose toujours des récits dont les héros sont emportés par le flot d’évènements historiques. Ainsi dans Le Vol du Corbeau, Jeanne, résistante, et François, cambrioleur, emprisonnés dans le même commissariat arrivent à s’évader et se cachent sur la péniche de deux amis. Leur destin sera lié par la guerre. Avec cette BD, Gibrat nous raconte la difficulté d’être résistant ; il fait la description d’un contexte historique particulier : Paris occupé par les Allemands, la délation, la collaboration…
Mattéo (2 tomes) Jean-Pierre Gibrat.- Futuropolis, 2010. 74 p. : ill. en coul. ; 32 cm.
© FUTUROPOLIS-Gibrat
Cette saga historique démarre en 1914 et se termine en 1939. Mattéo, un jeune pacifiste d’origine espagnole, vit en France. En 1914, par dépit amoureux, il s’engage et part combattre dans l’enfer des tranchées. Puis, ses convictions l’entraînent à Petrograd pour défendre la révolution. L’auteur de cette série est un formidable dessinateur qui travaille chaque case comme un tableau et un scénariste qui cisèle ses dialogues.
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Frank Giroud est, lui aussi, un scénariste de talent qui aime à raconter de nombreux récits historiques : dans Quintett, série à succès, la particularité est de raconter dans chacun des cinq albums qui composent la série, la vision d’un personnage en particulier d’un même lieu et d’un même évènement. Chaque personnage est l’un membre d’un quintett qui a accepté de partir en Macédoine en 1916 sur une base aérienne. Leurs destins vont se croiser entre liaisons amoureuses et évènements tragiques… Plus récemment, Frank Giroud a commencé avec Luc Brahy une nouvelle saga historique et familiale, intitulée Les champs d’Azur, qui de 1909 à 1970 racontera les grandes découvertes aéronautiques qui ont marqué l’histoire contemporaine.
La collection Vécu chez Glénat que nous évoquions précédemment, a été l’une des pionnières en matière de récit historique, exploitant nombre de périodes historiques dont les protagonistes sont des héros à part entière : Les héritiers du soleil de Didier Convard et Thomas Mosdi pour l’Egypte antique, Les aigles décapitées de Patrice Pellerin au Moyen-âge, Les sept vies de l’Epervier de Patrick Cothias et André Juillard pendant la Renaissance sont désormais devenus des classiques du genre.
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L’HISTOIRE DANS LA BD
Laurent Galandon est un jeune scénariste, étoile montante de la bande dessinée, adepte du récit historique : il a prouvé avec plusieurs séries qu’il était capable d’imaginer des personnages pris dans des évènements historiques palpitants. Avec L’envolée sauvage, dessiné par Arno Monin, Laurent Galandon nous conte l’épopée d’un jeune garçon juif qui fuit l’avancée du nazisme en France. Avec L’enfant maudit, l’auteur nous envoie en mai 1968 sur les traces de Gabriel, un jeune homme paumé qui cherche à découvrir ses origines. Mêlant l’histoire contemporaine au thème des femmes tondues.
L’HISTOIRE DANS LA BD
La série Carnets d’Orient de Jacques Ferrandez fait elle aussi partie de ces incontournables : cette saga qui se déroule sur plusieurs années traite de la présence de la France en Algérie de la colonisation à l’indépendance ; chaque tome narre les aventures d’un personnage dans un contexte historique précis et documenté permettant d’évoquer les problèmes de la colonisation, de la lutte armée, de la torture et de la Guerre d’Algérie. Côté comics, citons le très bel album de Frank Miller, adapté en film pour le cinéma, 300 qui relate un fait historique antique, revu et corrigé par un des maîtres américains de la bande dessinée. 300 nous plonge au cœur d’un régiment spartiate de 300 soldats qui doit protéger la Grèce de l’invasion d’une armée Turque. Si la véracité historique de ce péplum est parfois édulcorée, il n’en reste pas moins un magnifique album de bande dessinée historique. Enfin, le dieu du manga, Osamu Tezuka, est passé maître dans l’art du récit historique, signant quelques unes des plus belles fresques historiques de la bande dessinée japonaise : notamment : La vie de Bouddha, qui conte la vie de Siddharta Gautama, prince indien devenu le premier Bouddha. L’autre série marquante parmi les nombreux récits historiques il a créé est L’Histoire des 3 Adolf qui narre les destins croisés de trois personnages, tous trois appelés Adolf : Adolf Hitler pour lequel Tezuka invente un document évoquant des origines juives, récupéré par un journaliste japonais Soheï. Celui-ci croisera la route de deux jeunes allemands, deux amis, tous deux prénommés Adolf, l’un juif, l’autre allemand et dont la montée du nazisme en Allemagne aura pour conséquence de les entraîner sur des chemins divergents. Cette histoire bouleversante d’humanité, s’apparente à un thriller d’espionnage mêlé à une histoire d’amour sur fond de bouleversements historiques.
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Peu de bandes dessinées traitent d’un fait historique pur comme le ferait un documentaire, toutes proportions gardées évidemment, dans la mesure où la bande dessinée reste un genre de fiction. Cependant, il existe plusieurs albums ou séries qui s’essaient à cet exercice difficile.
Plus souvent, le traitement d’un moment d’histoire réel est exploité sous couvert de témoignages, directs ou indirects, notamment lorsqu’on parle de faits proches de nous. On pourait, bien évidemment, évoquer Maus d’Art Spiegelman ou Yossel, 19 avril 1943 de Joe Kubert, deux magnifiques albums sur la déportation. Mais arrêtons-nous un instant sur La guerre d’Alan, œuvre dans laquelle Emmanuel Guibert retranscrit les propos d’un ancien combattant américain, Alan Ingram Cope, débarqué en Normandie en 1945 et ayant participé à la libération de la France et de l’Europe. L’eau et la terre de Séra est également un beau témoignage de l’auteur, Cambodgien d’origine, obligé de fuir devant l’avancée et les exactions des Khmers rouges, dans son pays en 1975.
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L’HISTOIRE DANS LA BD
C’est le cas de : Une histoire populaire de l’Empire américain, adaptation d’un essai d’Howard Zinn ; cet album retrace plusieurs siècles de l’Histoire américaine et nous sommes là très proches du genre documentaire. Autre série qui retrace plusieurs périodes historiques mais cette fois sous une forme plus satirique, Petite histoire des colonies françaises de Grégory Jarry et Otto T. dans laquelle le Général de Gaulle, himself, raconte la mémorable histoire de la colonisation. « Sous couvert d’un cours magistral d’histoire, les auteurs offrent une leçon d’humour permettant d’aborder avec simplicité un sujet qui pourrait paraître barbant pour le non amateur. » indique T. Pinet, chroniqueur sur le site bedetheque.com.
L’HISTOIRE DANS LA BD
Une autre façon d’aborder des faits historiques avérés est de retracer la biographie d’une personne y ayant pris part. A ce titre, Fritz Haber de David Vandermeulen est un bon exemple. Cette série retrace la vie d’un homme, chimiste au talent incontestable, prix Nobel de chimie mais dont le destin aura été d’inventer au début du siècle les gaz de combats et le terrible Zyklon B utilisé dans les chambres à gaz des camps de concentration. Dans la bande dessinée asiatique, plusieurs mangas ou manhwas relatent également des faits historiques : Massacre au Pont de No Gun Ri de Chung Eun-Yong est une bande dessinée sur le conflit entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ; Une vie chinoise de Otié et Li Kunwu retrace la période de la Révolution culturelle en Chine et les années suivant la mort de Mao Zedong ; dans Les vents de la colère de Tatsuhiko Yamagami, ce sont les années d’occupation du Japon par les USA et les révoltes de la jeunesse nippone contre ses « envahisseurs » qui sont évoquées. Aux Etats-Unis, citons le travail impressionnant de documentation historique qu’a amassé l’artiste Eric Shanower pour dessiner L’âge de bronze. Cette série en cours de publication a pour objectif de relater la guerre de Troie, évacuant au passage tout l’aspect mythologique pour se concentrer uniquement sur la véracité des costumes d’époque, des faits historiques ou encore des lieux de cette terrible bataille. Bien évidemment, les frontières entre ces trois grandes catégories sont poreuses tant chez les scénaristes que chez les dessinateurs et il n’est pas rare qu’un auteur s’essaie à ces trois grandes tendances. Jacques Tardi en est un exemple parfait. : Si avec les adaptations de Nestor Burma, nous sommes plus dans le polar historique, il n’est pas rare que l’auteur signe des œuvres d’une grande authenticité historique comme C’était la guerre des tranchées sur la Première Guerre Mondiale ou encore Le Cri du peuple sur la Commune de Paris.
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Depuis les années 50 et les balbutiements du genre, en passant par les années 80, jusqu’à l’explosion de la production de nos jours, nul doute que la BD historique a su se diversifier et trouver plusieurs manières de raconter l’Histoire tout en captivant ses lecteurs. Les dernières tendances laissent d’ailleurs à penser que le genre saura se renouveler encore longtemps. La bande dessinée dite « engagée » ou «de reportage » est une manière de raconter des faits très récents sur lesquels nous n’avons pas encore assez de recul historique. L’uchronie, quant à elle, est un procédé scénaristique de science-fiction qui consiste à partir d’un fait avéré pour en créer une suite altérée et imaginée. La série Jour J chez Delcourt joue sur le principe du « Et si ? », point de départ de l’uchronie : avec le tome 1 de cette série intitulée Les russes sur la Lune Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Philippe Buchet imaginent un nouvel épisode de la Guerre Froide, les russes étant les premiers à poser le pied sur la Lune en lieu et place des Américains … Mais ceci est bel et bien une autre Histoire !
Jacques Tardi , né en 1946 à Valence , compte parmi les dessinateurs unanimement reconnus dans le paysage de la Bande dessinée française.
JACQUES TARDI
Son père étant militaire en poste en Allemagne, il passe une partie de sa jeunesse dans ce pays tout en faisant de longs séjours chez ses grands parents paternels restés à Valence. On peut dire à leur égard qu’ils ont eu une forte influence sur sa formation : sa grand-mère est passionnée de cinéma et pratique elle-même le dessin ; son grand-père corse, venu pour la première fois sur le continent en 1914 pour partir à la guerre en est revenu blessé et gazé et s’il ne parle jamais au jeune Jacques qui l’adore, des horreurs de cette période, sa femme s’en charge pour lui. A 16 ans, Tardi entre aux Beaux Arts de Lyon, puis poursuit ses études à l’Ecole Nationale des Arts Déco de Paris. Sa carrière d’auteur BD démarre en 1970 dans les pages du Journal Pilote avec le récit Rumeurs sur le Rouergue sur un scénario de Pierre Christin . Il obtient tout de suite une certaine reconnaissance de la profession et des lecteurs. Peu à l’aise avec les récits contemporains, il se tourne vers un univers plus personnel et après quelques histoires brèves et Adieu Brindavoine (premier récit sur la guerre 14/18), il donne naissance au personnage d’Adèle BlancSec , une héroïne féminine loin des clichés de la bande dessinée de l’époque. Il a trouvé son style : un mélange de fantastique, de références au roman populaire, d’anti-héros à travers une ligne graphique proche de la ligne claire. Adèle Blanc-Sec apparait aujourd’hui dans neuf albums et Luc Besson en a fait une adaptation cinématographique sortie en 2010. L’Univers de Tardi, c’est aussi la ville de Paris qu’il adore arpenter ; mais c’est le Paris d’autrefois qu’il adore faire revivre, celui de la fin du XIXe, début XXe avec Adèle ou celui des années cinquante avec Nestor Burma dont il dessinera cinq enquêtes avant de passer le flambeau à Moynot qui a su parfaitement épouser son univers.
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Mais le sujet qui l’obsède plus que tout , c’est la guerre de 14-18 qui concentre à elle seule l’absurdité de tous les conflits : outre l’ouvrage cité précédemment , il le traite dans C’était la guerre des tranchées (qui évoque les fusillés pour l’exemple), La véritable histoire du soldat inconnu, Le trou d’Obus, Varlot soldat et Le Der des Der (ces deux titres ont été scénarisés par Didier Daeninckx).
Cependant, son œuvre la plus marquante est peut être Le cri du peuple d’après le roman éponyme de Jean Vautrin. Désireux depuis longtemps de réaliser un album sur ce sujet qui lui tient à cœur, le roman de Vautrin répondait parfaitement à son envie de mettre en scène ces héros du peuple et de leur rendre hommage. Pour cette œuvre en quatre volumes, il a obtenu en 2002, à Angoulême, les Alph’art du dessin et du public.
Comme on peut le constater, l’évocation de la carrière de Tardi dans le dossier histoire est totalement justifiée car, qu’elle apparaisse comme décor dans la quasi totalité de ses albums ou qu’elle en soit le sujet même, elle est omniprésente. Mais nous aurions pu tout aussi bien la présenter dans le dossier sur les Maitres du noir et blanc, dans lequel il excelle.
Pour en savoir plus : Tardi, entretiens avec Numa Sadoul.-Ed.Niffle-Cohen, 2000.- (Profession Auteur de bande dessinée). Retrouver la liste de ses œuvres complètes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Tardi
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JACQUES TARDI
Comme on vient de le voir, ou, avec les Nestor Burma de Léo Malet, Tardi excelle aussi dans l’adaptation des œuvres littéraires. On lui doit la mise en images de plusieurs œuvres de Céline : Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit et Casse pipe pour les éditions Gallimard. Par ailleurs, le ton noir et les personnages d’anti-héros de Manchette ne pouvaient laisser Tardi indifférent : une première collaboration fructueuse dans les années 70 avait donné l’album Griffu (réédité par Casterman en 2010) ; il récidive en adaptant Le bleu de la côte ouest, La position du tireur couché et O dingos, ô châteaux ! (qui vient juste de paraître. Il a également collaboré avec Pennac pour l’album La débauche.
LA BOITE A BULLES
La boîte à bulles est une maison d'édition qui a vu le jour en 2003. Fondée par Vincent Henry journaliste spécialisé en BD, elle se fixe comme objectif de faire découvrir de nouveaux auteurs en explorant les registres de romans graphiques intimistes, poétiques, d’humour engagé.
Les premiers auteurs à entrer dans cette maison d'édition sont : Jose Roosevelt avec La table de Vénus, plus connu pour sa série L'horloge parue chez Paquet et surtout Vanyda pour sa série L'immeuble d'en face qui connaîtra un très bon succès puisque deux autres volumes seront édités par la suite. Ils seront rejoint par un autre groupe d'auteurs parmi lesquels Nancy Pena, Clément Baloup, Jean-Luc Coudray, Sylvain-Moizie ... Huit ans plus tard la maison d'édition est toujours présente dans le marché pourtant difficile de la petite édition et dans celui très chargé et plus global de la bande-dessinée. Depuis, de nombreuses collections ont vu le jour. Actuellement, on en compte dix : Contre-jour, Contre-pied, Champ livre, Faits divers, la Bibliothèque de Juanalberto, Bontre-coeur, Hors-champ, Champ de force, Clef des champs, la Malle aux images ; elles ont chacune une ligne directrice. On peut toutefois se poser la question d'un tel foisonnement par rapport à la taille du catalogue. C'est ainsi que certains livres que l'on pourrait penser s'adapter tout à fait à une collection se retrouvent dans une autre …
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La Boîte à bulles édite aussi des collectifs. Une idée germe et le thème est proposé à tous les dessinateurs de l'équipe ainsi qu'à ceux qui ont eu des contacts avec la maison d'édition. Ceux qui sont intéressés y répondent. C'est ainsi que depuis 2006 le collectif Dieu & idoles a vu le jour , suivit par Amour & désir en 2008, Gaza en 2009.
Parmi les œuvres éditées chez cet éditeur, Sémaphore a repéré quelques titres qui valent vraiment le coup d'oeil : Kaboul Disco de Nicolas Wild, L'immeuble d'en face (en trois tomes) de Vanyda, Missy de Benoît Rivière et Hallain Paluku, Le chat du kimono de Nancy Pena, Dans la secte de Pierre Henri et Louis Alloing.
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Un amour simple
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Bernard Grandjean.- La Boîte à bulles, 2011. 252 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.- (Contre-jour). Dans un centre d'hébergement pour handicapés mentaux, deux patients Nono et Lucy découvrent qu'ils s'aiment. La vie au centre continue de se dérouler dans le train-train quotidien : Prises de médicaments, déplacements en groupe pour aller en courses ou se rendre au CAT effectuer du travail. Le groupe s'habitue à cet amour naissant. Les éducateurs qui ont beaucoup de travail pour encadrer une cinquantaine de malades ne font rien pour stopper cet amour apparemment sans danger. Un jour Lucy vole un livre sur les océans et lui vient l'idée de se rendre à la plage. Les deux amoureux vont s'échapper du centre direction l'océan. © LA BOITE A BULLES-Grandjean En tant qu’ancien éducateur spécialisé, Bernard Grandjean, retrace de manière très crédible la vie dans cet institut. Le dessin en bichromie bleu et blanc donne un ton délicat à cette histoire d’amour attendrissante entre deux personnes handicapées mentales.
Journal d’une bipolaire scénario Emilie Guillon, Patrice Guillon ; dessin Sébastien Samson.- La Boîte à bulles, 2010. 107 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.- (Contre-cœur).
© LA BOITE A BULLES-Guillon/
Récit autobiographique d’une jeune femme qui va plonger dans la dépression suite à une déception amoureuse et au stress provoqué par ses examens. Au fil des pages, on suit la narratrice dans son parcours face à la maladie, alternant des crises d’angoisse et de destruction, et les crises d’euphorie passagères. Patrice Guillon nous dresse avec l’aide de sa fille, Emilie, un excellent témoignage sur les troubles maniaco-dépressifs. Presque sans tabou, Emilie évoque son quotidien et celui de ses proches. Le dessin en noir et blanc reflète parfaitement son état d’esprit du moment. Christian Gay, psychiatre, nous apporte en fin d’ouvrage, un éclairage plus médical sur cette maladie.
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L'intrus à l'étrange Simon Hureau.- La Boîte à bulles, 2011.-149 p. : illustrations en noir et blanc ; 27 cm.- (Contre-jour).
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LA BOITE A BULLES
Un jeune homme, Martial, vient de perdre son grand-père. Il se morfond de ne pas avoir été assez présent sur la fin. Il se rend dans l'appartement de celui-ci en quête de souvenirs. Il découvre sous le canapé deux grosses valises fermées à clef avec un nom et une adresse dans le sud, ainsi qu'une boite de lettres d'amour échangées avec une dame de ce même village : Magnat l'Etrange. Venant de se faire larguer par sa copine et n'ayant rien de prévu dans les jours suivants, il décide de partir à la recherche de ces personnes. Une fois arrivé sur place il trouve la vieille dame et lui remet les lettres. Par contre personne ne semble connaître ce Félix Larose qui est noté sur les valises. Le village paraît en © LA BOITE A BULLES-Hureau proie à des évènements mystérieux. Une bête rode la nuit, elle aurait été vue par de nombreuses personnes. Un habitant est désigné comme responsable par les autres. Dans l'hôtel, deux personnes sont là aussi pour enquêter. Nous retrouvons avec beaucoup de plaisir les atmosphères de Simon Hureau. Les dessins abondent de détails et la déambulation du héros dans une sorte de maelström de ruines d'une ancienne base militaire sont tout simplement splendide. Il y a comme souvent avec Hureau un petit côté fantastique. Laissez-vous tenter par cette enquête dans le passé du grand-père.
INDEX DES AUTEURS : Adlar 46 Alanguilan 44 Alcante 28,33 Andreae 39 Anlor 49 Appolo 11 Balez 5 Belin 13 Bertilorenzi 25 Bertolucci 30 B-Gnet 16 Bonhomme 16 Bordas 48 Brremaud 30 Cadene 14 Caillou 11 Callede 33 Canalez 36 Cecil 42 Chabert 6 Charles 8, 27 Charlot 6 Chauvel 40 Cinna 21 Corbeyran 42, 43 Corboz 23 Croci 30 Cruchaudet 32
Dabitch 20 Daeninckx 26 Desberg 24 Duchazeau 7 Dufaux 29 Eckartsberg 38 François 23 Fritz 26 Galandon 49 Gamberini 8 Gallié 39 Galvin 17 Gibrat 52 Girard 9 Granjean 62 Griffo 24 Grun 43 Guillon 62 Hamo 22 Hautière 12, 23 Hénaff 28 Hubert 11,34 Hureau 63 Jeremy 29 Kelly 18 Kerascoët 34 Kirkman 46 Kummant 38
Lapone 12 Le Goueffec 5 Lereculey 40 Lomova 21 Lupano 13, 23 Lust 4 Mako 26 Martin, Olivier 10 Martin, Montse 31 Mase 45 Masi 47 Matteo 28 Maupré 31 Mazzucchelli 18 Michalak 36 Micol 35 Morgann 13 Moore 46 Munuera 36 Murakami 15 Murat 20 Oiry 11 Pauly 30 Pedrosa 8 Perrotin 13 Petersen 41 Petit 7 Piatzszek 21
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Picard 4 Pommepuy 35 Pion 35 Place 34 Py 30 Resplandy 26 Reviati 19 Roulot 28 Runberg 10 Sasha 9 Safieddine 10 Samson 62 Saulne 9 Seiter 22 Séjourné 33 Sokal 37 Starr 25 Tande 19 Taymans 27 Tian 48 Tom 10 Trondheim 16,17 Valero 31 Vallès 33 Van Hamme 33 Vives 12 Watanabe 46 Weytens 36 Wood 18
INDEX DES TITRES : Accords sensibles 12 Aslak 36 Asterios Polyp 18 Au nom du fils 13 Barracuda 29 Beauté 34 Bludzee 17 Bourbon Street 6 Ca ne coûte rien 9 Celle qui réchauffe l’hiver 34 Cœur de glace 35 Curiosity Shop 31 De briques et de sang 23 Dernière station avant l’autoroute 26 Ella Mahé 27 Elmer 44 Etat de veille 19 Face cachée 10 Far away 8 Fête des morts 21 Fraternity 36 Ida 32 Ikigami 45 Immigrants 20 Ismahane 9 Janet Burroughs 30 Jeanine 4 Jimi Hendrix 7 Journal d’une bipolaire 62 Kraa 37 L’Année du lièvre 48 L’Appel des origines 33 L’Assassin qu’elle mérite 23 L’Histoire de Sayo 47 L’Intrus à l’étrange 63 La Chair de l’araignée 11 La Chronique de immortels 38
La Confrérie du crabe 39 Le Chanteur sans nom 5 Le Chien dans la vallée de Chambara 35 Le Chien gardien d’étoiles 15 Le Droit chemin 13 Le Frisson 25 Le Monstre 10 Le Recul du fusil 48 Le Réseau Bombyce 42 Le Testament du capitaine Crown 28 Les Autres gens 14 Les Gardien des enfers 28 Les Innocents coupables 49 Les Larmes de l’Assassin 20 Les Légendes de la Garde 41 Les Origines de la Vie 19 Les Sauvages 21 Lisier dans les yeux 26 Local 18 Lomax 7 Love 30 Matteo 53 Metronom’ 43 Milady de Winter 31 Old Skull 16 Omni visibilis 16 Polina 12 Portugal 8 Rani 33 Sherman 24 Spécial Branch 22 Trop n’est pas assez 4 Un Amour simple 62 Une vie sans Barjot 11 Walking Dead 46 West terne 17 Wollodrin 40
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