Heartfulness magazine edition 8

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numéro 8   8€   mars 2017

Heartfulness FOCUS

soi I travail I relations I inspiration I vitalité I nature I jeunesse

L' AMOUR MÉTAMORPHOSE

LA VIE DANS LA VIE

Le rôle central de l’amour

L'APPEL DES PROFONDEURS Apnée, méditation et performance

DES SERPENTS ET DES FRAISES L'équilibre fragile des écosystèmes

COMPASSION ET TECHNOLOGIES La suite de l'interview de James Doty


Heartfulness Through meditation, transformation

Offrez-vous l'expérience de la beauté du cœur

Apprenez à méditer à l’ aide de la transmission yogique fr.heartfulness.org


L'édito Une file d’attente, quoi de plus banal. On est seul au milieu des autres, on écoute, on observe, et parfois, sans qu’on s’y attende, une conversation démarre, un lien se noue. C’est ce qu’a vécu Brenda Kay Neth alors qu’elle attendait, par une journée pluvieuse, qu’un peintre de rue fasse son portrait. Et ce moment suspendu lui a laissé le souvenir lumineux d’une brève rencontre qui s’est imprimée dans son cœur. Voilà un épisode comme on peut en vivre constamment dans son quotidien, à condition de se laisser toucher par la grâce du moment. On a le choix – rester isolé dans sa bulle, ou s’ouvrir à un sourire, à un regard, prêt à accueillir l’inattendu. Grâce à cette ouverture du cœur, nous nous sentons reliés à tout ce qui nous entoure, à tout ce qui est vivant, comme le décrit si bien Sayali T. dans sa soudaine expérience de fusion avec la nature. Ces instants-là nous font prendre conscience de l’énergie d’amour omniprésente qui est le tissu de la vie, la sève qui coule en toute chose. Si on veut bien la laisser circuler de soi à l’autre, de l’autre à soi, elle métamorphose notre existence, notre vision et notre attitude : elle nous rend plus efficaces dans l’action, plus à l’écoute dans le dialogue, plus inspirés dans nos choix, et bienveillants dans nos relations. Mais surtout elle éclaire notre chemin, elle nous guide, elle éveille le cœur et fait éclore notre potentiel. C’est l’énergie la plus puissante, présente en chacun de nous. Et en puisant dans ce trésor, nous vivons pleinement notre vie. La rédaction


Sommaire

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ENTRETIEN

James R. Doty, 2e partie Les gens passent tellement de temps devant leurs écrans, à interagir avec des machines, que cela diminue leur capacité d’empathie. Ils ont du mal à décoder les indices faciaux et émotionnels et à discerner leurs propres émotions.

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ÉDUCATION

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ATTITUDES

Vivre avec les nouveaux enfants

16 Soif de joie, soif de beauté 18 L’ abandon

20 focus l'amour métamorphose 20 La vie dans la vie

Pour atteindre l’état de calme intérieur, pour rencontrer le centre de notre être, l’amour est essentiel. Il aplanit le chemin.

24 Le besoin d’aimer 28 Une approche intégrative de la guérison, 2e partie

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ÇA CHANGE TOUT

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LE CORPS INSPIRÉ

5 points pour optimiser la performance

Interview de Coralie Imbert

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MOMENTS SUSPENDUS

46 L’ incroyable légèreté de l’ être 48 Le portrait

50 la science de la spiritualité

50 L’ évolution de la conscience. Traverser le terrain de la conscience.  C’est précisément au moment où l’on ressent de l’inconfort

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qu’il faut redoubler d’efforts pour franchir le seuil du nouveau palier. Si on y parvient tout seul, cela nous renforce et nous donne la capacité de traverser de plus en plus de stades spirituels au cours de ce voyage.

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PORTFOLIO

Bénarès, la pureté dans le chaos

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LE GOÛT DE LA VIE

62 Le jour où j’ai recontré Gollum 66 Leçons du jardin : des serpents et des fraises 70 La recette de Félicie

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PLANÈTE KIDS

Les enfants arc-en-ciel

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ACTUALITÉS

Les coups de cœur de la rédaction

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DIRECTRICE DE PUBLICATION

Ont contribué

(édition francophone) Sylvie Berti Rossi

RÉDACTION Anglais : Rishabh Kothari, Elizabeth Denley,

Samara Mahindra

Emma Ivaturi, Veronique Nicolai (partie pour les enfants ) Français : Sylvie Berti Rossi, Génia Catala,

Samara est spécialiste en exercices appliqués

Hélène Camilleri

au traitement du cancer, et en réhabilitation post-cancer

TRADUCTION

du sein. Elle est diplômée

Génia Catala, Sylvie Galland, Marie-Pierre Koch,

de l’American Academy of

Marie-Laure Lagrange, Jean-Pierre

Personal Training, New

Le Grand, Agnès Valensi

York, de l’Institute for Integrative Nutrition, Cornell

GRAPHISME

University et de la T. Colin

Emma Ivaturi, Uma Maheswari, Nehal Singh,

Campbell Foundation. Elle privi-

Hélène Camilleri

légie la médecine intégrative qui utilise

COUVERTURE

les thérapies complémentaires. Elle a lancé

Uma Maheswari, Sylvie Berti Rossi, Hélène

et implanté dans le monde entier le programme

Camilleri

CARER, qui propose des thérapies complémen-

PHOTOGRAPHIES Aaron-burden, Syan Ren, Adrian, Franck Mc

taires à domicile pour le traitement et le rétablissement de tous les patients cancéreux. www.carerprogram.com

Kenna, Annie Spratt, Liz Bridges, Caroline Hernandez, Akhil Chandran, Caleb Jones, Lily Crespy, Guillaume Bussière, Matthew Kovacs,

Terran Daily

Ronald Etienne, Mona Mishra, Lily Crespy, Guillaume Buissière, Jean François barthod,

Psychologue et biologiste, Terran Daily s’est

Emmanuel Radu, Bharath Krishna, Patrick

formée ensuite à l’ergothérapie, puis a poursuivi

Lefebvre, Christian Widell, Francis Azémard,

des études sur la conscience à la

Christian Joudrey

John F. Kennedy University,

ILLUSTRATIONS Brigitte Smith

CONTRIBUTIONS Dr James R. Doty, John Malkin, Yves Benhamou, Barbara J. Levin O’Riordan, Terran Daily, Kamlesh D. Patel, Dr Ichak Adizes, Luke

avec des spécialisations en psychologie organisationnelle et résolution des conflits. Ergothérapeute depuis de nombreuses années, elle s’intéresse aux enfants difficiles et différents.

Countinho, Samara Mahindra, Rishi Ranjan,

Grâce à son approche compréhen-

Miles Yzquierdo, Coralie Imbert, Barath Krishna,

sive et dédramatisée des troubles du comportement,

Krishna Sai, Brenda Kay Neth, Sayali T, Alanda

elle a développé des alternatives inventives

Greene, Félicie Toczé, Brigitte Smith

et efficaces à la médicalisation.

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Magazine Heartfulness


à ce numéro ENVOI DES CONTRIBUTIONS

Luke Coutinho

Correspondance avec la rédaction et ligne rédactionnelle

Auteur de The great Indian Diet, avec Shilpa Shetty, et de Eat Smart, Move More, Sleep

magazine@unimeo.com

PUBLICITÉ

Right - Your Personal Health

magazine@unimeo.com

Coach, Luke est nutritionniste, conférencier et kiné-

ABONNEMENTS

sithérapeute. Il travaille dans

www.unimeo.com

le champ de la médecine intégrative et du mode de vie.

IMPRESSION

Il est spécialiste du diabète et

Aumüller Druck GmbH & Co. KG

de l’obésité, a fondé Pure Nutri-

Weidener Straße 2

tion (purenutrition.me) et cofondé Goqii

D-93057 Regensburg

(www.goqii.com). Plus d’informations à propos

PUBLICATION

de Luke sur www.lukecoutinho.com

Unimeo 1185 Chemin des Campelières 06250 Mougins FRANCE

Coralie Imbert

Droits d’impression, publication, distribution, vente, sponsoring et perception des recettes réservés à l’éditeur.

Coralie est athlète professionnelle, instructeur d’apnée, conférencière et formatrice Heartfulness.

2017 © Tous droits réservés à Unimeo

Championne de France puis d’Europe en windsurf et kite-surf, elle se consacre ensuite à la plongée en apnée où elle atteint 60 m de profondeur et 6 min de statique. En quête de sens dès son plus jeune âge, elle a trouvé dans l’apnée et la méditation une

ISSN : 2491-2255 Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg Spirituality Foundation, SMSF », le logo « Learn to Meditate » et le logo  « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.heartfulness.org est également la propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

réponse à son désir de profondeur et de subtilité, et transmet dans des ateliers son approche méditative de la performance. Son objectif est d’atteindre 100 m de profondeur.

Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l’Institut Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

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entre Stimulus

et réponse PARTIE 2

JD

Un facteur important à prendre en compte est le désir intrinsèque de nous comporter de manière tribale, qui s’explique aussi par notre évolution. Nous l’avons vu, le regroupement en tribus de chasseurs-cueilleurs a représenté notre première stratégie de survie, et l’on a tendance, c’est bien connu, à se lier à des gens qui nous correspondent, qui agissent comme nous, qui partagent notre culture,

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notre milieu social, notre religion et notre couleur de peau. Pourquoi ? Parce qu’on se sent moins menacé, plus en sécurité, parmi des gens qui nous ressemblent. Le problème, c’est que ce genre d’interaction peut avoir un effet de « chambre d’écho » en renforçant des comportements négatifs ou un sentiment de peur ou de menace, et donc nous fermer aux opinions d’autres groupes. Cela peut même susciter l’envie d’éliminer ces autres, en nous figurant à tort qu’ils menacent notre existence. C’est d’ailleurs souvent une prophétie auto-réalisatrice. Cette réaction est malheureusement très naturelle, et nous savons par expérience qu’il est possible de la déclencher.


entretien

}Q & R } john malkin s'entretient avec le Dr James R. Doty Lors de notre précédente conversation avec JAMES DOTY, nous avons vu le rôle positif que la compassion a joué dans l’évolution de l'humanité. Il explore maintenant l'impact des nouvelles technologies sur les relations humaines et sur nos vies en général.

Vous avez fait allusion à la situation politique et à certains groupes qui alimentent la peur et l’anxiété pour mobiliser en nous cette partie primitive qui réagit à la menace. Le résultat, c’est que certains individus vont s’identifier à des groupes qui pensent ou qui agissent comme eux, en se figurant que cela les protégera. Les politiciens, entre autres, exploitent ce type de réaction depuis des millénaires. Malheureusement, dans le contexte mondial actuel, ce n’est ni une stratégie de survie ni une solution à long terme. En réalité, ce qui se passe dans une partie du globe peut avoir d’importantes répercussions ailleurs. Nous ne sommes plus de

simples tribus de chasseurs-cueilleurs qui s’affrontent sur un petit territoire, sans effet sur le reste du monde. En clair, la survie de notre espèce exige que nous prenions conscience de cette réalité. Et aussi que nous comprenions qu’en fait il y a suffisamment de ressources pour tous. Si nous parvenions à modifier nos comportements, à faire de l’introspection et à prendre conscience de nos préjugés – de nos biais cognitifs – à l’égard des autres, cela pourrait donner naissance à une société orientée vers le bien commun. Une société où l’on ne se préoccupe pas seulement de ceux qui sont comme nous et qui agissent comme nous – de notre tribu, si vous

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voulez –, mais aussi de ceux et celles qui ne font pas partie de ce groupe soudé. Par exemple, une semaine de nos dépenses pour notre technologie militaire suffirait à éduquer des dizaines de millions d’enfants, de la maternelle à 18 ans. Une semaine ! Imaginez le potentiel, si nous réduisions les budgets consacrés à nos armées ! Combien de gens pourrions-nous nourrir ? Combien de bâtiments pourrions-nous construire ? Combien de gens pourrions-nous instruire ? En définitive, c’est à partir de ce paradigme que nous devons envisager l’avenir.

Q

Je serais curieux de connaître l’effet des technologies numériques sur la compassion. Selon certaines études, les gens passent tellement de temps devant leurs écrans, à interagir avec des machines, que cela diminue leur capacité d’empathie, qu’ils ont du mal à décoder les indices faciaux et émotionnels et à discerner leurs propres émotions. À votre avis, quel impact ces technologies ont-elles sur la compassion humaine ?

JD

C’est une épée à deux tranchants ! La technologie et les technologies numériques ont eu des effets positifs très profonds dans de nombreux domaines, et elles nous permettent de vivre comme nous le faisons aujourd’hui. Cela dit, nous savons bien, comme vous le soulignez, que pour certains ces technologies ne permettent pas de créer de véritables liens avec les autres. La réalité, c’est que nous sommes une espèce profondément sociale, et quand nous ne sommes pas en lien avec les autres, nous nous sentons seuls. Aux États-Unis, par exemple, une personne sur quatre dit que, lorsqu’elle a des douleurs ou de la peine, elle n’a personne pour la réconforter ou l’écouter. Songez aussi qu’en Occident la solitude, l’isolement, l’anxiété, le stress et la dépression prennent des proportions épidémiques. Il suffit de regarder du côté

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des technologies numériques ou de la modernité pour comprendre ce qui s’est passé. Il y a deux ou trois cents ans, nous vivions dans un contexte multigénérationnel. Souvent les parents, grands-parents, frères, sœurs et enfants vivaient tout près les uns des autres, sinon sous le même toit. On passait toute sa vie au même endroit ; par conséquent chaque personne savait qu’elle faisait partie d’une communauté qui prenait soin d’elle. Elle était acceptée, aimée, avec ses qualités et ses défauts. Dans le monde moderne, beaucoup d'entre nous ne vivent plus dans un tel cadre. En grandissant, nous déménageons souvent, si bien qu’il n’y a pas de stabilité, pas d’acceptation dans nos interactions avec les autres. Arrivés à l’âge adulte, nous partons faire des études, puis nous trouvons un emploi dans un endroit où nous ne connaissons personne, loin de nos frères et sœurs, loin de nos parents. C’est à l’origine de beaucoup de solitude, de désespoir et d’anxiété. Dans un tel contexte, les technologies numériques peuvent avoir un effet profondément négatif. Et dans le cas de personnes anxieuses ou isolées, par exemple, cela peut les conduire à ressasser des idées, à ruminer, ce qui ne fait qu’empirer la situation.


entretien

téraoctets de données sur nos déplacements, avec la capacité de recueillir et d’analyser une masse énorme d’informations sur chacun de nous, cela implique que l’on pourrait se servir de messages subliminaux de manière très négative. Et un petit groupe pourrait en faire usage pour nous manipuler. D’une certaine façon, c’est déjà le cas : il existe aujourd’hui un champ de recherche, le neuromarketing, qui exploite nos préférences et nos préjugés pour nous manipuler, nous motiver à consommer certains produits ou à prendre des décisions dont d’autres tirent profit. Il faut y être attentif, parce qu’en l’absence de garde-fous un petit groupe pourrait manipuler des pans entiers de notre société. Cela dit, nous savons qu’il existe aussi des technologies numériques ou artificielles aux effets positifs. Certaines nous permettent de communiquer avec des gens qui nous ressemblent et partagent nos intérêts, ce qui est merveilleux. On commence à utiliser des robots pour interagir avec des personnes seules ou âgées, et on pense même qu’ils pourraient leur prodiguer certains soins. Des recherches indiquent que nous pouvons développer des relations positives avec ces entités artificielles. Mais ce ne sont jamais que des entités artificielles : même si elles s’avèrent bénéfiques dans certaines situations, elles ne remplaceront jamais un être humain. Voilà pourquoi je dis que c'est une épée à deux tranchants. Avec l’évolution de l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique, on touche à un autre problème, potentiellement très complexe : au fond, qui est derrière tout cela ? Qui sont les manipulateurs ? Si l’on examine la question du libre arbitre, on constate que bon nombre de nos actions sont déclenchées par des signaux subliminaux venant de notre environnement. Il semble évident maintenant que l’on peut nous manipuler. Quand on dispose de

Q

Ce dont vous parlez m’intéresse et me préoccupe énormément. Il est frappant de voir que partout dans le monde les gouvernements et les entreprises exercent une surveillance sans aucun droit en recueillant des données en masse et en suivant chacun à la trace. Cela va bien au-delà de ce que George Orwell imaginait. On dirait que les gens ne réalisent pas vraiment ce qui se passe. Ils sont généralement confrontés à une telle avalanche d’informations qu’ils semblent constamment submergés ; ils s’intéressent à une question pendant une heure, puis quelque chose survient et ils passent à un autre sujet.

JD

C’est une discussion que nous pourrions sans doute poursuivre longtemps !

Le docteur Doty est l’auteur de La fabrique des miracles,  qui vient de paraître en français aux éditions Flammarion. Il est co-fondateur du « Center for Compassion and Altruism Research and Education (CCARE) », à l’université Stanford, à Palo Alto, en Californie.

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Quelque chose se passe dans la structure générale humaine. Un âge nouveau a commencé. Sous les forces de l’amour, ce sont les fragments du Monde qui se recherchent pour que le Monde arrive.

PIERRE TEILHARD DE CHARDIN

PHOTOGRAPHIE ADRIAN


les nouveaux enfants

Photographie Franck McKenna

Vivre avec


education

J'ai vu au fil des ans le nombre d’enfants pour lesquels on posait un diagnostic de TDAH ou d’autisme monter en flèche. TERRAN DAILY cherche à comprendre les raisons de l’augmentation de ces diagnostics. Le problème est-il vraiment chez les enfants ?

A

vez-vous remarqué combien d’enfants sont considérés aujourd’hui comme difficiles ou ayant des besoins particuliers ? Moi, ça m’a frappée. Ergothérapeute depuis trente ans, j’ai vu au fil des ans le nombre d’enfants pour lesquels on posait un diagnostic de TDAH ou d’autisme monter en flèche. Et même en l’absence de ces diagnostics, j’ai rencontré un nombre croissant d’enfants dotés d’une volonté extrêmement forte, d’un tempérament rêveur ou explosif, avec des idées bien arrêtées sur ce qu’ils aiment ou n’aiment pas, ce qu’ils feront ou ne feront pas. Ils ont de grandes difficultés à entrer dans le moule de l’éducation traditionnelle et à s’adapter à la vie d’une famille où les parents travaillent. J’ai élevé un de ces enfants et je suis maintenant grandmère d’un autre.

D’où viennent tous ces enfants et pourquoi sontils comme ça ? J’ai entendu plusieurs théories à ce sujet. Certains affirment que cette « épidémie » est causée par toutes les toxines que nous absorbons dans l’air pollué, l’eau, la nourriture, les médicaments, les produits cosmétiques et les détergents. En 2009, le Centre Américain de Contrôle des Maladies a publié un rapport indiquant que plus de 75 substances chimiques toxiques avaient été détectées dans le sang et l’urine de personnes testées. Selon une autre théorie, les problèmes de nos enfants viendraient de la pollution électromagnétique produite par les lignes à haute tension, les téléphones mobiles, les antennes des réseaux téléphoniques, le Wi-Fi, les fours micro-ondes, etc. D’autres postulent que regarder la télévision au cours des trois premières

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années de la formation du cerveau prédispose au TDAH car le cerveau s’habitue à la succession d’images TV en rafale et ne supporte plus le rythme plus lent de la vie ordinaire. Un article de la revue américaine Psychology Today intitulé « Pourquoi les enfants français n’ont pas de TDAH » suggère que c’est l’effondrement des valeurs traditionnelles familiales et de la discipline qui serait la clé de l’augmentation exponentielle de ces troubles. Dans le TED talk le plus regardé de tous les temps « Les écoles tuent-elles la créativité ? » l’éducateur anglais Sir Ken Robinson aborde la question sous un autre angle. Pour lui, nos écoles fonctionnent selon un modèle éducatif d’un autre âge où l’on formate les élèves. Elles ne préparent pas les enfants d’ aujourd’ hui à vivre dans un monde qui explose d’informations, de créativité et de nouveaux points de vue sur la réalité. Ils font tout simplement voler en éclat les moules qui ne leur correspondent plus, ce qui nous obligera à trouver de nouvelles voies. Ils nous invitent au changement. Une autre théorie, de tendance ésotérique, parle d’une vague d’« enfants des étoiles » venus d’autres mondes, ou d’autres dimensions, pour ouvrir la voie à une conscience nouvelle pour le bien de toute l’humanité. Ces enfants des étoiles sont répartis en trois groupes :

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Les enfants indigo, nés pour la plupart entre 1970 et 1990 – mais certains sont déjà venus plus tôt en éclaireurs. Ces enfants intelligents et talentueux sont des esprits guerriers, dotés d’une grande intégrité et d’une détermination sans faille, et qui ne tolèrent ni la malhonnêteté ni la manipulation. Ils se battront pour ce qui leur semble juste et ne se soumettront pas à des demandes autoritaires dépourvues de sens à leurs yeux. Toute tentative de contraindre ces enfants se transformera en rapport de force. Leur rôle dans notre processus d’évolution est de briser les anciens systèmes devenus obsolètes. Ces enfants s’ennuient facilement lorsqu’on leur demande de faire quelque chose qui ne les inspire ou ne les intéresse pas, d’où l’étiquette TDAH qu’on leur colle souvent. Les enfants cristal, nés principalement entre 1990 et 2010. Ce sont des enfants plus paisibles, souvent reconnaissables à leurs grands yeux expressifs et à leur tendance à regarder intensément et longuement les gens, emmagasinant silencieusement les informations. Ces enfants commencent généralement à parler bien plus tard que les autres en raison de leurs pouvoirs télépathiques, de sorte qu’on peut les diagnostiquer à tort comme autistes. Ils ont également une très forte énergie et reçoivent parfois le faux diagnostic


education

de TDAH. Les enfants cristal détestent les environnements disharmonieux ou hyper stimulants et peuvent faire des caprices si on les contraint à rester dans de telles situations. Ils sont artistes, musiciens, ils aiment la nature et manifestent souvent un intérêt particulier pour les pierres et les cristaux.

Les enfants arc-en-ciel, nés après 2000. Ce sont les enfants des étoiles les plus récents et les moins nombreux. Ce sont des enfants au cœur ouvert, nés dans le but d’aimer et de servir. Ils sont souvent dotés de pouvoirs de guérison et d’une créativité passionnée. Ces enfants sont totalement dépourvus de peur et donnent de l’affection à tous les êtres vivants de manière égale. Ils ont une très haute énergie, une personnalité forte et peuvent sembler impatients car ils ne sont pas habitués à ce monde où les gens ne manifestent pas immédiatement leurs pensées et leurs besoins. Je suis certaine que toutes ces théories représentent les pièces du puzzle. Avec laquelle entrezvous en résonance ? Pour ma part, c’est celle des enfants des étoiles. Je me souviens d’avoir ressenti très jeune un appel pour contribuer d’une certaine façon à l’émergence d’une nouvelle ère, et je trouve inspirant d’imaginer une grande vague d’êtres venus

au monde dans ce but. Dieu sait si nous en avons besoin ! Je ne suis pas sûre que les enfants indigo, cristal et arc-en-ciel soient si clairement différenciés, ou que ce soit les seuls types d’enfants. Mais ce que je sais, c’est que beaucoup d’enfants sont différents de nos jours et que ces nouveaux enfants doivent être traités avec respect, humour, de façon ludique et avec une grande présence. Ils doivent savoir que nous sommes avec eux, prêts à les aider à atteindre les buts qui ont du sens pour eux. Ils réagissent positivement à l’inspiration et à une guidance affectueuse, mais pas au contrôle arbitraire. Sinon gare aux conflits !

Pour en savoir plus 1. Exposure to environmental toxins linked to autism incidence rates, site web de Medical News Today : http:// www.medicalnewstoday.com/articles/274088.php. 2. Health Effects of Electromagnetic Fields, vidéo avec le Professeur Olle Johansson, https://www.youtube.com/ watch?v=mN1nl9GNpUU. 3. Losey, M. 2007. The Children of Now… EVOLUTION, Career Press, USA. 4. Wedge, M. 2012. ‘Why French kids don’t have ADHD’, Psychology Today: https://www.psychologytoday.com/blog/suffer-the-children/201203/ why-french-kids-dont-have-adhd.

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Soif de joie,

beauté

soif de

YVES BENHAMOU, médecin et chercheur de sens, nous parle de ces moments de pure joie, de pure beauté qui nous arrivent parfois, inopinément, et du désir niché en chacun de nous de pouvoir les vivre constamment. Mais comment ?

N

otre nature nous incite à chercher sans répit le bonheur. C’est comme une faim en nous, un élan irrépressible, une espérance qui nourrit nos jours et nos rêves. Et puis, sans crier gare, il surgit du plus profond de nos cœurs, sans forcément être rattaché à une circonstance particulière, parfois même au beau milieu d’un moment difficile. C’est une bulle de vide, un instant suspendu, une légèreté qui a son poids, une présence. C’est notre faim qui trouve son objet, notre quête sa récompense et sa justification. C’est l’Art qui s’ouvre au cœur de notre vie. Je veux croire que chacun a pu en faire l’expérience, les hommes mais aussi les bêtes, les plantes, tout ce qui porte vie. Pourquoi pas le chat, soudainement

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subjugué, ou la feuille légère qui palpite sous la brise à la lumière de l’aurore ? Y a-t-il, pour cette fulgurance de la joie, une traduction physiologique ? Comment se manifeste, dans cette jeune feuille tout juste éclose, cet instant privilégié d’adéquation avec la Nature ? Si nous pouvions nous immiscer dans le métabolisme végétal de ce moment, découvririons-nous une accélération de la photosynthèse, une activation soudaine du métabolisme des mitochondries, ou tout autre phénomène tangible ? Et chez nous, êtres dotés de conscience, y a-t-il dans les circonvolutions de notre cerveau un soudain synchronisme de nos ondes delta, thêta et gamma ? Ou peut-être une nouvelle sorte d’ondes, trop subtiles pour être identifiées ?


attitudes

Percer le mystère de la joie revient sans doute à percer tous les mystères. Autant ne pas le tenter mais, reconnaissants, nous prosterner devant son évidence lorsqu’elle nous fait la grâce d’advenir. Pourtant, y aurait-il un moyen de reproduire ces instants, de contenter notre faim de joie, de ne plus limiter ce phénomène aux contingences du hasard, de boire à cette source chaque fois que nous en avons besoin ? De changer le rare en fréquent, l’exceptionnel en quotidien ? La seule réponse : nous changer. Car nous changer changera notre regard sur le monde, changera le monde lui-même. « Que l’admiration soit dans ton regard et non dans la chose regardée ! » écrit André Gide, dans Les nourritures terrestres. La véritable grâce est d’avoir en nous, en même temps que l’organe qui capte la beauté, la faim du beau. Cette affinité pour la splendeur nous ouvre tout grand les portes de l’infini. A nous de développer cet organe secret, de l’affiner à l’extrême, pour ne plus percevoir que le beau en chaque chose. Et voilà que la vie nous a donné cet organe, c’est notre cœur. Et elle nous a également donné la méthode, la méditation sur la source de lumière, dans le cœur. Celui-ci est le puits où étancher notre soif de beauté, et notre outil est la méditation, le seau avec lequel nous puisons. Pour peu que nous prenions le temps de puiser, le seau ne revient jamais vide : la beauté est là, on y prélève un quantum, un échantillon, mais le grand Tout y est, qui jamais ne tarit. L’infini dans le fini. Telle est bien la définition de la spiritualité selon André Comte-Sponville : « Notre rapport fini à l’infini ». Car l’acte de méditer renferme toujours un instant de pure grâce, et rien n’est plus facile que d’en faire l’heureuse expérience jour après jour. Et cette expérience méditative imprègne peu à peu notre vie tout entière, cet instant de joie se multiplie, s’étire, se déploie, s’approfondit. Et nous voilà en relation avec l’infini…

Le cœur est le puits où étancher notre soif de beauté, et notre outil est la méditation, le seau avec lequel nous puisons. Pour peu que nous prenions le temps de puiser, le seau ne revient jamais vide.

Ondes delta : de 0,5 à 4 Hz, celles du sommeil profond, sans rêves Ondes thêta : de 4 à 7 Hz, celles de la relaxation profonde, que nous atteignons notamment dans la méditation Ondes alpha : de 8 à 13 Hz, celles de la relaxation légère et de l'éveil calme Ondes bêta : 14 Hz et plus, celles des activités courantes. Étrangement, les ondes cérébrales passent au bêta pendant les courtes périodes de sommeil avec rêves (sommeil paradoxal), comme si les activités du rêve étaient des activités courantes Ondes gamma : au-delà de 30 ou 35 Hz, celles qui témoignent d'une grande activité cérébrale, comme pendant les processus créatifs ou la résolution de problèmes. Ces ondes sont beaucoup plus nombreuses chez les méditants expérimentés

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attitudes

L'abandon BARBARA J. LEVIN O’RIORDAN nous transmet ce qu'elle a découvert sur la beauté de l'abandon tout au long des années passées auprès de P. Rajagopalachari.

B

eaucoup de gens se posent des questions sur la notion d’abandon dans une voie spirituelle. Pourquoi ? Parce que l’abandon fait peur. On l’imagine comme un état infamant – une forme de soumission, un renoncement à la conduite de sa vie, à ses choix… une sorte d’esclavage. L’ exemple alarmant de Jim Jones ou de Luc Jouret qui ont poussé leurs adeptes au suicide collectif vient tout de suite à l’esprit. Or le véritable abandon n’a strictement rien à voir avec tout cela. Nous avons tous un Soi supérieur. Même s’il est difficile à définir, nous sommes nombreux à ressentir la présence en nous de quelque chose de plus grand. Certains le vivent comme une présence palpable, ou encore comme la conscience – qui nous donne un sentiment de malaise quand on fait quelque chose de mal. D’autres le décrivent comme une « boussole morale ». Pour d’autres enfin c’est relié aux sensations profondes qui les envahissent à la vue ou à l’écoute de quelque chose de beau. Peu importe le nom qu’on lui donne, mais chacun en a fait l’expérience d’une manière ou d’une autre. C’est notre « compagnon éternel » – quelque chose qui nous accompagne toute notre vie. Quand nous écoutons et suivons notre Soi, nous nous sentons bientôt vivants, heureux, comblés. Lorsque nous l’ignorons, il ne nous quitte pas, il

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se met simplement en veilleuse, attendant le moment où nous serons à nouveau enclins à l’écouter. Quand nous le négligeons et qu’il s’assoupit, nous nous sentons lourds, notre réalité se complique. Les doutes et les pensées contradictoires nous assaillent, nous avons de la peine à prendre des décisions, et c’est la déprime, la colère ou la confusion. Pourtant, même lorsque nous sommes dans cet état, notre Soi supérieur attend que nous l’écoutions et que nous répondions à ses injonctions. L’ abandon spirituel, c’est simplement l’acte de nous en remettre à cette partie supérieure de nous-mêmes pour nos décisions. C’est avoir le courage de répondre de plus en plus à ses exigences. Le Soi commence par être un invité dans notre cœur. Puis un jour, l’invité devient l’hôte. Notre vie, même discrètement, devient alors héroïque. Parfois, il est difficile de discerner la voix de notre Soi. C’est en général lorsque nos propres désirs interfèrent avec notre capacité d’écoute. Leurs voix parlent si fort qu'il devient impossible d’entendre cette petite voix intérieure, calme et tranquille. De plus, nous sommes conditionnés par notre famille, notre religion et notre appartenance sociale, ce qui ne développe


pas le discernement : nos dogmes définissent ce qu'il faut croire et ne nous encouragent pas à vraiment nous écouter. Un maître spirituel est quelqu’un qui a atteint la maîtrise de soi. N’étant plus troublé par une myriade de désirs, il est capable de faire la distinction entre la véritable voix du Soi et celles, illusoires, des désirs, et a le courage d’écouter la première et d’ignorer les secondes. Ce maître est devenu un authentique être humain, un miroir qui nous montre tout ce que nous avons oublié que nous étions vraiment. Lorsque nous nous regardons régulièrement dans ce miroir et que nous réfléchissons à ce que nous y avons vu, le géant endormi se réveille en nous. Le grand Swami Vivekananda nous a laissé cette métaphore : un lionceau avait été élevé par des moutons et se comportait comme eux. Un lion passa un

jour et vit ce qui lui était arrivé : il bêlait, mangeait de l’ herbe et suivait les autres aveuglément. Le vieux lion attrapa le lionceau par la peau du cou et le mena jusqu'à un étang pour lui montrer son reflet dans l'eau et lui faire comprendre qu’il n’était pas un mouton mais un lion. Le lionceau, se voyant pour la première fois, émit un rugissement. Le rôle d’un maître spirituel est de nous montrer que nous sommes des lions. C’est à cela que nous nous abandonnons – pas à lui, pas à une vie de soumission avilissante, mais au lion qui est en nous. Nelson Mandela disait que ce n’était pas de notre moi inférieur, ni même de ce monde terrifiant que nous avions peur – mais de découvrir notre grandeur. Quand nous commençons à voir et à aimer ce que nous sommes vraiment, nous nous abandonnons avec joie, sans plus aucune crainte !

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La vie dans la

vie

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KAMLESH D. PATEL explore dans cet article une autre facette de l’évolution de la conscience. Il parle de l’amour, de la transmission et du besoin de connexion et de communion tout au long de notre voyage. Responsable international de Heartfulness, Kamlesh D. Patel est un guide spirituel moderne qui incarne cette rare fusion du cœur oriental et de l’esprit occidental. Il a la capacité d’être profondément connecté à son cœur, centre de son existence, tout en poursuivant des recherches scientifiques novatrices dans le domaine de la méditation, de la spiritualité et de l’évolution humaine.

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u’est-ce que chacun désire plus que tout au monde ? Les recherches sur le sujet donnent de nombreuses réponses : le bonheur, la paix, la confiance, la reconnaissance, la liberté, l’argent, etc. Mais l’essentiel reste l’amour. L’amour est le centre de la vie. La poésie, la musique, l’art, les films sont pour la plupart créés au nom de l’amour. On dit que Dieu est amour, que l’amour peut tout vaincre, etc. Tous les grands mystiques ont insisté sur l’importance de l’amour. Tous les grands saints ont aimé Dieu et ont aimé l’humanité. Et si Bouddha n’a pas parlé d’amour, il dit dans l’une de ses plus célèbres déclarations qu’il reviendra encore et encore, jusqu’à ce que tous les humains soient libérés. N’est-ce pas de l’amour ? Dans notre série d’articles sur la conscience, nous nous sommes concentré sur l’évolution de celle-ci et des autres corps subtils qui s’obtient par une pratique spirituelle. Or, en quoi l’ amour relève-t-il de la science de la spiritualité ?


focus l'amour métamorphose

En fait seul l’amour est capable de nous propulser au terme de ce voyage d’expansion de la conscience qui comporte tant de hauts et de bas...

Il est vital de le saisir, car en fait seul l’amour est capable de nous propulser au terme de ce voyage d’expansion de la conscience qui comporte tant de hauts et de bas... Il est vrai qu’ on peut parcourir une partie du chemin sans amour, avec le seul désir de progresser individuellement, mais même dans ce cas, il faut être suffisamment motivé pour s’engager dans ce processus. Or pour atteindre l’état de calme intérieur, pour rencontrer le centre de notre être, l’amour est essentiel. L’amour aplanit le chemin. Comparons cela à une situation courante de la vie, le mariage. Qu’arrive-t-il dans un mariage où il n’y a pas d’affection et d’amour pour l’autre ? Est-ce facile, sans amour, d’accepter les faiblesses et les habitudes bizarres d’un proche, dans un espace restreint ? A

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l’inverse, que se passe-t-il quand nous aimons ? Même les défauts de l’autre nous paraissent adorables. On accepte tellement plus de choses, quand il y a de l’amour. Il adoucit notre cheminement et surmonte aisément les obstacles. Dans un mariage ou un partenariat, l’amour tisse des liens et mène finalement à la communion et à

ont à ce point fusionné qu’ils se comprennent sans dire un mot. Chez la mère, l’état de connexion et de communion va encore plus profond ; on pourrait dire que la relation de la mère à l’enfant se définit par le don. C’est la quintessence de la maternité. Pour les mères, il n’y a jamais de sacrifice, quand il s’agit de leurs

l’unité. On est profondément intéressé par le bien-être de l’autre. On le fait passer en premier, on s’intéresse à ce qu’il ressent, à ce qu’il lui arrive, on le soutient de toutes les façons. On éprouve ses sentiments et on connaît ses pensées. Chacun termine les phrases de l’autre et répond immédiatement à ses besoins. Vous avez certainement rencontré un de ces vieux couples qui ont passé toute leur vie ensemble et

enfants – que ce soit leur donner naissance, rester la nuit entière au chevet d’un petit malade ou aimer un adolescent rebelle et désobéissant. Pour une mère il est tout naturel d’aimer. L’ amour est connexion. Il crée l’empathie, la compassion et il nous sensibilise aux besoins les plus profonds de l’autre. Dans ces moments-là, tout ce que nous avons coule de notre cœur dans le cœur

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focus l'amour métamorphose

de l’autre, naturellement, sans qu’il soit nécessaire de faire quoi que ce soit. Nous n’avons pas besoin de chercher bien loin pour savoir que l’amour nous ouvre le cœur. Même au degré le plus humain, on saisit immédiatement ce que signifie tomber amoureux ou aimer son nouveau-né. On voit le monde en rose et on dégage une vitalité

comme l’amour d’une mère nourrit son enfant. Alors que la transmission n’a aucune qualité en soi, elle dissout les barrières et élimine les séparations. Elle transmute les formes les plus grossières en états subtils. Elle défait les nœuds de nos existences enchevêtrées, ouvrant ainsi la voie à la joie et à la félicité. La transmission est le catalyseur par excellence.

et un éclat qui ne trompent pas. Le cœur a une propriété très intéressante : dans son état le plus pur, c’est un univers infini de potentialités. Plus il s’ouvre à des niveaux profonds, grâce à la pratique spirituelle, plus son champ, le spectre de la conscience, s’élargit, et plus nous sommes conscients de notre connexion avec le cœur des autres. Un cœur pur ressent sa connexion avec tous les autres cœurs. L’amour peut créer un vide dans le cœur, et ce vide va générer un courant qui coule à flots de cœur à cœur. Ramenons cela au voyage spirituel de l’expansion de la conscience. Que se passe-t-il si notre pratique est mécanique, routinière et sèche ? Elle se compare à une relation froide et sans amour. On n’y trouve aucune étincelle, aucun intérêt, il n’y a pas de communion, donc pas d’expansion. Au lieu de ça, on résiste, la pratique est dirigée par l’ego, exactement comme dans une relation sans amour. Quand l’intérêt est au rendez-vous, la pratique spirituelle devient vivante, on y trouve de l’émerveillement, des expériences, une ouverture et de la magie à chaque instant. Dans le monde d’aujourd’hui on nous offre un énorme soutien pour insuffler de l’intérêt à notre pratique spirituelle. Comment ? A l’aide de la transmission yogique. La transmission est l’amour le plus sublime, le plus subtil. Elle vient de la Source, elle est donc l’amour le plus pur qui soit. Lorsque le cœur s’ouvre à l’amour, le courant de la transmission nous nourrit de l’intérieur,

D’où vient la transmission, ce puissant amour qui nous cherche au cœur de notre être ? Elle est toujours présente, elle est infinie dans sa nature et sa portée. Elle est là, dans la trame même de l’existence, c’est la force sans force la plus subtile qui soit émanant de la Source. Savoir qu’elle existe est une chose ; avoir la capacité de l’utiliser pour l’expansion de la conscience et l’évolution spirituelle des autres, c’en est une tout autre. Cela exige une relation particulière avec la Source même. Tel est justement le rôle d’un guide spirituel d’un haut niveau. Car il a la capacité de transmettre à nos cœurs cette essence très subtile pour que l’expansion de la conscience puisse se faire grâce à la pureté du véritable amour. Le guide, ou guru, est comme une mère, il nous fait naître à une dimension supérieure de l’existence et nous emplit d’un amour qui dépasse l’entendement. C’est peut-être ce que signifiaient ces mots de Vivekananda : « Le guru est le masque lumineux que porte Dieu pour venir à nous. Lorsque nous le regardons avec constance, le masque s’efface peu à peu et Dieu apparaît. » La transmission apporte la vie dans la vie. Elle nourrit le cœur, la toile de la conscience sur laquelle évoluent les corps subtils du mental. Nous nous développons, nous nous épanouissons, si bien que notre conscience atteint finalement son plus haut potentiel, l’unité totale. Et notre vie prend alors un sens que l’on ne trouve, sinon, que dans les rêves.

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le besoin d'AImER DR ICHAK ADIZES partage ses pensĂŠes sur le plus important des besoins humains.


focus l'amour métamorphose

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armi les nombreuses théories sur les besoins humains – tels ceux de se nourrir et de se reproduire – le dénominateur commun est la survie de l’espèce. Il y a aussi la théorie de McClellan qui rend compte du besoin de réussite, d’affiliation et de pouvoir, et celle de Maslow qui établit une hiérarchie des besoins, allant de la survie au besoin de s’accomplir. Je ne l’ai pas trouvé dans les théories, mais quelqu’un a bien dû identifier le besoin d’aimer et d’être aimé. Nous savons grâce à la recherche que les bébés privés de caresses prennent moins de poids et que les enfants qui grandissent dans des orphelinats sans l’amour des parents développent toutes sortes de troubles psychiques. Et nous savons tous par expérience personnelle – j’en mets ma main au feu – à quel point on est seul et déprimé quand on n’est pas dans une relation d’amour. Il ne s’agit pas du besoin d’affiliation. Avoir des contacts sociaux, être en relation, communiquer, sont des besoins du cerveau. Il ne s’agit pas non plus du besoin d’assouvissement sexuel. C’est le besoin d’aimer avec son cœur ; d’avoir le cœur qui souffre pour quelqu’un. Si vous ne pouvez pas le vivre avec un être humain, prenez un animal domestique. La recherche montre que même les prisonniers endurcis s’humanisent lorsqu’on leur confie un chien. L’amour qu’il leur donne change leur comportement bien mieux et bien plus vite que n’importe quelle thérapie par la parole. Peut-être sont-ils devenus des criminels parce qu’ils ont été privés de ce besoin essentiel entre tous : aimer et être aimé. Nous tentons de résoudre nos problèmes avec notre cerveau, en analysant le ratio coût-avantage. Mais la solution véritable et durable est élaborée par le cœur, où ce que nous ressentons n’a rien à voir avec un quelconque ratio.

Nous tentons de résoudre nos problèmes avec notre cerveau, en analysant le ratio coût-avantage. Mais la solution véritable et durable est élaborée par le cœur, où ce que nous ressentons n’a rien à voir avec un quelconque ratio.

Ce qui interfère avec le besoin d’aimer ou d’être aimé, c’est notre cerveau, qui doit gérer tous les autres besoins. L’un d’eux, le besoin de survie, est relié aux peurs, comme celles que peuvent susciter la relation. Un autre besoin qui entrave l’amour, est le besoin d’accomplissement ; nous sommes tellement pris par notre carrière que nous n’avons plus de temps à consacrer aux sentiments, plus le temps de découvrir et aimer une autre personne. Calmez votre cerveau. Pensez moins et laissez votre cœur manifester l’amour qu’il contient naturellement !

Ichak Kalderon Adizes

www.ichakadizes.com

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Le véritable miracle, ce n’est pas de marcher sur l’eau, ou de marcher dans l’air, mais de marcher avec simplicité sur cette terre. Chaque jour que nous vivons, nous sommes au milieu d’un prodige que nous n’apercevons même pas : le ciel bleu, les nuages blancs, les feuilles vertes, les yeux noirs et curieux d’un enfant, nos propres yeux… tout est miracle. THICH NHAT HANH

PHOTOGRAPHIE CAROLINE HERNANDEZ


focus l'amour métamorphose

Une approche intégrative

de la guérison 2ème partie

Dans ce deuxième entretien, LUKE COUNTINHO et SAMARA MAHINDRA nous parlent du rôle de la méditation dans le processus de guérison, de l'importance de l'alimentation, et de l’assimilation de la nourriture au niveau cellulaire.

Q

C’est avec plaisir que nous vous retrouvons, Luke et Samara. Vous travaillez tous les deux dans le champ de la médecine intégrative et du mode de vie. Lors de notre dernier entretien, vous avez commencé à nous parler de la méditation et de son rôle en médecine holistique. Luke, pouvez-vous nous en dire plus ?

Q

Autrefois la méditation me faisait peur, parce que je n’en savais pas grand-chose. Je pensais qu’il fallait s’asseoir en tailleur, et comme je n’y arrive pas, je n’ai jamais voulu essayer. Plus tard j’ai découvert que je peux être assis, debout, méditer, vous parler… C’est merveilleux, quand on s’y met, de découvrir à quel point les choses peuvent être simples. J’ai commencé par deux minutes de méditation. Je n’ aurais jamais cru que je parviendrais à faire taire

Je pense qu’il y a beaucoup de préjugés au sujet de la méditation. Comme Luke, j’ imaginais que je devais me comporter d’une certaine façon, ne pas avoir de pensées, me concentrer, etc. Mais, en effet, ce n’est pas comme ça. A un certain moment, je me suis mise à méditer en m’efforçant de trouver mon espace, mon unité intérieure, le calme, mais je n’y arrivais pas. Puis il s’est passé la même chose que pour Luke, j’ai découvert la méditation Heartfulness. Je me

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mon mental, et aujourd’hui une heure de méditation parfois ne me suffit pas. Pour moi, cela fait partie intégrante du processus de guérison.

Et vous, Samara ?


souviens de ce qu’un médecin de l'équipe de soins Heartfulness m’a dit : « Dans ce type de méditation, il n'y a pas d’animateur, on peut aller dans l’espace intérieur de son cœur n’importe où, n’ importe quand. On n’a pas besoin de musique, ni de la voix d’une autre personne, ni de rien. On n’a qu’à plonger dans son espace intérieur. » Je me suis donc mise à intégrer la méditation dans ma vie, et j’ en vois tout l'impact. Il se produit des changements physiologiques. Beaucoup de gens pensent qu’il ne s’agit que du mental, mais il y a vraiment des changements physiques. La méditation est donc un élément très important de la guérison. Il y en a d’autres, comme l’accompagnement psychologique. L’Inde est encore novice dans ce domaine, les gens ont beaucoup de préjugés à ce sujet. Pourtant, parler des difficultés que l’on traverse

peut vraiment aider sur le plan émotionnel, nous intégrons donc l’aide psychologique au processus de guérison. La yogathérapie est aussi une forme de médecine psychocorporelle.

Q

C’est ce que le terme « yoga » signifie, n’est-ce pas, l’intégration complète de l’esprit, du corps physique et de l’âme ? Exactement.

Q

Changeons de sujet et parlons de l’alimentation et de l’Inde. Les deux vont de pair, puisque la nourriture y joue un rôle essentiel. Traditionnellement, on y détermine l’alimentation

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en fonction de la santé – comme choisir des épices et certaines huiles pour leurs effets spécifiques sur la santé. Luke, comment utilisez-vous ces connaissances dans les programmes thérapeutiques proposés à vos patients ? Revenons à la maladie. D'où vient-elle ? Je serais tenté de dire qu’elle vient du mental, mais c'est un tout autre débat. Elle prend naissance dans chacune de nos cellules. Le cancer part d’une cellule. Le diabète, l’insensibilité à l’insuline, sont dus à la faiblesse d’une cellule déséquilibrée au niveau énergétique. Et qu’est-ce qui fournit de l’énergie à la cellule, en plus de l’oxygène ? Principalement la nourriture. Quand on lui fournit l’énergie adéquate, la cellule peut remplir ses fonctions. Nous sommes tous composés de milliards de cellules, toutes orchestrées en un système intelligent, génial même, qu’on appelle immunité. Chaque cellule est impliquée. En ce moment même, pendant que nous parlons, des centaines de milliers de cellules sont en train de mourir et d’autres se multiplient rapidement, vivent, se régénèrent et combattent d’autres cellules. Pour cela, elles ont besoin d’énergie. Quand on apporte les bons nutriments à la cellule, son immunité est renforcée, et inversement lorsque ceux qu’on lui fournit sont inadaptés, son immunité diminue. Tout dépend donc de la nourriture. Pas tant de ce qu’on mange que de la façon dont le corps l’assimile. Beaucoup de gens mangent bio et ont quand même un cancer, ou suivent un régime strict et sont malades malgré tout, parce ce que le problème n’est pas lié à ce qu’on mange, mais à son assimilation par le corps. L’ assimilation est un processus physiologique et psychosomatique. Nous avons tous un deuxième cerveau, appelé système nerveux entérique, qui régit notre intestin et repère les différents aliments, leur

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focus l'amour métamorphose

Qu’est-ce qui fournit de l’énergie à la cellule, en plus de l'oxygène ? Principalement la nourriture. Quand on luifournit l'énergie adéquate, la cellule peut remplir ses fonctions.

assimilation, etc. Revenons maintenant aux épices et aux aliments indiens. Ils sont nombreux à être des médicaments : le grain de poivre, le curcuma, le gingembre et l'ail, pour n'en citer que quelques-uns. Pourtant, si je disais à mes patients « mangez-en et vous serez en bonne santé », ils le feraient mais ne guériraient pas. Pourquoi ? Parce qu’il existe quelque chose qu’on appelle la biodisponibilité. On pourrait croire que manger un morceau de curcuma, qui a des vertus anti-inflammatoires, va atténuer sur le champ une douleur, mais cela ne se passe pas ainsi. Le système digestif doit d’abord le décomposer et l’assimiler pour qu’il puisse passer dans les cellules. Ensuite les cellules ont des fonctions métaboliques, physiologiques et chimiques qui prennent le relais.

Manger une nourriture saine est loin de suffire. Il faut également bien combiner les aliments. Quand on mange du curcuma, pour reprendre notre exemple, on doit lui ajouter de l’huile de noix de coco ou du beurre clarifié, des acides gras à chaîne moyenne, qui transportent jusqu’aux cellules les nutriments du curcuma. Il faut aussi mettre un peu de poivre noir, car la pipérine qu’il contient aide les cellules à assimiler le curcuma. Et l’ail, par exemple : on peut en mettre tant et plus dans nos plats, la chaleur le tue. Mieux vaut le manger cru et écrasé, pour que l’allicine, l’ingrédient actif qu'il contient, soit activé et produise à son tour d’autres composés sulfurés. Il y a donc une science derrière l’alimentation. L’ Ayurveda en parle, les Vedas en parlent et maintenant on en parle aussi en Occident. En fait, la plupart de mes patients occidentaux consomment plus de nourriture indienne que les Indiens eux-mêmes ! Ce qui est magique, c’est que toutes ces préparations peuvent se faire à la maison. Par exemple celles qui renforcent l’immunité. Si vous avez un cancer, un rhume ou une toux, vous faites bouillir de la cardamome, du gingembre et du poivre noir, vous ajoutez un peu de cannelle et vous sucrez avec du miel bio ou du jaggery – et voilà votre immunité boostée ! En fait, c’est tout simplement revenir aux principes de base de la nourriture en tant que médecine. Tout est une question de combinaison. Il existe aujourd’hui une foule de compléments alimentaires dont l’Occident fait mauvais usage, en promettant des choses qui ne marchent pas. « Prenez trente grammes de protéines par jour et vous ressemblerez à Arnold Schwarzenegger. » Mais le corps ne peut pas assimiler 30 grammes de protéines d’un coup. Il vaut mieux espacer les prises sur une plus longue période. Les médias aussi nous recommandent

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focus l'amour métamorphose

L'assimilation est un processus physiologique et psychosomatique. Nous avons tous un deuxième cerveau, appelé système nerveux entérique, qui régit notre intestin.

de prendre des multivitamines et du calcium tous les jours. L’Inde et les États-Unis sont les plus gros consommateurs de calcium et de produits laitiers au monde et c’est là qu’on trouve les taux d'ostéoporose les plus élevés de la planète ! Les compléments alimentaires ont malgré tout du bon. J’en prescris à mes patients, surtout des formules à base de plantes. J’aimerais ne pas avoir à le faire, mais l’appauvrissement des sols est tel aujourd'hui que nos aliments ont des teneurs en minéraux et en nutriments bien plus faibles qu’autrefois. Lorsque des légumes arrivent dans notre cuisine, après avoir subis divers traitements chimiques et un transport plus où moins long, on a l’impression d’avoir une salade bien saine, mais elle n’a peut-être plus aucune valeur nutritive.

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On doit donc trouver des plantes et des herbes aromatiques de bonne qualité pour préparer des formules qui peuvent être assimilées. Et il y a encore autre chose : une capsule de curcumine équivaut à vingt-deux cuillères à soupe de curcuma additionné d’huile et de poivre noir. Est-il possible de concocter ça tous les jours quand on est malade ? Non, mieux vaut prendre un comprimé qui est élaboré de telle façon que le corps l’assimile entièrement. Il faut donc utiliser des compléments, comme l'Inde l'a toujours fait. Les formules du système scientifique de l’Ayurveda existent depuis plus de 5000 ans et on n’a jamais cessé de les utiliser. Il n’y a donc aucune raison de craindre de prendre des compléments naturels parallèlement aux médicaments allopathiques. Quant aux huiles, beaucoup d’entre nous s'empoisonnent lentement en ne consommant pas les bonnes. Nous pouvons nous passer de sucre plusieurs jours de suite, mais notre système a besoin d’huile. Autrefois, les Indiens consommaient les meilleures huiles qui soient – d’arachide, de moutarde, de noix de coco, etc. – et les maladies chroniques que nous connaissons aujourd'hui n’existaient pas. Nous devons réapprendre quelles huiles choisir pour notre alimentation et comment les utiliser. A suivre

Pour en savoir plus Rendez-vous sur les sites samaramahindra.com et lukecoutinho.com, régulièrement mis à jour avec de nouveaux articles, programmes santé, témoignages, vidéos..., ainsi que sur les réseaux sociaux.


temoignage

Un moment suspendu… Comment méditer ?

Asseyez-vous confortablement dans un endroit où vous pouvez méditer sans bruit ni distractions, de préférence au même endroit et à la même heure chaque jour. Éteignez votre téléphone portable et autres appareils. Fermez doucement les yeux et détendez-vous. Asseyez-vous le dos droit, mais sans rigidité. Prenez quelques minutes pour détendre votre corps avec la relaxation Heartfulness. Portez votre attention vers l’intérieur et prenez un moment pour vous observer. Ensuite, émettez calmement la suggestion que la Source de Lumière est là, présente dans votre cœur. Pensez que cette lumière vous attire de l’intérieur. Faites cela de manière douce et naturelle. Il n’est pas nécessaire de vous concentrer. Si vous sentez que votre attention dérive vers d’autres pensées, revenez tranquillement à l’idée de la Source de Lumière dans votre coeur. Laissez votre attention posée sur le cœur. Sentez que vous vous fondez dans cette perception. Vous allez peut-être dépasser l’état de vigilance pour atteindre un état de détente profonde. Tout va bien. Restez en méditation jusqu’à ce que vous sentiez qu’elle est terminée.

www.heartfulness.org


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points pour optimiser la performance RISHI RANJAN nous montre comment une personne dotée d’une conscience plus éclairée peut favoriser la résolution de problèmes en milieu professionnel.

Prenons un exemple concret de performance au travail. Au cours d’une réunion, vous animez une discussion qui porte sur la résolution d’un problème spécifique.

Une concentration absolue

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Si vous abordez cet échange dans un état de conscience éveillée, vous vous focalisez sur le problème et uniquement sur lui. Votre attention concentrée sur la compréhension du problème est telle que vous pouvez presque le sentir.

Une approche totalement sincère L’état de conscience éveillée favorise une approche honnête et la recherche de solutions durables et à long terme. En abordant les choses de l’intérieur, vous ne causez pas le moindre tort à l’organisation et vous demeurez résolument fidèle à ses valeurs.

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ça change tout

Simplicité des solutions

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Étant dans un état de conscience élargie, vous privilégiez les solutions simples, puisque, intérieurement, nous sommes tous simples. Mettre l’accent sur la simplicité, c’est ressentir la solution la plus naturelle, sans se laisser détourner et sans créer de complications.

Une volonté d'exécution Quand vous fonctionnez à partir d’états de conscience éclairés, votre volonté est également plus développée, affranchie des entraves que sont le doute et la peur. Comme vos décisions n'ont pas à nourrir votre ego, votre volonté est désintéressée et vos actions vont dans la bonne direction.

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Le respect des autres

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Quand votre cœur est ouvert, vous créez tout naturellement un environnement de travail exempt de préjugés et imprégné de respect. Même s’il vous arrive de critiquer les autres, vos propos ne sont jamais blessants car ils sont empreints d'amour et entièrement motivés par un objectif d’amélioration.

Vous serez totalement concentré sur une approche sincère axée sur des solutions simples, et mû par la volonté accrue de constituer un groupe de travail et de développer un esprit d’équipe dans le respect des autres. Tout cela est possible parce qu’en accédant à un autre niveau de conscience, vous accédez aussi à un autre niveau de performance.

Cela dit, peut-on imposer une telle approche ? Songez à ceci : quand un œuf est brisé par une force extérieure, la vie prend fin, quand il est brisé par une force intérieure, de façon naturelle, la vie commence.

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Miles Yzquierdo s’ entretient avec Coralie Imbert

Je ressens sous l’eau quelque chose de très similaire à ce que je sens lorsque je médite.

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Qu’est-ce qui t’a attirée, dans l’apnée, et qu’est-ce qui t’a conduite vers les profondeurs ?

Je suis née au bord de la mer, tout près de la Méditerranée, dans le sud de la France. J’ai grandi pratiquement sur la plage... Mais il est difficile d’expliquer ce qui m’attire vers les profondeurs, je pense que c’est quelque chose qui a toujours été en moi, sans que personne ne m’ait poussée dans cette direction. Quand j’étais adolescente, je regardais de ma salle de classe les palmiers bouger, et la seule pensée que j’avais c’était de retrouver la mer, d’aller faire de la planche à voile, du kite-surf, d’être proche de l’eau... En fait, mon rapport à la mer a évolué de la même manière que mon approche de la vie. Au début j’ai commencé par des sports plus extrêmes : sauter dans les airs, glisser à la surface de l’eau. Avec le temps ça s’est calmé. Je me suis retrouvée plus souvent à nager, jusqu’à ce que je me décide à plonger plus profond, à plonger en apnée. Et c’est un peu la même aventure que j’ai vécue avec ma vie. Plus jeune, j’étais très impulsive, même explosive ; avec le temps,

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j’ai commencé à m’intérioriser, à vivre une aventure intérieure, notamment par le biais de la méditation. Au fond de l’eau je vais chercher des sensations, une expérience, mais aussi un dépassement de moimême, car j’essaie d’aller toujours plus loin, plus profond. Mais ce qui m’attire vraiment c’est cette sensation de paix, de bien-être, cette détente que j’arrive à trouver au cours de mes plongées.

Q

Que ressens-tu au fond de l’eau ?

Je ressens sous l’eau quelque chose de très similaire à ce que je sens lorsque je médite. C’est comme un état d’absorption en moi-même. Je ne suis plus ni vraiment éveillée ni vraiment endormie. Pour les sportifs qui connaissent ça c’est un peu « la zone », « le flow » : on est complètement absorbé par ce qu’on fait, on a tous les sens en alerte mais en même temps on reste canalisé. C’est très difficile à expliquer, et je pense que c’est différent pour chaque apnéiste... Le mieux, pour comprendre, c’est peut-être d’essayer.


le corps inspiré

Q

Peux-tu faire des parallèles entre l’apnée et la méditation ?

Pour moi les deux pratiques sont très proches pour ce qui est des sensations intérieures ; dans la détente et le calme qu’elles m’apportent, dans la profondeur de la découverte de moi-même. En apnée, on se trouve comme coupé de tous les stimuli extérieurs, on ne voit

Q

Est-ce que la méditation t’aide à progresser en apnée et inversement ?

Je pense que les deux pratiques se reflètent. Et lorsque j’ai vécu des périodes où je n’ai pas pu plonger pendant plusieurs mois (ce qui a été très dur pour moi)

Photographie Lily Crespy

plus grand chose. Personnellement je plonge avec un pince-nez et je ferme les yeux, donc je ne vois rien et les sensations sont complètement différentes de ce qu’on vit au grand air. C’est un peu la même chose avec la méditation : quand je m’assois, que je ferme les yeux et que je rentre à l’intérieur de moi même, c’est comme si je passais dans un autre univers. De la même manière, dans le monde marin, j’entre dans un monde fantastique, un monde complètement différent. C’est un univers immense que je découvre chaque jour, dans une discipline comme dans l’autre. En apnée on est souvent face à des émotions dont on n’avait pas conscience, on peut éprouver des tensions inattendues dans le corps ou la tête. Et il faut passer au-delà de toutes ces barrières pour aller plus en profondeur et trouver cet état de paix et de tranquillité qu’on était venu chercher – mais qui n’est pas toujours au rendez-vous. De même, dans la méditation, mon n’esprit n’est pas libre tous les jours, parfois il y a des vagues, des va-et-vient, des pensées qui se présentent…

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Photographie Guillaume Bussière


le corps inspiré

la méditation m’a permis de retrouver le calme, une paix intérieure et aussi de me ressourcer, de garder un équilibre. La méditation me permet également de voir mieux ce qui m’empêche d’ aller plus profond et de progresser… Avec la méditation, je peux observer de manière détachée ce qui se passe hors de l’eau. Enfin, ça m’aide à récupérer : 10 minutes de méditation c’est comme si j’avais fait deux heures de sieste. Et

bradycardie, un ralentissement du rythme cardiaque à l’immersion. La méditation provoque également ce ralentissement ; donc, quand on médite avant d’aller à l’eau, on a un temps d’avance sur notre réflexe d’immersion. Ensuite, la dimension du cœur est essentielle au niveau des émotions, et pour moi le cœur est le siège de ces émotions : sans un état de paix, on ne peut

pour terminer, ça a aussi beaucoup développé mes capacités de concentration, ça m’a aidée à canaliser mon esprit et à me concentrer sur une chose.

pas avoir une plongée qui se passe bien. Enfin, il faut mettre tout son cœur dans cette activité, pour moi ça a toujours été essentiel. Parfois, pour me préparer à une plongée, je fais appel à des souvenirs d’amour…

Q

En quoi l’apnée peut-elle aider à gérer ses émotions ?

Pour certaines personnes, l’apnée peut être une thérapie. Ça l’a été pour moi pendant de nombreuses années au-delà de la méditation… L’apnée c’était ma bouffée d’air, ce qui me calmait, m’apaisait. Quand ça n’allait pas, j’allais dans l’eau. Et beaucoup de personnes que j’ai observées ont vécu cette même expérience. Mes proches aussi l’on remarqué, ils me disent que je suis plus calme et plus apaisée quand je plonge, par rapport aux moments où je n’avais pas cette possibilité. Ça m’a pacifiée. C’est un peu comme la surface de l’océan un peu houleuse où je flottais avant : en descendant dans les profondeurs le calme est toujours là.

Q

En quoi la dimension du cœur est-elle importante en apnée ?

Je crois que le cœur est essentiel dans l’apnée, de manière physique d’abord. En plongeant, on développe un réflexe d’immersion, une adaptation physiologique qui influence le cœur. On a ce qu’on appelle une

Q

C’est quoi l’entraînement d’un apnéiste de haut niveau ?

L’ entraînement d’un apnéiste est très variable d’un athlète à l’autre, mais on a tous un minimum d’entraînement physique : un peu de fitness, du travail cardiovasculaire. Il y a aussi beaucoup d’exercices de respiration. Car avant de retenir sa respiration, on apprend à respirer, on en prend conscience, on porte attention à sa respiration… On s’exerce à mieux respirer pour optimiser les ressources de son corps. On va ensuite avoir des exercices d’apnée à sec, car on ne peut pas toujours être dans l’eau, ce serait trop fatiguant. Des plongées profondes, on en fait une ou deux par jour, et pas tous les jours car cela exige trop du corps. Enfin le stretching et le yoga sont aussi une partie importante de la préparation, avec quelques exercices spécifiques de stretching de la cage thoracique et des poumons pour favoriser la compensation profonde, car on est soumis à beaucoup de pression lors des plongées profondes et il faut préparer le corps à ces changements. Et puis il y a toute la partie mentale qui est pour moi un très gros bloc et où j’ intègre la méditation,

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Photographie Lily Crespy

mais aussi des exercices de visualisation qui sont très efficaces car ils influent sur notre cerveau quasiment de la même manière que des exercices réels. Et j’intègre au maximum la méditation à ma préparation. Je médite au réveil, chaque matin, pour bien commencer ma journée et ensuite, avant de partir à l’eau, j’essaie toujours de méditer au moins quelques instants pour bien me recentrer et garder cette dimension du cœur, cet ancrage en moi. Enfin j’intègre aussi le nettoyage de la méditation heartfulness. Le soir, ça va me permettre de me libérer de toutes les émotions de la journée et de me sentir toujours fraîche.

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Magazine Heartfulness

Q

Est-ce que la méditation te permet d’augmenter tes performances ?

J’ai été sportive de haut niveau en kite-surf pendant de nombreuses années, et je suis passée d’une phase sans méditation à une phase avec méditation, et vraiment ça a changé mon monde. Je m’y suis mise après m’être rendu compte qu’il manquait un élément essentiel dans mon approche. Dans la compétition, j’étais face au stress, à la pression, à des émotions que je ne savais pas gérer à l’époque. En évoluant vers la méditation, en me posant des questions, ça m’a permis de me canaliser, de réguler


le corps inspiré

mon mental et de gérer beaucoup mieux le stress et la pression. Cela dit, l’approche est totalement différente aujourd’hui, dans le sens où je vis la compétition avec moi-même. Je ne suis pas là pour marcher sur la tête de qui que ce soit. Si je veux faire de la compétition en apnée c’est parce que c’est une opportunité de me dépasser moi-même, et aussi de partager tout ce que je vais parvenir à découvrir : je partage les techniques que j’utilise à l’entraînement avec toutes les personnes intéressées, surtout les filles qui vont courir avec moi sur des compétitions – on n’avance jamais tout seul. Et ça

aussi c’est venu avec des années de méditation et avec une certaine philosophie qui l’accompagne.

Q

As-tu une hygiène de vie particulière ?

Mon hygiène de vie est aussi une chose qui est venue naturellement de l’intérieur. Petit à petit je me suis rendu compte que ça me convenait beaucoup plus de me lever tôt le matin et de me coucher plus tôt, de ne pas sortir faire la fête le soir. C’est quelque chose dont je n’ai tout simplement

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le corps inspiré

plus besoin, plus envie. Je ne bois pas d’alcool, je ne fume pas, je suis végétarienne. Ces choix, je les vis très bien, c’est ce qui me fait me sentir bien, en forme et prête à affronter les records, et ce n’est pas quelque chose qui me coûte car c’est venu progressivement, et c’est une manière d’être en

techniques d’entraînement classiques, car on ne peut pas oublier le corps, c’est un ensemble. Je ne peux pas dire que je ne fais que méditer et que c’est ça qui va me faire aller à 100 mètres de profondeur, mais je pense que ça y participe. Et puis, évidemment, l’objectif est d’en faire pro-

harmonie avec moi-même. Je médite chaque matin dès que je me lève, et en fin de journée je fais le nettoyage, de la même manière que je prends une douche, je lave ma tête, mon coeur et ça me permet de mieux dormir, de mieux récupérer. Enfin, c’est une pratique constante, l’idée pour moi c’est de développer un état méditatif intérieur, de garder toute la journée la paix et l’équilibre qu’on a trouvés pendant la méditation. Et éventuellement d’en faire profiter les autres, l’environnement…

fiter les autres, surtout d’autres apnéistes. Mais ça pourrait être aussi de faire découvrir l’apnée à d’autres personnes par le biais de la méditation, par cette approche plus spirituelle, en y associant le monde sportif. On parle souvent des deux ailes d’un oiseau : il faut essayer d’équilibrer nos deux ailes – matérielle et spirituelle – et j’aimerais proposer cette approche au plus grand nombre possible.

Q

Qu’ont pensé de la méditation heartfulness les membres de l’équipe de France d’apnée ?

Ils ont tous été motivés à participer. Je pense qu’ils ont beaucoup apprécié aussi. Ça n’a pas toujours été facile pour tous. Certains en avaient déjà eu une approche, car beaucoup d’apnéistes pratiquent le yoga, des exercices de visualisation et quelques techniques de méditation. C’est donc très bien accueilli et certains, j’espère, continueront après leur passage ici.

Q

Quel est ton projet pour la suite avec l’apnée et la méditation ?

Mon projet c’est vraiment d’utiliser au maximum les ressources de la méditation pour aller le plus loin possible dans l’apnée, sans nier que j’utilise aussi des

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Q

Et que conseilles-tu à quelqu’un qui veut découvrir l’apnée ?

Allez-y, plongez ! Mais attention, ne plongez jamais seul et contactez des structures. Il y a plein de clubs partout. Vous pouvez venir ici, aux Philippines, chez Freedive HQ, si vous voulez partir à l’étranger, mais on trouve en France, et partout dans le monde, beaucoup d’écoles avec des instructeurs compétents, passionnés et motivés, qui pourront vous donner les bases techniques pour progresser en toute sécurité, et vous faire plaisir assez rapidement en découvrant ce monde merveilleux. L'actualité de Coralie Imbert Actuellement basée au centre Freedive HQ aux Philippines, Coralie Imbert s'entraîne quotidiennement aux côtés de Thibault Guignes et d'autres champions et membres de l'équipe de France. Elle se prépare pour les championnats du monde qui se dérouleront à Roatan, au Honduras, du 22 août au 3 septembre 2017.


Méditer avec un formateur Heartfulness à toute heure et en tout lieu

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L'appli Let's Meditate Mars 2017

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Nous n’agissons pas correctement parce que nous possédons la vertu ou l’excellence. Nous possédons plutôt celles-ci parce que nous agissons correctement. Nous sommes ce que nous faisons de façon répétée. Par conséquent l'excellence n’est pas un acte en soi, mais une habitude.

ARISTOTE

PHOTOGRAPHIE JEAN FRANÇOIS BARTHOD


L'incroyable

légèreté de l'être

KRISHNA SAI nous parle de la beauté du silence intérieur et nous dit comment cette découverte a changé sa vie et l'a aidé dans l’accomplissement de ses travaux.

J

e me trouvais à Chennai pour un mariage et j’en ai profité pour aller passer quelques heures dans un lieu cher à mon cœur depuis longtemps. La première fois que j’y étais venu, 25 ans auparavant, j’étais un jeune homme timide, hésitant et désorienté qui ne savait pas ce qu’il attendait de la vie, et encore moins comment s’y prendre pour le trouver. Ce soir-là, c’était un dimanche, l’endroit était calme et l’air empli de silence. J’ai franchi le seuil, enlevé mes chaussures, puis je suis entré dans le lieu spécialement créé pour plonger profondément en méditation. Je me trouvais seul dans cet espace prévu pour accueillir plus de mille personnes. J’ai inspiré profondément, me suis assis et me suis imprégné de l’atmosphère pendant

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quelques secondes ; puis j'ai doucement fermé les yeux et porté mon attention sur mon cœur. Je suis resté ainsi pendant une heure. Ma conscience était parfois ramenée à la surface par un bruit, ou une sensation corporelle, mais la plupart du temps un silence souverain régnait et j’avais la sensation d’être plongé dans une incroyable légèreté. C’était comme si je me trouvais juste en dessous du niveau de l’eau, entre le bruit qui parvenait encore de la surface et le silence complet des profondeurs. Pendant ces instants de silence total entrecoupés de retours à la conscience, le temps était comme suspendu dans un continuum éternel. Lors de mes premières visites, bien des années auparavant, j’avais fait l'expérience de deux choses


moments suspendus portfolio

qui transformèrent à jamais ma vision de la vie. La première fut de ressentir l’immobilité intérieure et de vivre cet état d’intériorisation. « Les armes ne

J’ai appris que lorsque l’être tout entier est rassemblé dans l’effort, cela s'apparente à la création elle-même, un peu comme la concentration de

peuvent pas Le couper, ni le feu Le brûler ; l’eau ne peut Le mouiller, ni le vent Le sécher », nous dit la Bhagavad Gita. Cette expérience fit naître en moi un fort sentiment de confiance intérieure, non pas seulement en mes capacités ou en la personne que je suis dans ce monde, mais un sentiment subconscient que ce que je suis à l’intérieur est immuable et éternel, au-delà de la destruction et de la création, jamais né et impérissable, infime et infini – l’absolu indéterminé ! Cette sensation transcendantale de connexion ne m’a jamais quitté depuis. Le seconde, plus importante encore, fut que ces visites me menèrent vers la personne dont l'enseignement et la guidance furent un véritable phare tout au long de ma vie. Il m’enseigna à respirer lorsque l’air devenait rare, à me permettre d’être ému aux larmes quand j’étais touché dans mon cœur, à rester debout avec courage quand le chemin à suivre n’était pas facile, sur le plan personnel et professionnel. Lui conférer le titre de guide spirituel, de coach de vie ou de mentor serait encore trop limitatif. J’ai fait des études scientifiques et techniques et j'ai eu la chance de travailler avec des personnes étonnantes et des esprits fascinants. J’ai connu des degrés variés de réussite matérielle au cours de mes entreprises, mais j’ai toujours appris beaucoup ! Et cela n’a pas de prix ! Lorsque nous prenons la vie comme une leçon, notre être intérieur devient un terrain d’apprentissage.

l’abeille pompant du nectar, ou la poussée d’énergie du marathonien dans les derniers kilomètres. Constituer des équipes, résoudre des problèmes, créer de la richesse en mettant sur le marché une nouvelle technologie, tout cela fait partie de la vague d’impulsion créative de la nature. Les moments où j’ai réalisé mes meilleurs travaux correspondent aux périodes où je ne me sentais alourdi ni par mon passé ni par la crainte de l’avenir ; j'étais mû par le même sentiment intérieur que celui ressenti lorsque j'avais plongé profondément en moi-même en cette soirée humide à Chennai. J’ai appris que l’intégrité, c’est être totalement là dans l’instant présent, que le courage consiste à utiliser le cœur pour surmonter une peur passagère, que la manière est plus importante que la matière, et que les approches universelles résistent à l'épreuve du temps ! Toutes ces leçons et bien d’autres m’ont guidé chaque jour dans ma carrière professionnelle et dans mon approche de la vie elle-même. Lorsque je suis sorti de cette immersion, j’ai pris quelques respirations profondes et je suis resté dans cette atmosphère en préservant ma condition. Je ressentais une immense gratitude pour tout ce que j’avais reçu pendant ces années. Je vois un oiseau voler, il se hâte de rentrer chez lui car il est déjà tard. Moi je me sens déjà à la maison, car c’est dans mon cœur que j’habite.

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Le portrait� Dans ce petit récit poétique, BRENDA KAY NETH nous raconte une expérience qui lui a permis de découvrir comment de parfaits étrangers peuvent toucher nos cœurs.

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e faisais la queue dans un marché paysan, tout en bavardant avec d’autres personnes qui attendaient qu’on fasse leur portrait. En ce jour pluvieux, l’artiste acceptait ce qu’on voulait bien lui offrir pour son travail. Sa pancarte indiquait : « Portraits gratuits ». N’ayant qu’une petite somme à lui donner, je craignais de l’offenser, mais une belle jeune femme rousse qui se trouvait devant moi m’encouragea à rester. Nous avons fait connaissance et parlé assez longuement et, ce jour-là au marché, il se forma une


moments suspendus

C’était des touristes du New Hampshire, et je les suivis du regard avec regret. Je fus toute surprise de les voir revenir, avec un bouquet de fleurs aux vives couleurs automnales, et la jeune femme me tendit timidement un grand souci d’un beau brun doré. Je me trémoussai encore davantage sur ma chaise, leur adressai un grand sourire, posai ma main sur mon

sorte de petite communauté dans la file d’attente de l’artiste. Comme le temps se gâtait vraiment, nous nous demandions si nous aurions la possibilité de découvrir ce qu’il ferait de nos visages. Et juste au moment où la jeune femme rousse allait s’asseoir pour poser, le vent renversa son chevalet. Je fus heureuse qu’elle puisse s’en aller munie, malgré la pluie, d’une très belle interprétation de son visage. C’était mon tour, et tandis que je m’agitais sur mon siège, elle disparut en compagnie de son père.

cœur et leur fis des signes d’adieu. « Vous êtes le pire modèle que j’ aie eu aujourd’hui » dit l’artiste d’un ton ironique, avec un accent français prononcé. Nous en avons ri tous les deux, et je compris à quel point il était difficile de poser. Il me dit que sa compagne était sculpteur et avait aussi de la peine à rester immobile. Je parvins à me plier à sa demande et à rester tranquille jusqu’à ce que le dessin soit achevé. Puis il l’enleva du chevalet et le spraya pour fixer le fusain. J’eus le souffle coupé devant son talent. Pour la première fois de ma vie, je me suis vue. Il avait réussi à capter et reproduire tout de moi, pas seulement les côtés heureux, mais aussi des touches de désarroi et de tristesse. Je le remerciai et lui offris les 9 dollars que j’avais dans mon porte-monnaie. Il se montra surpris et sincèrement reconnaissant. Je lui demandai s’il accepterait de signer son œuvre, mais il refusa, en mentionnant que Michel-Ange ne le faisait pas non plus. La pluie cinglait maintenant, et il plia son chevalet pour s’en aller. Il continue à travailler au marché tous les samedis, à côté des poètes qui tapent à la machine, gagnant leur vie comme ils peuvent. Avec autour d’eux les fruits, les légumes, les fromages et les stands de nourriture chaude où se rassemblent les gens. Je ne me rappelle pas avoir jamais reçu un aussi bel accueil que dans la file d’attente de l’artiste, avec ces deux touristes du New Hampshire qui m’ont donné cette fleur d’automne. Elle est devenue un pot-pourri sur le comptoir de ma cuisine.

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la science de la spiritualité

L évolution de la conscience Traverser le terrain de la conscience

Le voyage vers la conscience infinie est vaste, plein de merveilles, même avec ses hauts et ses bas. KAMLESH D. PATEL nous donne quelques conseils pour le réussir au mieux, grâce à la transmission et à notre implication.

U

ne simple pratique de méditation avec la transmission yogique peut nous aider à traverser tous les niveaux de conscience. Au cours de ce voyage, le terrain monte et descend, nous mène à gauche, à droite, dans toutes les directions. On s’épuise vite sur un terrain aussi accidenté, quand on n’a pas l’ habitude de marcher ; de même, celui qui n’est pas coutumier des hauts et des bas des états supraconscients et subconscients se fatigue et trouve ce cheminement difficile. Or la transmission permet de traverser bien plus aisément les différents états de conscience. Prenez par exemple le chakra du cœur, qui à lui seul est une véritable galaxie, avec de nombreuses constellations, dont cinq principales. Le passage de l’une à l’autre se fait de manière extraordinaire. Nous restons parfois stupéfaits, incrédules, en découvrant

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les merveilles intérieures qui se déploient devant l’œil du cœur. Grâce à la transmission, nous nous déplaçons à la vitesse de l’éclair ! L’atmosphère varie énormément à chaque point, comme si on passait d’une galaxie à une autre. On fait ainsi l’expérience momentanée des conditions qui règnent à chaque station spirituelle. Ces changements constants peuvent être frustrants quand on avance sur ce chemin – c’est vrai qu’on aime bien se sentir en terrain stable et familier. Mais pour qu’on puisse évoluer, pour que notre conscience puisse évoluer, ces transitions sont un must. Le désir de rester confortablement installé dans un certain état ralentit notre évolution. A mesure que nous avançons, après de longues années de pratique spirituelle, nous réalisons que chaque stade successif nous mène à davantage de


D’où vient la transmission, ce puissant amour qui nous cherche au cœur de notre être ? Elle est toujours présente, elle est infinie dans sa nature et sa portée. Elle est là, dans la trame même de l’existence, c’est la force sans force la plus subtile qui soit en provenance de la Source.

subtilité et d’expansion. C’est alors que nous prenons vraiment conscience de la nécessité de quelques désagréments ici et là pendant notre voyage. Car c’est précisément au moment où l’on ressent de l’inconfort qu’il faut redoubler d’efforts pour franchir le seuil du nouveau palier. Si on y parvient tout seul, cela nous renforce et nous donne la capacité de traverser de plus en plus de stades spirituels au cours de ce voyage. L’ aide d’un guide de haut niveau est toujours disponible lorsque nous franchissons les étapes spirituelles. Ce soutien devient plus nécessaire à mesure que nous traversons des états plus élevés, tout comme l’alpiniste a davantage besoin d’un sherpa à mesure qu’il s’approche du sommet de l’Everest. On ne peut vraiment se rendre compte de la beauté intérieure de tous ces stades qu’en en

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faisant l’expérience ; il est impossible de la connaître en lisant ce qu’en dit un livre, ou en l’imaginant. Même des états comme la paix, l’amour, l’aspiration, le contentement, l’absence de peur et le courage couvrent un large spectre. Ils ne sont pas absolus,

coincés dans un processus mental et une vision du monde très étroits. Quand le système éducatif limite l’intellect et la pensée au simple raisonnement et à l’apprentissage machinal, sans l’aide de l’intuition et de l’inspiration

ils évoluent et s’approfondissent sans cesse. Par exemple, nous pouvons éprouver une paix profonde peu après le début de notre pratique spirituelle, mais la paix que nous ressentons des années plus tard est d’un ordre infiniment plus élevé. Ce n’est que par le voyage spirituel intérieur que nous pouvons faire l’expérience des différents niveaux de contentement, de tranquillité, d’aspiration et d’amour. Et à la fin, notre vision est totalement changée – nous sommes devenus pleinement conscients de l’osmose entre notre Créateur et nous-même. Durant notre cheminement, les corps subtils – le mental (manas), l’intellect (buddhi), et l’ego (ahankar) – se purifient toujours plus grâce à la pratique spirituelle et au constant désir de s’améliorer, ce qui à son tour affine notre conscience. Mais que se passe-t-il quand nous ne travaillons pas à cet affinement ? Si, au contraire, notre ego s’enfle et se gonfle à l’idée d’avoir atteint un stade spirituel élevé et d’être meilleur que les autres ? Notre conscience continuera-t-elle à s’affiner et à évoluer ? Non, c’est impossible, nous régresserons. Lorsqu’un ego se colore d’un « je suis remarquable », « j’ai atteint le pinacle », ou même d'un « je ne vaux rien, je suis nul », il devient si rigide et contracté que la conscience à son tour se fait dense et compacte. Et tout le reste s’écroule par effet domino : l’expansion de l’intellect cesse et ne parvient plus à inclure la sagesse intuitive, et la

du cœur, nous restons prisonniers d’une vision du monde très limitée. Ce qui empêche l’évolution et l’expansion de notre conscience. Et même si nous sommes engagés dans un voyage spirituel et une pratique régulière, tant que les corps subtils ne s’affinent pas pour devenir de plus en plus subtils, nous continuerons à tourner en rond, comme des souris en cage dans leur roue. Ou pire encore, notre conscience se contractera, durcira et deviendra compacte comme celle des minéraux et des pierres. Le yoga appelle cette lourdeur d’esprit la conscience tamasique. Comment éviter ces pièges ? • La première chose est de méditer avec la transmission. Cela nous aide à réguler notre mental, à plonger profondément dans notre cœur, à passer de la pensée au ressenti, de l’intellect à la sagesse. • La deuxième est de nous défaire des habitudes et des schémas comportementaux qui nous enferment dans une vision du monde rigide, par le processus de nettoyage des impressions profondes du passé qui les ont causés. • La troisième est de créer un vide dans le cœur, un état de prière, pour nous connecter au Soi intérieur. • La quatrième est d’affiner et de perfectionner notre caractère. Une personne sans force de caractère a une vision limitée de l’existence et cela réduit son champ de conscience. Elle vole, ment ou

pensée n’évolue plus vers le ressenti. Nous restons

triche car elle a perdu son radar, son centre. Elle

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la science de la spiritualité

est désaxée. Une personne sans axe aura du mal à traverser le terrain de la conscience. Il est donc nécessaire de progresser sans cesse. Quand l’ego se manifeste avec arrogance – « Je suis le meilleur » ou « Je sais » – il n’y a plus de place pour l’amélioration. Quand l’intellect n’évolue pas vers la sagesse, il n’y a plus d’inspiration, et la conscience se restreint. Quand la pensée ne s’approfondit pas pour devenir un ressenti, quand les désirs et les pensées prédominent, la conscience ne peut plus évoluer. Il est facile d’observer cette évolution dans nos comportements. Quand la passion nous domine, par exemple, on ne s’intéresse qu’à satisfaire nos désirs, aussi nobles soient-ils. Quand la compassion prévaut, nous sacrifions nos propres désirs pour le bien d’autrui, et automatiquement la conscience s’étend pour englober l’autre. Nous recevons et nous donnons de plus en plus – c’est la générosité du cœur. La méditation est donc faite pour les gens qui ont de la force de caractère, qui veulent évoluer plus vite que les autres. Les moyens pratiques pour nous affiner sont tous à disposition – il suffit de vouloir !

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Bénarès

la pureté dans le chaos Un reportage du photographe BHARATH KRISHNA


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L

e Gange coule calmement. Ce fleuve mythique est vital de tant de façons pour tant de gens… L’aube se lève et déjà l’atmosphère est chaotique, chaque parcelle des berges foisonne d’activités. C’est le lieu emblématique où le Seigneur Shiva aurait conduit son épouse Parvathi au repos éternel. Depuis ce temps immémorial, les Indiens pieux font ce même voyage pour procurer à leurs proches la libération et les délivrer du cycle des innombrables renaissances. On dit que le feu initial a été préservé. Les bûchers funéraires sont allumés à la même flamme, qu’on entretient dans une petite grotte de génération en génération. On sent planer à la fois l’intense désir d’assurer un bon passage vers la vie dans l’au-delà et le sentiment du devoir accompli.

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En descendant les dizaines de gradins qui mènent au fleuve – où se groupent de petits hôtels, des temples et des maisons – je vois à chaque pas une autre scène. Des gens se plongent dans la rivière pour se purifier. Plus loin, des bateaux flottent au milieu du fleuve. En contrebas, des classes d’écoliers s’éclaboussent, des gens envoient sur l’eau des diyas (petites lampes à huile) à ceux qu’ils aiment, des buffles se baignent, et le clapotement des lessives rivalise avec les murmures de bénédiction des sadhus dans leurs robes safran. Je rencontre un sadhu naga (nu). Ils vivent généralement à la périphérie, sans vêtements et dans un dénuement extrême. Avec pour seule tenue un pagne

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autour des reins et de la cendre, ils viennent en ville pour des pèlerinages comme le Kumbh Mela (bain de purification). Je suis submergé par toute cette effervescence. On pourrait se perdre dans beaucoup de choses, se laisser absorber par l’un des nombreux mondes qui fourmillent sur les berges du fleuve. Malgré cet affairement, il règne une impression de simplicité. La sainteté est palpable, côtoyant la corruption moderne qui a donné mauvaise réputation à la religion. Une barque emmène un homme au milieu de la rivière. Là, il va dire adieu à son enfant nouveau-né. Il paie le rameur.


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Autrefois le fleuve était propre, sa pureté était assurée par une espèce particulière de bactériophages qui empêchait la dégradation de l’eau. On pouvait mettre celle-ci en bouteille, et elle restait fraîche pendant des décennies. C’est aussi pour ces propriétés exceptionnelles que le Gange a toujours été vénéré. Mais de nos jours, le pauvre fleuve ne peut plus lutter contre la pollution humaine ; des usines y déversent leurs déchets en amont et des milliers de visiteurs y jettent leurs ordures, sans se soucier du caractère sacré du fleuve.

Au coucher du soleil, l’activité se poursuit. Tous les soirs on célèbre un rituel du feu, dans une épaisse odeur d’encens. Ainsi s’est déroulée la journée au bord de ce fleuve ancestral, pareille aux autres tout au long de l’année. Un étranger peut être choqué par les contrastes de Bénarès. Mais ici on a le sentiment que c’est normal. Tout comme l’eau qui se purifiait elle-même, ce lieu paraît à la fois bondé et pourtant intact. Site - www.bharathkrishna.com Contact - contact@bharathkrishna.com

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Si nous pouvions nous abandonner à l’intelligence de la Terre, nous nous dresserions enracinés, comme les arbres.

RAINER MARIA RILKE

PHOTOGRAPHIE PATRICK LEFEBVRE



Le jour où j'ai rencontré

J

’ai souvent entendu dire : « Soyez identique à la nature. Soyez pur et simple. Ne faites qu’un avec la nature. » Je pensais faire de mon mieux pour vivre en accord avec la nature, jusqu’à ma rencontre avec Gollum. Tous ceux qui comme moi sont fans de J. R. R. Tolkien et du Seigneur des anneaux savent qui est Gollum. Pour vous qui ne le connaissez pas, le voici en bref. Gollum est un personnage clé des livres de Tolkien. C’est une créature monstrueuse qui, après avoir perdu le puissant anneau magique qu’il possédait,

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le goût de la vie

Gollum se lance éperdument à sa recherche. Il appelle son anneau « mon trésor ». A l’origine, c’était un Hobbit 1

dans la nature, avons-nous toujours le sentiment de ne faire qu’un avec elle ? Et comment continuer

heureux et sain d’esprit qu’on appelait Smeagol, mais son obsession à vouloir récupérer son anneau l’a transformé en cette créature hideuse et corrompue. Smeagol et Gollum sont les deux côtés d’un même individu, chacun s’efforçant en permanence de convaincre l’autre. Ils s’aiment et se détestent à la fois, se disputant sans cesse pour savoir s’ils veulent posséder ou ne pas posséder « mon trésor ». Il y a quelque temps, j’ai fait une retraite spirituelle dans un ranch isolé dans les collines. Tous les matins, lorsque je me retirais dans les parties plus sauvages du domaine, mon esprit était assailli de questions sans fin. Enveloppée dans un châle, une chaise de camping accrochée à l’épaule, des barres de céréales dans la poche, mon journal de bord sous le bras et une bouteille d’eau à la main, je marchais avec l’intention de disparaître longtemps. Et j’ai effectivement disparu. Un matin, assise sous un très bel arbre, je tentais d’écrire mes pensées dans mon journal. Je me répétais que j’étais dans la nature et que je devais être identique à elle. A cet instant-là, la nature, c’était pour moi ce que je voyais : les arbres, les animaux, les oiseaux, les rochers, les insectes et les fleurs qui m’entouraient. Mais je me dis qu’ils ne représentaient en fait qu’un sous-ensemble d’une nature bien plus vaste. Mon esprit fut alors assailli de nouvelles questions à propos « d’être identique à la nature ». « Comment être vraiment identique à la nature ? Comment fusionner avec elle ? Faut-il toujours vivre dans la nature pour être comme elle ? Et même lorsque nous sommes

à me fondre en elle quand je serais de retour dans la jungle de béton où je vis ? » Les questions n’en finissaient pas, si bien que je décidai de fermer les yeux et de méditer. Après un certain temps, j’ouvris les yeux et découvris toutes les réponses littéralement sous mes yeux. D’abord, je crus que la nature me jouait un tour. Et peut-être était-ce le cas. Je souris, acceptant l’idée que la nature avait le sens de l’humour, si c’était ainsi qu’elle voulait répondre à mes questions. Devant moi se trouvait un petit groupe de dindes sauvages. A l’autre extrémité des terres du ranch paissait un troupeau de cerfs. Juste derrière moi se promenaient quelques-uns des étranges et magnifiques paons du ranch. A ma gauche, dissimulé derrière un buisson, Jeannot lapin grignotait quelque chose. De splendides papillons rouges s’étaient posés sur de délicates fleurs jaunes, tandis qu’un grillon crapahutait dans l’herbe à mes pieds. C’était trop de beauté d’un coup pour moi. Trop de nature pour mes yeux qui n’en avaient pas l’habitude.

Les Hobbits forment un des peuples d’Hommes vivant en Terre du Milieu, dans le légendaire ouvrage de l’écrivain britannique J. R. R. Tolkien. Les Hobbits se caractérisent par leur petite taille, l’abondante pilosité qui croît sur leurs pieds, leurs oreilles légèrement pointues et leur visage rubicond.

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Entourée d’oiseaux et d’animaux, j’étais assise au centre de ma nature du moment. Je me demandai s’ils avaient toujours été là ou s’ils avaient surgi pour répondre à mes questions. Peut-être qu’ils étaient déjà autour de moi et que mes yeux avaient refusé de les voir. Quoi qu’il en soit, je restai sur ma chaise sans bouger, ressentant chaque parcelle de la beauté dont ces animaux me comblaient. En cet instant, nous coexistions tous en parfaite harmonie. Nous étions paisibles, absorbés, confiants. Tout était tranquille, et pour la première fois j’entendis la voix du silence au fond de moi. Je réalisai que mon cœur et les ailes des papillons battaient au même rythme. Nos tempos s’étaient mystérieusement synchronisés et je sentis que nous ne faisions qu’un. J’étais entière. Je le sentais. Je le savais. Je me mis à sourire, reconnaissante. Et comme si mon sourire était le signal du départ, tous les animaux s’éloignèrent lentement, après m’avoir expliqué ce que « ne faire qu’un » signifiait. Je me sentais enfin identique à la nature. Mais quelques secondes auparavant, j’avais rencontré quelqu’un d’autre. C’était mon Gollum intérieur, qui me rappelait mes réactions instinctives devant la nature, ce matin-là. Lorsque j’avais aperçu les magnifiques fleurs jaunes dans l’herbe, mon Gollum intérieur avait crié « mon trésor », et avait voulu les cueillir. Je l’avais convaincu que les fleurs appartiennent à la nature et qu’il n’est pas nécessaire de les posséder. Puis, à la vue des papillons sur ces fleurs, j’avais à nouveau entendu « mon trésor », sans comprendre pourquoi. Un épisode de mon enfance m’était alors revenu : mon frère m’apprenant à m’approcher tout doucement d’un papillon et à l’attraper par les ailes. Mon cœur s’était serré à ce souvenir, car maintenant que je ne faisais qu’un avec la nature, je pouvais vraiment éprouver ce que ressent un papillon lorsqu’on l’attrape par les ailes et qu’on le met dans une bouteille pour s’amuser.

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Magazine Heartfulness

Maintenant que je ne faisais qu’un avec la nature, je me rendais compte que « mon trésor » était en moi. En fait c’était moi, le trésor.

Aujourd’hui je suis végétarienne, ce que je n’étais pas auparavant. En contemplant ces magnifiques dindes sauvages, je ne pouvais croire que quelques années plus tôt elles avaient été « mon trésor », et que je les mangeais. De même pour les cerfs et tout le reste. A présent que je ne faisais qu’un avec eux et la nature alentour, je voyais clairement à quel point j’avais maltraité ces prolongements de moi-même – je m’étais amputée morceau par morceau. Horrifiée, je pris conscience qu’en enfermant un papillon dans une bouteille, c’était une partie de moi que j’avais asphyxiée. Pas étonnant que je ne me sois jamais sentie entière auparavant, que je ne me sois jamais fondue dans la nature et sentie identique à elle. C’est alors que je compris pourquoi il est si difficile de suivre ce principe spirituel. Je n’ avais jamais considéré que la nature était là, autour de moi, pour que je suive son exemple, apprenne d’elle et vive comme elle. Pendant trop longtemps, je me l’étais appropriée, pensant qu’elle était « mon trésor ». Il me fallait la


le goût de la vie

posséder, avoir du pouvoir sur elle. Maintenant que je ne faisais qu’un avec elle, je me rendais compte que « mon trésor » était en moi. En fait, je suis le trésor. Je suis la nature. Je suis. Mes questions avaient trouvé leur réponse. Je rentrai sereinement au ranch. Marchant au milieu des neuf superbes paons du domaine, j’avais, pour la toute première fois, la sensation que je ne faisais qu’un avec eux, j’étais le dixième paon. Nous avons tous un Gollum caché en nous. Une petite voix qui répète inlassablement « mon trésor ». Nous finissons tôt ou tard par le rencontrer, et cette vision ne nous plaît pas. Il nous faut pourtant le laisser se manifester encore et encore dans notre vie. Nous devons l’écouter, lui faire face courageusement et l’accepter. Peut-être ne se montre-t-il que pour nous quitter à jamais. Après tout, il a un rôle à jouer : nous permettre de refaire connaissance avec nous-mêmes. Et il le fait en nous enseignant jour après jour à faire la distinction entre qui nous sommes et ce que nous sommes appelés à devenir.

Mon Gollum intérieur m’est apparu au moment où j’étais en pleine nature. A la seconde où je l’ai maîtrisé, j’ai été en harmonie avec la nature. Je me suis sentie ne faire qu’un avec l’univers. La prochaine fois, il se montrera peut-être lorsque je serai bloquée dans les embouteillages, au milieu d’une importante réunion, dans une pièce pleine de gens, ou encore pendant que je fais mes courses. Que ferez-vous la prochaine fois que votre Gollum intérieur vous apparaîtra ? Choisirez-vous de vous emparer de « mon trésor » ? Ou choisirez-vous d’être vous-mêmes le trésor ?

Révisé et republié avec l’autorisation de https://turquoiserays.com/2015/10/24/when-i-met-gollum (Sayali T.)

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le goût de la vie

LEÇONS DU JARDIN

Des serpents

et des fraises

Après avoir observé les effets d’une transplantation sur la dynamique de son jardin, ALANDA GREENE prend conscience qu’il nous faudrait être beaucoup plus attentifs à nos décisions et à leurs répercussions sur l’équilibre de notre terre.

Q

ui a mangé les fraises ? Et pas seulement mordillé les fruits juteux d’un beau rouge brillant, mais aussi mâchouillé les racines, stressant les plants et en tuant plusieurs. Des fraisiers aux racines rongées jonchent toute la plate-bande. J’ai d’abord soupçonné les campagnols car, lorsque j’ai soulevé la paille, j’ai vu dans la tendre terre noire des trous révélateurs. J’ai ensuite suspecté les tamias, parce que j’en voyais souvent bondir dans les platesbandes, grignotant les haricots, les framboises et les jeunes choux-fleurs. Ils s’en sortent bien en étant si mignons – être mignon peut s’avérer avantageux pour l’évolution…

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Magazine Heartfulness

Quelque chose avait rompu l’équilibre du jardin et je pressentais que les serpents avaient été dérangés. Mon cœur s’est serré à l’idée que ce quelque chose pouvait être moi. La population des serpents du jardin est restée stable pendant des décennies. Ils demeuraient surtout le long du mur de pierres, là où poussent les herbes aromatiques. Ils mangeaient les limaces, les campagnols, les souris, et probablement aussi ces adorables tamias. Ce faisant ils maintenaient le nombre de ces bestioles à un niveau tolérable. Si la population des serpents ne changeait guère, c’est que quelque chose assurait aussi cet équilibre-là.


Un manque de prévoyance avait rompu l’équilibre. Cela m’a ouvert les yeux sur les problèmes écologiques provoqués sur notre planète par les activités humaines. Des activités qui n’ont pas pour but de nuire, mais d’apporter un progrès. Mars 2017

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Il y a deux ans, voulant limiter la croissance des herbes aromatiques – et surtout celle des mauvaises herbes qui les envahissaient – j’ai transféré les plantes dans de grands pots, enlevé une couche de terre et entouré les pots de sciure. Mais j’ai ainsi involontairement perturbé les demeures et les itinéraires des serpents, et ils ont disparu. Sans eux, les petits animaux qui mangent les fraises et détruisent les plantes deviennent plus nombreux. Je ne sais pas où les serpents s’en sont allés, et ils me manquent. Même si je sursautais chaque fois que j’en apercevais. J’avais beau savoir que je pouvais en rencontrer un, étendu sur la pierre chaude, en fin de journée, quand l’air fraîchissait, j’avais toujours un choc. Mais je m’en remettais vite, enchantée de le voir. Sachant que les serpents sont sensibles aux vibrations, je leur parlais souvent à haute voix et je m’étais mise à chanter pour eux. Tandis qu’auparavant ils disparaissaient en ondulant dans le feuillage des échinacées ou de la sauge, ils avaient commencé à s’éloigner plus lentement, puis à s’arrêter, quand je fredonnais ou chantais une mélodie. Il arrivait qu’un serpent lève la tête, dardant sa langue rouge, comme s’il tentait de mieux repérer ce qui créait ce son. Peut-être chantait-il avec moi… Parfois, quand je me rappelais que j’allais trouver un serpent dans cette partie du jardin, je m’approchais lentement en fredonnant, et il restait étendu sur le mur de pierres, apaisé à la fois par la chaleur et par ma voix.

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Magazine Heartfulness

La nature n’est pas seulement un ensemble de paysages, elle est un enchaînement de phénomènes en interaction.

Les serpents me contrariaient parfois, je ne les abordais pas toujours avec de la sympathie et des chants. Quand il faisait chaud, ils aimaient nager et se rafraîchir dans l’étang… et manger les poissons rouges qu’ils y trouvaient. Tout de même, je m’en veux d’avoir perturbé leur habitat et de les avoir peut-être ainsi livrés à de nouveaux prédateurs. Je n’avais pas l’intention de les déranger, malgré ce qu’ils faisaient aux poissons. J’ai tout simplement négligé de penser aux conséquences de mes actes, à l’impact de ce réaménagement de la zone des herbes aromatiques. Un manque de prévoyance avait rompu l’équilibre. Cela m’a ouvert les yeux sur les problèmes écologiques provoqués sur notre planète par les activités humaines. Des activités qui n’ont pas pour but de nuire, mais d’apporter un progrès. J’ai appris que les Iroquois, avant de prendre une décision, étudiaient l’impact qu’aurait leur action sur sept générations. Cette capacité de prévoir à si long terme implique une connaissance


le goût de la vie

considérable de leur monde, une profonde compréhension des relations et de l’interdépendance. Un jardin naturel est lui aussi un mini monde d’interactions et d’équilibres. En aménageant mes plates-bandes, j’ai fait l’erreur de ne prendre en compte qu’un seul niveau du jardin. Je ne me suis occupée que de ce qui poussait au-dessus du sol, de ce qui était visible. Bill Devall, professeur de sociologie à l’Université Humboldt rappelle que « la nature n’est pas qu’un ensemble de paysages […] Elle est un enchaînement de phénomènes en interaction. » Une interaction entre le visible et l’invisible. Trop souvent, on ne considère que ce qu’on voit. Les tanières et les galeries des serpents sont souterraines. De fait, 80% de la biomasse végétale de la planète se trouve en sous-sol. Il est indiscutable que notre monde traverse une crise écologique liée à l’activité humaine. Une crise qui n’était cependant ni voulue, ni prévue, ni imaginée. Les gens n’ont pas délibérément projeté de détruire l’équilibre durable de la terre. Leur but n’était pas d’exterminer une multitude d’oiseaux chanteurs, de crapauds dorés ou de gazelles rousses. Mais ils l’ont fait. Je n’avais pas l’intention de déranger les serpents. Je n’en suis pas moins responsable. Cela me montre l’importance et la valeur d’une réflexion quotidienne où l’on passe en revue les actes de la journée, en évaluant leur efficacité, leur bien-fondé ou leur éventuel potentiel de nuisances. Il ne s’agit pas de s’autoflageller, mais d’apporter

soin et attention à ce qu’on fait, de développer une conscience plus subtile, de repérer les erreurs ou les comportements et les paroles qui n’étaient pas la réaction idéale ! Et ensuite d’imaginer comment on aurait dû agir, le visualiser, pour que la fois suivante, dans une situation similaire, on ait plus de chances de se souvenir de son idéal et de s’y conformer. Le jardin trouvera un nouvel équilibre. Celui que j’ai rompu ne reviendra pas, je ne peux pas défaire les conséquences de mon manque de discernement, de cette façon d’agir sans prendre le temps de voir plus loin et plus profond. Mais je peux réparer ce tort en m’efforçant d’en apprendre quelque chose, et en mettant cette leçon en pratique. Le jardin n’est pas mon territoire ; je fais partie d’un système. Je suis un intendant qui s’efforce de veiller au bien-être de tous les membres de la communauté. Comme les Iroquois, il me faut réfléchir à l’impact de mes actes avant d’agir. Comprendre les interconnexions, observer ce qui se passe à la fois dans le visible et l’invisible. Elargir mon point de vue pour aller au-delà des apparences. Je dois grandir, moi aussi, avec mon jardin !

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la recette de félicie

Gâteau moelleux aux épinards et sa petite crème verte au beurre de cacao Quantité 4 personnes • préparation 20 min • cuisson 25-30 min • réfrigération 3 h

Huiler et fariner, ou chemiser de papier cuisson un moule rond de 15 cm

100 g d’épinards frais, cuits et réduits en purée

de diamètre.

1 œuf

Battre l’œuf et le sucre. Ajouter la purée d’épinards, le matcha, l’huile

100 g de farine de petit

et émulsionner. Verser dans un saladier et tamiser au-dessus la farine,

épeautre T70

remuer. Ajouter le bicarbonate et le vinaigre, et mélanger.

50 ml d’huile d’olive 100 g de sucre de coco

Faire chauffer un cuit-vapeur dont le panier est assez grand pour

infusé à la vanille

accueillir le moule à gâteau (la vapeur doit pouvoir passer autour).

1 c. à c. de matcha en poudre 1 c. à c. rase de bicarbonate

Cuire 25 min environ, ou jusqu’à ce que la lame d’un couteau ressorte

1 c. à c. de vinaigre de cidre

sèche. Attendre quelques minutes et démouler le gâteau sur une grille

100 g d’épinards frais, cuits POUR 100 g de tofu soyeux LA 40 g de beurre de cacao

à pâtisserie. Laisser refroidir avant de garnir.

CRÈME

15 g de sirop d’agave

LA CRÈME

1 c. à c. de zestes d’agrumes

Faire fondre le beurre de cacao sur feu doux. Mixer tous les ingrédients noisettes concassées POUR 1 orange DRESSER

et verser dans un bol. Placer 3 h (ou plus) au réfrigérateur.

mauve séchée feuilles de menthe fraîche

LE CONDIMENT Couper le gâteau en deux dans la largeur et garnir de crème. Déposer des noisettes concassées et reposer la partie haute. Recouvrir tout le gâteau de crème, parsemer de zestes d’orange et décorer de mauve séchée et de menthe.

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Photo Francis AzĂŠmard



Notre corps est un jardin dont notre volonté est le jardinier.

WILLIAM SHAKESPEARE

PHOTOGRAPHIE CHRISTIAN JOUDREY


Les e n

n c i e e l c r a s t n fa

Voici la fin des aventures des enfants descendus de l’arc-en-ciel pour partir à la recherche de la fleur mystérieuse qui rend heureux. Une histoire contée et illustrée par BRIGITTE SMITH.

L

à, dans l’ombre profonde des grands arbres, ils virent briller les yeux d’une foule d’animaux, au milieu des chuchotements, des murmures, des couinements et autres bruits étranges. En suivant l’éléphant, ils rencontrèrent les habitants de la jungle et s’arrêtèrent, fascinés par la variété des formes et des couleurs de toutes ces créatures.

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Ils suivirent des yeux la biche aux bonds agiles et gracieux, les singes bavards sautant de branches en branches. Ils découvrirent les oiseaux, les perroquets aux couleurs chatoyantes, les buffles calmes et imposants et entrevirent même un tigre. Tout en marchant, ils se demandaient si ces créatures connaissaient la graine dont on leur avait dit


planète kids

qu’elle remplissait le cœur d’amour. Mais ils comprirent bientôt que cet endroit grouillant de vie était un univers en soi, séparé du reste, avec ses propres lois, et ces animaux semblaient naturellement satisfaits de leur existence. La graine ne concernait donc que les humains, car eux seuls pouvaient décider d’être pleins d’amour, ou non. Les enfants se dirent que cette graine était peut-

La petite troupe colorée continuait à se frayer un chemin à travers la jungle et ses mystères. Les enfants marchèrent longtemps, longtemps, et découvrirent enfin un merveilleux pâturage. Il y régnait tant de tranquillité, tant de paix que bientôt ils se sentirent différents. Au fond du pré, devant un grand rocher bleu entouré d’arbres en fleurs, se tenait le personnage

être la chose qui pourrait rappeler à chacun qu’il avait le choix. Et la fleur qui en naissait serait ainsi un cadeau qui encouragerait à persévérer, à ne pas cesser de vouloir être bon.

vêtu de bleu et d’or qui jouait de la flûte. Les enfants se sentirent soudain remplis de joie et s’assirent en silence pour écouter. C’était comme si leur cœur se mettait à parler. Ils comprirent que la

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graine qu’ils cherchaient devait s’appeler la graine du contentement, parce que c’était exactement comme ça qu’ils se sentaient à cet instant : totalement contents. Puis ils virent le soleil monter lentement au-dessus du rocher bleu. Et, comme sortant du soleil, des fleurs de lumière se mirent à grandir tout autour. Ils surent alors qu’ils avaient découvert au fond de leur cœur la graine qu’ils cherchaient.

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Magazine Heartfulness

La musique aérienne de la flûte se changea en une jubilation qui leur sembla comme une confirmation de leur découverte. La fleur qu’ils avaient cherchée partout se trouvait dans leur cœur, elle était née de la graine du contentement. Ils se rappelèrent les paroles du vieux sage : nous possédons tous la graine au fond de nous et nous pouvons ou non la faire pousser en une fleur de


planète kids

cœur. Mais chacun doit la découvrir par lui-même. Et quand il l’a découverte, il doit la nourrir et l’aider à grandir en vivant en accord avec elle. Débordants de reconnaissance et de joie, les enfants dansèrent longtemps au son de la flûte, avant de prendre congé et de s’en retourner à l’arc-en-ciel, impatients de raconter leur découverte aux anciens. Alors qu’ils s’éloignaient, le joueur de flûte leur joua une mélodie d’adieu, pendant qu’une petite vache blanche l’écoutait, les yeux pensifs. Fin

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Les coups de cœur de la rédaction A lire

A voir Frédéric Lenoir, Philosopher et méditer

« Révolution silencieuse », de Lila Ribi.

avec les enfants, éd. Albin Michel, 2016

Actuellement dans les salles

Frédéric Lenoir, philosophe et auteur d’une

Cédric Chezeaux, paysan bio dans le Jura

quarantaine d’ouvrages, vient de publier un

vaudois, décide d’être fidèle à ses convic-

ouvrage qui raconte l’aventure extraordinaire

tions et de redevenir auteur de sa vie. Au

qu’il a vécue avec près de 400 enfants, en

risque de perdre les moyens de faire vivre

parcourant la francophonie pendant six

sa famille, il vend ses vaches et se lance

mois. Convaincu du pouvoir de la philoso-

dans la culture de blés anciens. En cultivant

phie pour apprendre à développer la capacité de dialoguer,

des variétés de céréales locales, il veut devenir producteur

de s’écouter et de débattre en évitant de tomber dans les

d’une nourriture vivante, saine, pleine de saveurs et préserver

idéologies, et persuadé des vertus de la méditation et de la

un patrimoine, la biodiversité semencière, mis à mal par les

pratique de l’attention pour calmer l’agitation des pensées

géants de l’agroalimentaire.

et être ainsi davantage présent et concentré, Frédéric Lenoir

Le film retrace un moment-clé de la vie privée et profes-

propose une méthode pour animer des ateliers sur l’art de phi-

sionnelle du paysan et de sa famille. La réalisatrice suit avec

losopher avec les enfants. Ce livre, qui s’adresse aux éducateurs,

beaucoup de tact les interrogations, les joies, les intuitions,

parents et enseignants, donne de nombreux exemples concrets

la force de volonté et la détermination de Cédric, mais aussi

autour des principales notions abordées (l’amour, le respect,

ses doutes et le poids du regard des autres face à ses choix.

le bonheur, le sens de la vie, les émotions, etc.), ainsi que des

Elle nous livre un film sensible, touchant et plein d’espoir, qui

fiches pratiques sur les grandes notions philosophiques pour

nourrit en chacun de nous l’envie de suivre ses convictions et

aider les animateurs à lancer et faire rebondir les débats. Un

de participer à la construction d’un monde différent.

CD audio complète l’ouvrage en proposant des méditations

Retrouvez Cédric Chezeaux dans une interview inédite qui

guidées, seul ou en groupe, courtes ou longues, avec ou sans

paraîtra dans le magazine Heartfulness en mai 2017 (n°9), ainsi

support musical.

que dans notre hors-série « Santé, bien-être et méditation » publié en mars 2017. Le programme des projections est disponible sur movies.ch. La révolution silencieuse continue sur la

A écouter

plateforme d’échange et d’information la-revolution-continue.ch Omar Sosa & Seckou Keita Transparent Water (world village

« En Quête de Sens », de Marc de la

– Pias)

Ménardière et Nathanaël Coste. Ce film

Fruit d’une collaboration inédite

est l'histoire de deux amis d’enfance qui ont

entre le pianiste cubain Omar Sosa

décidé de tout quitter pour s'en aller ques-

et Seckou Keita, maître de kora et

tionner la marche du monde. Leur voyage

chanteur sénégalais, cette rencontre

initiatique sur plusieurs continents est une

a forgé un album innovant où la liberté et l’improvisation sont

invitation à reconsidérer notre rapport à la

les clefs d’une musique profondément spirituelle. Sereine et

nature, au bonheur et au sens de la vie...

empreinte d’une douce exaltation, elle résonne aussi comme

Le film qui a déjà touché des milliers de cœurs, est actuelle-

un antidote face au tumulte du monde.

ment projeté dans plusieurs salles en France mais aussi dans d'autres pays du monde ! Que vous soyez une association, un étudiant, un particulier, une institution ou un festival, il vous est possible d'organiser une projection en allant sur le site enquetedesens-lefilm.com.

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Magazine Heartfulness


actualités

Nous y étions

A ne pas manquer

La Fédération Védique de France, Paris, 2 mars 2017, UNESCO.

Mednat & Agrobiorama

Le 2 mars 2017, la Fédération Védique de France était officiel-

Expo, Lausanne

lement présentée à la Maison de l’Unesco à Paris, lors d’une

30 mars – 2 avril 2017

cérémonie présidée par Son Excellence Madame Ruchira

Salon de référence

Kamboj, Ambassadeur et Déléguée permanente de l'Inde

des médecines com-

auprès de l'Unesco, Swami Veetamohananda, Président de

plémentaires natu-

la Fédération Védique de France et le Docteur Pierre-Sylvain

relles, du bien-être et

Filliozat, éminent indianiste et sanskritiste.

de la nutrition, Mednat

Le public est venu nombreux assister à cet événement historique

& Agrobiorama Expo

et soutenir les huit associations de la Fédération, constituant

ouvrira ses portes à Lausanne le 30 mars 2017. Cette année

aujourd’hui un interlocuteur représentatif de la spiritualité

encore, le public est invité à découvrir près de 200 exposants

védique en France.

et une riche programmation de 300 animations, ateliers et

Textes sacrés et universels, les Védas sont « la plus ancienne

conférences. Les points forts de cette 28e édition : en ouver-

œuvre littéraire connue dans le monde » précise Mme Kamboj.

ture jeudi, la journée sera consacrée à la maladie d’Alzheimer ;

« Ils sont de tous les temps, pour toute édification et toutes

vendredi, Roslyne Fayard, productrice et journaliste à la RTS,

nationalités. C'est pourquoi nous considérons que le lancement

animera une série de conférences ; samedi, la question du

de la Fédération dans cet environnement multiculturel tout

traitement des douleurs chroniques se trouvera au cœur des

à fait unique de l'Unesco est pour nous un grand privilège. »

débats, en présence du Dr. Pierre-Yves Rodondi, et la jour-

Plus d'information sur federationvediquedefrance.fr

née de dimanche se focalisera sur la chromothérapie avec Véronique Jannot en « guest star », marraine de l'Association

Ecole Militaire, Paris, conférence « Méditer dans l’action », 8 février 2017 Le 8 février, l’Institut des Hautes Etudes de l’Ecole Militaire organisait à Paris une conférence sur le thème « Méditer dans l’action », animée par trois intervenants aux parcours singuliers : le Capitaine Marion, Pilote et instructeur de vol, experte en Techniques d’optimisation du potentiel (TOP), Benjamin Blasco, co-fondateur de FeelVeryBien Sarl, éditeur de l’application de méditation « Petit Bambou » et Alain Desvigne, Directeur des opérations de Amarenco Solar et Président de l’Institut Heartfulness. Chacun a partagé son expérience de la méditation et exprimé

de Chromatothérapie Suisse. Pendant les quatre journées du salon, des workshops de relaxation et méditation, ainsi que des ateliers d’éveil de la conscience seront proposés sur le stand Heartfulness (Hall 35, stand 38). Ne manquez pas la conférence de René Descartes, médecin homéopathe et formateur Heartfulness, sur le thème « Médecine et méditation : un couple parfait ? », samedi 1er avril à 12h, salle Kousmine. Elle sera suivie d’une expérience pratique. Un magazine Heartfulness hors-série « Santé, bien-être et méditation » sera spécialement publié à cette occasion. Vous y trouverez notamment un article de René Descartes, une interview de Cédric Chezeaux et Marc Haller.

en quoi cette pratique est un outil de transformation indispensable permettant d’accroître ses qualités intuitives et sa capacité de décision dans des situations de danger, de stress et de tension - que ce soit sur le terrain militaire ou dans le monde de l’entreprise, où la méditation devient l’atout des ressources humaines. Les échanges avec le public étaient particulièrement animés et constructifs, preuve que la méditation suscite un intérêt croissant, même au sein des grandes institutions comme l’Ecole Militaire !

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Master classes Heartfulness avril, juillet, septembre 2017

Plus que jamais, c’est le moment

de méditer La progression de l’humanité passe par le cœur Des master classes avec Kamlesh D. Patel, responsable international de Heartfulness, vous attendent !

Infos

3 master classes de méditation, en ligne et gratuites. Nous proposons cette nouvelle série de master classes pour soutenir les 1 000 000 de personnes et plus qui ont participé à celles de février et offrir une nouvelle opportunité d’apprendre les techniques Heartfulness. Prochaines sessions d’approfondissement en avril, juillet et septembre - dates à confirmer.

Inscription

Gratuite sur fr.heartfulness.org ou Facebook (Heartfulness Méditation)

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